Eryn pleurait et se retenait sans cesse de vomir. Elle se sentait faible, malade, sale. C'était une sensation terrible et inédite. Il faut dire que ce n'était pas tous les jours qu'elle couchait avec son pire ennemi.
La jeune femme venait de quitter sa maison dans un état pitoyable. Heureusement pour elle qu'elle pouvait transplaner car si quelqu'un l'avait aperçue dans son état actuel, il aurait immédiatement appelé la police, pensant qu'elle venait de se faire agresser. Mais finalement, sa nuit avec Smith n'en était pas si éloignée. Cela n'avait rien été d'autre qu'une longue et honteusement délicieuse agression.
Eryn tourna sur elle même, refusant de rester une seconde de plus devant cette maison maudite. Elle avait prit sa décision. Cette journée, cette nuit peut être même, elle resterait chez Peter. Pas qu'elle veuille sa compagnie comme ce fut le cas avant, mais elle avait besoin de son ami, de sécurité et il était le seul sur cette terre à pouvoir lui apporter les deux choses à la fois.
Serait-il chez lui ? Il était au moins dix heures du matin. Perturbée et égoïste, la jeune femme transplana tout de même. Elle verrait ce genre de détail une fois sur place, pour l'instant elle devait juste fuir le plus loin possible.
Eryn retomba lourdement à genoux sur le sol de l'appartement de Peter. La jeune femme se sentait si mal qu'elle n'était même pas parvenue à transplaner convenablement. Les yeux gonflés par les larmes, elle posa ses mains à plats et resta à terre, à genoux, totalement vulnérable. Eryn regarda le sol comme si la solution à ses malheurs y était inscrite. Comme si en cherchant bien, elle trouverait comment obtenir la paix une bonne fois pour toutes.

- Peter..., appela-t-elle dans un souffle. Peter ? Peter !

Sa voix se fit plus forte à chaque fois qu'elle prononçait son nom. Sans quitter les yeux du sol, Eryn se mit à pleurer plus fort. Ses bras tendus devant elle subissaient de forts tremblements. Jamais la femme ne parut plus faible.
Soudain, Eryn se demanda si elle ne tombait pas mal. Après tout Peter était surement avec une femme, occupé ou absent même. La rouquine ferma les yeux et pleura encore avec la sensation qu'elle allait s'évanouir à la moindre seconde. Pourquoi venait-elle l'embêter ? Pourquoi fallait-il qu'elle lui gâche la vie à chaque fois plus ? Et pourtant, son égoïsme fit qu'elle ne put bouger, transplaner ailleurs. Elle avait tellement besoin de lui.
Et enfin il entra dans la pièce. Quand elle posa les yeux sur lui, Eryn ressenti différentes émotions mais toutes furent impossibles à tolérer. Le soulagement, la honte, la culpabilité. Rien de ce qu'elle vivait ne lui était supportable.
Son regard se fit inquiet et c'était normal.
Eryn était tout simplement épouvantable à regarder. Ses cheveux étaient totalement décoiffés, sa bouche et son menton couverts de sang séché, le col de sa robe était tellement déchiré qu'il dévoilait une bonne partie de son coup et son soutien gorge. Désormais les marques qui tranchaient cette partie du corps étaient visibles. Les marques rouges, bleues, toutes étaient à portée de vue. Elle était pieds nus et tremblait violemment.
Il était clair qu'elle avait l'air de s'être faite agressée ou pire... violée tant son apparence traduisait une souillure brutale. C'était ainsi que Smith l'avait rendue, l'avait laissée : souillée. Et maintenant Peter la voyait ainsi à son tour. La peur dans les yeux, Eryn fixa celui dont elle avait terriblement besoin. Désorientée, elle ne savait pas vraiment ce qu'elle voulait, ses pensées se contredisant.
Quand il approcha, Eryn recula brusquement, repliée sur elle même, pleurant à chaudes larmes, sans quitter Peter des yeux. Elle avait l'air d'une enfant battue, sauvage mais surtout en détresse.
Elle avait surtout l'air de celle qui venait de vendre son âme au diable.

Eryn pleurait toutes les larmes de son corps. Le visage marqué par la peur, elle leva les yeux vers Peter. Il s'inquiétait pour elle, la regardait dans les yeux mais Eryn ne pouvait pas tolérer ça. Il était beau, il était pur, elle ne méritait pas le moindre de ses regards. Elle ne méritait pas d'être dans la même pièce que lui. Elle détourna les yeux.
Quand il voulu s'approcher, Eryn avait reculé brusquement. La jeune femme avait repliée ses jambes sur elle et croisé les bras autour dans une position protectrice, se balançant légèrement d'avant en arrière. Elle paraissait totalement traumatisée par un mal inconnu et qui n'était pas physique.
Peter s'approcha à nouveau d'elle mais Eryn fut prise de panique.

- NE ME TOUCHE PAS ! s'écria-t-elle en regardant le sol.

Elle attrapa ses cheveux et se replia à nouveau sur elle avant de réaliser qu'il s'était contenté de déposer une couverture sur elle. Encore une fois, il avait prouvé à quel point c'était un homme bien, malgré certains de ses écarts... Tremblante, la jeune femme la saisit et leva les yeux vers son ami. Etait-il en colère ? Inquiet ? Elle n'arrivait pas à définir ce qu'elle voyait. Tout ce qu'elle savait était ce qu'elle ressentait, rien d'autre.
Dans son égoïsme, Eryn était étouffée par sa honte. Elle se revoyait dans les bras du Mangemort, se souvenait de la sensation de ses baisers. Cette nuit avait été en dehors de la réalité et le retour fut violent.
Elle avait couché avec un homme.
Elle avait trompé Jackson, son amour, sa mémoire. Elle avait osé. La culpabilité qui la rongeait était si brutale qu'elle se sentait sur le point de s'évanouir. Comment avait-elle put faiblir si simplement ? C'était pire que ce qu'elle avait faillit faire avec Peter. Au moins, il avait été un ami, il avait prit soin d'elle et ce qu'elle ressentait pour lui était plus pur, beau. Alors que Smith... Impossible pour elle de ne pas repenser à son nom sans dégoût et haine. Il était Mangemort, il l'avait torturée, fait souffrir et humiliée tellement de fois. C'était si improbable qu'elle n'arrivait pas à comprendre comment elle était parvenue à se donner à lui. Elle le haïssait, elle voulait sa mort, sa souffrance et pourtant...
Eryn eu un flash de sa nuit. Elle plaqua ses mains sur ses tempes et pleura de plus belle. Une autre image revint. Cette fois-ci ce fut plus douloureux à supporter. La jeune femme porta une main à sa bouche et eu un hoquet. Les yeux grands ouverts, Eryn tenta de contrôler sa nausée mais n'y parvint pas. La rouquine se releva brusquement et couru jusqu'à la salle de bain dont elle poussa la porte avec une telle brusquerie qu'elle claqua contre le mur. A genoux au sol, Eryn parvint juste à temps au dessus de la cuvette et se vida de ses tripes pour la seconde fois de la matinée. Heureusement pour elle, l'appartement de Peter était petit. Elle vomit, cracha, toussa, tentant de se séparer de cette nausée qui la saisissait mais elle en était tout simplement incapable. La sorcière se releva tant bien que mal et se dirigea jusqu'au lavabo où elle rinça sa bouche. Ses jambes tremblaient violemment tandis qu'elle se passait de l'eau sur le visage. Quand elle aperçut son reflet dans la glace, Eryn fondit en larmes et ne put s'empêcher de retenir un coup de poing qui brisa le verre. Elle ne voulait plus se voir, elle ne voulait plus être elle. Elle voulait mourir et rien d'autre.
La main en sang, Eryn se laissa tomber à genoux et pleura encore et encore sur le sol de la salle de bain.
Elle ne sut pas quand, mais rapidement Peter fut à ses côtés au sol. Elle n'en était pas certaine mais elle eu la très forte impression de l'avoir saisit contre elle.

- Je suis désolée, dit-elle entre ses sanglots. Je suis désolée. Je suis désolée. Tellement désolée.

Comme une enfant, Eryn se mit sur les genoux de Peter et le serra contre elle. Elle s'imposait dans ses bras mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle était totalement perturbée. Demandant sans cesse pardon, elle pleura au creux de son cou, subissant des tremblements compulsifs violents.

- Pardonne moi.... Pardonne moi... Jackson... Pardonne moi...

Dans sa douleur, Eryn perdait le fil de la réalité. Elle demandait pardon à Peter, à Jackson. La jeune femme n'était plus vraiment cohérente et ce n'était que le début. Comme pour s'attacher à ce qui lui restait sur terre, Eryn resserra son étreinte et pleura encore plus, bien que ce fut surprenant qu'elle le puisse encore.

- J'ai tellement honte...

« Mais que t’ont-ils fait « murmura-t-il

Eryn ne parvint à trouver les mots. Sa tête posée au creux du cou de Peter, elle se contenta de hoqueter, les yeux ouverts et pourtant le regard vide. Ce qu'ils lui avaient fait ? Il n'y avait pas plusieurs hommes mais un seul. Le plus redoutable de tous car il menaçait Eryn physiquement mais aussi mentalement. Il était le seul adversaire qu'elle n'ait jamais rencontré capable de l'atteindre à ce point, de la détruire aussi profondément.

« oublie ça … «

Si la jeune femme n'était pas aussi mal, elle aurait eu un rire ironique. Oublier. C'était bien Peter, ça. Toujours oublier et faire comme si de rien n'était. Cependant elle ne pouvait pas. Il y a des blessures, des souffrances, des tortures que l'ont ne peut oublier, que l'on ne doit pas effacer. C'était impossible. Ce que Smith lui avait fait était désormais gravé dans son âme et en porterait la honte éternellement.

« Tu es à l'abri maintenant «

Eryn mit plusieurs secondes à parvenir à parler. A l'abri ? Jamais plus elle ne le serait, même si être dans les bras de Peter, le sentir contre elle et entendre sa voix à son oreille étaient ce qui se rapprochait le plus à ses yeux de la sécurité.

- Je ne suis pas à l'abri dans ma tête, dit-elle entre ses sanglots.

