BEN ! hurla Angel en voyant son fiancé plié en deux sous le coup de poing du malfrat.

Celui qui lui barrait la route rigolait grassement. Ses propos devinrent grivois, Angel rougit violemment tant de honte que de colère. Le patron de l’établissement, lui, jouait les autruches et avait tout bonnement disparu sous son comptoir. Personne ne semblait vouloir venir en aide à la Serdaigle aux abois. Bejamin, fermement tenaillé les loubards gigotait comme un beau diable… En vain. Ils étaient deux maintenant à chercher misères à la jeune fille, pas besoin d’un dessin pour comprendre lesquelles.
Elle tenta de les impressionner :

Je… Je suis ceinture noire de judo ! Le premier qui approche, gare à lui !

Tiens ? Cela rata ! Le premier avança encore.

Je vous assure que vous allez le regretter.

Il allait lui sauter dessus et, là, elle ne saurait plus rien faire.

* Tu vas avoir la surprise du siècle.*

Elle devait bien calculer son coup pour que cela passe pour… naturel.
Retenant son souffle, la main serrée sur sa baguette, elle attendit que son tourmenteur avance ses pattes velues vers elle. Au moment où il allait la saisir, elle fit jaillir un éclair aveuglant du bois enchanté. Les doigts de l’homme se refermèrent sur… du vide. Angel devenue chat, fila en direction de Benjamin. Toutes griffes dehors, le siamois lacéra le visage d’un des sbires qui lâcha son prisonnier. Celui-ci attaqua à son tour...

Par Merlin ! S'il n'était pas immobiliser, les garçons passeraient un sale quart d'heure ! Il se débattit comme un diable jusqu'à voir un éclair de lumière bizarre. Il se stoppa net et jeta un regard en direction d'Angel. A sa place, il vit un siamois se précipiter vers lui. Il sourit et ne bougea pas jusqu'à ce qu'un des garçons le lâcha. Là, il pivota rapidement et écrasa son poing sur le nez de son autre gardien, qui s'écroula au sol. Un coup de pied bien placé arreta un autre des gars qui venait à la rescousse.
Le chemin vers la sortie était libre. Sans demander son reste, Benjamin prit le chat dans ses bras et se précipita dehors. Il courut jusqu'à une ruelle et, dans l'ombre du batiment, transplana chez lui.
Il entra et se laissa tomber sur le canapé. La chat assis sur ses genoux, Benjamin le fixait en souriant.

Tu es vraiment adorable en chat mais je préfère quand même mon Angel !

Il la caressa doucement puis attendit qu'elle reprenne forme humaine pour la serrer dans ses bras et l'embrasser.
Après tant de frayeur, un petit calin s'imposait pour se rassurer.

Angel dans ses bras, Benjamin était heureux. Heureux qu'elle n'ait rien surtout. Son coeur avait failli s'arrêter quand le garçon avait poser ses sales pattes sur elle, mais la jeune femme avait plus d'un tour dans son sac et il était content qu'elle soit animagus.

Ma douce Angel, tu es vraiment formidable, je t'adore même en petite boule de poils.

Il l'embrassa longuement et la regarda transplaner, un sourire aux lèvres. Il se coucha tout content de sa journée et la tête pleine d'idées pour le lendemain.

Le jour arriva très vite et Benjamin se leva dès que le reveil sonna. Il se prépara rapidement et s'installa pour déjeuner en attendant sa bien-aimée.
Dans un coin de la salle, deux paires de patins attendaient qu'on daigne les prendre. Benjamin leur jeta un dernier coup d'oeil en souriant puis il se leva quand il entendit le claquement caractéristique du transplanage.

Il rejoignit Angel et l'embrassa tendrement puis il la conduisit jusqu'au salon et la regarda en souriant.

J'ai pensé qu'un peu de patin nous ferait du bien !

Il vit l'air un peu apeuré de la jeune fille et la serra dans ses bras.

Tu sais bien que jamais je ne laisserais quoique ce soit t'arriver. Il faut que apprenne à vaincre ta peur. Et je pense pouvoir t'aider.

Il l'embrassa avec énormément de douceur et sentit les dernières résistances de la Serdaigle fondre.
Quelques minutes plus tard, ils arrivaient en transplanant, juste derrière la patinoire de Londres. Ils chaussèrent leurs patins et commencèrent une timide avancée. Benjamin ne quittait pas Angel du regard, près à toute éventualité mais la jeune fille prit rapidement de l'assurrance. La musique, qu'ils entendaient, les invitait à une danse des plus douces.
Petit à petit, Benjamin accorda sa vitesse à celle de sa compagne et ils se retrouvèrent à évoluer comme un couple de danseurs sur glace.

