Retrouvailles [FE Michael]

Cette suspension temporaire d’activités énervait Justin plus qu’il ne l’aurait voulu. Des heures à tuer lui qui aurait préféré régler leur compte à plusieurs Mangemorts… Navrant ! Le ministère actuel était dirigé par une bande d’imbéciles.
Justin avait toujours été un peu tête brûlée. La maturité n’avait rien arrangé. Il était entré chez les Aurors comme un Moldu entre en religion : par conviction profonde. Et on osait le mettre sur la touche pour une peccadille ! Ah pour râler, il râlait ferme. Après avoir sillonné le chemin de traverse dans l’espoir de débusqué un lièvre ou l’autre, il s’était rabattu à Pré-Au-Lard. Là, il espérait bien rencontrer une voire plusieurs mines patibulaires avec lesquelles il se divertirait. Hélas, jusqu’ici, il n’avait croisé que des sorciers on ne peut plus irréprochables.
En désespoir de cause, il poussa la porte de la tête du Sanglier, l’endroit le plus mal famé du coin.
Assez enfumée, la salle miteuse n’était pas bondée, loin de là. D’un regard circulaire, il la balaya. Il est vrai qu’elle avait besoin d’un sérieux nettoyage mais là n’est pas la question.
Il ne lui suffit que d’un rapide coup d’oeil pour enregistrer tous les personnages présents. Dans un coin, deux sorciers bavardaient en sourdine autour de chopes en étain. Un peu à l’écart, une sorcière rabougrie contemplait le fond d’un verre de liqueur rouge. Au bar… Justin sursauta. Cette allure, cette tignasse blonde… il ne les connaissait que trop.

* Pas possible, qu’est-ce qu’il fout-là ?*

Le jeune homme visé lui tournait le dos. Il n’avait pas bronché à son entrée et nul miroir ne pouvait lui montrer qu’il était épié.
Lentement, Justin sortit sa baguette et s’approcha à pas feutrés. De son bois, il piqua soudain les côtes de l’homme en disant :

Tu es fait comme un rat ! Au nom de la loi, je t’arrête.

Cela faisait près d'une heure que Michael était là, à perdre misérablement son temps faute de mieux à faire. S'il y avait une guerre contre les Forces du Mal quelque part, ce n'était certainement pas dans ce coin perdu qu'on semblerait en avoir eu vent.
Il s'ennuyait ferme depuis son arrivée . Sauf esquiver les regards langoureux de sorcières de tout âge, parfois accompagnés de propositions plus ou moins effrontées, l'Auror n'avait rien fait. Pour un homme comme lui, l'action était aussi indispensable que la lumière aux plantes...sans elle, il dépérissait lentement et bien entendu son humeur en pâtissait sévèrement.

Il buvait une gorgée de bière tiède , avec une moue de franc dégoût...(en se demandant pourquoi les anglais, sorciers ou moldus, ne pouvaient pas, comme le reste du monde civilisé, jouir d'une délicieuse bière bien froide) quand il sentit le bout d'une baguette se ficher dans ses côtes au temps d'entendre une voix narquoise.

Tu es fait comme un rat! Au nom de la loi, je t'arrête.

Avec un calme aplatissant il posa sa chope et se retourna. Les yeux plissés sur un regard malicieux.

Tu devrais arrêter de regarder tant de TV moldue...tu es un Auror pas un agent du FBI!

L'autre souriait de toutes ses dents, avec un air bon enfant, ravi de sa drôlerie. Michael éclata d'un rire joyeux en lui assenant une claque sur le bras.

Bon sang, mon vieux...que fais tu dans ce coin perdu? Ne me dis pas que tu es, toi aussi destiné à Poudlard? Ça me fait drôlement plaisir de te voir!

Pas d'accolade, ils avaient déjà éveillé assez l'attention des autres clients. Ils prirent place à une table, question d'être au calme pour se mettre à jour sur les derniers événements de leurs vies.

De Brent ! Michael De Brent ! Incroyable !
Pour un peu Justin l’aurait serré dans ses bras si les regards adverses ne s’étaient rivés sur ces jeunes gens qui se retrouvaient après… des lustres.
Il éclata d’un rire franc après la remarque sur le FBI.

T’as raison ! Je n’ai pas pu m’en empêcher. C’était aussi un truc pour que tu m’identifies, des fois que…

Il ne dit pas tu m’aurais oublié car cela était impossible.
Son meilleur ami du collège ! Le meilleur des Serpentard qu’il eût croisé. Ce De Brent ! Que de souvenirs…
Justin accepta vivement d’aller s’asseoir non sans avoir commandé rapidement une bièraubeurre. A peine assis, il déballa :

Je suis pas désigné pour surveiller le coin ; on m’a mis à pied. Pour une connerie. J’ai pas pu m’empêcher d’envoyer en l’air un petit trafiquant, tu me connais... l’autre n'a pas apprécié.

