Sans être pessimiste par nature, Preston commençait à penser à ce principe empirique selon lequel si quelque chose peut mal tourner alors cette chose tournera infailliblement mal. On a nommé la loi de Murphy. Pas une bonne idée à entretenir en ce moment mais pouvait on autrement!?

L'évacuation du village, sous les notes de l'hymne national, se déroula, au moins au début, de façon assez satisfaisante. Les créatures semblèrent être prises un peu de court par cette vague d'enthousiasme général mais ce n'était pas cela qui allait les arrêter définitivement. On peut être optimiste mais pas au point de tomber dans le crétinisme avoué.

Chambers, après sa belle prestation patriotique, reprenait en main le sérieux de l'affaire et donnait des ordres très précis. Preston, bien entendu, n'y échappa pas:

Yates, bien que votre foutue idée ait marché, ça va pas durer. Donc bougez vos fesses aussi ! On dégage d'ici ! Bordel, où est le support aérien que j'ai demandé ?

La belle question. N'ayant aucune intention de s'éterniser sur les lieux, le journaliste s'empressa d'obéir. D'ailleurs, on ne tarda guère à entendre l'approche de deux Apaches venus en renfort et disposés , s'il n'avait pas mal compris, à déverser un déluge de feu. Version confirmée à l'instant par le capitaine qui hurlait:

On file ! Les Apaches vont nous couvrir avec leurs missiles.

Le moment était venu de prendre les jambes à son cou et vider les lieux le plus vite possible mais...il ne manque jamais un mais dans les histoires...dans la précipitation de ce départ en catastrophe personne n'avait remarqué qu'ils laissaient quelqu'un en arrière.

Sacré nom de...que fait cette gosse là!?

Une petite fille se trouvait au beau milieu de la rue, pleurant à chaudes larmes auprès du corps de sa mère. D'où il était, Preston pouvait la voir parfaitement et sûrement l'ennemi aussi, songeant, sans aucun doute, de se repaître de cette petite âme innocente.

Personne d'autre n'avait remarqué l'enfant. Il pouvait s'en aller comme si rien, la laissant là, partant de la simple idée que toute guerre entraine des dommages collatéraux mais M. Yates avait ce qu'on appelle une conscience à convictions. Il savait sciemment qu'abandonner cette enfant équivaudrait à se damner à vie...ce souvenir le poursuivrait, le hanterait et finirait par lui ruiner l'existence. Or, il avait très envie de vivre heureux, de se marier avec Angel et d'avoir des enfants...Des enfants qui auraient droit, si besoin était un jour, d'être aidés et secourus en cas de danger imminent...

*Tant pis, mon vieux...on ne crève qu'une fois...autant le faire en beauté!*

Avant qu'on ne s'avise à la retenir, il avait fait demi tour et s'élançait vers la petite, tout en avalant son morceau de chocolat...ça aide! Bien sûr, il risquait après cette journée minable d'en avoir une overdose...cela en supposant qu'il survive aux détraqueurs et au plomb!

*Génial, mon pote...tu survis aux franc tireurs de Sarajevo, aux révoltes en Afrique...et tu vas tomber sous feu ami...pas à dire, ça a des sales tours la vie!*

Pas le temps de bavarder, arrivé près de la gamine, un petit bout de femme de pas plus de quatre ans qui le regarda à travers de ses larmes, il la souleva comme à une plume et allait revenir sur ses pas quand l'enfer se déclencha...D'un côté le froid glacial qui engourdissait ses sens, accompagné d'une sensation de terreur innommable..de l'autre, la grêle de feu et plomb qui se déversa sur ce qui avait été un gentil et paisible village écossais. Chercher un abri!!! Facile à dire mais quand on est paumé au milieu de l'enfer, pas la chose la plus évidente.

