Vendredi soir.
Il pleuvait comme il pleut toujours à Londres. Dans un quartier populaire de la capitale Anglaise, les néons du lavomatique éclairaient la rue. Les passants pressaient le pas, la prostituée présente se protégeait de la pluie sous son imperméable et le vent soufflait.
Une silhouette féminine couru jusqu'au lavomatique, un gros sac sous le bras. La clochette du petit commerce de quartier retenti tandis que la jeune femme pénétrait les yeux. Abaissant sa capuche, Eryn Peters dévoila sa longue chevelure rousse. Vêtue d'une veste de sport en coton noire et d'un jean taille basse si délavé qu'il en paraissait blanc, la jeune femme était - comme à chaque fois qu'elle s'habillait en Moldue - bien loin de ses robes de sorcières élégantes.
La sorcière lança un regard circulaire afin de détailler où elle se trouvait. Il y avait d'imposantes machines à laver et des sièges pour attendre. L'endroit n'était pas terrible mais au moins ouvert en plein milieu de soirée. A part elle, il n'y avait qu'un étudiant, deux femmes dont une d'âge mur et un autre homme qui l'était tout autant.
Si Eryn se trouvait là ce soir, ce n'était pas pour laver son linge, bien qu'elle le fit en apparence. Saisissant une bassine vide, elle y déposa ses vêtements et s'installa devant une des machines libres. La jeune femme rejeta en arrière ses longs cheveux de feu et s'assit sur une chaise, regardant son linge tourner à travers le hublot. La sorcière lança un regard discret aux autres personnes présentes.
Les deux femmes. C'étaient elles les Mangemorts qu'Eryn était venue espionner. Elle ne connaissait pas les raisons de leur entrevue dont elle avait entendu parler par pure chance mais dès que des Mangemorts se retrouvaient mine de rien, ce n'était jamais bon signe.
La baguette caché sous son pull, la jeune femme rousse tenta de comprendre ce qui se disait entre elles. Évidemment, avec le bruit des machines, on entendait rien. Elle soupira se leva, faisant mine de se dégourdir les jambes.
La clochette retentit à nouveau laissant entrer un autre homme. Eryn l'observa rapidement de ses yeux persans. En quelques secondes, elle avait déjà tout vu de lui. Des airs de mauvais garçons, tatouages et tout le reste. L'air de ceux dont Eryn aurait absolument voulu comme ami. Rapidement, elle détourna les yeux. Cependant la jeune femme senti son regard sur elle. Pendant un instant elle fit mine de rien mais finalement elle se tourna vers lui, un bras posé sur la machine, une main sur la taille.

- Je vous conseille cette lessive, apparemment elle lava plus blanc que blanc.

Elle lui lança un regard plein de sous entendus.

- A moins que vous ne désiriez autre chose ?

- Eryn Peters, je présume ?

La jeune femme bloqua un instant, perdant son sourire. Cet inconnu connaissait son nom et on voyait clairement dans ses yeux qu'elle n'aimait pas ça. Serrant des dents, elle jugea à nouveau l'homme qui se trouvait face à elle. Il devait être plus âgé mais on voyait clairement qu'une grosse part de lui était encore restée dans l'adolescence. La jeune femme rejeta ses longs cheveux roux en arrière et plissa les yeux.
Quelle attitude adapter ? Si elle devenait immédiatement menaçante, elle se trahirait surement.
Un sourire se dessina au coin de ses lèvres tandis qu'elle préféra jouer la carte de l'assurance. Genre "Tu connais mon nom ? Pas étonnant ! Tout le monde le connait."
Eryn fit mine de s'occuper de son linge avant de répondre, prenant son temps. Finalement, après quelques minutes, elle se tourna vers l'homme et lui adressa un sourire, un sourcil arqué.

- Je ne pensais pas être célèbre à ce point. Mais vous, je n'ai pas le plaisir de connaître votre nom. Dois-je m'en inquieter ?

La jeune femme posa sa bassine de linge sur la machine, et se tourna à nouveau vers l'homme, une main sur la taille, attendant qu'il se présente.

- Mon nom...? C'est top secret...

Eryn eu un rire à demi amusé. Elle ne savait pas s'il était sérieux ou non, dans les deux cas c'était probable. Une chose était sure, il voulait se donner l'air important.

