Preston jeta un coup d'œil à sa montre...Il était en retard! Bonne façon de commencer l'aventure. Mais où diables avait il fourré les clés de la voiture?
Après avoir retourné la chambre, une autre fois, il finit bien par les dénicher sur la table de chevet...là où elles auraient dû se trouver dés un début!

*C'est le premier endroit où j'ai regardé!!!...t'en es sûr?...bien sûr que oui!!!*

Discuter avec lui même était une espèce de rituel qui le mettait généralement de mauvaise humeur...pour une raison qui lui échappait son alter ego pouvait résulter odieux la plupart du temps!

Clés en poche, il vérifia le reste de son équipement. Cartes. Camera. Ses carnets de notes (il ne les laissait jamais!), la copie de la fameuse video et ses barres de Knikers...question d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent en cas de famine intempestive!

Le patron lui remit le panier demandé la veille. Preston ne perdit pas le temps à vérifier les victuailles faisant confiance au bon sens de l'homme et fila vers la sortie.

Iris, elle était à l'heure et pour le moment se gelait gentiment tout en prenant des notes...sur quoi? Sûrement pas sur le bonhomme en kilt qui était là, pour faire couleur locale...à moins que ce soit son boulot de se cailler de bon matin!

Bonjour, Iris...désolé du retard. Si tu es prête on peut y aller! La voiture est là bas!

Très satisfait de lui même, il signala la Range Rover noire, garée face à l'auberge. Après se mésaventures précédentes, Preston avait tenu à avoir un véhicule capable de s'aventurer sur n'importe quel chemin tout en offrant un summum de confort. Pas question de courir le monde et finir avec un tour de reins!

On va aller vers le Nord, dans les montagnes. J'ai des informations intéressantes sur des faits assez étranges qui s'y seraient déroulés il y a peu de temps.

Il ouvrit la portière pour Iris tout en l'octroyant d'un de ses sourires le plus rassurants, en ajoutant à voix basse:

Il y a quelqu'un qui jure avoir vu...un groupe de personnes, vêtues assez étrangement...qui se seraient enfumées dans l'air. Sait on jamais...un peu trop de whisky peut faire voir n'importe quoi...mais on va vérifier quand même, il faut commencer quelque part, non!?

Iris sembla plutôt satisfaite en découvrant l'intérieur de la voiture. C'était déjà un bon début pour se lancer à l'aventure.

Et vous pensez que le whisky peut avoir joué un rôle ? Vous n'êtes pas du genre à voler d’ivrognes en ivrognes sans un minimum d’informations. Je me trompe ?

Preston sourit et l'aida à monter à bord.

Non, définitivement ce n'est pas mon genre, tu as raison. L'homme qui m'a fourni cette information n'avait rien d'un ivrogne...du moins en apparence. Son histoire était parfaitement cohérente.

Il ferma la portière et faisant le tour du véhicule alla prendre sa place face au volant.

Ce qui ne la fait pas moins étrange, cette histoire...et ce qui a fini par mettre la puce à l'oreille est qu'il insiste sur le fait que ce n'est pas la première fois qu'il voit des choses plutôt bizarres dans son coin.

L'expression de Miss Grant n'était pas des plus convaincues, après tout des gens qui prétendent voir des choses étranges, ça abonde, il se crut donc en devoir de la rassurer sur ce point.

Lord Dashwood ne me semble pas du genre de personnes à reprendre des ragots pour le pur plaisir de le faire. C'est lui qui m'a appelé après avoir eu vent de mes investigations sur le thème...au fait, c'est sur ses terres que se sont produits les évènements où ton père s'est trouvé involucré.

De quoi rassurer sa toute nouvellement acquise co-équipière.

Ce qui me semble encore très étrange est que ces gens, qui qu'ils veuillent bien être, soient retournés sur les lieux des faits...à mon avis, ils ont perdu quelque chose...qu'est ce que tu en penses?

En toute évidence, elle lui posa la première question qui croisa son esprit:

Vêtu comment ce groupe de personnes?

Le journaliste sourit de nouveau, c'était exactement ce qu'il avait demandé à Lord Dashwood lors de leur rencontre.

Longues robes sombres et cape ondoyant au vent...pas des touristes japonais, ça c'est sûr! Ils semblaient, aux dires de Mylord, discuter âprement jusqu'à ce que l'un d'eux sorte une espèce de baguette ou Dieu sait quoi, qui a émis un éclat vert...son contraire est tombé raide et puis ils se sont tous enfumés...celui qui était tombé raide inclus.

La petite route serpentait entre les collines. Le temps s'était éclairci et Preston espéra qu'ils auraient un peu de soleil. Iris était restée en silence et semblait soupeser l'information.

Alors, Iris...qu'en dis tu?



(désolé pour le retard!)

Iris s’était installée dans le véhicule. Son manteau, qu’elle avait posé sur le siège arrière, avait laissé place a un pull de laine à col roulé blanc, et ses gants avaient quittés ses mains pour trouver refuge dans les poches de son blouson. Le tout était couronné de son chapeau. Preston, de son coté, après avoir fait le tour de la voiture, s’était installé au volant et s’était mis en route tout en expliquant qui était sa source. Lord Dashwood. Iris n’avait aucune idée de qui ça pouvait bien être, mais une chose était sure. Porte le titre de Lord en Angleterre n’était pas anodin. Ce qui ne voulait pas dire que la source était fiable. De plus, hasard ou pas, c’était chez lui que Richard avait été … été quoi au fait ? même lui ne le savait pas. Comment Iris aurait elle pu du coup avoir un avis sur la question ? Yates, lui, semblait suivre une piste précise dont il n’avait pas vraiment parlé.

- Un lord ? Rien que ça ? Que savez-vous de lui ? Parce que je suis au regret de vous informer que les lords et autres Sir ne sont pas vraiment au centre de mes préoccupations. Est il fiable ?

Elle sorti de son sac son bloc et un crayon pour gribouiller quelques mots.

- On peut poser deux hypothèses ? Soit ils ont quelque chose a trouver, auxquel cas ce doit être quelque chose de petit ou de difficilement repérable pour revenir aussi souvent, soit c’est parce qu’ils ont rendez vous pour quelque chose. Y a-t-il une fréquence de reunion ? cela se produit il depuis longtemps ?

Dans l’esprit de la jeune fille, il ne faisait aucun doute que les réponses à ces questions de bases avaient déjà été trouvées et que le journaliste aimait à faire durer le plaisir. Elle commençait même a penser qu’il aimait qu’on lui pose des question, ce qui l’amusait. Un peut comme « j’ai toutes les réponses, à toi de trouver les bonnes questions ». cependant, ce qu’il avait dit sur le rayon vert était moins amusant. Sur la vidéo, on ne voyait que des éclats, dont certains verts. Ce rayon avait il touché les hommes qui étaient morts ?

- Ca me fait penser à une sorte de … je ne sais pas comme une secte de film Z américain. Une secte satanique ou le chef des satanistes sacrifie le fille au début et ou il faut sauver l’héroïne à la fin. Sympa au ciné mais je n’ai aucune envie d’avoir un role. Rappelez vous que dans ce cas la vous êtes le héros qui venez au secours de l’héroïne surtout !