Benjamin se rappellait les heures qu'il avait passer enfant, à patiner avec Ashley, sa petite soeur de coeur. Les pas lui revinrent rapidement en mémoire et il décida de tenter des portées. Tout se déroula merveilleusement bien, Angel lui faisait confiance et le suivait sans aucune hésitation. Ils venaient à peine de terminer un portée assez beau et ils étaient en train de se dévorer du regard quand la situation changea. Le temps parut comme s'arrêter et une spirale infernale les entoura.
Benjamin ressera son étreinte sur la taille d'Angel et tenta de voir ce qu'il se passait mais tout les alentours devinrent troubles puis s'effacèrent.

Accroche-toi !

Quelques secondes plus tard, un nouveau décor apparut en douceur et les deux jeunes se retrouvèrent sur la terre ferme. Une jungle les entourait ainsi que le silence. Sans lâcher Angel, Benjamin regarda autour de lui.

On est où là ? Plus à Londres en tout cas !

Il sortit sa baguette et transforma ses patins en chaussures, puis il fit de même pour Angel. Il lui adressa un sourire qui se voulait rassurant mais il aurait bien voulut savoir où ils étaient.
Tout à coup, un vacarme énorme retentit non loin d'eux. Décidé à savoir ce qu'il en était, Benjamin se tourna vers la jeune fille.

Ne bouge pas d'ici, je vais voir ce que c'est et je reviens.

Sans attendre une réponse de la part de la Serdaigle, il s'avança, baguette en main, vers la provenance du son. Après une dizaine de mètres, il arriva en haut d'une colline et ce qu'il vit en bas le laissa stupéfait.

Nom d'un p'tit Gnome, où es-ce qu'on est tombé !

Dans la vallée, une rivière coulait en son milieu et, s'abreuvant au bord, se trouvait des dinosaures !

Ce fut épouvantable ! Seule la présence affirmée de son fiancé rassura Angel qui frisait la crise de nerfs face au décor inédit qu’ils découvrirent ensemble.
Londres ? ça ? Jamais. La jungle brésilienne ou… autre chose ? Elle l’ignorait. D’un coup de baguette décisif, Ben transforma les patins en chaussures. Au moins le jeune homme ne perdait pas la tête.

Qu’est-ce qui s’est passé ? Où sommes-nous ?

La Serdaigle se posait mille questions tandis que le garçon réfléchissait.
Il se produisit soudain un bruit énorme, totalement inconnu.
Brusquement très sérieux Benjamin donna ses directives :

Ne bouge pas d'ici, je vais voir ce que c'est et je reviens.

Voilà qui ne réconfortait guère Angel. Elle grimaça un acquiescement discret en se mordant la lèvre inférieure.
Le temps s’étendit. Dans la touffeur tropicale du lieu, l’angoisse aidant, la jeune fille suait à grosses gouttes.

* Ben que fabriques-tu ? *

L’inaction lui pesait. Une myriade de sales bestioles lui tournait autour, la dérangeant copieusement ; elle décida d’enfreindre l’ordre intimé.
Se glissant de fougères en ronces aux épines grosses comme des doigts, Angel se rapprocha de son fiancé. Elle le vit tapi contre un rocher en train d’observer…
La Serdaigle se fourra le poing en bouche pour ne pas hurler.

* Nooooon*

Son esprit rationnel refusait d’admettre le tableau présenté en contrebas.
Là, à plusieurs mètres ( heureusement) paissait un troupeau de magnifiques… diplodocus.

* Je rêve et vais me réveiller* espéra Angel.

Hélas, la vision perdura.

* Impossible ! Ces animaux ont disparu depuis 150 millions d’années. *

Elle se pinça les joues, cela n’arrangea rien ; les bêtes étaient toujours là, elle et Benji aussi.
Soupirant, elle rejoignit son futur époux près duquel elle s’accroupit en murmurant :

Ils sont beaux mais… très gros, non ? ( Un diplodocus pèse de 6 à 20 tonnes, mesure 30 mètres de long sur 4 de haut)
Si nous changions de coin ?

Sa tirade ressemblait à une prière. Elle souhaitait réellement s’en aller.

On transplane ? souffla-t-elle pleine d’espoir.

Devinez… Ils essayèrent mais cela ne fonctionna pas du tout.
Cette fois, Angel ne sut retenir ses larmes. Bien qu’elle les sache herbivores, elle s’imagina mangée par ces créatures immenses. Ce n’était pas ce qu’elle souhaitait comme avenir. Elle voulait devenir l’épouse de Ben et porter ses enfants, pas finir dans le ventre d’un monstre préhistorique.
La jeune fille s’essuya les yeux ; ses idées se clarifièrent.

Allons par là, dit-elle en pointant un monticule éloigné. De là on dominera tout. Nous pourrons peut-être nous orienter vers…

Vers quoi ? Merlin sait si elle se le demandait. Mieux valait bouger que de rester sur place à se morfondre.