- Oh, mais dis-lui que tu t'appelles Ryan Livingston, à c'te pauvre dame. Dés que tu en voie une assez belle, faut tout de suite que tu sorte le grand jeu.

La jeune femme arqua un sourcil et se retourna afin de rire discrètement. C'était vraiment comique. Le coup du gas super mystérieux qui au final se fait griller par un autre. Vraiment très drôle. Immédiatement, Eryn se méfia moins de lui. Son nom n'était pas un secret, elle n'avait pas à avoir peur de lui.
De Ryan Livingston.
Les joues de la jeune femme se teintèrent subtilement de rose tandis qu'elle nota le compliment.
Cependant, l'homme eu une réaction relativement excessive voire brutale. Le genre de réaction qu'Eryn avait naturellement. Il saisit l'homme par le col et commença à le menacer.

- Je fais quoi ? Je te bute maintenant ou j'attends un peu...

Finalement il le lâcha. Les mains dans les poches arrières de son jean comme à chaque fois qu'elle en portait un, Eryn observa Livingston avec un sourire amusé qui signifiait clairement qu'elle ne le prenait pas au sérieux et qu'elle n'avait pas peur de lui.
S'il savait le malheureux, ce dont elle était capable, ce qu'elle avait vu dans sa vie ! Il se mettrait surement à genoux devant elle.

- M'ouais...bon...Je vais pas y aller par quatre chemins. J'ai de bonnes raisons de penser que vous connaissez un type du nom de Logan Campbell.

La jeune femme perdit son sourire et fronça les sourcils. Comment savait-il qu'elle connaissait Campbell ? Et encore ! Connaître était un bien grand mot ! Elle ne l'avait vu qu'une seule nuit – aussi extraordinaire soit-elle – et ne savait quasiment rien de lui. Et pourtant, la jeune femme savait désormais qu'elle lui accordait sa confiance (ou presque) et qu'elle ne le vendrait pas, peut importe ce qu'il avait fait. Mais une fois encore, sa curiosité fut animée. Pourquoi était-il recherché ? Le révolver qu'elle avait vu dans sa boîte à gant était-il un signe d'appartenance à une quelconque organisation illégale ? Peut importe la réponse, Eryn savait qu'elle ne parlerait pas. Il lui avait sauvé la vie.

- Alors je vous pose la question : Où Campbell se trouve-t-il ?

Eryn rejeta à nouveau ses cheveux en arrière et plissa les yeux tandis qu'elle observa Livingston s'asseoir sur la machine à laver. Il voulait paraître confiant et décontracté alors qu'il lui posait des questions et était renseigné sur son identité. La jeune femme mit les mains sur les hanches et s'apprêta à répliquer quand ses yeux se posèrent sur l'arme qu'avait l'homme sur lui. Etait-elle visible par hasard ? Étrangement, elle en douta.
Quand elle leva les yeux vers lui, la sorcière comprit que c'était effectivement volontaire. Eryn s'approcha de lui, un sourire aux lèvres, l'air presque aguicheur.

- En voilà des manières d'interroger une femme, dit-elle.

Doucement, elle posa sa main sur le torse de Livingston. Elle leva vers lui ses yeux de braise et se mit sur la pointe des pieds, comme pour se mettre à la hauteur de son visage.

- On m'en a posé des questions, mais rarement de cette façon. (elle fit légèrement glisser sa main sur le côté et d'un coup la posa sur la crosse de l'arme qu'elle ne sorti pas pour autant) Est-ce ça qui vous donne l'espoir de m'impressionner ?

Elle garda la main sur l'arme et parlait à voix basse, un sourire taquin aux lèvres. Par son geste, elle venait de faire monter la pression, indiquant clairement qu'elle n'était pas de celle que l'on impressionnait.

- Si vous voulez me faire parler à propos de Campbell, il vous faudra plus qu'une arme et des balles. Beaucoup plus. (elle cessa de sourire et fronça les sourcils) Je ne suis pas une de vos minettes que l'on effraye avec une arme, Livingston. Méfiez-vous de moi, c'est un conseil.