Le silence revint dans la pièce, uniquement brisé par les sanglots ponctuels d'Eryn. Puis, Peter passa ses bras derrière ses genoux et dans son dos. Si elle ne se sentait pas aussi sale, aussi impure, elle aurait surement vécut ce geste comme un délice, mais maintenant, elle avait l'impression de pervertir Peter à son contact.
Avec douceur, il la déposa sur le canapé du salon. Dès qu'il la lâcha, Eryn recula et replia ses jambes sur elle et croisa à nouveau ses bras autour de ses genoux, le regard vide et terrifié.
Des images de sa nuit en compagnie de Smith tournaient dans sa tête tandis que le silence s'installait dans la pièce. Pourquoi était-elle ici ? Des larmes coulèrent sur ses joues tandis qu'elle leva les yeux vers Peter. Pas besoin d'être devin pour savoir qu'il mourait d'envie de comprendre. Après tout, c'était légitime. La sorcière avait débarqué chez lui de beau matin, les vêtements déchirés, le corps couverts de marques et surtout, le mental dévasté.
Son souffle était irrégulier tandis qu'elle cherchait les mots. Comment raconter ? Que dirait Peter en apprenant la vérité ? Allait-il se mettre en colère ? C'était évident et pourtant Eryn pria pour qu'il ne le fasse pas. Elle ne supporterait pas qu'il la juge. Sa propre conscience le faisait déjà bien assez, elle n'avait pas besoin d'une autre personne pour ça. Non, elle voulait Peter, son ami.
Parce qu'elle lui devait des explications, Eryn prit son courage à deux mains et entreprit de tout lui raconter le plus honnêtement possible. La jeune femme chercha les mots. C'était terriblement difficile car la honte l'empêchait de parler, la pudeur d'être précise, et la culpabilité d'avouer.

- Je chassais deux Mangemorts, commença-t-elle lentement. J'allais attaquer quand... quand Smith est arrivé. (elle renifla doucement) Il m'a cachée et les a fait partir et s'est foutu de moi. D'après lui je n'étais pas assez forte. Pas assez puissante. (elle eu une expression de colère) Alors on s'est disputés dans la rue. C'était violent. Je lui ai crié que s'il voulait me tuer qu'il le fasse au lieu de se foutre de moi. J'étais à bout. Surtout depuis son anniversaire.

Eryn renifla à nouveau et sécha ses larmes d'un geste maladroit. Elle se souvenait de l'état dans lequel elle s'était trouvée la vieil au soir, avant qu'elle ne rencontre Smith. Eryn était totalement perturbée parce qu'elle avait faillit faire avec Peter, par ce qu'elle ressentait pour lui alors qu'elle n'en avait pas le droit. Il était le meilleur ami de son défunt mari, il était intouchable.
Et elle était une honte à sa mémoire.
La jeune femme fondit à nouveau en larmes avant de se reprendre. Elle respira profondément et reprit la parole.

- Il a voulut transplaner alors que je le tenais par la robe, poursuivit-elle. Je me suis retrouvée chez lui. Pour la seconde fois. On s'est encore disputés dans son bureau et là il m'a attaquée. J'ai percuté son étagère et je me suis retrouvée sous les débris. J'ai beaucoup saigné. (elle montra son bras droit et releva sa manche, dévoilant une entaille impressionnante provoquée par un bris de verre) J'étais tellement en colère... Je me suis encore emportée et là il... il m'a...

Eryn porta une main à sa bouche et eu un hoquet. Elle fondit en larmes tandis qu'elle revoyait le Mangemort la saisir par la nuque et l'embrasser avec fougue. Elle ressentait encore ses mains la porter sur son bureau, sa taille contre la sienne. C'était une véritable torture. Elle ne voulait pas se souvenir, ne pas revoir ce qui s'était passé.
La jeune femme attrapa ses cheveux et ferma les yeux, son visage torturé par la honte.

- Toute la nuit... je n'ai rien put faire..., laissa-t-elle échapper, incapable d'être plus claire.

La jeune femme reposa la tête sur le dossier du canapé et enfouit son visage dans ses mains, ses épaules se soulevant régulièrement au rythme de ses pleurs. Eryn était dévastée, ravagée mais surtout souillée par sa nuit avec le Mangemort. Maintenant qu'elle n'était plus dans ses bras elle n'arrivait même pas à concevoir ce qui s'était produit. Comment avait-elle put être assez faible pour laisser les évènements se produire ? C'était tellement improbable !

- Il m'a souillée...! ajouta-t-elle sans regarder Peter.

C'était vrai. Jamais plus elle ne serait la même et Eryn n'arrivait même pas à envisager toucher un autre homme de sa vie, pas même Peter tant elle se sentait sale, dégoûtée d'elle même.
La jeune femme fondit à nouveau en larmes.

Eryn renifla doucement. Elle venait de tout avouer à Peter, c'était fait, c'était dit. Elle ne tarda pas à noter la façon dont elle avait présenté les choses malgré elle, comment elle avait presque contre sa volonté décrit Smith comme était le seul responsable de ce qui s'était passé entre eux. Évidemment, il avait provoqué cet incendie, mais Eryn avait entretenu la flamme.
Que dirait Peter ? La jugerait-il ? La jeune femme voulut croire que non, qu'il était son ami et que l'état dans lequel elle se trouvait actuellement ne pouvait pas être pire. Il ne serait pas assez cruel. Et pourtant, elle entendit le jeune homme échapper un rire sans joie.
Le coeur de la sorcière cessa de battre un instant avant de reprendre plus vite.
Que se passait-il ?
Apeurée, Eryn leva ses yeux baignés de larmes vers lui, tandis qu'il quitta brusquement le canapé et lui tourna le dos. Elle senti une boule supplémentaire se former au creux de son ventre quand elle remarqua les poings serrés de son ami. C'était mauvais signe...
A qui en voulait-il ? Smith ? Eryn ? Elle ne voulait pas de réponse maintenant qu'elle avait tout dit. Elle regretta d'être venue ici rechercher de l'aide alors qu'elle ne trouverait rien d'autre qu'une souffrance supplémentaire. Et si Peter ne lui en voulait pas ?

« Comment as-tu pu laisser tout ça se produire … » dit-il le visage neutre

Eryn ne respira plus. Elle avait entendu ce que Peter venait de dire mais son cerveau refusait clairement cette idée. Non, il était son ami, il n'avait pas le droit de l'accuser ! La jeune femme senti le poids dans son ventre s'alourdir tandis qu'elle réalisa que la seule personne sur cette terre capable de l'aider et la soutenir n'était nulle autre qu'elle même. Peter n'en était pas capable, elle ne pouvait pas compter sur lui. A la première occasion, la première faiblesse, il la rendait coupable, lui jetait la pierre.
Son premier réflexe fut de trouver les mots, de chercher dans sa mémoire des arguments qui prouveraient son innocence. Smith l'avait embrassée par surprise. Mais elle lui avait rendu son baiser. Peter l'avait repoussée et elle se sentait seule. Smith avait été là. Oui mais il était Mangemort.
Tout allait contre elle. C'était ce que l'on pouvait appeler une erreur capitale. Rien ne pouvait atténuer sa culpabilité, elle devait en payer le prix fort. Et Peter qui n'était pas là pour l'aider comme elle l'avait si bêtement espéré...

- Peter..., murmura-t-elle d'un ton suppliant avant qu'il ne lui coupe la parole.
« Tu a pourtant réussi à me résister a moi … mais pas à lui … » continua t'il la voix tranchante comme du verre.

Ses mots firent naître en Eryn un désespoir destructeur. L'impression de déjà vu fut terrifiante. Elle eu l'impression de revenir quelques semaines en arrière, elle en sous vêtements chez Peter qui lui annonçait de cette même voix doucement cruelle qu'il avait d'autres femmes dans sa vie et qu'elle n'importait pas plus qu'une autre. Ce fut exactement les mêmes émotions qui la saisirent à cet instant. Suivant le même schémas, la jeune femme rousse fut d'abord déstabilisée. Elle rejeta en bloc les propos de l'Auror avant de réaliser que ce n'était rien d'autre que la vérité, que le fond de sa pensée à l'état brut. Puis vint le désespoir. Elle voulut se jeter à ses pieds, lui demander pardon, trouver toutes les excuses du monde afin qu'il accepte de la reprendre.
Mais parce qu'elle était Eryn Peters, la rage vint détruire tout autre sentiment.

- Je t'ai résisté ? demanda-t-elle à voix basse avec un rire sans joie. JE t'ai résisté ?!

Eryn se leva du canapé et fit face à Peter, bien qu'elle se trouve à deux mètres de lui. Les tremblements étaient encore présents mais tout autres. Elle n'avait plus l'air d'un animal blessé bien qu'elle en porte encore les marques. Non, ses yeux brûlaient d'un feu sanglant dont le regard n'avait nul autre but que de torturer Peter autant qu'il le faisait.
Plus les secondes s'écoulaient, plus la jeune femme avait l'impression d'être sur le point d'exploser.

« Tu n'as pas pu résister à un mangemort ... »

Elle eu un autre rire sans joie et posa les mains sur ses hanches, le regard toujours plus assassin.

- Non, Peter. Le problème n'est pas que ce soit un Mangemort ! (elle le pointa du doigt) Le problème est que je me sois retrouvée dans les bras d'un autre ! Et ça tu ne le supportes pas !

Plus elle parlait, plus sa voix devenait forte. Il n'avait pas le droit de lui reprocher cette nuit où il ne s'était presque rien passé entre eux. Car si au dernier moment il ne l'avait pas traitée comme une moins que rien, elle ne se serait jamais emportée, elle ne se serait pas retrouvée à nouveau en la présence de Smith et elle aurait eut la force de lui résister.

- Je te rappel que cette nuit là, TU m'as traitée comme une moins que rien ! TU m'as dit que je n'avais pas plus de valeur qu'une autre de tes PÉTASSES ! ALORS NE ME JUGE PAS ! JE T'INTERDIS DE ME REPPROCHER D'AVOIR ETE AVEC UN AUTRE HOMME QUE TOI ALORS QUE TU ES LE SEUL QUE JE DESIRE !

Maintenant elle pleurait, mais de rage. Ses mains tremblaient tandis qu'elle vidait sa colère sur celui qu'elle pensait être son ami. Pour qui se prenait-il ? De quel droit lui reprochait-il d'avoir été avec un autre alors qu'il l'avait repoussée ? N'était-elle rien de plus qu'une poupée à disposition ? On fait ce que Peter désire quand il le désire ? Non. Elle avait beau avoir couché avec un Mangemort, elle n'avait pas perdu la raison à ce point.
La jeune femme se passa la main dans les cheveux, se mordant la lèvre. Sa rage était sans limite, bien plus que lorsqu'elle s'était retrouvée avec Smith. Car elle venait de réaliser qu'elle perdait la seule personne qui lui restait sur terre. Elle détruisait tout mais s'en moquait. Si Peter l'avait premièrement blâmée d'avoir été avec un Mangemort, elle lui aurait demandé pardon. Mais ce n'était pas le cas. C'était pire. Il se foutait d'elle complètement.

