Le Chaudron Baveur. 17h57.


Un petit garçon revint de la cour à l'arrière du pub, l'air tendu. Il avait les cheveux châtins et ses grands yeux marrons trahissaient une certaine inquiétude. Quand il entra dans la pièce, il regarda tout autour de lui ne sachant apparement pas où poser les yeux. Il n'y avait presque personne au Chaudron Baveur ce mardi soir de début janvier. Deux sorcières étaient assises à une table, un vieux monsieur qui portait une cape de voyage grise et rapiécée fumait une pipe qui avait une forme étrange et dégageait une odeur écoeurante ainsi qu'un homme installé au bar.
Le petit garçon avança d'un pas peu assuré juqu'au bar où il s'installa sur la haute chaise tant bien que mal. Il ne dit rien pendant un moment, continuant d'observer autour de lui avec de grands yeux, la bouche entre ouverte. Il s'attarda un instant sur le monsieur assis à deux sièges de lui. Quand leurs regards se croisèrent, le petit garçon s'empressa de baisser les yeux, apparement intimidé.
Il était particulièrement étrange de voir un petit garçon seul par ces temps de geurre dans un bar à la tombée du jour, voilà pourquoi Tom s'empressa de demander :

- Elle est où ta maman, mon petit ?
- Je sais pas, répondit-il en haussant les épaules. Je l'ai perdue dans le Chemin de Traverse, elle m'a dit que si ça arrivait, je dois l'attendre ici et suivre personne.

Apparement le bossu fut satisfait par cette réponse car il hocha la tête et entreprit d'essuyer ses verres propres.
Le silence était presque total dans le pub, uniquement rompu par la discussion à voix basse des deux sorcières qui semblaient bien s'amuser.
Le petit garçon lui, s'amusait à tourner sur sa chaise, ne sachant vraiment quoi faire en attendant sa maman. Il finit par en descendre afin de jouer au sol avec une petite voiture; peut être son père était-il Moldu. Après plusieurs minutes, il mit sa voiture dans sa poche et fit le tour de la salle, le nez en l'air.
L'homme finit par quitter le bar et se dirigea vers l'arrière du pub pour le Chemin de Traverse sans faire attention au petit garçon qui le regarda passer avec toujours ce même air naïf sur le visage.
Comme personne ne faisait attention à lui, le petit garçon suivit l'homme jusqu'à l'entrée qui menait à la rue marchande magique. Comme il était petit et vif, il réussit à passer avant que l'ouverture ne se referme. L'homme marchait devant lui d'un pas rapide, sa cape fouetant l'air. Quelque chose chez l'homme effrayait le petit garçon tandis qu'une autre part de lui trouvait ce personnage terriblement charismatique, bien que le terme plus adapté pour un enfant de cet âge soit "cool".
L'endroit était presque désert. Seuls restaient quelques commerçants et deux ou trois passants. Que venait-faire un homme dans le Chemin de Traverse alors que tout était sur le point de fermer ? Une dernière course ? Surement pas...
Le petit garçon essaya de se faire aussi discrèt que possible tandis qu'il suivait l'homme. Cependant, à peine eu-t-il le temps de cligner des yeux qu'il réalisa qu'il l'avait perdu de vue. Avait-il subitement tourné au coin d'une boutique ? Ou pire, transplané ? Dans le doute, il avança jusqu'à l'angle de la boutique. Le ciel était de plus en plus noire et il était à chaque minute plus difficile de voir ce qui se passait. Alors qu'il se pencha légèrement pour voir si l'homme était toujours là, il senti une violente secousse et ses pieds quittèrent le sol.

- Lâchez-moi ! s'écriat-il tout en tentant de se dégager. Je vous ai dit de... me... lâcher ! Lashlabask !

Le petit garçon tomba au sol mais se releva rapidement, sortant sa baguette magique.

- A nous deux maintenant..., dit-il d'un air menaçant, les sourcils froncés.

Son visage jusque là si naïf était déformé par la haine et sa petite poitrine se soulevait au rythme de sa respiration saccadée. Qui était-il ?

