- Eryn ! appela une voix féminine. Eryn dépêche toi on va être en retard ! Tu connais Rusard et ses règles de sécurité débiles !

Eryn Peters se trouvait dans les toilettes des filles et arrangeait ses cheveux de feu puis, mit une légère couche de brillant à lèvres. Elle recula une dernière fois afin de se voir dans la glace.

- Oui Amy ! Deux minutes ! J'ai envie d'être parfaite ! dit-elle sans quitter des yeux le miroir. Voilà, c'est bon maintenant on peut y aller !
- Il était temps ! répliqua Amy en levant les yeux au ciel.

Les deux jeunes filles se mirent à courir afin de rejoindre juste à temps la file d'élèves désirant se rendre à Pré au Lard. Rusard leur lança un regard empoisonné puis les laissa passer. Elles pouffèrent de rire et bras dessus, bras dessous se dirigèrent vers le village sorcier.
C'était un beau mois de décembre et le vent qui soufflait avec douceur était glâcé. Les deux jeunes sorcières n'avaient fait que quelques pas qu'Amy prit la parole, l'air sérieux.

- Franchement Eryn je ne te comprends pas. Ce type, tu le connais à peine et il a vingt et un ans !
- Je sais Amy, dit Eryn avec un sourire aux lèvres. Il est majeur dans le monde.

Son amie qui n'avait pas grandit dans une famille Moldue comme Eryn ne comprit pas mais poursuivit ses mises en garde.

- Eryn ! Il est beaucoup trop vieux pour toi ! A cet âge, il doit avoir déjà fini ses études.
- Il travail au Ministère, c'est un Auror, précisa Eryn toujours aussi radieuse. Amy, reprit-elle avec patience en se tournant vers son amie. Je sais que tu t'inquiètes pour moi mais je suis amoureuse ! Will est tout simplement extraordinaire ! Il est beau, gentil, drôle et tellement cool !
- Eryn, tu tombes amoureuse tout les quatre matins !
- Pas cette fois. Je sais ce que je fais.

Amy pinça les lèvres mais n'ajouta rien. Son amie avait seize ans et était parfaitement capable de savoir quels étaient les risques qu'elle prenait à fréquenter un garçon plus âgé qu'elle. Maintenant Eryn était prévenue.
Elles marchèrent en silence jusqu'à la rue principale de Pré au Lard habillé de son plus manteau neigeux. Eryn sentait son coeur battre de plus en plus vite à l'idée de revoir William. La jeune fille rousse avait pourtant déjà eu des rendez-vous amoureux, elle était en général confiante en présence de garçons car elle misait tout sur le naturel. Mais avec William, le naturel suffirait-il ?
Eryn se souvenait encore de sa dernière sortie à Pré au Lard où elle avait rencontré William McAllister à la poste. Le jeune homme se trouvait dans la file d'attente juste à côté d'elle, apparement perdu dans ses pensées. Eryn avait prié tout le temps qu'avait durée l'attente qu'il la regarde mais à chaque fois qu'elle posait un oeil timide sur le bel Auror, ce dernier semblait ne pas avoir remarqué sa présence. Finalement, une fois sortis, Eryn lui avait couru après, un bout de parchemin plié en quatre dans la main et lui dit "Hey ! Est-ce que c'est à vous ?". Quelques minutes plus tard, ils partageaient une Bièraubeurre aux Trois Balais.
Eryn sorti de ses pensées quand elle vit Will de dos, ses cheveux d'un blond roux brillaient à la lumière du soleil et se découpaient avec perfection dans ce paysage neigeux. Elle ne se trouvait qu'à une dizaine de mètres de lui et ne voyait que son dos et pourtant Eryn senti son coeur manquer un battement. Il était tellement craquant...

- C'est lui, dit-elle à voix basse sans le quitter des yeux.
- Mmh... Pas mal, avoua Amy. Canon, même. Je te comprends maintenant.