Puis elle retira sa main de l'arme et recula légèrement. Eryn jeta un regard en biais aux deux femmes qu'elle était venue espionner à l'origine avant de se tourner à nouveau vers l'homme. Elle croisa les bras sur sa poitrine et lui lança un regard brûlant.
La lessive s'annonçait plus palpitante que prévue.

Eryn eu un sourire amusé. Franchement, pour qui la prenait-elle ? La plupart des hommes en la voyant s'attendaient à ce qu'elle soit sans défense mais comme la plupart du temps, ils se trompaient. Il fut un temps où Eryn aurait put l'être, mais depuis deux ans, elle chassait les Mangemorts et n'avait plus peur. A chaque danger, elle se disait qu'elle avait vu pire.
La jeune femme lança un regard discret aux deux autres quand elle entendit un bruit. Le genre que l'on entend que très rarement et qui sont mauvais signes. Pas besoin d'être Moldue pour reconnaître le bruit que fait une arme lorsqu'elle est sortie.
Eryn perdit son sourire et fronça les sourcils.

- C'est simple. Où vous...tu parles. Où je te bute.

La jeune femme ne quitta pas Livingston des yeux. Ses réactions étaient vraiment démesurées. Et pourtant, peut être parce que ce n'était pas la première fois qu'Eryn se trouvait face à une arme, la jeune femme ne parvint à penser à autre chose qu'aux raisons qui pouvaient pousser l'homme à vouloir à ce point trouver Campbell. Qu'avait-il fait ? Qui était-il ?

- Tu seras KO avant de tirer, Livingston, dit-elle avec gravité.

Elle était sérieuse. Un stupéfix était vite parti...

- T'as le choix...
- Ah ouais ? demanda-t-elle avec ironie en arquant un sourcil. Je vois vachement. Tu ne tireras pas, parce que je suis ton seul lien avec Campbell.

Quand Livingston avait sorti son arme, il avait fait partir l'étudiant et les deux femmes. Les deux Mangemorts qu'Eryn était venue espionner. La sorcière ressenti une profonde colère envers le Moldu. Impuissante, elle les regarda partir sans quitter la porte des yeux.

- Je vais les perdre...! dit-elle a elle même.

Finalement, elle se précipita à leur poursuite dans la rue. Si l'homme voulait tirer, qu'il le fasse, elle s'en moquait. Le froid de la nuit importa peu à Eryn tandis qu'elle regardait où pouvaient bien être ses proies.
La jeune femme entendit un coup de feu et se pencha légèrement avant de disparaître dans le parc.

* Il me tire dessus l'enfoiré ! Il me tire dessus ! *

Après quelques secondes, elle les vit entrer dans les skate parc du quartier, situé à une vingtaine de mètre du lavomatique. Ni une, ni deux, Eryn se mit à courir à leur poursuite. L'endroit était quelques peu inquiétant. La faible lumière des lampadaires, la pluie battante, le vent et la nuit elle même n'aidaient en rien.
La jeune femme sorti sa baguette et les chercha de ses yeux persans. Au bout de quelques minutes elle entendit des voix. Masculines. Les Mangemorts n'étaient plus là. A la place se trouvaient en plein parc une bande de skaters. Quand elle approcha, Eryn cacha sa baguette et observa les alentours, totalement occupée à retrouver les deux femmes. Elles avaient surement transplanées. Elle les avait perdues.
Eryn jura et se passa la main dans les cheveux. Alors qu'elle voulu rebrousser chemin, l'un des quatre jeunes hommes présents l'interpela, une bière – et surement pas la première - à la main.

- Hey ma jolie ! Vient par là ! Tu veux boire un coup ?
- Non merci, ça ira, répliqua-t-elle avec froideur.
- Fait pas ta timide ! intervint un autre.

La rouquine décida de ne pas faire attention à eux, cependant ils en avaient décidé autrement. Elle était obsédée par les deux Mangemorts et surtout, elle voulait remettre la main sur Livingston et lui faire payer cette traque manquée par sa faute. L'un se leva et la rattrapa, se mettant devant elle pour l'empêcher d'avancer.

- Aller, on va juste boire une bière tranquillement, insista-t-il.
- Je n'ai pas envie de boire, maintenant laisse moi passer, dit-elle toujours aussi froide.

