Ecosse, pays des mystères

L’Ecosse était un pays superbe, que ce soit en été ou en hiver. En été, les herbes basses se disputaient l’espace aux forets, et les villages et les villes voyaient leur population augmentée par les touristes a la recherche du mystère des Highlands. En hiver, le pays était uniformément recouvert de neige et de glace, et l’air se faisait plus froid à mesure que l’on remontait.
Iris et ses camarades avaient élu domicile depuis quelques jours dans l’hôtel d’un petit village qui avait su garder son caractère, et dont les habitants montraient avec une application réservée aux anglais et aux autres « étrangers » la fameuse hospitalité écossaise. Si l’âme de cette partie de la Couronne existait toujours, les écossais savaient en user pour faire briller la « couleur locale ». Le petit hotel avait été fait dans cette optique. Ses poutres de bois sombre assorties à l’escalier qui menait à l’étage, le grand comptoir qui faisait aussi pub, le patron qui astiquait ses verres avec un sourire bonhomme et le grand sapin dans le « fumoir », en fait une grande salle meublée d’une demi douzaine de fauteuils confortables placés devant la cheminée ou brulait un feu agréable, tout concourrait a créer une atmosphère chaleureuse.
Iris descendit l’escalier en savourant le moment. Ils avaient décidé de passer le jour de l’an dans ce village, entre amis, quelques jours à peine avant de partir. Iris avaient été de ceux qui avaient décidé de la destination. Aussi ne fallait il pas s’étonner que le village se situa à quelques kilomètres de l’endroit ou des militaires avaient perdu la mémoire, et ou d’autres avaient perdu la vie. Dont Richard, qui était heureusement revenu vivant. Mais Iris n’aimait pas voir son père chercher quelque chose dont il n’avait aucune idée. IL lui avait bien jeté un regard suspicieux en voyant le lieu de villégiature, mais n’avait rien dit. Ceci était, elle s’attendait a recevoir un coup de téléphone par jour.
Il était encore tot et le groupe était parti en excursion dans l’après midi, aussi tout le monde était remonté pour prendre une douche chaude, se changer et se réchauffer. Iris était la première a descendre. Elle s’approcha du patron qui l’accueillit d’un grand sourire.

- Salut Patron !
- Miss Grant! … quelles seront vos questions aujourd’hui ?

La veille, ils avaient passé le temps en discutant des légendes locales. Iris avait été passionnée par le nombre d’histoires sur une si petite zone.

- EN fait j’aurai aimé que vous me parliez de cette histoire étrange avec les militaires. Apparemment c’est un mystère de taille !

Le patron hocha la tête. Oh oui, le village en avait entendu parler de cette histoire ! il y avait eu des journalistes, des militaires, la police, et même un ministre.

- Sur que c’est une histoire qui a fait parler ici. Personne n’aurait cru que ca pourrait arriver. C’est mon cousin – nous sommes tous un peu cousin dans ce genre de village vous savez – c’est mon cousin donc qui a conduit les premiers policiers sur les lieux. Il a dit que c’était très bizarre. En fait sur le coup ils ne pensaient pas qu’il y avait des morts. Et puis l’armée est intervenue et a bloqué le coin. On a beaucoup parlé la dessus. Mais vous devriez aller voir …

Il jeta un regard dans la salle et montra du menton un homme installé a une table et sirotant une bière

- Cet homme la ….Yates je crois. C’est un journaliste et il a posé beaucoup de questions sur beaucoup de choses. Je pense qu’en dehors de l’armée, il doit être celui qui en sait le plus ici !!

- Merci Patron.
- Je vous en prie Miss.

Iris regarda sa montre. Elle avait encore le temps avant que ses amis ne descendent. Elle avança en direction de la table de l’homme qui lui avait été désigné.

- Monsieur Yates ? Bonsoir. Puis je vous demander de m'accorder quelques minutes de votre temps?

Elle montrait la chaise, dans une demande implicite d’autorisation de prendre place.

Ce n'était plus un simple pressentiment! Preston savait que cette fois il tenait la nouvelle du siècle...il en était sûr! Ce qu'il s'était passé dans les alentours avait déclenché une vague générale de préoccupation....depuis un certain temps tout le monde semblait avoir son petit mot à dire sur les évènements...mais ceux ci ne demeuraient pas moins un mystère pour la plupart. Il y avait qui prétendait qu'il s'agissait d'extraterrestres mais Preston se doutait bien que des voyageurs de l'espace n'avaient rien à voir dans cette histoire!