Elles éclatèrent de rire et se séparèrent. Eryn avança d'un pas qu'elle voulait assuré, sa longue cape bordeau voletant à ses pieds. Elle n'espérait qu'une seule chose désormais: que le coeur de William batte aussi vite que le sien en la voyant.
La distance à traverser était courte et pourtant elle eu l'impression de vieillir en allant le rejoindre. Eryn ferma les yeux un instant, se souvenant à quel point elle avait attendu cet instant, attendu de le revoir, lui qui ne lui avait dit qu'il reviendrait un mois plus tard la voir elle, la petite élève de Poudlard. Avait-il une fiancée ? Etait-il un sale type à la recherche d'un coeur à briser ? Un Mangemort déguisé qui voulant s'en prendre à elle et à ses parents Moldus ? L'espace d'un instant, Eryn senti son estomac lui remonter à la bouche. A quoi jouait-elle ?
Elle pouvait encore faire demi tour, il ne l'avait pas encore vue.
Plus que quatre mètres.
Mais il s'était déplacé pour la revoir alors qu'ils n'avaient partagé qu'une seule Bièraubeurre. Devait-elle s'en inquiéter ou au contraire être flâtée ?
Plus que deux mètres.
Il avait tout d'un gentelman, et d'ailleurs, c'était elle qui lui avait courru après. William n'avait pas essayé de nouer le contact entre eux.
Plus qu'un mètre.
William se retourna. Sa silhouette se dessinant dans la lumière neigeuse de Pré au Lard, un sourire aux lèvres.
Trop tard.
Quand elle le vit, toutes les questions qu'elle se posait s'effacèrent. William était là et la regardait elle, d'un air serein. Eryn le trouva tellement beau à cet instant qu'elle aurait pu lui sauter au coup et l'embrasser fougeusement. Cependant, elle se devait de se conduire proprement, après tout, il pouvait très bien en aimer une autre...
Le vent caressait son visage de lait dont les joues était rosées. Eryn leva les yeux vers William et ne trouva rien d'autre à dire que :

- Je suis contente de te revoir, Will.

- Très bien, merci, répondit Eryn. Et toi ?

Il allait bien, évidement. Eryn trouva sa question vide de sens et jura dans sa tête. Après l'expérience qu'elle avait dans le domaine elle ne trouvait rien de mieux à dire que "très bien, merci. Et toi ?". Quelle nulle...
Un silence s'installa. Eryn remarqua bien vite que William avait froid. En même temps, qui n'aurait pas froid vêtu si peu chaudement ? L'idée qu'il puisse venir d'une famille Moldue lui traversa l'esprit tant ses vêtements en respectaient les codes. Encore une chose qu'elle ne savait pas sur lui. Cela allait très vite changer...

- Um... Et si on allait aux Trois Balais ? proposa-t-elle avec un sourire radieux.

D'un pas assuré elle se mit en marche et se dirigea vers le célèbre pub qui, à sa plus grande horreur, était plein d'élèves de Poudlard. Elle vit à quelques tables de là son amie Amy avec d'autres camarades qui toutes observèrent William. Trois d'entre elles levèrent leur pouce avec un air satisfait au visage. Eryn souria légèrement mais s'empêcha de lever les yeux au ciel. Elle le savait qu'il était canon, pas besoin que la moitié de ses amies l'observent comme un morceau de viande ! L'idée que son travail d'Auror ajoute à sa popularité lui traversa l'esprit, parfumée de jalousie. Eryn regretta bien vite d'être entrée.
Elle s'installa sur l'une des dernières tables pendant que Will commandait de quoi boire. La jeune fille rousse savait que ce serait au moment de payer la note qu'elle verrait s'il était vraiment un gentleman.
Assise sur sa chaise, elle fit coucou à plusieur personnes qu'elle connaissait, dont Charlie Weasley. Eryn n'en fut pas certaine mais elle aurait cru le voir froncer les sourcils quand William vint la rejoindre. Leur différence d'âge était-elle si flagrante ?

- Merci, dit-elle quand il lui donna sa Bièraubeurre. Tu n'as pas eu de mal à venir ? Ah... Tu as transplané. Non, pas encore. Je n'ai toujours pas dix sept ans.

Eryn bu une gorgée, se sentant stupidement jeune.
Beaucoup de regards étaient posés sur eux. Elle se senti bêtement rougir. Pourquoi était-elle si intimidée alors qu'il n'était qu'un garçon ? Bon d'accord, pas un garçon, un homme. Le premier avec qui elle avait eu rendez-vous. Mais en était-ce un ?
Eryn observa la pièce. C'était comme être sur une scène de spectacle. A Poudlard, il ne se passait pas grand chose et l'histoire d'une élève sortant avec un Auror ferait rapidement le tour des quatre maisons.

