C'était une belle journée. Armand avait eu la journée de libre étant donné qu'il avait fini ses devoirs bien avant les autres. Il avait donc préféré s'aérer les poumons par une petite promenade en dehors du chateau. Perdu dans ses pensées, il se surprit à marcher en direction du Saule Cogneur. Il allait faire demi-tour lorsqu'il entendit des pleurs, de jeune fille apparemment, venir du côté de l'arbre ensorcelé. Il crut d'abord à un accident, la réputation du Saule Cogneur étant déjà faite. Il accourut dont en direction des bruits, mais il s'aperçut qu'il s'agissait simplement de la Méredith Gloss. Cette demoiselle qu'Armand n'avait jamais fort appréciée et quel euphémisme. Il constata qu'elle pleurait -encore une fois- la disparition de famille. Gloss s'était aperçue que quelqu'un l'espionner, mais au lieu de partir lorsqu'elle se retourna dans sa direction, il préféra se laisser aller à son plus mauvais et acerbe esprit, et déclara avant qu'elle ne dise quoi que ce soit :
"Magnifique spectacle, Gloss ! " Armand souriait. "La prochaine fois, évite donc de te montrer si démonstrative, on ne peut que constater un manifeste manque de tenue et de grâce. Tes parents ne t'ont-ils donc jamais éduquée ?" Il avait touché le point sensible.
Armand était cruel et il le savait, mais il avait toujours éprouvé une profonde aversion pour cette jeune demoiselle. A vrai dire, c'est depuis leur première rencontre dans le Poudlard Express de cette année. Elle n'avait rien fait de spécial, mais c'est son tempérament écoeurant d'immuable dépression qui l'exaspérait. Armand avait toujours eu en horreur ce genre de comportement. S'apitoyer sur son sort était un état régressif pour une personne qui ne permet donc aucunement d'évoluer. A ses yeux, si elle ne changeait pas, Méredith Gloss sera toujours une sorte de caisse à déprime ambulante. Il connaissait la perte d'un être cher et il savait également qu'il ne servait à rien de le pleurer indéfiniment. Bref, c'est pour son manque de maturité et pour sa disposition à la régression qu'Armand pouvait prétendre ne pas aimer la jeune fille. Mais il fallait avouer que c'était également parce que celle-ci s'emportait facilement qu'il prenait un perfide plaisir à la pousser à bout.