Avec les siens [Fe]

Voila que les vacances de noël arrivaient doucement, apportant ce lot d'avantages et d'inconvénients,
comme pour toutes les saisons, d'ailleurs. Dans Pré-Au-Lard, dans ses rues enveloppées par un manteau
de neige impitoyable, certaines personnes essayaient de gagner leur vie, de donner un peu de soleil a
sens a ce noël rude et méchant.

Mais il y avait un petit groupe de personnes, en particulier, qui y arrivait bien, car ils avaient avec eux
un vrai ange colombien. Avec sa peau veloutée, ni trop pale, ni trop bronzée, ses cheveux dorés et
bouclés retenus grace a un ruban rouge aussi écarlate que sa robe, qui soulignait sa taille parfaite.
Shakira avait des yeux magnifiques, turquoises. Il étaient aussi envoutants que des diamants ou même
des aimants.

Cet ange dansait, au rythme des guitares, elle se fichait de tous ses regards envieurs, de ses hommes
trois fois plus vieux qu'elle qui la déshabillait du regard. Elle faisait claquer ses talons, et dansait, avec
cette fougue colombienne, qui la caractérisait tellement. Pourtant, partie dans sa démonstration de
Flamenco, un regard lui brulait la peau. Perçant, c'était le mot.

L'assemblée n'était pas trop nombreuse. Tous semblaient avoir fui le froid de l'extérieur et trouvé un refuge assez accueillant dans ce petit bar miteux...la seule chose vraiment remarquable dans ce triste décor était la fille qui dansait, au son des guitares.

La jeune femme blonde claquait des talons sur un fond de musique qui laissait soupçonner du flamenco, mais en toute évidence elle n'était pas plus espagnole que lui...sud américaine sûrement, la gracieuse fluidité de ses mouvements trahissait une douceur coloniale perdue par les fiers castillans.

Elle était superbe...sa peau dorée était une invitation à la caresse, tout comme sa bouche langoureuse l'était au baiser.
Le retour à la patrie manquait de joies pour Michael jusqu'à ce moment. La cascade de boucles blondes s'envolait avec brio au son de la musique...et il ne pouvait ou ne voulait pas la quitter des yeux...

La belle colombienne finit par ouvrir ses yeux turquoises tandis que ses amis et membres de sa famille de
gitans rangeaient leur guitares. Soudain réveillée, sans moyen de se réchauffer, elle frissona. Elle passa sa
main dans ses cheveux et détacha ses boucles dorées, qui tombèrent doucement dans son dos nu.

Elle cherchait toujours un moyen de se réchauffer. Elle ne rentrerait pas tout de suite. Car comme tous
les soirs a la tombée de la nuit, depuis qu'elle était en vacances, depuis que sa maison était partie en
lambaux, depuis que sa famille n'arrivait plus a se nourrir. Elle allait vendre son corps. Le flamenco ne payait
pas assez.

Elle mourrait vraiment de froid, maintenant, et son khol se mit a couler, alors qu'elle attendait un client.

Le spectacle était fini. Sans la magie de la musique le décor n'était que plus triste. Michael remarqua que la jeune femme quittait le petit scénario avec l'expression de qui s'éveille soudain d'un rêve et retombe lourdement dans la réalité.
D'un geste las, elle se passa la main dans la chevelure, la détachant et la laissant tomber librement sur son dos nu...par ce froid! Il devina son corps frissonnant et la suivit des yeux quand elle sortit et sans trop savoir pourquoi, il lui emboîta le pas.
Le froid était mordant et elle était là, seule, en guettant les rares passants d'un regard angoissé, alors l'auror devina ce qu'il se passait...transie et seule, elle cherchait à se vendre, comme une vulgaire marchandise, pour quelques mornilles qui lui permettraient de passer la nuit et manger quelque chose.
Silencieusement, il s'approcha et sans rien dire, ôta sa cape et la posa sur ses épaules frêles...

