Rémus ne releva pas. Etonnant ? Pas du tout. Elle eût un petit air amusé. Peut-être était-il enfin à court d’arguments. Et si c’était le cas, c’était tout à fait compréhensible qu’il ne réponde pas, puisqu’il devait savoir pertinemment qu’elle continuerait à repousser toutes ses excuses une par une. Un vrai cercle vicieux. La jeune lançait une pique, le loup garou niait et annonçait quelques arguments, elle les repoussait sans ménagements, et ils recommençaient inlassablement. Jusqu’à ce qu’un cède, réussisse à détourner la conversation, ou bien que pour ne pas se fâcher ils se taisent sur le sujet. Et c’était ce dernier point qui, apparemment, clôturerait la conversation en ce jour de décembre. Bref. Son air amusé ne la quitta pas.

Par de chance pour lui … Devoir préparer des papiers, encore et encore, sûrement se torturer l’esprit à savoir quelle attitude adopter face au Ministère, et décider des dates des prochaines réunions. Ca ne devait vraiment pas être facile. Tant de choses gravitaient maintenant autour de lui, depuis qu’il était chef. Et elle, qui en rajoutait une couche …. Pour un peu, et elle se sentirait mal à l’aise de ça. Lui mettre sa en plus sur la conscience n’était en réalité peut-être pas une bonne idée. Mais bien vite cette sensation disparût. Après tout, ils seraient bien mieux ensembles, quoi qu’il en dise, quoi qu’il en pense. Alors, elle acquiesça, sans poser plus de questions.

Le serveur revint alors, et elle paya sans rechigner sa part. Après tout, elle s’était installée d’elle-même, et il n’avait jamais demandé à la supporter. Et puis, pourquoi ce serait à lui de lui offrir son repas ? L’idée même lui paraissait risible. Elle eût donc un sourire pour le loup garous. Qu’il ne s’en fasse pas, Tonks s’en fichait parfaitement.

Ils se levèrent donc, et elle ne pût s’empêcher de sourire de nouveau alors qu’il l’attendait. Que de galanterie …. Mais l’auror ne fît aucune remarque. Il s’en était déjà assez pris, depuis le début de ce fameux repas, et ils n’étaient pas encore sortis.
Juste au moment où ils allaient prendre la porte, un des serveurs – celui-là même qui avait pensé qu’ils étaient mariés -, leur dit quelque chose de très curieux. La tradition ? Mais de quelle tradition parlait-il donc ? Lui jetant un coup d’œil étonné, elle dût attendre qu’il ne tende la main avant de comprendre. Le gui. Du gui. Tonks ferma les yeux pendant une seconde, et les rouvrit, sûre que ça aurait disparût, que ce jour de décembre ne pouvait pas être si chanceux que ça. Et pourtant …. C’était toujours là. Les narguant, l’air de rien.
Aussitôt, Tonks fît demi-tour, et lui jeta un coup d’œil, les yeux brillant d’une malice qu’elle ne contenait pas parfaitement. Quelle chance ! Ou plutôt, du côté de Rémus, quelle malchance ! D’abord ce serveur, puis ce couple, et maintenant le gui … Un sourire amusé et plein de malice lui aussi se glissa sur ses lèvres. Sympathique comme tout !

Dans la seconde qui suivit, la jeune s’approcha de lui. Pas question de le laisser fuir …. C’était la tradition, n’est-ce pas ? Décidément, ces moldus avaient de bonne pratique. De très bonne, même. On ne pouvait leur reprocher leur originalité. Accrocher une branche de gui sur la porte ne se voyait pas énormément chez les sorciers. Trop ancrés dans leur tradition, dans Noël et Thanksgiving. Bref, revenons-en aux deux qui se faisaient maintenant face. Sans encore une fois lui laisser le temps de réfléchir – s’il se mettait à utiliser son cerveau, sa raison, il ne se laisserait jamais approcher-, elle glissa doucement ses mains autour de la taille, et effleura légèrement les lèvres du Loup garou, comme pour goûter à un fruit qu’elle ne savait que trop défendu et trop tentateur … Car c’était le cas. Et, dans le fond, elle avait peur, peur de ne pouvoir résister à réitérer le geste la prochaine fois qu’ils se verraient. Ce qui était possible. Très possible, même …

Ses yeux cherchèrent ceux du Loup garou. Que pensait-il ? Que ressentait-il ?

