Home...sweet home!

C'était un petit cottage comme tant d'autres, niché entre les arbres, entouré d'un jardin bien soigné. Des roses tardives embaumaient l'air vif et un filet de fumée fuyait de la cheminée. Une image de calme bucolique et charmant, tout à fait innocent et anonyme...

L'intérieur était douillet, confortable et très accueillant, avec des touches de luxe inespéré mais de bon goût comme les épais tapis jetés sur le parquet poli, les fleurs de serre dans des grands vases chinois, des merveilleux petits tableaux égayant les murs.

Des magnifiques et profondes bergères attendaient qu'on s'y enfonce pour jouir du feu crépitant dans l'âtre. Le divan, orné de coussins invitait à s'y étendre en toute paix en compagnie d'un bon livre.

La salle à manger n'était pas trop grande, occupée par des solides et charmants meubles Chippendale, jouxtait avec la cuisine dont la large fenêtre s'ouvrait sur un délicieux petit potager. Elle était équipée de sorte à rendre heureux n'importe qui aimant faire mijoter des bon petits plats.

Les chambres à l'étage, étaient spacieuses et claires, dotées chacune de leur salle de bains. Tout était pensé pour rendre la vie agréable et facile!
Il y en avait trois...et la plus petite, qui ne l'était pas trop, était décorée de motifs enfantins...fées et elfes, étoiles et lunes...un berceau et beaucoup de jouets...

Bienvenue à la maison, Desdémone...ta maison!, dit doucement Charlie, j'espère que cela te plaît...ici, ton enfant et toi seront en sûreté. Nous ferons en sorte que celui ci soit...un nouveau commencement!

Elle n’avait pas eu la force de s’opposer aux désirs de Charlie. Quand cette personne dynamique s’y mettait, autant se laisser faire. C’était exactement ce dont Dess avait besoin : que l’on s’occupe un peu d’elle, être entourée, se sentir aimée.
L’accueil de Charlie dans sa nouvelle demeure la fit pleurer. Tout était parfait. La chambre pour l’enfant bien agencée et déjà décorée provoqua un nouveau torrent de larmes de gratitude.

Tu es… merveilleuse ! Merci, Charlie. Je… je ne sais pas ce que je deviendrais sans toi.

Elle s’installa avec son maigre avoir puis se secoua. Elle revêtit un jogging et retrouva Charlie en bas où elle lui proposa une balade énergique.

Je dois devenir plus forte. On va s’entraîner tous les jours.

Cinq minutes plus tard, elles trottaient en riant.

Voir Desdémone descendre, à toutes vue maîtresse de ses émotions, réjouit énormément Charlie. La jeune femme avait besoin de appui inconditionnel et la new yorkaise se sentait ravie de pouvoir le lui donner...elle commençait à bien connaître sa compatriote, elle était très blessée par cette situation sournoise mais Charlie la savait capable de remonter la pente et affronter le monde avec une singulière vaillance teintée de rage.

En l'entendant lui proposer une balade énergique, le Dr.Wolff ne put qu'éclater de rire.

C'est parfait et je n'ai rien en contre...mais tu ne penses pas que deux blondes en survêtement peuvent éveiller la curiosité du voisinage?...Il ne faut pas oublier qu'on n'est pas à Central Park, en plus les espions ne manquent pas et il ne faut pas laisser trop en évidence que nous pensons nous transformer en des vrais Rambos , elle sourit en voyant la mine désenchantée de son amie et en la prenant par le bras l'entraîna à sa suite. Elles descendirent à ce qui était supposé d'être une cave...mais pour les effets l'endroit avait été transformé en un centre de fitness très bien équipé, nous pourrons nous entraîner tout notre saoul ici, loin des yeux curieux...pour la balade..., d'un coup de baguette elle troqua le jogging de Desdémone par des habits moins voyants et les siens par la même occasion, voilà...nous aurons l'air de deux gentilles dames à la promenade...du coup ça fait très anglais, tout ça!

En riant, les deux femmes quittèrent le cottage...

