Ice Ice Baby [FE: Ezèkiel]

L’hiver se terminait, mais ce n’était pas l’impression qu’avait la jeune fille. La neige avait certes cessé de chuter, mais le vent ne soufflait que de plus belle et le froid était mordant. Et évidemment, elle était stagiaire au ministère et se retrouvait dans le froid glacial du matin à transporter des feuilles de gauche à droite de la ville de Londres. Certaines choses, elle ne les comprenait pas, comme par exemple, pourquoi envoyer la stagiaire à l’autre bout de la ville porter des documents plutôt qu’un hibou qui n’aurait pas froid et ne risquait pas de glisser sur la glace ? Parce que c’était la grande souffrance d’Emma.

Elle ne pouvait simplement pas se rendre au ministère et travailler dans le département de la justice magique sans être présentable. Elle avait donc enfilé ses talons et arrangé ses cheveux en un chignon plus ou moins lâche. Sa longue cape noire cachait en plus de manière fort peu pratique le sol sous ses pieds. Elle avait été surprise de réussir à traverser deux pavés de maisons sans tomber, d’autant plus que sa maladresse légendaire l’accompagnait partout, été comme hiver. Elle devait sans aucun doute faire pitié aux passants qui la voyaient ainsi, chancellante, chargée de feuilles parchemins et autres sacs. Les stagiaires, c’étaient vraiment les mules du ministère.

Mais cela ne la dérangeait pas, bien au contraire. Elle savait bien que tout ce qu’elle faisait lui apprenait au moins la discipline et à travailler dur. Après tout, le ministère avait énormément de travail à faire dernièrement, elle le voyait avec son père qui rentrait de plus en plus tard et avec la paperasse qu’on lui donnait à remplir. Au moins, ils étaient sans pitié avec elle. Mais c’était tant mieux. Elle préférait rentrer chez elle épuisée après une bonne journée de travail que simplement lassée d’avoir passé une journée à s’ennuyer. Alors elle faisait tout ce qu’on lui demandait, espérant qu’un jour on lui demanderait son avis sur une question importante ou qu’on l’autorise enfin à s’exprimer. Grâce à son père, elle avait une rhétorique absolument imparable, et elle se languissait de l’utiliser. C’était une gamine avec beaucoup d’ambition… Mais pas égoïste, au contraire. Toute son ambition était pour aider les autres.

Puis, elle entendit un bruit au dessus de sa tête et la précarité de sa situation s’envola… Trop rapidement. Elle n’eut que le temps d’apercevoir un moineau, puis de sentir sa cheville se tordre et le reste de son corps suivre. Tout ce qu’elle vit par la suite, ce furent ses dossiers voler dans les airs, ainsi que le ciel gris de Londres. Ce qu’elle sentit, ce fut son berêt qui glissait, de même que le choc contre un corps étranger, qui entraîna la destruction du chignon qu’elle avait mis si longtemps à faire. Elle réalisa seulement alors qu’elle n’avait pas touché le sol, simplement quelque chose de moelleux et qui semblait respirer, comme un corps humain. Voyant encore les feuilles voler autour d’elle, elle se concentra sur la légère douleur à sa cheville, sans même réaliser qu’elle était très clairement appuyée sur quelqu’un.

A-t-on le droit de maudire une personne que l'on considère comme étant la plus proche de sa personne? Franchement Ezèkiel se le demandait depuis bien une bonne heure... Il maudissait son frère même si il ne le pensait pas vraiment, mais voilà ce gars avait toujours eut une facilité incroyable pour se mettre dans des histoires rocambolesques et à y mêler son jumeau alors que ce dernier ne demandait rien. Oui, Ezèkiel était toujours à se retrouver plus ou moins impliqués dans les mésaventures de son frère... Pourquoi? C'était assez simple! Daemon était son double, sa moitié, non pas uniquement car il était son jumeau mais simplement car il était la personne ou plutôt l'une des personnes les plus importantes de sa vie et pour Ezèkiel il ne s'agissait pas de simples mots... Lorsqu'il comptait une personne comme faisait partie de sa vie entièrement et surtout en qui il avait une réelle confiance, ce n'était pas rien.