Il avala une large rasade de bière tout en riant.

Là-dessus, je m’ennuie comme un rat mort. Si je m’attendais à te trouver ici ! Qu’est-ce que tu deviens ? Tu t’étais exilé, non ? Moi j’ai hérité de mes vieux. Je pourrais me la couler douce mais tu sais que…

Soudain, Justin devint grave. Les mâchoires crispées, il serra son verre mieux que le cou de celui qu’il cherchait depuis ses dix-sept ans. Il secoua la tête et redevint jovial.

Allez, dit-il en expédiant une tape amicale au bras de son pote, raconte.

L'exubérance de son ami avait toujours amusé Michael. Vraisemblablement Justin n'avait guère changé pendant le temps qu'il s'étaient perdus de vue, d'ailleurs il ne se faisait aucune illusion qu'il le fasse un jour!

Il l'écouta raconter ses mésaventures avec sa jovialité habituelle, à part l'instant où les souvenirs l'assaillirent et Michael savait qu'ils étaient douloureux, ces souvenirs, alors il se garda bien de dire un mot sur le thème. Justin retrouva son humeur deux secondes plus tard et le pressait de passer lui aussi à la mise à jour.

Ben oui, comme tu l'as dit, j'ai été assez longtemps dehors...je suis parti aux USA, question de mettre de la distance entre eux et moi, même si je ne me doute pas qu'ils sauront assez tôt que je suis là.

Il laissa échapper un petit ricanement amer et à différence de son ami, il n'était pas près de récupérer le sourire .

Quand j'ai su ce qu'il se passait ci...je suis revenu aussitôt, question de se faire à l'idée de crever pour la bonne cause et la seule chose que j'obtiens des tarés du Ministère est qu'il m'envoient surveiller...l'école! Tu sais, je me sens comme un véritable idiot avec toutes ces gosses à me tourner autour comme des mouches autour du miel, en me coulant des regards de merlan frit.

Il n'y avait aucune complaisance à reconnaître que son physique lui attirait plus de problèmes qu'au commun des mortels. Il n'en tirait aucun orgueil ni avantage, chose qui pour beaucoup était assez difficile de comprendre.

Je voulais de l'action, de la vraie...c'est mortel être là, à ne rien faire. Quand j'entends que d'autres aurors ont des missions importantes je crève de rage mais mes ordres sont stricts...ne pas bouger du foutu bled! Au moins toi, tu as la consolation de savoir qu'une fois ta " punition" finie, tu retourneras là où ça bouge...à croire qu'ils m'ont planté là exprès, pour offrir une bonne cible.

Ces derniers mots avaient été dits avec une colère mal contenue mais il n'ajouta pas un mot, se contentant de boire le reste de sa bière tiède.

Entendre son meilleur pote fulminer sur les crétins du ministère amusa beaucoup Justin. Il l’imagina facilement tel le pot de miel de la ruche autour duquel devaient bourdonner quantité de filles pâmées devant les traits angéliques de Michael.
Lui-même n’avait pas une opinion beaucoup plus aimable envers ce haut-lieu.

J’ai déjà eu trois avertissements, soupira-t-il, depuis le changement de ministre. Je n’ai aucune idée de ce qu’ils me donneront à surveiller. Les toilettes publiques moldues ? Peut-être ?

Il but une gorgée en rigolant.

Si ça agaçait parfois ses interlocuteurs, Justin jouait souvent au coq-à-l’âne. D’un sujet, il passait à un autre, comme ça, histoire de désarçonner son vis-à-vis ou tout simplement parce qu’il avait l’esprit primesautier. Il attaqua :

Où vis-tu actuellement ? Moi, l’héritage m’a permis d’acheter un tit manoir tout mignon à mi-chemin entre Londres et ici. C’est assez chouette avec tout le confort moldu dont une splendide piscine. J’ai aussi un tit haras. Pas grand-chose, seulement 10 bêtes mais de splendides. Le golf à 18 trous qui le borde est très agréable à parcourir. Tu devrais venir y faire un tour, un de ces jours. Parfois, je m’y sens… seul.

Vlan, revoilà Justin plongé dans son marasme interne.

* Une femme, des gosses… envolé tout ça. Ma Léanor… où es-tu ?*

Justin Davenport était le seul être au monde en qui Michael confiait, ce qui était beaucoup dire tenant compte de son naturel méfiant par excellence. Peu de fois on rencontrait deux personnes , au caractère si diamétralement opposé, réussissant à s'entendre si bien.