Fin mai 1998

Les jours, semaines, mois s’étaient enfilés très vite. Dorlotée par son amie Charlie, Dess n’avait pas vu le temps passer. De missions ou en repos, elle s’était très arrondie. Son sortilège d’efface-ventre devenait inefficace. Elle n’eut bientôt plus d’autre solution que de rester enfermée chez Charlie. Là, dans ce confort douillet, elle vivotait gentiment en ne pensant qu’à l’enfant qu’elle portait. Bien nourrie, détendue, elle avait tout préparé pour l’arrivée de son petit prince.
Une belle pièce, bien exposée, abritait un berceau tendu de voiles bleus. Sur les murs, un papier peint dans un dégradé de tons bleus également montrait des enfants montés sur des balais. Le tout était animé, ils couraient après un vif d’or qui apparaissait ici ou là, jamais au même endroit.
La layette… Qu’est-ce qu’il serait gâté ce bébé. Avec Charlie, plusieurs fois, elles avaient dévalisés les boutiques. Elle-même avait tricoté de nombreux chaussons et brassières.
Ce jour-là, Charlie était partie en mission. Dess n’en pouvait plus, elle avait obtenu un congé prolongé sans qu’on lui pose trop de questions sur sa… « position »
Elle avait fait le ménage, peu de chose en fait mais la lessive l’avait positivement éreintée. Le temps était lourd, chargé d’orage. Elle nageait dans ses vêtements pourtant légers.

Mais qu’est-ce que j’ai aujourd’hui ?

Elle se sentait vannée et une cuisante douleur lui vrillait le bas du dos.
Pas possible de faire autrement, il fallait qu’elle s’allonge. Dess se traîna comme elle put jusqu’au salon où le divan la reçut. L’autre douleur la fit se tordre sur place. Une contraction des plus aiguës.

Pas aujourd’hui ? Pas… maintenant ? s’effara-t-elle.

Primipare, elle connaissait pourtant les symptômes : le bébé s’annonçait en fanfare. Elle s’affola car ignorait ( fatalement) ce qu’elle devait faire. La théorie c’est bien beau, la pratique c’est autre chose. L’idéal aurait été de transplaner à Ste Mangouste, vite fait. Mais elle n’en avait déjà plus la force.

* Les contractions vont augmenter et se rapprocher. Pourquoi il n’y pas de téléphone ? Charlie, t’es où ? Hiro… Hiro…*

15 minutes plus tard, la douleur la vrilla à nouveau, elle cria le nom de son époux en s’accrochant à l’accoudoir.

Ça se présentait bien ou pas, elle n’en avait aucune idée. Ça faisait un mal de chien, ça oui.
De longues heures s’étirèrent dans un abrutissement de délires hautement pénibles.

Une mission plutôt facile et rapide, telles que les aimait Charlie. Tout avait résulté comme escompté et c'est très satisfaite qu'elle rentra au cottage, après avoir fait quelques achats.

La soirée s'annonçait tiède et elle se dit que certainement Desdémone serait contente de pouvoir sortir se promener un peu aux alentours, déjà très beaux en ce printemps splendide.

En arrivant, la première chose qui la surprit est de ne voir aucune lumière dans la maison. Avec un mauvais pressentiment, elle se rua à l'intérieur, en appelant son amie à grands cris.

Le spectacle qui s'offrit á ses yeux la consterna. Allongée dans le divan du séjour, Desdémone semblait souffrir énormément. Baignée de sueur, elle haletait sans contrôle en proie des douleurs de l'enfantement.

Mon Dieu, Dess...

Pas le temps de paniquer, il fallait agir consciencieusement et d'abord tranquilliser la future mère qui semblait, et on le comprend très bien, absolument affolée.

Calme toi, ma chérie, tout va aller bien, tante Charlie est là et va s'occuper de tout.