Son double, oui c'était le cas sous bien des angles. La ressemblance physique les liée certes à vie mais avant tout ils se rejoignaient sur beaucoup de chose. Même éducation, même manque d'amour, même envie de protéger les êtres chers. Mais il était également sa moitié... Il comblait ce qui ne faisait pas d'Ezèkiel son reflet. Impulsif, insouciant... Daemon vivait avec passion, comme pouvait le faire Ezèkiel mais lui ne prenait pas forcement en compte la dangerosité de certains actes, parfois jugés comme banales.

A l'opposé d'Ezèkiel qui avait fuit ce sentiment qu'était l'Amour, Daemon avait plongé dedans sans aucune retenue. Il virevoltait, voulait ressentir cette sensation même si il ne s'agissait que d'une simple nuit avec une inconnue. Il cherchait tellement à ressentir ce sentiment d'appartenance qu'il se consumait à petit feu... Cherchant le réconfort dans le sexe, l'alcool et les drogues...

Ezèkiel n'avait jamais rien dis, il s'était toujours contenté de le maintenir, de le couvrir, de le remettre à flot... Il le laissait voguer et il repassait ensuite par derrière pour simplement effacer toutes les traces... Pour ne pas faire en sorte que son jumeau soit la honte d'une famille qui portait plus d'attachement à son rang et à sa réputation, qu'au bonheur ou malheur des ses enfants.

Mais ce matin, Ezèkiel le maudissait, même si au fond il savait pertinement qu'il aurait été capable de bien pire pour le couvrir.

Son frère s'était amouraché d'une sorcière, il y a peu de temps. Une simple Sang de Bourbe, sans grands intérêts. Comme à son habitude, il avait vécu cette histoire avec passion jusqu'à ce que la lassitude se fasse ressentir... Alors il avait mis un terme à la relation, en fuyant, tout simplement, sans prendre la peine d'expliquer à sa proie du moment pourquoi d'un coup il n'était plus l'homme charmant et charmeur qu'elle avait connu mais simplement l'homme qui avait simplement assez joué avec son nouveau gadget...

Cette aventure n'aurait en rien impacté sur la vie d'Ezèkiel si un jour il n'avait pas reçu un hiboux à son appartement au nom de son frère. Son frère qui lui demandait une fois de plus de l'aide... La misérable était tombée enceinte et bien évidemment, Daemon le grand enfant qui ne faisait que jouer avec le feu, demandait à son grand frère une fois de plus de le dépatouiller de toute cette histoire...

Grand frère, l'expression était étrange, surtout lorsque l'on savait qu'Ezèkiel n'avait que quelques secondes de plus que ce dernier. Mais il en avait toujours été ainsi, Ezèkiel avait toujours été SON grand frère. Celui vers qu'il il se retournait... Et ce dernier savait que Daemon ne ferait pas face à ses responsabilités...

Il avait donc contacté la dite demoiselle, qui ne lui inspirait que mépris et dégoût et lui avait donné rendez-vous aux aurores en plein centre ville de Londres. Pourquoi? Pourquoi chez les moldue? Simplement car il ne voulait en rien être vue en la compagnie d'une femme comme cette dernière...

Ce qu'il s'apprêtait à faire ne lui faisait ni chaud, ni froid... Il maudissait juste son frère de la perte de temps qu'il lui infligeait et de sa manière à toujours perdre le contrôle de ses folies et de ses envies...

Il était arrivé au lieu de rendez-vous bien à l'avance. Vêtue d'un jeans noir et d'une veste en cuir noir, il se mêlait facilement à la masse même si à vraie dire, à cette heure-ci il n'y avait pas grand monde.

Il la reconnue assez facilement, arrivant d'une démarche assez gauche qui se voulait sûre d'elle... C'est sûrement son regard qui l'a trahi... Lorsqu'elle vue sa ressemblance si frappante avec l'homme qui désormais la rejetait totalement, elle se stoppa quelques instants avant de venir se planter devant cette inconnue qui pourtant était l'identique du père de l'enfant qui grandissait en elle...

Je n'irai pas par quatre chemin... Il ne se présenta pas... Et ne laissa pas une seconde à la jeune femme pour entamer le dialogue...

Voici de quoi entretenir ta vie et celle du bâtard que tu portes... Il lui tendit une bourse qui contenait un bon nombre de gallions...

Tu ne parleras pas et surtout, tu ne chercheras pas à venir troubler la vie de mon frère...

