« Tout sauf ça ! »

Une exclamation quelque peu grossière s’en suivit, brisant le silence qui régnait, à nouveau, dans les couloirs de l’école de magie. Chad, les bras croisés sur son torse, regardait l’escalier, sur lequel il était perché, changer brusquement de direction. Ce qu’il pouvait détester ces quelques marches et leurs jeux puérils. S’il avait à choisir, il préférait encore grimper ceux qui se trouvaient chez lui, même s’ils craquaient, ils ne s’amusaient à lui faire perdre la tête. Finalement, l’escalier sembla accepter de se ranger de son côté car, si ce n’était pas là qu’il avait prévu de se rendre, il reconnaissait au moins ce couloir. S’avançant sur les marches, déjà quelque peu contrarié, Chad eut évidemment le reflexe de louper la dernière marche. Une nouvelle fois. Pour ne pas changer. Il crut réellement qu’il allait s’étaler sur ce sol désespérément lisse. Encore ? Quoi que... Il pouvait se réjouir d’avoir gardé l’équilibre. Pour toutes les fois où il avait failli le perdre, il était bien heureux de s’en être toujours tiré sans ne jamais être directement tombé dans le vide. Posant le pied sur le sol marbré de la tour, le jeune homme embrassa les environs d’un regard circulaire. Salle commune, voilière ? Maintenant qu’il se trouvait là, autant en profiter. Le fils Jonas prit son habituelle allure déterminée et, lorsqu’il fût arrivé dans la pièce qui abritait tous les oiseaux des étudiants, se mit à chercher son hibou. Dawn, ce qui signifiant « Aurore ». A coup sûr, et sans réellement s’en apercevoir, Chad l’avait nommé ainsi en hommage à son père. La nuit, le ciel et les cycles lunaires, le jeune homme les connaissait par cœur depuis qu’il était enfant. Souvent, lorsque la lune ne formait encore qu’un croissant, ils sortaient tous deux dans le jardin, et ils passaient la soirée à observer les étoiles et la couleur marine du ciel. Sa mère les regardait d’une fenêtre, le plus souvent, ou décidait de les accompagner. Il se souvenait également que, plus petit encore, sa grand-mère lui narrait des contes où il était question de voleurs de lune et de chapardeurs d’étoile, et il en était toujours le héro. A la fin de ces belles histoires – toutes sans exception – il parvenait toujours à récupérer ces précieux astres et à les livrer à ce monsieur le Ciel. Monsieur dont l’existence lui avait toujours paru un peu monotone. Sa grand-mère lui répondait alors qu’il n’y comprenait strictement rien et que le ciel occupait une place importante dans la vie des sorciers, et des moldus également – car elle ne les oubliait jamais. A ce souvenir, Chad eut un sourire amusé et franc. Sa chère et tendre grand-mère. Il se promit de lui envoyer une lettre, le lendemain. Soudain, une ombre se dessina sur le sol. Immédiatement, il reconnut celle de son oiseau et, murmurant doucement son prénom, leva les yeux dans sa direction. Si Dawn ne se montrait pas toujours très obéissant, il s’agissait d’un hibou étonnamment affectueux – bien que ses coups de bec ne soient pas toujours très appréciés. Il se posa doucement sur le sol, rabattant ses ailes d’un blanc cassé particulièrement serein sur lui. L’idée de s’asseoir et de le caresser en guise de salutation lui effleura l’esprit. Cela dit, il s’arrêta à tant, les fientes d’oiseau l’y décourageant.

« Alors, tu as été faire un tour aujourd’hui ? », souffla-t-il doucement, comme s’il s’adressait à l’un de ses meilleurs amis.

