Réflexions nocturnes [Fe Victor]

Il faisait nuit depuis quelques heures déjà. C'était au tour de Chris de faire la fermeture ; et pour la première fois depuis qu'elle travaillait avec Phill, elle appréciait. Il faisait assez froid en ce début de février pour que les ivrognes habituels restent chez eux, pour peu qu'ils aient un toit. Le bar était donc presque vide et la jeune serveuse n'allait pas tarder à baisser le lourd rideau de fer couvert de graphitis, signifiant ainsi la fermeture de l'établissement pour la nuit.

Habituellement, Chris était enchantée à l'idée de rentrer chez elle. Là, on approchait à grands pas de la Saint-Valentin et elle se sentait quelque peu déprimée. Toute seule, chez elle, le soir du 14 Février... Ça n'était pas un projet très réjouissant. Oh elle aurait bien pensé à appeler Emma ou même Jordan pour inviter l'un ou l'autre à dîner mais ils avaient sûrement déjà tous deux des projets. Et la jeune femme avait encore sa fierté. Aller quémander une invitation à ses amis n'était pas une chose qu'elle aurait faite. Ni qu'elle ferait, d'ailleurs. De toute manière, tout le monde avait un jour son petit moment de cafard. Elle, elle l'avait maintenant ; d'autres l'auraient plus tard. Ainsi allait la vie.

S'activant, Chris entreprit de monter les dernières chaises sur les quelques tables de la salle principale. Baîllant, elle s'étira et se laissa tomber sur un tabouret proche du comptoir. Sa nuque lui faisait mal, elle passa sa main droite dessus. Elle regarda furtivement sa tâche de naissance. A Poudlard, certains avaient eu le mauvais goût d'associer cette tâche à la Marque des Ténèbres. Mais quiconque connaissait la miss Lippers ne pouvait décemment dire qu'elle faisait partie des troupes de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Trop douce, et surtout, trop honnête. Cette idée ne l'avait même pas effleurée lorsqu'elle était sortie de l'école, avec tous ses ASPIC en poche. Sa vie, elle la ferait du bon côté de la barrière. Jamais elle ne pourrait faire le mal pour asseoir une quelconque puissance. De toute manière, la jeune femme n'était pas assez ambitieuse, elle n'était pas Lloyd.

Sortant son frère aîné de ses pensées, la petite blonde jeta un regard circulaire sur le bar. Voilà où était sa vie, pour le moment. Certes, être serveur n'était pas aussi trépidant que d'être Auror, mais ce devait être aussi fatiguant. Et puis, elle était certaine qu'il y aurait toujours des ivrognes pour faire fonctionner le bar de Phill. Lorsque les Aurors auraient exterminer la menace Mangemorte, que leur resterait-il à faire ?

Chris sourit et secoua la tête. Il était beaucoup trop tard pour de telles considérations. Il fallait qu'elle rentre. Après un regard vers la rue apparemment déserte, elle se leva du tabouret et le posa délicatement sur le comptoir. C'est alors que la porte s'ouvrit...

