Le choc!

Max n'eut guère le loisir de se préoccuper trop de lui même dans les semaines qui suivirent. Son unique priorité demeurait Alix. Il commença à respirer un peu quand elle fut hors de danger mais encore avait il fallu prendre soin de sa récupération jusqu'à ce que Miss Blackstorm décide qu'elle voulait rentrer chez elle. Se séparer de la jeune femme ne l'avait pas rendu fou de joie mais elle avait certainement raison en lui disant de s'occuper un peu de sa propre vie sans se laisser absorber par la sienne.

L'instruction d'Eve avait souffert de son absence. La date fixée par McGo demeurait immuable et il ne se sentait pas le cœur, ni le courage de se présenter chez son ancien professeur et lui demander de lui accorder un sursis vu qu'il avait perdu son temps à prendre soin d'une mangemorte de laquelle il était tombé follement amoureux. McGo n'hésiterait pas à le faire enfermer à Azkaban par accointances avec l'ennemi!

C'est ainsi qu'en cette fin d'après midi il se trouva devant Fleury & Botts, decidé à reprendre en main l'éducation sorcière de la jeune canadienne. Vu l'heure, elle ne devrait pas trop tarder à sortir. Son calcul s'avéra assez juste, Eve quitta la librairie quelques minutes plus tard. Il se demandait où en serait sa relation avec le tel Burningham qui , d'après leur dernière conversation à ce sujet était...comment avait elle tourné ça?

C’est un garçon tout à fait honnête, correct et charmant. Il m’a appris des choses incroyables sur l’histoire en général et celle de Potter en particulier.

Comment diables pouvait elle savoir qu'il était si...parfait? De quoi diables parlaient ils pour qu'elle se déclare déjà prête à lutter contre Voldemort. Et dire que lui avait voulu éviter le thème justement pour cela...Mais enfin, puisqu'elle en était déjà là, il faudrait approfondir ses connaissances en sorts défensifs et d'attaque...

Eve passait de large sans même le remarquer alors il s'approcha et la prenant doucement pas le bras, l'arrêta.

Où vas tu si vite, ma douce? Un rendez vous important? Avec ce sorcier savant que tu fréquentes?

L'accueil de la jeune fille lui réchauffa le cœur. Elle semblait absolument ravie de le voir et nia, véhémente, avoir rendez vous avec qui que ce soit.

Alors tant mieux parce que je pense t'enlever pour le reste de la soirée. Nous avons un drôle de retard à rattraper. Mais avant de commencer, ce serait sympa si tu me disais ce que tu as appris avec...ton ami.

Il ne voulait pas sonner possessif mais Eve lui tenait à cœur et l'apparition du jeune sorcier lui ôtait un peu l'exclusivité.

Elle lui reporta grosso modo les informations fournies par le jeune homme si honnête et comme il faut.

Ben, je vois qu'il est un puits de savoir...une véritable encyclopédie ambulante!, dit il, non sans une certaine morgue, alors selon lui j'ai raté la bonne méthode...il a certainement raison, remarque...il faudra faire quelque chose pour arranger ça! Mais pour te montrer comment va la chose avec des sortilèges plus compliqués on aura besoin d'un espace plus grand et sans...public moldu susceptible d'apparaître quand on en a le moins besoin...nous pouvons aller chez moi.

Elle le regarda un peu surprise par cette proposition, cela le fit sourire.

Je suis aussi un garçon tout à fait honnête, correct et charmant...et en plus il y a des domestiques. La présence de Mrs. Potts devrait suffire pour garantir la correcte observation des mœurs.

La leçon de ce jour là fut intensive. Max enchainait les sorts d'attaque et défense, les alternant par d'autres plus simples pour la faire se délier. Eve était une élève attentive et douée mais au bout de trois heures se déclara un peu fatiguée. Il ne l'avait pas remarqué...cette révision exhaustive lui permettant d'oublier un peu ses propres tracas, de penser à Alix...au futur...à tout!

Fin de la leçon. Eve , elle, plus perspicace ne doutait sûrement pas le pourquoi de son attitude. Elle était si douce et compréhensive et Max était si fatigué et nerveux.

Je ne sais plus où j'en suis..., avoua t'il, penaud en l'escortant vers le salon, tout ce qu'il s'est passé m'a complètement déphasé. Alix va mieux, c'est déjà ça...mais elle en a eu un peu marre de me voir et est repartie chez elle...je me sens un peu perdu...