Il posa son regard froid sur la jeune femme et lui tendit la bourse d'un geste empli de mépris, attendant que cette dernière la saisisse... Mais, elle ne fit rien et resta là, plantée à le regarder avec effroi et tristesse. Cela le dégoûter tellement qu'il avait envie de la saisir et de lui vociférer de prendre cet argent... Cette facilité à tomber amoureux en quelques minutes le rendait malade... Que croyait-elle? Qu'elle allait vivre le parfait amour avec son frère? N'avait-elle pas compris qu'elle n'était qu'un jeu? Et désormais elle fendait la tristesse?

Voyant qu'elle ne réagissait pas, il s'approcha d'elle, observant furtivement les environs... Il s'approcha si près qu'il vint coller sa bouche près de son oreille et lui saisit brutalement la main...

Ecoute moi bien! Il murmurait chaque mot avec lenteur et le son de sa voix se fit dur, froid et totalement menaçant.

Tu vas prendre cet argent... Il déposa alors la bourse dans la main qu'il détenait d'une poigne ferme. Et ne plus jamais évoquer le prénom, ne plus jamais penser ne serais-ce qu'une seconde à mon frère... Sinon...

Il se tut durant quelques secondes... Laissant l'intensité de la situation augmenter et montrant bien qu'il n'était pas en train de lui faire une menace en l'air.

... Je te jure que je te retrouverai, toi, ton petit bâtard, ta famille ou n'importe quelle personne ayant une certaine importance à tes yeux et que je leur montrerai à quel point il ne faut pas venir importuner un Davis...

Il se détacha alors subitement de la jeune femme, relâcha son étreinte avec vigueur et se détourna immédiatement, ne lui accordant aucun regard, aucun crédit... Ne faisait même pas attention à l'expression que son visage avait pû adopter... Son rôle avait été fait... Il avait protégé les siens aux risques de se perdre lui même dans les méandres de la cruauté et de l'ignominie...

Et cependant il ne ressentait rien. C'est cela qui faisait de lui un être totalement différent de son jumeau. Lui cherchait l'amour au risque de se mettre en danger lui et les siens et quant à Ezèkiel il fuyait se sentiment, se construisant un monde où les mots froideur, cruauté, souffrance avaient une place et où ces sentiments utopiques n'en avaient point.

Cet épisode ne représentait donc rien à ses yeux. Il avait aidé l'une des rares personnes qu'il aimait et il allait reprendre le court de sa journée comme si il venait de finir un café et d'écraser une cigarette. Comme si la vie de la jeune femme lui était totalement égale... Et il n'y avait rien de plus vraie... Il se moquait de savoir ce qu'elle deviendrait, ce que deviendrait l'enfant. Un être de plus sur cette planète, un être de plus qui avancerait dans la froideur des rues de ces villes mortes et ternes.

Il marchait sans savoir exactement où il était, ces pas les guiderait là où il devait se rendre... Ses pensées elle ne faisait que défiler... Il était loin, loin de...

BAAAAAAAAAAMMMMMMM!

Le choc fut violent... Il ne vit rien venir... Il se retrouva juste à terre, et sentit sur lui une masse lui bloquer la respiration. Non que la charge était lourde mais l'impact lui avait coupé le souffle, heureusement qu'il ne s'était pas allumé une cigarette, pour sur il l'aurait avalé...

Ouvrant les yeux, tout en sentant déjà sa tête lui faire affreusement mal, il s'apprêtait à entamer une joute verbale des plus endiablée, lorsqu'il posa le regard sur une jeune femme...

Bien des hommes se seraient apaisés devant une beauté pareille, bien des hommes auraient fait preuve d'une courtoisie et d'une délicatesse mesurée à l'encontre de leur bourreau, mais Ezèkiel lui ne ressentait que rarement cette envie lointaine d'être l'homme des rêves de n'importe quelle femme.

Il leva le regard attendant que cette dernière le regarde enfin et leva un sourcil lorsque ce fut le cas... Et d'une voix neutre il lui déclara...

Vous comptez dormir maintenant? Où nous essayons vainement de reprendre une position un peu plus digne? Que ce soit pour vous ou pour moi...

Charmant en toute occasion, n'est-ce pas? Il ne l'était que pour servir sa cause et cette femme pour l'instant n'était qu'une pauvre gourgandine qui avait bien du mal à tenir debout...

