Rencontre au bord du lac

Il faisait assez beau... Pour la saison. C'est vrai, après tout, bien qu'il devait sûrement faire -5° tout au plus, il ne neigeait pas, eh puis il n'y avait pas de vent. Le pire c'est ça, le vent. Heureusement, il n'y en avait pas ce jour là, sans ça Anwen ne serait certainement pas sortie dans le parc.
Tout le parc était ensevelit d'un épais manteau blanc, mais ça n'avait pas empêché Anwen de s'asseoir dans la neige, au risque de tremper sa robe de sorcière. Elle s'était assise auprès du lac glacé, elle regardait la glace en rêvassant, ou plutôt en se préoccupant pour ses ASPICS. Elle était nouvelle, c'était de la folie de changer comme ça d'école juste pour la dernière idée, bien qu'elle devait se l'avouer, elle en était plutôt enjouée, Poudlard n'avait vraiment rien à voir avec Beaux-Bâtons. Ce n'étaient pas les mêmes élèves, ils n'étaient pas aussi hautains, superficiels,... Mais maintenant il fallait qu'elle rattrape son retard. Elle le ferait, très certainement... Plus tard...

Des bruits de pas dans la neige la firent sortir de ses rêveries. La jeune fille se retourna et vit une autre élève, qu'elle avait déjà aperçu dans les couloirs mais avec qui jamais elle n'avait vraiment discuter...

- Salut, dit-elle sans pour autant se redresser.

A vrai dire, maintenant qu'elle était assise, elle n'avait pas vraiment l'intention de se relever, c'était comme si la neige sur laquelle elle était assise s'était faite à la température de son corps, bien qu'en réalité c'était plutôt l'inverse. Toujours est-il qu'elle ne sentait plus la neige froide et humide sur laquelle elle était assise.

Toutefois, sans se redresser, elle parvînt quand même à apercevoir l'écusson des serdaigles cousu sur sa robe, et se décida à sourire, pour paraître un peu plus accueillant. Au cours des derniers mois, si Anwen avait bien apprit quelque chose de Poudlard, c'est qu'il ne fallait jamais s'adresser à un élève sans savoir au préalable de quelle maison il est...

Chose assez exceptionnelle, Angel s’ennuyait ce jour-là. Marre des cours, marre des discours, marre… de tout.
Sa belle humeur habituelle s’était évaporée. Elle pensait à sa jumelle qui lui faisait la tête sans trop savoir pourquoi, la pression des tonnes de parchemins à étudier pour les BUSE l’énervait, elle avait tout plaqué pour s’enfuir dehors.
L’air serein et glacial la revigora quelque peu.
Elle ne fut pas sans remarquer qu’involontairement elle suivait la piste de quelqu’un. Les traces de pas étaient là, juste sous son nez mais elle ne les voyait pas.
Elle avançait, perdue dans ses réflexions jusqu’à ce qu’un voix la fasse sursauter.
C’était un simple « Salut » mais la Serdaigle était si loin du monde réel qu’elle faillit tomber en glissant.
Par Merlin, que faisait cette fille assise à même la neige ? Avait-elle besoin de se rafraîchir le postérieur ou connaissait-elle un sortilège contre les engelures ?

« Salut, répondit machinalement Angel. Tu n’as pas froid ? Si j’étais toi, je me lèverais vite fait. La pimentine guérit des coups de froid mais c’est dégueulasse, je puis te l’assurer. »

Un certain épisode glacé lui revenant en mémoire, Angel frissonna rétrospectivement.
Que faisait donc cette Gryffondor à cette heure, en ce lieu ? Sans doute la même chose qu’elle ?

Tu es Anwen, hein ? On m’a parlé de toi. Moi c’est Grisham, Angel. Je suppose que tu le sais aussi ; Poudlard est un monde restreint où tout se sait vite.

Sa bonne humeut était revenue, Angel tendit la main pour aider la Gryffondor à se relever.

