Deux affamées en goguette (fe)

En principe, l'entrée aux cuisines est interdite aux élèves. Tout le monde le sait à Poudlard et tout le monde s'en moque.
Le tout est de connaître la manière de s'y rendre.
Angel le savait avant même son entrée au château. Sa grand-mère le lui avait dit et elle ne s'était jamais privée de venir en ces lieux quand une fringale ou l'autre la prenait même parfois à des heures indues.
Or, ce soir là, elle avait raté le dîner. D'abord parce qu'elle sortait de l'infirmerie puis parce qu'elle avait dû écrire à sa Mamy. Bien sûr Méredith était avec elle. On ne se trouve pas une jumelle tous les jours et 12 ans de séparation c'était assez long comme ça.
La même faim les tenaillant, les filles passèrent de la volière aux couloirs en direction du sous-sol.
Personne ne s’intéressa de près à leur route, elles parvinrent sans problème dans une sorte de vestibule. Sur un des murs un énorme tableau était accroché. Il représentait une coupe de fruits. Sans hésiter, Angel s’en approcha :

Tu vas voir c’est marrant.

Du bout de deux doigts, elle chatouilla la grosse poire qui se tortilla en gloussant. Aussitôt, une poignée verte se découpa à sa place. Il suffisait de la pousser.

Méredith se demandait de quoi pouvait bien parler Angel. "Chatouiller une poire" ? Es-ce que c'était un mot de passe ? Aucune idée !
Elle suivit sa soeur dans le silence ou, du moins, dans le calme qui régnait entre deux gargouillis de leurs estomacs.
Elle arrivèrent dans ce qui paraissait être une voie sans issue. Un tableau représentant une belle coupe de fruits leur faisait face.
Angel s'en approcha et chatouilla une poire qui se mit à glousser. Méredith écarquilla les yeux en voyant une poignée apparaitre.

Waou !!! Mais dis-moi, tu connais vraiment Poudlard par coeur ! J'ai de la chance de t'avoir comme soeur !

Angel pouffa sous la remarque de sa soeur quoiqu'elle eût un léger pincement de coeur. C'était tellement injuste ce qui leur était arrivé. Séparées à l'âge de trois ans, Angel avait vécu un bonheur sans tache alors que Méredith, elle, avait énormément souffert.

Viens, entrons!

La Serdaigle fit jouer la poignée, elles pénétrèrent dans l'antre réservés aux elfes de maison.

Cette pièce fourmillant de créatures en activité était une réplique quasi parfaite de la grande salle juste au-dessus. Angel crut bon d'expliquer:

Tu vois, c'est comme ça que la nourriture arrive sur nos tables. Ils la pose ici, puis hop, ils nous l'envoient.

Un grand ramdam régnait, l'heure était à la vaisselle et aux rangements.
C'est presque timide qu'Angel osa s'adresser à un elfe:

Excusez-nous. Nous avons raté le dîner. Il vous reste quelque chose à manger.

Le petit être chave aux grandes oreilles, vêtu d'une sorte de sac noué aux épaules, la salua jusqu'à terre. Il indiqua une des tables vers laquelle les filles allèrent se poser.

Méredith suivit sa soeur à l'interieur de la cuisine.
Une bonne cinquantaine de petits êtres s'activer deçà delà pour finir de remettre la salle en état. Il faut dire que de nourir tout un troupeau d'élèves affamés ne devaient pas être de tout repos !
Méredith observa l'elfe qui venait de s'approcher lorsqu'Angel l'avait appeler. Il désigna une table un peu plus loin.
Les jumelles s'y installèrent et virent une dizaine d'elfes se précipiter vers elles avec des vivres pleins les bras.
La table fut très vite remplit de bonnes choses. Méredith regarda Angel par-dessus la table.

Eh bien, je crois qu'on ne vas pas mourir de faim ! dit-elle en souriant.

Oui, Méredith avait raison. En un clin d'oeil dix êtres serviables s'étaient occupées de ces demoiselles.
La table fut couverte de choses les plus délicieuses les unes que les autres.
Angel saliva, c'était trop tentant. Elle dit " Merci" aux elfes et plongea les doigts dans un plat dont elle sortit une cuisse de lapin.
Aussitôt, elle l'attaqua joyeusement en engageant sa soeur à l'imiter:

C'est délicieux! Goûte!

Dans un bel ensemble, elles dévorèrent mieux que des fourmis canibales.

Méredith regarda sa soeur. Son ventre se mit à gargouiller alors, sans plus attendre, elle attrapa un épi de maïs et commença à croquer dedans.
Elle ferma les yeux de bonheur comme cela faisait du bien de manger !
Elle regarda Angel en souriant. Finalement, avoir une soeur avait du bon !

