Il était un peu plus de quinze heures lorsque Sebastian pénétra dans la bibliothèque de Poudlard, qu'il finissait par connaitre limite par coeur à force d'y échouer à chaque devoir. Il s'appliquait pour les réussir, c'est normal, donc. Cette fois ci, il y était entré pour se détendre, bien que cette façon soit assez inattendue pour un adolescent; Il aimait pourtant s'y trouver, que ce soit pour un devoir ou pour autre chose de moins particulier. Mais cette fois, le "hasard" fit bien les choses : en effet, alors qu'il se promenait dans des rayonnages plus remplis les uns que les autres, il tomba sur un libre traitant d'une prétendue révolte des Gobelins lors d'un blocus effectué par un caste dominante au Xème siècle... Une matière du cours d'histoire magique, quelque chose réputé d'ennuyant et de soporifique...

Il saisit le bouquin de la main gauche, tandis qu'ils concentrait sa main droite et son esprit sur quelque chose qui le démangeait dans la nuque depuis ce matin-là. C'est alors qu'il trébucha un peu, esquissant une espèce de figure de patinage artistique ou de gymnastique acrobatique. Autant dire que c'était impressionnant. On aurait pu croire qu'il se rattraperait mais il s'étala bel et bien sur le sol froid de la bibliothèque. L'attention s'était centrée sur lui l'espace d'un instant, et puis tout le monde reprit ses activités.

Lorsque le jeune Serdaigle se releva, il s'aperçut avec un sentiment d'effroi lié à de l'amusement que l'ouvrage historique avait volé de sa main jusqu'à atteindre une élève... Dès qu'il s'en rendit compte, son visage se changea en une figure tétanisée par la honte, sûrement à cause de la peur qu'inspirait le regard de la fille s'étant attardé sur lui...

- Il est quelle heure ?
- Quinze heures...

Le soupir qui en survint fut suivi d'une multitude de ses semblables de plus en plus fréquents. La voix lasse qui s'était élevée au tout début était celle de Rena. Vautrée dans un canapé, un bras posé sur l'accoudoir en une attitude de profond ennui, elle n'avait cessé de pousser quelques soupirs très appropriés à la longue après midi qui allait suivre. Ayant quartier libre pour le reste de la journée, les Serpents s'étaient réfugiés dans leur salle commune à la recherche d'occupations mais à la place l'ennui des uns touchait les autres et ainsi de suite jusqu'à saturation. Tout le monde était donc assis à part et d'autre de la salle commune. Quelques discussions animées avaient commencé pour s'arrêter juste ensuite. Une deuxième année s'était endormie la bouche grand-ouverte pendant que d'autres somnolaient en silence. Ne comptant pas se ternir dans cet antre d'ennui, Rena se releva en un geste vif avant de se diriger à grands pas vers la sortie des cachots. Les yeux de ses camarades la suivirent du regard, ne trouvant rien de plus intéressant à faire...

La blondinette, son sac sur l'épaule, pensait que c'était une des raisons pour qu'elle termine ses devoirs. Ses pas la guidèrent vers la bibliothèque, pas très bondée en ces certains temps. La jeune fille pénétra dans la pièce grandiose et s'avança jusqu'à la seule table vide pour poser son sac et aller se chercher un gros bouquin sur les Défenses contre les forces du mal. Elle prit donc place quelques secondes plus tard, son parchemin et sa plume prête.

Citation :

"Le loup-garou est une forme de..."

Rena releva les yeux de son livre au même moment où un jeune homme se trouva face contre terre après une pirouette ayant mal tourné. Une vague de rire secoua les assemblés. La blondinette secoua imperceptiblement la tête. Pourquoi des gestes quotidiens provoquaient l'hilarité générale chez les Humains ? Le pauvre garçon devait avoir eu mal et personne n'avait accouru pour l'aider... C'était horrible ! Vraiment horrible. Enfin, c'était ce qu'elle pensait avant qu'un gros bouquin l'atteigne de dos ; elle ne put retenir une exclamation de surprise mais surtout de douleur. Une averse de colère retomba sur Rena qui se tourna vivement pour sermonner le coupable. Elle se retrouva nez à nez avec Mme Pince, perchée près de sa chaise, les bras croisés.