- Pose toi cette question, reprit-elle à voix basse mais menaçante, le visage baigné de larmes. Pourquoi me suis-je donnée à un Mangemort ? Ne serait-ce pas parce qu'il me considère comme une adversaire redoutable ? Parce que malgré la haine que je lui porte et qui est réciproque, il sait malgré lui qu'il ne rencontrera pas d'autre femme comme moi. Smith et moi nous connaissons depuis des mois. DES MOIS ! Nous nous sommes affrontés ! Insultés ! Humiliés ! Il m'a sauvé la vie et j'ai sauvé la sienne ! Il n'est pas juste un Mangemort ! (elle baissa à nouveau la voix) Il est mon pire ennemi.

La jeune femme reprit son souffle. C'était tout simplement délirant. Maintenant elle prenait la défense de Smith. Mais quand elle poursuivit, elle comprit que ce n'était pas si étrange que ça.

- Toi, Peter, mon... Ami. (elle prononça ce mot avec ironie) Quand je t'ai choisit comme premier amant depuis la mort de mon âme sœur, de l'AMOUR DE MA VIE ! Quand je t'ai choisit TOI ! Pas parce que tu étais là, mais parce que... parce que je... ! (elle se mordit la main avant de poursuivre) Que m'as-tu dit ?! QUE TU AVAIS L'HABITUDE ?! QUE JE N'ETAIS PAS SI DIFFERENTE ?! ALORS JE T'INTERDIS DE ME JUGER PETER ADAMS CAR TU M' AS INDIRECTEMENT POUSSEE DANS SES BRAS !

Eryn posa ses mains sur ses tempes avant de se remettre à crier. C'était un dialogue de sourd, à celui qui parlerait le plus fort.

- NE ME JUGE PAS ! NE ME JUGE PAS ! TU N'AS PAS LE DROIT ! MOI QUI CROYAIS QUE TU ETAIS MON AMI ! APRES TOUT CE QUE J'AI FAIT POUR TOI ! CA NE COMPTE PAS ?! MEME CA VENANT DE MOI N'A AUCUNE VALEUR ?!

Eryn était malade. La dispute partait dans une direction imprévue. Le problème n'était plus Eryn et un Mangemort mais Eryn et Peter. Smith n'était plus le sujet de conversation mais plutôt cette nuit où tout avait faillit se produire entre elle et l'Auror.

- MAIS SI TU NE M'AVAIS PAS TRAITEE AINSI POURQUOI AURAIS-JE CRAQUE FACE A LUI ?! SI JE M'ETAIS DIT QUE TOI TU POUVAIS COMBLER MA SOLITUDE, POURQUOI ME SERAIS-JE RABAISSEE A LE FAIRE AVEC UN MANGEMORT ?!

Elle s'assit sur le canapé, en larmes. Pourtant sa rage était toujours aussi violente. Alors comme ça ce n'était rien d'autre que de la jalousie ? Elle souffrait déjà d'avoir couché avec Smith, Peter voulait la rendre coupable de ne pas l'avoir fait avec lui ? C'était tellement improbable !

- JE TE CROYAIS PLUS FORTE QUE CA ! MA FORCE A SES LIMITES PETER ! AVEC TOUS LES SORCIERS DES ALENTOURS ! PARCE QUE TU ME CROIS CAPABLE DE LE FAIRE AVEC LE PREMIER VENU ?! JE NE SUIS PAS TOI ! IL A FALLUT QUE CE SOIT UN MANGEMORT ? JE N'AI RIEN CHOISIT DU TOUT ! JE NE VOULAIS PAS ! CELUI QUE TU SEMBLES DETESTER PAR-DESSUS TOUT ! JE LE DETESTE PETER ! NE TE FICHES PAS DE MOI ! PARCE QUE MAINTENANT C'EST MOI QUI SE FICHE DE TOI ?!

Eryn criait sur Peter comme elle ne l'avait jamais fait. Depuis le temps qu'ils se connaissait, pareille dispute n'avait jamais eu lieu entre eux. C'était violent, c'était terriblement triste. Ils criaient presque en même temps, l'un voulant imposer ses pensées à l'autre.
« Les sorciers des alentours » ? C'était une plaisanterie ? Eryn n'osait croire ce qu'elle entendait. Et puis c'était si peu cohérent... Pourquoi lui parler d'autres hommes après lui avoir reproché de ne pas avoir résisté à Smith mais à lui même. Eryn ne suivait plus le raisonnement de Peter. Maintenant il était en colère parce qu'elle avait été avec un Mangemort ou avec un autre homme simplement ?
La jeune femme eu un mal de crâne douloureux.

- NE ME RENDS PAS RESPONSABLES DE TES ACTES ! JE NE TE RENDS PAS RESPONSABLE ! J'ASSUME CE QUE J'AI FAIT !

Eryn était maintenant sur le canapé. Ses coudes sur les genoux, le visage entre les mains, ses jambes tremblaient tellement qu'on avait l'impression qu'elle faisait des convulsions. Ce que Peter venait de lui dire était la pire chose qu'elle n'ait entendu. Elle aurait aimé le supplier de ne pas la réconforter, lui dire qu'elle méritait d'être jugée sans pour autant l'être à voix haute, mais Peter s'était effectivement payé ce luxe. Elle avait la tête sous l'eau, il la maintenait au lieu de l'aider à trouver comment respirer à nouveau.
Elle avait couché avec Smith. Elle avait couché avec un Mangemort. C'était la pire chose qu'elle n'avait jamais fait de sa vie et comment s'en remettre maintenant qu'elle perdait Peter ? Il avait raison, dans sa colère, elle avait rejeté la faute sur lui, elle avait prétendu qu'il l'y avait indirectement poussée. Mais la seconde fois, quand Smith l'avait attirée dans son lit et défiée de recommencer, elle avait pleinement accepté, tombant dans le piège de la provocation les yeux pourtant bien ouverts.

« Pourquoi est tu venu ici après … « demanda-t-il en se retournant vers elle « Pourquoi venir ici si je suis responsable de tout ça ? »

Elle retira son visage de ses mains et se tourna vers lui, les yeux baignés de larmes. Comment ? Comment pouvait-il lui parler ainsi vu l'état dans lequel elle se trouvait ? C'était tellement cruel ! Elle souffrait physiquement, mentalement, elle était au fond du trou et Peter ne l'aidait pas comme il le devrait en temps qu'ami. La sorcière se mordit la lèvre si fort qu'on aurait put croire qu'elle voulait se faire saigner, levant les yeux au ciel comme pour invoquer de l'aide.

- Pourquoi ? répéta-t-elle en cherchant ses mots.

Eryn porta sa main à sa bouche et comme pour ronger ses ongles, incapable de savoir comment raconter les choses. Peter n'allait rien faire d'autre que la juger à nouveau de toute manière.
Le silence s'installa à nouveau entre eux tandis qu'Eryn prit son temps avant de raconter pourquoi elle avait le stupide espoir de trouver du réconfort ici.

- Ce matin, commença-t-elle lentement, le regard vide. Quand je me suis réveillée, je me suis sentie en sécurité, comme jamais depuis deux ans. J'avais dormi sans avoir peur qu'on ne m'assassine dans mon sommeil. C'était terriblement agréable.

Eryn marqua un temps. Allait-il comprendre ?

- Pendant quelques secondes, j'ai cru que Jackson se trouverait à mes côtés. Mais il est mort. Alors j'ai touché le matelas à côté de moi, pensant t'y trouver, car tu étais la seule personne capable de me procurer ce sentiment de sécurité.

Elle ne le regardait toujours pas tandis qu'elle poursuivit son histoire. Elle ne pleurait plus et parlait sans émotion.

- Puis je me suis souvenue que ce n'était pas dans tes bras que j'avais passé la nuit. Je me suis levée brusquement. C'était horrible... (les larmes refirent surface) J'étais nue dans un lit plein de sang, mes vêtements déchirés et mon corps... (elle porta une main à sa bouche, pensant être sur le point de vomir avant de se reprendre) Quand je me suis vue nue dans le miroir de la salle de bain, j'ai vomit. J'ai prit mes affaires et me suis sauvée, car évidemment, il était parti en me laissant derrière lui.

Eryn renifla. Sa voix se fit plus chancelante tandis qu'elle poursuivit toujours sans le regarder. C'était trop dur, trop cruel que de subir les yeux de Peter sur elle.

- J'étais perdue, j'avais peur. Je suis consciente de l'erreur que j'ai commit et j'en ai tellement honte que j'ai envisagé le fait de mourir. Mais ton nom est venu à mon esprit. Toi seul pouvait m'aider à avancer. Si Jackson ne peut plus me pardonner aujourd'hui, si je ne peux pas me pardonner, toi seul le pouvais. Mais tu n'en es pas capable et je te comprends parfaitement. Je ne suis rien d'autre qu'une ordure, une souillée !

Elle se cacha à nouveau le visage dans les mains et fondit en larmes. Elle ne méritait même pas de demander le pardon de Peter, d'être en sa présence après ce qu'elle avait fait. Si lui ne pouvait pas l'aider, personne ne le pourrait. Mais qui était-elle pour oser lui demander son aide ? Comment osait-elle ?

- Je suis désolée mais j'ai besoin de toi Peter, échappa-t-elle entre ses sanglots. Je ne devrais pas être là, je ne devrais pas te dire ça, mais je n'ai pas la force, je n'y arriverai pas seule parce que je sais que ce que j'ai fait n'est rien d'autre qu'une erreur.

Elle leva les yeux vers lui, l'appelant au secours.

- Quand je me suis retrouvée ici la première fois, j'ai dit que je ne demanderai pas pardon parce qu'à mes yeux je n'avais pas commit d'erreur en étant avec toi. Aujourd'hui, je te le demande à propos de... lui.

Eryn soupira et se passa la main dans les cheveux, tremblante, avant de refondre dans une véritable crise de larmes. Brusquement, elle se leva du canapé et s'avança vers lui. Fébrile, elle posa les mains sur son torse nu. Tellement perturbée, elle n'avait même remarqué sa nudité partielle. Elle était vraiment mal en point.
Le désire qu'elle ressenti pour lui ne fut que furtif, inondé par la honte. Quand elle le touchait, elle ne voulait pas l'embrasser, elle ne voulait pas goûter au plaisir charnel que seul Peter serait capable de lui fournir. Eryn ne voulait rien d'autre que de la chaleur humaine, un contact, une présence.
Eryn leva ses yeux gonflés par les larmes vers Peter. Elle était horrible à regarder, elle en était certaine. Mais la seule chose qui l'importait était qu'il la prenne dans ses bras, qu'il la console, comme une enfant.

- Ne me repousse pas Peter, je t'en supplie, pas une seconde fois. J'ai besoin de toi, de mon ami. Tu es tout ce qui me reste. Je sais que je ne te mérite pas, mais s'il te plait.

Puis elle se blottie contre lui, laissant couler sur son torse ses larmes brûlantes. Eryn s'imposa dans ses bras mais tant pis. S'il la repoussait, elle en subirait les conséquences bien que la sorcière ne sache pas jusqu'où ce malêtre qu'elle ressentait la pousserait.