Michael était laconique. Justin, bavard comme une pie. Si l'un s'avérait sombre comme un ours, l'autre était vivace comme un écureuil...pourtant ils étaient les meilleurs amis qui soient.
Entendre Justin parler de son nouveau logis et de ses chevaux avec une indolence de nabab oriental, fit sourire l'ex Serpentard.

J'irai un de ces jours faire un tour dans ton château, pour ma part je me suis contenté d'un cottage discret, rien d'extraordinaire...je n'ai pas trop envie d'attirer l'attention sur moi, même si c'est un peu tard pour ça...

Il se passa la main dans les cheveux, son ait fut tout à coup celui d'un homme harassé.

Je sais qu'ils sont sur ma piste, ce n'est qu'une simple question de temps.

En voyant son ami prêt à répliquer il leva la main.

Ce n'est pas la peine de s'angoisser, ce qui doit arriver arrivera...et pas la peine de me proposer de l'aide, tu sais, ces affaires de familles doivent se régler à huis clos...toi, occupe toi plutôt à être heureux et...prends soin d'Apache, elle t'aimera bien.

Sans sembler s'en préoccuper plus que nécessaire il commanda plutôt un whisky de feu bien tassé et le dépêcha sans ciller pour en demander un autre, sans se préoccuper du regard mi-censeur de son copain.

Je ne supporte pas la bière tiède!

Le tout accompagné d'un de ces presque sourires mornes qui crispaient les nerfs de Justin.

Jamais Justin n’avait exactement cerné le caractère ambigu de son meilleur ami de collège qui savait être d’un taciturne à faire peur. Ces histoires de famille…
Lorsque De Brent avoua se sentir traqué, Justin recouvra également son sérieux. Il n’aimait pas ça. Lui, était plutôt le chasseur. Il le fut déjà dans sa jeunesse et maniait le double canon avec un brio inégalable. Faisans, lièvres, rien n’échappait à son fusil. Maintenant, c’était un autre gibier qu’il traquait. Il espérait bien, qu’un jour, la chance lui permettrait de retrouver les meurtriers de son unique amour.

Toi, occupe toi plutôt d’être heureux et...prends soin d'Apache, elle t'aimera bien.

Aïe ! Si De Brent songeait à lui léguer son gros chat, les choses étaient on ne peut plus sérieuses.

Si Michael, avare de long discours, finit pas consommer du pur feu, c’est que la situation était très grave.

Heureux… pouffa Justin d’un rire dénué de joie. Comment oser l’être par les temps qui courent ?
Je m’amuse, oui ! Ou du moins… j’en donne l’impression. Tu connais mon surnom du collège : le caméléon. Je m’adapte, vieux ! Je fais semblant… Le fond reste, ça j’y peux rien. Les coups de canne de mes précepteurs m’ont marqué. Pour le reste, je me contente de ce que j’ai, de ce que je trouve. Tu devrais faire pareil.

Cette fois, c’était lui qui avait besoin d’un remontant. Il accompagna son copain dans l’éclusage d’une bouteille de pur feu ouverte spécialement pour eux. Justin ne l’appréciait pas, c’était une sous marque que son palais n’agréait guère. Au bout du troisième verre, il le jugea quand même très plaisant.

La boisson rendait Justin philosophe et Michael perdait son air ombrageux...à la moitié de la bouteille, ils parlaient un peu plus fort et s'esclaffaient plus souvent, arrivés aux trois quarts...Michael racontait des blagues et Justin se tordait de rire. Quand la bouteille fut finie, l'hilarité était de mise, ils s'étaient disputés avec deux ivrognes patibulaires et avaient allègrement démoli la moitié du bar...on les mit à la porte sans plus de procès simplement parce qu'ils étaient aurors et on leur gardait encore un minimum de respect...quoiqu'après cette démonstration de savoir faire on se doutait fort qu'ils servent à grand chose.

Et alors qu'est ce qu'on fait maintenant?

Il avait un peu de mal à articuler correctement et à se tenir droit mais arrivés à ce point pas question d'arrêter là.

On va chez moi...tu habites trop loin et si j'essaye de trasplaner jusque là...je vais me desartibuler...parce que tu n'as pas une limousine avec chauffeur cachée au coin de la rue, hein, vieux frère?

Ils s'amusaient comme des adolescents à leur première sortie et si un professeur de Poudlard était passé par là, il aurait juré avoir fait un saut dans le temps quand Davenport de Serdaigle et De Brent de Serpentard mettaient le monde à l'envers avec leurs idées pendables.