Un peu perdu? Façon de dire, il dormait mal, se tuait au travail essayant de ne pas sentir le poids des jours qui ne finissaient pas de passer. Mangeait quand on le forçait pratiquement à le faire, ce qui donnait comme résultat qu'il ait l'air d'une âme en peine...en fait, c'est exactement comme ça qu'il se sentait. Eve ne devait pas comprendre ses étranges états d'âme, surtout qu'il venait de déclarer qu'Alix allait mieux...un autre aurait été ravi...

Eve...il y a quelque chose que je veux que tu saches...on ne sait jamais ce qu'il pourrait se passer.

Ces paroles alertèrent la jeune fille, surtout quand il la mena jusqu'au divan et prit place à côté d'elle. Max se passa la main dans les cheveux, énervé.

C'est sur Alix. Tu te doutes bien que je suis fou d'elle. C'est bien la première fois de ma vie que cela m'arrive...tomber amoureux, je veux dire...mais bien sûr, rien n'est simple...en fait, c'est épouvantablement compliqué...non, elle n'a pas un mari et trois enfants...c'est pire que ça...

La jeune canadienne ne pouvait même pas s'imaginer le calibre de l'aveu qu'elle était à point d'entendre.

Alix est...une mangemorte! Grâce à ton ami, tu sais à présent ce que cela signifie...non, je ne suis pas devenu fou...enfin pas dans le sens que tu supposes...je dois l'aider...je dois la sortir de là...tu me comprends, Eve? Tu es la seule personne au monde à qui je peux me confier...

Il attendit sa réaction...craignant le pire, sans pouvoir l'en blâmer mais l'avis de la jeune fille était trop important pour lui...

Max lui manquait. Elle avait beau se résigner à l’état de fait qu’il avait autre chose à faire que de s’occuper d’elle, Eve n’en ressentait pas moins son abandon. Après sa visite à Ste Mangouste, elle demeura un long moment sans nouvelles directes. Juste un hibou, de temps à autres pour délivrer quelques instructions sur son apprentissage. Qu’il ne parle pas des progrès d’Alix inquiétait la jeune fille.
Elle ne demeurait pas inactive pour autant, et s’améliorait gentiment. Elle suivait les conseils de ses deux mentors car Mr Burningham se montrait très attentif à l’évolution de cette sorcière oubliée.
Les potions lui donnaient du fil à retordre. Redoutant toujours de faire sauter le quartier, elle se limitait à de banales compositions qui ne l’enchantaient guère. Par contre la découverte de la métamorphose fut une révolution. Là, elle se sentait à l’aise, à croire qu’elle avait pratiqué ça toute sa vie. Changer une caisse en canapé, modifier les couleurs, la texture d’un objet, était un jeu d’enfant.

*Max sera fier de moi ! Même Davis dit que c’est bien.*

Parfois, elle passait par des phases dépressives. Elle ne sortait qu’à l’occasion avec son « sauveur » du parc, toujours pour étudier. Ce régime intensif la démoralisait à petit feu. Elle aurait souhaité s’amuser comme une fille de son âge pouvait l’espérer, sortir en boîte, déconner… mais non. Ne voulant pas décevoir ceux qui croyaient en elle, Miss Adams s’appliquait sur ses livres et exercices, sans compter.
Elle écrivait régulièrement à Max… les réponses tardaient.

Ce jour-là, elle quitta rapidement la librairie. Son but : l’apothicaire où elle pourrait renouveler le stock de certains ingrédients. Elle devait faire vite, la boutique allait fermer. Perdue dans ses pensées, il faillit crier quand on l’attrapa par le bras.

Où vas-tu si vite, ma douce? Un rendez-vous important? Avec ce sorcier savant que tu fréquentes?

La surprise lui amena des larmes de joies aux yeux. Ses espoirs se concrétisaient : il était là !

Max, Oh Max !

L’étreindre, lui embrasser les joues ; un chiot n’aurait pas été plus démonstratif en retrouvant son maître.

Qu’est-ce que tu fais là ! C’est si bon de te revoir ! Je… je n’ai pas de rendez-vous.

Alors tant mieux parce que je pense t'enlever pour le reste de la soirée. Nous avons un drôle de retard à rattraper. Mais avant de commencer, ce serait sympa si tu me disais ce que tu as appris avec...ton ami.