Il était tard, la nuit avait frappé rapidement comme toujours en été et avait drapé la ville de Londres d’un voile noire et obscur. Là, dans les tréfonds de l’obscurité, une ombre jaillit parmi ses congénères. Un homme masqué, avançant dans les ruelles noir d’un pas souple et lent. Rien de tel que de goûté à l’ambiance calme et apaisante du côté Moldu après avoir accomplit un jugement, une justice. Ce soir c’était un vieux juge à la retraite. Victor, pendant son service au seuil du Ministère, avait bien vu que ce corrompu s’en mettait plein les poches et que pas mal de soupçonné Mangemorts sortaient avec plus de facilité qu’il ne devrait. Il avait comme toujours accomplit sa justice, une justice dont beaucoup crachait dessus mais qui n’était plus que le seul moteur pour cet homme qui avait presque tout perdu.
Maintenant à l’abri des regards indiscrets, l’homme masqué retira son essence, mit son visage à l’air libre. En dessus de ce morceau grotesque de porcelaine qui lui avait recouvert le visage se cachait un homme prés de la trentaine, d’âges mûrs, aux traits du visage dur et froncés. Il marchait cherchant un coin où se poser un instant avant de repartir. Il était insensible aux remords, aux doutes, au découragement, à la fatigue mais pas à la soif. Comme à chaque soir, il cherchait du côté non magique, ne voulant pas s’exposer aux yeux des Sorciers tout simplement parce que ce monde, ces êtres, ce Ministère l’écœurait. Pour lui, les Moldus paraissaient moins frappé par cette plaie purulente qu’est l’injustice.
Bien entendu, trouver une auberge, un bar ou autre établissement ayant pour vocation d’étancher la soif était presque aussi facile que de trouver une aiguille dans une botte de foin. Il patrouilla, plusieurs minutes dans ces rues désertes, ans prêter attention aux fenêtres des habitations encore allumés, ou aux bruits nocturnes et habituelles et encore moins aux chats errants et observant cet homme de leurs yeux jaunes et perçants. Souvent, sans le masque, Victor se sentait comme nu, vide. Sans lui, il n’avait ni objectif ni force, avec lui, il se sentait comme l’incarnation d’une idée, d’une valeur. Il se demandait parfois s’il n’était pas devenu fou. Peut être… Comme tous acteurs le sait, à porter trop souvent un masque, on développe comme une division de sa personne et parfois encore, à trop s’y cacher, on se rend compte que le masque nous permet d’être vrai et que notre visage n’est en faite qu’un masque bureaucrate, social que nous affichons par raisons de normes, de nécessité. On se complait à se minimiser, à se refouler, à se déguiser car les autres faisant e même, on se sent à l’abri, en sécurité.
Victor et ses réflexions sociales, politiques et philosophiques, peu de gens le suivait dans ses dilemmes et questionnement. Heureusement car ses conclusions n’étaient pas des plus optimistes. A vrai dire, depuis le retour de Voldemort, Monsieur Von Vendetta trouvait que les Sorciers avaient perdu de leurs humanités. Par peur et face aux douleurs passées, il se méfiait, se cachait. Le Ministère pouvant maintenant à loisir profiter de cela…pour le moment
Enfin, un établissement de boisson ouvert. La lumière perçait encore la vitrine. Un fin sourire aux lèvres, le jeune homme entra réjouit d’avoir enfin trouvé un endroit pour étancher sa soif correctement. Et bien non, grossière erreur. Le bar était vide, les tabourets sur les tables et une jeune femme, une serveuse sans doute, commençait à terminer les préparatifs pour la fermeture

-Oh excusez-moi ! de dehors, je croyais que vous étiez encore ouvert.

Chris ouvrit la bouche mais l'homme, qui se tenait sur le seuil, du bar la devança. Dans la pénombre régnant dans la pièce et également dans la rue, elle n'avait pas vu son visage mais avait reconnut sa voix. La jeune femme avait une grande mémoire auditive. Il lui suffisait d'entendre une seule fois une voix ou même un son pour le reconnaître par la suite. Et cette voix, elle ne l'avait pas entendue qu'une seule fois. Elle y était habituée. Il s'agissait d'un client régulier du bar et Chris l'aimait bien. Elle n'en était pas certaine mais il devait certainement être un sorcier. Aborder le sujet avec lui si il se révélait être un Moldu la ferait juste pour une fille n'ayant pas tout à fait toute sa tête. Chris se fichait bien du regard des autres et avait appris depuis longtemps à vivre avec les regards mi-gênés, mi-moqueurs de ses congénères. Et puis, ils étaient seuls, personne ne pourrait les entendre si elle parlait de Magie. Ils ne risquaient rien.

La jeune sorcière sourit et redescendit le tabouret sur lequel, une minute auparavant, elle était assise. Elle noua ses cheveux sur sa nuque.

-Entrez, entrez, dit-elle en faisant de la place sur le comptoir. Il n'y a pas eu beaucoup de monde ce soir alors...

Un petit rire qui, à la réflexion, était parfaitement stupide à l’oreille et devait la faire passer pour une dinde plus qu’autre chose, lui échappa. Se maudissant intérieurement, Chris passa derrière le comptoir. Il y avait des jours où elle se comportait en gourde accomplie. C’était affreusement ridicule. Les clients devaient beaucoup rire. Bah, il valait mieux avoir le sourire que de pleurer, non ?