Il y eu cet instant où Eryn pensa sérieusement que Peter ne la prendrait pas dans ses bras, qu'il ne supportait pas sa présence à ce point, qu'il la considérait comme sale. Pourtant, après un moment qui lui parut interminable, la jeune femme senti les mains de Peter se refermer sur elle, ses bras la serrer. Le sentiment de chaleur qui la saisit fut indescriptible. Eryn ressera son étreinte et pleura de plus belle. Cette fois-ci, de joie. Dans les bras de l'Auror, elle se sentait chez elle, sur un nuage et protégée. Personne ne viendrait lui faire du mal, elle n'avait pas besoin de prétendre être la plus forte, Peter était là pour elle, il la soutiendrait.
La sorcière sentait sa chaleur, la douceur de son torse nu contre elle avec l'impression de ne pas mériter ça et pourtant c'était terriblement agréable. Eryn n'était pas seule pour la première fois depuis deux ans.
C'est à cet instant que la honte fut la plus forte. La rouquine se senti étouffer, pas à sa place dans ce lieu si chaleureux qu'étaient les bras de Peter. Il était adorable avec elle, il la protégeait, lui pardonnait alors qu'elle avait commit l'irréparable. Si seulement c'étaient dans ses bras qu'elle s'était levée... ! Mais elle avait passé la nuit avec Smith, son ennemi.

« Je te proposerai bien un petit déjeuner mais j’ai peur que tu te proposes de cuisiner … »

Malgré les larmes, Eryn eu une éclat de rire faible et humide. Elle ne put le contenir car ce que venait de dire Peter n'était rien d'autre que la preuve qu'il la connaissait comme personne.
Manger ? Maintenant que Peter en parlait, elle se rendit compte qu'elle avait faim. Mais la simple idée de s'imaginer en train d'avaler quelque chose lui noua l'estomac.
Quand il la relâcha, Eryn senti un courant d'air froid la parcourir. La sorcière ne voulait pas qu'il ne la relâche, elle voulait rester dans ses bras éternellement, ne jamais retourner dehors et faire face à la réalité. Plus jamais.
Doucement, il se pencha vers elle et plongea ses yeux dans les siens.
Ce qu'elle ressenti à cet instant, Eryn aurait put en parler pendant des heures. En une fraction de secondes, une infinité de questions et de sentiments se bousculèrent dans son esprit, le tout colorant légèrement ses joues de rose. Peter avait des yeux magnifiques, tendres. Quand il parla, elle eu l'envie de l'embrasser, de toucher ses lèvres si fort qu'elle en eu presque mal. Mais immédiatement, un sentiment profond de honte la saisit, mais aussi dégoût. Pas envers Peter, loin de là. Mais envers elle même. Eryn ne se supportait pas, elle ne voulait plus être elle même, ne plus exister.

« Mais fais moi confiance tu es en sécurité ici , et ce quoi qu'il arrive »

Les larmes lui vinrent aux yeux. Peter... Comment lui faire comprendre à quel point ce qu'il venait de lui dire comptait pour elle ? Qu'il était formidable et qu'elle ne le méritait pas. Elle ne méritait pas son amitié et se haïssait d'avoir agit ainsi.
Avec douceur, il l'amena jusqu'au canapé. Eryn eu l'impression qu'elle pouvait le suivre jusqu'au bout du monde sans jamais opposer aucune résistance, mais aussi qu'elle était prête à s'effondrer à la moindre seconde. Comment avait-elle put se détruire à ce point ?
Assise face à lui, elle ramena légèrement ses jambes sur elle. Peter n'avait pas lâché son bras et elle comprit alors qu'il avait décidé de la soigner. La jeune femme entrouvrit la bouche, comme pour parler, mais elle ne trouva pas les mots. L'Auror faisait preuve de respect envers elle. C'était tellement étrange, elle avait l'impression de retrouver son ami, son Peter. Mais alors, qui était celui qui lui avait clairement dit qu'elle s'était jetée sur lui, qu'il avait l'habitude de ce genre de comportement chez les femmes, qu'elle n'était pas différente d'une autre ? En le regardant, Eryn eu du mal à se dire qu'ils étaient les mêmes personnes. Quelque chose n'allait pas l'histoire.
Lentement, la plaie se referma. Si seulement il pouvait en être ainsi pour son cœur !
Soignée, il eu un moment où elle ne sut vraiment ce qu'elle voulait. Dormir, c'était certain. Mais quand il la lâcha, elle ressenti le besoin de se laver, elle se sentait sale.

- Hum... Peter, dit-elle timidement en haussant une épaule. Est-ce que je peux prendre une douche ? J'ai besoin de me... laver.

La jeune femme se leva.

- Non, reste. Je suis déjà venue après tout.

Elle ne voulait pas que Peter se sente obligé de prendre soin d'elle même si elle était clairement venu ici pour ça. Sa simple présence suffisait, le reste, elle pouvait tout faire par elle même. La sorcière ne voulait pas l'embêter davantage.
La jeune femme saisit son petit sac et alla jusqu'à la salle de bain. Elle fit couler l'eau et attendit qu'elle soit brûlante. Le genre de température que le corps ne supporte qu'un temps très limité. Mais elle s'en moqua. Sous l'eau, elle laissa sa peau se brûler lentement, faisant apparaître des plaques rouges un peu partout. C'était comme si elle voulait détruite chaque centimètre qui avait été en contact avec Smith. Elle ne voulait rien garder, tout détruire.
Sous la douche, elle pleura, se griffa, se lava autant que faire ce peut. C'était douloureux et pourtant jouissif. Elle eu tellement honte que son souffle se coupait par instants. La rouquine avait déshonoré son mari de la plus belle et puissante des façons. Il était mort. Elle était veuve depuis deux ans. Pourtant, elle ne sut si c'était le fait d'avoir été avec un autre homme qui la déstabilisait à ce point ou le fait que ce soit un Mangemort. Et Peter ? Il n'était plus en colère contre elle ? Lui pardonnait-il son erreur ? Eryn pleura à nouveau. Être pardonnée était aussi douloureux qu'être blâmée.
De la fumée s'échappait de sa peau tandis qu'elle coupa l'eau et saisit une grande serviette de bain qu'elle enroula autour d'elle, prenant bien soin de ne pas regarder son corps souillé. La jeune femme se coiffa les cheveux qu'elle laissa sécher à l'air libre et alla dans la chambre de Peter. Le lit était défait, elle l'avait surement réveillé. Elle s'assit un instant sur le matelas, le regard dans le vide, encore humide. Il fallait qu'elle s'habille mais n'en avait pas la force. La serviette dévoilait une bonne partie de ses jambes, dont quelques bleus sur les cuisses.
Eryn passa la mains sur les draps qu'elle toucha avec autant de respect, de douceur et de sentiments que si ce fut la peau de Peter. Lentement, elle s'allongea sur le lit mit la tête sur son oreiller, à l'endroit où lui posait le sienne. Elle l'imaginait dormir paisiblement puis, elle fut incapable d'empêcher son cerveau de lui envoyer les images, l'Auror faisait l'amour à des femmes sans visage dans ces mêmes draps. Ces femmes toutes plus belles les unes que les autres, il les embrassait, les saisissait avec douceur et passion, leur caressait les cheveux... Eryn revit alors Smith la toucher et les larmes revinrent. Fortes, insurmontables. La rouquine mordit dans l'oreiller pour s'empêcher de crier de douleur mais c'était presque inutile.
Sa souffrance brûlait son âme.

Pourquoi Tu Pleures ?

La douleur que ressentait Eryn était presque physique. Son sang s'était solidifié et rongeait tel un acide ses veines, ses organes, son cerveau, son cœur. La jeune femme avait beau respirer à pleine bouche, l'air ne semblait pas accéder jusqu'à ses poumons, disparaissant en court de route. Suffocante, Eryn avait mal à la tête. Son cerveau cognait avec force contre son crâne, comme si tout était anormalement contracté. Mais ce qui lui faisait le plus mal était évidemment son cœur. La douleur était indescriptible. Il brûlait, se tordait, recevait les coups de poignard que lui lançait sa conscience, subissait des décharges électriques inappropriées, battait subitement plus vite pour cesser avant de reprendre, le tout dans un délire dont la souffrance n'avait pas de mot ni de remède, pas même la mort.
Eryn mordait dans son oreiller comme si on tentait de lui retirer une balle à la pince à épiler. C'était barbare.

« Eryn » commença-t-il en approchant sa main de la sorcière

Quand était-il arrivé là ? Eryn ne voulait pas qu'il la regarde, qu'il la voit dans cet état. C'était encore pire qu'à son arrivée, elle était hystérique. Pourquoi l'idiote était-elle venu se montrer ainsi devant Peter ? Pourquoi n'était-elle pas plus forte ? Capable d'assumer au lieu de pleurer dans ses draps ? Elle était ridicule, indécise. Elle voulait être seule, mais elle ne voulait pas qu'il parte.
Peter tenta de la toucher et la réaction de la jeune se fut si rapide qu'elle ne comprit qu'après avoir agit. Redressée, elle fixa son ami de ses yeux brûlants, le souffle court. Elle saisit sa serviette de bain qu'elle resserra avant qu'elle ne s'ouvre.
Il avait parlé avec douceur et pourtant Eryn avait eu peur de lui. Peter ne lui ferait rien, au contraire. Il était là pour elle, il s'inquiétait et ça se voyait dans ses yeux. Il l'aiderait, la soutiendrait et prendrait soin d'elle. Alors pourquoi refuser qu'il ne la touche ?
Tout simplement parce qu'elle estimait qu'il n'avait pas à le faire, qu'il se salirait à son contact. Elle avait été touchée par un Mangemort, de partout. Un homme aussi pur que Peter n'a rien à faire avec une femme comme elle.
Peter tenta à nouveau de s'approcher mais elle refusa de se laisser faire, incapable de parler, de lui dire les raisons profondes de son désarroi. C'était la première fois de sa vie qu'elle était autant déchirée. Elle voulait Peter. Le désire qu'elle ressentait pour lui était si fort qu'il lui faisait mal. Néanmoins, la honte qui la parcourrait brouillait toute piste de sentiments pures et sincères, faisant qu'au lieu de se laisser aller dans les bras de l'Auror, malgré son envie, Eryn n'était capable de rien d'autre que le repousser.

