Sirius poussa la porte de son ancienne maison devenue quartier général de l'Ordre depuis maintenant 4 ans. La chaleur qui y régnait contrastait avec le froid mordant de l'extérieur, et il n'en fut pas mécontent. Son manteau accroché, il se dirigea vers la cuisine. Les intempéries auxquelles l'hiver s'amusait ne lui donnait du courage que pour une chose seule : ne rien faire.
Un geste de la baguette et les bûches qui trainaient dans la cheminée s'enflammèrent.
La cuisinière tenta une timide imitation, présentant ses légères flammes au sorcier. Les objets enchantés étaient susceptibles d'être victimes de jalousie maintenant ? De bonne grâce et pour satisfaire son mobilier de cuisine apparemment capricieux, il déposa une cafetière au centre de la plaque qui recouvrait le brûleur.
Méthode Lupin : boire en toutes circonstances. Mais pas de l'alcool.
Le trentenaire détailla la pièce qu'il connaissait pourtant si bien, celle-là même dans laquelle il avait quotidiennement mangé, vécu, jusqu'à ses 16 ans lorsqu'il n'était pas à Poudlard. Du coin de l'œil, il aperçut l'escalier qui menait aux étages supérieurs dans la pièce d'à côté. Là haut reposait le traître, l'infâme rat qui avait vendu James et Lily à Voldemort. L'eau avait coulé sous les ponts depuis, mais même un fleuve n'aurait pas suffit à faire pardonner cet acte dont Peter avait été l'auteur. A vrai dire, il était inexcusable. Et Sirius espérait bien que le repoussant Pettigrow sortirait bientôt de son état comateux pour enfin pouvoir l'achever. Bien que l'envie l'en démangeait, il était hors de question de le tuer tandis qu'il était inconscient. Le fils Black désirait par dessus-tout lui montrer la seule chose devant laquelle il ne pouvait désormais plus fuir : sa mort.
Le bruit d'une cafetière en furie qui crachotait autant de liquide qu'elle en était capable tira Sirius de sa méditation vengeresse. L'espace de quelques instants, son hostilité face à leur hôte comateux lui avait fait oublié le piètre cuisiner qu'il était. Un peu déçu par son incapacité à se faire même chauffer un café, il ignora l'état indigeste de la boisson que lui présentait la cafetière, fermement décidé à tromper les préjugés qu'on avait sur ses talents en gastronomie en l'avalant.
Défiant du regard sa tasse de goudron, assis sur son fauteuil face à la cheminée, le bruit caractéristique d'une porte qui s'ouvre suivi des hurlements du portrait de sa mère tombèrent à pique pour finalement se défiler et ne pas boire l'infâme chose carbonisée au fond de sa tasse.
Sirius se précipita hors de son fauteuil pour accueillir le nouvel arrivant (peut-être Tonks, peut-être Rémus, peut-être Noami ? Rêve pas trop mon grand.) La frénésie qui s'était emparée de lui quelques secondes plus tôt le quitta dès qu'il aperçut le visage du visiteur.
Jamais vu. Le parfait inconnu. Etrange d'ailleurs qu'un inconnu connaisse l'existence de la maison et puisse donc y pénétrer à sa guise. Mais il était également malhonnête de se méfier de cet homme. Après tout, il n'y avait dans l'Ordre que des personnes de confiance. Si quelqu'un avait mis au courant cet homme, ce n'était donc sûrement pas pour de mauvaises intentions.
-Bonjour ...
Son sourcil brun était levé et il avait le ton interrogateur.
-En quoi puis-je vous aider ?
Sirius n'était pas un grand introverti, mais il n'allait quand même pas se départir malgré tout totalement de sa méfiance naturelle ni sauter dans les bras de quelqu'un qu'il n'avait jamais vu.