A coeur ouvert [Fe William]

Un petit moment s'était passé depuis sa rencontre avec Lily dans la salle commune des Gryffondors. Il avait passé une bonne soirée et il espérait honnêtement qu'ils pourraient devenir amis. Mais pas amis comme ils voyaient ses autres amis, dans le sens où les autres, n'étaient presque que des marionnettes. Attention, ne vous méprenez pas, Andrew n'est pas le genre de personne à manipuler volontairement les gens parce que ça lui fait plaisir, il est juste incapable de construire quelque chose de réel avec une autre personne, il doit souffrir de sérieux problème de confiance et préfère jouer la comédie avec toutes les personnes qu'il connait.
Le problème voyez-vous, enfin si c'est un problème, c'est qu'il est très populaire dans son genre. Mais, personne ne le connait vraiment, personne ne le comprend et ne sait ce qu'il a vécut. En tout cas, c'est ce qu'il pense. Il n'est pas du genre à se confier, même lorsque sa vie en dépend, ou presque, alors il est persuadé que personne ne connait son histoire, et il a trop l'habitude d'être incompris pour penser que quelqu'un pourra finalement le percer à jour. Mais peut-être était-il sur le point d'être détrompé, et assez lourdement.
En y pensant, si quelqu'un venait un jour à le comprendre vraiment, à découvrir qui il était vraiment, au plus profond de son être, ce serait assez dévastateur pour lui. Ce serait la première fois de sa vie mine de rien et ce serait quelque chose qui changerait probablement sa vie. Mais nous n'en sommes pas encore là.
Pour le moment, cette journée était assez normale. Andrew s'était levé en cette dure journée d'école, on était vendredi matin. C'était le dernier jour avant le week-end, mais ses examens approchaient dangereusement, et il était sous pression. En effet ses professeurs n'arrêtaient pas de le stresser à cause de ses ASPIC et lui n'avaient aucune envie qu'on lui mette la pression. Aussi il alla en cours le matin en trainant les pieds. Il avait cours de potions puis de défense contre les forces du mal. Il finissait sa matinée par histoire de la Magie, ce qui finit de l'achever complètement.
Le midi, il n'alla pas dans la Grande Salle pour déjeuner, il n'avait pas faim. N'ayez crainte, cela lui arrivait très couramment, peut-être était-ce du à ce poids qui pesait sans arrêt sur lui, sa conscience le tiraillait sans arrêt et le poids de ses mensonges et de ses secrets qui pesaient sur lui toujours plus encore, l'empêchaient souvent d'avoir faim et donc d'aller manger. De plus, cela lui donnait une magnifique occasion d'être un peu seul, de réfléchir et de se reposer de la présence toujours plus fatiguante des autres autour de lui, sans cesse..
Ce midi là, donc il n'alla pas manger et monta dans la salle commune des Gryffondors, vide, normal étant donné que tous les élèves étaient allés manger à cette heure là. Il s'assit quelques instants dans un fauteuil près de la fenêtre, observant le magnifique parc de cette école qu'il aimait tant. Elle avait été sa seconde maison, mieux que sa maison même. Et il s'apprêtait à la quitter après ses examens. Il avait presque envie de rater ses ASPIC pour passer une nouvelle année ici à Poudlard. Mais il n'était pas de ce genre là.. Il fallait savoir accepter que dans la vie, toute bonne chose à une fin.
En regardant ainsi par la fenêtre, une envie assez irrépressible de faire une dernière fois le tour du parc le prit et il décida de sécher les cours de l'après-midi. Il se rendit compte que la cloche n'allait pas tarder à sonner et que s'il ne voulait pas croiser ses camarades de classe qui lui poseraient des questions embarrassantes, il avait intérêt à partir dés maintenant.
Il sauta vivement de son fauteuil, soudain en pleine forme et sortit par le portrait de la grande salle. Il dévala les escaliers quatre à quatre mais tomba sur une personne qu'il, justement, cherchait en partie à éviter. Il sourit aussitôt néanmoins en le voyant. Ce n'était pas qu'il ne l'aimait pas, au contraire, c'était peut-être l'une des personnes qu'il appréciait le plus, mais le jeune homme était à Serdaigle et il n'approuverait surement pas qu'il sèche ainsi les cours.

- Salut William !

Dit-il en souriant, comme à son habitude. Il fallait dire que son sourire avait quelque chose de charmant et d'enchanteur presque. C'était dur d'y résister, mais il l'avait travaillé son sourire quand même au cours des années !

Liam était légèrement boudeur. Il cherchait quelque chose à faire. Il explorait les souterrains du château, chose relativement peu intéressante. Mais bon, tant que ça lui évitait de rester cloitré dans sa chambre et lui évitait de sortir, ça lui allait. Il préférait éviter d'aller à la bibliothèque, Mme Pince allait sûrement l'accuser de sécher les cours (ce qui était d'ailleurs vrai...), dans sa chambre, il avait fini toute sa lecture et dans le parc, il s'était fait deux ennemis la dernière fois qu'il y était allé. Il ne tenait pas spécialement à les revoir, surtout qu'il les croisait assez souvent dans le parc. La seule solution qui lui restait suffisamment à l'écart des autres professeurs était les souterrains.