Cela faisait plus de quinze jours qu'il ne quittait pas les lieux, glanant ça et là, le plus possible d'information, parcourant inlassablement la campagne à la recherche de n'importe quel indice...et tant de ténacité avait eu sa récompense. D'abord, il avait découvert, dissimulé entre les herbes folles, un bout de bois, parfaitement poli, trop parfait comme pour être une branche quelconque. Sa trouvaille empochée il avait repris le chemin du village quand tout à coup, une femme étrange avait surgi du néant devant lui.

Vous avez pris quelque chose qui ne vous appartient pas, moldu!

Mol...quoi?, il n'était pas de ceux qui se laissent impressionner facilement et n'était pas du tout disposé à céder un pouce de terrain, je ne sais pas de quoi vous parlez!

Ce que vous avez trouvé. Je veux cette baguette, maintenant!

Désolé de vous décevoir, Madam...et au fait quel intérêt peut avoir pour vous un ordinaire bout de bois!?

Ordinaire? Si cela vous semble si ordinaire pourquoi de pas me la donner tout simplement!?

Parce que je ne veux pas...c'est simple!

C'est alors que la femme avait tiré de sa poche un bout de bois semblable à celui qu'il gardait si jalousement et avait dit quelques mots qu'il ne comprit pas...avant qu'un éclat lumineux ne jaillisse de la baguette pointée sur lui...seuls ses bons réflexes le sauvèrent d'être atteint par Dieu sait quoi...seulement qu'en ce faisant, il avait plongé de côté...et sa tête eut la fantastique bonne chance de butter contre une pierre...Aouch! à demi assommé, il n'avait pu opposer grande résistance quand la femme fouilla ses poche et reprit ce qu'elle avait appelé "baguette" avant de disparaitre avec un plop sonore.

Preston était resté là, à se masser son crâne douloureux, les idées lancées en une sarabande endiablée...convaincu d'avoir assisté à un acte de...magie!

Bien que mal, il rentra à l'hôtel pour soigner la belle bosse qui ornait son front....et commencer une enquête patiente. C'est ainsi qu'il avait fini par rencontrer la vieille Mrs. Fleurry, fascinante petite femme d'un autre temps et dont la mémoire s'avéra être un véritable trésor...Il visita très souvent la vieille dame et peu à peu commença à percer part du mystère...

Monsieur Yates ? Bonsoir. Puis je vous demander de m'accorder quelques minutes de votre temps?

Perdu dans ses réflexions, il n'avait pas entendu s'approcher la ravissante demoiselle qui s'adressait à lui. Il se leva prestement, en souriant.

Mais bien entendu, mademoiselle...ce sera un plaisir! Mais asseyez vous, je vous en prie.

Il attendit qu'elle prenne place face à lui puis s'assit à son tour, la regardant avec un intérêt poli, se demandant que pouvait bien vouloir cette jeune inconnue...à part peut être un autographe.

Dites moi en quoi puis je vous servir, Miss...

Yates semblait plongé dans ses pensées au moment ou la jeune fille s’était approchée. Il avait ce genre de visage qui faisait se retourner Elise vers Richard en disant, un air malicieux dans les yeux, que si elle n’avait pas déjà été mariée elle aurait peut être opté pour ce genre d’homme. Invariablement, Richard grommelait qu’il aimerait bien le voir avec une M4 dans les mains et se replongeait dans un article inintéressant d’un journal qu’il ne lisait pas. Yates avait ce genre de visage. Le coté « gendre idéal » charmant et qui sait qu’il l’est.
Iris sourit en retour en s’asseyant en face du journaliste tout en finissant la phrase en suspens.

- Grant. Iris Grant.

Le patron posa un chocolat chaud et fumant devant la jeune femme avec un sourire entendu. Les parents Grant allaient adorer la note …. Elle posa les mains autour du mug en savourant mentalement le parfum du cacao avant de reprendre.

- Je suis étudiante en histoire, et me spécialise dans le folklore et son évolution.

Il était étonnant de voir le talent qu’elle se découvrait a modifier la réalité dans cette circonstance. Et plus encore de voir que l’idée finalement la séduisait. Il faudrait qu’elle propose cette piste d’étude a son directeur de thèse.