Gentil de le dire...elle était psychiatre pas sage femme! Elle fouilla dans sa mémoire à la recherche de ces connaissances acquises longtemps auparavant.
Elle examina la jeune femme et se rendit compte, que dans son état actuel il était impossible de la transporter par quelque voie qu'il soit. Pas question de trasplaner pas plus qu'employer la cheminée et encore moins de songer à employer un moyen moldu...le temps pressait. Par la dilatation constatée, Charlie était sûre que l'enfant ne tarderait pas à naître. Autant s'atteler à la tâche avec les moyens à bord.

Le divan n'était pas l'endroit approprié pour mettre au monde un bébé, alors en quelques coups de baguette, elle transforma le confortable meuble en une fonctionnelle table d'accouchement. À l'heure de l'improvisation, Charlie Wolff passait maîtresse en cet art.

Dûment accommodée mais souffrant beaucoup, Desdémone se vit enjointe à suivre les doctes indications de cette sage femme improvisée, qui agissait, n'empêche, comme une véritable professionnelle de l'obstétrique.

Et maintenant tu vas pousser de toutes tes forces...allez! Pousse!!! Je peux voir sa tête...il a couronné , ma chérie...encore un petit effort...encore un petit effort!!!

Le moment était venu. Dans ce séjour douillet, transformé pour les effets en salle d'accouchement, on entendit le vagissement fort d'un nouveau né.

Tu as un merveilleux petit garçon...il est parfait, Dess!

Charlie s'occupa de tout ce qu'il y a à s'occuper, nettoya l'enfant et après l'avoir enveloppé dans une couverture, le mit entre les bras de sa mère, qui rayonnait...

Jamais Dess n’avait imaginé de telles souffrances ni être seule à les affronter. Cela durait, durait, elle perdait des forces et paniquait à l’idée de ne pas mener à bien son terme. Si elle s’évanouissait, si le bébé était de travers, si, si, si… Elle s’affolait, se débattait quand, enfin, on alluma la pièce. Une Charlie Wolff plus échevelée que jamais débarquait à toute vapeur.
Pas à dire elle se débrouilla comme si elle avait fait ça toute sa vie. L’expulsion finale fit hurler Dess mais elle tient bientôt la récompense dans ses bras.

Mon amour, mon amour, murmura-t-elle en embrassant le petit front tout rouge et fripé.

Illuminée, elle contempla la curieuse frimousse aux paupières closes qui haletait contre sa poitrine. Un soupçon d’inquiétude voila le visage de la jeune mère qui déballa vivement le poupon sous le regard effaré de Charlie.

Un, deux, trois, quatre, cinq…

Dépliant les doigts et les orteils minuscules, Dess soupira :

Il est normal.

Elle l'examina sous toutes les coutures . Peut-être quelque part au fond d’elle-même avait-elle craint de le voir naître avec une queue fourchue comme celle des démons qu’adorait le père ? Apaisée, Mrs Shima sourit :

Bienvenue parmi nous, petit bonhomme.

Une question de Charlie la tracassa un peu :

Son nom ? Je n’en sais rien. J’aurais voulu que ce soit Hiro qui le lui donne, mais…

La fatigue de l’épreuve, malgré son bonheur, eut raison de son cœur. Elle sanglota au point que Charlie dut lui reprendre l’enfant baptisé par ses larmes.

On… On l’appellera Little boy, en attendant que… que…

Charlie plaça l’enfant dans le couffin tout prêt puis s’occupa de réconforter son amie.

Ne t’inquiète pas Charlie, je tiendrai le coup. D’ailleurs passe-moi mon coffre à médecines, comme une sotte je l’ai laissé là-haut ainsi que ma baguette.

Un accio plus tard, Dess put se préparer une potion revigorante qui l’aida à reprendre des forces et à se redresser. Elle s’approcha du berceau où elle admira ce cadeau des jours heureux. Fort bien charpenté, ce petit être gigotait allègrement sans brailler.

Il n’aura pas la stature de son père mais me dépassera d’une tête, rit-elle avant de monter se rafraîchir.

Elle laissa l'eau tiède s'écouler avec délice, balayant toutes les souillures de l'enfantement. Fermant le robinet, elle posait le pied sur la serviette en dehors de la cabine lorsqu'une violente crampe la saisit.