Pourquoi lui parlait-il sur ce ton ? Pour un peu, elle l’aurait cru jaloux de… Davis ! Cela la fit rigoler.

Mon « ami » comme tu dis m’apprend l’histoire des sorciers, c’est important. J’ai aussi réussi à mieux canaliser mes pouvoirs grâce à lui en repartant à zéro. Je serais du niveau de la 3ème année… selon lui.

Ben, je vois qu'il est un puits de savoir...une véritable encyclopédie ambulante!, dit il, non sans une certaine morgue, alors selon lui j'ai raté la bonne méthode...il a certainement raison, remarque...il faudra faire quelque chose pour arranger ça! Mais pour te montrer comment va la chose avec des sortilèges plus compliqués on aura besoin d'un espace plus grand et sans...public moldu susceptible d'apparaître quand on en a le moins besoin...nous pouvons aller chez moi.

Elle n’y vit aucun inconvénient et la remarque quant à un chaperon gardien des bonnes mœurs l’étonna. S’il y avait bien quelqu’un contre qui elle était certaine de ne pas à avoir défendre sa vertu, c’était bien Max.
Admirant son hôtel particulier, Eve n’eut pas le loisir d’y flâner. Pour rattraper le temps perdu, Mr Von Falkenberg mit les bouchées doubles. Il ne lui épargna rien. Sa hargne, son ton parfois glacial la déconcertaient.

*Il a bouffé du lion, ma parole !*

Immobilus, Incarcerem, Largior Ictus, etc. s’enchaînèrent à un rythme d’enfer.

STOP ! lança-t-elle après avoir raté un pugnus démonii. J’arrive plus à rien, je suis crevée. On va réparer ce que j’ai cassé puis, je rentrerai... A moins que tu ne te décides à vider ton sac.

Elle se doutait bien que s’il se défoulait avec elle, c’était pour évacuer autre chose. Et cette autre chose avait probablement un nom commençant par un A…

Eve...il y a quelque chose que je veux que tu saches...on ne sait jamais ce qui pourrait se passer.

En moins de deux, elle se retrouva assise à ses côtés sur le divan. Merlin qu’il avait l’air désemparé.

C'est sur Alix. Tu te doutes bien que je suis fou d'elle. C'est bien la première fois de ma vie que cela m'arrive...tomber amoureux, je veux dire...mais bien sûr, rien n'est simple...en fait, c'est épouvantablement compliqué...non, elle n'a pas un mari et trois enfants...c'est pire que ça...

Pire que ça ? Euh… elle ronfle la nuit ? Elle veut te réduire à merci ? Elle te bat ?

Miss Adams ne s’attendait pas du tout à ce que Max lâcha ensuite :

Alix est...une mangemorte! Grâce à ton ami, tu sais à présent ce que cela signifie...non, je ne suis pas devenu fou...enfin pas dans le sens que tu supposes...je dois l'aider...je dois la sortir de là...tu me comprends, Eve? Tu es la seule personne au monde à qui je peux me confier...

Comme ralentis, les mots eurent du mal à franchir le cerveau de la jeune fille. Sa première réaction fut de dire :

Tu es vraiment fou !

Elle se leva, tourna en rond sur le tapis e se tordant les mains tandis qu’il piquait du nez sur ses genoux. Le voir si désemparé, la fit fondre. Elle se rassit et attira la tête blonde contre son épaule. Lui caressant les cheveux, elle murmura :

Je te connais Von Falkenberg. Si cette femme a réussi à toucher ton cœur rebelle c’est qu’elle n’est pas si mauvaise que ça. Tu ne t’y serais pas trompé. Passé l’éblouissement d’une attraction commune, si tu l’aimes en sachant ça, c’est qu’elle le mérite. Aies confiance en ton jugement, Max. Moi, j’ai confiance en toi.

Enlacés, ils restèrent là un bon moment à se bercer mutuellement. Puis, Eve rentra nourrir Oscar en se demandant de quoi les jours suivant seraient faits. Si elle espérait des vacances, elle fut déçue mais ne le montra pas. S’échinant à répondre aux exigences de son professeur sans plaintes ni reproches. Puis, un samedi matin, quelque chose de magnifique se matérialisa alors qu’ils étaient en pleine répétition du patronus. Une panthère de Chine éthérée convia Max pour le midi. Vu l’expression des yeux de Max Eve comprit : elle allait encore le perdre.