- L’Ecosse est connue pour son folklore, ses fantômes, ses sorciers et les légendes qui la parcourent. Récemment, il y a eu un incident avec des militaires. Certains sont morts, et d’autres seraient revenus sans se souvenir de ce qui s’était passé.

Elle passa sous silence le fait qu’elle avait dans sa famille qui avait vécu personnellement cette expérience. Elle préférait avoir des infos directes, en mode scientifique. Après tout, Grant était un nom très commun.

- Et je voudrai étudier comment cet épisode éminemment mystérieux peut s’inclure dans le folklore local. Et Selon le patron, vous êtes sans doute l’un des mieux renseigné sur le sujet.

IL était journaliste. Peut être allait il rechigner à partager ses informations. Iris prit son air le plus innocent.

- Et je vous assure que vu ma notoriété en histoire médiévale anglaise, vous n’avez aucune chance que je vous pique un scoop !

Ben quoi ? Iris regardait la télé comme tout le monde !

Grant. Iris Grant.

Assise face à lui, la demoiselle se laissa servir un chocolat chaud avec évidente satisfaction avant de poursuivre avec sa présentation:

Je suis étudiante en histoire et me spécialise dans le folklore et son évolution.

Preston sourit de nouveau en hochant la tête avec intérêt même s'il se demandait ce qu'il avait à voir avec tout ça....mais il ne se passa pas plus d'une minute avant qu'une idée très précise commence à se former dans sa tête. Il regarda plus attentivement la jeune femme en se disant que ce n'était pas seulement le hasard qui les faisait se rencontrer là.

Et bien, si le folklore attire votre attention, vous allez être servie...ce n'est pas ce qui manque dans le coin.

Une réponse comme n'importe quelle autre, il était vraiment curieux de savoir où elle voulait en arriver. Miss Grant semblait être une de ces femmes qui savent exactement ce qu'elles veulent et comment parvenir à leurs fins. La suite de sa réponse affirma cette idée:

L'Écosse est connue pour son folklore, ses fantômes, ses sorciers et les légendes qui la parcourent. Récemment, il y a eu un incident avec des militaires. Certains sont morts et d'autres seraient revenus sans se souvenir de ce qu'il se s'est passé.

L'attention de Preston était à 100% braquée sur la jeune femme, la mention des sorciers l'avait mis en alerte...Lui, il commençait à avoir une petite idée sur ce thème mais bien entendu se garda très bien d'en piper mot. L'entendre parler de l'incident avec les militaires lui fit hocher à nouveau la tête, comme s'il était très conscient de la gravité de l'affaire.

Oui, vilaine chose, celle là. Tout est si étrange et inexplicable.

Peut on être plus circonspect? Sûrement pas, mais la sympathique créature n'en fut pas le moins du monde dupe.

Et je voudrai étudier comment cet épisode éminemment mystérieux peut s'inclure dans le folklore local. Selon le patron, vous êtres sans doute l'un des mieux renseigné sur le sujet.

Le coup de grâce pour un égo si bien nanti que l'était celui de Preston Yates, son sourire s'élargit malgré son intention de se maintenir grave.

On pourrait dire cela. J'ai glané des informations déci delà!

À l'entendre parler personne n'aurait cru que la plupart de cette fameuse information qu'il détenait provenait d'une petite vieille dame de presque 100 ans et d'autres sources incertaines mais non moins fascinantes.

Miss Grant souriait en prenant un air d'innocence qui aurait chaviré tout cœur moins suspicieux que celui de Preston, manqua seulement un battement de cils pour que l'effet soit total.

Et je vous assure que vu ma notoriété en histoire médiévale anglaise, vous n'avez aucune chance que je vous pique un scoop!

Là, il abandonna toute réserve et éclata de rire. Un rire franchement joyeux et déridé. Cette petite dame ne manquait pas de finesse pour exposer ses idées. Il aima cette ironie à peine voilée et l'éclat de ses yeux...elle n'était pas en train de se moquer de lui mais si en train de se payer discrètement sa tête. Il l'aurait mérité.

Je vous remercie de cette belle franchise...à vrai dire en vous entendant parler j'ai eu peur de me trouver face à un véritable érudit en la matière...matière en laquelle, je dois avouer, mon ignorance est grande...mais oui, il semblerait que notre intérêt porte dans la même direction.