« Calme-toi »

Peter s'assit sur le lit et ne bougea plus. Eryn qui était sur les genoux s'assit lentement, le souffle court, sans pour autant le quitter des yeux. Pourquoi ne pouvait-elle pas aller simplement dans ses bras et s'endormir paisiblement ? Elle ne faisait rien de plus que demander de l'aide à la seule personne qui lui restait, la seule capable de comprendre ou imaginer ce qu'elle ressentait. Jackson lui en voudrait-il ? Non. C'était étrange car Eryn savait au fond d'elle que même si elle refaisait sa vie, il ne lui en voudrait pas. Les nombreuses fois où elle avait rêvé de son mari lui reprochant son désire pour Peter, elle avait trouvé les paroles vides de sens une fois réveillée. Jackson n'était pas comme ça, il ne jugeait pas les gens et les pardonnait. Il était humain tout autant qu'eux et estimait qu'il n'avait pas ce droit. Et pourtant, Eryn pleurait, souffrait à l'idée qu'il puisse lui en vouloir. Pourquoi malgré la raison, elle n'arrivait pas à agir ?
Peut être parce que le seul homme qu'elle désirait véritablement n'était nulle autre que le meilleur ami de son mari mort. Et Selena ? La rouquine préférait ne pas imaginer ce que dirait la magnifique blonde si elle venait à le découvrir. Oui mais découvrir quoi ? Comment ? Ils étaient morts. Morts. Cela signifiait donc qu'Eryn souffrait parce qu'elle avait été avec un autre homme ou avec un Mangemort ?
Quand il la ramena contre lui, la sorcière ne se laissa pas faire bien qu'elle ne veuille rien d'autre que se trouver dans ses bras. A quoi jouait-elle ? Son comportement n'avait absolument aucune logique.
Elle pleura, tenta de l'éloigner avec une demi volonté mais Peter ne lâcha pas prise. Sans se montrer violent, il était ferme lui prouvant qu'au delà de son apparence d'homme sage et calme, il était capable de la canaliser.

« Personne ne t’en veux … »
- Alors pourquoi tu as crié ? demanda-t-elle entre ses pleures, sans regarder Peter dans les yeux.

Eryn avait parlé avant d'en avoir prit la décision. Si personne ne lui en voulait, pourquoi sa première réaction avait-elle été de la blâmer ?
La rouquine cessa brusquement de se débattre, ses muscles se détendant à vue d'oeil. Elle était à genoux, face à Peter et elle plongea ses yeux dans les siens où d'ordinaire brûlait un feu dévorant mais qui à cet instant était éteint, laissant place à deux pupilles totalement sombres.
La rouquine fixa Peter. Finalement, qu'est-ce qui comptait le plus ? Sa première réaction ou le fait qu'il soit encore là, à tenter de la calmer, à la consoler ? Elle était tellement stupide ! L'Auror prenait soin d'elle et tout ce qu'elle trouvait à faire était de s'en prendre à lui. Il n'était en rien responsable de sa situation actuelle. Elle avait fait une erreur seule et se devait de l'assumer.

- Pardonne moi, dit-elle dans un souffle. Je n'aurais pas dut.

Le silence revint dans la pièce uniquement brisé par le souffle encore légèrement manquant d'Eryn. Elle fixa encore Peter, redressée sur les genoux à quelques centimètres de lui.
A cet instant, Eryn ressenti une pointe de colère qui était parfaitement inexplicable. Elle pensa à Selena et au fait qu'elle était une Moldue qui n'appréciait pas la magie. C'était de « la triche » selon elle. Mais si Peter s'était habitué à « tricher » plus souvent, jamais elle et sa fille ne seraient mortes, jamais il n'aurait eu à être aussi malheureux et jamais il ne se serait retrouvé aussi seul. Il aurait put les sauver et vivre en paix mais non. Il se trouvait dans un petit appartement de Londres en compagnie d'une rouquine ravagée.
Eryn entrouvrit légèrement la bouche, comme pour parler mais les mots périrent sur ses lèvres. Ce n'était pas Selena la responsable, mais les Mangemorts. Eryn ne devait pas rediriger sa colère actuelle envers sa défunte amie. Amie dont elle désirait le mari. Parfois, la nuit, Eryn avait l'impression de sentir les mains de Peter la parcourir, caresser ses cuisses, son ventre, se glisser sous sa robe et remonter jusqu'à son cou. Mais elle finissait toujours par se réveiller en sursaut et fondre en larmes.
Doucement, d'un geste timide, Eryn posa sa main sur le torse nu de Peter. Elle s'arrêta à quelque millimètres , hésitante, avant de finalement le faire. Ce contact furtif avec sa peau lui en aurait presque coupé le souffle. Puis Eryn laissa sa main aller et elle caressa son ventre, appréciant la courbure de ses abdominaux, elle remonta jusqu'à son buste, savourant le dessin de ses pectoraux pour finir sur son cou et sa nuque où elle glissa sa main.
Eryn n'avait pas besoin de toucher Peter pour se sentir pleine de désire envers lui. Il lui suffisait d'être dans la même pièce que lui, de croiser son regard pour que tout monte en flèche. C'était très inconfortable car cela se produisait partout. La seule personne avec qui elle avait déjà ressenti ça était son mari, son seul amant et son âme sœur.
Toujours aussi timidement, Eryn avança la tête et toucha les lèvres de Peter des siennes. Elle recula la tête et le questionna du regard. Puis, avec plus de volonté, elle l'embrassa resserrant son étreinte. La rouquine croisa les bras sur la nuque de l'Auror et lui caressa les cheveux, se pressant contre lui avec fougue, faim. Elle l'embrassait, le dévorait avec détermination bien qu'elle soit de plus en plus tremblante.

*Arrête Eryn.* lui disait sa conscience. *Silence. Ce n'est pas bien. Jackson est mort depuis deux ans. Ce n'est pas ça. Je ne suis pas prête. Et le Mangemort ? C'est différent.*

Avant même de s'en rendre compte, Eryn se laissa tomber sur le dos, amenant Peter à elle. Elle caressa son dos à pleine main, savourant la courbure de sa chute de rein. Elle lui donnait des baisers comme si c'était le dernier, comme si sa vie en dépendait.
Elle saisit Peter par les cheveux avec une tendre fougue, se frottant contre lui, incapable de contenir ce qu'elle ressentait pour lui, ce qu'elle voulait de lui.

*Eryn. Il ne faut pas. Pas maintenant. Mais je veux. Oui mais pas comme ça. Je suis perdue. J'ai peur. Arrête. Je ne peux pas. Il le faut. Je ne veux pas.*

Sa serviette de bain s'était ouverte, dévoilant sa poitrine et une bonne partie de son ventre mais peu importait temps qu'elle touchait la peau nue de Peter, temps qu'elle était contre lui. Le savoir dans ses bras était un plaisir si débordant qu'elle se mit à pleurer. Ses baisers se firent humides mais elle ne voulait pas briser son étreinte. Elle avait besoin de se rassurer, de savoir qu'il ne la laisserait pas. Et pourtant, Eryn ne voulait pas coucher avec lui malgré ce qu'elle ressentait. Elle n'était pas prête. Cette fois-ci, pour la première fois depuis qu'elle a comprit ce qu'elle ressentait pour lui, Eryn ne voulu pas rompre un moment intime parce que ce n'était pas bien vis-à-vis de son mari, de Selena mais uniquement à cause d'elle et elle seule. Si elle voulait repousser en partie Peter bien que son corps ne fasse rien d'autre que se presser contre celui de l'Auror, se frotter à lui avec sensualité, sa bouche l'embrasser langoureusement, c'était uniquement parce que son cerveau réclamait un temps de repos pour le corps de la jeune femme. Elle avait été avec un homme sale, il lui fallait le temps de se sentir mieux pour apprécier Peter.
Sans s'en rendre compte, Eryn venait de franchir une nouvelle étape dans son deuil.

Eryn pleurait. Elle était déchirée entre ce qu'elle ressentait pour Peter et ce qu'elle ressentait envers elle même. Dans une réaction défensive, son corps refusait de ne faire qu'un avec Peter, mais son coeur lui, ne criait qu'à l'amour. Il voulait que Peter la touche, l'embrasse comme il le faisait.
Ses baisers... Ils étaient différents de ceux qu'elle avait eu auparavant, bien meilleurs que ceux de Smith... Ils étaient fougueux et pourtant tendres, comme Peter. Quand il la touchait, dévorait son coup de ses lèvres, Eryn ne ressentait aucun dégoût, aucune honte. Elle se donnait à lui sans se poser de question oubliant l'espace d'un instant leurs alliances.
Si elle eu été celle qui avait donné le premier baiser, Eryn ne put s'empêcher de sentir le désire qu'avait Peter. Elle en fut surprise, s'attendant à ce qu'il la repousse. Qu'est-ce que cela signifiait ? Qu'il voulait vraiment d'elle ? Ou qu'il profitait du fait de l'avoir sous la main ? Non... Pas Peter. Peut importe ce qu'il avait déjà dit, il en restait pas moins un gentleman et sa réaction ne fit que le prouver. Car si Eryn ne voulait pas franchir le cap maintenant, alors qu'elle se trouvait dans cet état, c'était surtout parce qu'elle avait l'impression d'être une sorte d'objet. Elle pouvait tolérer ça venant de la part du Mangemort car elle savait qu'il ne lui en accorderait pas plus même si sa vie en dépendait. Mais Peter ? Où étaient les sentiments ? En avait-elle déjà elle même ? Eryn recherchait désespérément sa présence, qu'il la touche comme il le faisait, elle voulait sentir qu'il la désirait autant qu'elle le désirait lui. La sorcière avait-elle fait de lui un objet également ? En agissant ainsi perdaient-ils la beauté de leur relation aussi interdite soit-elle ?
Revenant à ses lèvres, Peter senti les larmes se mêler à ses baisers. Eryn ne voulait pas pleurer, elle ne voulait pas être aussi faible. C'était sa dernière chance, le seul moment où elle pourrait enfin avoir Peter mais pourquoi son corps s'acharnait-il à vouloir autre chose ? Du calme. Dormir. Reprendre des forces.
Quand il cessa de l'embrasser, Eryn poussa un soupire, une main sur le front. Elle n'était pas en colère contre lui mais contre elle même. Pourquoi avait-il fallut qu'elle recommence ? C'était toujours la même histoire ! Elle embrassait la première, Peter s'emportait avant de se reprendre. Mais une partie d'elle, faible face à la déception qui la saisit était ravie que l'Auror se soit ressasit à temps. Eryn n'aurait pas eu le courage d'aller jusqu'au bout malgré l'envie. Elle n'était pas prête et se sentait perdue. Elle voulait de la chaleur mais pas plus. Peter avait sut l'écouter et comprendre sans qu'elle n'ait eu besoin de formuler son malaise avec des mots.