Les autres se mirent à siffler pour taquiner leur ami qui venait de se faire rembarrer par une femme. Ce dernier empêcha à nouveau Eryn d'avancer, cette fois, énervé. La sorcière soupira. Elle n'avait vraiment pas de temps à perdre avec ça.

- Tu vas le regretter, menaça-t-il.
- Pas autant que toi ! s'emporta Eryn.

Cette fois-ci, elle craqua. En fait, elle craquait facilement. Mais d'autant plus quand elle était frustrée et énervée. Utilisant ce qu'elle avait apprit depuis ses seize ans en pratiquant la boxe Thaïlandaise, la jeune femme frappa l'homme du pied en plein visage. Deux trois coups plus tard, il était au sol.
La jeune femme rejeta ses cheveux de feu en arrière et observa les autres hommes qui ne savaient s'ils devaient s'en prendre à elle ou pas. Pressée par le temps, Eryn décida de se mettre à courir afin de leur échapper. Elle ne voulait pas perdre bêtement son énergie.
Il faisait vraiment noir et les arbres du parc empêchaient toute visibilité. La jeune femme voulut allumer sa baguette mais elle entendit un bruit non loin d'elle. Une branche cassa sur sa gauche. Réactive et imprudente, Eryn sauta sur ce qui avait provoqué le son. Si c'était un animal, tant pis, elle se ferait manger. Si c'était un homme, tant pis, il se ferait buter.
La jeune femme percuta ce qui sembla être un homme. Le faisant tomber sur le dos, elle sur lui, Eryn aperçut alors le visage de sa nouvelle proie.

- Livingston ! dit-elle avec un sourire. Je crois que nous avons une conversation à terminer.

Parfaitement à l'aise, Eryn croisa les bras sur le torse de l'homme et lui adressa un sourire.

- M'ouais...Mais je t'ai déjà ce que je voulais. L'endroit où se trouve Campbell. T'inquiète, aucun mal ne lui sera fait !!

Eryn perdit légèrement son sourire et se redressa. Une fois debout, elle croisa les bras sur sa poitrine et observa Livingston de ses yeux persans. Elle ne lui faisait pas confiance et elle appréciait que très faiblement le fait qu'il recherche à ce point Campbell.

- Etrangement, maintenant que tu m'as tirée dessus, j'ai du mal à te croire, Livingston, dit-elle avec suspition. Et je ne vois pas pourquoi je le vendrai alors que je n'ai aucune raison de te faire confiance.

La sorcière jugea l'homme du regard, hésitante. Eryn Peters était réputée pour sa curiosité, qui un jour, elle le savait, lui coûterait cher. Et pourtant, à cet instant, il fut difficile pour elle de résister à la tentation d'en savoir un peu plus sur celui qu'elle était prête à défendre corps et âme.

- Pourquoi tu le recherches ? Qu'a-t-il fait pour mériter autant d'ardeur ?

La jeune femme envisagea à peu près toutes les possibilités. Du dealer à celui qui celui avait couché avec sa petite amie, la jeune femme imagina Campbell dans différents scénarios. Certains la firent rire tandis que d'autres l'inquiétèrent. Cependant, le résultat était le même à chaque fois. Peut importe du crime dont il était coupable, Eryn ne le vendrait pas.

- Si je le disais, je serais obligé de te tuer, dit Ryan avec un rire. Mais ni toi, ni moi n'avons envie d'en arriver là. Pas vrai ?

Eryn eu un nouveau rire ironique. Parfois, elle avait l'impression que le Moldu avait le même comportement qu'elle face à un Mangemort. Cette assurance basée sur la volonté d'impressionner l'autre. Le bluff.

-Arrête donc ton cinéma, Livingston, répliqua-t-elle en chassant une mouche invisible. Tu es tellement risible !

Quand la jeune femme vit des jeunes devant eux, son premier réflexe fut de se préparer à se défendre, pensant avoir à nouveau affaire aux imbéciles rencontrés plus tôt.
Mais Livingston s'avança vers eux, détournant leur attention. La jeune femme le vit prendre la bouteille des mains du passant et pointer son révolver. Franchement, son comportement était vraiment étrange. Il exposait son arme à la moindre occasion, ça en devenait ridicule.

- P*tain, mais qu'est-ce que tu...