Il fit signe au patron de lui apporter une autre bière puis prenant un air pensif, se pencha légèrement vers Iris, en la regardant droit aux yeux.

Vous avez pourtant omis de me dire quelque chose, Miss Grant...vous êtes bien la fille du capitaine Richard Grant, US Army, n'est ce pas? Vous savez, c'est mon métier d'être bien informé. Ce n'est pas un simple coup de hasard ce qui nous réunit ici...il se passent vraiment des choses très étranges, et croyez moi, je sais de quoi je parle...

Il attendit que le patron dépose sa commande et s'éloigne pour s'approcher de nouveau.

Vous tenez à savoir ce qu'il est arrivé à votre père, moi je tiens à tout prix à découvrir ce qu'il se cache derrière tout ceci.

Preston Yates observa un instant l'expression de la jeune femme et y trouva le plus légitime des intérêts.

Parfait...je vous propose un marché...vous avez des connaissances dont je manque, j'ai des moyens que vous n'avez pas...voulez vous travailler pour moi, Iris? Je sais...nous ne nous connaissons pas du tout, mais vous pouvez demander mes références à la BBC, on me tient pour un peu maniaque du travail mais je suis un type honorable...même votre père ne trouverait rien à redire de ma feuille de vie.

Il était tombé sur la tête!? Carrément, oui! Mais après tout, pourquoi pas? Il avait admiré la façon claire et précise de Miss Grant pour exposer son idée et il n'y avait rien que le journaliste admirait plus qu'une femme capable de s'exprimer sans détours!

Bien, Miss Grant. L'idée vous tente? Je peux vous assurer que le salaire est bon, l'aventure garantie ,on loge toujours aux meilleurs endroits et il va de soi...on rencontre des gens intéressants!

Ce n'était pas la façon la plus conseillée de chosir une collaboratrice mais plus il avançait dans l'histoire plus il était conscient d'en avoir besoin...appeler sa secrétaire pour qu'elle se déplace de Londres était impensable...elle en ferait une crise et il aurait envie de l'étrangler après la première demie heure de plaintes...

Bien sûr, il fallait compter avec la possibilité que Miss Grant l'envoie se balader avec ses offres saugrenues mais qui ne tente rien...n'a rien!

Yates avait gardé une prudente circonspection en écoutant la jeune femme. Il s’était contenté de répondre vaguement, laissant entendre tout et son contraire par des phrases lacunaires. Cependant, la réplique sur le fait qu’Iris n’avait pas encore la notoriété nécessaire a la transformer en rivale avait semble t il réussi a briser l’apparente distance quand au sujet que le journaliste avait laissé plané, pour lui arracher un rire cordial.

- Je vous remercie de cette belle franchise...à vrai dire en vous entendant parler j'ai eu peur de me trouver face à un véritable érudit en la matière...matière en laquelle, je dois avouer, mon ignorance est grande...mais oui, il semblerait que notre intérêt porte dans la même direction.

Il avait commandé une bière alors qu’iris s’était contenté d’un sourire en coin, pendant à l’attitude méfiante de Preston lors de son exposé à elle.

- Vous avez pourtant omis de me dire quelque chose, Miss Grant...vous êtes bien la fille du capitaine Richard Grant, US Army, n'est ce pas? Vous savez, c'est mon métier d'être bien informé. Ce n'est pas un simple coup de hasard ce qui nous réunit ici...il se passe vraiment des choses très étranges, et croyez moi, je sais de quoi je parle...

Un silence avait succédé à cette affirmation. Mais elle ne pouvait nier que s’il avait enquêté sur cette histoire, il avait du facilement savoir que des militaires étrangers, dont des américains, étaient impliqués. Il avait également facilement avoir accès aux noms de ces militaires, les américains n’étant pas avares de renseignements sur les soldats glorieusement blessés au combat. Sauf qu’Iris ne pensait pas qu’on puisse être glorieusement blessé au combat. Un combat, dans le sens militaire du terme, n’était jamais glorieux, et une mort encore moins. Elle avait échappé au dernier, et son combat à elle serait de savoir ce qui s’était passé.
La jeune femme se recula dans sa chaise pendant que le patron servait la nouvelle bière du journaliste, sans lâcher sa tasse de chocolat chaud dont la vapeur se faisait moins épaisse.

- Oui je suis bien la fille du capitaine Grant. Et contrairement a ce qu’a voulu faire croire Jules Verne, je suis la seule !