* Ce n'est pas possible, s'affola-t-elle, pas possible*

Elle hurla:

Charliiiiiiiiieeeeeeeee!!

Le hurlement de Desdémone fit sursauter Charlie jusqu'au toit. En craignant le pire...une hémorragie peut être, elle fila comme un flèche á la salle de bains...Son amie la regarda affolée et en mots entre coupés de gémissements la mit au courant...de l'invraisemblable.

Par les barbes de Sigmund...!

Sans ajouter un mot elle fit léviter Dess de nouveau vers la table d'accouchement pour faire un examen plus à fond. Une fois celui ci fini, elle leva la tête et considéra son amie, un sourcil en accent circonflexe et une expression on ne peut plus perplexe.

Desdémone Baddream...un autre bébé est en chemin!!!!

Cette fois l'enfantement ne fut ni aussi long ni aussi difficile que le premier. Charlie, encore sous l'effet de la surprise, agissait un peu en automate mais ses gestes et paroles étaient les précis. Desdémone n'était plus aussi affolée que pour le premier bébé et exécuta les ordres donnés, avec une sorte de joie féroce.
Pour la seconde fois en ce jour, le calme fut rompu par le vagissement d'un autre nouveau né.

Le Dr. Wolff sourit de pur bonheur en prenant le bébé pour le montrer à sa mère.

Bravo, ma chérie, tu as fait des exploits...cette fois, c'est une petite fille...j'espère que tu auras tricoté suffisamment!

L'orgueilleuse maman, qui rayonnait procéda à examiner le nouveau petit trésor et décréta, ravie, qu'elle était aussi parfaite que son frère aîné.

Et je suppose, que tu vas l'appeler Little Girl, en attendant! C'est un nom tout à fait convenable pour la sœur d'une petite bombe atomique!

Était ce une simple coïncidence? Quelque chose lui échappait?...Une ironie en tout cas...Little Boy était le nom donné à la bombe A qui avait détruit Hiroshima ce lointain 6 Août 1945...Hiro Shima...Little Boy!

Une dernier examen leur permit de s'assurer qu'il n'y avait aucune autre surprise en chemin...mais maintenant elles avaient deux enfants de qui s'occuper au lieu d'un seul. Charlie déploya ses talents divers...et multiplia les un en deux et tout fut prêt dans la chambre d'enfants, pour accueillir les nouveaux occupants.

Exténuée, Charlie se servit un whisky double et se laissa tomber dans le divan, qui avait retrouvé son apparence première.

*Bien pour toi, ma vieille...te voilà devenue tantine Charlie...Seigneur, quelle journée...définitivement les choses ne se passent pas comme ça à New York!!!*

Ce n’était pas possible ! Jamais Dess n’avait eu le moindre soupçon quant à la présence d’un second bébé. Charlie le confirma et l’aida à la délivrance qui fut étonnamment plus facile que la première expulsion. Lorsque son amie déposa l’enfant dans ses bras, Dess fut à deux doigts de pleurer. Miss Wolff la trouvait radieuse… Si elle avait su quelle tempête agitait la jeune mère. Une fille ! C’était à la fois magnifique et… épouvantable.
Dess reprit l’inspection de la poupée inattendue. Parfaite ! Tout aussi blonde que son frère, elle était plus menue avec des traits déjà délicats.
Charlie rigola en prétendant qu’elle allait s’appeler Little girl. Dess secoua négativement la tête. Elle avoua d’une voix sans timbre :

Son prénom est choisi de longue date. Hiro tenait à ce que sa fille s’appelât… Tsunami.