Se servant un verre d’eau, Chris médita ce qu’elle s’apprêtait à faire. Une question lui brûlait les lèvres et pourtant, elle ne la poserait pas. Elle n’était pas diplomatique et même un peu grossière. La miss Lippers ne pouvait décemment lâcher, tout à trac, “Êtes-vous un sorcier ?”. Non, il fallait un peu plus de tact. Machinalement, elle regarda sa montre. Une idée fusa dans son esprit avec une telle rapidité qu’elle manqua de lâcher son verre. Des gouttelettes d’eau se déposèrent sur le plan de travail et la jeune sorcière les essuya avec un tel sourire qu’elle remercia Merlin pour le manque de lumière qui régnait dans le bar. Enfin, c’était à Phill qu’elle devait ça mais en l’occurrence, elle s’en fichait.

-Hm, je me demande si le Chaudron Baveur est fermé à cette heure-ci, fit-elle pour elle-même, assez fort pour être entendue par le client.

Puis, secouant comme lorsqu’on se rend compte qu’on vient de dire une bêtise, elle se tourna vers le visiteur nocturne, tout sourire. Jouer l’idiote n’avait jamais été difficile pour Chris et il lui arrivait même d’être très convaincante. Elle espéra néanmoins que le ton de sa voix ne sonnait pas faux.

-Que puis-je vous servir ? demanda-t-elle.

Une jeune femme, blonde, la servante de cet établissement, c’était retourné un pue troublé sans doute d’un visiteur aussi tardif et aussi peu suivit par ses congénères avide l’alcool te de nectar doux qu’offre les bars de Londres. A bien y réfléchir, Victor venait ici assez souvent. Ici, souvent très tard, les portes étaient encore ouvertes, la clientèle calme et Moldu et le service irréprochable. Il était assez agréable de sentir ici la tranquillité et le repos ainsi que la solitude apaisante parfois ponctué par la compagnie d’un verre emplit de sources frivoles. Victor s’était déjà apprêtait à s’en allez, étant le dernier et seul client à cet heure de la nuit avancé, il pensait que la jeune et jolie serveuse le chasserait sans révérences pour pouvoir fermer les grilles et vaquer à ses occupations comme succomber aux doux bras de Morphée. Mais La jeune femme le coupa dans son élan et l’invita à rester un instant

-Entrez, entrez. Il n'y a pas eu beaucoup de monde ce soir alors...

Il obéit et passa le seuil. Regardant autour de lui, il voulut d’abord se poster à la table du feu qu’il prenait habituellement pour être tranquille et plonger dans ses pensées, ses réflexions aussi bien métaphysique que météorologiques. Mais il trouvait impolie de laisser la serveuse seule et d’allez s’exiler égocentriquement dans son coin. Surtout que la jeune blonde avait le plus délicatement qui soit repousser son heure de tranquillité juste pour aimable avec le jeune client. Il ne sa voyait donc pas de se faite lui être impolie ou inconvenant.

-Je vous remercie

Il alla s’asseoir aussitôt sur un des tabourets prés du comptoir et regarda la jeune serveuse s’occupait de ses affaires. Victor la regarda un instant. Elle était très jeune ma fois, sans doute était-elle encore à l’université que ce travail du soir lui permettait de subvenir à ses besoins, un peu d’argent de poche. Elle avait quand même du courage car les clients assez fréquent des bars aux heures de nuit n’était souvent pas des plus glorieuses et sans risque. Une jeune femme avec un aussi joli minois ne mettait que peu de temps avant de se faire bananer ou agresser par un client qui aurait un peu trop consommé. Surtout qu’elle était assez imprudente. Etre seule dans un bar comme ca, à cette heure, si Victor avait été un homme des plus infréquentables, qui sait ce qui aurait put se passer.