***

Vingt heures trente. La journée était passée à une vitesse fulgurante, et n’avait pas été de tout repos pour ce pauvre Chad qui avait bien failli y perdre la vie à de nombreuses reprises {!} ... Il avait donc décidé de se coucher bien tôt. Subitement, il se tourna sur le côté. Les draps blancs qui l’entouraient semblaient l’étouffer et, comme si cela ne suffisait pas à faire son malheur, l’un de ses camarades de chambrée emplissait la pièce de ses ronflements sonores. Le jeune Jonas pouvait presque l’entendre parler dans son sommeil, ce qui n’arrangeait rien à sa mauvaise humeur. Pourtant, lorsqu’il s’était négligemment laissé tomber sur le lit situé près de la fenêtre – le sien, en l’occurrence, Chad avait imaginé qu’il trouverait rapidement le sommeil. Presque trois quarts d’heure qu’il se trouvait là et... Malheureusement, toujours rien. Soudain, le bruit désagréable d’un reniflement se fit entendre. Pour toute réponse, le jeune homme grogna et se redressa sur son lit, avisant les vêtements jetés ça et là au bout du lit. Il recouvrit son torse d’un tee-shirt marron et posa enfin les pieds à terre. Lorsqu’il fût enfin paré pour sortir du dortoir – c'est-à-dire chaussures aux pieds et jeans promptement enfilés – il jeta un coup d’œil furtif dans la pénombre, afin de distinguer celui qui avait perturbé ses projets. Une tête blonde. Tel un chérubin, la faible lumière de la lune l’éclairant, son camarade dormait. Excepté le bruit insupportable, le tableau était spectaculaire. C’en était presque triste de devoir le réveiller. Chad saisit un oreiller à pleine main et, se retournant une dernière fois, l’envoya valser droit sur le nez de son colocataire. Puis, sortit en trombe. La salle commune des Poufsouffles était encore animée. Quelques élèves de sixième année partageaient leur appréhension à propos des examens à venir, alors que des filles de première année pointaient le dortoir des garçons du doigt, d’où Chad sortait, justement. Il leur adressa un rapide coup d’œil, avant de saluer les personnes qui lui étaient familières et de quitter la salle. Il lui restait à peine une demi-heure avant que le couvre-feu ne lui inflige le retour au dortoir. Cependant, il était bien décidé à en profiter. Quelque chose lui disait que cela lui ferait le plus grand bien. Ces derniers temps, Chad avait un peu de mal à trouver le sommeil et une promenade dans les sombres couloirs de Poudlard l’aiderait peut-être à se sentir mieux.

Chad grimpa sur un escalier qui, comme il l’avait déjà fait cette après-midi, bifurqua vers la droite. Le jeune homme laissa échapper une exclamation de surprise, avant de se pencher prudemment par-dessus la rambarde. L’escalier de marbre semblait descendre. Second, ou troisième étage, s’il ne se trompait pas. Quelques secondes plus tard, le jeune homme posait les pieds dans un couloir plus sombre que les autres. Bon sang, où s’était-il encore fourré ?

Quelqu'un fonça dans le jeune Poufsouffle. Bien bâti et ayant un bon équilibre, il ne tomba pas, ce qui ne fut pas le cas de la jeune fille qui venait de se heurter à lui. Il remarqua à son insigne qu'elle était à Gryffondor. Elle marmonna quelque chose qu'il ne comprit pas. Ensuite, elle le regarda. Puis elle ouvrit la bouche et la referma aussitôt. Elle dégluttit et s'excuse. Il lui sourit et l'aida à se relever.

Je suis désolée, je ne t'avais pas vu ...

- C'est pas grave... J'espère que tu ne t'es pas fait mal !

Et en plus de ça, je t'ai pris pour un mur

- Pourtant, on peut dire qu je ne ressemble pas à un mur !

Il prit ce fait avec le sourire. Il n'allait tout de même pas l'engueuler parce que la Griffondor l'avait pris pour un mur... Chad n'était pas suceptible.

- Au fait, je suis Chad Jonas ! Et toi, tu es ?

[Hj: Déso, j'avais la flemme de changer de compte...]

[Hj: Aucuns problèmes ]

- C'est pas grave... J'espère que tu ne t'es pas fait mal !

Hanna lui sourit. Il avait l'air gentil. elle le dévisagea quelques instants. Il n'était pas moche. Plutôt mignon, même. Mais la blessure de sa rupture avec Noah était toujours présente. Encore une fois, il apparut devant elle. Comme un fantôme errant dans l'esprit de la jeune asiatique. Son visage si pâle lui souriait, et son rire résonnait autour d'elle comme une mélodie. Elle secoua légèrement la tête.

- Non ... Dit-elle dans un souffle.

Pendant quelques secondes, personnes ne parla. Enfin, le jeune Poufsouffle reprit la parole.

- Pourtant, on peut dire qu je ne ressemble pas à un mur !

La rouge et or se mordit la lèvre et rougit légèrement. Pourquoi lui -avait-elle sortit une absurdité pareil ? Elle le regarda, gênée. Hanna ouvrit la bouche pour répondre, et encore une s'excuser de sa bêtise, quand il se présenta, lui coupant la parole.

- Au fait, je suis Chad Jonas ! Et toi, tu es ?

Elle sourit, contente qu'il passe sur un autre sujet.

- Enchantée. Je suis Hanna Carter, 5ème année à Gryffondor. Et toi, tu es à Poufsouffle, n'est-ce pas ? Lui dit-elle avec un grand sourire.

Peut être que finalement, sa journée poisseuses, avait enfin fini de l'être.