Les beaux yeux turquoises de la colombienne recommençaient a se mouiller de larmes vaines. Elle laissa aller
sa tête contre le béton gelé et pensa a tous ses jours passés, ou elle avait été heureuse. Maintenant, a
chaques fois qu'elle finissait sa journée a Poudlard, elle venait ici, et se vendait, comme cela, elle pouvait
offrir un repas a sa famille.

Pleurer est libérateur, et Shakira se laissait aller, devant ses passants indifférents a sa détresse.
Sauf un...Car elle sentit bientôt une tissu chaud et réconfortant lui glisser sur les épaules, elle se retourna.
Et vit un homme, ou plutôt un ange. Son ange gardien ? Toujours est t'il qu'elle ne minauda pas et offrit
un sourire, qui dévoilant une parfaite série de dents blanches.

-Merci...

Elle leva vers lui un visage qui traduisait toute la détresse du monde et pourtant se trouva la force de sourire en murmurant un merci à peine audible. Elle était près de claquer des dents.
La bise glaciale soufflait par rafales chaque fois plus fortes et rester là tenait du masochisme. Michael se limita à un sourire poli et la prenant par les épaules la fit traverser la rue.
Le petit restaurant était désert mais offrait une ambiance douillette grâce au bon feu qui ronflait dans la cheminée, il la guida, toujours sans rien dire vers une table et la fit s'asseoir.
Le propriétaire en personne se hâta vers ses uniques clients, un grand sourire ravi aux lèvres et leur souhaita obséquieusement le bonsoir.
Michael coupa court ses épanchements en passant sa commande:

Deux whiskies et dépêchez vous, mademoiselle claque des dents!

L'homme parti, il se tourna vers la jeune femme, souriant à peine, le regard compatissant.

Maintenant, dites-moi, pourquoi vous alliez faire ça?

Shakira voulut protester, mais elle n'en eut pas la force... Si elle ratait ses clients, elle ne pourra pas faire
manger ses neveux et nièces, ses parents adoptifs...Pourtant tous en avaient terriblement besoin.
La colombienne regardait avec incrédulité tout ce que faisait le jeune homme. Elle ne buvait jamais d'alcool,
c'était mauvais pour sa maladie. Lorsque le serveur repartit vers les cuisines, l'auror s'adressa enfin a elle.

Et c'était en plus pour poser une question des plus fâcheusement embarrassante, a laquelle elle répondit
doucement.

-Vous ne feriez pas la même chose, vous, si votre famille ne pouvait compter que sur vous pour les
nourrir, ou que vous étiez très malade, et que malheureusement, les soins ne sont pas gratuits ?

Il savait que sa question était gênante mais la jeune femme n'essaya même pas de l'esquiver, d'une voix douce où perçait à peine un léger accent elle reconnut la triste réalité.

Michael la laissa parler sans l'interrompre, la regardant droit aux yeux. Son regard était limpide et immensément triste. Le mot maladie le fit à peine tiquer...était elle malade? En parlant de la famille, la voix de la jeune femme s'enroua et Michael devina que la confession devenait pénible.

Je ne veux pas vous faire la morale mais je pense qu'il existe d'autres moyens pour une jeune femme comme vous...que se vendre au coin des rues, il hocha la tête et des mèches blondes retombèrent sur son visage, il les écarta d'un geste agacé et reprit, mais bien sûr...je ne peux pas savoir, je suis un homme et les choses sont différentes.

On apporta les boissons. Il poussa le verre vers elle, un curieux sourire, semblable à un rictus amer se dessina sur ses lèvres.

N'ayez crainte, je ne cherche pas à vous enivrer ni rien de semblable...il faut vous réchauffer avant tout. Si vous êtes malade, pas question de l'être plus encore. Buvez!, et le ton péremptoire de sa voix ne laissait pas lieu à un refus.

-Peut être qu'il existe d'autres façons, mais si vous en trouvez une, faites moi signe.

Elle eut un léger sourire, mais réprima un grimace en sentant l'odeur forte du whisky, elle lui piquait presque
les yeux. Elle passa ses doigts effilés de pianiste sous ses billes turquoises et pures, pour enlever le khôl qui
avait abondamment coulé sur ses joues pales.

