L'hiver. C'était déplorant. Honêtement, que pensez vous en entendant ce mot ? Un ciel gris, un paysage blanc, une vie claire mais sans couleur, sans goût, sans saveur. N'avez vous pas cette idée de l'hiver ? C'est ce qui s'appelle un préjugé. Et comme chaque préjugé, certains aiment donner des exemples, non pour donner celui qui confirmera la règle, mais comme pour abattre un jeu de carte que la société a batti avec une aisance troublante. Comme moi.
Le ciel était bleu. D'un bleu d'azur, comme celui qu'on voit au dessus de la mer en plein été, comme celui qu'on décrit dans les plus beaux contes, comme ceux dont on rêve en secret dans sa chambre lorsqu'il pleut dehors. N'était-ce pas parfait pour un vendredi, de terminer la semaine sous le soleil ? Evidemment. Seulement, l'air était glacial, et la neige crissait sous les centaines de pas qui collaient les cristaux sous leurs bottes, mètre par mètre. Un temps idéal pour aller se balader entre deux cours, à condition de se munir d'une veste des plus épaisses.
Dans les parties les plus reculées du parc, un arbre, un peu plus large que les autres, étendait sur deux mettre, à l'horizontale, sa branche la plus basse, reconverte d'une épaisse couche de neige, tombée dans la nuit. A un seul endroit, elle avait été dérangée, expulsée de son logement. Et l'auteur était encore assis à ce même endroit.
Les mains nues de la jeune fille avaient pris une légère teinte rosée, et on pouvait voir une sorte de fumée, comme après avoir inhalé quelques bouffées de cigarette, sortir de ses lèvres fines qui dessinaient un fin sourire. Ses yeux étaient levés vers le ciel, et elle soupirait en silence. Quelques secondes de tranquillité étaient nécessaire à son bien être, même si, bien heureusement selon son point de vue, ils n'étaient jamais bien longs.

L'air frais terminait de réveiller Tiya après son habituelle sieste, les yeux ouverts, en histoire de la magie. Le vieux professeur était d'un naturel barbant ; personne ne lui en voulait, mais personne n'éprouvait une grande simpatie pour lui, à par peut-être les Poufsouffle qui lui apportaient une certaine tendresse. Au loin, elle vit l'inimitable Fred Weasley se prendre une jolie boule de neige par une dénomée Ashe, une fille de Gryffondor assez reconnue pour sa joie de vivre. La jeune asiatique leva les yeux au ciel, un sourire en coin, en voyant la scène, mais son attention se détourna vite en entendant une voix l'interpeller, de dos. Se laissant glisser contre la branche de l'arbre, son dos vint s'appuyer contre le tronc avec douceur pour qu'elle puisse se retourner et voir si la voix, bien familière, qu'elle entendait, appartenait bien à la dite personne.

Elisabeth Swann était une Serpentarde des plus simples : elle présentaient toutes les caracteristiques de la maison. Comme la plupart des filles ayant la même appartenance, elle était grande et belle, et passait de mielleuse à souhait à dédaigneuse pour finir dans l'indifférence. Mais ce qu'elle avait en plus, c'était ce côté légèrement sadique, qui faisaient que beaucoup de garçons aimaient la croiser dans les couloirs, ses jours de mauvaise humeur, en train de torturer un seconde année qui fuyait bien rapidement les jambes flanchantes. Une touche de personnalité d'ailleurs qui faisait toute sa réputation dans l'école. La voix froide de la demoiselle était bien connue par Tiya, car les deux jeunes filles, se retrouvant parfois peu éloignées lorsqu'il s'agissait de commencer leurs soirées de week end dans la salle commune, puis de la finir à l'exterieur. Esquissant un sourire malicieux face aux lèvres plates d'Elisabeth, elle répondit avec la voix la plus douce qui faisait que si on se cantonnait aux apparences, elle ne ressemblait pas à une serpentarde au physique dit pur.

"Bonjour Elisabeth. Mmh, la routine ne me plait pas bien, mais on fait avec. Et toi, tu as déjà jetté ton dévolu, aujourd'hui ?"

HJ: Je suis vraiment désolée du retard


Alors qu'il continuait à se promener, les traces de ses pas s'imprégnant dans le sol, il sentit quelquechose de froid lui atterir sur la tête. Il se retourna, cherchant à savoir quel était le responsable qui lui avait envoyé une boulde neige. Mais ce n'était pas un responsable. C'éttait une responsable, qui n'était nulle autre qu'Ashee! Fred éclata de rire et secoua la tête pour retirer la neige qu'il avait dans les cheveux. Il n'avait pas revu la jeune fille depuis la fête improvisée des Gryffondrs l'autre soir. Le rouquin s'en voulait un peu de l'avoir laissé en plan en pleine danse, mais Lara avait quitté la Salle Commune si précipitament qu'il n'avait eu d'autre choix que de la rejoindre pour arranger la situation.

"Tu vas le regretter ma vieille!"

