Il semblait à Lola qu'une éternité s'était écoulée depuis qu'elle avait quitté son père sur la voie 9 3/4, juste avant de prendre le Poudlard Express. Son père... A peine l'avait-elle quitté ce jour-là qu'il lui manquait déjà. Elle se rappelait encore l'air émerveillé qu'il avait eu en traversant le célèbre mur qui sépare, dans la gare de King's Cross, les voies 9 et 10 de la voie 9 3/4. Et ses yeux grands ouverts en découvrant l'imposant train à vapeur. Sa fille, elle, loin d'être émerveillée, retenait ses larmes à grand peine, sachant qu'elle serait séparée de son père, son plus grand ami, dans les minutes qui suivraient. Mais elle avait sa dignité et ne montra rien de son émotion. Déjà, les têtes des garçons commençaient à se tourner dans sa direction. Cela l'intimidait beaucoup du haut de ses 11 ans. Après une dernière étreinte avec son père, elle insista pour monter sa valise seule dans le train. Son cœur se serra quand le train démarra. Heureusement que sa chouette, Ellie, était là pour lui remonter le moral.

Elle s'installa au milieu de jeunes filles de 3ème année, à l'abri des garçons lui proposant déjà de partager sa cabine. Celles-ci ne parurent même pas s'apercevoir de sa présence et continuèrent à parler du nouveau filtre d'amour qu'elles avaient vu en vente dans la boutique des Weasley. Lola resta donc silencieuse jusqu'à l'arrivée à Poudlard.

En descendant du train, elle fut impressionnée à la vue d'un géant, barbu, à l'air sympathique. Il guida les premières années vers des barques à bord desquelles ils naviguèrent jusqu'au château. Malgré de nombreuses ruses, elle ne parvint pas cette fois à éviter la présence de garçons dans sa barque. Heureusement, la vue du château, magnifique, splendide, gigantesque lui laissa un court répit, les regards masculins pesant sur elle étant momentanément attirés par cette apparition quasi-fantastique.

Vint ensuite la cérémonie de répartition. Une professeure à l'air sévère (le professeur McGabonal d'après ce qu'elle en avait compris) les mena à travers d'immenses couloirs (comment allait-elle s'y retrouver, avec son sens de l'orientation si... inexistant ?) jusqu'à une salle encore plus immense que les immenses couloirs. On l'appelait la Grande Salle. Enfin quelque chose de sensé. Malheureusement, ça ne dura pas : on l'invita, elle et ses camarades, à s'asseoir en-dessous d'un chapeau... qui parlait. Le Choixpeau qu'ils l'avaient appelé.

Lorsqu'elle s'avança jusqu'à celui-ci, très intimidée, beaucoup de têtes se tournèrent vers elle et des murmures s'élevèrent de toutes parts. Les regards avides de tous les garçons présents dans la salle se posèrent sur elle, priant intérieurement pour qu'elle soit envoyée dans leur maison. Le Choixpeau, après une légère hésitation, fit son choix : elle ferait partie de la maison des Serpentards. Elle put voir les clins d'oeil victorieux des Serpentards et les regards surpris des filles de sa maison qui se demandaient ce qu'il était arrivé à leurs compagnons.

La jeune fille, timide, n'osait pas prendre la parole en face de tant de personnes et passa la fin du repas silencieusement. Elle capta seulement le regard d'une fille de deuxième année qui l'observait d'un air un peu étonné. Lola, quand elle s'aperçut que la jeune fille la regardait avec insistance, rougit et revint à son jus de citrouilles. La soirée se poursuivit sans autres "péripéties".

Après le repas, on guida les premières années jusqu'aux dortoirs. Lola essayait de mémoriser les différents couloirs qu'elle traversait, mais il y avait tellement de sculptures, tableaux (eux-aussi parlaient), fantômes sortant de nulle part, que la tête lui tournait et qu'elle eut l'impression d'être encore plus perdue qu'à son arrivée. Néammoins, elle aima beaucoup la salle commune et son grand lit à baldaquin. Après avoir jeté un coup d'oeil aux filles qui partageaient son dortoir et qui n'avaient pas l'air rassurée malgré une certaine fierté lisible sur leur visage, elle s'endormit sur la pensée de son père.