Elle s’était penchée vers l’homme, tenant toujours sa tasse.

- Et de quoi parlez-vous ?

- Vous tenez à savoir ce qu'il est arrivé à votre père, moi je tiens à tout prix à découvrir ce qu'il se cache derrière tout ceci.

De nouveau elle préféra garder le silence. Il avait raison bien sur. Mais Iris n’avait pas l’habitude de mener ce genre de négociations, alors que ça entrait dans les activités quotidiennes d’un journaliste d’investigation.

- Parfait...je vous propose un marché...vous avez des connaissances dont je manque, j'ai des moyens que vous n'avez pas...voulez vous travailler pour moi, Iris? Je sais...nous ne nous connaissons pas du tout, mais vous pouvez demander mes références à la BBC, on me tient pour un peu maniaque du travail mais je suis un type honorable...même votre père ne trouverait rien à redire de ma feuille de vie.

La proposition la fit sourire. La jeune femme n’était pas certaine que téléphoner en disant « salut je suis étudiante en histoire, dites il est fiable votre Yates la ? » serait réellement efficace. A première vue, l’homme était sympathique, intelligent (mais ça restait à prouver) et tout a fait inconnu. Hors, si Iris avait « hérité » du sens social et de l’affabilité de sa mère, elle avait aussi reçu la méfiance de son père.

- Bien, Miss Grant. L'idée vous tente? Je peux vous assurer que le salaire est bon, l'aventure garantie, on loge toujours aux meilleurs endroits et il va de soi...on rencontre des gens intéressants!

- Travailler pour vous ? Surement pas. Je suis peut être assez candide pour entamer la conversation avec un inconnu, mais pas pour me mettre sous sa coupe. Par contre, on peut voir pour travailler ensemble. Comme vous dites, vous avez des moyens d’enquête, j’ai des moyens d’accès aux connaissances folkloriques.

L’étudiante grimaça intérieurement. Si ses parents avaient vent de ce qu’elle était en train de faire, ou de préparer pour ce qui était engagé, elle recevrait probablement la fessée du siècle et l’interdiction de sortir pendant les 30 années à venir, majeure ou pas. Mais Richard avait besoin de savoir ce qui lui était arrivé, et n’avait pour l’instant pas l’ombre d’une piste. Iris, si. Alors si le prix a payer était juste une petite enquête avec un journaliste ….
Un petit sourire amusé flotta une seconde sur ses lèvres. La jeune femme était curieuse, c’était l’un de ses défauts majeurs, et avait toujours rêvé d’aventure.

- Les gens intéressants sont toujours …. intéressants à rencontrer. Et par quoi on commencerait, ? A supposer que cette collaboration se fasse bien sur …

La question fut ponctuée par une première gorgée discrète de cacao dont elle apprécia le fumet, plongeant son regard dans la boisson chaude avant de le remonter vers le journaliste.

Elle ne manquait pas de brio et personnalité, cette jeune personne. Sa façon de le rabrouer poliment pour son audace plut à Preston, qui la trouva tout à fait charmante avec sa façon de le remettre à sa place:

Travailler pour vous ? Surement pas. Je suis peut être assez candide pour entamer la conversation avec un inconnu, mais pas pour me mettre sous sa coupe. Par contre, on peut voir pour travailler ensemble. Comme vous dites, vous avez des moyens d’enquête, j’ai des moyens d’accès aux connaissances folkloriques.

Comme quoi Miss Grant aimait son indépendance, autre des chose que le journaliste appréciait énormément. Il pouvait très bien comprendre sa position et la manière résolue de l'exposer....et après tout, ce n'était pas un refus total. Il le devinait tentée par la perspective de se lancer à une aventure fascinante même si elle semblait hésiter entre se montrer raisonnable, ce qui sans doute aurait été le conseil de ses parents ou prendre une décision toute seule.Preston se contenta d'un sourire poli, pas question de se montrer rtop enthousiaste...cela pourrait sembler suspect et prenant son attitude la plus professionnelle, se laissa aller contre le dossier en joignant les mains sous le menton, en apparence livré à une profonde réflexion.

Je peux très bien comprendre votre réticence, Miss Grant...en fait, vous me voyez désolé de m'être montré si impulsif. Vous êtes une petite demoiselle sérieuse et personne ne s'attend que vous vous lanciez tête baissée dans pareille entreprise sans avant y avoir réfléchi.