C’est assez pour aujourd’hui, déclara-t-elle. Va te préparer, je suis certaine que ça se passera bien.

Déposée chez elle avec un bisou sur le front, sourire aux lèvres Eve chantonna :

Papillon de lumière
Sous les projecteurs
Papillon de lumière
Revit dans vos cœurs
Papillon de lumière
Garde tout son mystère
Papillon de lumière
N’a plus rien d’éphémère.

Elle aussi était une chenille pour le moment… bientôt elle serait papillon.

Les évènements s'étaient précipités ces derniers jours. D'abord les retrouvailles avec Alix pleinement rétablie, leur voyage éclair aux Tropiques, leur retour et les heures de tourment qui s'en étaient suivies et maintenant leur imminente fuite. Dans tout ce va et vient, l'instruction d'Eve pâtissait gravement. De continuer ainsi, elle ne serait jamais prête dans les délais fixés par McGo...et ça c'était une chose que Max ne voulait pas permettre.

Il était encore très tôt. Une heure presque indécente pour faire une visite mais il ne restait pas d'autre recours. La logeuse de la jeune fille sembla très surprise en le voyant apparaître de si bon matin mais ne fit aucun commentaire et le laissa passer.

Eve lui ouvrit la porte, ahurie de le voir arriver à une heure pareille.

Désolé de venir comme ça, ma puce, mais je dois parler avec toi...et ça ne peut pas attendre.

Sans attendre qu'elle l'invite à passer, il la poussa gentiment à l'intérieur et ferma la porte. Oscar apparut lui présenter ses respects mais il ne lui accorda qu'une caresse distraite avant de mener Eve vers le divan et la faire s'y asseoir. La jeune canadienne se laissa faire sans comprendre rien à son attitude.

Tu as raison de me regarder comme si j'étais devenu fou...il y a un peu de ça...mais rassure toi, ce n'est pas une folie pernicieuse...du moins, plus maintenant...Il s'est passé pas mal de choses depuis la dernière fois qu'on s'est vus. Des choses qui entrainent des grands changements dans ma vie...Oui, tu devines bien : Alix.

Eve soupira mais il ne lui laissa pas l'occasion de placer un mot.

Nous allons partir. Fuir serait le mot juste. Oui...elle a décidé de quitter Tu Sais Qui...Ferme la bouche, ma puce, tu peux gober une mouche...

Il sourit en lui flattant la tête avant de s'asseoir à ses côtés, question de ne pas lui donner le tournis avec ses allées et venues sur le tapis.

C'est un peu compliqué à expliquer et je n'ai pas beaucoup de temps. Nous partons dans quelques heures...pour un temps indéterminé...

Il vit son menton trembloter et ses yeux s'embuer, lui passant le bras sur les épaules, Max la retint contre lui.

Ma petite chérie...faut pas pleurer...pas avant d'avoir écouté ce que j'ai à te dire...

D'un geste très doux il lui essuya les grosses larmes qui roulaient sur ses joues.

Tu sais bien que je tiens à toi...énormément, penser à te laisser comme ça me fait beaucoup de mal...et tu sais, mon bout de chou...je déteste souffrir...en plus je dois finir ton instruction. On ne peut pas laisser McGo penser que nous avons failli. Elle confie en nous et rien ne me déplairait plus que la décevoir...je l'ai fait assez dans le passé...alors voilà ce que je te propose: viens avec nous!

La jeune fille écarquilla les yeux et le considéra, abasourdie devant l'énormité de son offre.

Je sais...c'est très précipité...mais c'est la seule solution. À moins que quelqu'un par ici te tienne trop à cœur comme pour songer à le laisser...si ce n'est pas le cas...rien ne te retient. Si tu nous accompagnes, entre Alix et moi, on peut t'apprendre deux fois plus vite...et en Décembre tu seras prête pour te présenter devant la Commission d'examinateurs et les convaincre que tu es une parfaite petite sorcière.

Oscar sauta sur se genoux en ronronnant à qui mieux mieux.

T'en fais pas, chat...tu es de la partie...si Miss Adams accepte, bien entendu!...En plus, Eve...tu verras pas mal du monde...prends le comme un voyage d'instruction complète. Je t'en prie...dis moi que oui...Ça ne te plairait pas de connaître l'Afrique? Je suis sûr que ça te plaira...Je suppose que tu as ton passeport valide, n'est ce pas? Je peux me charger de tout ce qu est en référence aux vaccins...ne me regarde pas comme ça...ce ne sera qu'un tout petit délit sans importance...Alix te donnera une potion qui tiendra lieu de vaccins et te prémunira contre tout ce qui est censé de pouvoir t'arriver...

