Arthur était assis près d'un arbre, à quelques pas du lac. Le temps était gris, les nuages encombraient le ciel, ne laissant aucune chance aux rayons du solail de percer. L'air était froid, et venteux. Il aimait ce temps : il lui semblait que c'était celui qui était le plus en accord avec ce qu'il ressentait. Tout lui paraissait froid et terne autour de lui. Mais, même avec ce temps, les élèves étaient nombreux à être sortis se relaxer dans le parc entre amis. Il les entendait d'où il était, et il ne pouvait pas le supporter ... Les rires, les éclats de voix, les cris ... Il ferma les yeux et tenta de faire le vide dans son esprit, de ne penser à rien d'autre qu'aux sensation du vent sur sa peau, et du froid qui piccotait son visage. Il entendait aussi le doux son des eaux du lac. Il avait toujours aimé le lac. Le seul endroit où il ne se sentait pas seul, où il n'avait aucune contrainte. Dès que les températures le permettaient, il adorait se baigner pendant des heures dans le lac. Mais, il n'avait encore jamais vu le calamar géant !
Un nouveau cri lointain vint l'arracher à ses pensées solitaires. Il maudit la fille qui avait crié, qui que ce fusse. Il se doutait bien que s'il avait lui-même été là-bas, avec des amis, à rire et parler, tout celà l'aurait sensiblement moins irrité. Mais il n'avais aucune envie d'y aller, et de rejoindre les autres. D'ailleurs, même s'il avait eu envie de le faire, il n'aurais pas osé, il n'aurais pas pu : après 5 années à ne pas parler, à passer inaperçut aux yeux des autres, il aurait semblé étrange qu'il se mettent tout d'un coup à se mêler aux autres. Pour lui aussi, cela aurait été très étrange. Il était sûr que s'il avait été se joindre au cercle des autres, il n'aurait tout simplement pas décroché un seul mot, et se serait contenté de les regarder parler. De plus, il n'aurait pas eu l'air très amical : cela faisait bien longtemps qu'il avait perdu l'habitude de sourire, et cela n'arrivait que très rarement.
En serait-il ainsi pour le reste de sa vie ? Il se le demandait. Mais cela ne le dérangeait pas vraiment. Il avait appris à vrire comme ça, et il n'en était pas tellement malheureux. Du moins, il ne connaissais pas d'autres sensations que celle de la solitude. Toute son enfance n'avait été traversée que par de longs après-midi qu'il avait passés seul, dans le manoir familial, à explorer, à étudier. Il s'était adonné de nombreuses années durant à ses deux passions : le piano, et le chant. Voilà ce qu'étaient les deux choses capables de lui procurer satisfaction, plaisir et joie. Malheureusement, à Poudlard, les possibilités de jouir de ces deux choses étaient réduites. S'il n'avait pas connu la Salle sur Demande, il n'aurait pas pu continuer à s'exercer au piano. Il ne comptait plus les nuits passées là-bas à jouer, chanter, se rassasier de ce bonheur simple et sans contrainte.
Penser à tout cela lui donna l'envie de chanter. Il n'avait pas envie que les autres l'entendent, pourtant. Il avait toujours été son seul témoin, seul juge de sa voix, seul auditeur de ses chansons. Mais il lui arrivait parfois, comme aujourd'hui, de chanter dans le parc. Il vérifia alors que les autres élèves se trouvaient suffisamment éloigné de lui, ferma les yeux, et commença a entonner une chanson douce et mélodieuse. Il ne la chantait pas à pleine voix, non, il la chuchotait, la sifflait, la faisait résonner, tout cela en même temps. Des flots d'images parcouraient sa tête alors que ses lèvres formaient les mots de sa langue natale ...