Tu sais, Justin...ma vie est une cochonnerie...comme ce whisky qu'on a avalé...

Pas à dire mais une soirée avec Michael De Brent n’était jamais chose banale.
Plus les verres de ce tord-boyaux s’enfilaient, plus ils rigolaient en évoquant leurs frasques d’étudiants. Le ton monta avec d’autres consommateurs avinés. Cela dégénéra vite en bagarre rangée. Pauvres gars, pauvre taverne ! Quand les sortilèges eurent démoli la moitié du bar, ils en vinrent aux mains.
Ah, la belle bagarre ! Malgré leur ivresse, les deux Aurors en mirent plein la figure aux opposants. Lorsque le patron menaça d’appeler la police magique, les fanfarons se ruèrent au dehors. Justin, bon prince, lança une bourse garnie pour régler les dégâts avant de sortir.
Ils avaient l’air fin à tituber tout en s’esclaffant bruyamment. Au moins Michael parut oublier ses tracas.
Sa dernière réplique prouva cependant un certain désarroi :

Tu sais, Justin...ma vie est une cochonnerie...comme ce whisky qu'on a avalé...

Le peu d’esprit rationnel qui restait à Davenport crut bon de ne pas relever. Il s’attacha plutôt à la question du transplanage :

Je veux bien t’emmener chez moi, si j’ai compris que c’était ça que tu voulais mais… je vais rater mes 3, hips, mes trois D. On va essayer de se dessaouler d’abord, non ?

Tous les deux, debout dans la neige, tanguaient assez dangereusement en se faisant face.

D’une voix pâteuse, Justin dit :

Le sort anti-cuite, c’est enervatoum, hein ?

Le hochement de tête négatif de Michael embêta Justin.
Ah… Attends, oui, je me rappelle.

Il agita sa baguette en disant :

Anti-vinum !

Le résultat le laissa pantois quelques secondes. Quelques secondes qui précédèrent un rugissement d’hilarité :

Désolé, vieux. Tes blonds cheveux sont devenus… rose vif. Ça doit pas être ça.

Incapable de se contenir davantage, Justin s’écroula par terre pour rire à gorge déployée en se roulant dans la neige.

Minerva s’était remise difficilement de ses émotions de la dernière mission. Une semaine à Ste Mangouste avec une semonce du Docteur qui lui affirmait qu’un nouveau Doloris pourrait lui être fatal. Il ne l’avait pas ménagée et lui avait conseillé vivement de raccrocher.
La vieille dame avait haussé les épaules dès que ce blanc-bec lui avait tourné le dos.

* J’userai mes artères comme je l’entendrai. Tant que Tom Jedusor se prendra pour le maître du monde, je le combattrai.*

Dès la consultation achevée, elle s’était habillée chaudement avant de transplaner. Depuis son lit de souffrance, elle avait expédié quelques hiboux à des personnes jugées intéressantes. Seules deux de ces dernières avaient accepté de discuter avec elle. Mrs McGonagall ne s’en était pas étonnée, beaucoup avaient maintenant la trouille plus encore qu’avant.

Un rendez-vous entre conspiratrices fut fixé à Pré-au-Lard. Minerva s’y rendait lorsque des éclats de rire frappèrent ses oreilles. D’abord interloquée par l’incongruité de ces bruits, elle ne put s’empêcher de jeter un œil en direction de la tête du sanglier.
La scène devant elle provoqua l’apparition d’un mince sourire sur les lèvres parcheminée de la vieille dame : un jeune homme se tordait de rire dans la neige tandis qu’un autre, aux cheveux roses, lui donnait la réplique. Pourtant, sa mémoire intacte fonctionnant à la perfection, Minerva sut, à coup sûr, identifier les auteurs de ces débordements. Elle s’approcha en fulminant :

Davenport ! Vous n’avez pas honte ? Debout ! Et vous, De Brent ? En voilà un curieux déguisement. A quoi jouez-vous tous les deux ?

Il ne fallut pas longtemps à Minerva pour comprendre que ces chenapans qu’elle avait eu tant de mal à dresser quelques années auparavant, étaient complètement givrés. Son intervention, au lieu de la calmer, semblait augmenter leur hilarité.

Par Merlin, vous êtes saouls ! Evaporatum ! cria-t-elle en visant les jeunes hommes.

Elle les laissa reprendre leurs esprits et mesurer la honte de la situation.

* Quelle chance ! Ils sont exactement la paire qui me manquait.*

Pour vous faire pardonner votre inconduite, suivez-moi ! Sans discussion !