Elle n’entendait pas les sifflements, les applaudissements, autour d’eux. Ils n’étaient qu’un vague bruit de fond, dominés par les battements de son cœur qui se faisaient de plus en plus rapides. Elle ne voyait pas les gens qui applaudissaient en riant, ils n’étaient que pâles et flous devant Rémus. Elle ne sentait plus les odeurs de nourritures, mais seuls celle de Rémus, et ce goût fantastique qui trainait sur le bord de ses lèvres : le bonheur. Tout le reste n’existait plus, ou n’était que secondaire. Il n’y avait qu’eux. Eux, enfin. Le Loup-garou s’en voudrait sûrement plus tard, mais pour l’instant, il n’y avait qu’eux. Et ici, elle n’avait pas peur qu’un membre du Ministère ne se cache dans la foule pour la piéger, elle auror, avec lui chef de l’Ordre. Bref instant de paix, de calme, de bonheur … ce même bonheur qui faisait briller ses yeux encore plus qu’habituellement, qui faisait battre à tout rompre son cœur, et amplifiait chaque sensation. Bonheur.

Quand il glissa ses mains autour d’elle, la jeune ne pût s’empêcher de se rapprocher encore plus de lui, sans oser fermer les yeux. Comme si tout allait disparaître si elle abaissait ses paupières ne serait-ce qu’un seconde. Comme si elle avait peur de s’apercevoir alors que tout ça n’avait été qu’un songe, qu’un rêve, d’une incroyable réalité mais pourtant bien née dans le fond de son imagination. Elle s’accrochait à son regard, comme on s’accroche à une bouée de peur de se noyer. Mais ce n’était pas cette peur qui la hantait, mais bien que ce ne soit réel. Car alors, ça n’aurait été qu’une désillusion de plus. Et qui sait comment elle aurait réagit, cette fois-là.
Mais non. L’éclat qui brillait dans les yeux du Loup Garou était trop vrai pour n’être que le fruit de son imagination, et l’effluve qu’elle pouvait sentir était bien celle de celui qu’elle aimait. De celui qu’elle tenait par la taille, non plus pour l’empêcher de partir, mais pour être le plus proche de lui. Et même si les secondes défilaient vite pour les autres, aux yeux de Tonks elles étaient une éternité, une éternité malheureusement trop courte. Et quand il se repencha vers elle, pour retrouver le chemin de ses lèvres, la jeune serra légèrement ses doigts sur le tissu de son manteau. Trop peur de le perdre. Trop peur de le voir disparaître. Elle le laissa mener la danse, rendant dans son baiser toute la tendresse qu’elle était capable de donner, toute l’amour qui hurlait au fond de son esprit. Et pour une fois, ses sentiments, qu’elle se représentait comme un gros chat, ronronnaient, heureux de cet instant d’apaisement. Comme si, dans ses bras, elle était protégée de tout. Et c’était le cas. Bonheur.

Le barrage avait donc finit par céder. Soulagement intense. Bonheur de pouvoir nicher son nez même une infime seconde près de son cou, pouvoir y respirer son odeur, s’y enivrer en souhaitant que cet instant dure à jamais … même si elle savait pertinemment que ce ne serait pas le cas. Bientôt, il se remettrait à réfléchir, sûrement trop vite. Bientôt, il se dirait que ce n’était qu’une bêtise, qu’une erreur, et tout serait à refaire. En sachant que c’était possible. La preuve aujourd’hui. De nouveau, elle chercha ses lèvres, les effleurant doucement comme pour toujours s’en souvenir, comme pour ne jamais pouvoir oublier cet instant. Et alors, elle se défit de son étreinte, le cœur battant toujours la chamade – mais comment faisait-il pour ne pas entendre ce petit oiseau qui cognait comme un sourd dans sa cage !-, et glissa sa fine main dans celle de Rémus. Toujours sous les applaudissements, qu’elle entendait maintenant même si elle était encore dans ses songes, dans son rêve, elle l’attira pour franchir la porte. Et pile à ce moment là, elle s’apperçut qu’elisabeth était toujours là. Avait-elle attendu exprès ? Dans tout les cas, Tonks eût un sourire pour elle, et sortit de l’auberge, le tenant toujours doucement par la main. Cet instant ne devait pas se briser, et pourtant …

A peine furent-ils dehors qu’elle se retourna, et se nicha contre lui, glissant de nouveau ses mains autour de lui. Ses doigts remontèrent, et elle vint frôler délicatement une de ses mèches de cheveux, un léger sourire aux lèvres, les yeux pétillants d’une tendresse qu’elle n’arrivait plus à contenir. A lui de décider, maintenant.