Son amie tiqua légèrement. Pourquoi choisir un prénom aussi lourd de signification ?
Dess, elle, le savait. Ce petit bout innocent, selon une prophétie, serait à l’origine de la mort de son père. Impossible d'en parler, un serment inviolable lui collait la langue. Des idées folles agitèrent Mrs Shima :

* je devrais l’étouffer de suite, ainsi Hiro serait sauvé.*

Mais comment commettre une telle monstruosité quand, au premier regard sur l’enfant, votre cœur a fondu ? Dess était réellement ravie de ce cadeau inespéré. Après tout… Que leur réservait l’avenir ? Pour de nombreuses années encore, Hiro serait en sécurité. Son épouse se jura de veiller à éduquer ses enfants dans la meilleure optique possible.
D’ici que Tsunami soit en âge de perpétrer un crime, de l’eau serait passée sous les ponts. Voldemort serait peut-être vaincu et Hiro… revenu ?

Il ne fallut pas attendre des semaines avant de constater une différence flagrante entre les jumeaux. Autant Little Boy était d’une sagesse exemplaire – pas de pleurs nocturnes, tétées placides – autant la gamine se révélait d’une énergie tempétueuse. Jamais satisfaite, elle braillait à longueur de temps ; c’était saoulant. Heureusement tati Charlie secondait Dess plus qu’efficacement. Les jeunes femmes se refilaient le paquet hurleur, l’une le berçant pendant que l’autre décompressait ailleurs.
Plusieurs fois, Dess hésita à appliquer un sort de mutisme à la fillette infernale mais tint bon. Deux elfes furent réquisitionnées en renfort. Anges de douceur, elles parvinrent à modérer la terreur miniature qui, à un mois, semblait nettement plus « éveillée » que son frère.

Ils dormaient! Les angelots dormaient enfin! Charlie commençait à préférer la plus rude des misions à continuer de jouer ce rôle de tante dévouée, pour lequel elle se sentait peu préparée...surtout avec la petite Tsunami. Seigneur, quelle enfant terrible!

Le silence paradisiaque ne dura que cinq minutes...ça braillait de nouveau là haut!...Charlie soupira et posant la tasse de café qu'elle ne boirait pas, se leva.

La petite fille hurlait à plein poumons en crispant ses petits poings. Bien entendu, ce scandale ne manqua pas de réveiller Little Boy, mais l'adorable bambin de contenta de quelques gazouillis discrets. Charlie fondait d'amour pour cet enfant merveilleux, elle lui caressa doucement la joue et l'embrasa sur le front.

Continue à dormir, mon ange...j'emmène ton démon de sœur!

C'est ce qu'elle fit, une demie heure plus tard, elle tournait encore en rond dans le salon, en chantonnant une berceuse, mais le bébé n'avait aucune intention de se calmer.

Ok, ma puce...mon petit chant ne te dit rien, tu veux des émotions fortes, je vais t'en donner. On va voir ce que ça donne!

Toujours avec l'enfant dans ses bras, elle alla vers la chaîne Hi-Fi. Le choix fut vite fait. Des secondes plus tard...les notes somptueuses de la Tempête, de l'opéra "L'Hollandais errant" de Richard Wagner emplirent la pièce avec leur puissance...

Miracle! Tsunami dodelina un instant, émerveillée par cette musique immense qui apaisait sa propre turbulence...puis s'endormit.

Superbe...il te faudra ta chambre à toi, ma chérie, je doute fort que Little Boy supporte Wagner plus que moi.

Mais pour le moment, elle se contenta d'un Accio berceau de Tsunami. Ainsi, installée dans le salon du cottage, avec Wagner ...Tsunami Shima Baddream se comporta comme un bébé normal...elle dormit quelques heures d'affilée, pendant lesquelles, Charlie Wolff, hérissée avec la musique de M. Wagner, essaya, en vain de trouver la paix de son âme...