- Will..., dit-elle timidement. Tu n'as pas peur d'avoir des ennuis... Je veux dire... A cause de moi ? Tout le monde ici nous regardent...

Elle s'interdit de prononcer le mot "mineur" et de préciser que c'était surtout parce qu'un sorcier aussi attirant n'avait surement rien à faire avec une fille comme elle. Après tout, ils étaient là comme de simples amis, bien qu'au fond d'elle, Eryn n'espérait qu'une chose : qu'il la considère comme une femme et tout ce qui allait avec.
La jeune femme le regardait parler. Il n'était pas parfait et pourtant elle aimait tout chez lui. Etait-il trop tôt pour lui trouver des défauts ?
Espérant ne pas avoir l'air trop stupide, elle l'écouta avec passion parler de son travail. Auror était un métier fascinant. L'élite des sorciers... Leurs verres terminés, Eryn réalisa que si elle poursuivait ainsi, ils se quitteraient comme de bons amis et peut être ne le reverrait-elle jamais. Déjà, elle n'arrivait tout simplement pas à croire qu'il soit revenu la voir une fois. Pourquoi gâcherait-il son temps si précieux une seconde fois ?
Subitement elle se leva.

- Partons s'il te plait. Je ne supporte pas tous ces regards.

A la hauteur de ses espérances, Will paya et la suivit. Eryn leva les yeux au ciel. Le Seigneur lui en voulait-il à ce point ? Pourquoi cet homme apparement interdit devait-il être aussi parfait ?! Le froid vint les enlacer de nouveau. Eryn ne savait pas exactement où elle voulait aller, ce qu'elle voulait faire. La présence de William perturbait ses habitudes, ses principes aussi.
Ils marchèrent dans la rue principale côte à côte, chacun décidant de suivre l'autre. Ils n'allaient donc nulle part en particulier.
Eryn hésita à aller dans un endroit à l'écart. Après tout, c'était un homme et son attitude pouvait rapidement être mal interprêtée. Finallement, la Cabane Hurlante fit l'affaire.
La jeune fille rousse n'y venait presque jamais et bien que ce soit un endroit plein de fantômes, elle senti que c'était d'un romantisme sans limite.
La jeune fille leva les yeux vers William. Quand leur regards se croisèrent elle souria et s'empressa de tourner la tête. Ses joues de lait devaient être rouges maintenant ! Quelle idiote ! Mais elle ne pouvait s'en empêcher, il lui plaisait tellement.

"Mais il est majeur !", pensa-t-elle. "Pourquoi voudrait-il sortir avec une fille comme toi ? Mais pourquoi est-il revenu ? Parle au lieu de penser ! Il doit s'ennuyer maintenant ! F**k !"

- William je...
- Hey Andrew ! dit une voix masculine derrière eux.
- Smith..., dit Eryn entre ses dents les sourcils froncés. Je peux savoir ce que tu fiches ici ?

Elle croisa les bras, en colère. Smith et elle s'étaient séparés depuis deux semaines et depuis deux semaines il lui en faisait baver, persuadé qu'elle ne tarderait pas à être frappée par un éclair divin qui lui fera comprendre ô combien il est formidable.
Le jeune garçon blond avait tout de la star des lycées américains Moldus. Beau, prétencieux et immature. Il regarda William d'un oeil critique, un sourire mâlin aux lèvres avant de se tourner vers Eryn.

- Je reviens des Trois Balais et je voulais voir si la rumeur était vraie. (Il regarda de nouveau Will) Apparement oui. Alors Andrew, depuis quand tu fais dans le troisième âge ?
- Depuis que les bébés en couche culotte dans ton genre me fatiguent, Smith ! Dégage maintenant !
- Hors de question que je te laisse seule avec lui ! répliqua-t-il.

Eryn cru sentir William bouger derrière elle mais fut rassurée de voir qu'il n'intervenait pas. Déjà qu'il était majeur, une altercation avec un élève à Pré au Lard lui coûterait cher en tant qu'Auror. Surtout que sa présence ici n'était pas justifée...

- Ha ! Comme si TOI, tu étais apte à me défendre ! (Elle sorti sa baguette avec rapidité) C'est la dernière fois que je te le dis, Smith. Fou moi la paix !
- Tu ne m'attaqueras pas Andrew, dit-il en sortant sa baguette. Attend que je raconte à tout le monde avec qui tu sors...
- Tu ne feras rien parce que tu préfères dire que je meurs d'amour pour toi plutôt que j'ai tourné la page !