Quand les adolescents partirent, Eryn pensa alors que le Moldu ne voulait rien d'autre que se la jouer et voler la bouteille mais quand il la fracassa contre un arbre et se tourna vers la sorcière, cette dernière fut alors inquiète.
Un malade mental. C'était un malade mental !

- Si tu veux pas finir avec ça dans le bide, t'as plutôt intérêt à avouer !

La jeune femme ne sut comment réagir. Avoir peur ? Rire ? Attaquer ? Finalement, elle eu un éclat de rire et regarda le Moldu avec une expression proche de la pitié.

- Livingston, tu sais que tu me fatigues ?

Elle rejeta ses longs cheveux de feu en arrière avant de sortir avec une rapidité due à ses nombreux combats face à des Mangemorts sa baguette. Sans prononcer la formule, elle pétrifia Livingston qui tomba au sol, raide comme un balais. Rares étaient les fois où elle se permettait d'user de ses pouvoirs sur un non sorcier, mais cette fois-ci serait l'exception, il se prenait vraiment pour un roi.
Eryn rejeta ses longs cheveux de feu en arrière et se pencha sur le corps de Livingston totalement inerte. Elle croisa son regard encore mobile et lui adressa un sourire qu'elle voulait gentil mais qui était surtout provocateur. La sorcière lui confisqua son arme et sa bouteille avant de reculer de deux mètres. Eryn leva à nouveau sa baguette et lui effaça la mémoire des deux dernières minutes, avant qu'il ne reçoive le premier sort et le réanima.
La jeune femme attendit qu'il se redresse et reprenne conscience des choses.

- Je crois que tu n'as pas comprit Livingtson, à quel genre de femme tu as affaire, dit-elle de profil en faisant tourner autour de son index le révolver et la bouteille dans l'autre main. Je ne suis pas une amatrice. Il serait temps pour toi de t'y faire.

Eryn affichait clairement sa satisfaction. Avec l'envie d'ébordante de lui crier "Dans l'c*l Luluuu !", la sorcière observa le Moldu perdre très rapidement son calme. Alors comme ça, monsieur le bad boy avait les nerfs à fleur de peau ?
Passionnant pour elle.
Frustrant pour lui.

- Mon flingue !! paniqua Ryan. Rends-moi mon flingue, sale garce !!!

Elle eu un éclat de rire. Quand les insultes venaient, cela voulait dire que la situation n'était plus sous contrôle. Le pauvre... Elle avait presque pitié pour lui. Mais la jeune femme rousse se souvint alors qu'il l'avait menacée d'une arme, tirée dessus dans la rue et à nouveau menacée avec une bouteille brisée.
Non, finalement pas de quoi le prendre en pitié. Qui sème le vent récolte la tempète...

- Pas besoin d'être vulgaire, Livingston, dit-elle d'un ton faussement réprobateur.
- Maintenant, fini de rire. Tu me rends mon flingue, conn*sse !! Tu me le rends, où je t'arrache les yeux et je te les faits bouffer par le trou du c*l !! Y'en a marre de tes conneries !

Eryn perdit son sourire. Elle cessa avec une brusque agilité surprenante pour une personne habituée à manier des baguettes de faire tourner le révolver entre ses doigts. Il y avait des limites. Elle était de ces femmes qui avaient du caractère et elle ne supportait pas de se faire insulter par un homme désarmé et terriblement impuissant face à elle. N'avait-il pas comprit la leçon ? Devait-elle l'humilier une nouvelle fois afin qu'il accepte de discuter tranquillement avec elle au lieu de toujours la menacer bêtement ?
Elle rejeta ses longs cheveux de feu en arrière et fronça les sourcils.

- Tu es trèèèès long à la détente Livingston, dit-elle en soupirant. A cause de toi, ce soir, j'ai perdu ma filature ! Je ne sais même pas encore pourquoi je ne t'ai pas réglé ton compte ! Peut être parce que je suis curieuse de savoir ce que tu veux à Campbell... Alors que j'étais prête à discuter, tu as voulu jouer aux cowboy avec moi. Ca ne t'a pas suffit que je te désarme et te mette à terre en moins d'une seconde ? Dois-je recommencer ?

Eryn fit tourner une dernière fois le révolver entre ses doigts et le lança sur le Moldu afin qu'il le rattrape.