Les jours, les semaines passaient vite. Jamais Dess n’avait été aussi occupée. Entre couches, tétées, jeux, promenades, berceuses… peu de temps pour souffler.
Souvent la jeune mère se demandait comment elle aurait vécu cette période sans l’aide inconditionnelle de Charlie. Quelle merveilleuse amie. Non seulement elle avait trouvé le truc pour calmer Tsunami mais elle participait à tout avec le même enthousiasme joyeux.
Sans Charlie, Dess aurait été une crève-la-faim, reléguée aux oubliettes. Les enfants seraient mal soignés, peut-être malades et elle… morte autant de faim que de désespoir.
Heureuse ? Comment ne pas l’être dans ce douillet confort entourée des êtres qu’elle aimait le plus au monde. Il n’en manquait qu’un… Tant d’eau avait coulé depuis qu’elle s’était forcée à quitter le nid conjugal. Il le fallait ! Sa vie et celle de l’enfant porté, qu’elle croyait unique, en dépendait.
C’était peut-être idiot de bavarder avec des bambins de trois mois mais Dess tenait à leur parler de leur père. Ça l’aidait et lui donnait l’impression que l’absent ne tarderait plus à les rejoindre.

Papa va vous adorer, mes chéris. Il est loin mais je suis certaine qu’il pense à nous.

Pieux mensonge… elle ne savait rien du tout. Aucune nouvelle ne filtrait sur une éventuelle réapparition du traître Shima. Un homme de cette envergure ne passait pas inaperçu. S’il avait été dans le secteur, avec les avis de recherche placardés un peu partout, on l’aurait signalé. Quoique… Hiro avait le chic pour se camoufler lorsqu’il le désirait. N’avait-il pas dissimulé son jeu à tous pendant un temps fou ?
Elle, elle savait mais avait joué les innocentes auprès du ministère qui n’avait pas manqué de l’asticoter pour lui faire avouer sa complicité. Sa réussite aux tests d’aptitude en tant qu’Auror avait apaisé certains doutes. On la tenait toujours à l’œil pourtant. C’était énervant mais fatal.
Ce soir-là, elle eut une longue conversation avec Charlie dès que les enfants baignés et rassasiés furent endormis.

J’ai pensé… commença-t-elle maladroitement, qu’il serait temps d’avertir Hiro de la naissance de ses enfants. J’ai toujours espéré qu’il revienne de lui-même ; je crains de m’être leurrée.

Elle s’y attendait, Charlie lui bassina les oreilles de propos négatifs qu’elle écouta… distraitement car sa décision était prise.
Charlie n’avait pas tort sur tout ce qu’elle lui raconta. Oui Hiro l’avait trompée, oui il était Mangemort… et alors ? Cela ne changeait strictement rien aux sentiments qu’elle éprouvait pour l’homme de sa vie.

Seule la mort nous séparera, tu verras ! dit-elle avec humeur en se levant brusquement.
Quoi qu’il advienne, je te serai toujours redevable de ce que tu as fait pour nous, ma chérie, s’adoucit-elle.

Dess quitta le salon. Un bisou au front de Tsunami, elle monta embrasser Little boy.

Dors mon ange. Si Merlin le veut, tu verras bientôt ton papa.

Enfermée dans sa chambre, Dess prépara soigneusement son message.

Mon chéri,

Des mois se sont écoulés sans aucune nouvelle de ta part. Est-ce volontaire ou non, je l’ignore. J’ai espéré longtemps ; je me morfonds à présent. Je l’avoue, ma dernière lettre était un tissu de mensonges. Les seuls que je t’aie jamais faits, sois-en assuré. C’était nécessaire, je t’expliquerai pourquoi si tu consens à me revoir. Tu vois, j’attends encore un miracle… je n’ai pas changé ou si peu.
Zéphira, ce patronus, te guidera vers moi, selon ton bon vouloir. Si tu reviens avec le doigt bagué que j’ai tranché pour brouiller ma piste, j’oserai croire à nouveau en toi... en nous.
Je n’ai jamais cessé, jamais je ne cesserai, de t’aimer envers et contre tous.

Dess, ton épouse fidèle et aimante.

Son "Spero Partonum" fut parfaitement exécuté ( il fonctionnait merveilleusement en pensant aux enfants). Le serval enregistra le texte et s'évapora. Dess croisa les doigts.

Fin Septembre ou début Octobre 1998...