Elle s’enfonça dans son siège , le regard flou sur le paysage qui défilait, essayant de trouver comment les pièces du puzzle pouvait s’assembler. Le film, les baguettes, les longues robes, les rayons vert et rouge, les morts, et la disparition.

- Avez-vous déjà rencontré cet homme ou vous a-t-il juste contacté ? D’après le peu que mon père a pu et voulu me dire sur cette histoire, il n’est pas très prolixe sur ses activités militaires …. Une vague histoire de devoir de discretion … ils seraient intervenus à cause de lumières étranges. Si votre témoin n’a pas la berlue, ce serait confirmé.

Finalement, elle tourna un regard curieux vers le conducteur du véhicule.

- Depuis combien de temps enquetez vous sur les hommes en longue robe qui lancent des rayons lumineux monsieur Yates ?

[pas grave ^^ je sais ce que c'est ^^]

Les arguments de Preston eurent l'écho espéré. Cette jeune demoiselle n'était pas de celles qui se laissent facilement convaincre ni affabuler par un titre. Lord Dashwood n'était pourtant pas un homme dont on puisse mettre la parole en doute...même si Iris n'en semblait pas trop convaincue.

Un lord ? Rien que ça ? Que savez-vous de lui ? Parce que je suis au regret de vous informer que les lords et autres Sir ne sont pas vraiment au centre de mes préoccupations. Est il fiable ?

Ces assertions le firent sourire. Il aimait l'esprit vif de la jeune femme, sa façon si franche d'énumérer ses doutes.

Lord Frederick Dashwood siège au Parlement, est ami personnel de la Reine et un très perspicace homme d'affaires. Crois moi c'est un type à 100% fiable.

Elle sortit un carnet de son sac et se mit à y gribouiller des notes rapides. Preston hocha la tête en souriant toujours et pendant un moment s'occupa de la route qui se déroulait devant eux. Un paysage paisible, difficile à associer aux terribles évènements qui s'y étaient déroulés. Miss Grant de son côté gambergeait à toute vitesse, faisant encore une fois preuve de ténacité de caractère. Ce n'était pas elle qui s'avouerait vaincue de sitôt. Le journaliste se félicita encore une fois du choix qu'il avait fait en lui proposant de le seconder dans l'investigation. La suivante série de questions le prouva.

On peut poser deux hypothèses ? Soit ils ont quelque chose a trouver, auquel cas ce doit être quelque chose de petit ou de difficilement repérable pour revenir aussi souvent, soit c’est parce qu’ils ont rendez vous pour quelque chose. Y a-t-il une fréquence de réunion ? cela se produit il depuis longtemps ?

Il lui décocha un regard admiratif et satisfait.

C'est exactement ce que je me disais. Bien sûr nous n'avons pas la moindre idée sur la nature de ce qu'ils peuvent chercher. Nous ne pouvons qu'émettre des suppositions. Pour ta deuxième hypothèse, je doute fort qu'ils aient choisi un endroit aussi exposé comme lieu de réunion, d'après ce que nous pouvons déduire, ils se livrent à des activités plus ou moins louches, leur façon d'agir est défensive puisqu'ils n'ont pas hésité à s'en prendre a un groupe de soldats, tous fortement armés. Donc on va éliminer cette dernière possibilité et rester avec la première...ils ont perdu quelque chose de petit et précieusement important qu'ils ont tout le mal du monde à retrouver.

Il la laissa encore à ses pensées. Pas mal d'idées tournaient dans sa propre tête. Le fait que ces étranges personnages aient discuté et possiblement éliminé l'un deux prouvait assez bien la théorie que, sans importer qui ils pouvaient être, ces gens étaient décidés á parvenir à leurs fins...coûte que coûte. à son avis, sans le vouloir, Lord Dashwood avait assisté à l'exécution
d'un membre coupable de ne pas avoir fait correctement son travail. De quoi donner des frissons. Preston songea avec douce satisfaction au pistolet dans sa poche. Il ne savait pas si e serait très utile à l'heure d'affronter des rayons meurtriers mais c'était toujours plus rassurant que se trouver main nue.

La remarque d'iris le tira de ses réflexions et le fit rire.

Ça me fait penser à une sorte de … je ne sais pas comme une secte de film Z américain. Une secte satanique où le chef des satanistes sacrifie le fille au début et ou il faut sauver l’héroïne à la fin. Sympa au ciné mais je n’ai aucune envie d’avoir un rôle. Rappelez vous que dans ce cas la vous êtes le héros qui venez au secours de l’héroïne surtout !

On ne peut pas dire que tu manques d'imagination. Ne t'en fais pas, au besoin je suis prêt à affronter le méchant de l'histoire pour te sauver de ses griffes mais sincèrement j'espère bien que ça n'arrivera pas. Nous essayerons de nous tenir gentiment à distance et éviter une rencontre désagréable.

*Désagréable? Tu veux rire! Un petit rayon vert de rien du tout et tu passes à l'histoire!*

Mais aucun besoin d'alarmer la demoiselle avec des idées si macabres. Elle continuait sa brillante labeur de déduction. La crédibilité de Lord Dashwood fut encore un peu secouée mais lentement le puzzle commençait à prendre forme. C'était plus que sûr que le capitaine Grant ne fut pas trop prolixe en explications, d'abord parce qu'il n'avait lui même, pas grande idée sur la nature de ce qui s'était passé et après parce que comme militaire exercé et travaillant Dieu sait pour quel projet obscur le tout tournait, comme l'avait si bien dit Iris, autour de devoir et discrétion. Il était de plus en plus clair que les soldats se trouvaient là a cause de l'étrange phénomène des lumières. Que pensaient ils trouver? Une navette spatiale avec extraterrestres en pleins ébats pyrotechniques? Preston en aurait presque mis sa main au feu....et non, pour la énième fois, son témoin n'avait pas la berlue!

Depuis combien de temps enquêtez vous sur les hommes en longue robe qui lancent des rayons lumineux monsieur Yates ?

Preston s'était attendu à cette question depuis le début de leur petit voyage. Il freina doucement le véhicule, pas question de râter le suivant tournant et se tourna vers la jeune femme le regard grave, un sourire calme aux lèvres.

Je m'étonnais que tu n'aies pas posé cette question depuis un bon moment. L'histoire des militaires impliqués dans cette histoire a bien sûr attiré mon attention depuis le début mais pour être sincère, à moment donné j'ai crû plutôt à un fatras inventé par l'Armée pour cacher des manœuvres qui auraient mal tourné, ça arrive plus souvent qu'on ne le croit et on a déjà eu droit à des versions plus ou moins décousues comme celle des extraterrestres et autres babioles dans le genre.

Bien entendu ces déclarations n'étaient pas pour enchanter Iris, elle s'attendait sûrement à quelque chose de plus contondant. Il n'allait pas la décevoir.