Eryn s'impatienta. D'un geste vif, elle leva sa baguette et...

- EVERTA STATUM !

Le sortilège projeta Smith plusieur mètres en arrière dans la neige. Se dernier cligna des yeux, étourdit. Il se releva tant bien que mal et regarda Eryn avec une expression de colère intense avant de partir d'un pas rapide. La jeune fille rousse le suivit des yeux, bras croisés et l'air satisfait. Une partie d'elle était ravie qu'il lui ait offert l'occasion de dévoiler ses capacités en magie, de la montrer comme une femme adulte. Mais une autre partie d'elle s'inquiéta. Maintenant, il était clair qu'il irait tout raconter voire pire...

- William, dit-elle subitement. Je suis désolée ! Cet idiot... Maintenant il va inventer des histoires sur nous deux !

Elle eu un regard triste de ses grands yeux de feux.
Bien que la situation soit critique et que la meilleure chose à faire soit de tout arrêter là, Eryn ne voulait qu'une chose: le serrer dans ses bras.

Eryn éclata d'un rire bref, apaisée. En fait, elle était du genre à rire souvent et facilement. Mais la façon qu'avait William de se conduir avec elle la rassurait. Il était gentil et charmant, encore une épreuve du Ciel pensa-t-elle.
Cependant, les paroles du jeune homme lui revint en tête.
"Je risque pas mal de trucs, en effet... Au pire, on n'a qu'à s'inventer une identité secrète !"

- Une identité secrète..., murmura Eryn.

William ne sembla pas comprendre l'espace d'un instant.

- Oui ! C'est exactement ça ! Le problème, c'est que j'ai seize ans - ou du moins - que j'en ai l'air. Mais si je n'étais plus Eryn Andrew, on pourrait être ensemble tranquillement et...

Elle ne termina pas sa phrase, rougissante, mais sorti sa baguette et incanta.
Eryn était spécialisée dans la métamorphose. D'ailleurs la plupart de ses amis l'enviaient à moitié. A moitié car son surplus de talent en métamorphose n'était que celui qu'elle aurait du avoir en potion. Eryn savait à peine préparer du café...
La jeune fille rousse regarda autour d'elle avant de s'exécuter. Ses cheveux roux et courts devinrent cuivrés et retombèrent jusqu'en bas du dos. Elle modifia légèrement la couleur de ses yeux qui devinrent verts. Ne pouvant se grandir énormément, elle ajouta de hauts talons à ses chaussures qui se tranformèrent avec élégance. Son uniforme de Poudlard laissa place à une chaude robe de sorcière bordeaux aux boutons ivoir mettant sa peau de lait en valeur.
C'était une parfaite version d'Eryn avec quelques années de plus.
La femme se trouvant devant William n'étais plus exactement elle et pourtant la ressemblance était encore là.
Elle rejeta sa longue chevelure en arrière et souria face à l'expression surprise de William. Avait-il haussé les sourcils parce qu'il était impressionné par son talent ou la trouvait-elle tout simplement jolie ?

- Alors ? Ai-je toujours l'air d'avoir seize ans ? demanda-t-elle.

Eryn se mordit la lèvre. Maintenant, elle avait l'air d'une femme, une vraie. Si William la repoussait c'était soit parce qu'il ne la trouvait pas à son goût soit parce qu'il n'arrivait pas à se détâcher de l'idée qu'elle avait seize ans.
Légèrement tendue, elle attendit.