- Prend ton arme, tu n'es pas plus dangereux pour moi avec ou sans, de toute manière.

Quand il tira à nouveau, la jeune femme eu le réflexe de se pencher légèrement. Le bruit que faisait une arme à feu était vraiment impressionnant, surtout lorsque l'on en avait pas l'habitude. Le Moldu ne savait pas qu'elle venait uniquement d'être effrayée par le bruit et non par la soit-disante menace qu'il représentait pour elle.
Elle se redressa et plissa des yeux. Il lui tapait sur les nerfs !

- Si j'avais voulu ma belle, tu serais morte. Maintenant, explique-moi cette histoire de filature, et je te parlerais peut-être de Campbell.

Eryn explosa de rire.

- Ça c'est la meilleure, dit-elle encore hilare. Je t'en supplie, dis moi que tu plaisantes parce que tu me fais rire ! Tu m'as tirée dessus, menacée avec une bouteille brisée avant de me retirer dessus et je n'ai toujours pas peur de toi. Pose toi des questions Livingston sur ta capacité à me dompter. Car comme tous avant toi, tu vas échouer. Ne m'oblige pas à te désarmer une seconde fois, je n'aime pas humilier les gens à répétition.

Cependant, elle perdit son sourire avant de reprendre. Ce Moldu était soit aussi têtu qu'une mule. Aussi têtu qu'elle. Soit il n'avait vraiment pas comprit le danger qu'elle représentait pour lui.

- Saches que ma patience à ses limites, Livingston. Je t'en ai accordée plus que tu ne le mérites alors cesse d'essayer de m'impressionner car tu vas gaspiller tes balles. Tu es vraiment fatiguant !

Puis elle croisa les bras sur sa poitrine, se mordant la joue avant de prendre une décision.

- Et je ne vois pas pourquoi je devrais te parler de ma filature alors que je n'en ai aucun intérêt ! Je n'ai rien besoin de savoir sur Campbell alors que toi oui et en plus tu me menaces. Franchement, tu ne te foutrais pas un peu de la gueule du monde ?!

Eryn posa les mains sur les hanches et lui jeta un regard noir. C'était vraiment un boulet !

- La gueule du monde ? Si le monde, c'est toi, on peut dire que oui...

Eryn serra des dents. Franchement, être insultée par un type pareil c'était humiliant. Mais dans un sens, elle n'était pas de ces femmes qui aiment la compagnie de personnes sages. Parfois elle se demandait d'ailleurs pourquoi elle désirait si terriblement Peter, lui qui semblait être d'un calme sans faille. Avec un sourire en coin, elle se souvint de la fougue dont il pouvait faire preuve lorsqu'elle parvenait à fissurer ses barrières, lorsqu'elle le poussait à bout.
Sentant qu'elle s'éloignait du sujet, Eryn chassa de son esprit les rares moments qu'elle avait passés en la compagnie de l'Auror. Il fallait qu'elle se concentre !
Une nouvelle fois, Livingston sorti son arme. Cependant, la sorcière se prépara à utiliser sa baguette au cas où il allait tirer, car le Moldu semblait véritablement sur le point de le faire.
Sa main tremblait légèrement. Ce fut assez pour Eryn pour savoir qu'elle ne risquait rien.
Pour l'instant.

- Très bien, dit-il d'un ton calme et posé. Campbell est un agent du FBI rentré en illégalité en Grande-Bretagne. Maintenant parle.

Eryn cligna des yeux. Si Livingston avait dit ça à une autre sorcière, surement n'aurait-elle rien comprit. Mais parce qu'elle venait d'une famille Moldue, la jeune femme rousse comprit ce que signifiait faire partie du FBI, être américain et sur le sol Britannique tout en cumulant les deux caractéristiques précédentes.
Mentait-il ? Eryn était-elle montée par pur hasard dans la voiture d'un agent du FBI ?! Vu sa chance, ce n'était pas si improbable que ça... Et tellement d'éléments coïncidaient...

- Ça explique certaines choses, dit-elle d'un air pensif plus pour elle même que pour Livingston. Mais oui ! (elle commença à faire les cent pas) L'arme dans la boîte à gants, son accent américain, les réponses évasives sur les raisons de sa présence en Angleterre, pourquoi le policier n'avait pas son dossier complet... Il était infiltré ! Évidemment qu'un simple policier de quartier n'allait pas avoir accès à toutes ses informations.