La jeune fille, s’approchant d’Anwen, parut glisser l’instant de quelques secondes, mais sembla retrouver son équilibre. Elle paressait un peu mélancolique, que faisait-elle ici ? L’avait-elle suivit ? Se demanda Anwen. Mais après réflexion, la simple idée que cette jeune fille, qui semblait perdue dans ses pensées, puisse la suivre était pour le moins absurde. "La pimentine guérit des coups de froid mais c’est dégueulasse, je puis te l’assurer" lui annonça cette dernière, c’était aimable de sa part de la prévenir, et pour tout avouer, Awen n’avait jamais goûté de pimentine. Il était assez rare que cette dernière tombe malade, eh puis généralement, elle laissait aller jusqu’à ce que ça se soigne tout seul…

- Merci pour l’information, répondit Anwen en souriant, sans pour autant se lever.

Elle tourna son regard vers le lac gelé, et ajouta d’une voix un peu monocorde : "Le froid c’est comme le reste il faut y penser pour le ressentir… Alors j’essaie de penser à autre chose". Toutefois, elle ne pensait pas tant au froid qu’à sa vie qui la déprimait ces temps-ci. Bien sûr, Poudlard était vraiment une très bonne école, mais ça n’empêchait pas qu’elle avait quelques fois du mal à y trouver sa place. Tout le monde se connaissait si bien, et elle… Elle venait tout juste d’arriver.

- Oui, Anwen Darkfate… En fait, ajouta-t-elle après que la jeune fille se soit présentée, non je ne le savais pas vraiment. Elle esquissa un sourire comme pour se faire pardonner de son ignorance. Je suis nouvelle et j’ai un peu de mal à connaître tout le monde, même si, comme tu dis, Poudlard est un monde un peu restreint. Mais je suis enchantée de faire ta connaissance.

Angel lui tendit la main pour l’aider à se relever. Elle hésita quelques secondes, non pas qu’elle doutait des intentions de cette jeune fille, mais elle n’était pas certaine de pouvoir penser suffisamment à autre chose que sa robe trempée pour ne pas ressentir cette humidité glaçante. Néanmoins, elle finit tout de même par la saisir et se redressa avec l’aide de la Serdaigle.

La jeune Gryffondor avait quand même fini par accepter la main tendue. Angel l’aida à se redresser, et lui sourit, franchement :

Ne t’inquiète pas pour ta robe mouillée.

Angel effectua un petit geste de sa baguette et la robe d’Anwen fut séchée en un clin d’œil.

Excuse-moi d’être assez… taciturne. J’ai un tas de problèmes pour l’instant. Je suis dehors pour évacuer tout ce stress. Je passe mes BUSE cette année. Je suis… au bout du rouleau.

Sa gorge lui brûlait. Angel ne s’était que rarement sentie ainsi. Pourquoi confier ses états d’âme à cette inconnue ? Parce que sa jumelle ne lui parlait plus ? Parce que Jaxon ne se montrait plus ? Angel était à la dérive et elle détestait ça.

Anwen s’était redressée grâce çà l’aide d’Angel, cette dernière qui fit sécher sa robe en un claquement de doigt presque, Anwen connaissait ce sortilège, mais elle n’y avait pas pensé sur le coup. Oui, quand on naît moldu, il y a pleins de choses qui ne nous paraissent pas « naturelles ». Comme par exemple utiliser la magie pour des fins aussi moindres.

- Merci, répondit Anwen un peu vexée bien qu’elle s’efforçait de ne pas le montrer. Elle n’aimait pas trop qu’on s’occupe d’elle comme ça, enfin, qu’on l’aide de cette manière, c'est-à-dire en faisant à sa place ce qu’elle pourrait très bien faire elle-même. Elle le prenait un peu comme si on ne l’en croyait pas capable de le faire elle-même, et du point de vue de son ego, pourtant bien dimensionner, proportionnel à sa personne, c’était terriblement frustrant.

