Le jeune Henry se fit conduire en limousine jusqu’à Londres. Son majordome attitré – le brave Oscar - veillait sur lui depuis la petite enfance et l’accompagnait dans tous ses déplacements.
Sur les trottoirs de Charing ‘s Cross, il révéla :
Monsieur Henri ne m’en voudra pas de lui avoir caché son appartenance au monde sorcier, il ne se faisait aucune illusion quant à la réaction de son maître mais poursuivit, humblement, j’en suis un également. Aussi, si vous le permettez, je vais vous guider sur le Chemin de Traverse.
Le visage de Henry devint cramoisi de rage, rien ne lui déplaisait plus que s’être laisser berner par un domestique. Il avait supposé, tout seul, que les étranges pouvoirs qui se manifestaient de temps á autre se devaient à sa supériorité unique et voilà qu’il découvrait qu’il y en avait d’autres comme lui…
Comment ? Oscar, depuis tout ce temps vous m’as caché ça ? Tiens, voilà pour toi !
Vlan, la canne au pommeau d’or que le baron moulinait entre ses doigts s’abattit contre les mollets du domestique qui grimaça de douleur en disant :
Merci, monsieur Henry, est trop bon, même s’il n’avait qu’un désir…administrer une bonne raclée à cet odieux enfant !
Ils arrivèrent devant une taverne minable où le garçon n’entra qu’avec une mine profondément dégoûtée. Là, diverses personnes le dévisagèrent avec stupeur puis tentèrent de l’approcher. Se faire toucher par ces manants ? Jamais ! La canne se brandit, menaçante, faisant reculer les sorciers. Oscar, malgré sa taille minuscule et sa calvitie, parvint à entraîner son maître à l’arrière-cour. Un mur la fermait. Oscar soupira :
Je vais ouvrir le passage, c’est un peu compliqué… enfin, vous allez comprendre.
Oscar s’approcha du mur , sortit un étrange bout de bois de sa poche et le pointa tour à tour sur quelques briques.
Ignorant son valet, le gamin, fasciné et curieux, avança pour regarder le spectacle qui s’offrait à ses yeux.
As tu la liste des courses ? On y va ?, il était très pressé de découvrir ce monde étrange et si different au sien, Waouh ! ça a l’air chouette comme endroit.
Attendez, nous devons aller à la banque afin de changer l’argent que votre mère m’a remis .
Très intrigué et excité par tout ce qu’il voyait, Henry suivit Oscar en reluquant toutes les boutiques croisées en chemin.
Le passage à la banque s’effectua normalement ou presque car c’était la première fois qu’Henry voyait des Gobelins. Il les dévisagea avec une répugnance tellement vexante que le taux de change fut démesuré, selon les dires du valet.
Une fois dehors, Henry déclara :
Allez, Oscar. Je te charge de tous les achats, je n’en ai rien à cirer. J’ai vu un glacier, j’y vais.
Embarrassé, le majordome insista :
Vos robes et baguette ne peuvent être achetées que par vos soins, monsieur le baron.
Un second coup de canne, sur la tête cette fois, signa la désapprobation du jeune garçon.
Rageant, il prit la bourse remplie de Gallions avant de se diriger vers le magasin de Mme. Guipure.
Il eut un mal fou à se décider sur ses tenues tant porter une robe le dégoûtait. La brave sorcière fut très heureuse de voir ce client difficile quitter sa boutique. Ses tenues étaient trop moches, le tissu pas assez fin, et surtout noir ! Henry aimait les couleurs gaies, son costume jaune canari en était une belle preuve.
En dandy consommé, il entra chez Ollivander, le vendeur de baguettes.
Quel endroit miteux ! Quel sorcier débile ! Prendre les mesures de sa tête, bras, jambe…
Enfin, il put essayer des bouts de bois. Si les deux premiers ne donnèrent rien, le troisième faillit détruire la boutique.
Choix étrange, avoua Ollivander dont la robe était en loques après l’ouragan dévastateur créée par Henry. Bois de magnolia contenant un ventricule du même cœur d’un Scrout à pétard… que celle d’un très célèbre mage. Coïncidence, sûrement.
Sans se soucier des coïncidences ou de n’importe quoi d’autre,de toutes façons il ignorait ce qu’était un Scrout à pétard, le jeune baron acquitta le montant demandé et quitta l’établissement en se jurant de ne jamais y remettre les pieds, mais avec sa baguette magique bien serrée contre lui.
Son arrivée chez Florian Fortarome ne passa pas inaperçue…Sa tenue si colorée résultait quelque peu trop voyante pour le milieu et son attitude arrogante en passant la commande suscita plus d’un commentaire…surtout à la table voisine à la sienne où se tenait un couple qui discutait avec beaucoup de véhémence.
Henry ne se gêna pas pour les dévisager. La fille, qui devait avoir à peu prés son âge, parlait d’une voix légèrement aigue sur un thème qui échappait à l’entendement du jeune dandy…l’Histoire de Poudlard ! Le garçon qui l’accompagnait baillait de temps en temps avec une mauvaise grâce assommante , sans se garder de l’interrompre quand l’envie lui en prenait…ce qui évidemment n’avait pour résultat qu’exacerber le verbe de la demoiselle.
Henry s’amusait beaucoup avec ce cirque et ne trouva rien de mieux que se lever et les rejoindre à leur table.
Bonjour, je suis Henry…l’énumération de noms et titres de noblesse y passa au grand complet mais l’effet escompté ne se produisit pas…au lieu de rester la bouche ouverte, pâmés d’admiration, ils le regardèrent avec un petit sourire en coin et se présentèrent à leur tour.
Je suis Hermione Granger-Smythe, dit la demoiselle d’un ton très infatué, tu as sûrement entendu parler de mon père...le richissime magnat du monde moldu…
Et moi je suis Ronald Weasley…tu sais des Weasley du ministère…oh ! tu e sembles pas savoir de quoi je parle…tu es …absolument nouveau ici ? Ma famille est très célèbre…du sang le plus pur qui soit…
Je suis extrêmement riche et noble, par dessus le marché, assura Henry qui détestait être moins que quiconque.
Hermione fit une remarque amusante sur ses vêtements, Ronald en rit de bon cœur et Henry décida, pour une fois, de rire à ses dépends.
Peu après, ils formaient un joyeux et bruyant trio, qui dégustait une énorme quantité de glaces…en faisant toute sorte de conjectures sur le brillant futur qui leur était déparé…
Le lendemain, ils prendraient le Poudlard Express et iraient à la rencontre de leur Destin…