Il passa la suivante demie heure à lui décrire un peu les lieux qu'ils pourraient visiter, les paysages fabuleux qu'elle pourrait découvrir, les gens fascinants qu'ils croiseraient. Max n'épargna pas d'efforts pour parvenir à ses fins...

Les jours s’écoulèrent avec leur train-train quotidien. Max l’avait quittée si vite à l’apparition d’une magnifique panthère de Chine, qu’Eve en était restée toute songeuse. C’était beau l’amour, finalement. Elle était heureuse si son mentor l’était même si elle pressentait que tout ne puisse pas être rose si l’élue de son cœur était la redoutable Mangemorte suspectée.
En attendant sa réapparition, Miss Adams ne chôma pas. Levée tôt, couchée tard, elle étudiait sans relâche. Entre son travail chez Fleury et Bott et son intense activité cérébrale additionnée de multiples exercices, elle avait progressé mais se sentait de plus en plus fatiguée. L’argent que lui avait envoyé Davis lui avait permis d’acheter des ingrédients onéreux chez une des potionnistes du chemin de traverse : Mrs Grisham. Ça avait plu à Eve de discourir avec la mère d la jeune fille croisée à Ste Mangouste au chevet de Burningham. Apparemment Angel avait parlé d’elle à sa maman et la boutiquière se fit un plaisir en guidant Eve dans ses choix, l’invitant même à essayer chez mixture directement dans le laboratoire du magasin. Sous sa gouverne, la sorcière oubliée parvint à concocter maintes potions dignes des BUSE réclamées.
Elle butait surtout en métamorphose maintenant. C’était désespérant de voir les chaussettes refuser de devenir des escarpins ou de constater ses efforts vains en voulant transformer des vers de terre en allumettes. Max lui manquait, son entrain lui manquait, ses conseils lui manquaient… Elle eut quelques distractions (et cours) en compagnie de Davis et Angel, n’empêche que chaque jour qui passait lui faisait cruellement ressentir l’absence…
Il n’était pas six heures du matin qu’Eve était déjà prête à une nouvelle journée laborieuse. Tout en grignotant un toast, elle était plongée en pleine révolte des Gobelins (mieux valait réviser tôt ces chapitres pesants sous peine d’endormissement) lorsque l’on frappa à sa porte. Intriguée, elle fit disparaître son volume d’histoire dans la cache aménagée avant d’aller s’enquérir de l’identité du visiteur matinal :

Qui est-ce ?

La réponse la transcenda. Assez ahurie, elle ouvrit à Max ! Il était là, enfin ! Il lui laissa à peine le temps de lui sauter au cou qu’il débita :

Désolé de venir comme ça, ma puce, mais je dois parler avec toi...et ça ne peut pas attendre.

Oh, là, là ! Vu sa tête, il ne pouvait s’agir que d’un souci avec Alix. Comme de juste la suite le lui confirma. Poussée gentiment dans le divan, elle subit son discours :

Il s'est passé pas mal de choses depuis la dernière fois qu'on s'est vus. Des choses qui entrainent des grands changements dans ma vie...Oui, tu devines bien : Alix.

*Elle t’a rendu dingue, mon frère !*

Il s’assit près d’elle, l’air tellement hagard, qu’elle s’alarma… à juste titre :

Nous allons partir. Fuir serait le mot juste. Oui...elle a décidé de quitter Tu Sais Qui...Ferme la bouche, ma puce, tu peux gober une mouche...

Comme choc, elle ne pouvait rêver mieux. Ce n’était pas tant ce revirement d’Alix qui la sciait, c’était le mot « fuir » Il allait partir, la laisser seule, elle ne le reverrait plus. Sans qu’elle le voulût, elle se mit à pleurer doucement. Se voulant consolateur, il marmonna des choses au sujet de sa propre souffrance de la laisser, de faillir à la mission de Mrs McGonagall. Puis…

Alors voilà ce que je te propose: viens avec nous!

Mais… Mais, non ! s’étrangla-t-elle.