Du pub s'échappaient des notes joyeuse et bien connues...assez idiot de trouver ça encore dans un juke box mais enfin...It's a long way to Tipperary...Sans trop savoir pourquoi cette vieille chanson lui ramenait des bons souvenirs. Il se revit en train d'écouter son père la chanter à tue tête en compagnie de l'oncle Peter...de la tête que tirait sa mère qui n'appréciait pas les excès...c'était quoi là? L'anniversaire de sa grand-mère...Ils avaient ri aux larmes ce jour là...

Il serra la gamine contre lui, lui couvrant la tête, zigzaguant entre des pans de mur, se planquant derrière un éboulis, voyant la colonne des évacués se perdre au détour de la route.

T'en fais pas, ma jolie...on va s'en sortir!

Il voulait bien y croire...il fallait y croire. C'était la seule chose qui le maintiendrait à sauf de l'ennemi invisible...pas trop pour le bon et noble plomb anglais ni pour le feu mais avec un peu de chance son ange gardien s'occuperait de ça...

Au fait...il est passé où, celui là?, se disait il avec humour juste au moment où quelque chose le frappa au dos, avec beaucoup de force, le faisant basculer à terre...à demi assommé, sans pour autant lâcher sa protégée.

Oh, shit!

Trop minable pour être ses derniers mots...sans personne pour l'immortaliser avec!

Iris lança un regard mauvais au sorcier qui venait de l’envoyer sans aucune consideration dans les cordes. Il croyait quoi ? qu’elle demandait uniquement par curiosité ? Comment voulait il qu’ils aient la moindre chance de combattre ces ….. choses si ils n’en savaient rien !La jeune fille aurait bien expliqué la situation en long, en large en travers à cet Einstein à la baguette si elle n’avait eu la certitude que cela ne mènerait qu’à une confrontation d’où elle ne sortirait pas gagnante. Le sorcier était persuadé qu’elle était une petite idiote, son père l’étranglerait métaphoriquement des qu’il serait certain que personne d’autre ne finirait en casse croute à fantôme, la blonde … ah non. La femme avait juste esquissé un petit sourire mystérieux.

- Réaction typique. Et si on ne sait rien de ces trucs on fait quoi Einstein ? On improvise ?

C’était déjà largement ce qu’ils faisaient. Richard avait l’air d’avoir décidé de faire sauter la moitié du village, les deux sorciers balançaient autant qu’ils pouvaient mais à un rythme de moins en moins soutenus des … sorts. Iris voyait des sorciers lancer des sorts. Une semaine avant, elle ne croyait même pas en une divinité quelconque, et la elle regardait sans broncher ou presque des sorciers jeter des sorts à l’aide d’une baguette magique. Ruminant sa colère, a laquelle il fallait bien se raccrocher, et sa peur, Iris rattrapa Gordon en maugréant. Les hommes, tous les même à penser qu’ils pouvaient sauver le monde sans utiliser un minimum leurs méninges!

La dernière apostrophe de Malcolm, dont elle ignorait le nom mais il fallait bien que le lecteur sache de qui je veux parler, à l’encontre de Richard la fit se retourner, prête à prendre le parti de son père, qui n’en avait d’ailleurs sans doute pas besoin. Elle n’était même pas certaine que ce serait bien pris mais au point ou elle en était … elle allait donc sortir un commentaire acerbe sur ceux qui jouaient aux petits soldats quand une main se posa sur son bras. Une main fine, délicate et indéniablement féminine pour tout à fait décidée à la faire bouger de la. Iris ravala ses paroles et suivit la jeune femme. De toute façon, il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire,

Le travail de Richard ne tarda pas à porter ses fruits, et, après une nouvelle pique à l’encontre du sorcier, ces deux la étaient bien partis pour s’adorer, le militaire fit reculer tout le monde. Un mur de flamme s’éleva soudain devant le petit groupe. La chaleur, qui parvenait à lutter contre le froid des détraqueurs, parvenait jusqu’à eux et, bizarrement, semblait les endormir. Comme si être auprès du feu les calmait. Iris fronça les sourcils en notant mentalement ce fait. Ils émettaient du froid, mais ne craignait pas le feu. Cependant celui-ci les calmait.
Pendant qu’elle réfléchissait, Serenya la poussant toujours en avant, elle-même poussé par les trois hommes d’ailleurs, elle entendit un bruit familier. Un hélicoptère les survola pour se poser quelques centaines de mètre plus loin. Le point d’extraction. On allait enfin pouvoir quitter cet enfer froid … et mort. Le village à leur pieds était également en flamme et …. On y chantait God save the Queen ? Les paroles étaient lointaines, mais bien reconnaissables.