De fait, c'était justement ce qu'elle semblait faire en cet instant précis...surement ses réflexions ne devaient pas être trop engageantes si on en jugeait par la gracieuse petite moue qui tordit sa bouche mais presque de suite un sourire amusé éclairait son visage.

Les gens intéressants sont toujours ….intéressants à rencontrer. Et par quoi on commencerait, ? A supposer que cette collaboration se fasse bien sur …

Une gorgée de cacao sembla la mettre suffisamment d'aplomb, en relevant les yeux elle regarda Preston, à l'attente de ce qu'il aurait à dire.

Il n'avait pas eu le temps de penser à un plan d'action mais puisqu'elle le demandait, Preston n'eut aucun mal à improviser chemin faisant...la plupart de ses meilleurs scoops avaient vu le jour de cette façon!

On pourrait commencer simplement par séparer ce qui tient de la légende et ce qui tient de la réalité. Des histoires, il y en a de toutes sortes...des faits, peu. Il y a certaines preuves, ramenées par les militaires...ils n'en parlent pas volontiers mais elles existent...entre celles ci...une vidéo.

Un petit sourire satisfait flotta sur ses lèvres et ses yeux pétillèrent, malicieux.

J'ai remué ciel et terre pour y avoir accès, vous pouvez me croire...la qualité du film est mauvaise, si on tient en compte que celui qui tenait la camera semble avoir été terrassé et que l'engin a roulé assez loin de lui...sans cesser de tourner. On y voit des choses très étranges et je vous assure qu'il ne s'agit pas de poltergeist surgis d'une légende locale...mais un fait étonnant, inexplicable jusqu'ici...mais absolument réel. Il n'y aucun trucage.

Le journaliste se doutait bien d'avoir éveillé encore plus la curiosité de Miss Grant, dont les yeux brillaient d'impatience.

Au cas où vous décidiez de m'aider, je suis d'accord pour vous considérer comme une collaboratrice indépendante. Il n'y aura aucun problème pour cela, bien entendu vous toucheriez des honoraires très convenables...et il va sans dire que...vous pourrez voir la vidéo. À deux peut être pourrons nous découvrir ce qui fait se casser la tête aux génies militaires...qui entre nous manquent un peu d'imagination.

Il reprit sa bière ,oubliée jusque là et certainement plus tiède qu'à son arrivée sur la table. Sans délivrer aucun secret d'état, il avait dévoilé un seul détail et aiguisé l'envie d'en savoir plus de sa charmante interlocutrice...

Était-il nécessaire de le rappeler, Iris était tentée. Fille des années 80, elle avait été élevée aux feuilletons américains, aux films de supers héros et autres bobines éminemment réalistes qui avaient développée en elle comme en toute sa génération, et , si l’on y réfléchit bien , celle d’avant sans la télé et celle d’après avec le blue ray HD truc machin, une envie de vivre autre chose qu’une petite vie rangée et vouée jusqu'à la retraite a une seule et même occupation dont elle ne pouvait même pas dire ce qu’elle serait.
Elise vivait une vie de ce genre et avait l’air de l’aimer. Richard en vivait une beaucoup plus passionnante, mais avait finalement décidé de tomber dans la routine pour sa famille, ce dont Iris n’avait d’ailleurs jamais trouvé objet de grief. Bref, elle voulait bien avoir une vie tranquille avec son mari et ses enfants, mais pas à 18 ans. Et la façon dont Yates lui présentait la chose, c’était l’aventure. Pas celle d’Indiana Jones, mais plutôt celle de Clark Kent. Sans doute se faisait elle une idée romancée de la vie du journaliste d’investigation, mais il faut l’avouer elle était tentée. Beaucoup moins en revanche par la réaction parentale. Ce fut donc un mot, en fait trois mots, qui la décidèrent. Bien sur la partie n’était pas jouée, et si elle se montrait trop enthousiaste son interlocuteur risquait de changer d’avis.