Mais ce qui m'a fait me lancer tête baissée dans cette investigation est une rencontre que j'ai faite, il n'y a pas trop longtemps. Une rencontre qu'on peut cataloguer de passionnante, hautement intéressante de laquelle je me suis tiré de justesse, sans doute parce que le Tout Puissant a d'autres desseins pour moi...façon de le dire poétiquement. J'ai trouvé un étrange bout de bois, on pourrait appeler ça une baguette, sans avoir la moindre idée de ce que c'était je l'ai empochée pour ne retrouver un instant plus tard face à une femme d'aspect assez sournois et malveillant qui en a réclamé la propriété, comme je ne l'entendais pas à sa façon et a sorti un artéfact semblable de sa poche et m'a pointé avec. Question réflexes je peux m'enorgueillir d'être rapide, un petit plongeon de côté et j'ai évité un rayon rouge...manque de pot, mon crâne a rencontré une pierre et ça m'a sonné, le temps qu'elle fouille dans mes poches, prenne son bien et s'enfume en un plop.

Un petit silence, le temps de la laisser digérer le discours.

Je suis sûr d'avoir croisé le chemin d'une sorcière, tout simplement.

Il remit la voiture en marche, un silence empreint de doutes et questions plana entre eux. Preston ne pouvait pas l'en blâmer, il y avait bien de quoi penser que maintenant c'était lui qui avait la berlue.

Avec ça, plus la vidéo, il ne me reste plus de doute que nous avons affaire avec des forces surnaturelles qui nous sont inconnues mais qui ne sont pas moins terriennes que nous. Quelque part, par là...il y a un monde parallèle au nôtre, existant qui sait si depuis la nuit des temps et dont nous ne venons que d'avoir un petit aperçu.




(Mille pardons pour ce terrible retard, la vie se complique parfois!)

[Pas grave! tant que tu finis par répondre ^^]

Le fait qu’un homme soit un ami de la reine ne le rendait pas plus crédible aux yeux de la jeune fille. Aurait il été la reine que d’une part ça aurait sous entendu que Victoria II était un travesti ce qui ne serait surement jamais passé dans la tête d’une anglaise, fut elle fille d’un père américain et d’une mère française, d’autre pas ça n’aurait pas empêché un penchant à la boisson ou aux hallucinations d’origine psychotique. Mais elle doutait que Preston se fut intéressé à un homme aux antécédents psychiatriques délirants.
De plus sa déduction sur le fait qu’ils cherchaient quelque chose était frappée au coin du bon sens. Il y avait en effet peut de chance qu’un rendez vous étant pour eux assez important pour tuer se fasse au grand jouer. A moins que l’emplacement même n’ai son rôle a jouer dans la réunion, idée qu’elle émit sans pour autant y croire outre mesure. Mais il valait mieux évoquer toutes les pistes. Après tout, c’était le crédo de Sherlock Holmes. Examiner toutes possibilités et ne garder que celle que l’on ne pouvait réfuter quand toutes les autres avaient été infirmées.

- Il se pourrait aussi qu’ils se réunissent la parce que c’est l’endroit ou il faut qu’ils soient. Imaginons qu’ils aient rendez vous avec un avion, un parachutiste, ou qu’ils organisent un culte quelconque … l’endroit est alors primordial, de même que la discrétion. Je sais que ça a l’air stupide dit comme ça, mais c’est également quelque chose qu’il faut prendre en considération, non ?

Son crayon avait repris sa course sur le papier, alignant d’une écriture fine et serrée, ponctuée d’abréviations, les remarques et les hypothèses que la discussion amenait à évoquer. Preston suivait la route d’une allure tranquille, et la neige qui s’était accumulée sur les cotés ne semblait pas lui poser de problèmes.
Habituée à la conduite sportive de son père et à celle, prudente mais rapide, de sa mère, la manière de conduire du journaliste ne l’inquiétait pas. Elle leva la tête et son regard tomba sur un renard qui regagnait un buisson à petits pas, sa gueule tenant quelque chose qui aurait aussi bien pu être un lapin que la poulet roti volé à la ferme du coin. Pour peu qu’il y ait eu une ferme dans le coin. Son regard s’additionna d’un sourire quand Preston mentionna son imagination. C’était en effet quelque chose qu’elle laissait souvent courir, au grand dam ou à la grande joie de ses parents, ça dépendait des moments, quand elle leur inventait des histoires abracadabrantes sur leurs aventures professionnelles. Petite, ça avait même été un grand jeu auquel ses parents jouaient avec elle. Aujourd’hui, elle s’amusait juste à les poser sur papier et à les oublier.

- J’en ai parfois un peu trop parait il. Ce qui n’empêche que je compte sur vous pour me sortir de la. Parce qu’autant vous le dire tout de suite, mon père est de nature très protectrice et ma mère est pire. Vous connaissez les mères ...

Cependant, la conversation allait bientôt tourner dans un sens tout à fait inattendu quand il répondit à sa question. De quant datait son intérêt pour cette affaire ? Le journaliste arrêta la voiture pour répondre, donnant à ses paroles une gravité qu’elle ne lui avait encore jamais vu.

- Je m'étonnais que tu n'aies pas posé cette question depuis un bon moment. L'histoire des militaires impliqués dans cette histoire a bien sûr attiré mon attention depuis le début mais pour être sincère, à moment donné j'ai crû plutôt à un fatras inventé par l'Armée pour cacher des manœuvres qui auraient mal tourné, ça arrive plus souvent qu'on ne le croit et on a déjà eu droit à des versions plus ou moins décousues comme celle des extraterrestres et autres babioles dans le genre. Mais ce qui m'a fait me lancer tête baissée dans cette investigation est une rencontre que j'ai faite, il n'y a pas trop longtemps. Une rencontre qu'on peut cataloguer de passionnante, hautement intéressante de laquelle je me suis tiré de justesse, sans doute parce que le Tout Puissant a d'autres desseins pour moi...façon de le dire poétiquement. J'ai trouvé un étrange bout de bois, on pourrait appeler ça une baguette, sans avoir la moindre idée de ce que c'était je l'ai empochée pour ne retrouver un instant plus tard face à une femme d'aspect assez sournois et malveillant qui en a réclamé la propriété, comme je ne l'entendais pas à sa façon et a sorti un artéfact semblable de sa poche et m'a pointé avec. Question réflexes je peux m'enorgueillir d'être rapide, un petit plongeon de côté et j'ai évité un rayon rouge...manque de pot, mon crâne a rencontré une pierre et ça m'a sonné, le temps qu'elle fouille dans mes poches, prenne son bien et s'enfume en un plop.

Iris haussa un sourcil en continuant à prendre des notes. Outre le fait qu’elle n’appreciait que moderement le fait qu’on puisse insuinuer que son père aurait pu mentir, le « PLOP » de la fin du discour lui semblait tout a fait irréel. Plop. C’était un terme journalistique , ça « plop » ?

- Je suis sûr d'avoir croisé le chemin d'une sorcière, tout simplement.

Pour le coup, le crayon cessa d’écrire et Iris releva vers le conducteur un regard mi surpris mi moqueur.

- Une sorcière. Vous êtes sérieux ?

IL remit la voiture en marche pendant qu’un silence dubitatif, du moins de la part de la jeune femme, s’était installé. L’anglais reprit cependant, montrant qu’il était sérieux dans ses propos.