Eryn n'eu pas le temps d'invoquer un bouclier qu'elle se retrouva au sol, pliée par la douleur. Elle avait bêtement cru que le Mangemort n'utiliserait pas immédiatement un sortilège Impardonnable. Elle s'était lourdement trompée. Et une partie d'elle ne pouvait s'empêcher d'être déçue par ce manque de style.
Elle cru que chacun de ses muscles criaient à la mort, incapable de laisser échapper le moindre son tant elle souffrait. C'était la première fois qu'elle subissait un tel sortilège. Eryn avait l'impression que son cerveau prenait feu, ne désirant qu'une chose : mourir. La douleur finirait par la tuer, elle irait rejoindre Jackson et tout serait terminé. Cependant, une autre idée lui vint en tête. Ce Mangemort, lui, ne serait pas mort. Il pourrait continuer à tuer et torturer comme il était en train de le faire.
Avec le courage du désespoir, Eryn leva sa baguette, les larmes aux yeux.

- Protego Horribilis ! s'écria-t-elle.

Le sortilège n'était pas suffisament puissant mais il lui permit de se remettre debout. Eryn cligna des yeux, l'esprit embrouillé par le sort qu'elle venait de subir.

- Tu vas me le payer ! s'exclama-t-elle en brandissant sa baguette. PUGNUS DEMONII !

Un poing rouge se matérialisa dans les airs, tandis qu'Eryn toujours dans son corps de petit garçon de huit ans contrôlait avec force. La jeune femme avait fait six ans de box Thaï et le Mangemort avait droit à toute l'expression de son talent. Eryn visa le ventre, la machoire et frappa encore et encore.
Cependant, Eryn ne put rien faire d'autre, comme paralysée. Le Polynectar cessa de faire effet, l'empêchant d'agir momentanément. Le petit garçon recula, penché en avant comme s'il était sur le point de vomir.
La jeune femme rousse était particulièrement douée pour la métamorphose mais n'avait jamais été capable d'effectuer une potion complexe correctement. Ce qui l'obligeait à en acheter. Le Polynectar coûtant cher, elle ne pouvait en boire que très peu. Voilà pourquoi, à cet instant, Eryn reprenait son apparence naturelle.
Quelques secondes plus tard, à la place du petit garçon qui se trouvait devant le Mangemort à la bouche en sang, se tenait une jeune femme rousse à la peau si blanche qu'elle sembla luir sous la lumière de la lune. Il y eu un moment de silence où elle et le Mangemort réalisèrent que la robe de sorcier qui était alors ajustée au petit garçon dévoilait presque entièrement les jambes de la jeune femme.
Eryn suivit le regard de l'homme qui la ballaya.

- VOLTA ! attaqua-t-elle, rougissante.

Son sort brûla la joue du Mangemort. Elle ne voulait pas le tuer, pas maintenant. Elle voulait jouer avec lui et le faire souffrir.
Se moquant totalement de sa nudité partielle, Eryn affronta le Mangemort dans un duel puissant, alternant entre sortilèges d'attaques et prises de boxe thaïlandaise qui prenaient de court et faisaient à chaque fois leur effet. Seul un Mangemort pouvait mépriser l'art de la défence Moldue.
Des cris retentirent autour d'eux tandis que les sortilèges manqués détruisaient les boutiques du Chemin de Traverse. Eryn, qui avait saisit le Mangemort par la robe parvint à les précipiter tout les deux à travers un vitrine et le frappa du poing avant d'être projetée en arrière. Son dos percuta un mur avec force, lui coupant le souffle. Clignant des yeux afin de reprendre ses esprits, elle vit le Mangemort se relever parmi les débrits. Une pensée lui vint à l'esprit qui l'agaça tout particulièrement.
Il était d'une élégance sans égale.