Toutefois, ces pensées se dissipèrent aussitôt que la jeune fille commença à lui parler de ses problèmes. Elle semblait vraiment tourmentée, surtout pour se confier comme ça à n’importe qui, à moins bien sûr qu’elle avait l’habitude de se confier à tout le monde… Quoique c’était très peu probable.

- Non, ne t’excuse pas, je connais ça… Moi aussi j’ai eut quelques moments difficiles, comme tout le monde j’imagine.

Anwen sourit. Mais elle n’en dit pas plus. Elle ne voulait pas qu’on aille vers elle par pitié, alors elle préférait ne rien dire sur sa mère qui était morte l’an dernier, ni sur ses problèmes « d’orientation ». Oui, elle était complètement perdue dans cette école. Enfin, ce n’était pas que celle-ci était trop grande, mais c’était plutôt Anwen qui était trop petite. Elle n’arrivait pas à se décider pour tout, qu’est-ce qu’elle ferait plus tard, avec qui se lier d’amitié… Tout semblait en harmonie dans ce monde, et elle, elle était spectatrice, et observait ce spectacle de loin, des gradins.

Angel s’en voulut un peu d’avoir pratiquement forcé sa compagne à recevoir l’aide qu’elle n’avait pas demandée. En compensation, elle proposa :

Tu veux du thé ? j’en ai un terrible envie. Je ne sors jamais sans mon thermos par ce temps.

De sous sa cape apparurent thermos et gobelets en plastique. Un instant plus tard, la Serdaigle soufflait sur son breuvage tout en observant sa vis-à-vis :

On s’est déjà croisées sans vraiment se parler. Il est vrai que nous appartenons à des Maisons différentes mais amies quand même. Comment te sens-tu à Poudlard ? As-tu des relations intéressantes ? Je suis assez populaire ici. Si tu veux, je peux te faire rencontrer pas mal de monde.

Angel s’engageait peut-être plus loin qu’elle ne l’aurait voulu. Le visage franc devant elle ne dégageait aucune animosité. Etait-ce pour cela qu’elle se sentait… en confiance ?

La jeune fille lui proposa subitement du thé, sans doute une envie soudaine. Les anglais pouvaient se révéler être parfois très étranges, c’était sûrement à cause de tout ce thé qu’ils ne cessaient de boire à longueur de journée. Toutefois, Anwen ne voulu pas refuser cette invitation. Elle savait que le thé pouvait être un sujet sensible chez les anglais, et que refuser une invitation à boire le thé était bien souvent mal vu.

- Ce serait avec plaisir, répondit Anwen, surprise de voir la jeune fille sortir de sous sa cape un thermos et des gobelets en plastiques.

Elle prit le gobelet que la Serdaigle venait de lui servir et souffla légèrement dessus, puis posa le gobelet dans la neige, étant en plastique, il était devenu si chaud qu’elle s’en brûlait les mains. Et le thé qu’il contenait refroidirait sûrement plus rapidement dans la neige qu’en soufflant dessus.

Puis la jeune fille engagea la conversation, en commençant par parler de son intégration dans l’école, qui, pour être honnête, n’était pas glorieuse, bien qu’Anwen s’évertuait de ne pas le montrer. Après tout elle ne passait pas pour la fille associable de Poudlard, elle était avec des gens, elle parlait avec eux et ces derniers la trouvaient bien souvent fort sympathique. Seulement, elle se sentait seule, même quand elle était entourée de tout un groupe d’élèves, elle n’en restait pas moins seule, incomprise. Mais, comme lui répétait sa belle-mère, ce n’était qu’une phase de transition, c’était normal…

- Ca va, c’est une très bonne école, ce parc me change de Beaux-Bâtons, répondit-elle en souriant.

Mais elle n’en dit pas plus par rapport la proposition que venait de lui faire cette dernière. Elle n’avait pas une seule relation sérieuse à vrai dire, pas une seule véritable amie, personne. Mais elle n’était pas sûre d’en vouloir. D’ailleurs, on ne pouvait pas débarquer comme ça dans une école et s’improviser meilleure amie, alors que tous les autres avaient déjà leurs meilleurs amis, leurs pires ennemis, leurs relations en somme. Et, son ego ne semblait pas prêt à accepter une deuxième aide de la même personne en si peu de temps.