« Excuse-moi » murmura-t-il

Peter s'éloigna d'elle afin de s'asseoir sur le bord du lit. Eryn était étendue sur le dos et fixait le plafond, honteuse. Pourquoi ne pouvait-t-elle par agir normalement pour une fois ? Et ce qu'elle ressentait était si confus... De la rage envers Smith... De la culpabilité envers Jackson... Du dégoût envers elle... Et de la passion ? Du désire envers Peter ? Doucement, elle tourna la tête vers lui et regretta bien vite son geste. Elle voyait son dos, dont chaque muscle était tendu. L'envie qu'elle eu de le toucher, de le sentir contre elle était ravageur, douloureux. Pourquoi une telle intensité ? C'était insensé ! Dès qu'il s'agissait de Peter, être loin de lui lui faisait mal, elle n'en avait pas assez. Simplement poser les yeux sur lui n'était pas suffisant, il fallait qu'elle le touche, le caresse, l'embrasse...

« Tu devrais te reposer »

Se reposer ? C'était certain. Soudain, Eryn eu peur que Peter ne parte, qu'il ne la laisse seule dans cet appartement. Devait-il travailler ? Quelle heure était-il ?
Dans un bruit de tissus, la rouquine se redressa à nouveau sur les genoux. Peter ne la regardait pas. Il était en colère. Il lui en voulait de s'être à nouveau jetée sur lui, elle avait recommencé. Pourtant sa voix ne traduisait pas ce sentiment, mais perdue, Eryn n'envisageait rien d'autre. C'était comme si plus jamais on ne pourrait éprouver pour elle autre chose que de la haine et du dégoût.
Etre simplement derrière lui, à fixer sa nuque et le reste était pour la sorcière une cruelle torture. Il était torse nu, elle en serviette de bain, tous les deux sur ce lit. Comment pouvaient-ils encore faire preuve d'assez de volonté ? Eryn mourrait d'envie de le toucher et de le saisir avec fougue, se presser contre lui toute la journée, toute la nuit sans jamais s'arrêter.

« Je serai à coté si tu as besoin de moi ...» commença-t-il

Eryn ouvrit la bouche, retenant avec peine une exclamation de surprise. Il allait partir et la laisser seule. La rouquine voulu se convaincre qu'elle n'avait pas à paniquer, qu'il fallait qu'elle cesse de se montrer aussi stupide, Peter serait dans la pièce à côté et pas à l'autre bout de l'Angleterre.
Quand il se leva, Eryn prit soudainement la parole. Elle ne cria pas, loin de là, mais la peur était transparente dans sa voix.

- J'ai besoin de toi, dit-elle avec précipitation. Reste Peter.

Seule. Elle était seule depuis deux ans et ne voulait pas vivre ça maintenant. Elle serait sage, elle ne profiterait pas de sa pitié, elle ne l'embrasserait pas, n'aurait pas de caresse déplacée temps qu'il resterait ici avec elle, la rassurant du mieux possible, en étant simplement lui même.
Sans un mot, Eryn saisit son petit sac qui était encore posé sur le lit. Elle fouilla pendant un instant et sorti son kimono de soie. Elle se leva et dos à Peter, de l'autre côté du lit, l'enfila avant de retirer sa serviette de bain qu'elle posa négligemment. La sorcière referma son kimono avant de se tourner à nouveau vers Peter.
Le tissus qui tombait jusqu'au sol comportait des imprimés de fleurs aux couleurs passant par tous les bleus possibles sur la partie inférieure et l'avant des manches, seules preuves qu'elle portait bien un tissu et non qu'elle était nue tant le blanc de sa peau était semblable à celui du vêtement. Il dessinait la moindre courbe de son corps, l'épousant sensuellement.
Eryn fixa Peter d'un air suppliant. Elle remonta sur le lit, à genoux un instant avant de s'asseoir sans le quitter des yeux.

- Reste, répéta-t-elle dans un souffle.

La rouquine l'observa en silence, les larmes menaçant de refaire surface. Elle masqua un sourire ému quand elle vit l'Auror approcher d'elle doucement. La gratitude qu'elle ressenti envers lui était si intense qu'elle en eu mal à la poitrine, ayant l'impression de manquer d'air l'espace d'un instant.
Elle s'allongea près de lui maladroitement, gênée. Embrasser Peter et l'amener à elle était plus simple que s'étendre tranquillement à ses côtés.
La rouquine fixa Peter dans les yeux avec toujours cette intensité perdue, cette flamme éteinte. Elle ferma les yeux, prenant une profonde respiration, les traits de son visage se détendant doucement. Les secondes s'écoulèrent ainsi sans qu'elle ne le touche mais bientôt, ce fut plus fort qu'elle, Eryn se rapprocha de Peter et se blottie contre lui. A travers son kimono – qui était son seul vêtement – elle pouvait sentir la chaleur qu'il dégageait et en profiter. Au creux de son cou, Eryn se senti alors en sécurité, paisible. Rien ne l'atteindrait, elle était protégée. Prenant confiance, elle glissa ses mains sur son dos et se pressa un peu plus contre lui, paisible.
Eryn ne tenta pas d'embrasser Peter, se concentrant sur les battements de son cœur afin de ne pas penser à Smith. Elle humait à plein nez l'odeur de la peau de Peter, sentait sous ses mains, contre son visage sa peau nue dans une douce sensation.
La sorcière apprécia ce contact. Il n'y avait rien de purement physique, ce n'était pas un acte régit par le désire mais simplement du réconfort. Peut être auraient-ils dut commencer ainsi, par simplement apprendre à se toucher avant d'essayer de se dévorer l'un l'autre.
Dans un demi sommeil, Eryn se blottie à nouveau contre Peter avec la sensation qu'elle n'était pas assez proche de lui, resserrant son étreinte. Elle sentait son souffle sur elle, c'était agréable et terriblement réconfortant. Puis, doucement, elle s'endormit, paisible.


A peine deux heures s'étaient écoulées quand Eryn se réveilla en sursaut. La sorcière cria le nom de Jackson avant de fondre littéralement en larmes, les mains sur son visage. Elle n'était pas véritablement réveillée et agissait comme si Peter n'était pas là tout en ayant conscience de sa présence. Lui avait-il parlé ? Elle était incapable de le dire. Eryn pleura puis se tourna subitement vers Peter qu'elle appela entre ses sanglots et qu'elle serra contre lui, dans un besoin vital d'affection. Quelques minutes plus tard, Eryn pleurait encore, mais la sorcière était à nouveau endormie...


Il faisait nuit quand Eryn ouvrit les yeux pour la seconde fois. Elle se trouvait dans une chambre qu'elle ne reconnu pas immédiatement et fut surprise de sentir sous sa joue non pas son oreiller mais le torse de Peter. L'espace d'un instant elle eu peur de se réveiller à nouveau dans le lit de Smith, de revivre une nouvelle fois le cauchemar.
Il n'avait pas bougé.
Pendant toutes ces heures Peter était resté allongé dans ce lit avec elle alors qu'il n'avait surement pas envie de dormir. Peut être même avait-il des rendez-vous ? La sorcière ressenti un sentiment de chaleur qui parvint à la faire sourire légèrement. Pour elle, il avait tout laissé de côté. Peter avait finalement été la hauteur de ses espérances, même bien au delà.
Du bout des doigts, Eryn toucha la peau de l'Auror en pensant à tout et à rien à la fois. Elle voulait rester dans ce lit, ne jamais en sortir et sentir Peter contre elle éternellement. Pour la première fois depuis leur premier baiser, elle n'eut pas envie de plus de contact, de plus de sensualité de la part du sorcier. Qu'il soit simplement là, elle allongée à moitié contre lui était largement suffisant.
La sorcière continua à le caresser furtivement, attendant qu'il ne se réveille et lui dise d'arrêter, brisant cet instant. Mais temps qu'il ne le ferait pas, Eryn poursuivrait.

Eryn touchait Peter du bout des doigts tout en ayant l'impression que ce geste devenait toujours plus naturel pour elle. Pourtant, elle dut se rendre à l'évidence qu'une partie d'elle en voulait plus. Mais la jeune femme ne fit rien, laissant son regard éteint se perdre dans le vide et ses pensées les plus sombres détruire le peu de stabilité qu'il lui restait.
Les images de sa nuit avec Smith étaient douloureuses et impossibles à effacer. Comment avait-elle put arriver à une si faible estime d'elle même pour avoir osé se donner à un Mangemort ? Eryn avait-elle eu besoin d'affection – ou du moins ce qui s'en approchait – au point de perdre la raison dans les bras de son ennemi juré ? La sorcière aurait aimé n'être coupable qu'aux yeux de Jackson qui était déjà mort, ou Peter qui lui avait déjà pardonné, mais comment se pardonner elle même d'avoir été si faible, si stupide ? Rien que d'y repenser elle sentait son souffle la quitter, son cœur se tordre de douleur et cette boule au ventre...
Eryn ferma les yeux, tâchant de chasser ces images. Elle posa un peu plus sa joue contre le torse de Peter, voulant rendre sa présence bien réelle. Il était là, il n'avait pas fuit en apprenant ce qu'elle avait fait, il avait fait d'elle un être humain et non un monstre et pour ça, la sorcière lui en serait éternellement reconnaissante car sans le savoir, il venait de lui sauver la vie.
Toujours avec ce même air absent, Eryn poursuivit ses caresses. Cependant, Peter sembla s'agiter légèrement, se réveillant doucement. La sorcière l'observa, attendant qu'il ouvre les yeux mais il prit la parole.

« Lena arrête s’il te plait » murmura-t-il.