Eryn cessa de marcher et s'arrêta brusquement avant d'éclater de rire. Elle mit les mains sur les hanches et hocha la tête de gauche à droite, un sourire nostalgique aux lèvres.

- Ce Campbell... Je comprend d'où lui vient son style. Pour un agent du FBI, la nuit qu'on a passé n'était pas très... légale.

La sorcière resta silencieuse un instant et eu le regard vide. Son visage traduisait malgré elle l'attachement qu'elle lui portait. Souvent elle avait repensé au Moldu qui lui avait sauvé la vie. Eryn se demandait ce qu'il faisait, s'il ramassait encore des femmes blessées sur les parkings de station service la nuit.
Un jour elle réalisa même qu'elle avait presque envie de le revoir.
Maintenant pourquoi Livingston le recherchait au point de s'en prendre à une femme en apparence sans défense ? Campbell représentait-il une menace majeure ? Son enquête compromettait-elle la sécurité du Royaume ? Tellement de questions ! C'était à croire que Campbell n'était bon qu'à ça ! Créer de nouvelles questions !

- Je veux d'abord savoir pourquoi tu le recherches à ce point, dit-elle en se tournant vers Livingston, le regard à nouveau froid. Campbell m'a sauvé la vie et m'a offert une nuit de rêve. (elle eu un sourire) Je ne suis pas prête de le vendre au diable.

Oui, sa nuit avec le Moldu figurait dans ses préférées. Pour cause, ils s'étaient battus, avaient enfreint une bonne vingtaine de lois chacun, avaient fait une course poursuite sur l'autoroute contre des motards armés de barres en métal avant de finir en cellule. C'était tout simplement une soirée parfaite selon Eryn.
Hors de question de priver l'Angleterre d'un homme comme Campbell.

Le Moldu s'avança et lui saisit la main. Par réflexe, Eryn se raidit, pensant bêtement qu'il allait lui mettre les menottes ou un truc dans le genre. Avec ce qu'il avait fait depuis le début de la soirée ce ne serait pas surprenant qu'il fasse une erreur de plus.

- Primo, je ne suis pas le diable. Secundo, tu en sais déjà beaucoup trop et tout ce que je peux te dire c'est qu'un agent américain infiltré sur le sol britannique n'est jamais une bonne chose. Alors je t'en prie, dis-moi tout.

Il la relâcha avant qu'elle ne le repousse. Eryn regarda la Moldu avec intensité, espérant trouver les réponses à ses questions par ce biais. Évidemment, la jeune femme ne croyait absolument pas au coup du "je t'en prie". Il lui avait tiré dessus pour obtenir des questions, il lui avait fait perdre ses cibles, pourquoi devrait-elle l'aider uniquement parce qu'il le lui avait finalement demandé poliment ?
Et pourtant, tellement de questions !
Pourquoi Campbell viendrait-il sur le territoire Britanique ? Qui était Livingston pour le rechercher personnellement ? S'il le trouvait, que se passerait-il ? En répondant à ses questions, Eryn le mettait-il en danger ?
Avec un pressentiment, elle pensa que oui. Livingston avait tiré, menacé à tout bout de champ la jeune femme afin de l'effrayer, que serait-il capable de faire une fois sa proie entre les mains ? Surtout si elle était responsable d'un quelconque méfait.
Puis, une idée stupide vint à l'esprit d'Eryn.
Non, en fait, c'était pas stupide, c'était tordu. Avec une moue appréciatrice, la jeune femme imagina la tête du Moldu.
Eryn rejeta ses cheveux en arrière - ça faisait bien deux bonnes minutes qu'elle ne l'avait pas fait - et s'adressa à Livingston.

- Si ces questions ont un lien quelconque avec une enquête en cours alors je tiens à être interrogée dans les règles, sinon je n'ai aucune raison de te faire confiance, Livingston.

Les bras croisés, un sourcil arqué, Eryn attendit de savoir s'il était policier ou simplement un criminel qui avait une dent contre Campbell. Avec un inquiétude elle espéra qu'il ne soit pas les deux à la fois...