Eryn attendit qu'il dise enfin quelque chose. Avant même qu'il n'ouvre la bouche, l'étudiante comprit que c'était cause perdue. En quelques paroles maladroites, William la repoussa. Eryn était une "gamine de seize ans" et sa métamorphose n'y changerait rien.
Elle n'afficha pas sa douleur, se contentant d'observer le jeune Auror d'un regard franc et droit. Math Luterei-Ben était à peine sorti de sa vie, elle s'en était tout juste remis que la seconde personne pour qui elle éprouvait enfin des sentiments sincères se refusait à elle. Quand ce n'est pas l'amitié, c'est la carrière ! La situation était presque comique tant Eryn semblait maudite en amour.
Rejetant sa longue chevelure en arrière, Eryn sonda le visage de William. Un détail n'allait pas. Il la repoussait et pourtant quelque chose chez lui semblait dire qu'il ne pensait qu'à moitié ses paroles. Interprêtait-elle seulement l'attitude de l'homme comme elle désirait profondément qu'elle soit ?
Quand il s'approcha d'elle, Eryn voulu reculer, par fierté. Pourtant William lui parla d'une voix douce et tendre à laquelle elle ne pouvait résister. Avec un ultime pincement au coeur, la jeune fille réalisa qu'une fois de plus, c'était un homme adorable qui lui filait entre les doigts.
Mourant d'envie de lui balancer une réplique singlante à la figure, Eryn vit William poser ses mains sur ses petites épaules. Presque chôquée par ce contact, elle baissa d'abord les yeux afin de s'assurer que son corps ne lui jouait pas un tour. Pourtant non.
Eryn leva finalement les yeux vers William, lui adressant un regard interrogateur et pourtant terriblement mature. Soudain, il posa ses lèvres sur les siennes.
Ce fut comme une brûlure sur la bouche de la jeune femme, incapable de savoir si elle était due au froid de l'hiver ou à la chaleur de ses sentiments. Premièrement, elle ouvrit les yeux en grands, surprise. William se contredisait totalement ! Mais Eryn comprit vite qu'elle se devait de reprendre la situation en main. Ce baiser avait quelque chose de gentil voire de poli et elle détestait ça. A ses yeux, William ne faisait rien de plus qu' une amicale tape sur tête. Manquait plus que le "t'es contente, hein ?".
Non. Elle n'était pas contente.
Fermant les yeux, son souffle devint plus rapide tandis que sa main droite alla se poser sur la nuque de William, fermant ainsi leur étreinte.
Eryn sentait que ce baiser, s'il n'était pas convainquant, serait leur premier et dernier. Comme une experte, elle se sera à lui. Sa main droite caressant toujours les cheveux de William avec tendresse tandis que la gauche se trouvait quelque part sur son dos. La jeune fille ne voulait pas parraître désespérée, loin de là. Ce baiser était le parfait mélange entre fougue et tendresse. William devait comprendre par se contact enflammé à quel point elle n'était plus une enfant. Son coeur battait à tout rompre tandis qu'elle savourait ce doux échange parfois ponctué d'étreintes brusques, apparement incontrôlées, traduisant les sentiments refoulés.
Quand Eryn recula quelques secondes - en était-ce ? - plus tard, ses cheveux étaient désormais en bataille et ses joues légèrements rosées. Maintenant qu'elle n'était plus contre William elle avait froid.
Le regard de braise et le souffle légèrement manquant, elle observa l'Auror.
Jamais elle n'eu autant l'air d'une femme.

- Ose dire que tu ne veux pas recommencer, le défia-t-elle.

S'il disait non, Eryn repartirait avec le souvenir d'un baiser que William avait laissé échapper et la satisfaction d'avoir obtenu ce qu'elle désirait, peut importe qu'il ait préféré retourner à la raison.
Mais comment Eryn pouvait désormais se contenter d'un seul et unique baiser ?
Les secondes défilèrent tandis que William sembla réfléchir.

- Trop tard, dit-elle simplement d'une voix neutre.

Elle ne referait plus la même erreur. Plus jamais elle ne laisserait son coeur à disposition pour quelqu'un d'hésitant. S'il la voulait, qu'il s'en empare. Cependant, Eryn ne laissera pas sa fierté de côté pour autant.
D'un pas digne, la jeune fille tourna les talons,.
Son coeur battait la chamade. Soit il la laissait partir, soit tout commencait.

Eryn retint un soupire, soulagée que William l'ait retenue. Sentant à nouveau ses mains solides sur ses petites épaules, la jeune femme eu comme une sorte d'attraction qu'elle devait combattre. Maintenant qu'elle avait goûté au plaisir d'être contre Will, enlacée dans ses bras, son corps agissait comme un émant.
Elle ne put s'empêcher de sourire quand il lui dit que sa transformation ne l'avait pas rendue plus belle et qu'il la préférait naturellement. Elle fronça légèrement les sourcils quand il lui dit qu'il ne voulait pas qu'elle parte. Eryn resta silencieuse tâchant de comprendre ce qui pouvait bien se passer dans la tête de William, pourquoi il ne cessait de se contredire.
Avec galanterie, il retira son manteau et le posa sur ses épaules. La jeune femme senti le doux parfum de William qui lui donna un léger vertige. Relevant la tête vers lui, surprise, Eryn remarqua qu'il s'éloignait d'elle. Ce fut uniquement à cet instant, quand elle le vit aussi tendu qu'elle comprit.
Quelle idiote...!

