Il faisait beau aujourd'hui. Enfin, aussi beau qu'il pouvait faire en ce mois de novembre.
Dans l'auberge des 3 balais, Gwendolyne était assise à une table. Celle-ci était recouverte de feuilles, tant bien que mal disposées en tas, qui cachaient presque entièrement la jeune femme du regard des autres clients. La sorcière avait le moral au plus bas. Toutes ces feuilles étaient les devoirs qu'elle devait corriger. Comme Gwendolyne était assez pareseusse, il y avait des copies qui auraient du être corrigées il y a au moins un mois. Elle avait essayé de retarder l'inévitable le plus longtemps mais là elle n'avait plus le choix.
Ce qui l'énervait le plus c'était de lire de telles imbécilitées. Véritablement affligeant. Elle avait sous les yeux un devoir d'une élève de 3è année, et en le lisant elle se demandait si elle ne devait pas pleurer. Mais la professeur essayait d'être indulgente. Elle savait à quel point l'Histoire de la Magie était un cours peu aimé des élèves et parfois ennuyant.
A ses cotés, une chope de Bière au Beurre la narguait. Elle avait bien besoin d'un remontant.
Si Gwendolyne était au Trois Balais c'était pour... en fait elle ne savait même pas pourquoi elle était venue à l'auberge. De toute façon cela ne changeait rien à l'épaisseur de la pile.
La carillon de la porte d'entrée sonna. La jeune femme, concentrée, ne leva même pas les yeux de ses copies pour voir qui était entré.

Sa vie de recluse à peine active énervait Dess. Elle devait bouger. Charlie avait tout planifié, tout organisé pour lui rendre les choses plus faciles mais Desdémone avait un mal de chien à supporter sa situation. Epouse bafouée d’un être aux deux visages, enceinte de ses œuvres, elle surmontait très difficilement sa dépression.
Qu’est-ce qui la poussa ce jour-là à visiter Pré-au-Lard ? L’(envie de revoir la maison où elle fut si heureuse ? Un espoir fou de le croiser ? Elle n’en savait rien.
Après avoir sinué et lorgné diverses boutiques, elle avisa l’enseigne de Mrs Pieddodu. Les souvenirs affluèrent en force. Elle et Hiro… Elle secoua sa crinière blonde et s gourmanda :

* Oublie ;oublie-le !*

Plus facile à dire qu’à faire.

L’établissement suivant l’attira : les Trois Balais.

* Bah, pourquoi pas ? Là, au moins, je n’y fus pas avec lui.*

Elle entra.
Le lieu était peu fréquenté à cette heure. Elle repéra un ou l’autre sorcier attablé, certains buvaient leur verre, les yeux dans le vague ; d’autres rêvaient à Merlin sait quoi. Elle vit une jeune femme perdue dans ses pensées face à une pile de parchemins, elle haussa les épaules très légèrement :

*Une prof ?*

Dess se dirigea vers le bar où elle commanda un jus d’œillet. Elle le reçut et l’emporta à la table voisine de celle de la jeune femme.
Elle y trempa les lèvres, ne pouvant empêcher les larmes de venir assaisonner sa boisson.
Rageuse, elle chercha un mouchoir dans le petit sac pendu à sa ceinture. Elle s’agita si brusquement que son verre chut par terre.

Nom d’un gnome ! C’est pas mon jour ! grommela-t-elle.

Gwendolyne, totalement absorbée par ses corrections, ne remarqua pas la jeune femme s'asseyant à la table voisine. Néanmoins elle fut tirée de ses pensées lorsqu'elle entendit une voix jurer :

Nom d’un gnome ! C’est pas mon jour !

La jeune femme leva alors légèrement les yeux et découvrit alors, pas terre, un verre brisé. Elle leva encore les yeux pour mettre un visage sur la voix et vit une jeune femme.
De toute évidence elle était en colère mais Gwendolyne remarqua aussi sur ses joues une discrète larme.
La professeur sortit sa baguette et lança un sort de nettoyage sur le verre qui disparut.
Tout en rangeant sa baguette elle fit un sourire à sa voisine.

- Si ce n'est pas votre jour, et bien nous sommes deux, dit-elle tout en indiquant dun coup de tête les copies jonchant la table.

Voir sa maladresse effacée par la jeune femme aux parchemins rendit le sourire à Dess qui leva ses grands yeux noisette sur sa voisine.

Merci ! dit-elle.

Elle n’avait d’autre solution que de commander un second verre. Elle remarqua que la jeune femme ne consommait rien.

Puis-je vous offrir quelque chose ? Si nous sommes deux à être dans un mauvais jour… partageons-le ensemble. Il sera moins pénible. Je suis Desdémone Shi… Baddream.

C'était devenu très dur de reprendre son nom de jeune fille. Elle était encore mariée mais si peu. Il fallait attendre. Dans quelques mois, peut-être qu'elle le rejoindrait.

Gwendolyne vit un sourire éclairer le visage de la jeune femme. Celle-ci la remerçia chaleuresement et lui proposa un second verre :

Puis-je vous offrir quelque chose ? Si nous sommes deux à être dans un mauvais jour… partageons-le ensemble. Il sera moins pénible. Je suis Desdémone Shi… Baddream.

La professeur accepta avec reconaissance d'un signe de tête. Boire un coup ne lui ferai pas de mal, au contraire. Elle avait besoin de faire une pause et lier connaissance était parfait pour se changer les idées.
Gwendolyne repensa alors à ce qu'elle avait dit lorsqu'elle c'était présentée. Desdémone Baddream, une ancienne collègue donc. Mais ce qui sembla plus important à la sorcière c'était le fait qu'elle soit l'épouse de Shima. Elle eu tout de suite envie de la questionner sur son mari. Elle ne savait pas trop si Desdémone était une de ses complices mais quelque chose lui disait que si la jeune femme était triste c'était très certainement à cause d'Hiro.
Gwendy se retena de la questionner et lança la conversation sur un autre sujet :

Enchantée. Je suis Gwendolyne Richmond, la nouvelle professeur d'Histoire de la Magie.

Gwendolyne ne s'était pas trompée, elle avait bien en face d'elle une collègue de Poudlard. Enfin plutôt une ex-futur-collègue, se dit-elle avec humour.
Elle était donc partie pour des raisons personnelles. A cette évocation, Gwendolyne ne put s'empêcher de ce demander qu'elles étaient ces raisons. Vilaine curiosité.

Êtes-vous satisfaite de votre poste ? Les élèves répondent-ils bien ? J’adorais enseigner cuisine bien que j’aurais dû obtenir le cours de potions…

Si elle était satisfaite de son poste ? On pouvait dire que c'était le cas. Gwendolyne aimait assez être professeur.

Très satisfaite. Malheureusement, depuis mes études les élèves n'aiment pas plus l'Hisoitre de la Magie, dit-elle ne souriant.