- Ma pauvre...tu me fais rire !!! Tu dois sans doute avoir vu des gros films d'espionnage, avec des gros méchants, des grosses tortures, non ? Et ben moi, c'est pareil en pire. Alors ton interrogatoire bien au chaud, avec avocat et tout le merdier administratif tu peux te le foutre où je pense...
- Ne me provoque pas Livingston, prévint Eryn.

Elle fronça les sourcils, serra les poings et fit un pas en avant, prête à se battre s'il le désirait. La jeune femme ne supportait pas qu'on lui parle ainsi.
Puis, le Moldu lui tendit son arme. Eryn cligna des yeux, surprise. A quoi jouait-il ?

- Très bien. Tu ne veux pas avouer sans doute. Donc je t'ai transmis des informations confidentiel, pour te faire parler, mais tu ne veux pas. J'ai donc trahi la Grande-Bretagne sans raison en te révélant cela...Tue-moi. Ça, tu ne peux pas me le refuser. Tue-moi.

La jeune femme ne bougea pas. C'était une blague ? Parce que si c'était le cas, elle était de très mauvais goût. Eryn eu soudain un sentiment de profond ennui et surtout de colère intense. Il lui faisait clairement perdre son temps avec ses idioties !
Elle lui jeta un regard noir et saisit l'arme. Elle la teint dans les mains un instant avant de donner à Livingston un coup de crosse en plein visage avec force et rapidité.

-TU ME FATIGUES ! Je n'ai pas de temps à perdre avec un imbécile dans ton genre ! Si tu savais à quel point je m'en BALANCE de ton enquête ! J'ai une filature à retrouver alors fiche moi la paix, Livingston !

Sur ces paroles délicates, elle rejeta ses cheveux en arrière et lui tourna le dos, s'apprêtant à quitter les lieux tout simplement.

Eryn le sentait pas ce coup là. Elle venait de frapper Livingston avec sa propre arme, elle était certaine qu'il répliquerait. De toute manière, elle avait apprit à se défendre en cas d'attaque par derrière. Ce qu'elle ne savait pas faire, c'était éviter une balle tirée dans le dos.
Quand elle entendit le bruit, Eryn n'eut pas le temps de comprendre ce qui se passait qu'elle était genoux, en larmes. La balle avait touché son épaule droite et la brûlait. La sorcière ressenti alors une douleur si étouffante qu'elle manqua de s'évanouir. Puis, le souvenir des nombreux Doloris qu'elle avait reçut au court de sa vie et surtout, la nuit passée à crier à la mort auprès de Pears à cause de sa blessure au ventre dont elle portait encore la cicatrice. Ce fut uniquement parce qu'elle savait qu'elle avait subit plus redoutable qu'Eryn parvint à se tourner vers le Moldu.
Cette fois-ci, elle ne serait pas sage. Il ne le méritait pas.

- Lacornum Inflamare !

La veste du Moldu s'enflamma immédiatement. Eryn le laissa paniquer avant d'annuler le sort d'un coup de baguette. Puis avant qu'il ne comprenne ce qui se passait elle lança un autre sortilège.

- EXPULSO !

Livingston fut violemment projeté contre un arbre et se cogna la tête. Eryn pleurait toujours de douleur mais la rage qui l'animait l'aidait à garder les idées claires. La sorcière venait d'user de magie face à un Moldu et contre ce dernier. Elle venait d'enfreindre non seulement la loi mais aussi ses principes.
La douleur cuisante à son épaule la ramena à la réalité. C'était un sale type, il l'avait amplement mérité. Avec un peu de chance, il se souviendrait de tout sans pour autant comprendre.
La jeune femme rousse serra des dents et se redressa. Elle alla jusqu'au corps inerte du Moldu et par pure mesquinerie, elle lui retira son pantalon et le réduisit en miette à l'aide de sa baguette. Ce fut extrêmement douloureux à cause de son épaule et son visage était crispé par la souffrance.
La sorcière le laissa ainsi et lança un dernier sort pour le réanimer avant de transplaner dans sa chambre d'hôtel aux Trois Balais.
Ce soir, elle devra se retirer une balle Moldue dans l'épaule elle même...
Eryn se jura de lui faire payer ce qu'il avait osé lui faire subir.
Très cher.






[HJ : Merci pour ce rp ! ]