Que le temps passait vite! Charlie pensait à cela seulement par rapport aux dernières semaines...Elle était obligée de reconnaître qu'en effet les derniers mois n'avaient été guère faciles à surmonter. Avec deux enfants en bas âge à la maison, on n'en finissait pas de courir, d'être tirée du lit à des heures indécentes, d'essayer de calmer la petite Tsunami qui continuait de se comporter comme si le monde entier lui était dévoué...enfin, pas facile la gosse. Charlie était convaincue qu'il faudrait bien trouver un moyen pour transformer la petite démone en un enfant...normal. En tout cas, elle en avait marre de Wagner.

Desdemone semblait avoir pris l'absence de son mari comme un fait accompli et retrouvait doucement sa paix intérieure. Charlie s'en félicitait...un si belle et jeune femme a droit à une vie heureuse ou pour le moins tranquille.

Elle jeta un coup d'œil au miroir, s'examinant à conscience.

*Diables, Charlie...tu as l'air d'un épouvantail...la vie d'intérieur n'est définitivement pas ta tasse de thé...ouh, quelle horreur! Mais regarde donc cette tignasse...zut! une ride...*

La new-yorkaise pirouettait devant la glace en faisant des moues, se demandant pour la énième fois la raison de sa permanence dans cette histoire décousue...

*Bah...et les émotions, quoi?*

Bien que dernièrement les seules émotions vécues se résumaient à promener les enfants, chanter des berceuses, préparer des biberons ou maintenir des longues conversations avec son amie Desdémone...bon, aussi mijoter des bons petits plats et les manger...

*On finira obèses!*

Elle était en pleine session d'auto critique quand un bruit inusité attira son attention.

Tiens...un hibou!

La bestiole apportait un message. Charlie s'empressa de le nourrir copieusement...ça devenait une véritable manie! et s'adonna à la lecture du petit parchemin.

C'était court et simple. Un appel à l'aide de la part de Justin Davenport. Un appel désespéré si on en croyait à ses mots.

En ce moment la porte d'entrée s'ouvrit livrant passage à Dess et deux minutes plus tard un autre hibou faisait son apparition. Cette fois, il apportait un message destiné à Mrs. Baddream-Shima...

C'est la même chose que pour moi, conclut Charlie quand son amie eut fini de lui lire sa lettre, Davenport a besoin de nous...c'est incroyable ce qu'il rapporte là...Michael disparu...sa fiancée enlevée. Tiens je ne savais pas qu'il avait une fiancée, celui là. Bien sûr avec cette tête les femmes doivent faire la queue à sa porte.

Elle éclata de rire. Elle n'avait pas souvent croisé l'auror De Brent mais se souvenait parfaitement de leur rencontre, lorsqu'il était affublé d'une chevelure d'un rose flamboyant.

En tout cas, cela semble absolument urgent. Je vais m'apprêter pour partir et donner des instructions à Suki et Brina...elles s'occuperont parfaitement des enfants.

Charlie était tout émoustillée à la perspective de sortir de ce cocon douillet et avoir enfin droit à un peu d'action. Elle n'arrêtait pas d'aller d'un endroit à l'autre, sans se taire un instant. Dess suivait, plus calme et silencieuse. Charlie avait assez d'énergie pour deux!

En un temps deux mouvements, sa chevelure ébouriffée retrouva sa splendeur d'antan et fut nouée en queue de cheval, bien plus utile pour les déplacements intempestifs. Une tenue adéquate fut enfilée. Révision d' arme et munitions...Charlie ne sortait jamais sans sa Beretta 9mm, adaptée au monde magique par un utile sortilège. Baguette en poche. Un dernier coup d'oeil à la maisonnée pour vérifier le parfait ordre.

Si tu es d'accord, Dess...on y va!

Les instructions étant très claires, le trasplanage fut un jeu d'enfants...

Wow! Ça manque pas de style...

D'un œil de connaisseur, Charlie Wolff jaugeait la splendide demeure près de laquelle elle venait de se matérialiser...

» Home Sweet Home [ Fe Iris ]
» Home, Sweet Home !
» Sweet Temptation

Home...sweet home!

Home...sweet home!

Sujets similaires

Sujets similaires