Il lança à Ashee un sourire en coin avant d'attraper une boule de neige à son tour. Il lança la boule de neige de toutes ses forces, espérant atteindre la jeune fille. Mais cette dernière se poussa à temps et la petite boule blanche continua son chemin jusqu'à atterir en plein dans la tête d'une Serpentard aux longs cheveux noirs. Aie, pas de chance. Elle n'allait surement pas apprécier. Il se tourna à nouveau vers la jeune Gryffondor et lui lança un regard du genre "on est fouttu" avant d'éclater de rire.

"J'aurais bien aimé Weasley, même si c'est du vu et du revu. Il faut croire qu'il revient à Poudlard par masochisme."

Tiya fixa la jeune Gryffondor qui accompagnait le jeune homme. Tous deux avaient l'air d'enfants, et elle n'arrivait pas à déterminer si c'était pitoyable ou digne d'un sourire. Elle se penchait d'un côté, puis de l'autre, et finit par lever les yeux en l'air en voyant Fred se pencher pour ramasser un peu de neige. Ce n'est, bizzarement, que de dos que lui revint le nom de la fille. Ashee, c'était ça ? Oui. Elle était assez connue dans Poudlard, pour avoir un nombre impressionnant de jalouses, pour raisons diverses et variées. Elle commença à prononcer quelques mots et se tournant vers Elisabeth, mais elle n'eut pas le temps de croiser son regard qu'il fut recouvert d'un éclair par une grande boule de neige fraiche qui lui éclata en plein sur le front. Les flocons dégoulinaient sur ses joues pendant une fraction de seconde, juste assez pour que Tiya se retourne vers les Gryffondors et essaye de modifier l'air amusé échappait malgré elle en un regard foudroyant. Quel culot... Mais surtout un grand manque de chance. Car si il ne fallait pas provoquer quelqu'un, c'était bien Elisabeth... L'asiatique se doutait bien que la Serpentarde n'aurait aucune envie d'en rire. L'humiliation est une chose que certaines personnes supportent très mal, voyez vous.

"Tss..." murmura-t-elle, fixant Fred sans arriver à être agressive comme le serait sans doute dans quelques secondes Elisabeth.

Avec une douceur exquise, celle avec laquelle on s'assoit dans les sièges rouges du théatre pour admirer le spectacle, Tiya recula un peu et s'appuya à nouveau contre le tronc de l'arbre, les mains croisées sur le haut de ses cuisses. Aujourd'hui, c'était la représentation d'une tragi-comédie. Dans une tragédie, la mort des personnages principaux est préparée, certaine, attendue. Il suffit ainsi d'utiliser des comiques pour rendre la pièce plus plaisante. Quelques situations, quelques mots, l'oposition des deux regards, des deux maisons. Elle pouvait se permettre d'observer, seulement, Elisabeth valant bien plus de deux Serpentards. D'ailleurs, cette dernière commençait à s'énerver d'une belle façon. C'était sans doute la goutte, ou plutôt la boule de neige, qui faisait déborder le vase. La pauvre, elle n'avait déjà pas pu se défouler sur un plus petit, et voilà qu'un plus grand lui faisait l'affaire à l'envers en la ridiculisant comme elle aurait voulu ridiculiser un seconde année.

Un coup d'oeil sur Weasley pour savoir qu'il était aussi borné qu'Eli, même si, sans doute, la situation n'était pas identique pour l'un ou l'autre. Les lèvres de Tiya restaient fermées. S'interposer ? Rentrer dans leur jeu ? Très peu pour elle. Elle préférait, avec amusement, jetter des regards aux Gryffondor, puis à son amie. Tant que cela ne devenait pas trop grave, et qu'elle n'était pas forcée de calmer la scène, de baisser le rideau.

HJ: J'crois qu'Ashe nous a abandoné


Fred regarda toujours Eli, un sourire amusé sur ses lèvres. Ca commençait à lui manquer de ne plus voir les Serpy's sortir de leur gond pour un oui ou pour un non. Il ne manquait plus que son jumeau et il aurait eu le sentiment d'avoir fait un bond de quelques mois en arrière, quand il étudiait encore ici.

Mais son sourire s'effaça lorsque la jeune fille l'insulta de traître à son sang. Il lui lança un regard noir. Pour qui se prenait-elle cette sale petite peste pour se permettre de critquer sa famille?

Il ouvrit la bouche pour répliquer mais se ravisa. Il n'allait sûrment pas entrer dans son jeu, ni s'abaisser à son niveau en lui crachant toutes sortes d'insultes à la figure. Le garçon s'avança de quelques pas, un sourire narquois sur le visage.

"Tu ferais mieux de surveiller ton language Eli ... A moins que tu ne préfères passer chacune de tes soirées pendant une semaine enfermée dans un bureau ... à copier des lignes en compagnie d'un traitre à son sang, comme tu sais si bien le dire?"

Il tourna alors la tête vers l'autre Serpentard. Celle-ci était accoudée à l'arbre, à attendre. Elle avait de cruellemment s'ennuyer, comme si elle regardait un film peu intéressant.