Elle aurait pût rester ainsi des heures, blottit contre lui, jouant doucement avec une de ses mèches et profitant simplement de sa présence plus qu’amicale. Elle aurait pût rester des heures, sans même faire attention à tous ceux qui passaient autour d’eux, comme s’ils étaient seuls sur Terre … et à bien y réfléchir, c’était le cas pour Tonks. Ils étaient seuls, et ne comptaient qu’eux deux, et leur amour. Car après ce que venait de faire Rémus, ils ne pourraient plus le nier. Il éprouvait plus que de l’amitié pour l’Auror, et cette idée renforça ce qu’elle s’était toujours promis, soit ne jamais abandonner quoi qu’il lui fasse voir. La … récompense, pour tant d’efforts, tant de batailles, ne serait que joie et bonheur, et il lui permettait, sans qu’elle ne puisse comprendre pourquoi, d’y goûter du bout des lèvres …

Il ne semblait pas encore réellement à l’aise. Compréhensible. Il y avait peu, il n’osait s’approcher d’elle, voir même il reculait quand elle faisait le premier pas. Et même si elle n’avait jamais cherché à se renseigner plus que ça sur son passé – elle s’en fichait, elle aimait le Rémus de maintenant, celui qu’elle voyait depuis plus de trois ans maintenant -, Tonks doutait sérieusement qu’il eût un nombre élevé de filles à Poudlard… et encore. A bien y réfléchir, il faisait partit des fameux Maraudeurs, et Merlin savait qu’ils avaient eût plus qu’à leur tour leurs heures de gloire – et par définition leurs lots de groupie -. Mais … même avec cette idée, elle ne parvenait à se dire qu’il avait connu tant de fille. Ca ne collait pas au personnage, au Rémus qu’elle connaissait, et elle doutait aussi qu’il ait pût changer tant que ça.


Rémus « Tonks … on ne … doit pas … ce n’est pas … »

Il s’était posé contre elle, l’air de rien. La jeune pouvait sentir son souffle, pouvant sentir le moindre de ses frémissements, pouvait compter le moindre de ses cils. Et Merlin sait ce qu’elle aurait donné pour pouvoir, à cet instant même, jeter un coup d’œil sans son regard et y lire son âme, ou au moins ce qu’il pensait. Savoir si, au moins, il avait été heureux de ces quelques secondes arrachées à leurs traintrains habituels. Savoir … savoir tout en faite. Avoir le bonheur de s’y perdre, en étant si près de lui, si près comme jamais elle n’avait été autre part que dans ses songes. Mais c’était interdit. Il l’avait interdit, en fermant ses paupières. Va pour cette fois.
Délicatement, Tonks glissa une main dans les douces mèches du Loup Garou. Un soupire franchit ses lèvres, alors qu’elle cherchait quoi répondre à ça. Peut-être qu’il ne devait pas. Mais au nom de qui ? Du regard des autres ? De ce qui en découlerait ? Tant qu’il ne voudrait pas affronter tout ça, avec elle, la jeune ne pourrait rien faire, si ce n’est espérer et espérer encore – puisque de ça elle était sûre : jamais elle n’abandonnerait -.

« Peut-être qu’on ne doit pas. Peut-être que ce n’est pas bien. Mais on en sait rien Rémus … »
Oui, Tonks parlait sérieusement. A mi-voix, ses paupières maintenant closes, le front légèrement posé sur celui du lycanthrope, profitant de ces instants comme s’ils étaient les derniers. Ne pas le forcer. Ne pas l’obliger. Cela ne rimerait à rien. Même si l’envie était là, ne pas le bloquer. S’il n’était pas partant, pas encore, ça ne servirait à rien. Frôlant doucement les lèvres du Loup garou, elle murmura encore
« A toi de voir, Rémus. Pour aujourd’hui, du moins »
Parce que oui, elle reviendrait à la charge, comme ses trois dernières années. Gouter au fruit défendu n’avait été qu’un mirage dans le désert, et elle ne rêvait que de trouver le puits qui la rassasierait réellement ….