Le ton de l'inconnu la laissa bouche bée, mais elle avala le whisky. Elle fut prise d'un frisson mais reprit vite
des couleurs grâce a la chaleur que provoquait l'alcool. Elle sourit gentiment au jeune homme, et dit d'une
voix brisée :

-Enivrer...Je le sais que ce n'est pas votre intention. On m'a fait le coup tant de fois maintenant...

Quel ton désenchanté! La pauvre semblait avoir vécu des temps très durs mais Michael n'était pas de ceux qui s'émouvaient facilement, il avait vu tant de misères dans sa vie.

Sous ce maquillage qui coulait, il pouvait deviner une femme très jeune. Ses yeux, d'une couleur incroyable, le fixaient avec curiosité et aussi une certaine effronterie, mais il y était habitué et préférait tout de même ça à ces regards franchement invitants que lui lançaient habituellement les femmes.
Elle but sagement le whisky sans éviter une grimace et ses joues reprirent un peu de couleur. Elle avoua sans ambages que d'autres avaient déjà utilisé ce stratagème pour obtenir ses faveurs.

Michael secoua la tête, pas avec incrédulité, il avait vu tant de choses dans le genre que rien ne parvenait plus à le choquer, cela le faisait enrager. Il détestait l'abus sous n'importe quelle de ses formes.

Ne vous en faites pas, je n'ai pas cette intention, assura t'il en essayant de ne pas se montrer si sec mais là encore c'était inévitable...on ne va pas contre sa nature alors pour contrecarrer cela il poursuivit, vous n'êtes pas anglaise, ça saute aux yeux...de quel pays d'Amérique du Sud venez vous? Parce que vous n'êtes pas espagnole, non plus!

La jeune femme fut comme tirée d'un long sommeil par le whisky, et elle se rendit compte dans quel état
misérable elle était. Ce n'était pas son tempérament de se plaindre. Elle avait toujours gardé ses maux et
ses peines pour elle mais avec ce jeune homme...C'était comme si elle n'avait pas besoin de modérer ses
paroles.

De toute façon, il était très beau, mais était vraiment très sec. Il n'avait pas l'air méchant et semblait trop
vieux pour être encore a Poudlard. Mais il avait un air de...déjà vu. Une tête d'adolescent sorti trop tot de
l'enfance.

-Je viens de colombie...Mais vous êtes très perspicace ! Jusqu'ici, personne ne se serait douté que je
n'étais pas espagnole, vous m'avez l'air beaucoup moins idiot que certaines personnes que je croise tous
les jours...

Michael subit l'examen sans broncher mais sa dernière remarque lui tira un sourire franchement amusé...c'était très réconfortant savoir qu'on a l'air moins idiot que les autres!
Le whisky semblait l'avoir remise d'aplomb car elle parlait avec plus d'assurance, néanmoins Michael devina qu'elle souffrait de sa condition misérable même si elle faisait des vaillants efforts pour ne pas s'en plaindre.

Ah! La Colombie...un beau pays!, les yeux de la jeune femme eurent un éclat chagrin et il s'en voulut presque de lui ramener des souvenirs d'un temps certainement meilleur, alors d'un geste qu'il n'avait pas prévu faire, l'auror posa sa main sur celle de la jeune inconnue. Il la sentit frissonner mais elle ne la retira pas, pourquoi es tu...pardon...cela ne dérange pas si je te tutoie?, il se força à sourire de nouveau mais comme depuis tant de temps ce sourire n'atteignit pas ses yeux , son regard demeura grave presque laconique...comme son âme!

Shakira ne put réprimer un frisson lorsque l'auror posa sa main sur la sienne. Elle sourit lègèrement.
Il n'était pas beaucoup plus vieux qu'elle et était...il faut dire , trés mignon. Son ton semblait lointain,
détaché de tous sentiments, comme pour cacher une profonde souffrance, ou un traumatisme.

-Bien sur, tu n'avais meme pas besoin de me le demander.

