La curiosité est un vilain défaut [FE]

Bah oui, une fois de plus, Miss Grisham parcourait le British Muséum. Ce haut bâtiment à colonnades datant du 18ème siècle abrite plus de 6 millions d’objets. De quoi y perdre un temps fou, surtout s’il pleut. Et ce jour-là, il tombait des vannes.
Angel avait gravi l’escalier Est, pour gagner l’étage où trônait sa section favorite : la collection égyptienne. Ce n’était pas sa première visite mais elle aimait tellement ces trésors qu’elle les redécouvrait vraiment volontiers. Statues, stèles, sarcophages, momies, bijoux, la Serdaigle lorgna le plus possible avec un intérêt qui ne se dissipait pas. Pourtant, alors qu’elle repassait devant un buste d’albâtre très bien conservé représentant un pharaon oublié, elle remarqua quelque chose d’insolite. Le socle gravé d’hiéroglyphes paraissait légèrement… décalé. Elle aurait juré qu’il était droit les dix minutes précédant son ancien passage.
Mouvoir un tel bloc lui sembla un défi irréalisable, quoique… Elle était sorcière, après tout, non ?
Cubique, dans la tonne, ce machin sculpté la narguait tel un pari tordu.
Chance du jour, peu de gens fréquentaient cet espace d’habitude couru. C’était trop tentant. Après un coup d’œil de part et d’autre de la pièce en une ultime vérification, Angel se décida à pointer sa baguette. Personne ne s’intéressait à elle ( sauf peut-être une caméra de surveillance ?) elle tenta sa parade.
Un « assurdiato » de prévention avant tout, elle lança son sortilège de déplacement… Génial ! Cela fonctionna parfaitement. Sous ses yeux éblouis, une ouverture carrée se découpa au sol en lieu et place du socle écarté silencieusement. Un dernier regard circulaire, hop ! Angel se glissa dans l’ouverture créée.
Il régnait une obscurité totale dans le local où elle atterrit assez rudement. Ayant connu pire, la Serdaigle employa un Lumos. Là, exorbitée, elle contempla… un truc… une énormité démente.

La curiosité est un vilain défaut [FE] Portegs9

De plus de six mètres de circonférence, cette chose au centre bleuté possédait un pourtour gravé de signes absolument abscons. Chinois ? Hébreux ? Pas de l’anglais en tout cas. De l’égyptien antique ? Peut-être, quoique, s’y connaissant un tantinet, Angel décida que non. La surface du milieu l’attirait aussi bien qu’un aimant ou du miel une abeille. Elle devait avancer et toucher cette chose.
Une sorte de ponton métallique disposé en oblique y menait ; elle s’y engagea sans crainte.
Comme c’était étrange ! Ce centre irradiait d’une façon mouvante telle l’onde d’un étang calme. Curieuse, Angel plongea son bras au travers du miroir liquide. Une sensation à la fois fraîche et chaude la secoua.
Ce qui se produisit ensuite la sidéra. Un effet de succion effarant l’aspira dedans ; en une fraction de seconde tout son corps passa de l’autre côté.
Quelle vision étonnante ! Des arabesques multicolores lui sautèrent aux yeux. Elle eut l’impression d’être privée de substance, de n’être plus qu’un amas d’atomes propulsés à une vitesse hallucinante vers… l’inconnu. Son esprit entra en confusion, tout se brouilla, sa conscience vacilla.
Un contact brutal avec une surface dure la ramena à la… réalité ?

* Mon bon Merlin, que se passe-t-il ?*

Ce n’était pas imaginable. Elle hurla en se redressant afin de détaler mieux qu’un lapin sous le feu d’un chasseur car, pour tirer, cela pétait dans tous les coins.
Des éclairs fusaient, bruits assourdissants, explosions avec soulèvement de mottes de terre, pas à dire Angel débarquait en pleine apocalypse.
Sa course folle la mena dans des fourrés assez denses où elle tenta de calmer les battements désordonnés de son petit cœur.
La situation paraissait inouïe. Noooon ? Si ! Là, entre ciel et terre se déplaçait… deux vaisseaux spatiaux. Pareils à des soucoupes de fiction en 3 D, ces engins de, euh, vingt mètres de circonférence au moins, évoluaient à basse altitude en arrosant tout ce qui passait à portée.
Une réplique nourrie tentait de les maintenir à distance. C’est vers elle qu’Angel, désespérée courut à quatre pattes. Ce n’était point élégant mais qui s’en soucierait en ce moment ?
Fonçant tête baissée, elle eut la désagréable surprise d’être arrêtée par de superbes bottines crottées. Le canon d’un pic bizarre lui releva le nez. Ses grands yeux bleus rencontrèrent la mine la plus patibulaire qu’elle eût vu après celle du professeur Rogue. Un gars en uniforme camouflé la foudroyait d’un regard dépourvu d’aménité.