C’était quelque part comme si elle était partie ailleurs, réalisant le choc. Elle s’était déjà cassé un os en jouant au Quidditch et la douleur avait été assez lancinante pour la faire tomber dans les pommes. C’était d’ailleurs un jour douloureux de septième année qu’elle s’était relevée dans l’infirmerie. Mais là elle savait que la douleur n’était pas très grave. Elle devrait simplement boiter encore un peu. Mais le souffle revenu de l’homme sur lequel elle était allongée la ramenèrent sur terre. L’homme sur lequelle elle était allongée… La phrase appela à quelque réflexion en elle, mais elle réalisa très rapidement que si elle n’avait pas atterri sur le sol aussi lourdement qu’elle l’attendait, c’était parce que c’est bien sur un homme qu’elle était tombée. Elle leva brusquement la tête et ancra son regard bleu glacé dans une paire d’yeux brun-vert très froids et méprisants. La première réaction qu’elle eut fut de rougir légèrement. La seconde fut celle qu’elle aurait du avoir un long moment auparavant. Elle se releva brusquement. Toutefois, elle savait pertinemment qu’en se mettant debout trop vite elle risquait de retomber aussitôt, alors elle resta accroupie parterre.

La troisième réaction fut de refermer son visage et exprimer sa colère. Emma était une personne appréciée et l’avait toujours été. Elle n’avait aucunement l’habitude d’être brusquée et encore moins d’être critiquée, oui, la petite était très susceptible. Alors son regard se durcit en regardant l’homme qui l’avait réceptionnée, peu lui importait qu’elle ait pu manquer de politesse, lui-même n’avait pas du être très bien élevé pour être ainsi expéditif. A une jeune fille qui tombait, même sur soi, on lui tendait la main, la relevait, même si on s’était fait mal. Et le pire, c’était que celle qui avait mal à ce moment là, c’était elle. Elle se contenta d’hausser un sourcil à son tour et de répondre, avec une moue légèrement boudeuse.

« Je vous rassure, aucune personne saine d’esprit n’aurait l’idée de s’endormir sur vous, si c’était votre seul souci, vous voilà rassuré. »

Son regard était fier et son port de tête droit, malgré le fait qu’elle soit en réalité agenouillée parterre. Elle aurait pu faire craquer n’importe qui dans une situation pareille, avec son visage angélique si refermé. C’était une des rares choses que l’ancienne Serdaigle avait toujours voulu changer chez elle… Elle savait qu’elle prenait la mouche trop rapidement, qu’elle prenait tout personnellement et essayait de travailler sur cela. Malheureusement, il n’y avait pas réellement d’entraînement à cela, et on réagissait toujours mal. Cependant, malgré son froissement, elle était consciente que l’éducation réclamait autre chose d’elle. Elle ramassa petit à petit ses lettres et parchemins, sans regarder l’homme et laissa échapper une petite phrase avec, cependant, une pointe d’orgueil tout à fait perceptible.

« Je vous prie cependant de m’excuser d’avoir chuté sur vous, croyez moi bien, si je devais chuter sur quelqu’un, ce ne serait pas sur vous… »

Et ça, ça sortait d’où ? Pourquoi devait-elle répondre une chose pareille, alors qu’elle était entrain de s’excuser ? Elle s’en voulut elle-même d’avoir fait une remarque pareille, parce que la vérité était que cela ne lui ressemblait pas et ne lui correspondait pas. Mais il semblerait que lorsque l’orgueil était touché, il avait du mal à oublier, lui-même. Une fois qu’elle eut ramassé la plupart de ses papiers, elle réalisa qu’il lui manquait quelque chose. Et elle regarda sous l’homme. Par Merlin, le moldu se tenait sur sa baguette magique. Se grattant une seconde l’arête du nez, elle soupira.

« Euh… Vous êtes assis sur ma b… Hum… un bout de bâton qui m’appartient. »

Comme si elle ne s’était pas assez ridiculisée, il fallait maintenant qu’elle embête l’homme parce qu’il était sur sa baguette magique, mais cela, elle ne pouvait pas le lui expliquer. Maintenant elle se trouvait donc à lui demander de lui donner un simple bout de bois, à la différence près qu’il était parfaitement ciré, comme toujours avec elle. Avec un peu de chance, il croirait à la composante d’un meuble ou à une pièce de collection. Et de fait, cela l’était… Pour un moldu du moins. Elle doutait que les baguettes magiques furent monnaie courante dans leur monde.