Décidément, cette jeune fille de Gryffondor n’était guère bavarde. Elle avait au moins accepté la tasse de thé avant de la poser dans la neige ce qu’Angel jugea très judicieux pour ne pas se brûler les doigts. Ses gants la prémunissant de cet inconvénient, la Serdaigle poursuivit sa dégustation à petites lampées gourmandes.
Depuis cinq années qu’elle fréquentait Poudlard, Angel s’était bien intégrée. Elle n’était pas une des « vedettes » du collège car était beaucoup trop timide pour ça. Elle avait sélectionné ses connaissances et, si elle parlait avec tout le monde, ou presque, elle n’avait qu’une seule grande amie, la Poufsouffle McLane.
La découverte récente de sa situation familiale la bouleversait beaucoup plus qu’elle ne voulait l’admettre.
Adoptée ! Dire que c’est par hasard qu’elle l’avait su. Mieux, sa sœur jumelle était aussi à Serdaigle. Mais Méredith était amoureuse…

- Ca va, c’est une très bonne école, ce parc me change de Beaux-Bâtons.

Angel avait entendu parler de cette académie prestigieuse française. Ainsi cette Gryffondor venait de là ? Elle parlait parfaitement l’anglais, en tout cas.

Nous avons reçu une délégation de cette école lors du tournoi des trois sorciers, il y a trois ans. Votre directrice, Mme Maxime est… très impressionnante.

La Serdaigle se souviendrait longtemps de l’arrivée fracassante du carrosse géant tiré par des Palominos. Ces Français n’avaient pas du tout eu l’air d’apprécier le château. Sans doute préféraient-ils plus de luxe ?

Beauxbâtons doit être très différent de Poudlard, n’est-ce pas ?

Anwen reprit son gobelet de thé qui avait eut le temps de refroidir en quelques minutes et le porta à ses lèvres, le sirotant un peu, en fait, le thé n’avait jamais été sa tasse de thé… Mais vivre en Angleterre l’obligeait. Ne pas boire de thé revenait à s’exclure de la société.

Elle ne reposa pas sa tasse de thé dans la neige, le gobelet étant déjà bien assez froid comme ça… Alors elle la laissa dans sa main.

- Oui, c’est très différent de BeauxBâtons. Mais à vrai dire, je pense préférer Poudlard. BeauxBâtons est vraiment particulier, surtout pour les élèves. Disons que pour imaginer ce que ça fait d’y étudier, il faut imaginer une école avec que des Serpentards, car les élèves y sont tout aussi "snob". Alors autant te dire que je n’aimais pas trop la mentalité de mon ancienne école.

Elle sourit, repensant à toutes ses années durant lesquelles elle avait dû supporter ce "monde" superficiel,… Non, ça ne lui manquait décidément pas. S'y intégrer en étant née moldue était particulièrement difficile, et encore, elle avait tout de même eut la chance d'être issue d'une famille aisée.

La jeune fille but son thé plus par politesse que par plaisir, remarqua Angel.
Ce qu’elle déclara au sujet de BeauxBâtons surprit à peine la Serdaigle :

il faut imaginer une école avec que des Serpentards, car les élèves y sont tout aussi "snob".

En effet, Angel se souvenait de l’impression assez désagréable qu’avait produite la délégation de cette école française. Ils se prenaient vraiment pour les rois du monde, ceux-là. Pourtant, cette demoiselle ne semblait pas chichiteuse pour deux sous. Sans doute était-ce pour cette raison qu’elle disait préférer Poudlard.

Et l’enseignement là-bas ? C’est le même ?

Angel mordit sa longue langue. Questionner ainsi les gens frisait l’impolitesse. Elle souhaita que l’autre le prenne bien.

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