Le lendemain matin, elle se leva tranquillement, fit une rapide toilette, s'habilla et descendit à la Grande Salle pour prendre son petit-déjeuner. Enfin, essaya de descendre jusqu'à la grande salle. Bizarrement, après avoir traversé plusieurs couloirs, tous immenses, monté des escaliers qui n'en faisaient qu'à leur tête, croisé quelques filles de sa maison qui n'avaient pas l'air très souriantes ni très prêtes à la renseigner (étaient-ils décidement tous comme ça chez les Serpentards ?), elle se retrouva dans un escalier extérieur qui, espérait-elle, la mènerait jusqu'à la grande salle. Au lieu de ça, elle se retrouva nez à bec avec Ellie, venue lui faire la fête. En effet, loin d'être dans la chaleureuse et confortable Grande Salle, elle s'était retrouvé dans un endroit étrange et froid, peuplé de centaines de chouettes et autres hiboux.

"Oups... Ça ne devait pas être ça."

La jeune fille s'exaspérait elle-même. Comme elle aurait aimé que son père soit là pour la prendre par la main et la guider à travers ce château désespérément démesuré ! Parfois, elle aurait aimé n'être qu'une fillette, dans les bras de son père. Après quelques caresses affectueuses à son adorable chouette, elle se préparait à retourner errer dans les couloirs quand elle entendit un bruit de pas venant de l'escalier extérieur... Il n'était plus temps de fuir et elle espéra seulement que ce n'était pas un garçon...

Une deuxième année commençait alors qu'une magnifique blondinette fonçait dans un mur. Folle ? Non, elle ne l'était pas. En effet, c'est comme si le mur s'effaça alors que la fillette aurait du entrer en collision avec de solides briques. Sauf que une seconde plus tard elle avait disparue... Mais ne vous inquiétez pas nous allons la retrouver dans un autre monde. C'est sur le quai 9 3/4 de la gare de King's Cross, un quai qui n'était fait seulement pour les élus de la nature, ceux qui étaient couramment appelés "sorciers". La demoiselle retrouva ses amies, la petite sorcière préférait être tiré vers le haut, c'est pourquoi les amies qu'elle retrouva étaient toutes des 3ème année.

De quoi parlaient-elles ? Vous me demandez cela ? Mais regardez-les. Ces petites princesses (blondes pour la plupart) tellement maquillées que l'on ne pouvait même plus apercevoir la teinte de leur peau. Le fond de teint cachait leur joli minois. Sauf l'une d'elle. Celle dont je vous parlais au départ, la plus petite. Elle, elle avait juste assez de maquillage pour ne pas se faire rejeter de ses "amies", mais pas assez pour passer pour une pouf. En fait son look était assez passe partout. Vous aurez compris, ses filles ne pouvaient pas parler de Quidditch. Mais bien de leur conquêtes estivales. Chacune en avait eu plus d'une. Tout en parlant, elles montèrent dans un wagon laissant quelques gentil garçon porter leur valises à leur place.

Elles se trouvèrent une petite cabine qui leur plaisait. Malheureusement une présence masculine infestait le lieu. A voir sa grande taille, elles virent que c'était un 6ème ou 7ème année. Elles n'avaient pas beaucoup de chance de le virer mais elles allaient essayer. Devant la cabine les jeunes filles se concertèrent car elles voulaient cette fichue cabine. La plus jeune eu une super idée :

"Et si on l'exaspérait ? Parlons de mode, ou de shopping. Il partira vite.

- D'accord Aena, c'est une bonne idée."

Les filles entrèrent dans le compartiment qu'elles convoitèrent parlant de string et de soutient gorge (pardonner moi, mais il est 3h04...) En moins de 3 secondes le garçon n'était plus. Surement pas un Serpentard celui-la ! pensa la dénommer Aena. Continuant à parler Prada, le célèbre Poudlard Express se remplissait. Au bout d'un moment, une demoiselle rentra dans the compartiment. Aena la remarqua, mais elle faisait semblant d'être super intéressée par la discussion sur le filtre d'amour vendu par les frères Weasley. Elle n'eut donc pas le loisir de parler avec la jeune inconnue, mais elle se promit de lui parler plus tard.

Le voyage passa et la blondinette n'eut pas le temps de lui adresser rien qu'un petit salut. Ce qu'elles sont bavarde tout de même ! Il arriva le temps où elle devait enfiler leur uniforme, ce qui se fit vite. Puis elle arrivèrent (enfin !). Là les 1ère année se séparèrent du reste de la tribu pour aller vers les barques. Mais Aena y avait déjà eu le droit l'an passé. Cette année serait encore une nouvelle expérience, les calèches magiques. Le voyage en calèche fut aussi intéressant que celui dans le train. Sauf que Aena était émerveillé non pas par Kristie et ses chaussures avec des talons de 10cm mais par le voyage et la beauté des lieux.