La belle le fixait avec un air lègèrement insolent, et malicieux. Mais elle ne minaudait pas, ce n'était pas de
ses jeune femmes qui tournaient autour du pot, alors qu'un homme leur plaisait. Elle aimait beaucoup se
faire désirer.

-Quelle était ta question ?

L'éclat de ces yeux étonnants avait changé, se teintant d'une malice frayant l'insolence. Elle était belle et le savait, sans doute les hommes lui tournaient autour comme des guêpes et la jeune femme menait le jeu, à sa façon.
Michael grimaça un nouveau sourire, sous sa main forte celle de l'inconnue semblait aussi frêle qu'un papillon.

Pourquoi es tu ici? Ce n'est pas évident que tu ais abandonné la Colombie pour venir te terrer dans cette grisaille déprimante!

Bien sûr, il connaissait quelques raisons très valables, par exemple fuir, de quelqu'un, d'une situation. Michael avait quelques expériences semblables à son avoir, mais n'en souffla mot, attendant la réponse de la jeune femme, sans la quitter des yeux. Il était conscient d'être en train de se livrer à un petit jeu dangereux, ce qu'il désirait le moins était semer un espoir, une idée quelconque dans ce jeune cœur meurtri...pourtant ses yeux ne lâchaient pas les siens et sa main demeurait là où elle était.
Il pensa, dépité, qu'après tout, c'était peut être lui qui avait besoin de réconfort et compagnie même si seulement le supposer faillit le mettre de mauvaise humeur...

Le jeu de la séduction...La belle colombienne gagnait a chaques fois a ce jeu la. Mais c'était un jeu dangereux
et cruel, qui ne laissait aucune place aux sentiments. Meme si ils finissaient par s'installer, et qu'ils faisaient
du mal. Elle continua a fixer le visage d'une beauté insultante du jeune homme, visiblement peu déconcentré.

-Mes parents sont morts dans un incendie, que, malgré moi j'ai déclenché. Ma famille adoptive est ici.

Oui, la belle n'avait pas toujours controler son effrayant pouvoir qu'était le controle du feu. Et pour cause...
Le simple fait de parler de cet épisode de sa vie lui fit baisser le regard.

Elle avait baissé les yeux après cet aveu douloureux, offrant une image d'affliction à attendrir un ogre mais Michael se contenta de serrer légèrement ses doigts.

Désolé!, que pouvait il dire de plus?, il avait perdu le don de la commisération, il aidait volontiers son prochain mais il ne fallait pas attendre de lui qu'il se montre prodigue en mots de réconfort. Cette jeune femme était émouvante et un autre aurait sauté sur l'occasion mais l'auror De Brent se sentait incapable de franchir ce pas. Il demeura muet, ancré fermement dans ce que beaucoup taxaient d'arrogance voir indifférence.
Il savait sciemment que la seule façon d'esquiver la souffrance était éviter le sentiment qui la provoque.
Elle relevait les yeux et son regard fut si férocement innocent et éperdu, que Michael sentit que ça faisait mal. Il se sentait soudain si las, comme si toutes ses amertumes lui retombaient dessus d'un coup.
L'apparition du restaurateur le sauva de réflexions plus douloureuses, il commanda le repas pour deux, sans même penser à demander son avis à son invitée. Il était trop habitué à qu'on lui obéisse. Les yeux de la jeune femme étaient très expressifs, défiants même.

Pardon, se trouva t'il en train de dire, c'est l'habitude. Cela ne te gêne pas au moins?, puis faisant un effort, lui qui ne parlait jamais trop, je voudrais savoir ton nom!

La belle colombienne sourit légèrement lorsque le jeune homme s'excusa. Au moins lui s'en donnait la peine.
Elle se retint d'éclater de rire, lorsque le bel auror passa leur commande, le pauvre avait l'air a coté de la
plaque, tellement a coté qu'il commanda le repas de Shakira sans lui demander son avis. Elle s'en préoccupa
pas le moins du monde, car il avait bon gout.

-Je m'appelle Shakira...Et toi ?

Elle lui sourit. Elle avait retrouvé le sourire en quelques instant, grâce a un total inconnu.

