Un journée claire, une brise tiède, et un rayon de soleil qui perçait à travers les nuages blancs qui parsemaient le ciel azur, c'était presque un miracle ! La journée avait commencé par un réveil peu délicat pour Mariana, suivi presqu'aussitôt d'une douche glacée et d'un petit déjeuner composé d'un verre d'eau et une pomme... Mariana était comme ça, et ce n'était plus une corvée qu'elle s'infligeait mais autant d'habitudes dont elle ne pouvait plus se défaire ! Autant dire que selon la jeune auror, avec ses habitudes et un climat pareil, la journée s'annonçait magnifique ! Après un rapide rangement de l'appartement minuscule dans lequel elle vivait, la jeune femme sortit dans les rues de Londres, cueillie par un rayon de soleil bienveillant. Touristes et londonniens se cotoyaient dans un brouhaha incessant mêlant coups de téléphone et guides pour groupes étrangers ; mais ignorant le monde s'agitant à ses côtés, Mariana, après quelques rues et bousculades, entra dans un minuscule bar miteux dont la pancarte annonçait : "Le Chaudron Baveur". Saluant d'un bref mouvement de tête le patron et les clients toujours plus rares à cette heure-ci, la jeune femme se dirigea directement vers le fond de la pièce, vers un local à poubelles dénué de toute poubelle ! Tapotant distraitement de sa baguette quelques briques du mur, elle attendit quelques secondes que le passage s'ouvre, et entra dans le Monde plus familier du Chemin de Traverse, laissant le mur effacer l'arcade de passage... Pour la première fois de sa vie, Mariana entrait sur le Chemin de Traverse sans autre but précis que celui de se promener dans son élément : le Monde sorcier !

Profitant tout de suite à fond de cette liberté qu'elle s'autorisait, la jeune auror prit soin de regarder toutes les vitrines sans exception, du quidditch à la botanique en passant par les libraires et les apothicaires, remarquant au passage quelques boutiques dont elle avait fait fi jusque là. Elle rentra même dans la boutique de quidditch pour y acheter un nécéssaire de nettoyage pour balai de voyage (le sien avait grand besoin d'être soigné) et dépensa également quelques gallions en livres dont son appartement était dénué. Soudain, une enseigne aussi lumineuse et brillante que des paillettes attira le regard de Mariana. Etonnament, dès que ses yeux se furent posés dessus, l'enseigne s'adapta immédiatement à ce que Mariana jugeait être une enseigne parfaite : sobre, mais pas sombre, sur laquelle étaient peintes des lettres fines annonçant un bar qu'elle ne connaissait pas. L'enseigne finissant de la convaincre, la jeune femme d'ordinaire si méfiante, entra sans hésiter dans le bar dont la porte en verre ne montrait pourtant pas l'intérieur... Mal lui en prit : la porte se referma brutalement derrière elle, manquant de lui taper la tête ! Elle tenta d'ouvrir la porte, mais le verrou cliqueta, signifiant clairement qu'une fois rentrée, elle ne pouvait plus ressortir...

D'un grognement dépité, Mariana comprit qu'il ne servirait à rien de s'acharner sur la porte à coup de sortilèges, et elle tourna finalement la tête vers l'intérieur du bar ; Stupeur ! le bar était décoré aux couleurs et formes du Japon et tous les clients, ainsi que le barman et les serveurs, étaient asiatiques ! Totalement déboussolée, la jeune femme ne vit pas tout de suite les gestes que lui faisaient le patron, lui demandant de venir. Docilement -et à son propre étonnement- Mariana obéit et se dirigea vers l'homme petit et imposant... Celui-ci lui tendait un tablier ! Ecarquillant les yeux en signe d'incompréhension, elle comprit pourtant vite qu'elle n'avait pas le choix, et enfilant le tablier, elle prit le plateau que lui tendait l'homme ; jetant un coup d'oeil au miroir en face, elle aperçut son propre reflet et eut à nouveau une surprise en découvrant l'accoutrement inhabituel dans lequel elle était prisonnière : une grande robe de soie prune maintenue par une très large ceinture rouge, le tout parsemé de motifs tissés avec une finesse extraordinaire ! Encore plus étonnant : ses cheveux très noirs qu'elle laissait lachés par habitude étaient désormais rassemblés en chignon serré... Cogitant à toute allure, Mariana cherchait comment échapper à cette mascarade, mais les pensées se mélangeaient, et au lieu de chercher comment sortir, elle en était maintenant à se demander qui avait organisé tout ça... car elle avait beau se pincer, toute cette scène était bien réelle !

Exprimant par un signe qu'elle allait chercher du saké, Mariana se dirigea vers une porte au fond de la salle, derrière laquelle devait se trouver une cave ou une arrière boutique. Espérant s'échapper par là, elle poussa la porte et se trouva nez-à-nez avec... des cuisines ! Des cuisines blanches comme une chambre d'hôpital, dans une pièce immense et haute. Des effluves de plats raffinés et épicés, de plats en sauce, et autres s'échappaient des nombreuses gazinières et tables de travail, et les ordres claquaient de la part d'hommes maigres pour la plupart. S'avançant discrètement et rapidement, filant entre les silhouettes qui s'agitaient, Mariana repéra vite une porte... tout au fond de la salle ! Accélérant encore l'allure, et bousculant le moins possible les cuisiniers aux mouvements précis mais frénétiques, la jeune femme se retrouva à courir dans l'immense salle... Mais l'horreur de la situation ne fit que s'aggraver : elle avait beau courir et voir les murs et les personnes défiler, la porte ne se rapprochait pas ! Cogitant à toute vitesse, Mariana du se rendre à l'évidence : il fallait trouver un autre moyen de sortir... mais c'était sans compter le patron, qui du haut de ses 1m60, indiquait à ses cuisiniers d'arrêter "la serveuse qui s'échappait" ! Tournant la tête dans tous les sens à la recherche d'une possible issue, Mariana fut estomaquée en voyant soudain qu'elle était nez-à-nez avec la porte en bois noir qu'elle cherchait à atteindre quelques secondes plus tôt et qui détonait atrocement avec le décor des cuisines. Tournant la poignée, espérant échapper à ce remue-ménage et aux cuisinier qui se précipitaient sur elle, Mariana donna finalement un grand coup d'épaule dans la porte, qui s'ouvrit avec fracas sur... la rue ! Sans se formaliser de son épaule douloureuse, la jeune femme sortit en courant... et se retrouva en tenue de sorcière, cheveux lâchés et baguette en poche devant une enseigne sobre, mais pas sombre, parfaite à son goût, portant une écriture fine et soignée indiquant que derrière la vitre de verre fumé se trouvait un bar...

Alors, comme sortant d'un rêve, Mariana tourna la poignée et s'engouffra dans la pièce...