Le cœur de Eryn cessa de battre un instant, manquant un battement. Elle retira sa main de son torse comme si elle venait de se brûler et se redressa, appuyée sur un coude. Ses cheveux étaient encore plus ondulés à cause d'avoir dormi alors qu'ils n'étaient pas secs et ses yeux avaient dégonflés, n'ayant pas pleuré pendant plusieurs heures.
« Lena »... C'était le surnom qu'il donnait à sa femme de son vivant. Eryn senti son cœur se compresser douloureusement, les larmes menaçant de refaire surface. La réalité était revenue au grand galop. Elle pouvait faire toutes les merveilles du monde, Peter n'était dans ses bras que parce que sa femme n'était plus en vie. Il aurait surement donné tout l'or du monde pour que ce soit elle à ses côtés et non la rouquine. Et combien aurait-elle donné pour que Jackson se trouve à la place de Peter ?
L'Auror sembla lui même choqué de ce qu'il venait de dire. C'était comme si il avait introduit sa femme dans ce lit, entre eux. Eryn avait l'impression qu'elle était là, qu'elle l'observait avec jalousie et colère. Soudain, elle se senti comme intruse plus que jamais.
La rouquine cligna des yeux face à la réaction de Peter. Il se mordit la lèvre et cacha ses yeux de son bras. Avait-il peur de l'avoir blessée ? Évidemment. Et c'était parce qu'il se sentait visiblement coupable que Eryn eu un faible sourire, indiquant qu'elle ne lui en voulait pas. Finalement, en quoi était-ce important ? Combien de personnes n'avait-elle pas appelées « Jackson » ou « Jacks » par accident ? C'était tout à fait normal. Ils avaient été leurs époux, leurs âmes sœurs et avaient partagé leurs vies au quotidien, comment ne pas être habitués à prononcer leurs noms ? Selena avait fait partie de la vie de Peter dans ses moindres détails, Eryn ne pouvait prétendre à prendre sa place et ne voulait pas être une « autre Selena ». Elle serait la « suivante » et cette idée ne la dérangeait pas car elle savait qu'il en serait ainsi pour Peter. Enfin... serait... Fallait-il encore qu'il cesse de la repousser au dernier moment...
Avec un sursaut de honte, Eryn réalisa alors l'ampleur des évènements qui s'étaient produits entre les deux amis. L'étaient-ils encore ? Pouvait-on encore appeler amis un homme et une femme qui se jettent l'un sur l'autre au moindre contact ? Car Eryn l'avait bien comprit. Si Peter la repoussait toujours avant la fin – ou au contraire le début – ce n'était pas pour autant qu'il repoussait ses avances. Chacun des baisers qu'elle lui avait donné avait été rendu. Cette envie, ce désire dans ses yeux se reflétaient dans ceux de Peter. Son souffle qui se faisait plus rauque, ses mains qui la touchaient avec sensualité, son corps qu'il pressait contre le sien toujours plus...
La jeune femme détourna le regard, se sentant à nouveau divaguer. Il ne fallait pas qu'elle pense ainsi, pas sur ce lit, à ses côtés... Surtout alors qu'il venait de lui donner le nom de sa femme...
Une pensée si folle et honteuse traversa son esprit que Eryn la chassa avant même de l'avoir clairement comprise. Si elle aurait donné cher pour être dans les bras de Jackson, combien aurait-elle donné pour être Selena ? Toucher Peter et le sentir contre elle, lui donner tout l'amour que son corps contenait sans jamais s'arrêter...

« Bien dormi ? »

Changement de sujet.
Eryn avait saisit et fit mine de ne pas avoir entendu. Il semblait s'en vouloir suffisamment bien qu'il ait un faible – mais séduisant – sourire aux lèvres.
Sans prendre la parole, avec l'impression que sa voix s'était éteinte, Eryn hocha la tête. Elle avait bien dormi. Profondément et sans cauchemar, du moins elle n'en avait pas le souvenir. Avec soulagement elle pensa que c'était l'une des rares fois depuis la mort de Jackson et avec angoisse elle réalisa que ce serait la dernière. Jamais plus elle ne dormirait ainsi car jamais plus elle ne serait dans les bras de Peter, occupé à la préserver des mauvais rêves.
La rouquine se redressa lentement, se passant une main dans les cheveux d'un geste automatique, les décoiffant légèrement et remit son kimono qui avait délicatement glissé, dévoilant sa jambe nue vaguement repliée sur elle.
Eryn resta un instant assise, dos à Peter, ne sachant comme agir. Elle avait encore terriblement envie de dormir mais elle avait aussi faim. Et elle ne pouvait pas s'enfermer dans ce mutisme. Bien que sa voix semblait éteinte à jamais, la sorcière ce fit violence et se tourna vers l'Auror, un faible sourire aux lèvres mais plein de bonne volonté, encourageant.

- J'ai faim, dit-elle simplement.

La rouquine se leva et s'étira dans son éternel comportement félin avant d'ébouriffer à nouveau sa longue masse de cheveux roux et de quitter la chambre d'un pas tranquille.
Intimidée, elle s'appuya sur le bar de la cuisine et observa Peter se mettre à l'ouvrage. Elle resta un instant à le regarder avant de réaliser à quel point ses pensées s'éloignaient de la réalité.

- Tu veux que je t'aide ? demanda-t-elle finalement.

A la tête que fit Peter à l'entente de cette question, Eryn répliqua instantanément.

- Non, laisse tomber, j'ai rien dit.

Elle chassa une mouche invisible de la main avec un faible rire.
Peter tenait à sa santé.
Peter tenait à son appartement.
La sorcière voulut rester sagement à le regarder mais elle en était incapable, il fallait qu'elle bouge, qu'elle pense à autre chose sinon son esprit se perdrait dans la contemplation du corps de Peter ou dans la honte de sa nuit passée.
La rouquine fit finalement le tour du bar et s'approcha de lui, regardant ce qu'il préparait, lui posant des questions, parlant des fois où elle avait faillit faire exploser une partie de la Grande Bretagne à cause de sa cuisine. C'était tendu, superficiel comme conversation mais pourtant, au fil des minutes tout redevint un peu plus naturel au point qu'elle échappa même un éclat de rire qui fut étonnamment surprenant venant d'elle, décalé. Eryn réalisa alors que plus elle parlait avec Peter plus elle se souvenait des moments qu'elle avait passés avec lui. Depuis la mort de Jackson, Eryn avait centré sa vie, sa mémoire uniquement sur lui, oubliant tout. Mais quand elle était avec Peter, elle se souvenait d'autres choses, elle réalisait alors qu'elle avait été quelqu'un en dehors de son mari, une amie, une ex-petite amie, une camarade de classe... Tant de facettes de sa personnalité qu'elle avait détruit pour n'être que la veuve. Se rendre compte de ça lui faisait mal car elle comprenait que sa vie n'était pas alors totalement centrée sur son mari, qu'il n'en était qu'une partie – majeure certes – mais une partie.
La vie continue...
Eryn rejeta ses cheveux en arrière d'un geste automatique afin de chasser cette pensée honteuse. Elle n'avait pas à penser ça, elle n'avait pas le droit, pas quand elle venait de faire une chose aussi honteuse, pas alors qu'elle regardait Peter avec une envie brûlante de le sentir contre elle.
D'un geste absent, elle remonta le large col de son kimono qui avait glissé, menaçant de dévoiler un peu trop de son buste. Eryn ne prêta même pas attention à sa faible tenue, le sorcier était bien torse nu...
Prise dans la conversation, elle entreprit alors de mettre la table. Elle saisit des couverts, sans demander à l'Auror, cherchant par elle même. C'était une vision étrange, Eryn et Peter dans cette cuisine, peu vêtus, complices. Ils avaient l'air d'un couple, tout simplement.
Eryn posa les couverts puis les verres avant de chercher les assiettes. Elle ouvrit le placard et réalisa qu'il n'y en avait que très peu, trois quatre au maximum. L'Auror avait l'habitude de manger seul ou à deux...
Sur la pointe des pieds, Eryn tâcha de les saisir du bout des doigts.





[HJ: désolée c'est nul ]

Eryn serra des dents. Quelle idée de mettre des assiettes dans le placard du haut et légèrement au fond ? Peut être Peter avait-il fait ça sans même y penser. Avec tristesse, la sorcière réalisa alors que c'étaient ce genre de détails qui prouvait qu'il ne vivait pas avec une femme. Elle se demanda soudain s'il se sentait aussi seul qu'elle ne l'était ? Était-ce pour ça qu'il collectionnait les femmes selon ses dires ? Pourtant, elle ne l'avait vu avec aucune...
Avant même de le voir venir, concentrée sur son échec face aux assiettes, Eryn senti alors une présence derrière elle. Quand les bras de Peter passèrent au dessus des siens, elle eu la stupide mais terriblement douloureuse impression qu'il pouvait l'enlacer. Eryn avait envie de se laisser tomber en arrière, son corps devenait étrangement lourd et sans force. Son cœur se mit à battre plus vite et elle eu un frisson qui la parcouru des pieds à la tête, brouillant finalement son esprit.
Les choses ne s'arrangèrent pas quand il lui murmura ces quelques mots à l'oreille.

« J’en connais à qui quelques centimètres ne feraient pas de mal »

Sa voix... Eryn se senti chanceler, le souffle soudain manquant. Peter s'était éloigné avec les assiettes et pourtant la rouquine était figée sur place. Il avait simplement voulu l'aider mais en la frôlant simplement il avait réveillé en elle une dose douloureuse de désire. La bouche légèrement ouverte, Eryn fronça les sourcils, se sentant parfaitement stupide. Elle avait l'impression d'être une sorte... d'obsédée. Elle était en colère contre elle même. Pourquoi avait-elle à ce point envie de se jeter sur lui, de presser son corps contre le sien ? Pourquoi le simple son de la voix grave de Peter éveillait en Eryn une passion si dévorante qu'elle en perdait le contrôle de son esprit ?
La sorcière posa une main sur le plan de travail, dos à Peter, tâchant de se reprendre. Mais quelque chose la gênait. Son autre main sur le ventre, elle essaya de comprendre pourquoi elle se sentait barbouillée, fiévreuse.
Non. Pas ça. Impossible.

« Je peux savoir ce que tu attends devant ce placard, le reste de la table ne va pas se mettre tout seul que je sache » dit-il sur un ton faussement autoritaire.

Eryn sursauta et se tourna vers Peter qui lui adressait une sourire magnifique qui n'arrangeait absolument pas son cas. La sorcière tenta de lui rendre, mais son expression se transforma en grimace vers la fin. Elle se sentait ridicule, mais surtout malade.
Quand Peter la servit, Eryn ouvrit les yeux en grand, certaine qu'elle n'arriverait jamais à vider son assiette. Elle se sentait encore barbouillée.
Les premiers temps, elle ne toucha pas vraiment à son assiette, préférant écouter Peter et se concentrer sur ce qu'il disait. Puis elle participa à la conversation avec plus de naturel pour finalement manger. Eryn fut surprise de voir à quel point il était simple d'oublier sa douleur avec Peter. Les minutes s'écoulaient rapidement et pourtant Eryn avait l'impression que le temps s'était arrêté. Quand Peter parlait longtemps, elle ne parvenait à totalement concentrer son esprit sur ses propos si elle ne faisait pas d'effort. Sa voix la détournait, son sourire rendaient ses mots vides de sens et les objets qu'il touchait éveillaient de la jalousie chez elle. Eryn se passa une main dans les cheveux, détournant le regard un instant. Elle en devenait de plus en plus ridicule. Jalouse d'une fourchette...
Plusieurs fois, Eryn parvint même à sourire et échapper des éclats de rire. Elle regarda Peter avec une tendresse involontairement flagrante, comprenant pourquoi elle pouvait encore sourire alors qu'elle venait de vivre le moment le plus humiliant de toute sa vie, pourquoi elle avait eu la force de manger et surtout, qu'elle n'ait pas cédé à la tentation de mettre fin à ses jours.
Sa nuit avec Smith avait été une morsure de Serpent, dont la culpabilité était le venin. En venant chez Peter, Eryn avait permit à ce dernier de lui retirer le poison avant même qu'elle ne soit atteinte, la préservant de pensées si noires, si douloureuses que même le temps ne pouvait pas l'aider à oublier. Peter l'avait sauvée, tout simplement.
Le repas touchait à sa fin. Eryn se servit un verre d'eau, participant à la conversation. Peter se leva et commença à débarrasser avant de s'arrêter brusquement.