- Vous comptez chahuter dès que vous posez vos pieds dans cet endroit ? On est dans une bibliothèque, mademoiselle pas dans une boîte de nuit !
- Mais, mais...
- Taisez-vous ! Je ne veux plus vous entendre ! Retenue samedi à seize heures ici, vous m'aiderez à ranger la réserve !

Sur ses mots, la vieille bique s'éloigna, la tête haute satisfaite de ses sermons. Rena, révoltée par tant d'injustice n'arrivait plus à se concentrer sur son travail. Elle prit sa plume posée sur son parchemin et gribouilla des "je la déteste" sur toute la surface du parchemin avant de le déchirer en mille morceaux. Ce Week-end, la blondinette avait prévu une escale à Pré-Au-Lard avec une multitude de copines mais à la place, elle était réduite à rester auprès de la chouette pour ranger des bouquins ! Tout cela à cause d'une maudite exclamation de douleur due à un geste maladroit d'un petit sacripant. La blondinette se tourna cette fois, bouillonnant toujours de rage, vers le jeune homme afin de lui administrer un terrible regard noir. Non seulement elle attendait des excuses mais aussi surtout qu'il aille expliquer les véritables faits à la mocheté qui servait de bibliothécaire.

Et voilà, ce que craignait Sebastian était arrivé : Mme Pince, l'affreuse bibliothécaire s'était mêlée de cette histoire. Cependant, la victime du joug de l'immonde vieille femme ne s'abattit pas sur le jeune homme, mais sur la fille qui avait reçu le bouquin suite à la chute de Sebastian. Cette dernière, d'ailleurs, n'avait vraisemblablement rien fait de réprimmendable en réalité, mis-à-part une sorte de cri de douleur lorsque le livre la percuta. Vu sous un autre angle, c'était la faute de Sebastian si elle avait eu une retenue, non pas de la sienne, et donc que la punition était normalement destinée au jeune homme; sur lequel le regard méchant et haineux de la fille se promenait de haut en bas.

La peur s'était maintenant infiltrée dans le corps du garçon qui, n'osant pas avancer, essayait de fuir le regard vengeur de cette furie. Mais une certaine culpabilité l'envahit, lui qui était habituellement "sans peurs et sans reproches" (même contre lui-même). Il se décida tout de même à se remettre vraiment bien debout (étant donné qu'il se tenait presque sur l'étalage derrière lui. Il se mit donc sur ses deux jambes, prenant son courage à deux mains, et se dirigea avec une certaine réserve vers la jeune fille. Elle semblait de plus en plus en colère à chaque pas que Sebastian faisait; lui qui craignait le vol d'une main venant s'écraser avec force sur sa joue gauche ou droite, au choix de la frappeuse... (en espérant qu'elle ne faisait pas de Quidditch !).

Une fois arrivé à la même hauteur qu'elle, il prit une seconde fois son courage à deux mains et, curieusement, devint plus sur de lui. Cela sembla s'entendre au son de sa voix et son ton.

"Euh... je pense que mon livre a choisi de s'écraser sur toi... désolé !" dit-il, d'un ton plutôt assuré. "Et, si cela ne te dérange pas, j'aimerais le récupérer."

Toujours gentleman, ce Mr Dornwald. Décidément. Espérons cependant que ça ne le perdra pas; car vu l'air de son interlocutrice, son air semblait l'ennuyer et l'énerver encore plus. Peut-être pensait-elle qu'il allait venir, rampant, et qu'il allait lui supplier de lui pardonner... Ou encore qu'il irait voir la vieille chouette en lui avouant que c'était uniquement de sa faute. Mais faut pas rêver, non plus !