-Hm, je me demande si le Chaudron Baveur est fermé à cette heure-ci

La jeune servante s’était posé la question à voix haute. Le bar en question était réputé par les Moldus pour accueillir des gens…bizarres. Victor n’appréciait que très peu cet établissement à vrai dire. D’une part parce que les clients étaient des Sorciers mais qu’en plus, il y avait pas mal de rebut là bas, la preuve même que le système était défaillant. Voir ce tableau lui faisait mal au cœur, vraiment mal à cœur. Tous les exilés, les alcooliques, les rebus, les miséreux venaient cuver leurs vins sous ses tables abimés. Il répondit à peine à la jeune femme, ne voulant pas aborder le sujet…et puis, une Moldu ne pouvait comprendre le pont de vue de Victor sur ce bar

-Vous connaissez cet établissement misérable au coin de Londres ? Je n’aurais jamais cru.

Puis, la servante se retourna tout sourire pour accomplir sa labeur du soir. Elle demanda avec une délicatesse des plus honorables

-Que puis-je vous servir ?

Comme à chaque fois, il répondit derechef, sans hésitation, la même consommation qu’à son habitude

-Je prendrais sil-vous-plait un Scotch avec un glaçon.

Chris exulta intérieurement lorsqu'elle entendit ce que le client répondit. Il n'y avait qu'un sorcier pour savoir que l'endroit n'était pas très recommandable. Quoique même un Moldu ait pu le dire mais n'y aurait pas fait attention, vu qu'il y avait nombre de bars peu recommandables pour les Moldus. Hors, le Chaudron Baveur était quand même une quasi-institution, dans la communauté magique anglaise. Qui ne le connaissait pas ?

- Bien sûr que je connais, dit-elle, j'aime beaucoup y aller quand j'ai besoin de voir certaines personnes.

Puis, elle passa un chiffon sur le comptoir, devant l'habitué, afin de débarrasser de là la poussière qui s'y était accumulée lorsqu'elle avait commencé à ranger les tabourets. Chris n'était pas maniaque mais elle aimait la propreté et ça faisait également partie de son travail de rendre le bar un peu plus agréable. Elle écouta ensuite attentivement la commande du client. Un Scotch. Avec un glaçon. Elle se souvint alors qu'il prenait toujours la même chose, qu'il s'asseyait à la même place, tout le temps. Oh, la petite blonde ne trouvait pas ça si étrange, nombre de clients faisait la même chose. Chacun son truc, après tout. Elle, elle ne s'occupait que des consommations.

Déposant la boisson devant le client, elle le regarda fixement. Bien entendu, Chris ne comptait pas s'arrêter là dans sa petite enquête. Certes, elle était curieuse. Ce qui lui avait joué des tours, parfois. Aujourd'hui, même si elle était beaucoup plus prudente, elle n'en restait pas moins avide d'avoir des informations sur ses semblables. Si il l'envoyait paître, elle le laisserait tranquille et continuerait sa petite vie comme d'habitude.

- Excusez-moi mais, j'aimerais connaître votre nom, fit-elle, souriante. Enfin, histoire de savoir si je n'ai pas affaire à un Mangemort en fuite. Il paraît que leur capture paye bien, ajouta-t-elle en riant.

Non, à la réflexion, elle n'était pas plus prudente qu'avant. Et maladroite avec ça, puisqu'elle ne tarda pas à renverser ce qui lui restait d'eau sur le plan de travail. Fainéante, elle sortit discrètement sa baguette et, d'un léger mouvement du poignet, nettoya sa bêtise. Fort heureusement pour elle, son patron n'avait aucune idée de ce qu'elle pouvait faire sans bouger le petit doigt. Sinon, elle n'aurait jamais terminé.

Victor s’étonna quelques instants que la jeune femme connaisse un tel endroit. Mais peut être qu’en tant que service, elle devait connaître de réputation pas mal des bars alentours. Quoique à bien y réfléchir, pourquoi serrait-elle spécialement cela ? Mais Victor ne voulut pas réfléchir plus longtemps. Il passait ses journées à se triturer le cerveau, ce n’était pas pour en plus s’amuser à jouer les détectives lorsqu’une demoiselle respectable nomme un établissement des plus ragoûtants mais des plus connus dans le monde de l’homme accoudé au bar. La jeune serveuse, elle, reprit le plus naturellement du monde

- Bien sûr que je connais, j'aime beaucoup y aller quand j'ai besoin de voir certaines personnes.