Je ne suis pas avec eux ! se dépêcha de plaider Angel. * Ni avec vous, du reste.*
J’ai trouvé une porte…

Casse-toi ! Tu ne vois pas que c’est dangereux, ici ?

Cette dégaine, ce ton bourru sans l’être vraiment… Angel se serait flanqué une baffe pour se réveiller car il ne pouvait s’agir que d’un rêve puisque devant elle se tenait…

Colonel O’Neill, je vous en prie, sortez-moi de là.

La tête du mec, je ne vous dis pas ! ( Tiens, si je le dis) Mi-furieux mi-interdit, il la dévisagea avec stupéfaction.

Comment savez-vous mon nom ? Seriez-vous une espionne ou… ?

Je suis une simple élève en sorcellerie. Pensez ce que vous voulez mais c’est la pure vérité.

L’air ingénu ( habituel) d’Angel convainquit le soldat qui, enfin, baissa sa garde permettant à la jeune fille de quitter sa position avilissante et de se redresser.
Mince ! Elle était toute petite à côté de ce mec baraqué qui semblait encore douter.

Je m'appelle Angel Grisham, élève de 7 ème année au collège de Poudlard.

L’autre grimaça un sourire amer :

Une sorcière ? Moi, je suis le pape !

Malgré sa terreur due au combat, elle répondit:

Que non pas ! Je ne suis pas la plus douée mais si la magie existe ici, je puis régler facilement votre différend avec ces… choses volantes. Ce sont des Goa'uld, non ?

La figure mal rasée s’allongea davantage.

Ne vous étonnez pas, je suis d’origine moldue, j’ai vu à la télé…
* triple buse, il pige rien.*

Plus d’actes valent mieux que des paroles. Afin de prouver ses dires, la Serdaigle sortit sa baguette. Se tournant vers l’affrontement qui faisait toujours rage, elle lança :

Fixa totalus.

Le temps parut se figer. Le vaisseau ennemi piqué dans l’air mieux qu’un papillon chloroformé cessa tout tir. Les autres soldats s’interrogeaient mais aucun ne vint vers le couple du chef d’expédition.
La mâchoire d’O’Neill faillit atteindre le sol sous la stupéfaction.

C’est pas tout ça, dit timidement Angel. Je peux vous aider mais j’aimerais surtout rentrer chez moi. Je sais, de source sûre, que vous n’aurez pas besoin de sorcellerie pour venir à bout de vos ennemis. S’il vous plaît, comment je fais…

Dans le calme recouvré, le colonel se gratta la nuque sous sa casquette kaki.

Si vous avez un moyen de faire fonctionner cette porte, vous sortirez parce que pour nous, elle est bloquée depuis trois jours.

Ah ! Voilà qui compliquait la situation. Angel poussa un soupir à fendre l’âme.

Je vais essayer.

Bravement, elle s’approcha de l’anneau identique à celui emprunté involontairement sauf qu’aucune teinte bleutée n’en occupait le centre. Dans la série Star Gate, il fallait un code particulier pour l’ouvrir. Ici…

Alohomora.

Les chevrons s’enclenchèrent ; le milieu se teinta comme il se devait. La poitrine d’Angel exhala un soupir d’aise.

On peut y aller, sourit-elle.

O’Neill porta deux doigt à son couvre-chef, saluant l’exploit d’un clin d’œil admiratif.
Assez fière de sa prestation, la jeune sorcière marcha vers la porte qui la ramènerait chez elle. Soudain, elle se mordit la lèvre, navrée :

Oh ! J’ai oublié de vous dire… Je suis désolée, mon sort ne tiendra que trois minutes…alors il faudrait vous hâter...

Une explosion retentit ; elle se jeta en avant.

La curiosité est un vilain défaut [FE]

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