[HJ: désolée pour le coup de la robe mais c'est au dernier moment que j'ai réalisé que si je reprenais forme normale, les vêtements, eux, non. xD]

Eryn maintenait le Mangemort dans un prise compliquée. Il ne pouvait désormais plus rien faire. Cependant, sans comprendre comment, elle senti ses pieds quitter le sol et retomba brusquement sur un parquet. L'espace d'un instant, la jeune femme rousse perdit l'équilibre, destabilisée. Son regard était en mouvement constant, essayant de reconnaître l'endroit où l'avait mené le Mangemort. Avec un sentiment de panique, elle comprit.
Ils étaient chez lui.
La jeune femme rousse eu la nosée, complètement effrayée par ce qui allait suivre. Il était clair que le Mangemort contrôlait la situation car désormais, elle était sur son terrain. Comment savoir si elle pouvait transplaner à partir d'ici ? Quelle horreur...
L'horreur, elle, se trouvait ailleurs pourtant. Le Mangemort leva de nouveau sa baguette, profitant de sa surprise pour lui lancer un autre sortilège Doloris.

"Ordure !", pensa-t-elle en tombant au sol.

Cette fois-ci, elle parvint à crier. Ses poumons se déchirèrent tant elle souffrait et elle débordait de haine envers lui. Ses yeux sortirent de leurs orbites tandis que ses muscles se raidirent. Eryn voulait se lever, le frapper, voir son sang couler mais elle en était incapable.
Quelques secondes plus tard, sa respiration redevint de plus en plus normale et elle leva les yeux vers lui. Il se tenait debout face à elle, la dominant. Cette idée la répugna.
Eryn s'appuya sur les coudes, se moquant de la nudité de son corps et le regarda d'un air haineux.
Elle laissa échapper un "pff" quand il la qualifia de belle et son coeur manqua un battement quand il confirma ses soupçons. Elle était bel et bien chez lui...

- Si tu voulais que je vienne chez toi, suffisait de demander, dit-elle avec un sourire provocateur. C'est la robe qui fait ça ?

Elle le regarda d'un oeil flamboyant, décidée à rester en vie le plus longtemps possible et avec le plus de dignité que la situation lui permettait.

Retenant une exclamation de surprise, Eryn vit sa baguette arriver entre les mains du Mangemort. Bravo ! Eryn lui lançait des regards empoisonnés, lui qui semblait plus détendu que jamais. Il se trouvait chez lui, avec sa baguette et elle n'avait même pas le luxe d'être couverte !
Eryn les détestait lui et son charisme. Et pourtant, elle le trouvait minable. Il avait sa baguette et à la moindre occasion, il l'affaiblissait avec un sortilège Doloris, quel nul...
Sans le quitter des yeux, Eryn se redressa, toujours aussi en colère. Il n'attaquait plus, il voulait parler. Autant en profiter.
Elle ne supportait pas son ton confiant mais elle n'avait pas le choix. Il contrôlait tout désormais et la moindre erreur pouvait être fatale.
Le visage dénué d'expression, elle avança d'un pas lent vers lui. Comme elle s'y attendait il ne recula pas, il était bien trop arrogant pour ça. Elle ne s'arrêta qu'une fois si proche de lui que leurs visages sur touchaient presque. Elle le fixa avec force pendant un moment qui parru éternel. Tout son corps bouillonnait de haine envers lui et son envie de le frapper était intense.
Finalement elle recula et osa lui tourner le dos. Il avait allumé les lumières et maintenant elle pouvait voir à quel point sa maison lui ressemblait : élégante et hautaine.
Comme si elle se trouvait dans la maison d'un ami, Eryn se dirrigea vers le canapé et s'y allonga. Elle passa un bras derrière sa tête et croisa ses jambes.

- Sert moi un verre, ensuite on parlera Smith.

Elle le regardait, un sourire aux lèvres. Lui ne connaissait pas son nom mais elle oui. Le seul avantage que lui avait offert l'espionnage. Mais maintenant qu'elle était chez lui et sans défence, cela était parfaitement inutile. Effet de style, à la rigueur.
Toujours avec ce même air détendu, Eryn regarda le Mangemort, attendant qu'il se décide.
En réalité, elle avait envie de vomir.

Eryn haussa un sourcil en entendant ses paroles. Elle tenta de rester neutre mais sa machoire se crispa.

"Sale petit prétencieux !", pensa-t-elle avec colère, chôquée même.

Elle voulait se lever et le frapper mais une réplique lui vint à l'esprit. Elle prit son temps avant de répondre, un sourire aux lèvres.

- Oui, je savais que tu étais branché petit garçon de huit ans, Smith.