Oh, ce n’était que cela ? Elle faisait donc partit du même monde que Victor, du monde magique. Il comprit enfin quand elle insista quelque peu sur le mot « certaines personnes ». Victor sourit, se moquant presque de lui-même d’avoir été si lent à comprendre. La jeune femme posa son Scotch avec un glaçon. Vendetta tenait à son unique glaçon. Moins serait l’abrutir, plus errait lui faire violence. Réflexe d’un buveur né dans une famille d’aristocrate. Il prit d’une main le verre et trempa ses lèvres dans ce doux nectar. Il reposa son verre délicatement sur le comptoir et regarda plus en détail sur la jeune serveuse. Elle avait un minois de plus agréables à regarder et son petit côté gentille et serviable faisait d’elle l’une des serveuses les plus sympathique que l’on puisse voir. Sur qu’un Moldu craquerait bien vite à ses charmes et l’enlèverais de cette besogne indigne d’une Lady. D’ailleurs, elle était l’une des raisons au faite que Victor venait souvent ici. Si l’on veut s’isoler chaque soir, au prés d’un verre autant que le personnel soit des plus enchanteur. Puis, la jeune femme joua la carte de la curiosité.

- Excusez-moi mais, j'aimerais connaître votre nom. Enfin, histoire de savoir si je n'ai pas affaire à un Mangemort en fuite. Il paraît que leur capture paye bien

Le jeune homme ne s’en offusqua pas des moindres, bien au contraire. Il lui adressa un sourire éphémère, fin et répondit par son mensonge habituel

-Vendetta, Victor Vendetta.

Il reprit une gorgée de sa consommation, savourant le liquide comme un homme en apnée savourait une bouffée d’air pure. Il reposa son verre avec nonchalance, se retenant de le vider d’une traite. Puis, les yeux plongés dans ceux de la jeune femme qui avait renversé un verre et qui avait nettoyé à coup de baguette, confirmant ainsi avec le mot Mangemorts que la serveuse était bien du même monde que Victor. Le jeune homme dit les yeux froncés

-Mais en quoi mon nom puisse vous apporter la sécurité que je ne suis pas un sorcier sanguinaire aux idées de meurtre et d’idéologie plus que contestables ?

Chris accueillit le nom de l'unique client de la soirée avec un hochement de tête pensif. Non que certains patronymes fassent plus "Mangemorts" que d'autres, le sien était assez commun, même si elle connaissait la signification du mot "Vendetta". Enfin, l'origine des mots et des noms remontant à bien longtemps, elle n'y fit pas plus attention et ne retint que le bref sourire qui avait éclairé ses traits. Il ne paraissait pas avoir pour habitude de sourire. De boire, peut-être, à la dextérité dont il fit preuve avec son verre, mais pas de sourire. La jeune femme haussa légèrement les épaules, pour elle-même. Certaines personnes n'avaient pas une vie très gaie et elle pouvait aisément le comprendre, elle-même n'ayant pas eu une enfance des plus roses.

- Je m'appelle Chris, dit-elle en lui tendant la main, Chris Lippers. Enfin, vous n'avez pas demandé mais c'est toujours bon à savoir.

Il y en avait certains que sa joie de vivre énervait au plus haut point. D'autres qui la trouvaient infiniment ridicule. La petite blonde avait juste appris avec le temps à avoir toujours le sourire et à voir le verre toujours à moitié plein. Le vide l'angoissait trop et la plongeait dans un état déprimant. Elle observa Victor Vendetta tandis qu'il descendait lentement le verre de Scotch. Elle remarqua la retenue dont il fit preuve et ça lui fit penser qu’il devait avoir un certain standing. Les gens qu’elle côtoyait habituellement dans son travail étaient plus des ivrognes que de grands amateurs de vins, et avaient pour beaucoup, l’accent de vulgarité qui caractérisait les habitants des banlieues londoniennes. Non que la jeune sorcière les déteste mais elle n’aimait pas vraiment ce genre de personnes. Hors, comme la vie n’est jamais facile et qu’il faut toujours travailler avec des gens que l’on n’apprécie pas forcément, elle avait accepté cette situation depuis un bon bout de temps.

Elle réfléchit quelques instants à la question qu’il lui posa. Certes, elle n’avait pas dit ça à la légère et avait ses raisons mais fallait-il pour autant les lui dire parce qu’elle le trouvait charmant ? Même si elle n’était pas idiote, Chris mit quelques secondes avant de trouver une raison plausible, valable et surtout, discrète de lui répondre.