Il n'avait pas bien dormit et il était allé à l'aube dans la volière, où il avait fait d'ailleurs une rencontre très intéressante. Mais il avait son quota d'oiseau pour la journée. Avec ses cheveux ébouriffés, ses yeux cernés à cause du manque de sommeil et pourtant écarquillés, si quelqu'un avait vu Liam à ce moment-là, il aurait eu très peur. Il errait comme une âme en peine, arpentant les couloirs sans but, les épaules basses et la démarche traînante. Cela faisait déjà une bonne demi-heure qu'il aurait dû se rendre à la Grande Salle, mais il n'avait pas envie de manger. Il avait un peu faim, mais pas la moindre envie de se retrouver face aux regards inquisiteurs de ses camarades, qui lui demanderaient à coup sûr pourquoi il n'était pas là le matin. Il n'avait aucune envie de se justifier, encore moins de mentir et de voir leurs visage s'inquiéter pour lui. Beaucoup de ses camarades lui demanderaient pourquoi il séchait autant.

Non, ce n'était pas parce qu'il était à Serdaigle que pour autant il ne pouvait pas se passer de cours, bien au contraire. Il préférait apprendre de lui même, de sa propre volonté (ce qu'il faisait d'ailleurs très souvent, par simple envie), et détestait qu'on lui impose d'apprendre quelque chose qu'il n'avait pas envie. Quand il était dans cet état d'esprit, il pouvait même se montrer impoli voir même injurieux. Si bien que les profs n'aimaient pas l'avoir quand il était dans cet état et lui n'aimait pas leur infliger ça. Car oui, ils restaient des êtres humains, qui avaient choisi ce métier par vocation et ne devaient pas apprécier de se retrouver en face de têtes de mule tels que lui. Bref, tout le monde était beaucoup plus heureux quand il n'était pas là. Et de plus en plus, il avait l'impression que c'était valable en toute circonstance.

Peut-être... peut-être que le monde se porterait beaucoup mieux sans lui...
Stop ! Comme d'hab' quand il restait trop longtemps seul, il commençait à broyer du noir et à avoir des idées sombres. Il avait besoin de s'aérer le cerveau, un peu d'air frais ne lui ferait pas de mal. Cela faisait déjà beaucoup trop longtemps qu'il tournait en rond dans cet espace confiné à l'oxygène limité. Et puis tout le monde était sans doute en train de manger, il ne risquait pas de croiser grand-monde. Les coins de la boche tirés vers le bas, il remonta les escaliers silencieusement. Une fois arrivé en haut, il passa devant les grands escalier, en direction du Hall d'Entrée.

Il croisa un ami de Gryffondor, dont il était assez proche. Andrew Stinson. Le jeune homme -qui avait quelques années de plus que lui- lui adressa un sourire qui aurait fait fondre une pierre. Soudainement très joyeux, Liam lui adressa un sourire très enthousiaste.

- Salut William !

- Hey, salut Andrew ! Tu vas bien ?

Les mains fourrés dans les poches, il se tourna vers lui, un sourire doux aux lèvres, comme apaisé par la présence du garçon. Une idée tilta dans sa tête. L'air soudain inspiré, il dit, joyeux :

- Dit, t'allais faire quoi ? Je comptais faire un petit tour dans le parc, ça te dis de m'accompagner ? On pourra discuter un bout comme ça !

- Hey, salut Andrew ! Tu vas bien ?

Andrew écarquilla légèrement les yeux, visiblement, William se fichait comme de sa première chemise de savoir si Andrew séchait les cours ou pas. Mais comment aurait-il put deviner que le jeune Serdaigle s'apprêtait lui aussi à sécher les cours ? Comme quoi, les deux jeunes gens ne se connaissaient pas franchement bien. Mais c'était normal quand on avait deux personnalités aussi secrètes que les leurs. En effet, William & Andrew étaient fait pour s'entendre, ils ne le savaient pas encore c'était tout. Car oui, ils avaient des personnalités très proches les deux jeunes hommes, à toujours tout vouloir cacher aux autres pour leur épargner de la peine, ou tout simplement par amour du secret. Andrew faisait plutôt partie de cette deuxième espèce d'ailleurs, il détestait raconter sa vie, se confier.. Il méprisait quiconque lui avait un jour conseiller de se confier, et pourtant, cela aurait put changer sa vie. Mais il ne pouvait pas, il ne pouvait tout simplement pas confier ce qui lui était arrivé depuis sa naissance, c'était trop.. Douloureux. De plus, il n'aimait pas tellement dire qu'il était en partie responsable de la mort de ses deux parents, ce n'était pas le genre de choses dont on se vantait honnêtement. Ce n'était pas vrai, enfin pas franchement, mais c'était comme ça qu'il le percevait et ça suffisait à le faire taire sur son passé.
Quand William lui sourit, Andrew lui rendit son sourire, toujours aussi charmeur, avec les garçons comme les filles. N'allez pas croire que ça voulait dire qu'il était bi , non on peut très bien charmer une personne du même sexe sans être attiré par lui. C'était juste histoire de pouvoir mettre de son côté les autres, vous comprenez ? En fait, c'était juste pour avoir une plus forte influence et un plus grand contrôle sur ses camarades. Vous m'aurez compris, Andrew était le genre à avoir besoin de tout contrôler, il fallait dire qu'il y avait eut tellement de choses qui avaient échappés à son contrôle dans sa vie et qui avaient mené à une catastrophe, que ce sentiment était compréhensible. Bien sur, seulement pour lui puisqu'il était le seul à connaître son histoire, le seul à comprendre véritablement qui il était, enfin du moins, c'était ce qu'il pensait. Mais le secret de sa personnalité ne serait-elle pas beaucoup plus évidente pour certain qu'il n'aurait put le croire ?
Reprenant sa fameuse comédie à laquelle il s'adonnait tous les jours, il sourit doucement, et dit poliment au jeune Serdaigle arrêté en face de lui :

