Will se leva d'un coup, les yeux écarquillés. Il sentit un grande joie se répandre dans tous son corps, une véritable poussé d'adrénaline. Il aurait voulu sauter partout, courir, faire quelque chose se dépenser, jouer avec une pelote de laine ou poursuivre sa queue même ! Il explosa de rire, attirant les regards. Mais il s'en contre-fichait. Il venait de passer quelques heures à chercher quel était son animae, et la réponse était juste là, devant ses yeux pendant tout ce temps ! Il se précipita sur le papier, pour savoir ce qui lui restait encore à faire. Apparemment il lui fallait préparer une potion pour connaître l'apparence de son animae. Première chose à faire, regarder les ingrédients et voir où il pourrait les trouver ou si il avait déjà certains.
"1. 20 grammes de Corne de Licorne morte naturellement réduite en poudre.
2. 3 Écailles de Dragon réduite en poudre
3. 1 Plume de Phénix
4. 35 grammes de Poudre d’amande"Déjà, ça commençait très bien. Il avait de la corne de Licorne morte naturellement, il avait trouvé un licorne morte naturellement au cours de l'une de ses excursions dans la forêt interdite. Il avait coupé tout ses crins recueilli deux flacon de sang et enlevé sa corne. Il avait vendu les crins à Ollivander, et vendu le sang et la corne à l'apothicaire. La vente avait vraiment rapporté beaucoup d'argent. Heureusement, il avait gardé un petit peu de tout, au cas où il en aurait besoin. Il béni sa prévoyance, il aurait même plus que 20 grammes avec le bout qu'il avait gardé. Les écailles de dragon, il pourrait les trouver à Pré-Au-Lard, chez l'apothicaire, mais ça serait vraiment cher. Heureusement qu'il avait un assez gros pécule, pour le cas où, comme toujours. Le temps était venu de le dépenser, car cette dépense en valait la peine. Largement. Il avait 500 gallions, ce serait largement suffisant. Il avait réussi à économiser tout ça grâce aux animaux morts qu'il trouvait dans la forêt interdite, souvent il gagnait pas mal d'argent en les revendant. Son plus gros coup de chance était quand il avait trouvé la licorne. Grâce à elle, il avait gagné un quart environ de son pécule.
Et si il n'y en a pas chez l'apothicaire, il irait au marché noir. Il connaissait plutôt bien l'apothicaire, après tout les marchés qu'ils avaient fait... Bref, quel est l'ingrédient suivant ? Une plume de phénix. Ça, même au marché noir il n'était pas sûr d'en trouver. Mais il y avait un phénix à Poudlard, qu'il entre-apercevait de temps en temps. La rumeur disait qu'il appartenait à Dumbledore autrefois. Mais, comment lui arracher une plume ? Déjà qu'il avait du mal à bien le voir... Non, ce n'était pas une bonne idée, surtout si la rumeur est vraie, maintenant que Dumbledore est revenu d'entre les morts. Tout ce qui lui restait à faire était d'aller au marché noir. Ou... mais oui !! Au cours de potion, quand il n'avaient pas certains ingrédients, ils pouvaient aller se servir dans la grande armoire. Il y en aurait sûrement ! Il venait d'avoir une autre idée, bien meilleure ! Il pouvait toujours en acheter chez Ollivander, il utilisait des plumes de phénix dans la réalisation de ses baguettes ! Et si il ne voulait pas, il pourrait toujours essayer de trouver son fournisseur, lui sera sûrement d'accord. Bon, il avait trouvé pas mal d'idée pour la plume. La suite ! Poudre d'amande ? Easy ! Il y en avait partout, c'est pas ça qui allait lui poser des problèmes. Bon il y avait une sortie à Pré-Au-Lard prévue pour dans deux semaines, il pourrait essayer de s'éclipser en demandant à son grand-frère de le transplaner au Chemin de Traverse, il poserait des questions c'est sûr, mais s'il voyait qu'il ne lui répondait vraiment pas, il abandonnerait. Il lui demanderait de revenir le chercher devant Gringotts une heure avant la fin de la sortie. Il aurait donc 5 heures devant lui. Largement suffisant pour tout acheter. Donc récapitulatif, il devait : aller à Gringotts pour prendre l'argent, aller chez Ollivander pour la plume, et chez l'apothicaire pour les écailles et la poudre. Parfait ! Comme ça il aurait tout et serait fin prêt pour préparer la potion. Ah, et il ne fallait pas qu'il oublie de réduire son bout de corne en poudre. Heureusement qu'il l'avait déjà sinon ç'aurait été de loin l'ingrédient le plus dur de trouver. Will s'étira, il avait bien travaillé. Il avait sommeil, il réduirait sa corne en poudre demain. Actuellement, tout ce dont il avait besoin était une nuit de sommeil réparateur. Ses yeux commençaient à se fermer tout seul, il se faisait tard. Il attrapa son sac et, un grand sourire accroché aux lèvres, il alla se coucher.