- Avec ça, plus la vidéo, il ne me reste plus de doute que nous avons affaire avec des forces surnaturelles qui nous sont inconnues mais qui ne sont pas moins terriennes que nous. Quelque part, par là...il y a un monde parallèle au nôtre, existant qui sait si depuis la nuit des temps et dont nous ne venons que d'avoir un petit aperçu.

Et n plus il avait l’air d’y croire. Iris reposa son crayon dans son carnet. Sans le quitter du regard, ses yeux étant cette fois totalement moqueurs et elle commençait à se demander si elle n’était pas dans un 4x4 avec un fou. Un fou sympa qui ressemblait à un acteur de cinéma, mais un fou tout de meme. Si ça se trouve, ce serait lui le chef de la secte et il faudrait trouver un autre sauveur. Mouai … Après tout tout les illuminés n’étaient pas des psychopathes.

- C’est vrai que la thèse de la sorcière est BEAUUUUUcoup plus plausible que celle des extra terrestres. D’ailleurs tout le monde sait qu’un balai est plus maniable qu’une soucoupe et qu’en plus, ça fait le ménage.

S’était il seulement rendu compte qu’il venait de mettre à mal l’attitude de l’armée évoquant une hypothétique civilisation non humaine mais technologique pour lui préférer … la fée Carabosse et Viviane la magicienne ? Drôlement plus crédible. Et le journaliste ne pouvait ignorer l’ironie tant dans les mots que dans le ton de cette dernière sortie.

- Vous vous rendez compte que l’un est aussi difficile à avaler que l’autre j’espère ?

Première embûche...Miss Grant ne croyait pas un mot de ce qu'il disait et ce qui est plus, Preston en était quasi convaincu, le prenait pour un fou, pas trop dangereux tout de même puisque jusque là elle n'avait pas hurlé ou essayé de sauter de la voiture.

C’est vrai que la thèse de la sorcière est BEAUUUUUcoup plus plausible que celle des extra terrestres. D’ailleurs tout le monde sait qu’un balai est plus maniable qu’une soucoupe et qu’en plus, ça fait le ménage.

Fallait pas un énorme effort d'imagination pour réaliser qu'elle se moquait vertement de lui. Il ne pouvait pas l'en blâmer, lui même aurait tout le mal du monde à croire une sornette pareille. Il soupira, se contenta d'un sourire en coin. Ils ne tarderaient pas beaucoup à atteindre les terres de Lord Dashwood.

Je comprends très bien que tu trouves cela ridicule mais je t'assure que je ne suis pas fou ni ai inventé cette histoire.

Triste argument, tenant compte que la plupart des aliénés du monde prétendent être parfaitement sains d'esprit!

Vous vous rendez compte que l’un est aussi difficile à avaler que l’autre j’espère ?

Bien sûr que je m'en rends compte!

Il se tourna vers elle et sourit, calmement, sans aucun signe de se vexer pour si peu...après tout il ne manquait rien pour qu'elle le traite d'affabulateur, menteur et Dieu sait quoi d'autre. Mais Preston Yates n'était pas à ça près, le métier rend coriace et il était sûr de trouver les éléments qui prouveraient ses paroles.

Je ne te demande pas de croire tout ce que je dis comme parole d'Évangile. J'ai une théorie, à moi de la prouver. Une logique rationnelle comme la tienne est indispensable dans ce genre d'investigation. Nous sommes des chercheurs, pas des romanciers cherchant à embellir une vérité gênante...voilà, on arrive.

En effet, passé le dernier lacet de la route ils déouvrirent le manoir de Lord Dashwoow "Shadow's House", un nom on ne peut plus inspirateur...la Maison des Ombres. À vrai dire, son aspect quelque peu sinistre lui valait bien de se nommer ainsi. Robuste construction sans grâce, massive sentinelle sur la colline, dominant certes un paysage solitaire. Un parc bien entretenu essayait d'égayer ces alentours de grisaille mais en ce jour de soleil blafard, l'effet était moindre.
À peine le véhicule s'était il arrêté face au perron en pierre, la grande porte s'ouvrit livrant passage à un énergique bonhomme d'une soixantaine d'années.

Bon sang, Yates, je pensais que vous vous étiez perdu en chemin, rouspeta t'il en guise de bonjour.

Pas le moins du monde, Mylord. Nous avions fixé l'heure de notre rendez vous à 10:30 et il n'est que 10:31. Désolé du retard. Mylord, permettez moi de vous présenter Miss Iris Grant...Iris, Lord Frederick Dashwood.

Le lord serra la main de la demoiselle en lui dédiant un regard appréciateur , son visage grave se détendit en un sourire de bienvenue.

Mais entrons donc. J'ai hâte de vous montrer ce que j'ai trouvé hier...venez, venez!

Preston obtempéra, intrigué, Dashwood était un homme plein d'énergie mais jamais ne se laissait aller à la précipitation ni à la brusquerie, or ce matin, il semblait plus excité qu'une puce. Presque en courant, il les guida vers son bureau. Arrivant devant la porte, Mylord exhiba une grosse clé et ouvrit. Pas courant de fermer à double tour chez soi! Il les fit entrer en vitesse et referma à clé.

Craignez vous quelque chose, Mylord?

La curiosité de ma femme et celle des domestiques, une vraie plaie.

On ne chercha pas à savoir qui était la plaie si Lady Dashwood ou les domestiques...déjà le nerveux noble se dirigeait vers le somptueux bureau d'acajou sombre, fit encore jouer ses clés pour ouvrir un tiroir et en tira un objet longiligne. Preston retint la respiration.

Avez vous vu quelque chose de semblable, Yates?

Oui. Je pense bien.

Ce disant, il se tourna vers Iris, un sourire triomphant aux lèvres .

J'ai toutes les raisons de croire que celui ci est l'objet que ces hommes mystérieux cherchent. Me permettez vous, Mylord?

Il prit l'objet des mains de Dashwood et l'étudiait, fasciné. Il s'agissait d'une fine baguette de bois foncé, parfaitement polie, cerclée finement d'or et gravée de motifs anciens que Preston n'était pas sûr de reconnaître.

Lord Dashwood leur raconta qu'après les étranges évènements qui avaient eu lieu non loin du château, il avait s'était livré à des recherches discrètes avec toujours la gênante sensation d'être surveillé mais sans jamais avoir vu personne. Il fit référence à la mystérieuse réunion dont il avait été témoin et qui s'était soldée par, il en était aussi sûr que Preston, par l'exécution d'un des présents.

Ces gens cherchaient ou cherchent encore quelque chose. J'ai trouvé ceci dans les ruines de la Tour Est, assez éloigné du lieu de la rencontre avec les soldats. Je pense qu'on l'y a cachée...pas perdue...

Et qui ceux qui la cherchent ne sont pas précisément ceux qui l'ont cachée. Hum! Ce qui donne de quoi penser, il s'agirait de deux factions rivales.

Lentement, il déposa la baguette dans la main de le jeune femme qui n'avait pipé mot jusque là:

On peut dire que ce bout de bois ressemble à ce que j'ai trouvé l'autre jour et qui m'a valu d'être agressé...mais il va de soi que celui ci est un objet très ancien pour autant d'une énorme valeur...je ne suis pas sûr mais il est possible que les motifs gravés soient des runes...Iris, connais tu un spécialiste en runes dans ton université? Savoir ce qui est écrit là pourrait nous avancer énormément...qu'en dis tu?

