Nuit ... [Fe]

Aucun bruit. Le silence planait, dans la haute tour, ne laissant entendre que quelques hululements d’une chouette, ou le bruissement des ailes de certaines qui s’envolaient, sûrement pour aller manger. Presque tout était plongé dans l’obscurité, puisqu’il était tard. Quelques étoiles brillaient dans le ciel, se détachant par leur éclat dans la noirceur de la voûte céleste. Et seul la lune éclairait un peu la tour, des rayons brillants se faufilant dans la sombre pièce.

Alors que le silence était bien installé, un bruit insolite se fit entendre, vite suivit de quelques jurons murmurés à mi-voix. Quelqu’un était apparemment tombé dans les escaliers de pierre. Mais qui donc était hors de sa maison, à dix heure du soir ? Simplement Aelys, qui ressentait le besoin soudain d’envoyer une lettre … D’ailleurs, cette escapade n’avait pas été de tout repos pour la jeune, puisqu’elle avait croisé Rusard. Mais elle s’en était sortie, puisqu’il ne l’avait retrouvé une fois qu’elle s’était enfermée dans une salle de classe ….

Doucement, elle siffla. Aussitôt, une petite chouette, d’un brun tirant vers le rouge, sortit sa tête de son aile, répondit avec calme, et s’envola pour venir se déposer sur le bras de la Serpy, qui lui attacha de suite la lettre. Alors, elles s’approchèrent de la fenêtre, et dans un grand mouvement, la chouette s’envola, vers une destination connue uniquement d’elles deux.

Dans un geste calme, la Française prit appui sur le rebord de cette même fenêtre, et poussa bien fort. Se retrouvant assise sur la pierre froide, elle se mit à penser … Plusieurs idées s’infiltraient doucement dans son esprit. Depuis combien de temps ne les avait-elle pas vu ? Harry, Ron, et les autres ? Bien trop longtemps. De plus, les vacances arrivaient, bien trop vite pour la jeune .. qu'allait-elle faire pendant ces deux longs mois ? Sûrement s’ennuyer, enfermée dans un monde des moins magiques, partagée entre les heures de prières et les sorties pour aller donner à manger au plus pauvre … A cette idée, Aelys émit un long soupire. Oui, son été serait long …

Ron avait décidé d'aller à la volière plus tard que d'habitude pour ne pas être dérangé par la foule d'élèves qui voulaient envoyer ou recevoir des messages. Il n'avait pas envie de parler, il était d'humeur grognon depuis quelques jours, puis il ne voyait plus trop Harry, probablement trop occupé par ses petites affaires avec l'Ordre. Il n'avait pas été voir son neveu, il n'avait pas envie pour l'instant. Etre tonton à son âge, c'était assez étonnant, et aussi très effrayant. Et lui dans tout ça ? Il ne se passait pas grand chose pour lui finalement...Il restait bien sûr la bonne poire à qui rien d'extra n'arrivait. Oh si, il avait perdu ses parents...et il haissait Voldemort. Il aurait voulu être là, être en face de lui pour le faire souffrir...

Alors en montant les marches, il repensa à tout ça, il trouvait tout morose. Il espérait avoir reçu une réponse à sa lettre en tout cas, et entra dans la volière quand il vit Aelys en face. Oh manquait plus que ça, lui qui voulait être seul.

- Hum, 'lut, dit-il.

Complètement perdue dans ses pensées, la jeune Française ne l’avait pas entendu arriver. Ce n’est que lorsqu’il pénétra dans la tour qu’Aelys sursauta, se rattrapant aux rebords, fixant le nouvel arrivant de ses yeux bleutés. Un court instant, elle fronça les sourcils – qui avait eût la même idée qu’elle, se réfugier dans ce lieu ? -, et elle ne se détendit qu’en se rendant compte qu’il ne s’agissait que de Ron …

Oùlà …. Il ne semblait pas de bonne humeur. La voix timide d’Aelys s’éleva, dans une énormissime bouletterie :
- Ca va ?-