- Eh bien, premièrement, les Mangemorts ne viennent pas souvent dans des endroits comme celui-ci, fit-elle en balayant la salle d’un revers de main. Deuxièmement, ils ne s’adressent pas aux Moldus d’égal à égal comme vous avez pu le faire avec moi avant de comprendre, puisque la grande majorité sont des fanatiques du Sang-Pur et des anti-Moldus radicaux. Troisièmement, je doute qu’un Mangemort regarde quelqu’un dont il ne connaît pas la nature avec la.. Même douceur que vous. C’est assez élémentaire comme déduction mais j'estime qu'elle est bonne. Vous ne croyez pas ?

Chris se rendit compte que ses mots pouvaient avoir un tout autre impact. Enfin, elle savait ce qu’elle avait voulut dire et c’était déjà ça le principal, non ? Reprenant vivement ses habitudes de serveuse, elle reprit :

- Vous voulez autre chose ?

La belle serveuse lui tendit une main après que Victor se soit présenté, main que le jeune homme baissa, tout en se demandant s’il n’aurait pas mieux valut la serrer, et elle se présenta toute aussi jovialement qu’avait démarré leurs conversations

- Je m'appelle Chris, Chris Lippers. Enfin, vous n'avez pas demandé mais c'est toujours bon à savoir.

L’énergie, la bonne humeur de la dénommé Chris amusé quelque peu Victor. Il l’avait remarqué à chaque fois qu’il venait aussi. Elle était un rayon de soleil dans l’obscurité de l’ennuie, un enfant joyeux dans un groupe de vieux démoralisé, une fleur rare et belle dans un désert d’intérêt… DE plus, cette énergie et cette joie était contagieuse. Combien de client triste, elle avait consolé par ses gaffes et ses sourires ? Combien de morale n’avait-elle pas remonté par son caractère aimable ? Même Victor qui était devenu plus qu’une ombre ces temps ci, se surprenait parfois à sourire ou à se réjouir de venir ici. Quel numéro quand même…dans le bon sens du terme. D’ailleurs, était-ce sans doute pour cela que le patron la gardait. La plupart des clients appréciait beaucoup la jeune femme, cela devait pardonner aux yeux du gérant les nombreuses gaffes de la belle Sorcière.

- Eh bien, premièrement, les Mangemorts ne viennent pas souvent dans des endroits comme celui-ci. Deuxièmement, ils ne s’adressent pas aux Moldus d’égal à égal comme vous avez pu le faire avec moi avant de comprendre, puisque la grande majorité sont des fanatiques du Sang-Pur et des anti-Moldus radicaux. Troisièmement, je doute qu’un Mangemort regarde quelqu’un dont il ne connaît pas la nature avec la.. Même douceur que vous. C’est assez élémentaire comme déduction mais j'estime qu'elle est bonne. Vous ne croyez pas ?

Victor avait bloqué sur le mot douceur. Doux ? Lui ? Il était peut être moins brusque et dur que la plupart des habitués de bar mais de là à dire qu’il était doux, il y avait une limite quand même. Ses yeux manifestèrent sa plus grande surprise à cette remarque mais il ne dit mot, à quoi servirait de dire que non et de se critiquer ? Absolument rien. Puis, quand elle finit son exposition des faits si l’on peut dire et en terminant en demandant l’avis de Victor, ce dernier ne put que répondre.

-Les Mangemorts savent jouer de masque et de facette. De plus, étant donné qu’on les pourchasse, n’est-ce pas mieux de se cacher là où on n’irait pas les chercher ? Chez les Moldus par exemple. Les Mangemorts sont de tel maître dans la dissimulation, la fourberie et la mascarade que je ne me risquerais jamais à donner de telles conclusions définitives de peur de me tromper.

Victor n’était surement pas très clair dans ses explications mais être à jeun, le scotch et la fatigue embrouillaient quelque peu ses esprits. Chris lui redemanda

- Vous voulez autre chose ?

Il termina le fond de son verre et demanda avec politesse

-Le frère de celui-ci je vous prie.

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