Beau parleur, Max mit le paquet en lui servant maints arguments plaidant sa cause. Elle demeura perdue, tout en caressant Oscar qui, comme s’il comprenait les tourments de sa maîtresse, se lovait plus étroitement contre elle en ronronnant mieux q’un moteur turbo.
Enervée soudain, Eve se leva. Elle alla à la kitchenette et servit deux tasses de café. Elle en fourra une dans les mains du jeune homme tandis que, debout, elle sirota la sienne en délibérant d’une voix triste :

Tu… Tu as raison sur de nombreux points… J’ai besoin de toi pour parfaire ma formation, c’est clair. Oui, j’ai toujours eu envie de grands espaces insolites et pittoresques. Personne ne tient à moi ici, ou ailleurs du reste, à part… Oscar (petit sanglot étranglé) Je n’ai que quelques relations qui ne se rendront même pas compte que j’ai disparu… Mais… J’ai un travail intéressant qui m’aide à progresser. Grâce à lui, je peux subvenir à mes besoins – nourriture, vêtements, loyer, scolarité – et, surtout, envoyer de l’argent à mes parents, ce qui est très important pour moi.
Qu’aurais-tu à t’embarrasser de moi là-bas ? Je ne suis pas du tout certaine qu’Alix verrait d’un bon œil que je participe à votre escapade. Je la crois suffisamment intelligente pour ne pas voir en moi – quantité si négligeable – une rivale quelconque. Cependant, excuse-moi, être la troisième roue du char ou tenir la chandelle ne me tente pas du tout. Laisse-moi dans mon cocon. Tu auras été la meilleure chose qui me soit arrivée dans la vie. Sans toi, j’aurais encore cherché, peut-être des années, ma vraie place. Je ne t’oublierai jamais Max. Pars puisque tu es pressé ; moi, je reste.

Maintenant, elle voulait qu’il s’en aille vite afin de pouvoir pleurer tout son saoul. Elle perdait la seule vraie famille qu’elle ait jamais eue. Idiot ? Pas vraiment. Très sensible, Eve savait qu’elle aurait un mal fou à admettre… l’inéluctable. Une Mangemorte repentie la privait de Max… Tant pis ! Comme d’habitude, elle se débrouillerait… Seule.

Il l'écouta débiter son discours sans l'interrompre. Elle ne manquait pas de raisons pour se refuser à cette aventure échevelée qu'il lui proposait sans préavis. Max but un gorgée de café, en se brûlant la langue, ce qui le fit jurer à voix basse. Eve, elle. poursuivait d'une voix enrouée:

Cependant, excuse-moi, être la troisième roue du char ou tenir la chandelle ne me tente pas du tout. Laisse-moi dans mon cocon. Tu auras été la meilleure chose qui me soit arrivée dans la vie. Sans toi, j’aurais encore cherché, peut-être des années, ma vraie place. Je ne t’oublierai jamais Max. Pars puisque tu es pressé ; moi, je reste.

Ces derniers mots le firent pratiquement bondir de sa place. Avant de se renverser le café dessus, il posa la tasse sur la table et se levant, alla retenir Eve qui semblait décidée à faire les cents pas.

Troisième roue du char? Tu en as des jolies comparaisons, ma petite demoiselle! Tenir la chandelle?...À quoi diables penses tu? Si tu juges que je suis la meilleure chose qui te soit arrivée dans ta vie...que dirais je de moi? Sais tu...as tu un toute petite idée de ce que tu signifies pour moi, Eve Adams?

L'arrêtant tout de go dans ses allées et venues, il lui releva le menton tremblotant et la força à le regarder.

Ton nom ne devrait pas être Adams mais Von Falkenberg...tu es plus ma sœur que ces trois dindes qui le sont. Je les aime bien...mais enfin...Toi, tu es ce bout de joie totale qui manquait à ma vie, ce quelqu'un de spécial de qui prendre soin et à qui aimer sans arrières pensées...je veux t'aimer et te protéger, et te guider et faire de toi la sorcière parfaite...et je suis suis sûr que je vais détester le gars qui va conquérir ton cœur...mais finirai par m'y faire, s'il te convient, bien sûr. Tu es ma petite sœur, Eve...laisse moi prendre soin de toi. Alix sait tout sur toi, sur la mission que m'a donné McGo et elle est d'accord...elle veut que tu viennes. Je veux que tu viennes avec nous...Je le veux parce que te savoir ici, seule et triste serait dur à surmonter...Toi, Oscar...vous êtes trop importants dans ma vie...ne me prive pas de ça, Eve...je t'en supplie!