- Oui ça va très bien et toi ?

Le pouvoir de l'auto-persuasion, vous y croyez-vous ? La méthode Coué ça vous dit quelque chose ? Cette méthode qui consiste à se répéter si souvent quelque chose qu'on finit par le croire ? Eh bien, Andrew avait beau répéter tous les jours à des dizaines de personnes qu'il allait bien, l'information ne semblait pas arriver jusqu'au cerveau, car Andrew ne se sentait toujours pas bien, pas bien dans sa peau, pas bien dans sa tête. Mais ce n'était pas le simple mal-être de l'adolescent croyez-moi, c'était bien au-delà de ça. Mais personne ne semblait s'en rendre compte, comme quoi même si l'auto-persuasion ne semblait pas avoir d'effet sur lui, il arrivait tout du moins à persuader les autres qu'il allait le mieux du monde.
Il regarda son jeune ami de Serdaigle fourrer ses mains dans ses poches, et sourire joyeusement. Réflexe, Andrew sourit à son tour, il avait été tellement habitué à faire croire à ses proches qu'il allait bien, qu'il avait pris l'habitude de rendre leur sourire à quiconque lui souriait, tout le temps. Cette habitude lui devenait de plus en plus odieuse, mais il n'arrivait pas à la perdre, c'était une obligation pour lui d'agir comme ça. Mais l'implosion le guettait de près. Personne ne peut garder des secrets enfermés comme ça pendant aussi longtemps sans exploser de l'intérieur.

- Dis, t'allais faire quoi ? Je comptais faire un petit tour dans le parc, ça te dis de m'accompagner ? On pourra discuter un bout comme ça !

Un voile sombre sembla passa sous les yeux d'Andrew, il venait de voir son après-midi tranquille s'envoler au loin. Mais il reprit très vite contenance, si vite d'ailleurs, qu'il n'était même pas sur que William ait eu le temps d'apercevoir sa déception dans ses yeux. En effet, il avait bien prévu d'aller dans le parc lui aussi, mais seul. Il avait souvent besoin d'être seul, histoire de ne pas péter un câble et de pouvoir être lui-même de temps en temps. Mais visiblement, ce ne serait pas pour tout de suite. Il sourit donc et dit à William :

- J'allais justement dans le parc moi aussi. Très bonne idée !

Il se mit en route, descendant les escaliers doucement. Le parc l'avait très fortement attiré quelques minutes auparavant seulement, mais c'était dans la perspective d'y aller seul. Désormais que William venait avec lui, il avait moins envie d'y aller. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas William, au contraire, mais il lui semblait qu'il apprécierait toujours plus sa solitude que la compagnie de quiconque. Mais il était peut-être sur le point d'être lourdement détrompé. Il se dit cependant qu'il pourrait mettre à profit cet après-midi pour tenter de percer les secrets du jeune Serdaigle, car si lui détestait qu'on essaye de le comprendre, lui adorait tenter de comprendre les autres et il s'était toujours demandé pourquoi William séchait-il autant de cours. Encore plus que Andrew, c'était pour dire ! D'ailleurs, la preuve aujourd'hui, William avait surement cours à cette heure là; ce fut d'ailleurs par-là qu'Andrew décida de commencer. Il était déterminé à bien comprendre la personnalité de son ami, enfin, s'il pouvait considérer quiconque comme un ami :

- Tu n'as pas cours à cette heure là ? Ou tu sèches comme moi ?

Il se disait que le meilleur moyen de forcer les confidences du jeune Serdaigle, ce serait surement d'être honnête lui-même. Bien entendu, il lui servit son habituel sourire de charmeur, auquel presque personne ne pouvait résister. A vrai dire, il ne connaissait personne qui n'ait jamais craqué au moins une fois devant son sourire si angélique. Alors pourquoi William ferait-il exception à la règle ? Peut-être lui aussi était-il différent des autres..

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