Rémus « C’est …. Trop …. Rapide …. »
Elle retint une grimace. Finalement, donner le choix au Loup Garou n’était pas une bonne idée. C’était couru d’avance qu’il dirait ça, qu’il penserait qu’il n’était pas temps, qu’il repousserait à plus tard l’idée d’un « eux ». Mais elle l’avait cherché, en lui proposant de décider d’une certaine manière de cette fin de journée. Et puis, il y avait du progrès, vraiment. Il était encore là, tout près, et elle pouvait encore se presser contre lui quelques minutes au moins, profiter de sa présence, pour ensuite briser cet instant magique puisqu’il en avait décidé ainsi. Mais elle ne pouvait se plaindre.

Malgré tout, la jeune ne pût s’empêcher de resserrer encore un peu ses doigts sur le manteau de Rémus. Fragile espoir qu’il change soudainement d’idée, et qu’il accepte de rester avec elle. Fragile illusion, qu’il brisa quelques secondes après. Il n’était pas sûr d’être à la hauteur de ses attentes … mais Merlin ! Ne comprenait-il pas que c’était en faisant ça qu’il ne l’était pas ? Que c’était en disant non, non, inlassablement non, qu’il la blessait parfois ? Mais il ne semblait pas le voir. Et puis, d’un côté, c’était peut-être aussi pour ça qu’elle l’aimait. Parce qu’il était attentif à tout ce qui la touchait. Parce qu’il s’intéressait à tout. Au point de se mettre dans l’ombre.

Il la coupa dans ses pensées, se repenchant sur elle, retrouvant encore une fois le chemin de ses lèvres. D’un baiser un peu plus passionné, même s’il ne manquait pas de tendresse, même s’il ne manquait pas d’amour. Mais par Merlin … Comment pourrait-elle partir après ça ? Comment pourrait-elle le regarder s’éloigner, alors qu’il lui montrait encore qu’il l’aimait ? Comme attrapant une bouteille à la mer, elle lui répondit. Comme un peu désespérée, aussi. L’idée qu’il allait devoir partir – car oui, il avait fait son choix pour aujourd’hui, et la jeune ne se battrait pas pour le faire changer d’avis. Ça ne mènerait à rien.- lui minait le morale, même si à cet instant elle ne s’en rendait pas compte, et qu’elle vivait seconde par seconde. Ne pas voir plus loin que le bout de son nez, dans une situation comme celle là, lui semblait la meilleure chose à faire, oui.

Et pourtant … Délicatement, elle se sépara de lui. Son regard se perdit sur le visage de celui qu’elle aimait, suivant les cicatrices, les marques du passés qu’elle ne connaissait déjà que trop bien. Et puis, Tonks trouva ses yeux, et s’y noya quelques instants. Graver ces secondes dans le fond de son esprit, ne jamais oublier toute cette multitude de sensations qui fourmillaient sur sa peau, ce goût qui subsistait sur ses lèvres. Et comme inlassablement attirée par celle de Rémus, elle revint les frôler une dernière fois. Ne pas oublier.

Un joyeux sourire naquit alors sur ses lèvres. Il ne devait pas s’en faire. Ca irait. Et de son côté, la jeune ne paniquait pas pour le Loup Garou … il fallait savoir se faire désirer, n’est-ce pas ? Il aurait le temps de cogiter, en bien et en mal, sur ce qui venait de se dérouler.
« D’accord, alors. »
La jeune le laissait tranquille pour ce jour. Et même si ce n’était pas dans habitudes, elle allait prendre congé, l’air de rien.
« Je vais te laisser, dans ce cas ! »
S’efforçant de ne pas l’embrasser une fois encore, elle lui sourit une nouvelle fois. Ses mains vinrent bien malgré elle frôler le torse du loup garou à travers son manteau.
« A demain ! »

Et elle pivota, luttant contre ses sentiments qui hurlaient qu’elle devait retourner dans ses bras, qu’elle ne devait pas s’en aller, qu’elle n’avait pas encore gagné, que tout restait encore à faire ... Mais elle n’en fit rien. Juste un coup d’œil en arrière, d’un regard qui trahissait malgré elle toutes ces envies trop contradictoire avec ses actions, et qui lui demandait de l’arrêter. Merlin, qu’est-ce qu’elle pouvait être blonde, parfois …