"Vous pensez qu'il est possible de naître à la mauvaise époque ?"
C'était une phrase d'un auteur de théâtre moldue, Sarah Kane, que Janis affectionnait tout particulièrement. En effet, cet auteur, après des études dans une école de théâtre londonienne si ses souvenirs étaient bons, s'était mis à écrire des pièces à succès.
Malheureusement, ses pièces avaient eues du succès non grâce à leur contenu (bien que celui ci fut un des meilleur que Janis ai eut l'occasion de voir !!) mais plutôt parce qu'elles avaient ouvertes une immense polémique qui était de réintroduire la censure en Angleterre. Pour Janis, cela avait été un scandale, et pour sa mère, vieille soixante-huitarde qui avait balancée les pavés encore plus.
Sarah Kane avait fini par se suicider. Pas à cause de ce ramassis de crétin qui ne pouvait lire le mot "cul" ou voir le mal être de la nouvelle société en face, mais justement pour ça. Parce qu'elle n’était pas née à la bonne époque. Enfin…

Janis ne regrettait pas grand-chose dans sa vie, mais plutôt dans sa non vie, dans des évènements qui s’étaient passés avant sa naissance, auxquels ses parents avaient participés et qu’elle avait loupés, pour son plus grand malheur.
Woodstock et Mai 68 en faisait évidemment partie. Elle n’osait même pas imaginer !! 450 000 personnes rassemblées dans un grand lieu, près de la ville qui avait donnée son nom au festival, pour écouter de la bonne musique, boire de la bière, vivre loin de la pollution des villes ne serait-ce que trois jours, prendre le soleil, s’arranger pour dormir mais surtout…ne pas faire trop de grabuge !!
« Nous avons eu moins de problèmes avec ce rassemblement de 450 000 jeunes qu’avec les habituels vacanciers ». C’était une déclaration de la police moldue. Comme quoi… Mais surtout, elle imaginer regarder, bouteille à la main et clope en bouche, Janis Joplin, Canned Heat et Jimi Hendric se déchaîner sur une scène au milieu d’un champ… Ha ! Ca faisait rêver ! Mais, tout ce que Janis avait eut l’occasion d’entendre de ce mémorable rassemblement se tenait en quelques enregistrements médiocres de Canned Heat version live Woodstock, en gros…

Janis aimait beaucoup voyager. C’était d’ailleurs pour ça qu’elle était rarement dans sa caravane… Là, elle n’avait pas de boulot, pour changer, puisque ses seuls besoin se résumaient en bien peu : des cigarettes et un minimum pour manger équilibré… Eh ! Tout de même… Faut pas croire… Toujours est-il que Woodstock était une ville que ses parents l’avaient emmenée visiter, il y avait maintenant longtemps, mais qu’elle tenait à revoir avec ses yeux d’adulte.
A l’époque, sa mère voulait juste lui montrer sa jeunesse en lui racontant comment elle avait vécue Woodstock (car, elle, elle l’avait vécue !!!) mais il ne s’étaient pas vraiment attardés… Et maintenant, n’ayant pas vraiment l’argent pour se permettre un confortable voyage en avion, elle fit, comme à son habitude, du stop.
Elle eut quelques petits soucis, contrairement à d’habitude, mais arriva sans encombres et saine et sauve au lieu dit. Là bas, elle aperçut en descendant d’un poids lourd, un petit bar qui lui semblait accueillant et tout indiqué pour la remettre de son voyage…

Elle poussa donc la porte du bar, et l’odeur rance du tabac froid ainsi que les vapeurs d’alcool la rassurèrent aussi tôt. Cette ambiance, elle connaissait, et elle était comme un poisson dans l’eau, à l’intérieur. Elle s’assit au bar, sourit au serveur et commanda une espèce de cocktail à la couleur étrange, qui semblait suggérer qu’il était à peine buvable…
Peu importait, en réalité…Elle avait juste besoin de se tenir éveillée assez longtemps pour trouver où dormir…

Elle écrasa sa cigarette dans le cendrier et balaya rapidement le bar du regard. Pas tellement de diversité mais plutôt des habitués en manteau de cuir… Tant pis ou tant mieux, elle ne savait pas trop sur ce coup. Ses yeux tombèrent bientôt sur des couleurs assez chaudes et sur des fesses. Elle mit un petit temps avant de comprendre que ces fesses et cette ceinture devaient bien être rattachées à un buste et elle leva les yeux pour tomber sur un jeune homme plongé dans son whisky. Elle eut la vague impression qu’ils se ressemblaient, tous les deux, et avait aussi, surtout, très envie de savoir cette ceinture qui lui avait attiré l’œil tout à l’heure…

Elle se rapprocha de deux tabourets et l’aborda sans plus réfléchit :

« Salut, dis moi… ta ceinture est vachement belle. D’où elle vient ? Vu les couleurs, elle ne vient pas d’Angleterre ou d’Europe…Je me trompe ? »

Il était plongé dans son whisky en face de lui, comme un duel entre deux hommes pour savoir lequel céderait en premier. C'était bien la seule comparaison que l'on pouvait à ces deux objets !
Deux objets parce que le jeune homme en face était tellement fixé et ne bougeait que rarement ce qui donnait l'impression d'avoir à faire à une statue. Il était concentré, il pensait à un poète: Arthur Rimbaud. Il était fasciné par cet homme qui étant jeune avait écrit tout ses poèmes, quels artistes.