- Will, dit-elle d'une voix mature en le regardant droit dans les yeux. Je ne suis pas une gamine parfaitement inconsciente et égoïste, même si j'en ai l'allure. Je sais que ton travail passe avant moi et si ce n'était pas le cas je me poserai de sérieuses questions à ton sujet. Tu es un Auror, un homme bien qui protège notre communauté. Jamais au grand jamais je ne pourrais être assez stupide pour te forcer à faire un choix ou mettre ta carrière en péril. Je sais à quel point c'est un métier difficile et j'imagine quelles sont les épreuves que tu as subit pour atteindre tes objectifs. Je ne te demande pas de rester auprès de moi pour toujours, Will. Peut être dans quinze ans serons nous ensemble ou peut être demain nous repenserons à cette journée avec nostalgie. Tout ça je m'en moque. Ce que je veux c'est toi, maintenant. Si tu dois me laisser pour ta carrière, je ne pleurerai pas, je ne te retiendrai pas. (elle avança d'un pas) Mais je ne te promettrai pas de t'attendre.

Eryn s'approcha encore de William, espérant qu'il ne reculerait pas. Elle lui avait dit ce qu'elle pensait, priant pour avoir été assez claire. Etrangement, plus les minutes s'écoulaient, plus elle sentait que leur histoire n'aboutierait à rien. Et c'était justement ça qui la poussait avec autant de force dans les bras de William. Il lui offrirait l'espace d'un instant l'affection qu'elle désirait et ils repartiraient chacun de leur côté, le coeur en paix.
La jeune femme posa sa main sur le torse de William mais s'arrêta, surprise. Il avait l'air tendu et ses propos étaient... particuliers...
Qu'on essaye... quoi ?!
Voulait-il parler de recommencer à s'embrasser sous le froid glacial de Pré au Lard ?
Essayer de se trouver un endroit plus tranquille ?
Ou voulait-il dire essayer d'en rester là ?
A cette idée, le coeur d'Eryn se mit à battre plus vite. Sa réaction prouvait bien que malgré ce qu'elle venait de dire, William avait prit une place dans son coeur plus importante qu'elle ne l'avait supposé.

- Arrête Will, dit-elle finalement dans un murmure. Tu penses trop.

Eryn se serra contre Will et l'embrassa avec douceur bien que la fougue, elle, ne soit pas loin... Pour le moment, il n'avait pas besoin de parler de sa carrière, de ses études, de leurs âges. Ils étaient deux personnes se désirant, rien de plus.

Eryn ressenti un frisson la parcourrir tandis qu'elle comprit la différence de comportement chez Will. Il l'embraissait enfin, pour de vrai. La jeune fille eu l'impression que ses sens étaient en alerte tandis qu'il la serra un peu plus contre lui. Bien qu'elle aurait put continuer des heures durant, Eryn senti William s'éloigner d'elle.

- Alors, c'est donc ce que tu veux ? demanda-t-il. Une amourette qui n'aura peut-être pas de grande incidence ; avec un Auror qui risque de donner sa vie pour une bande d'hypocrites ?

Eryn leva les yeux au ciel avant de pousser un grognement.

- Will ! Tu es EXASPERANT ! J'ai seize ans ! Tu n'as tout de même pas cru que j'avais l'intention de t'épouser et de te faire des enfants ! Non mais OH !

Elle posa les mains sur les hanches et le regarda, sourcils froncés. C'était surement le moment le plus insultant de sa vie. Eryn venait de l'embrasser comme jamais elle n'avait embrassé et il ne trouvait rien de mieux à faire que de lui parler de son travail...!
La jeune femme poussa un grognement de frustration, digne d'une adolescente.

- Puisque c'est ça, Will. JE ME CASSE ! Tu n'as qu'à embrasser le Ministre !

- Tu veux que je te dise ? commença-t-il. Tu es tombée dans mon piège. Je suis peut-être exaspérant mais j'ai réussi à t'amener là où je le voulais. C'est-à-dire dans un scénario où c'est toi qui finit par partir. Pars si tu veux, Eryn : je ne te retiendrai pas.