Un sourire satisfait aux lèvres, elle l'observa traverser la pièce et faire apparaître de quoi boire. Levant les yeux au ciel, Eryn pensa qu'il était vraiment arrogant. Ne pouvait-il pas tout simplement les sortir du placard ? Tss...
Quand le deuxième verre fut plein, Eryn tendit la main pour qu'il lui donne, dans une attitude de princesse. Avec élégance elle se redressa et croisa les jambes, les yeux toujours posés sur le Mangemort. Autant se défendre avec les seules armes qu'il lui restait. Elle mourrait d'envie de lui sauter dessus et de le rouer de coup ce sale petit enf...
Elle lui rendit un sourire éclatant et bu une gorgée de Wisky. Ayant beaucoup fréquenté les pubs à cause de sa chasse aux Mangemorts, elle buvait ce genre de boisson comme de l'eau désormais. Impossible de perdre le contrôle de la situation à cause de ça.
Eryn s'enfonça sur le canapé, toujours aussi à l'aise.

- Je ne suis qu'une simple femme qui te désire, Smith.

Elle attendit, un sourire aux lèvres avant d'ajouter :

- Mais j'hésite encore entre la descente de lit et le paillasson pour ta carcasse. (Elle le jugea du regard) Mmh... Finalement, je ne crois pas que ton cadavre mette mes cadres en valeur.

Toujours aussi radieuse, elle bu une autre gorgée.

Eryn senti son dos se courber bien qu'elle n'en ai aucunement l'envie. Quel ordure ! Il n'était pas Mangemort pour rien. Il voulait qu'elle s'incline devant lui, il avait besoin de dominer. Avait-il été maltraité dans les vestiaires quand il était plus jeune ou quoi ? Ridicule !
La jeune femme rousse cessa vite de résister au sort, elle pouvait se blesser bêtement. Quand il relâcha sa prise, elle le regarda, un sourire méprisant aux lèvres.
Eryn posa son verre sur la table et se leva. Bien qu'elle soit à moitié nue, elle n'avait pas froid. En dépis du Mangemort présent, l'endroit était presque chaleureux et la lumière tamisée était presque romantique. Presque...
Elle observa les lieux, prenait des biblos entre ses mains et les reposait avec négligeance. Si elle avait saisit le personnage, celà devait avoir le don de l'énerver. Tout était si bien rangé ici...

- Ce besoin de domination vient-il d'une incapacité sexuelle, Smith ? demanda-t-elle sur le ton de la conversation.

Elle se tourna vers lui, attendant apparement une réponse avant de se remettre à faire le tour de la pièce. Contrairement à beaucoup de Mangemorts, Eryn avait un avantage : elle n'avait pas peur de mourir. Elle voulait s'en sortir ce soir uniquement pour revenir plus forte et lui faire la peau. Elle le désirait plus que tout.
Il perdait patience, elle le sentait. Espérant que son coeur paniqué ne s'entende pas dans ce silence de mort, elle continua ses petites provocations. Faute de mieux.
Elle s'approcha finalement de lui. Smith était encore assis et avec un sourire elle constata que cette fois-ci, c'était elle qui le regardait de haut. Cependant elle recula légèrement, sa robe n'étant vraiment pas à la bonne longueur. D'un geste impatient, elle rejeta ses cheveux en arrière.

- Et si on discutait devant un repas ? J'ai faim.

Que faire d'autre à part gagner du temps ?

"Oui mais du temps pour quoi ?", pensa-t-elle inquiète.

Eryn regarda l'elfe, surprise. Puis après réflexion se dit qu'un homme qui ne respectait pas les moldus ne pouvait avoir qu'un serviteur chez lui.

"Pour moi et madame", se répéta-t-elle dans sa tête. "Même dans sa syntaxe il reste prétencieux ! Pff...On dit "Madame et moi"."