Il n'avait pas besoin de dire plus, l'éclat de ses yeux parlait pour lui...elle réclamait une preuve, il la lui donnait...

« Une logique rationnelle comme la tienne est indispensable dans ce genre d’investigations ». La phrase tira à la jeune femme à la fois un sourire amusé et la promesse faite à elle-même, et qu’elle romprait surement des son retour, de moins regarder la télé.

- Les Mulder et Scully anglais, enquêtant sur le phénomène sorciers dans les lointaines terres d’Ecosse. X-files en direct live, plus besoin d’avoir la télé ! Ca a un coté pratique.

Iris s’interrompit en voyant apparaitre la demeure qui répondait au doux nom de « Shadow’s House ». Le nom convenait parfaitement à l’endroit, ou trônait un petit manoir de pierres ternes, rendues plus grises encore par le faible ensoleillement. Le parc lui-même, quoique visiblement entretenu, ne mettait aucune touche de gaité dans l’ensemble survolé par les inévitables choucas tournant autour des tours.

La voiture continua son chemin, conduite par Preston qui était visiblement déjà venu, pour s’arrêter devant le perron de la porte principale. Celle-ci ne resta d’ailleurs pas close longtemps. A peine le frein à main avait il était serré qu’un soixantenaire alerte apostropha le journaliste.

Bon sang, Yates, je pensais que vous vous étiez perdu en chemin

C’était la une façon très peu nobiliaire de souhaiter la bienvenue, mais l’homme semblait avoir des choses a dire.

Pas le moins du monde, Mylord. Nous avions fixé l'heure de notre rendez vous à 10:30 et il n'est que 10:31. Désolé du retard. Mylord, permettez moi de vous présenter Miss Iris Grant...Iris, Lord Frederick Dashwood.

L’homme serra fermement la main de son interlocutrice qui lui rendit sa poignée de main.

- Enchanté monsieur. Preston – elle utilisait à dessein le prénom et non le nom du journaliste, ne tenant pas à passer pour l’accolyte mais pour bien montrer qu’il s’agissait d’un travail d’équipe – ne m’a pas dit grand-chose de votre découverte.

Qu’a cela ne tienne, le lord les fit entrer dans la maison avec une évident surexcitation. IL fallut d’ailleurs à nos deux héros presque courir pour suivre le pair du royaume en son antre, avant de le voir ouvrir son bureau à l’aide d’une vénérable clef, attitude dont il s’excusa en arguant de la curiosité ambiante. Iris lança un regard appuyé mais discret à Preston.

** Pas fou hein ? peut être un peu dérangé quand même, non ? **

Il finit par ouvrir un dernier tiroir et en sorti … quelque chose qu’il tendit à Preston lequel regarda l’objet. Un grand sourire triomphant éclaira son visage pendant qu’il étudiait l’objet. Tout ce qu’Iris pouvait en voir, c’était qu’il était longiligne et ouvragé.

Avez vous vu quelque chose de semblable, Yates?

Oui. Je pense bien. J'ai toutes les raisons de croire que celui ci est l'objet que ces hommes mystérieux cherchent. Me permettez vous, Mylord

Ces gens cherchaient ou cherchent encore quelque chose. J'ai trouvé ceci dans les ruines de la Tour Est, assez éloigné du lieu de la rencontre avec les soldats. Je pense qu'on l'y a cachée...pas perdue...

Et qui ceux qui la cherchent ne sont pas précisément ceux qui l'ont cachée. Hum! Ce qui donne de quoi penser, il s'agirait de deux factions rivales.

Preston fit passer l’objet à sa collaboratrice. Effectivement, c’était long, fin, finement ciselé, cerclé d’un métal doré.

On peut dire que ce bout de bois ressemble à ce que j'ai trouvé l'autre jour et qui m'a valu d'être agressé...mais il va de soi que celui ci est un objet très ancien pour autant d'une énorme valeur...je ne suis pas sûr mais il est possible que les motifs gravés soient des runes...Iris, connais tu un spécialiste en runes dans ton université? Savoir ce qui est écrit là pourrait nous avancer énormément...qu'en dis tu?

La jeune femme faisait doucement jouer l’objet dans ses mains, cherchant une indication de date ou de provenance. Le bois était parfaitement poli, et pourtant les ciselures qui formaient motifs était tout à fait visible. La « base » plus épaisse, semblait avoir été polie différemment, peut être par l’usage.

- Ce ne sont pas des runes. Les motifs sont de toutes évidences celtiques, et les runes n’ont été utilisées par les celtes qu’après l’arrivée des vikings. De plus je ne reconnais aucune du peu de runes que je connais. Par contre ce pourrait être de l’ogam. Il s’agit d’une écriture sacrée élaborée par les druides. IL est en général possible de les traduire parce que les lettres représentent des sons autant que des idées.

Iris retourna de nouveau la baguette.

- Si c’est bien ça, je dirais que cet objet date d’entre le 3ème et le 7ème siècle dans son inspiration. L’incrustation d’or et l’écriture ogamique laisse à penser que c’était un objet de culte important.

Elle releva la tête vers Preston.

- je ne suis malheureusement pas versée dans cette forme de langue. L’Angleterre celtique n’entre pas dans ma sphère d’étude, je suis plus tournée vers le moyen âge. Cependant le professeur Oakgarden devrait être fasciné par ce genre d’objet. Bien sur il convient d’abord de connaitre son âge. Ce peut très bien être un faux. De quand date votre demeure monsieur Daswood ?

En bonne américaine d’adoption, le titre de lord lui échappait totalement. La jeune femme avait beau avoir du sang anglais, elle n’en était pas pour autant une amoureuse de la couronne.

- Et depuis quand la tour est elle inoccupée ?

Dès que la jeune fille eut la baguette entre les mains, il fut évident pour Preston et Lord Dashwood, qu'elle en savait plus long qu'eux sur le thème. Il se félicita une nouvelle fois de son choix. Iris serait d'une aide précieuse et en plus son sens de l'humour et du pratique n'étaient pas pour déplaire.

Ce ne sont pas des runes. Les motifs sont de toutes évidences celtiques, et les runes n’ont été utilisées par les celtes qu’après l’arrivée des vikings. De plus je ne reconnais aucune du peu de runes que je connais. Par contre ce pourrait être de l’ogam. Il s’agit d’une écriture sacrée élaborée par les druides. IL est en général possible de les traduire parce que les lettres représentent des sons autant que des idées.

Fascinante explication. Elle aurait aussi pu assurer qu'il s'agissait d'anciens caractères chinois, Preston n'aurait trouvé rien à redire. Elle poursuivait son étude du mystérieux bout de bois et tirait des nouvelles conclusions.

Si c’est bien ça, je dirais que cet objet date d’entre le 3ème et le 7ème siècle dans son inspiration. L’incrustation d’or et l’écriture oghamique laisse à penser que c’était un objet de culte important.