La colère de la demoiselle monta un peu plus. Comment ça, un piège ? Se jouait-il d'elle ? Eryn en avait l'impression, plus même, la quasi certitude. Sinon pourquoi accepter un rendez-vous, aller à l'écart, l'embrasser EN PREMIER, se laisser embrasser une seconde fois pour au final en arriver là ?
Eryn l'observa s'éloigner. Un vague de déception l'envahit. Non parce qu'elle aurait aimé qu'ils continuent à s'embrasser (si oui ça en faisait partie) mais principalement parce qu'elle venait de réaliser que William en plus de ne pas savoir ce qu'il voulait, faisait en sorte qu'elle soit celle qui parte. Mais où était le courage de l'Auror ?
Soudain, elle se demanda s'il méritait vraiment ce statut.

- Si tu me cherches, je vais poser mes fesses quelque part.

Eryn l'observa s'installer. Il la laissait vraiment ?!! Monsieur l'embrasse, la repousse, l'embrasse et se barre ! La jeune fille rousse n'était pas habituée à ce manque de contrôle.

- McAllister ! appela-t-elle.

Elle ne l'appelait plus Will.

- Je n'ai peut être que seize ans mais être avec toi c'est pire qu'être avec un seconde année ! Tu ne fais que de changer d'avis et heurte mes sentiments. La prochaine fois que tu ne sais pas si tu peux être avec une femme ou pas, evite de l'embrasser !

Eryn tourna les talons. L'homme qui ferait passer Eryn Andrews pour une cruche comme tentait de le faire visiblement Will n'était pas encore né.
Et pourtant, elle aurait donné des Gallions pour qu'il lui court après et l'embrasse fougueusement. Mais la jeune fille rousse ne s'y attendait pas. Elle allait retourner aux Trois Balais, retrouver ses amies et inventer des mensonges sur un moment soit-disant sympathique, d'une discution agréable et d'une affaire urgente. Oui, cette histoire collerait. Elle ne parlerait à personne de ses baisers avec l'Auror, elle même ayant envie de les oublier.
Will se trouvait maintenant à quelques mètres derrière elle.

Eryn se retourna. Will avançait vers elle et à son expression, elle comprit que ce n'était pas pour lui arracher ses vêtements l'embrasser. Il sorti un morceau de papier et y inscrivit quelque chose.

- Tiens, ma grande. marmonna-t-il. Il y a mon adresse dessus. Si ça te dit, envoie-moi un hibou. Ca marche ?

Ma grande ?!
Eryn fronça les sourcils quand il l'appela ainsi. Mais elle se ressaisit rapidement. Venait-il de lui donner son adresse ? Pour envoyer un hibou, certe, mais son adresse quand même. La jeune fille regarda le morceau de papier comme s'il se trouvait inscrit dessus toutes les possibilités que signifait de le posséder.
Les longs cheveux roux de la jeune fille fouettèrent son visage avec douceur tandis qu'elle gardait les yeux rivés sur le papier, William quittant les lieux en silence, la laissant derrière elle.
En réalité, Eryn bouillonnait de colère. L'Auror ne faisait rien d'autre que de la faire tourner en bourique et elle détestait ça littéralement.
Eryn se mit en marche pour les Trois Balais avec l'envie dévorante de pleurer. Sa fierté avait été touchée à plusieurs reprises mais le plus difficile à tolérer était pour elle la frustration. William était accessible et pourtant impossible à atteindre. La jeune fille rousse ne remarqua pas tout de suite qu'elle se trouvait devant le pub. Avec surprise, ses amies étaient toujours présentes à la même table, leurs verres vides cependant. Avec horreur, elle remarqua qu'un quart d'heure à peine s'était écoulé depuis qu'elle avait quitté l'endroit.

- Eryn ? Mais que fais-tu ici ? Et qu'est-ce que t'as fait à tes cheveux ? demanda Amy.

