Tiens mais que sont toutes ces formes, toutes ces couleurs ? Ca bouge, ça tremble, mais que se passe-t-il ? D’où viens-je ? Qui suis-je ? Il faut que je cherche au fond de moi, que je trouve la réponse… Je sens qu’elle n’est pas loin… Bon. Déjà je sais que je suis marron et que je dégage une forte appétissante odeur. Et je sais que j’ai également deux très belle ore… Tiens le sol ne bouge plus ? MAIS ? Quelle est cette horrible pince ? Elle m’attrape, elle m’emmène !? Non lâchez moi, je ne veux pas y aller, non !

Voyant qu’il ne peut pas bouger, notre pauvre compagnon se résigne et se laisse attraper et balader par cette affreuse pince métallique. Elle l’emmène alors sur un tapis roulant. Et il se retrouve face-à-face avec…

MON DIEU ! Quelle est donc cette affreuse chose ? Mais oui ! Ca y’est, je me souviens, du temps où j’étais encore un lapin gambadant dans l’herbe humide, grignotant quelques brins par-ci par-là et vivant dans la plénitude complète. Mais ça ne dura pas longtemps car déjà d’autres hommes semblables à celui que j’avais sous les yeux me poursuivaient, me traquaient nuit et jour jusqu’à ce je me fasse attraper par cet ignoble chasseur qui m’a emmené jusqu’ici pour que je me fasse remplir de chocolat.

L’homme attrapa le lapin et commença à lui peindre l’intérieur des oreilles et ses longues moustaches.
- Pauvre petit lapin… Toi qui à l’air si mignon. Dire que tu vas te faire voracement dévorer par une horde de petits monstres !

QUOI ? Moi, me faire dévorer ? Mais non c’est trop injuste. Je ne me suis pas fait exploser la cervelle par un chasseur en manque de tueries, je ne me suis pas fait dégusté par une bande de gastronomes avides de mammifères à longues oreilles , alors ça n’est pas pour finir dans l’estomac d’un gnome affamé !

On me séquestre alors dans une étroite boîte au milieu de cloches, d’œuf et de lapins amorphes. Je suis alors trimballé dans tous les sens mais jusqu’à quand aurais-je la possibilité de vivre ? Quand serais-je enterré puis déterré et croqué sans scrupules ?
Le temps me paraît bien long… On m’a placé derrière une vitre et je vois les gens défiler toute la journée. Ils me regardent, me montrent du doigt, rient, parfois.
J’ai envie d’appeler au secours, de leur dire que je suis vivant mais je n’y arrive pas, quelque chose au fond de moi m’en empêche.
Je reste ainsi jusqu’à ce qu’une vieille mère de famille, me montre du doigt à la vendeuse qui me lova dans des bandelettes de soie.
Je fus ensuite enterré à la surface de la terre, juste assez pour ne pas pouvoir bouger et pour voir devant moi, sous la pluie et le grêle durant des nuits entières.
Je ne savais pas ce qui allait m’arriver, je ne préférais pas savoir…

Puis vint le fameux jour, ce jour où, si j’avais encore un cœur à ce moment là se serait arrêté.
Je vis débouler au moins cinq enfants dans le jardin munis de pelles et de seaux. Je les voyais s’approcher de moi. J’avais peur. Je voulais leur souffler dans le creux de l’oreille d’aller voir plus loin, qu’il n’y avait pas de trace de chocolat de ce côté mais ils refusaient de m’écouter.
Soudain un de ces gnomes se mis à creuser devant moi. Il ne prenait même pas sa pelle et creusait à pleines mains dans la terre humide jusqu’à ce qu’il me frôle et qu’il remarque ainsi ma présence. Il m’attrapa alors de ses deux mains. Il ne daigna même pas attendre quelques heures pour manger le chocolat avec les autres mais préféra me dévorer sur place.
Je ne sentais plus mon corps, je le sentais juste lécher l’intérieur de mon crâne et avec ce qu’il me restait de mes oreilles, je parvenais à entendre ses grognements de satisfaction.
Je m’éteignit ainsi, dans la douleur et le regret que ma vie se termine ainsi.
J’aurais voulu être un animal noble et courageux comme un lion ou un tigre. Mais il eut fallut que je sois un lapin. Un lapin fuyard, un lapin traqué, et un lapin finalement mangé, dévoré, exterminé. Mais ma vie en restera là, et je suis tout de même fier d’avoir été ce que je suis et non pas ce que je ne pouvais pas être…