Deux semaines plus tard, il était fin prêt. Il avait depuis longtemps réduit la corne de licorne en poudre, et descendait à présent les marches du château en compagnie de son frère et d’amis de ce dernier. Dès qu’ils furent sortis de l’enceinte de Poudlard, Will se tourna vers son frère. Celui-ci fit la moue et lui demanda une dernière fois :
- Tu es sûr de ne pas vouloir me dire ce que tu veux faire là-bas ? Je pourrais peut-être t’aider…
Il hocha gravement la tête. Il ne pouvait se permettre de se faire accompagner, il se poserait encore plus de questions et cette fois voudrait absolument savoir quelle était la potion qu’il comptait préparer. Il saisit fermement le bras de son frère, et un instant plus tard, il se trouvait sur le Chemin de Traverse. Il remercia son frère d’un sourire et ajouta avant que ce dernier ne reparte :
- M’oublie pas, hein ! Viens me chercher une demi-heure avant la fin de la sortie s’il te plaît ! A tout à l’heure !
Daniel acquiesça et repartit comme il était venu. William ne s’attarda pas et tourna les talons. S’il faisait suffisamment rapidement ce qu’il avait à faire, il pourrait se balader ensuite. Il se dirigea tout d’abord vers Gringotts, et fonça droit sur le gobelin de l’accueil et demanda d’un ton ferme qu’on le conduise à sa chambre forte tout en posant sa clé sur le comptoir. Un hochement de tête et un ordre bref plus tard, un autre gobelin le conduisait vers le tramway. Il y passa un bon quart d’heure à descendre, toujours plus bas. Son accompagnateur ouvrit la porte, et y pénétra après lui. Wiwi se saisit de ce dont il avait besoin, il connaissait la somme exacte puisqu’il avait tout prévu à l’avance. Vive les hiboux ! 30 minutes plus tard, il se trouvait devant l’apothicaire. Un sourire chaleureux aux lèvres, il alla voir l’homme derrière le comptoir.
- Salut Vigo !
- Hé, c’est le jeune Keynes ! Comment va ?
- Ca passe, ça passe…
- J’ai ce que vous m’avez demandé : la poudre d’amande et les écailles de dragon. Par contre, je n’ai toujours pas reçu de plume de phénix…
- C’est pas grave, je me suis arrangé pour ça.
- Je vous fais la poudre gratuite, avec toute la marchandise que vous me fournissez, je vous dois au moins ça !
- Waw, merci !
- D’ailleurs, ce sont des ingrédients bien éclectiques. Quelle est la potion que vous projetez de faire ?
- Désolé, mais c’est un secret. Enfin, voilà, l’argent, et donc, je garde les deux mornilles de la poudre, c’est bien ça ?
- Tout à fait exact. Tenez, voici la marchandise.
- Merci, au revoir !
Un grand sourire épanoui sur son visage, il repartit pour la dernière destination de sa tournée : le magasin d’Ollivander. Très rapidement, il poussa le porte d’entrée , le carillon tinta gaiement.
- Bonjour ! Lança William
- Bienvenue dans ma boutique. Ah… Je vous reconnais : 30 cm en bois de hêtre, avec une ventricule de cœur de dragon, une très bonne baguette, propice aux métamorphoses.
- C’est ça. Et je suis également l’auteur du hiboux concernant la plume de phénix, je ne sais pas si vous vous en rappelez…
- Non, ça ne m’évoque rien… Ah, si, ça me reviens, vous demandiez si je pouvais vous fournir une plume de phénix, et que vous me payerez, c’est bien cela ?
- Tout a fait.
- He bien, j’ai là une plume qui ne m’a pas l’air tout à fait propice pour réaliser une baguette, je veux bien vous la céder pour… disons 5 gallions.
- Parfait ! C’est bien moins cher que ce à quoi je m’attendais… Voilà votre argent, Mr Ollivander.
- Et voici votre plume. Au revoir !
- C’est ça, à la prochaine !