Quels furent ces trois mots ? Se demanda alors la foule en délire. Ils étaient pourtant simples : petite demoiselle sérieuse. Déjà elle n’était plus une enfant, ensuite elle n’était que raisonnablement sérieuse et tenait à ce que le monde entier sache qu’elle pouvait prendre une décision. Une nouvelle gorgée de chocolat scella ce pacte avec elle-même. Et si la discussion avait eu la mauvaise idée de faire réchauffer la bière du journaliste, elle avait eu celle, encore pire, de faire refroidir le chocolat de l’étudiante. Un véritable crime de lèse chocolaté ! Pour l’instant, elle se contentait d’attendre la réponse à sa question. Quel était le plan de bataille ? Et pour le coup elle ne fut pas déçue.

On pourrait commencer simplement par séparer ce qui tient de la légende et ce qui tient de la réalité. Des histoires, il y en a de toutes sortes...des faits, peu. Il y a certaines preuves, ramenées par les militaires...ils n'en parlent pas volontiers mais elles existent...entre celles ci...une vidéo.

Iris allait répondre que les légendes ici étaient un fait culturel et qu’elles fleurissaient comme des crocus en printemps quand il parla de la vidéo. Comment se faisait il que son père n’en ai jamais entendu parler ? Peut être parce qu’il n’était « que » capitaine et qu’on ne lui disait pas tout, mais cette idée déplaisait à la jeune femme. Elle fronça les sourcils, bien que son intérêt fût éveillé de manière évidente.

J'ai remué ciel et terre pour y avoir accès, vous pouvez me croire...la qualité du film est mauvaise, si on tient en compte que celui qui tenait la camera semble avoir été terrassé et que l'engin a roulé assez loin de lui...sans cesser de tourner. On y voit des choses très étranges et je vous assure qu'il ne s'agit pas de poltergeist surgis d'une légende locale...mais un fait étonnant, inexplicable jusqu'ici...mais absolument réel. Il n'y aucun trucage.

Le chocolat qui commençait à se couvrir d’une péllicule lactée était à présent bien loin de ses préoccupations, tout comme ses mais qui n’allaient pas tarder à descendre. Preston Yates, était à présent le centre de son attention et on aurait pu faire donner du tambour à la table d’à coté que cela n’aurait sans doute pas interrompu le cours de ses pensées. Iris écoutait et enregistrait les informations. Une formation que l’université dispensait heureusement et largement à ses étudiants. D’un geste automatique, elle chercha son sac pour prendre des notes. Manque de chance, elle ne l’avait pas pris avec elle en descendant et ne pouvait donc se fier qu’à sa mémoire.

Au cas où vous décidiez de m'aider, je suis d'accord pour vous considérer comme une collaboratrice indépendante. Il n'y aura aucun problème pour cela, bien entendu vous toucheriez des honoraires très convenables...et il va sans dire que...vous pourrez voir la vidéo. À deux peut être pourrons nous découvrir ce qui fait se casser la tête aux génies militaires...qui entre nous manquent un peu d'imagination.

Iris se recula dans sa chaise. Le journaliste était content de son effet, ce qui pouvait se deviner au petit sourire qu’il arborait et à son regard qui semblait contempler le grand sapin de Noël avec, à son pied, la dernière Jaguar avec toutes les options. Iris quand à elle réfléchissait rapidement. Laisser passer cette occasion ? Ce serait une folie. Mais il fallait régler le problème de ses parents. Jamais ils ne la laisseraient partir à l’aventure, surtout si ils savaient que cette aventure débutait en Ecosse, la même ou Richard avait perdu une partie de sa vie.

Mais elle le savait déjà, et Yates également sans aucun doute, elle allait accepter.

- La proposition est intéressante. Elle est même fort tentante. Mais vous comprendrez sans doute que je doive cependant y réfléchir – tu parles – mais surtout, si cela devait se faire, je dois y mettre une condition : mes parents ne doivent rien savoir de ma participation à cette affaire.

La demande était en elle-même un aveu d’acceptation et Iris le savait. Le journaliste, qui pour en être arrivé ou il était ne devait pas être né de la dernière pluie, sans rendrait sans doute compte dans la seconde.

- Mon père, comme vous l’avez dit, est parti de l’histoire et il n’est pas question qu’il s’inquiète.

Cette fois le chocolat était imbuvable. Au bar, le patron indiquait du menton la table ou Iris devisait avec Preston à un petit groupe de jeunes adultes.

L'aventure la tentait autant qu'à lui. Ses yeux pétillaient d'émotion mais elle demeurait sage et réfléchie... Preston pouvait bien comprendre qu'une demoiselle comme elle ne se lancerait pas tête baissée dans une entreprise pareille...non sans avant lui avoir accordé quelques instants de profonde réflexion. Il devina que quelque chose la tracassait et ne tarda pas à confirmer cette idée.