Elle s'installa en compagnie de ses amies qui se penchèrent en avant pour mieux entendre ce qu'elle avait à leur dire. Eryn avait oublié qu'elle portait encore sur elle ses charmes de métamorphose, lui donnant un aspect plus âgée et mature, apparement parfaitement inutiles.
Eryn grimaça. Elle était partagée entre l'envie de mentir et celui de dire la vérité. Les paires d'yeux qui étaient rivées sur elles appartenaient cependant à ses amies. Elle respira profondément et parla.
Elle leur raconta tout. Ce qu'il lui avait dit mot pour mot, ce qu'elle avait ressenti et - elle en avait rougit - le baiser qu'ils avaient échangé. Ses amies retinrent leur souffle, mumurèrent des commentaires mais ne l'interrompirent pas.
Quand elle eu terminé, un silence ponctua ses paroles. Ses amies échangèrent des regards, puis Amy parla la première.

- Eryn, dit-elle lentement. Je peux savoir ce que tu fais encore ici ?
- Quoi ?
- Enfin Eryn ! Tu n'as pas affaire à un élève de Poudlard qui perd confiance en lui à cause d'une mauvaise note ! s'exclama-t-elle. Il est Auror... Votre relation aurait des conséquences désastreuses si on venait à l'apprendre, il est tout à fait normal qu'il doute.
- Mais je lui ai dit ! s'emporta Eryn.
- Je sais. Je sais. Mais tu dois rennoncer au fait que tu auras le dernier mot dans cette histoire. Tu as l'habitude te contrôler mais pas cette fois. Il risque plus que toi, alors je crois qu'il a bien le droit de contrôler.

Ses amies ochèrent la tête pour approuver. Eryn se mit à réfléchir à toute vitesse. Amy avait raison. Elle ne pouvait plus penser comme une adolescente mais comme une femme. Elle devait être patiente et se contenter du peu qu'il lui offrirait.

- Je dois y aller.

Eryn se leva brusquement et quitta les Trois Balais d'un pas rapide. Une fois dehors, elle se mit presque à courir, recherchant désespérement William des yeux, ses longs cheveux cuivrés se balançant au rythme de ses pas. Dix minutes... Ils ne s'étaient quittés que dix minutes. C'était à la fois très court et tellement long ! Il pouvait être au bout du monde maintenant.
Pourtant, la jeune demoiselle le vit. Assis sur un banc qui n'était pas couvert de neige, dans le froid.
Elle souria. Malgré son envie dévorante de le frapper, elle était contente de le voir. Lentement, elle s'approcha et vint se mettre devant lui. Quand il leva les yeux vers elle, Eryn se senti rougir. Il lui plaisait tellement.
Sans ajouter un mot, elle s'installa à côté de lui et l'observa, un sourire aux lèvres. Finalement, elle détourna le regard, chassant ses longs cheveux qui dansaient au rythme du vent devant son visage. Elle n'avait pas besoin de l'embrasser ou de le sentir contre elle. Il restait William McAllister, un homme drôle, gentil et intéressant. Elle attendrait qu'il soit prêt à prendre le risque, aussi longtemps qu'il le voudra.

- Ne commence pas à sourire bêtement, s'il te plait. Commença-il. Je vais devoir te laisser, maintenant. Alors... Si jamais le coeur t'en dit, on peut toujours se revoir. En attendant, tu peux toujours me harceler avec des hiboux.

Eryn fronça légèrement les sourcils.
La jeune fille se leva à son tour, attendant que Will lui dise au revoir. Ce dernier la serra dans ses bras. Une étreinte brève et froide. Formelle. Quand il l'embrassa rapidement, Eryn eu envie de le repousser, de tourner la tête. Elle ne voulait pas de ça. Elle ne voulait plus.

- Si tu trouve mieux, préviens-moi et fonce. A la prochaine, petite Eryn.

La jeune fille laissa échapper un rire. Elle resta à le regarder transplaner puis, une fois qu'elle se retrouva seule dans dans la rue de Pré au Lard, elle déchira le morceau de papier. Elle ne lui écrirait pas. Elle ne penserait plus à lui. En moins d'une demi heure, William l'avait séduite et repoussée plus que dans toute sa vie amoureuse. Elle n'était pas assez désespérée pour accepter de se faire du mal ainsi avec un homme aussi indécis.

- Je trouverai mieux, Will, dit-elle à voix basse en fixant l'endroit où l'Auror s'était trouvé peu avant.

Eryn rejeta sa longue chevelure et se remit en marche vers les Trois Balais où elle comptait bien s'amuser avec ses amies. Jamais elle ne lui envoya de hibou et elle ne parla plus de William McAllister.