Jurei entra dans la pharmacie magique armé de son plus beau sourire.
_ Tiens tiens, maugréa la vieille Madame Care, revoilà venir le dernier des Fairshield. Que t'es-tu encore cassé cette fois-ci, mon garçon ?
L'infirmière avait l'habitude de voir le Serdaigle dans son magasin faire ses provisions pour se préparer aux conséquences de ses expériences plus ou moins dangereuses selon les créatures étudiées. Elle déplorait coup sur coup de le savoir empeitré dans ces situations au danger grandissant mais elle était juste assez bienveillante pour ne pas avertir ses parents. Parfois en discutait-elle avec son parrain, le Docteur John Pears, quand elle le croisait à Sainte Mangouste.
_ Trois fois rien, Madame, la rassura le jeune homme amusé par son air résigné. Je voudrais juste quelques flacons de cette lotion qui fait cicatriser plus vite. Celle que vous m'avez vendu il y a deux semaines.
La tenancière arrêta de farfouiller dans ses casiers pour jeter un oeil à Jurei par dessus ses lunettes repoussées au bout de son nez. Elle l'examina avec attention, comptant dans sa tête les estafilades qui marquaient son beau visage. Certaines étaient anciennes et d'autres semblaient toutes récentes.
_ Tu as déjà fini le flacon que tu avais pris ?
Le Serdaigle ne répondit pas et se contenta de lui sourire d'un air angélique. La pharmacienne rouspéta et se rendit dans l'arrière boutique pour aller lui en chercher un autre. Quand elle le déposa sur le comptoir, Jurei sortit presque tout ce qui se trouvait dans son sac pour chercher son portefeuille et régla l'achat. Il ne prêta qu'une oreille distraite aux avertissements de Madame Care et remit tout son barda dans la besace avant de la remercier poliment et de sortir d'un bon pas.
Il ne s'aperçut par immédiatement que son sac était plus léger. En effet, il avait omis de remettre son précieux carnet d'études de créatures magiques, qui lui servait de manuscrit pour le lire qu'il comptait écrire sur les créatures magiques. Le bloc était toujours sur le comptoir de la pharmacienne, couvert d'une pochette en cuir brun. Une photo animée de ses trois frères et lui chahutant tenait lieu de marque page pour l'étude en cours : le saule cogneur de Poudlard. Il en avait fait un croquis précieux dans un coin et le reste de la page était maculée de calculs d'angles très poussés. Seul un initié aurait pu comprendre ce qu'il était en train de rechercher.