Combien de temps avait passé depuis? Combien de temps l’eau avait passés sous les ponts depuis ce soir-là? Il y a de cela un an, un siècle, une éternité (merci Joe Dassin!). Elle se revoyait dans la petite cuisine presque insalubre, avec le reste de l’ordre, les traits tirés, résultats de nuits à la fois trop courtes et trop longues à tenter de penser, de repenser les plans, pour que tout soit parfait, s’assurer que les moindres détails avaient été calculés, étudiés. Tant de fois, Kaley avait dut trouver des prétextes, des réunions au travail rapidement improvisées pour partir du manoir sans que Matt ne s’inquiète pour elle, disparaissant souvent après être passée en coup de vent. Il était d’ailleurs fréquemment arrivé qu’elle eu à s’esquiver d’une soirée organisée des mois d’avance à cause d’un signe de crise de l’Ordre. Qui plus est, à chaque fois qu’elle tentait de se racheter ave c un souper romantique avec des chandelles et un repas gastronomique elle devait se rendre au 12 Square Grimmauld, laissant en plan la soirée avec son mari. Elle ne comptait même plus le nombre de fois où elle avait dût l’abandonner à la dernière minute pour aller prêter main forte à Remus et aux autres membres. Comment a ait-il fait pour la supporter, elle et ses absences à répétition, sans excuses un tant sois peu valables? Elle était elle-même étonnée qu’il n’ait pas choisit encore de divorcer. Après tout, ils n’avaient pas d’enfants et elle était toujours absente, le laissant tourner en rond dans le manoir plutôt que de passer ses soirées avec lui. Lorsqu’elle était dans l’Ordre elle avait manqué tant de choses avec son mari. Parviendrait-il à lui pardonner? La question ne se posait même pas. Il lui avait prouvé maintes fois qu’il tenait à elle, et ce, depuis l’école.

Marchant dans la rue, pour ne pas dire au milieu de la rue, ses pieds se posant l’un devant l’autre comme une équilibriste sur la ligne jaune, son regard était perdu devant elle, fixant un point qu’elle seule semblait voir. Ses mains devant elle, croisées semblaient presque futiles. À son annulaire gauche son alliance brillait, caressée doucement par le pouce de la même main. Elle ne méritait pas un homme comme Matt. Elle l’avait délaissé, presque rejeté pour mettre l’Ordre à l’avant-plan. Néanmoins, elle l’aimait trop pour se séparer de lui, pour passer une trop longue durée de temps sans le voir. Pendant si longtemps, elle s’était éloignée de lui mais, plus on s’éloigne, plus ont veut se rapprocher et depuis un moment, non sans remords, elle avait délaissé l’ordre pour ne pas perdre Matt. Après tout. À quoi bon sauver le monde si on n’en a pas la motivation? Son mari était sa motivation, après tout, tant qu’il y aurait des mangemorts elle ne pourrait être avec lui comme elle le souhaiterait, devant toujours combattre ici et là et mettre sa vie en péril, cacher tant de choses à l’homme de sa vie. Comment vivre paisiblement lorsque votre vie est basée sur les mensonges, les excuses manquées et la fuite?

D’accord, elle s’était promis de défendre la fierté de l’ordre et tout et tout mais à quoi sert les sauveurs si ces mêmes sauveurs sont devenus fous? Ainsi, elle avait préféré, à une époque se rapprocher de Matt, avant de le perdre entièrement, bien qu’il ne cesse de lui répéter qu’il comprenait et qu’il l’aimait, délaissant l’Ordre. À une époque, Matt et elle avait décidé de fonder une famille mais avec les absences répétées de l’anglais-hispanique, comment était-ce possible? Ce n’était que maintenant qu’elle se rendait compte qu’elle avait été égoïste, égocentrique. Le bruit des talons haut sur le pavé de la rue s’arrêta, s’estompant peu à peu dans l’obscurité de la nuit. Si seulement, si seulement elle avait été là. Elle aurait put aider, elle aurait put empêcher que cela dégénère. Mais non, cette nuit-là, elle avait faillit à son devoir et maintenant elle le regrettait amèrement. D’accord, peut-être qu’elle n’aurait pas put empêcher tout cela mais néanmoins, elle aurait put aider, plutôt que de rester dans sa petite vie, dans son petit monde tout beau et tout rose. Ses pieds toujours sur la ligne jaune au milieu de la rue, la jeune femme regardait un point ou plutôt ce qui en restait. Elle imaginait, comme si elle y était, l’ordre, ses membres tentant de combattre avec dignité, certains blessés, avant que tout n’explose. Des ruines, il ne restait plus que des ruines de cet endroit qui avait vut tant de choses. Tant de réunions qui avaient duré des semaines, une vingtaine de personnes des fois plus qui se tenaient dans la petite cuisine de la grosseur d’une boîte à chaussure. Kaley avança, laissant derrière elle la ligne jaune, se rendant jusqu’aux ruines de ce qui était auparavant, presque son deuxième chez soi. Que deveindrait l’ordre désormais? Oui, il se relèverait des cendres, comme le phénix, mais dans combien de temps, et comment sera-t-il? Les ruines avaient refroidies depuis le temps, la fumée s’était dissipée mais néanmoins la petite maison, ou plutôt ce qui en restait, semblait témoigner d’un passé plus que lointain. Les ruines offraient une image apocalyptique, presque une prémisse morbide de qui suivrait. La guerre était déclarée et ils avaient décidé de frapper fort. Mais maintenant, Kaley allait revenir. Elle ne pourrait vivre tranquille en sachant ce qui se passait, ou ce qui pourrait se passer en son absence.