Et William repartit par où il était venu (c’est-à-dire la porte d’entrée
). C’est bon, il avait tout, il était paré. Ah, non, il ferait bien d’acheter un petit chaudron pour la potion, vu que la préparation allait durer un mois entier… Il entra dans la boutique de fourniture pour les cours de potions, et en ressortit bien vite, un chaudron en étain de taille moyenne sous le bras. Il avait placé à l’intérieur ses précédents achats et comptait maintenant s’amuser : il avait encore 3 heures devant lui avant que son frère vienne le chercher.
Le soir même, dans une salle de classe inutilisée du château :
Il avait choisi cette salle car il savait très bien que personne n’y entrait jamais, c’était son refuge quand il voulait être certain d’être tranquille. Il avait tout de même disposé un certain nombre de sortilèges de protection à long terme compliqués pour s’assurer que personne n’y rentre sans son autorisation, mais il avait également posé un autre qui l’avertirait automatiquement si quelqu’un tentait de franchir ses barrières de sécurité. Comme ça, il était sûr que sa potion serait à l’abri.
Il avait déposé tous les ingrédients sur la table à sa gauche, le chaudron à sa droite et sortit une dernière fois la préparation, bien qu’il la connaissait déjà par cœur :
Tout d’abord remplissez votre chaudron d’eau bouillante.
Insérez un quart de la poudre de corne.
Tournez deux fois dans le sens des aiguilles d’une montre.
Tournez une demie fois dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
Insérez la Plume de Phénix.
Tournez deux fois dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
Insérez la moitié de la poudre d’écaille de Dragon.
Coupez le feu. Laissez reposer trois jours précisément.
Remettez à chauffer. Lentement à feu doux.
Au bout d’une demi-heure précisément, insérez le reste de la poudre d’écaille de Dragon.
Tournez treize fois dans le sens des aiguilles d’une montre.
Insérez 100 grammes de poudre d’Amande, et laissez chauffer à feu doux pendant trois heures.
Une intense fumée orange devrait se dégager de la mixture. Insérez un autre quart de poudre de la corne.
La potion tourne couleur violette. Insérez le reste de la poudre de corne.
Laissez reposer un mois jour pour jour, heure pour heure.
Buvez.
Bon, il était prêt. Il avait prit soin de poser son chaudron sur de la pierre. Il le rempli d’abord d’un aguamenti, puis alluma un feu en dessous à l’aide du sortilège incendio. La pression montait, le stress et l’adrénaline également, il était en train de faire une potion qui lui permettrait d’être un animagus ! C’était à peine croyable. Quelques minutes plus tard qui lui semblèrent être des heures, l’eau bouillait allègrement. Il prit un quart de poudre de corne de licorne qu’il avait déjà préalablement préparé, et versa le tout d’un seul coup. Une fumée vaporeuse et blanchâtre s’éleva brusquement, pour s’évaporer presque aussitôt. Il saisit sa spatule en bois protégée, et conformément aux instructions, tourna la potion deux fois dans le sens des aiguilles d’une montre, puis fit un demi-tour dans le sens inverse. Une boule lui montait à la gorge, ses mains tremblaient légèrement, mais il ne fallait surtout pas qu’il s’arrête ni ne soit déconcentré. Il avait une potion à préparer. Il saisit la plume par sa pointe, et la laissa tomber dans la mixture, dans laquelle elle se dissout en moins d’une seconde, laissant un gel bleu se répandre dans l’eau, prenant une teinte bleu clair aqueuse. William tourna à nouveau deux fois avec sa spatule, mais cette fois dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Ensuite, il mit dans le chaudron la moitié des écailles de dragon, comme convenu. Will arrêta alors le feu avec le contre-sort Finite Incantatem. Il devait attendre trois jours maintenant. On était samedi, il devrait retourner mardi. Bien que ça allait être dur, il ferait mieux de ne pas trop retourner dans cette salle pendant ce délai, il valait mieux ne pas attirer les soupçons. Il saisit la chaudron et le dissimula dans une cache de la salle qu’il avait spécialement aménagé pour. Invisible, indétectable, bref, parfait. Il plaça également le reste des ingrédients à côté, il préférait ne pas se trimballer avec ces ingrédients dans les couloirs. Il quitta la classe la mort dans l’âme pour retourner dans la salle commune.