Une réplique lui vint à l'esprit mais une fois de plus il lui lança un sortilège Doloris. Elle était de plus en plus déçue par son manque de style. Il lui donnait envie de vomir.
Cette fois-ci, elle ne cria pas. Sa haine lui donnait de la force et sa volonté de rester aussi digne que sa nudité lui permit dominaient. A genoux, elle reprit son souffle avant de se remettre debout, chancelante. Elle tremblait, comme fiévreuse. Ces sortilèges Doloris à répétition avait le don de l'exaspérer.
D'un pas faible elle avança jusqu'à lui. Elle saisit sa robe mais elle n'avait plus aucune force, ce n'était que pour le style. Elle rapprocha de nouveau son visage au point qu'il aurait pu croire qu'elle voulait l'embrasser. Sa respiration était saccadée et raisonnait avec force dans le salon silencieux.

- Tu n'es qu'une ordure Smith. Tu peux être fier de toi. Soutirer des informations à une sorcière désarmée qui a soubit trois sortilèges Doloris. Quelle élégance ! (Elle relâcha sa robe mais ne recula pas) Souviens-toi de ce nom, Smith. Je m'appelle Peters, Eryn Peters.

Elle ne risquait rien. Ses parents s'appelaient Andrew et de son côté, Jackson Peters, son défunt mari n'avait plus de famille.
Soudain, Eryn senti la terre chanceler, et perdi l'équilibre. L'espace d'un instant, elle ne savait plus où elle se trouvait.

Eryn ouvrit les yeux subitement, sa poitrine se soulevant au rythme de sa respiration saccadée. Elle se contenta d'observer le Mangemort, son incompréhension marquée sur son visage. Eryn savait qu'il ne la tuerait pas. Pas temps qu'il n'était pas certain d'être terrifiée par son sort.
La jeune femme rousse resta un moment au sol, fixant inutilement la porte par laquelle Smith venait de sortir, totalement perdue. Entre le fait qu'il la maintienne en vie et celui de la traiter avec respect, il y avait une grande différence. Mais était-ce vraiment du respect ? Elle en doutait fort...
Après quelques instants, elle se releva, ignorant le léger vertige qui la saisit. La cape était d'un vert si foncé qu'il en paraissait presque noir. La couleur idéale pour mettre la peau et les cheveux d'Eryn en valeur. L'avait-il fait volontairement ? Impossible à savoir. Toujours aussi perturbée par son changement d'attitude, Eryn mit l'élégante cape et savoura la sensation de pudeur. Jamais elle n'avait dévoilé autant de son corps à un autre homme que son défunt mari.
Avec un sentiment de panique intense, Eryn se dirigea vers la porte. Le temps qu'il lui fallut pour arriver jusqu'à la salle à manger lui sembla éternel. Pourquoi allait-elle le rejoindre au lieu de se sauver ? Mais le pouvait-elle ? Le voulait-elle ? Bien que la mort soit proche, un désire incompréhensible la retenait ici. Elle voulait rester, voir ce qui allait se passer. Cet homme n'était pas un simple Mangemort bête et méchant.
Fascinant, était le terme exacte pour le décrire.
Quand elle poussa la dernière porte, le silence était presque opaque. Il était assis en bout de table et la regardait, parfaitement à l'aise. Eryn resta d'abord debout, le fixant d'un regard impénétrable. La longue et élégante table était au centre de la pièce et sur la place opposée à celle du Mangemort, se trouvait une assiette. La place d'Eryn, apparement.
La jeune femme rejeta ses cheveux en arrière et s'approcha de sa chaise mais ne s'y installa pas. Elle prit son assiette et ses couverts et les posa à la place sur trouvant sur la gauche de Smith, l'une des plus proches. Sans même prendre la peine de le regarder, elle s'installa.
Autant lui donner l'illusion qu'elle croyait encore à son salut.
Le dos droit, elle regarda le Mangemort dans les yeux, un petit sourire aux lèvres.

- Etrange, dit-elle, comme trois sortilèges Doloris rendent un homme aimable.