Elles arrivèrent au château (on y croyait plus). Cette immense bâtisse était toujours aussi impressionnante même après une année passée à l'intérieur. La Répartition arriva, et finit pas assez vite au gout de la petite fille. Il eu d'abord l'interminable discours du Directeur, puis la vraie Répartition. Tous les regards des messieurs se tournèrent pour une certaine Lola Allbright. Mais le ventre de Aena gargouillait et elle ne pouvait pas se concentrer, tant pis. Des applaudissements retentirent à la table des Verts & Argent : Lola doit surement être des nôtres , pensa la demoiselle. La fin de la répartition se fit attendre mais bien récompensé. En effet, un énorme buffet était apparue comme par magie. La jeune Lola n'était pas loin de Aena et pendant une grande partie du repas, elle l'a regarda comme pour essayer de la déchiffrer. Mais n'y arriva pas. Quand le repas fut fini, Aena s'éclipsa dans les premières pour aller directement dans son dortoir.


La nuit fut agitée mais elle passa vite. Quand elle se réveilla il était 8h, elle essaya de se rendormir mais ce fut impossible ! Elle se leva et voulu aller prendre l'air. En plus elle devait aller hibouter une lettre. La jeune fille enfila donc son uniforme et alla à la volière. Quand elle arriva là-bas, elle fut surprise d'entendre un :

"Oups... Ça ne devait pas être ça."

Provenant du dit lieu. Pourquoi y avait-il du monde ? Mais elle devait déjà être repéré, tant pis pour la discrétion.

"Bonjour" dit-elle gentiment en voyant les couleurs de sa maison reflétées sur l'uniforme de la jeune fille.

Lola se retourna vers sa chouette, faisant semblant d'être occupée à lui remettre une lettre. Ainsi, pensa-t-elle, il y a une chance qu'on me laisse tranquille sans me demander ce que je fais à la volière à une heure si matinale.

C'est d'ailleurs ce qu'elle faisait depuis son enfance : eviter les ennuis, les situations embarrassantes, les explications (toujours beaucoup trop longues selon elle) en s'effaçant au regard du monde. Etait-elle, en quelque sorte, une lâche ? Elle se posait souvent cette question. D'où lui venait ce rejet des relations et des sentiments qu'elle pouvait ressentir au contact des autres ? Elle avait déjà essayer d'en parler avec son père, mais comme tous les pères, il s'était trouvé bien embêté devant les questions de sa fille, ne sachant que lui répondre et se contentant de la prendre dans ses bras en lui disant qu'elle était la plus belle et la plus intelligente des petites filles qu'un père puisse avoir. La fillette aurait pu se tourner vers sa mère mais celle-ci ne semblait jamais disposée à lui accorder plus de 5 minutes à son emploi du temps. Lola souffrait donc d'une grande solitude qu'elle n'arrivait même pas à s'expliquer. Elle aurait pourtant pu être entourée d'une garde rapprochée de jeunes hommes prêts à la servir mais elle n'imaginait même pas la situation.

Toujours est-il qu'elle fut très surprise d'entendre une voix féminine la saluer gentiment, elle à qui aucune fille n'adressait habituellement la parole. Elle se retourna vivement, failli tomber en s'emmêlant les pieds et se rattrapa, avec un stupide réflexe, à sa pauvre chouette qui en perdit quelques plumes. Celle-ci s'envola en poussant un hululement indigné, fouettant de ses ailes celle qui venait de saluer sa maîtresse. Lola vira au rouge en relevant la tête vers celle qui lui faisait face.

Elle fut stupéfaite de reconnaître la ravissante 2ème année qui l'avait regardée avec tant d'insistance pendant le repas de la veille. Elle n'en fut que plus rougissante. Elle l'observa un instant et, bizarrement, à la place de ressentir ce sentiment habituel qui la poussait à se renfermer sur elle-même au contact d'un autre, tout le malaise accumulé se dissipa. Cette fille... avait dans les yeux quelque chose qui remplit Lola d'une soudaine bouffée d'assurance. Quel étrange sentiment ! La nouvelle Serpentard le ressentait pour la première fois.

Sentant le feu de ses joues s'éteindre progressivement, elle répondit, sans aucune gêne, (et avec un sourire en plus de cela !) :

"Salut ! Désolée, je suis un peu maladroite, j'espère que ma chouette ne t'a pas fait mal... ?"

Elle sourit intérieurement en attendant la réponse de cette merveilleuse apparition. Elle commençait à croire vraiment en la magie tout compte fait...