Elle sourit. Un vrai sourire qui atteignit ses yeux et éclaira son visage menu. Michael eut un pincement au cœur et comme par réflexe retira sa main, abandonnant celle de la jeune femme sur la table. Elle lui adressa un regard velouté mais il demeura immuable.

Michael!

Tout court, tout sec. Il n'avait aucune envie de révéler son identité au grand complet, pas besoin de crier aux quatre vents qu'il était le fils renégat d'une famille trop connue. Michael savait très bien que les siens ne tarderaient pas à être sur sa trace mais il voulait retarder ce moment autant que possible. À simple vue, on n'aurait pas dit qu'il était trop heureux mais quoiqu'il en soit, l'auror tenait à sa peau et si les mangemorts lui mettaient le grappin dessus, il n'en resterait pas grand chose.
La conversation était tombée en point mort. Le jeune femme le regardait, amusée, pensant sûrement qu'il était un de ces gars timides qui manquent d'idées. Il aurait très bien pu laisser les choses ainsi...mais l'amour propre fut le plus fort.
Un regard plus tard et sa main se reposa sur la sienne. Un sourire, cette fois un vrai, incandescent de charme, parvint à ses yeux bleu sombre, les faisant pétiller de malice.

Parle moi de toi, Shakira...j'ai envie d'entendre ton histoire!

Et ses doigts étreignaient distraitement la main délicate.

Tu as des doigts de pianiste!

Pendant quelques secondes, le jeune auror fut assez froid, sec et distant, et l'instant d'après, il étreignait
ses longs doigts fins de pianiste et un sourire charmeur se peignai sur son beau visage...Parfait. C'était
le mot. Et pour la première fois de sa vie, la belle se sentit tout chose devant un homme.

-Eh bien...Comme tu le sais je suis Colombienne, et j'ai bientot 18 ans...Hum...Je suis née avec une grave
maladie mais aussi avec la faculté de controler le feu, que je n'ai pas toujours controlé, et qui a tué mes
parents. Et puis...C'est a peu prés tout je crois...Je suis danseuse, chanteuse et pianiste. C'est peut
étre par ce que j'ai les doigts qui conviennent.

Elle rit lègèrement.

-Et toi, parle moi de toi.

Parler de lui! Voilà quelque chose que Michael ne faisait pas volontiers. Il s'était attendu à cette demande, après tout c'était juste puisqu'il avait requis la même chose d'elle.
L'histoire de la jeune femme, racontée si brièvement, n'en était pas moins inespérée et pleine d'intérêt, il saisit l'opportunité au vol et souriant de nouveau, porta ces doigts effilés aux lèvres.

Des si belles mains qui jouent avec du feu, difficile à croire!

Ses yeux, distillant du charme pur, se posèrent de nouveau sur le visage de la jeune femme.

Tu es bien jeune pour aller de par le monde si seule et démunie, à ton âge tu dois être encore à l'école ou je me trompe. Tu vas à Poudlard, n'est ce pas?

En la voyant baisser la tête pour esquiver ses yeux inquisiteurs, Michael lui releva doucement le menton, la forçant à le regarder.

Dis moi la vérité, n'ai pas peur...je suis un type correct et tu peux te confier à moi!

Un type correct! C'était exactement la définition qu'on n'aurait jamais donné de lui...efficient, froid, mesuré, arrogant, blasé...mais correct? Qui sait, avec un peu d'imagination et bonne volonté...

Et comme elle semblait encore douter, il baisa encore une fois ses doigts, sans la quitter du regard.

Alors?...J'attends!

La belle colombienne essaya d'esquiver le regard du bel auror. Mais elle n'y arriva pas longtemps, surtout
lorsqu'il déposa ses lèvres sur ses longs doigts effilés, les traits purs de Shakira se firent un peu rougissants.

-Eh bien...Oui je suis en dernière année a Poudlard.

Si li continuait comme cela, a laisser glisser son regard brulant et flamboyant, Shakira ne pourrait plus
jouer avec, et il aurait gagné. Mais elle reprit vite son air joueur.