A peine la question posée, qu’Aelys devint rouge écarlate. Encore heureux, le noir cachait cette soudaine chaleur …. Ho làlà … la discutions commençait mal … Comment pouvait-il aller bien ? Ses parents étaient morts – c’était une chose qui avait fait le tour de Poudlard – et la seule question qu’elle ne posait : allait-il bien .. Pathétique. Lamentable. Pathétiquement lamentable oui.
Aussitôt, elle n’osa plus le fixer, observant avec une attention particulière ses pieds. Et de nouveau, sa voix s’éleva, bien plus blanche, bien plus frêle
- Pardon ….-

Ron sentait qu'il n'était pas forcément attendu, Aelys aussi aurait sûrement voulu être seule.

//- Ca va ?-// lui demanda-t-elle.

A cette question, il pâlit. Comment pouvait-elle lui demander ça ? Sérieusement, elle croyait vraiment que tout était rose dans sa vie ? Il aurait voulu lui crier dessus, mais il n'en avait pas la force en fait, et puis elle semblait gênée.

//- Pardon ….-// lui dit-elle alors.

Une ambiance pesante s'installa dans la pièce. Ron ne savait pas quoi faire, il ne savait pas quoi dire. Il était comme paralysé, il n'avait plus envie de rien faire. Finalement, au bout de quelques minutes, il prit la parole :

- C'est pas ta faute, dit-il d'une voix tremblante.

Il haussa les épaules et alla se poser contre le mur, pour se laisser glisser par terre et resta assis. Bon, il arrivait ce fichu hibou ?

La jeune était rouge écarlate. Elle retenait doucement sa respiration, tentant de se faire discrète. Comment pouvait-elle aussi cruche, ce soir ? Un court instant, elle passa ses mains sur sa fatigue, tentant de refroidir sa peau brûlante. Le silence se faisait pesant, et Aelys était sur qu’on pouvait entendre son cœur battre à tout rompre sous son Tshirt … Oui, très cruche ce soir la demoiselle. Mais elle aurait presque préféré qu’il lui hurle dessus, une bonne fois pour toute, que devoir subir ce silence lourd, peu agréable. Et puis, ça lui aurait donné une bonne raison pour pleurer une bonne fois pour toute, aussi. Non, non, elle devait chasser de son esprit ces idées moroses.

Un court instant, elle frôla le regard du rouquin, se mordillant les lèvres timidement. Que dire, que faire ? Engager la conversation sur quoi .. ? Pour une rare fois, la jeune se trouvait à court d’idée pour parler .. bien rare pour elle, qui avait toujours de nombreux sujets de discutions au bout des lèvres. Alors, lentement, elle retourna sa tête, observant les nombreuses étoiles qui brillaient dans le ciel. Et, enfin, sa voix s’éleva, lentement, encore plus timidement qu’au tout début.

- Les vacances sont bientôt là …-

Et voilà. Quand je vous disais que la demoiselle était cruche. Il venait de perdre ses parents, et elle ne trouvait à parler que d’un truc : les vacances. Non, non, vraiment … Lamentable. A croire qu'elle le faisait exprés. M’enfin… C’était dit. A nouveau doucement, elle remit son regard sur le rouquin, sans pour autant le fixer, de peur qu’il ne le prenne mal … Car le tombeur ne semblait pas aller des mieux, et peut être était-il susceptible quand il était de mauvais poil ….

Encore cette fois là, le silence régna et aucun des deux ne parla. Ron était perdu dans ses pensées. Puis finalement, le silence ne le gênait pas au contraire, il préférait ça à devoir faire la conversation et faire semblant d'aller bien.

//- Les vacances sont bientôt là …-// dit alors Aelys

Ron soupira. Des vacances bien ternes l'attendaient.

- J'ai pas envie de rentrer chez moi, dit-elle. Puis j'y ferais quoi de toute façon ?

Il préférait rester là pour les vacances, mais bien sûr ce serait sûrement impossible. Il ne savait pas du tout où il irait alors...