Elles s'empifrèrent joyeusement durant 20 bonnes minutes puis Angel soupita d'aise en avalant un verre d'eau.
Une main sur son ventre rassasié, elle dit:

Il n' a plus de place.

Un elfe pourtant débarrasa la table en ramenant une coupe garnie de fruits, deux tartes et un panier de friandises. C'était tentant mais...

Méredith s'adossa à sa chaise en fermant les yeux.

Je n'ai jamais autant mangé de toute ma vie !

Elle ouvrit les yeux et regarda les elfes débarrassés, elle s'apretait à se lever les aider comme elle aurait fait à la maison mais l'un d'eux lui fit signe de ne pas bouger.
La table se garnit à nouveau, de friandises et autres gâteries sucrées.
Méredith soupira.

Je sens que je vais éclater mais c'est trop tentant !

Elle prit une pomme et jeta un coup d'oeil aux friandises. La plupart était en chocolat. Elle plongea sa main dans le panier et sortit une chocogrenouille.

Pour Angel, trop c'était trop. Le raisin était assez tentant, elle en prit deux grains, comme pour ne pas faire affront à la générosité des elfes.
Par contre pas question de toucher au chocolat. Elle vit Méredith contempler la chocogrenouille.
En général tous les élèves avaient commencé une collection dès leur entrée à Poudlard. Méredith était venue directement en 5ème n'avait sûrement pas eu cette "chance"

Tu as quoi comme carte? Si tu veux, je te montrerai mon album.

Méredith ouvrit sa chocogrenouille et prit la carte. Elle la regarda et sourit.

J'ai MacGonagall. C'est ma toute première carte. Je vais la ranger précieusement !

Elle la glissa dans sa poche et finit sa pomme.

Je veux bien ! Tu en as beaucoup ? J'ai vu de nombreux élèves qui parlaient des cartes de chocogrenouille mais je n'en avais encore jamais vu !

Elle soupira. Que se serait-il passé si le mangemort n'était pas venu cette nuit-là ? Aurait-elle eu une enfance heureuse ? Très certainement ! Et les chocogrenouilles n'auraient plus aucun secret pour elle !

Entendre que sa soeur voyait sa première chocogrenouille désola Angel. Elle serra affectueusement la main de Méredith.

Tu verras mon album. Il est complet malgré que je n'ai jamais avalé une seule de ces choco, tu sais pourquoi. J'ai aussi une tonne de doubles que je te refilerai volontiers. Tu pourras ainsi avoir ton propre album. ça sert à rien mais c'est amusant.

Méredith sourit.

Je me répete mais j'ai vraiment de la chance de t'avoir pour soeur !

Elle se leva, contourna la table et prit Angel dans ses bras.

Je t'adore !

Angel fut tout émue par ce contact étroit avec sa soeur. Elle eut les larmes aux yeux.

Moi aussi, je suis contente! J'ai tant prié pour en avoir une et te voilà! C'est Noël avant l'heure. Oh, suis bête!

Angel se frappa le front et fouilla ses poches. Elle en sortit un médaillon exactement identique à celui que lui avait donné Méredith.

Je... je l'ai fait copier, les photos aussi. Comme ça... on est encore plus pareilles.

Méredith poussa un cri d'exclamation.

Angel, tu as bien fait ! Je suis si contente que tu puisse voir papa et maman en photo ainsi que nos soeurs !

Elle lui claqua une bise sur la joue puis enfila son médaillon. Depuis ses retrouvailles avec sa jumelle, Méredith parlait avec plus de facilité de leur défunte famille.

Angel fut ravie de rendre son médaillon à Méredith. Elle ne doutait pas que cela lui ferait plaisir. Elle redoutait surtout la réaction de ses parents d'adoption.
Pourtant, tels qu'elle les connaissait, elle était certaine qu'ils accueilleraient Méredith avec autant d'amour que si c'était leur seconde fille.

Notre vie a changé, soupira-t-elle émue. Tout ça pour un coup sur la tête. Je me demande pourquoi ils ne me l'ont jamais dit. Tu as une idée là-dessus, toi?

De multiples théories pouvaient être émises. Elle ne savait laquelle choisir.

La main sur son médaillon, elle écoutait Angel.

Je sais pas. Peut-être qu'ils voulaient te proteger ? Peut-être qu'ils ne savent même pas toute la vérité sur ton origine ?

Un tas de questions trottaient dans la tête de Méredith, dont la plus importante était : Comment les parents d'Angel allaient-il l'accueillir ?

La réponse de Méredith était logique mais cela impliquait deux choses: même sans être au courant des origines d'Angel, ses parents lui avaient menti par omission. Sans doute pour la protéger, pour qu'elle s'intègre mieux. Deuxièmement; fait indiscutable: il y avait un trafic d'enfants à Ste Mangouste!