-Et toi, tu ne m'as toujours pas parlé de toi. Je ne te demande pas de me parler de ton passé, mais
tu dois au moins avoir une passion, non ?

Elle s'y entendait, à son petit jeu! La jeune femme avait beau être seule, démunie et malade, elle entendait faire les choses à sa façon. Elle ne voulait pas être séduite mais séduire, pour avoir le contrôle du jeu...parce que ce n'était qu'un jeu en fin de comptes.

Néanmoins en avouant qu'elle était en dernière année à Poudlard, une légère rougeur lui était montée aux joues. Aurait elle honte d'avoir été découverte? Ce n'était pas tous les jours qu'on rencontre une élève de la prestigieuse école qui danse dans des bars miteux et cherche à vendre son corps dans la rue!
Beaucoup de choses avaient changé depuis que Michael avait été dans cette même école.

Toujours en taquinant ses doigts, le jeune homme sourit.

J'ai beaucoup de passions, mais je crois qu'il ne serait pas bienséant d'en parler avec une jeune fille. Je ne suis pas le genre d'homme que tu voudrais fréquenter pour une sortie entre copains.

Il s'amusa en la voyant apprêter sa réplique et ne lâcha pas pour autant sa main. Il avait réussi à la dérouter un peu et en la voyant ciller, nerveusement, il faillit se sentir attendri.

Mais je suppose que ce n'est pas ce petit détail qui gêne...pas ce soir, avec cette tempête de neige, là dehors!

Et sa voix avait un ton suave, caressant...immoralement séduisant.

La jeune femme pencha sa tete sur le coté, laissant les belles mèches dorées tomber en cascade sur ses
épaules nues. Elle rassembla tous ses moyens et esprits. Ne pas minauder...Ne pas ciller...

Le problème était que le jeu prenait une tournure imprévue, son petit coeur battait tellement fort qu'elle
pensait qu'on pouvait l'entendre. Ce jeune homme était tellement mystérieux, charmeur et doux...Qu'il
lui donnait envie de le connaitre encore plus.

-Franchement...Meme si il faisait trés beau. Ca ne me dérangerait pas...Chacun a ses passions...

Elle ne put réprimer un frisson, en savourant chaque mots qui passaient la barrière de ses lèvres...

Elle minaudait, délicieusement, avec un savoir faire délicat mais potentiellement dangereux. Sa façon de pencher la tête, de laisser la cascade de boucles blondes déferler sur ses épaules.

Michael se passa la main dans sa tignasse blonde en perpétuel désordre, mais les mèches retombèrent invariablement sur son front. Elle ne le quittait pas des yeux, comme si elle voulait percer ses secrets les plus intimes mais il ne perdit pas contenance .

Franchement...même s'il faisait très beau. Ça ne dérangerait pas...chacun a ses passions...

Le demi sourire de l'Auror aurait suffi pour faire fondre un iceberg et l'éclat de ses yeux aurait dû entrer dans la liste de sortilèges interdits.

Tu l'as dit , chacun a ses passions! Dis moi, Shakira...quelles sont les tiennes et je ne parle pas de musique!

Il releva sa main et la retournant, pressa sa bouche juste là où battait le pouls. Lentement, avec délectation. En cet instant solitude et amertumes restaient reléguées à l'oubli, rien ne comptait à part le battement accéléré de ce pouls à même ses lèvres...

Le regard turquoise de la belle sud-américaine caressa tout le visage de son sauveur. Ben oui, aprés tout,
c'est lui qui l'avait sauvée du froid et payé un vrai diner, comme elle n'en avait pas eut depuis des mois.

Elle referma délicatement ses longs doigts encore une fois sur la main du bel homme. La facon dont il déposait
ses lèvres sur ses veines, sur sa peau, elle ferma un instant ses billes "mer des caraibes" et soupira, prete a
craquer. Mais elle essaya vainement de se reprendre.

-J'aime beaucoup de choses...Séduire, rire, m'amuser...Ce sont des occupations qui me sont
indispensables.

Son ton était délicatement provoquant.

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