Sa vie de recluse à peine active énervait Dess. Elle devait bouger. Charlie avait tout planifié, tout organisé pour lui rendre les choses plus faciles mais Desdémone avait un mal de chien à supporter sa situation. Epouse bafouée d’un être aux deux visages, enceinte de ses œuvres, elle surmontait très difficilement sa dépression.
Qu’est-ce qui la poussa ce jour-là à visiter Pré-au-Lard ? L’(envie de revoir la maison où elle fut si heureuse ? Un espoir fou de le croiser ? Elle n’en savait rien.
Après avoir sinué et lorgné diverses boutiques, elle avisa l’enseigne de Mrs Pieddodu. Les souvenirs affluèrent en force. Elle et Hiro… Elle secoua sa crinière blonde et s gourmanda :
* Oublie ;oublie-le !*
Plus facile à dire qu’à faire.
L’établissement suivant l’attira : les Trois Balais.
* Bah, pourquoi pas ? Là, au moins, je n’y fus pas avec lui.*
Elle entra.
Le lieu était peu fréquenté à cette heure. Elle repéra un ou l’autre sorcier attablé, certains buvaient leur verre, les yeux dans le vague ; d’autres rêvaient à Merlin sait quoi. Elle vit une jeune femme perdue dans ses pensées face à une pile de parchemins, elle haussa les épaules très légèrement :
*Une prof ?*
Dess se dirigea vers le bar où elle commanda un jus d’œillet. Elle le reçut et l’emporta à la table voisine de celle de la jeune femme.
Elle y trempa les lèvres, ne pouvant empêcher les larmes de venir assaisonner sa boisson.
Rageuse, elle chercha un mouchoir dans le petit sac pendu à sa ceinture. Elle s’agita si brusquement que son verre chut par terre.
Nom d’un gnome ! C’est pas mon jour ! grommela-t-elle.