L'homme qui m'a... vendue, est un criminel! Il faudra faire des recheches auprès du personnel en place à l'époque. C'est très grave. Il y a peut-être d'autres enfants comme moi qui ignorent qu'ils ont de la famille bien vivante. Tu te rends compte des remous que ça va faire?

Elle voyait déjà les manchettes et gros titres. ça promettait du sport.

Méredith réfléchit.

Quand j'étais à Sainte Mangouste, il y avait de nombreux enfants dans le service pédiatrie. Il venais tous d'une famille composée d'au moins deux enfants. Je me souviens qu'ils ne restaient jamais très longtemps et que j'étais triste parce que j'avais pas d'amie.

Elle se tourna vers Angel.

Tu crois que les enfants étaient enlevés de force à leurs parents ?

Eh bien... Je ne sais pas si c'était de force. Toujours est-il que l'on a fait croire à nos parents que j'étais morte. Peut-être m'ont-ils appliqué un sortilège qui donnait l'aspect de la mort? Ou bien, j'étais morte mais me suis réveillée après? Ils auront donné un corps quelconque pour l'enterrement, je ne sais pas.
Qu'on fait papa et maman pour mes funérailles? Où Erin est-elle enterrée? Le sais-tu?

Angel s'imaginait mal en train d'assister à l'exhumation de son cercueil. Mais s'il fallait en passer par là pour prouver des agissements malhonnêtes, tant pis.

Méredith secoua la tête.

Je n'en ai aucune idée. Je me rappelle que jusqu'à la naissance des jumelles, j'ai dû prendre des médicaments tous les jours. Je pense que c'était pour que je t'oublie.

Elle soupira.

On pourrais essaye le cimetière. peut-être qu'on retrouverait ta ... tombe.

Comme cela faisait bizarre de parler de sa soeur soi-disante défunte alors qu'elle se tenait en face !

Cette idée donna froid dans le dos d'Angel. Retrouver sa tombe... Ben... Pourquoi pas. Autant savoir ce qu'il y avait dedans.

On habitait où, exactement ? J'aimerais revoir la maison. Tu crois que c'est possible? J'ai quelques flashes parce que... à trois ans... on ne mémorise que les grands événements. Et... Notre anniversaire, il tombe quand?

Angel avait du retard à rattraper, presque autant que Méredith, finalement.

Méredith sourit devant le feu de questions que lui posait Angel. Pour une fois, c'était elle qui avait les réponses !

On habitait à Greenwich. notre maison était blanche avec des volets bleus. Je crois qu'elle existe toujours mais elle est a l'abandon depuis ... enfin, depuis 4 ans.

Elle sourit.

Nous sommes née le 29 Octobre. Et, je ne sais pas comment mais je me rappelle que je suis ton ainée de 2 minutes ! dit-elle, un sourire aux lèvres.

Le 29 octobre?

Cette révélation laissa Angel pantoise. On lui fêtait toujours son anniversaire en septembre!
Elle serait la seconde à être sortie du ventre de leur maman? Angel sourit mais ne voulut pas entrer dans la polémique qui circulait autour de cette question: qui est l'aîné? Certains disent que c'est le premier, d'autres que c'est le second. Si Méredith désirait s'affirmer grande soeur, cela ne dérangeait pas Angel.

On ira à Greenwich un jour! Même si c'est à l'abandon, ça vaut le coup.

Elle redevint pensive tout en prenant une clémentine.

Demain, Mamy Rose sera là... je t'avoue que j'ai un peu peur.

Méredith sourit à Angel.

Tu crois que ça nous rappeleras des souvenirs de voir la maison ? dit-elle un peu anxieuse.

Ce qu'espèrait Méredith, c'est qu'elle ne revive pas cette nuit ! Tout sauf ça !
Elle posa une main sur l'épaule de sa soeur.

Il ne faut pas avoir peur. Vu comme tu me l'as décrit, je pense qu'elle va accepter cela sans problème, dit-elle d'un ton qui se voulait rassurant.

Elle -même avait peur de cette rencontre mais elle ne voulait pas effrayer Angel qui paniquait déjà !

Qu'il était bon de se sentir soutenue. Avec Méredith à ses côtés, Angel avait l'impression que rien ni personne ne leur arriverait à la cheville.

Elle serra la main qui était sur son épaule.

J'ai surtout peur qu'elle s'imagine que je ne vais plus les aimer maintenant que je t'ai, toi!

Elle se leva pour étreindre sa jumelle plus étroitement malgré les regards bizarres dont les elfes les couvaient.

Il serait temps d'aller dormir, non? Tu dors ici, ou...

Elle n'osa pas dire chez Christopher de peur de gêner sa soeur.

» Deux amis, deux lettres (Fe : Will

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