La proposition est intéressante. Elle est même fort tentante. Mais vous comprendrez sans doute que je doive cependant y réfléchir ...mais surtout, si cela devait se faire, je dois y mettre une condition : mes parents ne doivent rien savoir de ma participation à cette affaire...Mon père, comme vous l’avez dit, est partie de l’histoire et il n’est pas question qu’il s’inquiète.

Preston hocha la tête, compréhensif. Le capitaine Grant, il s'en doutait bien, ne sauterait pas précisément de joie en sachant que sa fille courait la nature à la recherche d'évidences sur un cas si mystérieux et ce qui est plus...dangereux et cela en compagnie d'un inconnu. Il eut un instant de remords mais se dit qu'en fin de comptes il fallait bien mettre l'affaire au clair...à deux, ce serait plus facile.

Je ne dirai pas un mot, Miss Grant. Bouche cousue. D'autant plus que je ne doute pas que votre père m'écorcherait vif...le plus sûr est qu'il fasse tôt ou tard, s'il a vent de tout cela...et si tout marche à souhait...il finira bien par le savoir.

La perspective n'était pas trop engageante mais il partait de la simplissime idée de qui ne tente rien...en plus son optimisme naturel l'emportait : s'ils pouvaient présenter au capitaine et au monde une explication rationnelle et bien fondée sur les faits, Richard Grant oublierait certainement ses griefs...ou du moins c'est ce qu'espérait Preston.

Un coup d'œil à la boisson, antan chaude d'Iris, le rendit à la réalité immédiate...le temps s'était écoulé sans se faire sentir.

Je crois qu'un autre chocolat serait de mise...le vôtre ne me semble plus apte pour la consommation humaine.

Il se tourna pour appeler le patron et le vit justement en train d'indiquer leur table à un groupe de jeunes gens.

Dans un instant, nous aurons de la compagnie, Iris...disons, que je suis...une connaissance de votre père...ça évitera des questions . Je pense rester ici le temps qu'il sera nécessaire. Dès que vous aurez pris une décision...faites moi signe. Nous pourrons alors lancer l'investigation à fond.

Le petit groupe les rejoignait déjà. Arborant son air le plus décontracté et un sourire bonhomme, Preston fut présenté à la ronde...

Iris se tourna vers le petit groupe qui venait vers eux. C'était bien la première fois qu'elle avait envie de les envoyer voir ailleurs si elle y était, et si elle n'y était pas qu'ils cherchent plus loin. Comme tout le monde elle avait des moment ou elle preferait être seule, mais rarement pendant les vacances entre copains.

Elle s'empara rapidement d'une serviette en papier, chercha dans ses poches un stylo qu'elle n'avait pas et appostropha un serveur qui passait par la pour lui demander le sien. Elle n'avait que quelques secondes avant que cela ne devienne suspect. Aprés avoir griffoné quelques chiffres sur la serviette jetable, elle la tendit au journaliste. Elle avait juste noté son nom et son numéro de portable ainsi qu'une petite mention "appelez demain". Aprés tout si ils devaient coopérer ....

Quand à l'idée de savoir si il était judicieux d'impliquer Richard dans cette histoire sans même qu'il le sache, elle n'eut pas le temps d'en débattre. Sans doute, si il venait à apprendre cette rencontre avec un homme qu'il ne connaissait pas mais qui parait il était son ami allait il sauter d'abord aux conclusions, ensuite sur le téléphone. Et sur ce coup, Elise ne ferait rien pour arranger les chose. Iris était consciente que son attitude était ce que les psy avait coutume d'appeler "à risque" : partir à l'aventure, meme dans un pays aussi proche et civilisé que l'Ecosse, avec un homme inconnu, dans un endroit à peine connu, en mentant à ses parents par anticipation et sans rien dire à ses amis ..... si elle avait été sa mère elle se serait baffée.

Ceci étant, elle avait toujours sur elle la protection paternelle sous la forme d'un pistolet à impulsion éléctrique. Un sourire innocent se dessina sur son visage pendant qu'elle se tournait vers ses amis et suivait le conseil de son nouveau patron en commandant un chocolat. Chaut.

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Ecosse, pays des mystères

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