Merlin !! Deuxieme bouletterie de la miss qui s’enfonçait, et pourtant il lui sauvait encore la vie, en ne l’engueulant pas … Il devait être carrément de bonne humeur … même si il ne le montrait pas. Pas du tout d’ailleurs. Car le gryffondor semblait au plus mauvais point … M’enfin .. Ce n’était pas les affaires de la jeune, dans le fond.

Son regard, alors qu’il soupirait, repartait vers les étoiles. Elle même émit un petit soupire, léger et discret, alors qu’elle pensait. Oui, il n’était pas le seul à être mal en point .. Loin de là. Mais ce qui l’étonna, ce fût l’impression de résignation qui ressortirent des paroles du rouquin. Aurf, il semblait très mal en point … Psychologiquement parlant, bien sur.

Après un court instant de réflexion, elle se laissa glisser du rebord silencieusement. Non, elle pouvait pas laisser tomber son tombeur à elle quand même. Le seul qui la faisait rire continuellement, habituellement. Dans un sautillement léger, sans bruit, elle vint se mettre à côté de lui, et se laissa glisser contre la pierre froide.

Puis, le rouge montant doucement à ses joues, elle passa son fin bras sur les épaules du rouquin.
- Allez Ron …- murmura-t-elle d’une voix toute douce, avant de poser légèrement ses lèvres froides sur la joue du Gryffondor.

Ron vit alors Aelys venir se poster près de lui et chose surprenante, elle l'embrassa sur la joue. Ron frissonna et rougit un peu, ça l'embarassait un peu, mais il laissa Aelys poser son bras sur ses épaules et rester près de lui.

- Me...merci, bégaya-t-il.

Il ne savais pas trop comment réagir face à ça. Il se sentait un peu mieux, mais en même temps, il était un peu perdu. Il se décida alors à faire un geste lui aussi, et prit la main d'Aelys dans la sienne. Allait-elle le rejeter ? Ou se laisser faire ? il ne savait pas, mais tant pis...La jeune fille lui avait toujours beaucoup plu, et ce qui était drôle, c'est qu'ils se rencontraient toujours dans des circonstances assez étranges, Ron se retrouvant toujours par terre ou presque. Il se demandait d'ailleurs comment il avait fait pour ne pas la faire fuir la première fois, car un gars comme lui n'avait pas vraiment de succès auprès des filles...

Avec lenteur, la tête de la Française se posa sur l’épaule du rouquin. Pourquoi avait-elle craqué sur lui ? Ils ne se voyaient que dans des circonstances des plus étranges, et chaque fois l’un des deux tombait. Bien sur, ça la faisait rire – au plus haut point, même -, et elle s’en voulait régulièrement – comme la fois où elle avait finit sur lui, à Gringotts, après avoir effectué un vol plané de quelques mètres.-. Oui, c’était peut être ça … A force de se retrouver dans des situations catastrophique, elle avait finit par voir combien il était courageux, et drôle … Un léger sourire naquit encore une fois à ses lèvres.

Et, il l’arracha à ses pensées. Une vague de petits papillons vint s’insinuer dans son estomac, alors qu’il prenait sa main. Eurf, encore heureux qu’il ne la voyait pas …. Rouge écarlate, la demoiselle. M’enfin, elle n’était plus à une honte prés, avec lui. Finalement, le corps tendue comme un arc, dans un souffle presque inaudible, la Française chuchota
- J’t’aime bien Ron … T’es toujours simpa.-
Un sourire timide s'installa sur ses lèvres, alors qu'elle restait appuyée contre lui, sa main doucement enlacée

Ron sourit et laissa Aelys poser sa tête sur son épaule. Il se sentait plus que bien, et avait oublié tous ses soucis. Si on lui avait dit au début de l'année scolaire qu'il en serait ainsi, il aurait bien ri, jamais il n'aurait pû le croire. Mais il le vivait bien ? C'était réel tout ça. Cependant, tous les deux n'étaient pas encore très à l'aise, mais ça commençait tout juste, alors bon...

- Et si on rentrait, j'ai faim, lâcha-t-il sans trop réfléchir.

Il grimaça, ce n'était pas très subtil. Mais c'était pas sa faute s'il avait faim.

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