Il mit du temps avant de se rendre compte qu'on lui parlait, il se tourna vers cet personne. Celle-ci et je dis bien celle-ci parce qu'elle se trouvait être une femme, non, une jeune femme. Elle lui dit un compliment sur sa ceinture accompagné d'une question pour savoir d'où venait-elle ? Ne sachant que répondre, il avait tellement l'habitude de la portée et le fait de le sortir de ses rêves le troublait. Il répondit quand même.

"Oh, salut....oh et bien elle vient...elle vient pas d'Europe vous avez raison, elle vient de l'ouest des Etats-Unis d'après mes souvenirs, je crois bien l'avoir acheté à un vieux marchand blanc qui se vantait de cette ceinture."

Il n'avait pas encore bien analysé la personne qui se présentait à côté de lui, elle était très coloré, ou plutôt ses vêtements. Elle avait de très longs cheveux qui lui arrivait jusqu'au milieu de son dos. Elle lui fît pensé à un hippie tout droit sortit des années 60. Elle lui était familière.

- On vous croirait sortit des années 60, mademoiselle ! Vous faites quoi dans la vie ? Si sa vous dérange pas.

Il finit sa phrase en buvant cul sec son whisky !
*Sa fait du bien par où sa passe !*

Janis était amusée. En effet, l'homme semblait tellement perdu dans ses pensées, tellement loin, trop loin de tout, trop loin d'elle et de lui même, sur un nuage, à mille années lumières de ce qui l'entourait... Pommé dans une époque qui ne lui correspondait en rien. Comme elle. Comme tant d'autres. Comme... rien. Rien n'était exactement pareil, et c'est ce qui faisait que ce bas monde était s intéressant. Oui mais... mais on pouvait trouver des ressemblances. Et elle avait la vague impression que elle et lui, deux énergumènes évoluant en suivant un rythme qui leur était propre, se ressemblaient.

Alors comme ça, il s'était laissé avoir par un marchand blanc trop fier? Bon... tant pis. Peut-être qu'il avait ses raisons. En tous les cas, elle était bien jolie cette ceinture.

Citation :

- On vous croirait sortit des années 60, mademoiselle ! Vous faites quoi dans la vie ? Si sa vous dérange pas.

Aouch. Hum... Oui. Il a raison. Je fais quoi, dans la vie. C'est quoi, ma vie. En ce moment... c'est quoi?
*Eh bien, jeune homme, en ce moment je ne travaille pas, je voyage en stop, je couche avec des hommes d'un soir, je n'ai pas de sous et ça me convient parce que la société de consommation me tape sur le système, "le société, elle a mauvaise haleine" comme dirait l'autre, vous savez? Et puis je voyage beaucoup, au rythme de mes envies. vous connaissez le Mali? Au fait, je m'appelle Janis...*
Non. NON. Elle ne pouvait pas lui dire ça, voyons. Même si c'était la pure et simple vérité. Mais il n'y a que les enfants qui comprennent la pure et simple vérité, puisqu'eux même sont purs et simples. Oula... la question qui tue.
Elle ne réfléchit pas tellement puisque tout ce petit cirque s'était joué en quelques secondes dans sa tête trop pleine.

" Dans la vie? Oh... je voyage, je vagabonde, je m'abandonne, je m'instruis, je n'ai pas de travail car je n'ai pas tellement besoin de sous pour faire ce dont j'ai envie.
Je vis dans une caravane et là.. eh bien euh... je suis venue en stop jusqu'à Woodstock, vous savez pour..me souvenir, essayer de m'imaginer.
Bref..
Je m'appelle Janis."

Haha... ce qu'elle disait n'avait, comme d'habitude, pas beaucoup de sens et elle se laissait emporter mais, qu'importe! Elle avala une longue rasade du cocktail. Hum... délicieux. Il était DE-LI-CI-EUX. Moche mais délicieux. Comme tellement d'autres choses...

Elle posa le regard sur l'homme. Il était vraiment beau, assez original. Il n'incitait pas vraiment à la conversation mais bon.. peu importait en vérité. Si li lui demandait gentiment de le laisser seul profiter de sa solitude eh bien.. elle le ferait. Elle ne voulait embêter personne, elle...

Il décida de rester à regarder son verre, non pas parce qu'il voulait passer tout son temps seul, non pas non plus qu'il était saoul mais parce qu'il n'avait vraiment pas l'habitude de parler aux femmes...Il se tourna une fois de plus vers la jeune femme: elle n'avait pas l'air comme tout ceux qu'il pouvait croisait dans la rue, malgré son allure elle avait l'air beaucoup plus réfléchit qu'elle n'y paraît. Elle était même....

" Dans la vie? Oh... je voyage, je vagabonde, je m'abandonne, je m'instruis, je n'ai pas de travail car je n'ai pas tellement besoin de sous pour faire ce dont j'ai envie.
Je vis dans une caravane et là.. eh bien euh... je suis venue en stop jusqu'à Woodstock, vous savez pour..me souvenir, essayer de m'imaginer.
Bref..
Je m'appelle Janis."

En entendant cette réponse ses doutes n'étaient plus, elles était bien différente de tout ces gens qui les entourait. Il continua de l'observer mais cette fois de son regard vide qui donnait l'impression qu'il n'était plus connecté sur cette planète si étrange pour lui.

Quand il revînt enfin à la réalité, il s'était rendu qu'elle posait son regard sur lui. Ah oui, il avait oublié de se présenter !

-Appelez-moi Bob, dit-il tout en lui tendant sa main.

Il était un peu perdu face à cette femme, qui lui ressemblait assez étrangement !