Humain ? Un Mangemort pouvait-il être humain ? Son méprit pour la race soit disant "inférieure" et ses horreurs lui permettait-il encore de se considérer comme humain ? Non. Et pourtant, plus les minutes s'écoulaient, plus il semblait l'être. Avec dégoût, Eryn pensa qu'il ne la tolérait dans son environnement uniquement parce qu'il la croyait domptée.
Il s'en mordra les doigts.
Un chariot entra dans la pièce, apportant les plats. Eryn ne vit qu'après que l'Elfe de Maison était derrière et le poussait. La nourriture sentait bon, et Eryn réalisa à quel point elle avait faim.
L'homme commença à boire sa soupe après lui avoir souhaité bon appétit. Eryn, elle, se contenta de le regarder d'un oeil presque passionné. Quelque chose chez lui - surement les trois sortilèges Doloris qu'il lui avait fait subir - fit comprendre à Eryn qu'elle ne pouvait plus se permettre de jouer les dévergondées. Celà fonctionnait lorsqu'elle avait affaire au Mangemort cruel, mais celui qui était calme ne supporterait pas cette attitude.
Eryn ne toucha pas à son plat. Elle ne comprenait pas où il voulait en venir, où ils allaient tous les deux.

- Affection ? répéta-t-elle finalement. As-tu de l'affection pour moi sois-disant parce que tu me penses soumise ? (Elle baissa la voix) Même sans baguette, je ne rennoncerai pas, Smith.

Eryn prit sa cuillière et commença à boire sa soupe avec élégance. Elle savait qu'il la jugeait, et peut être sa vie en dépendait. Quand elle tendit sa main gauche pour saisir son verre d'eau, elle dévoila sa bague de mariage encore portée. La jeune femme rousse remarqua que le regard du Mangemort se posa dessus.

- Mort, dit-elle simplement. Tué par des Mangemorts. Ils ont massacré son corps.

Il voulait jouer la carte de l'humanité, elle le suivrait.

Eryn éclata d'un rire bref dénué de joie. Un marécage boueux ? Non, finalement elle le trouvait drôle ce Smith. Alors comme ça, son attitude rebelle lui déplaisait ? Eryn comprit que cet homme savait parfaitement le pouvoir qu'il dégageait sur les gens et y avait prit goût. Le seul intérêt qu'il lui trouvait était alors là : Eryn semblait à la fois y succomber et y résister. Cependant, avec inquiétude, elle comprit que dans les deux cas, si elle allait trop loin, elle mourrait.
Quand elle lui parla de Jackson, le Mangemort ne trouva rien de mieux à faire que de lui tourner le dos. Peut être savourait-il cette nouvelle, lui qui n'avait pas de coeur. Avec un sourire amusé, Eryn imagina Smith en comagnie de jolies femmes qu'il abandonnait une fois ces désirs comblés. Oui. Il ne pouvait être que ce genre d'homme, trop heureux d'exercer son pouvoir sur les gens, il ne pouvait se satisfaire d'une personne y étant habituée.
Finalement, il s'installa de nouveau à table, sur la chaise en face d'elle. Eryn pensa au début qu'il voulait capter son regard mais il n'en fit rien, les yeux dans le vide.
Eryn, elle, le regardait avec attention, un sourire invisible sur ses lèvres. Dès l'instant qu'il lui avait offert une cape, la jeune femme ne cessait de penser à ce même mot encore et encore.
Fascinant.
Attirer, dominer, immobiliser un être vivant en le privant de réaction défensive par la seule puissance de son regard. Voilà ce que signifie fasciner, et Eryn - malheureusement pour elle - l'était.
Agacée par cette idée et surtout honteuse, elle claqua la langue et récula sur sa chaise. La situation était insupportable. Il ne voulait pas la tuer, mais il était évidement impossible pour elle de sortir vivante d'ici. Il n'allait tout de même pas la garder emprisonnée chez lui éternellement ? Non, il finira par se lâsser et la tuer bêtement.
Eryn décroisa ses jambes et se leva brusquement. Son agitation était trop forte pour rester en place. Elle fit le tour de la table et s'approcha du feu qu'elle observa comme hypnotisée.
La lumière des flammes renforçait la couleur de ses cheveux et de sa peau, embellisant toujours plus la robe que Smith lui avait offert. Une pensée lui traversa l'esprit. Allait-il lui demander de la rendre après ou était-ce un cadeau ? Avec un sourire triste, Eryn pensa qu'il n'y aurait surement pas de après.

- Aaron, finit-elle par dire sans quitter les flammes du regard.

