Il y a des moments dans la vie où le silence est d'or. Il y a d'autres moments dans la vie où parler est vital. Malheureusement, Opal McLane manquait du plus élémentaire sens de discernement. Elle avait la triste habitude de parler à tort et à travers quand on s'y attendait le moins et quand on attendait d'elle un mot rationnel, la seule chose qu'elle parvenait à faire était émettre un bafouillage indistinct, qui ressemblait au langage des kangourous.
Il fallait dire que le discours du jeune suédois fut loin d'être un speech shakespearien, mais avec un petit effort, on pouvait comprendre l'essence de l'idée. De tout ce qu'il dit, l'australienne ne retint que:
Erik aime toi, toi le sais.
Si elle eut l'idée de répliquer par un "Ah, bon!", signe évident qu'elle n'avait pas saisi l'importance capitale de l'aveu, personne n'en saura jamais rien parce que pour donner de la crédibilité à ses mots Erik l'avait embrassée...et pas un petit baiser de rien du tout, copain-copain, non...un vrai, incroyable et très suggestif baiser à la suédoise (?).
Si un imbécile quelconque n'avait pas eu la brillante idée d'ouvrir la damnée porte juste en ce moment sublime, Opal se serait pratiquement effondrée dans les bras de l'impétueux, tant ses jambes étaient devenues de la gélatine.
En songes, elle l'entendit formuler à sa façon la nouvelle de leur libération...nom d'un petit gnome, qu'il avait un beau sourire...et ses yeux!
Que...que?...moi aller voir avec toi!, farfouilla t'elle enfin. Comme quoi il y a des choses qui font que deux personnes se ressemblent, nous libres? Nous...fichus!
Mais, à son tour, le sourire dont elle gratifia le jeune homme fut...radieux!