« Ready for the dessert ? «

A peine eu-t-il parlé qu'Eryn recracha littéralement tout le contenu de son verre qu'elle venait à peine de porter à sa bouche. C'était comique, mais surtout terriblement gênant. La sorcière resta bloquée un instant dans son geste, la bouche humide avant de finalement la cacher d'une main.
Mais qu'est-ce qui lui avait prit ?! Rien d'étonnant qu'à la fin d'un repas on propose un dessert ! Oui mais dans ce cas là, Eryn aurait tout aussi bien put interpréter ça différemment. Ce qu'elle fit d'ailleurs. Que n'aurait-elle pas donné pour dévorer Peter ? Lécher le sucre de ses lèvres... Stop. Stop ! STOP !
Eryn se leva brusquement de sa chaise, les joues en feu et saisit un morceau de papier essuie tout avant d'éponger le sol. Elle devait une vraie perverse, il fallait qu'elle se reprenne. En se relevant plus vite que nécessaire, ses gestes totalement brouillés, Eryn se cogna contre le rebord du bar. Elle poussa un juron, la main sur le crâne, avant de reposer le papier. Gênée, elle en renversa son verre.

- C'EST PAS VRAI ! s'exclama-t-elle en reculant brusquement, les mains sur la tête.

La scène n'était rien d'autre qu'une suite de catastrophes toutes provoquées par le moindre geste que faisait Eryn. La sorcière avait les larmes aux yeux, espérant que Peter penserait que c'était à cause de sa tête et non de son cœur.

- Je suis désolée, dit-elle d'une voix chevrotante, traduisant clairement le fait qu'elle était sur le point de fondre en larmes.

Elle croisa une dernière fois le regard de Peter avant de quitter brusquement la pièce pour aller se réfugier dans la chambre du jeune homme où elle ferma la porte avant de s'appuyer dessus. Doucement, Eryn se laissa tomber au sol et s'y assit. Elle leva les yeux au ciel, tâchant de comprendre ce qui lui arrivait. D'abord les assiettes, maintenant ça. Pourquoi devait-elle agir comme une obsédée alors que les gestes et les pensées de Peter n'étaient absolument pas tournés sous cet angle ? Lui ne la dévorait pas des yeux, il ne se disait pas à chaque seconde qu'il partageait en sa compagnie à quel point il avait envie de sa sentir contre lui.
Et pourtant, Eryn ne pouvait le nier, elle désirait Peter. C'était une évidence si flagrante qu'elle en était arrivée à un point où cette pensée ne lui faisait plus tellement honte. Elle s'était résignée. C'était trop fort, trop sincère pour qu'elle tente encore de fermer les yeux. Jackson lui en voudrait-il ? Eryn espéra que non, car elle sentait que ce désire ne faisait que grandir, devenant toujours plus dévorant.
Mais était-ce simplement que ça ? Non. Encore une fois, Eryn rejeta cette possibilité.
Doucement, la jeune femme se releva. Elle renifla et ouvrit lentement la porte de la chambre de Peter, un air d'excuse au visage.

Eryn quitta la chambre avec appréhension. Elle ne savait pas comment Peter allait réagir face à son petit numéro. Allait-il être en colère ? Déçu ? Après tout, elle venait carrément de cracher devant lui. La sorcière s'arrêta brusquement et mit les mains sur le visage tant elle eu honte avant de se remettre en marche. C'était pire que tout. Déjà qu'elle passait pour une sauvage à cause des Mangemorts, elle allait avoir désormais l'air d'une fille sale. Parfait. Vraiment parfait !
De nouveau dans la cuisine, Eryn n'osa pas croiser le regard de Peter. Elle avait des airs de petite fille qui savait qu'elle allait se faire gronder. Mais, quand elle posa les yeux sur lui, la rouquine vit alors qu'il était loin d'être en colère, il semblait même amusé. Soulagée, elle s'approcha de lui.
Finalement, cette maladresse, le fait qu'elle soit perturbée à la moindre remarque, qu'elle rougisse lorsqu'il la regardait trop longtemps ou frissonne quand il la frôlait n'étaient pas des réactions nouvelles pour Eryn. La jeune femme eu été il y a longtemps, avant Jackson, une demoiselle timide et maladroite. Cela signifiait-il qu'en retrouvant inconsciemment son ancien caractère elle recommençait sa vie de la même façon qu'elle le fit – du moins presque – que juste avant sa rencontre avec son mari ? Finalement, les ressemblances étaient là mais les différences aussi.
Non, Peter n'était pas Jackson et Eryn ne souhaitait pas qu'il le soit. Elle appréciait son caractère calme et réservé qui était si différent du tempérament de son mari. Alors que lui stimulait Eryn, Peter la canalisait. Ce qui n'était pas plus mal, surtout vu les circonstances.
La jeune femme eu du mal à ne pas lui rendre son sourire. Elle était ridicule. Peter était parfaitement détendu avec elle et ne la considérait pas comme une sorte d'objet de désire dont il voulait sans cesse s'emparer. Elle était simplement une amie, avec quelques écarts de comportement. Mais une amie.
Eryn savait, et ça la faisait souffrir, que depuis le jour où il l'avait touchée et regardée différemment, elle ne serait plus jamais capable de le considérer comme un ami.

« Je ne pensais pas que ma cuisine avait le pouvoir de te faire fuir » commenta-t-il faussement énervé.

Eryn l'observa, accoudé au bar avec une négligence si séduisante. Argh... ! Elle recommençait ! La sorcière se ressaisit et s'avança et s'appuya sur le bar aussi, se tournant vers lui.

- Étant une experte en la matière, commença-t-elle d'un ton faussement sérieux, je pense que tu peux faire mieux. Tu devrais prendre exemple sur moi.

Elle haussa une épaule, se donnant l'air de quelqu'un qui balançait une idée en l'air, avant d'éclater de rire. Eryn était toujours surprise lorsqu'elle riait ces derniers temps. Elle ne se savait pas encore capable de le faire.
Eryn observa Peter avec tendresse, son sourire s'éternisant sur ses lèvres avant de finalement disparaître. Elle regarda ses yeux bleus si familiers et pourtant, elle avait à chaque fois l'impression qu'elle les redécouvrait. Le dessin de sa mâchoire, les lignes de son cou attirait son regard et évidemment, le fait qu'il soit torse nu n'aidait pas à rester concentrée. Mais Eryn était obnubilée par sa bouche, si belle, si douce, si tentante et si interdite.
La sorcière se passa une main dans sa longue chevelure rousse et ondulée avec un soupire. Il était temps. Elle n'avait pas envie de partir mais il le fallait. Quitter Peter maintenant était douloureux, plus qu'elle ne l'aurait supposé et plus qu'elle ne le devrait. Eryn tenta une dernière fois de se convaincre que c'était parce qu'il était son ami mais cette pensée sonna faux dans son esprit.

- Peter, commença-t-elle finalement. Je vais te laisser maintenant.

Au son de sa voix, on sentait qu'elle en souffrait. Mais Eryn ne pouvait pas rester ici indéfiniment car plus elle retardait le moment de partir, plus le retour à la réalité serait douloureux. Il fallait qu'elle se remette seule mais maintenant, elle savait qu'en cas de problème, Peter serait là pour la soutenir et cette pensée lui réchauffa le cœur.
Plus, il lui redonnait vie.
Comment traduire tout ce qu'elle ressentait à cet instant ? Comment faire comprendre à Peter à quel point il avait été précieux pour elle ? Les mots lui manquaient et pourtant Eryn savait qu'il fallait lui dire, faire savoir à l'Auror qu'il n'était pas seulement pour elle « celui qui est là ».

- Merci, de m'avoir sauvée. Quand je suis arrivée, j'étais au bord du suicide. Venir ici avait alors été mon dernier réflexe de survie et j'ai eu raison. Je n'arriverai pas à te dire à quel point je te suis reconnaissante. Merci.

Les larmes aux yeux, Eryn sourit à nouveau à Peter, pleine de gratitude. Puis, elle le sera contre lui dans une étreinte qu'elle contrôla. La sorcière voulait traduire son amitié, sa gratitude et non le désire qu'elle ressentait pour lui. Ce fut pourquoi elle ne le caressa pas, elle ne se pressa pas non plus inutilement et recula rapidement.
Eryn renifla à nouveau et sourit à Peter.

- Je vais chercher mes affaires.

Doucement, elle tourna les talons et alla dans la chambre du jeune homme où elle se vêtit. Eryn enfila une simple robe de sorcière noire au col carré et aux manches longues, ne dévoilant de sa peau absolument rien d'autre que ses mains, un léger décolleté – mais toutes ses robes étaient ainsi – et son coup. La seule chose qui faisait le véritable charme de ce vêtement était le fait qu'il dessinait la moindre courbe de la sorcière, jusqu'aux genoux. Entre ses vêtements de motard Moldus et ses robes de sorcières élégantes, Eryn était toute en contradictions.
La sorcière revint auprès de Peter vêtue avec élégance mais ses cheveux toujours aussi libres et en bataille, conservant cet impression de chat sauvage qu'avait sans cesse la jeune femme.

- Je suis prête, dit-elle simplement.

Ça lui coûtait de quitter Peter, elle avait envie de lui demander de rester, de dormir à nouveau dans ses bras mais elle se le refusa. La pitié n'était pas un sentiment qui l'attirait, bien au contraire.
Elle resta un instant plantée au milieu de la pièce, gênée, avant de finalement avancer vers lui. Eryn bien que perchée sur des talons, se mit sur la pointe des pieds et murmura un dernier « merci » avant de déposer une bise furtive qu'elle fit glisser sur sa joue, brûlant ses lèvres d'interdit.
Eryn recula, lui adressa un dernier sourire mélancolique avant de tourner sur elle même et disparaître.



Cette nuit là, Eryn ne dormi pas. Elle pleura, fit des cauchemars lorsqu'elle parvenait miraculeusement à fermer les yeux. La honte était dévorante et cruelle, la culpabilité étouffante. Son comportement avec Peter ne l'avait aidée en rien à se sentir mieux et pourtant, l'avoir vu l'avait aidée, elle le savait. C'était justement parce qu'elle se sentait bien – trop même – qu'elle se sentait mal. Ironique. Eryn culpabilisait à l'idée d'évoluer, d'avancer dans son deuil et donc de s'éloigner de son mari qu'elle adorait temps.
Mais combien de temps une femme peut-elle rester amoureuse d'un fantôme ?