- Ils sont fous ?

Pas étonnant. Elle-même sentait sa raison vaciller entre la négation totale de ce qu’elle venait de voir et la crédulité modèle Lou Ravi. Finalement, elle se tourna vers la femme.

- Qu’est ce que c’est ? ce sont eux qui emettent des vagues de froid n’est ce pas ? Et pourtant ils ne craignent pas le chaud. On dirait que ça les endort. Et j’ai eu l’impression …

Non. Ca , c’était stupide. Aucune créature au monde de pouvait provoquer les pensées. C’est dans sa peur qu’elle avait eu les idées noires.

- Ce sont des fantômes ?

En espérant que cette jeune femme blonde soit moins obtuse que son collègue, et lui donne un minimum de réponse. Sinon elle pourrait toujours se baisser et jeter des graviers aux créatures qui se faisaient dorer prés du feu.
En attendant, elle évitait soigneusement de regarder vers son père. Elle le savait en colère, en mode professionnel, et sur le qui vive, et se faire remarquer maintenant lui vaudrait sans doute un coup d’œil meurtrier.
L’hélicoptère était prés. Tout prés. Bientôt ce serait terminé.

-On les appelle des Détraqueurs, lui répondit-il. Ils ne devraient pas se retourner contre nous normalement, car c'est le Ministère de notre monde qui les contrôle. Et ils ont normalement un rôle de gardiens de prisons à Azkaban, la prison qui héberge les plus dangereux criminels de chez nous. Ils ôtent tout sentiment de bonheur quand ils sont à proximité, et ils peuvent nous priver de notre âme par un simple "baiser". Rien ne peut les arrêter, sauf le sort que vous avez vu avec les animaux, ce sont des patronus. Voilà contente ?
Absorbée par mes pensées (ne me demandez pas ce à quoi je pense, je n'ai aucune envie de le dire), je n'avait pas entendu ni l'explication de Malcolm et les yeux dans le vague, je regardait les Détraqueurs essayer de traverser le mur de feu. Chose qu'ils étaient incapables de faire. Mais bizarrement, je n'en éprouvait aucun contentement. Je les regardait essayer mais sans plus. Rien de particulier ne me venait à l'esprit. Voyant que je commençait à m'endormir (ou à déprimer si vous préférez), je me donnait une claque mentale pour me ressaisir. Et Dieu merci, cela fonctionna à merveille.
-Vivement que tout ça soit terminé...Pitié, faites que tout soit bientôt terminé..., gémit-je tout de même mentalement en me passant la main dans les cheveux, soudain très épuisée. J'avait presque envie de planter ces deux moldus là et de transplaner sans me retourner pour rentrer chez moi, me coller dans un bon bain chaud et dormir pendant au moins une semaine. Ca serait beaucoup plus simple. Mais je commençait à divaguer sérieusement et regardant Malcolm, je sut qu'il pensait la même chose (lâcher les moldus) que moi mais je sut aussi que nous n'avions pas le droit de faire ça. Même si les moldus étaient plus qu'agaçants, nous n'étions pas des monstres. Donc hors de question de partir sans eux. L'engin moldu étant maintenant posé dans la clairière, non loin de nous, je m'y dirigeait sans hésitation et m'y installait, imitée par les autres. Je fut immédiatement soulagée quand il décolla dans les airs et poussait un énorme soupir de soulagement. Faites que cette mission soit terminée...