Ce petit bout de femme avait pourtant plus de volonté qu'un bataillon armé. Elle n'allait pas capituler si facilement. Max sourir attendri...C'était toute une première...il essayait de convaincre cette douce enfant de le suivre au bout du monde sans aucune mauvaise intention...et elle demeurait irréductible, même si les larmes coulaient de plus belle sur ses joues.

Eve...tu sais que tu peux confier en moi. Je suis ton frère...laisse moi prendre la responsabilité de ces mois qui vont suivre...rien ne te manquera. Cet appartement sera là quand tu voudras revenir. Je me charge de toucher deux mots à Fleury ou à Botts...pas de souci de ce côté là...après tout, on est pas Von Falkenberg pour rien...

Sa main caressa doucement sa joue, sécha ses larmes...Jamais auparavant Max n'avait eu autant envie de protéger quelqu'un. Et Dieu sait, s'il s'en préoccupait de l'humanité démunie. Eve était si spéciale, si merveilleuse...si pure! Il s'en voudrait à jamais de l'abandonner à mi chemin...

Ma douce...il n'y a pas trente cinq façons de faire les choses...tu dois venir avec moi! Je veux que tu viennes avec moi parce que c'est la seule manière de faire ce qu'on doit faire...toi devenir sorcière et moi me racheter aux yeux de McGo...Pas de souci pour ta famille, je m'en occupe...et non! pas de moue qui vaille. Ne me parle pas de dettes...entre toi et moi, il n'y en aura jamais...

Elle renifla de plus belle alors il lui flatta le bout du nez avant de l'embrasser sur le front.

À partir de cet instant tu laisses que le grand Max se charge de ta vie, ok? Pas de souci, pas de moue, pas d'arrières pensées...allez, va faire ta valise que je parle avec ta logeuse.

Il la quitta quinze minutes, le temps de mettre les choses au clair avec Nanny. Pas de problème, l'appartement resterait tel quel, on arroserait les plantes et pour Oscar...pas de souci! Le chat était de la partie!

Eve n'avait pas bougé. Trop interloquée pour réagir. Alors il prit les chose en main et magie aidant les bagages furent vite faits. Une cage voyage tout confort pour Oscar fit son apparition. Max consulta sa montre. 7:45.

Il embarqua Eve et Oscar dans sa voiture et ils filèrent chez lui. Alix ne s'y trouvait plus. Un transplage le mena et ramena de Ste. Mangouste. Mrs. Potts, efficience personnifiée,doublée de la discrétion même, se chargeait de transformer les bagages d'Eve selon les besoins de la circonstance.

Tout avait été synchronisé avec l'exactitude d'une horloge suisse. À l'heure dite, Max et Eve arrivaient à Heathrow. Pompe et circonstance. La jeune canadienne à son bras, après avoir laissé Oscar aux bons soins d'un souriant employé de la compagnie aérienne, Max, en grand seigneur, monta à bord de la machine qui partait vers Dar El Salam. 1ère classe.

Max adora l'expression éblouie de la jeune fille quand on leur fit occuper leurs lares places et on s'occupa d'eux comme s'ils étaient membres de la famille royale.

Merci, Eve...merci de tout cœur...je n'aurais pas supporté te laisser!

Elle lui sourit, lumineuse...mais déjà une hôtesse, une surprenante rousse aux yeux verts, se penchait vers eux, un sourire aux lèvres.

Bienvenu à bord, Mr. Von Falkenberg!

Si Eve resta un peu sidérée par le regard qu'ils échangeaient ces deux là, Max, lui, avait réagi au quart de tour en découvrant le saphir ornant sa poitrine.

C'est avec un sourire ravi qu'il se tourna vers Eve.

Je t'expliquerai plus tard, Eve...voici Alix! Ma chérie...voici ma petite sœur, Eve!

On respecta toutes les mesures de sécurité. La belle rouquine alla prendre sa place avec l'équipage. On décollait...

*Adieu l'Angleterre...Adieu Voldemort!...*

Tu vas adorer l'Afrique, Eve...tu vas adorer, j'en suis sûr!

Il serra sa main au décollage...La vie était belle. La liberté était là...

» Choc innatendu.. [ Fe Stephanie ]

Le choc!

Le choc!

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