Hochements de tête de part et part de ses interlocuteurs muets.

Je ne suis malheureusement pas versée dans cette forme de langue. L’Angleterre celtique n’entre pas dans ma sphère d’étude, je suis plus tournée vers le moyen âge. Cependant le professeur Oakgarden devrait être fasciné par ce genre d’objet. Bien sur il convient d’abord de connaitre son âge. Ce peut très bien être un faux. De quand date votre demeure monsieur Daswood ?

Preston qui avait été à point de soupirer de dépit à sa première phrase, retrouva l'entrain par la suite, tiqua à la mention de "faux" et regarda par la fenêtre quand elle s'adressa à Mylord en lui disant Monsieur. Miss Grant, l'air de rien, leur signifiait qu'elle se passait très bien des platitudes nobiliaires.

Dashwood eut un imperceptible raclement de gorge mais prit la chose avec humeur.

Cette demeure était debout avant l'arrivée de Guillaume sur terres anglaises, elle daterait donc des débuts du XIeme. siècle...

*Et voilà qu'on est partis pour le cours d'histoire...Aie, Iris, j'aurais dû te prévenir...cet homme est intarissable quand il s'agit de sa maison...*

Effectivement Mylord discourut généreusement sur le thème, enchanté par l'attention que lui prêtait Iris et sans s'occuper du journaliste qui avait déjà eu droit à cette enrichissante conférence. Dés qu'il fit une nouvelle pause pour respirer, très adroitement Miss Grant glissa sa suivante question:

Et depuis quand la tour est elle inoccupée?

Preston opta pour prendre place dans un des confortables fauteuils, aussitôt imité par leur hôte et Iris qui voguaient déjà dans les brumes du temps.

Ah, la tour! Elle est là depuis les temps d'Hadrien...très longtemps avant qu'il n'y ait eu une pierre posée pour les fondements de Shadow's. L'histoire reporte qu'elle a été occupée jusqu'au début du VIIIème. siècle, la légende, elle, veut qu'il se soient produits d'étranges évènements. Désertée, ses occupants disparus, on la dit hantée...Foutaises! Au siècle dernier, la foudre a détruit partie du mur Ouest et il y a trois jours, au cours de la tempête, ça a fini par s'écrouler...le reste, vous le savez déjà!

En écoutant d'une oreille apparemment distraite, Preston voyait défiler les siècles à vive allure...La Tour était donc là depuis le temps des Romains, bien de choses s'étaient passées depuis...pas mal de sorciers, entre autres! D'innombrables occasions pour y cacher quelque chose, de telle façon, que sans la foudre et la tempête il aurait pu se passer encore des siècles, avant que la Tour ne livre son secret.

Mieux couper court l'enthousiaste verve de Mylord, sans ça ils étaient bons pour une demie journée.

Il est impératif de faire authentifier la date, de contacter le Pr. Oakgarden. Je vais vous demander Mylord de me confier cet objet, vous savez que j'en prendra soin. Je suis sûr que cette baguette est un maillon très important dans cette histoire.

Avant que Lord Dashwood ne songe à les retenir encore plus, il prenait congé en entrainant Iris, un peu ahurie, vers la sortie. La baguette, enveloppée avec soin et protégée par un cylindre en carton.

Je vous téléphonerai dès qu'on aura des nouvelles...mon bonjour à tante Laura!

Une fois dans la voiture, il respira d'aise et se tourna vers Iris.

Alors...qu'est ce que tu en dis? Ce n'est pas une trouvaille incroyable? Je pense que l'idée du pique nique tombe à l'eau, on ne peut pas se balader par là avec cet objet...si on croit à tout ce qu'il s'est passé, pas mal de gens lui courent après. Retournons à l'auberge. Où pouvons nous trouver le professeur ? Je devrai contacter un ami archéologue, pour mettre une date sur ce machin...Iris, nous sommes sur le bon chemin...oh, oui!

*Sur le bon chemin de te fourrer en problèmes. Si ceux qui cherchent ça, savent que nous l'avons...veux pas penser à ce qui pourrait se passer!*

Il ne toucha pas un mot de ces idées à Miss Grant. Inutile de dire que le chemin du retour se fit le double de vite que celui de l'aller...

Enfin ils se retrouvaient en chemin vers l'auberge et de là vers la civilisation...pas que ce village charmant ne le fut pas, mais Preston était ce qu'on appelle un citadin de pure souche!

Iris ne semblait, de toutes façons, pas le moins du monde convaincue avec sa théorie des sorcières. Ce qui est plus, s'il continuer à insister sur cela, elle allait déclarer, sans ambages, qu'il était plus fou qu'une chèvre. Néanmoins, pour le moment, la jeune fille avait d'autres curiosités:

Tante Laura ? Y aurait il quelque chose que vous auriez oublié de mentionner ? Ou toutes les dames du pays se font elle appeler « tante Laura » par tous les journalistes ?

Il sourit de travers, comme gamin pris en faute.

Si j'avais dit que Lord Dashwood était mon oncle, tu aurais cru depuis le début que c'était une combine familiale...ce ne l'est pas, je le jure. C'est une simple et énorme coïncidence que les faits aient eu lieu sur ses terres. Tante Laura est la sœur de ma mère.

Elle se contenta de secouer la tête sans arrêter de tourner l'emballage entre ses mains, pour finir enfin par l'ouvrir et déballer la précieuse baguette.

Il faudrait trouver des gants chirurgicaux pour la manipuler. Si le bois est aussi vieux que nous le pensons, sa patine ne sera peut être pas suffisante pour le protéger des acides que produisent en permanence nos mains. De plus, si elle a été a l’abri de l’air et de la lumière tous ces siècles, elle risque de tomber en poussière très vite. Donc …

L'objet avait un air si solide dans sa gracieuse fragilité que Preston doutait beaucoup de la voir tomber en poussière. Quelque chose lui disait qu'ils n'avaient rien à craindre des acides, ni de l'air ni du feu ou la foudre. Lui, il était plus que sûr que cette baguette était magique...tant pis si Iris Grant le prenait pour un demeuré.

Donc, elle aurait déjà dû être en piètre état...mon oncle, ce cher homme, ne se sera pas contenté de la regarder rapidement avant de la ranger. Je le connais assez bien pour m'imaginer qu'il l'aura examinée sur tous les angles. D'après ce qu'il m'a dit, quand il l'a trouvée, rien ne la protégeait...c'était là, pur et simplement, entre les pierres...intacte, telle que tu la vois en ce moment.

Faisant cas omis de ces remarques si peu crédibles, elle procéda à emballer soigneusement l'objet pour le replacer de nouveau dans son étui, qu'elle rangea sous le siège.

Il pensait déjà à son ami Gerald Stiles, l'archéologue, qui se ferait sans doute une joie en examinant leur trouvaille. Quant au professeur nommé par Iris, il ne devait avoir aucun problème pour le contacter, vu qu'il était ami de sa mère.

C'est parfait ça, dès que nous serons à l'auberge, tu l'appelles et fais un rendez vous pour demain, le plus tôt possible...

La jeune anglo-américaine lui décocha un regard moqueur.