Elle parlait avec calme et douceur.

- Pourquoi es-tu devenu un Mangemort ? Je ne comprend pas.

Elle leva les yeux vers lui, désirant croiser son regard de nouveau. Peut être pour la première fois, elle ne parlait pas pour gagner du temps, elle désirait vraiment comprendre comment un homme comme lui pouvait être devenu un tel monstre.
Eryn attendit, le visage marqué par une expression de curiosité polie. Elle n'avait plus peur de lui.
Bon d'accord, elle était terrorisée.
Mais ce qui l'agaça plus que tout était de comprendre qu'elle n'était pas terrorisée par le mal qu'il pouvait lui faire, mais par la fascination qu'il provoquait en elle.
Avec un élant de fierté, Eryn s'ordonna de se ressaisir.

Deux parents Mangemorts... magie très puissante... Eryn était dégoûtée à chaque fois plus par ses paroles. Les Mangemorts tuaient donc pour le plaisir, la sensation de puissance, quelle honte ! Il confirma ce qu'elle pensait de lui : Smith était particulièrement cultivé ce qui le rendait tout à fait... redoutable.
Eryn serra les poings si fort que ses ongles s'enfoncèrent dans sa peau et le regarda avec haine.

- Alors ce sont tes raisons Smith ? dit-elle entre ses dents. Voilà pourquoi tous ces gens meurent ? La puissance ? (Elle avait dit celà avec dégoût) Tu es bien plus méprisant que je ne l'imaginais !

Elle avança jusqu'à lui, posa chaque main sur un accoudoir de la chaise afin de l'empêcher de détourner le regard. Le visage proche où se dessinait une élégante haine sur ses traits, Eryn ajouta:

- Je te tuerai, Smith. Surement pas ce soir, mais je ne te laisserai pas tuer pour des raisons pareilles ! Tu me fais vomir...

Eryn se redressa, en colère.

- Où allons-nous, Smith ? s'emporta-t-elle une main sur le front, l'autre sur la hanche. Tu ne veux pas me tuer, je n'ai pas peur de mourir. Tu m'offres à boire et à manger mais m'empêches de partir ! Je ne supporte pas être entre les mains de quelqu'un et encore moins quelqu'un qui en a d'aussi sales que toi !

Eryn vécu sa réaction comme étant la plus violente qu'il eu ce soir là. Elle attrapa sa baguette et savoura d'être de nouveau protégée. Elle avait ce qu'elle voulait, elle était libre et pourtant elle bouillonnait encore.
Il la laissait partir.
Il la laissait vraiment partir !
Eryn ne supporta pas la façon dont les choses se présentaient. Maintenant, c'était de la pitié et ça ce n'était pas vivable, pas venant de lui.
La porte se referma sur elle dans un bruit fort qu'Eryn ressenti comme une giffle sur son visage. Elle resta un instant debout, ne sachant quoi faire. Quelqu'un de sage serait parti, heureux d'être encore en vie. Or Eryn n'était pas connue pour sa sagesse.
D'un pas furibon la jeune femme rousse traversa la pièce et ouvrit la porte violement. Elle ne savait pas où il était allé et ne connaissait pas l'endroit. Pendant un instant elle passa devant différentes pièces avant d'ouvrir la porte de la bibliothèque.
Il était là.
La respiration saccadée, Eryn le fixa avec haine. Elle le détestait. Elle détestait son arrogance, la façon qu'il avait de la regarder ou parfois de ne pas le faire, le timbre de sa voix. Elle détestait tout chez lui, jusqu'à son charme.
Eryn avança jusqu'à Smith, d'un pas calme. Elle resta un instant à le regarder de haut, lui qui était assis sur un élégant fauteuil. La jeune femme le fixa un instant, sa poitrine se soulevant toujours au rythme de sa respiration.

- Merci pour la soupe, Smith.

Et, avant qu'il n'ajoute quelque chose, Eryn retira la robe qu'il lui avait offert et la lui jeta aux pieds.

- Mais je ne veux pas te ta pitié, Mangemort.

Trop énervée pour être pudique, Eryn tourna les talons et sorti de la pièce, le nez en l'air et le dos droit.