Elle avait emprunté le ton glacial avec lequel elle les traitait en classe. Cela parut fonctionner.

Il avait du mal à se souvenir d'une autre soirée aussi mémorable que celle là. Après avoir quitté la taverne, ils s'étaient arrêtés pour faire des plans sur la suite de leur virée...mais évidement, dans ces cas là, une chose est vouloir et une très différente, pouvoir. Ils étaient là, ivres comme des cosaques, risquant d'ameuter le quartier avec leurs rires tonitruants.

Le meilleur fut quand Justin se mit à essayer divers sorts anti-cuite...rien n'y faisait et le comble... Michael se retrouva avec des cheveux d'un rose outrageant. pas que cela le dérangeât énormément, au contraire cela donna lieu à une crise d'hilarité encore plus bruyante que les précédentes. Justin s'était affalé à terre et s'y tordait de rire, tandis que son beau copain aux cheveux roses faisait des équilibres artificieux pour se maintenir sur pied.

Et voilà qu'au beau milieu de leur petite fête une apparition tout à fait inespérée venait d'avoir lieu.

Wow!...McGo en personne!...Bonsoir , Madame!

La révérence tarabiscotée de Michael faillit se terminer en piquant du nez dans un tas de neige. Justin hurlait de rire, à présent.

Davenport ! Vous n’avez pas honte ? Debout ! Et vous, De Brent ? En voilà un curieux déguisement. A quoi jouez-vous tous les deux ?

Jouer!? On ne joue pas!!!! On s'amuse...parce que la vie...c'est une cochonnerie!!!

Il va de soi que le professeur McGonagall n'était pas d'humeur à supporter deux ivrognes insolents et encore moins de ceux deux lá, dont elle ne gardait pas le meilleur des souvenirs. Elle coupa court les braillements de l'un et le rire de l'autre en leur appliquant un Evaporatum absolument réussi parce qu'en un clin d'œil ils avaient récupéré leurs esprits et mesuraient l'étendue du désastre...

Michael reprit contenance et se passa la main dans ses cheveux encore roses, dans un vain essai de les remettre en ordre. Il avait toujours senti un profond respect pour Minerva McGonagall et il se força à donner quelques explications qu'elle coupa court.

Pour vous faire pardonner votre inconduite, suivez-moi ! Sans discussion !

Cela faisait un long temps que Michael De Brent avait quitté l'école, mais cette voix sévère rayant le glacial faisait toujours son petit effet. Il hocha la tête comme un gamin pris en faute, en se demandant s'ils allaient finir leur soirée à faire quelque ignoble corvée chez Rusard.

Une mèche de cheveux rose lui tomba sur le nez, il l'écarta rageur...l'idée de fuir l'assaillit mais Mc Go était très capable de le stupefixer, alors il échangea avec Justin un regard de totale désolation et s'apprêta à affronter son destin...

La tête de De Brent ! Celle-là, il faudrait qu’il l’encadre ! Davenport se tenait les côtes devenues douloureuses par cette poussée d’hilarité incontrôlable. Le pire arriva en la personne de McGo !
Celle-là, il n’avait jamais pu l’oublier, De Brent non plus, apparemment puisqu’il la salua d’un « Bonjour Madame » tellement révérencieux qu’il faillit s’étaler près de son copain.
Leur ancien professeur de Métamorphose semblait assez furax. N’empêche que de voir la tête de Michael était trop désopilant.
Voilà Minerva qui se fâchait. Elle l’apostrophait sans ménagement !

Davenport, vous n’avez pas honte, debout !

Il aurait bien voulu obéir, il avait toujours obéi à McGo. Mais là… Quoi qu’il s’y essayât, il dérapait lamentablement se retrouvant toujours le postérieur enneigé.

Le brutal « Evaporatum » qu’elle lui lança rendit enfin ses esprits au jeune homme qui s’empressa de se relever en bredouillant des excuses maladroites. La directrice des Gryffondor semblait les fusiller derrière ses lunettes carrées. Elle leur intima un :

Pour vous faire pardonner votre inconduite, suivez-moi ! Sans discussion !

Justin soupira. Ce ton était absolument sans réplique. D’un œil il jaugea son copain qui, malgré les années écoulées, ressemblait, comme lui, à un petit garçon pris en faute.
Que leur voulait-elle, cette vieille dame ? Les obliger à faire reluire les coupes de la salle des trophées ?
Frotter les toilettes à la brosse à dents, sans magie ? Pire ?
Pas trop à son aise, Justin emboîta le pas au professeur qui malgré son âge avancé se tenait toujours aussi raide qu’un manche de parapluie.

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