J’imagine que selon vous, il s’agit la d’une baguette magique antique, que de vilains sorciers la cherchent, et que dans pas longtemps on va se retrouver avec un dragon aux trousses ? Preston, vous êtes censé être un journaliste d’investigation, et pas un employé de News of the World !

Preston sourit à son tour, amusé par son air de mère faisant la morale à son enfant borné.

Ben oui, je suis bien un journaliste d'investigation. C'est vexant que tu me compares à un employé de News of the World. Bah!, je sais que mes affirmations semblent échevelées pourtant je sais très bien ce que j'ai vu. Tu as regardé cette vidéo aussi bien que moi...on n'a rien imaginé...et que je sache on n'a vu aucun dragon...les sorciers auront évolué, comme nous...

Elle hocha la tête en faisant une petite moue.

Cependant je suis persuadée que cet objet est authentique. C’est une simple intuition bien sur, mais j’en mettrais ma main au feu...

C'est déjà ça de gagné, maugréa t'il mais déjà s'en suivait une explication pleine de bon sens et impeccable logique:

Cet objet date des temps de la romanisation des iles bretonnes. A l’époque, les romains utilisaient un bâton pour prendre la parole, un vieil usage hérité de la Grèce. Il ne serait pas étonnant que les druides aient copié cette façon de faire, tout en usant de leur culture et des arbres sacrés. Gardez ça a l’esprit avant de le laisser courir sur le surnaturel. C’est peut être moins romantique, mais plus probable.

Enfin, quoique ce soit, si on parle de la romanisation des îles bretonnes on revient presque 2000 ans en arrière. Les druides n'étaient pas précisément en passe de copier quoique ce soit des romains, à mon avis, pas après le traitement barbare qu'ils sont subi de leur part. Ils ont plutôt isolé leur culte, le maintenant secret, pour éviter être décimés par les envahisseurs...Mettons une date sur cet objet et on verra après! De toutes façons je sais que cette baguette n'est pas la seule dans son genre...

Je suis d’accord avec vous que ce truc n’est peut être pas unique et que nous pouvons fort bien avoir à faire à une demande de collectionneur. Ce qui veut dire aussi que nous risquons de gros ennuis.

Là, Preston plissa la bouche et acquiesça en silence. Il n'allait plus discuter avec Iris. Non qu'elle manquât de raisons pour penser qu'ils risquaient des gros ennuis mais il savait que ce ne serait pas de la part de collectionneurs aux méthodes peu orthodoxes...pas que ceux qu'il supposait être derrière ce mystère sembleraient avoir trop de scrupules. Il s'en remettait aux faits et sous peu...aux résultats qu'émettraient les studieux en la matière.

À peine arrivés à l'auberge, il dépêcha Iris au téléphone et fit de même. S'en suivit une série d'appels et prises de décisions rapides, qui donnèrent pour résultat que deux heures plus tard, ils se trouvaient à bord d'un hélicoptère les emmenant vers la capitale anglaise...avec leur précieux butin!

Gerald Stiles les reçut chez lui. Si Iris s'était attendue à se trouver face à une espèce d'Indiana Jones, elle fut sûrement déçue par l'air posé de M. Stiles qui avait plutôt l'allure d'un laconique professeur universitaire, ce qu'il était d'ailleurs. L'archéologue les invita à passer dans son bureau, une pièce énorme, chaotique et encombrée de livres et objets hétéroclites. Il écouta Preston débiter son histoire, sans départir de son attitude paisible mais quand il défit l'emballage et retira, précautionneusement la baguette, ses yeux brillèrent, pleins de vivacité et enthousiasme.

Quelle perfection...quelle délicatesse! Ah, ces caractères...

Le journaliste et la jeune étudiante le regardèrent en silence pendant qu'il s'émouvait de chaque détail trouvé, poussant des exclamations extatiques, manquait de peu pour qu'il en pleure de l'émotion...comme s'il se trouvait face á la révélation suprême, ce qui pouvait bien être le cas mais il faudrait attendre que l'illustre archéologue cesse d'émettre des sons incertains et parle d'une fois pour toutes.

Excusez moi, Gerald...mais est ce que vous avez une idée de ce que signifient ces caractères?

Stiles leva le nez vers eux, un sourire béat aux lèvres.

Je ne lis pas les caractères celtiques aussi bien que les hiéroglyphes égyptiens mais je peux...déchiffrer un peu..., il se munit d'une puissante loupe et examina de plus près la baguette, Hum! Incroyable! Hum! Hum! Impossible...pourtant...Mon Dieu...C'est bien ça...Merlin...Sage...Suprême...Magie...

Un silence profond plana sur les présents. Preston ne put éviter se tourner vers Iris et lui décocher un regard pétillant qui valait plus que mille mots...

Content était peu dire. Preston était prés du septième ciel en entendant les paroles de Gérald Stiles. Bien entendu, Miss Grant, avec son impeccable logique d'historienne en herbe se chargea de le ramener gentiment sur terre.

Merlin ? ce serait un résumé de la légende originale ? On sait que la légende d’Avalon est celtique, et que celle de Merlin lui est contemporaine.

Seigneur! Que cette fille était difficile à convaincre! Que voulait elle, à la fin, voir une manifestation de magie pure en action? Lui, il était persuadé d'avance de la véracité de sa théorie, bien avant que Stiles ait émis sa judicieuse interprétation des caractères.

Il l'écouta patiemment disserter sur les cultes pré-romains, des classes de sacrifices offerts aux diverses divinités. Il se perdit un peu entre les mentions de ceux ci, saisit au vol le mot chthoniens et se mit à réviser à toute vitesse ses connaissances sur le thème mais dut avouer que ses souvenirs sur sacrifices sanglants, étaient un peu trop rouillés comme pour en discuter. Il se promettait de plonger dans l'investigation quand Iris émit une hypothèse qui le ravit:

Ce pourrait il que ce soit un objet de culte d’un culte ignoré ?

Gerald Stiles, qui n'avait fait que hocher la tête, admiré par cet étalage de savoir, risqua enfin un sourire bienveillant, Preston ne douta pas un instant à sauter sur l'occasion.

Mais voilà, c'est justement là qu'on veut arriver. Il ne reste presque plus aucun doute sur ce fait, nous sommes face à une découverte qui bouleversera sûrement toutes les hypothèse émises jusqu'à ce jour.

Pour une fois, la jeune fille sembla être d'accord avec lui.

Ce serait la découverte du siècle.

Il me semble que c'est ce que je disais!, grommela le journaliste.

Il faut absolument que j’en parle au professeur Oakgarden.. vous permettez ?

Stiles n'eut aucun inconvénient à qu'elle se serve de son téléphone. Une minute plus tard Iris était en grande conversation avec le professeur Oakgarden. La laissant à ses explications Preston opta pour soutirer le plus d'information possible à un Stiles, rêveur, qui ne cessait de contempler la baguette, avec révérence.

Et bien, Stiles, et vous qu'en pensez vous?

L'archéologue leva vers lui un regard dubitatif et posa finalement la trouvaille du siècle sur son bureau.

Penser? On peut penser n'importe quoi sur cela, mon cher ami. On pourrait en parler des jours durant sur mille possibilités concernant cet objet. Mais avant de nous lancer dans des élucubrations risquées, il nous reste beaucoup à faire...par exemple donner une date approximative à la confection de cet objet, cela nous aiderait de belle façon.

Preston hocha la tête, conscient que les choses n'allaient pas évoluer aussi vite qu'il l'aurait voulu. Il reconnaissait être impatient d' arriver au fond de cette affaire passionnante.

Bien sûr, Stiles voulait avoir plus de détails sur cette histoire étonnante que le jeune homme avait référé à grands traits. Preston se vit dans l'obligation de faire de nouveau son récit pour la plus grande joie de cet investigateur de l'histoire, qui pour les effets ressemblait à un gosse fasciné par un conte fabuleux.

Oui...Oui...Il faut dire qu'avec tout ce que vous me dites là, il y a de quoi se faire des idées...mais reconnaissez, Yates, que c'est quand même un peu aventuré assurer que la magie existe, telle que vous voulez la décrire...et ce qui est mieux...de nos jours.

C'est le moment qu'on choisit pour se gratter la tête, lever les yeux au ciel et invoquer les forces célestes pour un peu d'inspiration. En voilà un autre qui était tout prêt à lui dire poliment qu'il était plus fou qu'une chèvre même s'il avait face à lui une preuve, que lui, jugeait flagrante.

*Seule solution...dénicher un sorcier. Hum...facile à dire!*

S'il avait su!

Mais il n'en savait rien pour le moment. Iris avait fini sa conversation et revenait vers eux, un sourire malicieux aux lèvres...

Il ne se douta pas que la phase deux de l'investigation était à point de commencer...

Des l’autorisation donnée, Iris avait sauté sur l’occasion et le téléphone. L’information était énorme. Pour peu que les examens confirment la théorie, on se trouvait sans doute la devant un tournant sur la mythologie celtique. Tout le monde, du moins dans la sphère des historiens et archéologues sérieux, estimait Merlin comme une création du haut moyen âge. IL y avait bien quelques farfelus pour le rattacher au mythe de l’Atlantide, mais en dehors d’un bon libre de médiéval fantastique, l’intérêt n’était pas énorme.

La jeune fille avait donc composé avec une certaine hâte le numéro de l’estimable et estimé professeur, pour tomber sur la voix juvénile de sa toute nouvelle secrétaire. EN fait secrétaire stagiaire. La secrétaire en titre, une anglaise pur jus qui aurait pu jouer dans un film d’Agatha Christie, partait effectivement en retraite, laissant sa place à une jeune femme de son époque qui risquait fort de révolutionner le bureau au grand dam du vieux professeur. Mais ce la n’avait aucun rapport avec notre histoire, si ce n’était qu’Iris tomba effectivement sur cette jeune femme dont la voix semblait riante.

- Ne quittez pas ! il est en ligne.

Quelques secondes plus tard, le noble professeur prenait la ligne. Iris le salua à nouveau, comprenant son étonnement de se retrouver si vite en liaison avec quelqu’un qu’il avait laissé à peine quelques heures plus tot au cœur de l’ Ecosse. Elle n’allait surement pas lui avouer que c’était un journaliste certes sympathique mais quelque peu rêveur et persuadé d’avoir trouvé la baguette magique du célèbre enchanteur qui avait fait venir un hélicoptère en urgence pour satisfaire sa soif de savoir. Preston Yates avait parfois des réactions enfantine, ce qui rendait son professionnalisme en matière de journalisme assez étonnant. Mais peut être était ce cette faculté de croire au merveilleux qui lui permettait d’aller si loin.
Cependant, Iris laissa de coté ces considérations de coté pour en venir au but.

- Oui professeur [ …. ] Effectivement le professeur Stiles n’a pas vos qualité en matière de traduction de l’ogham, mais ce qu’il a trouvé est assez étonnant. D’ailleurs il s’étonne également de l’objet lui-même et de sa nature. [….] Oui oui une simple baguette. [… ] Non, je ne suis pas en mesure de faire une telle hypothèse. Tout ce qui me vient à l’esprit c’est une sorte de sceptre rituel, mais il serait très court. […] Ah oui, les inscriptions. Si c’est vrai vous allez sauter au plafond vous aussi !! il a déchiffré les mots « Merlin » « sage » « suprême » et « magie ».

La voix de Oakgaren semblait maintenant tout aussi excitée que celle de Stiles, de Preston ou même celle d’Iris, et il n’était pas impossible que les deux hommes, en tendant l’oreille, en entende le bourdonnement.

La jeune femme se tourna vers Stiles en couvrant de sa paume le micro du téléphone au moment ou celui-ci tentait de convaincre le journaliste que la magie ce n’était peut être pas ce qu’il y avait de plus évident comme hypothèse de travail. Visiblement, il connaissait la marotte de Preston et tentait lui aussi d’y mettre un frein.

-Professeur Stiles, le professeur Oakgarden souhaite vous parler. Je crois qu’il voudrait passer voir cet objet au plus vite mais il vous en dira plus qu’a moi. Je n’ai pas compris la moitié de ce qu’il m’a dit à la fin.

L’universitaire pris le téléphone. La discussion ne dura pas longtemps. Vingt minutes plus tard, un cab déposait un professeur dégarni mais aux fines moustaches entretenues, bizarrement vêtu d’un pantalon de toile et d’une veste sport là où on aurait pensé voir du velours côtelé et une cravate de l’université. L’homme sonna et fut à son tour introduit dans le bureau. Après les présentations d’usage, il se lança dans l’étude de la baguette. Il ne fallu pas longtemps pour que ses yeux se mettent à briller également.

- IL faut faire une datation. Mais … Bon sang si ce truc est un vrai Iris, je vous engage comme assistante !

La londonienne leva un sourcil interrogatif et et un sourire ravi. Ce serait sans aucun doute l’assistante la plus jeune de l’histoire si ça devait se faire. Oakgarden se tourna ensuite vers le journaliste, qui lui avait été présenté.

- Yates, vous venez peut être de faire la découverte du siècle. La BBC va encore vous féliciter pour ce scoop ! mais s’il vous plait, attendez un peu avant de publier la nouvelle.

Les deux savants se plongèrent ensuite dans une étude comparée de la chose vu de leurs domaines d’étude respectifs. Iris était larguée. Elle se tourna vers Preston.

- Je ne sais pas si Merlin a jamais été un enchanteur, mais une chose est sure, cette baguette a vraiment quelque chose de magique. A la regarder, ils sont comme vous ! on dirait des gamins devant une glace à la vanille.

Le tout était dit d’une façon amusée, presque moqueuse, mais aucunement méchante. Si la jeune femme n’ajoutait aucunement foi aux élucubrations presto no magiques du journaliste, elle ne lui refusait en rien le droit d’y croire. Il fallait juste qu’il se rappelle que le génie humain était aussi purement naturel. Et elle doutait d’y arriver, vu le sourire qu’arborait le journaliste.

- IL va falloir que j’appelle mes parents. A voir votre tête, ça ne fait que commencer.

[HS : je te laisse décider de ce qui est écrit sur la baguette! désolée pour le temps de réponse ^^' ]