Trois jours plus tard…
William arriva en coup de vent dans la salle, excité comme une puce. Cela faisait trois jours qu’il n’avait rien mangé, il était trop angoissé, il n’arrivait plus à écouter en classe. Bref, il était temps de passer à la suite de cette potion. Il avait encore dix minutes avant que les trois jours ne se soient exactement écoulé. Il préférait être à la minute près, comme ça au moins il ne risquerait rien. Il alluma un faible incendio sous le chaudron, ils avaient dit à feu doux. Il prit son mal en patience et laissa s’écouler une demi-heure, pendant laquelle la potion clapotait doucement à côté de lui. 29 minutes après, il tenait l’autre moitié des écailles, prêt à le verser quand le moment serait arrivé. Il comptait les secondes dans sa tête, tout en prenant garde à être régulier, puis zoum ! Il versa les écailles. De grosse bulles remontèrent à la surface, menaçant de renverser du liquide hors du chaudron. Heureusement, cela n’arriva pas, et la potion prit une teinte bleu nuit assez agréable. Il tourna 13 fois dans le sens indiqué, inséra la poudre d’amande dans les quantités voulues, puis prit son mal en patience durant trois autres heures durant lesquelles la potion passa tout d’abord au vert foncé, pour s’éclaircir en vert prairie et finalement tourner au jaune foncé. Puis tout doucement d’abord, une fumée orange se dégagea de la mixture. Au début, Will s’inquiéta un peu : elle était censée être épaisse, hors elle n’était pas très consistante… Mais heureusement, elle commença bien vite à s’épaissir, bloquant la vue du garçon qui dû recourir à un sortilège pour en faire disparaître une partie. Ouf, on y voyait plus clair. Bon, maintenant… il fallait mettre un autre quart de poudre de corne de licorne. Fait ! La potion était censée être violette. Heu… elle était plutôt mauve un peu foncée en fait. William espérait que cela suffirait. Il ajouta le reste le la poudre comme prévu et bien vite, la potion prit une élégante teinte violet profond. Ça devait être bon. Alors, on est mardi 10 octobre 2000, et il était 22h 13. Dans un mois, jour pour jour, heure pour heure et minute pour minute, il devait être de retour pour boire la potion. A vos marques… prêt… et c’est parti !!
Et quand le mois fut écoulé…
William se trouvait depuis plus de deux heures déjà à côté de la potion. Trois personnes avaient pendant ce mois essayé de s’introduire dans cette salle, mais heureusement, ils avaient bien vite renoncé quand les sortilèges de protection leur en on interdit l’accès. Il avait travaillé le plus possible pour les cours, comme il savait que ça allait sans doute être dangereux, il avait préféré prendre encore un peu d’avance dans son travail. Au moins maintenant, il pouvait entièrement se consacrer à sa transformation. Il jeta un coup d’œil au chaudron. Son contenu était transparent, légèrement opaque, comme si toute couleur s’était dissipé avec le temps. Par contre, il était un peu gluant, gélatineux, comme du miel. Il espérait que c’était normal, puisqu’il n’avait aucune indication pour vérifier si ça devait bien être comme ça. Bon, il était 22h10, il avait encore trois minutes. Il saisit son gobelet emmené tout spécialement pour l’occasion et se servit une bonne quantité. Soudain, Will fut prit d’un soupçon horrible. Et si c’était seulement une farce, un papier laissé là pour les nigauds qui penseraient que la potion fonctionnait véritablement ? Non… Et puis, de toute façon, il était déjà trop engagé, il ne pouvait plus reculer. Les trois minutes s’étaient écoulées. Il porta le verre à ses lèvres, puis le vida d’un coup, cul sec. Berk, pâteux. Ca laissait un goût visqueux dans la gorge. Très désagréable. Il mit une partie de la potion dans un large flacon vide et non-étiqueté qu’il glissa ensuite dans son sac. Il lança un evanesco sur le chaudron, il ne pourrait pas emporter le reste. Déjà qu’à priori, emporter le flacon n’était pas nécessaire. Mais bon, vaut mieux prévenir que guérir, ça ne pouvait pas causer de mal. Enfin, normalement. Maintenant, le reste se passerait dans son sommeil.
William rapporta son chaudron à présent vide dans sa chambre, et se mit au lit. Il était encore tôt, 22h30 à peine, mais il était impatient d’avoir un rêve lui révélant son animae. D’un autre côté il était tellement sûr d’être un chat. Malheureusement, il n’arrivait pas à trouver le sommeil. Il redescendit dans la salle commune et alla voir un pote, un insomniaque. Il lui demanda s’il pouvait lui emprunter une gorgée de son somnifère sorcier (oui, les somnifères moldus, c’était soit beaucoup trop puissant, soit de la camelote. Ils avaient vraiment du mal avec les dosages eux). Greg accepta, et Will lui en emprunta une grande gorgée. Il tenait vraiment à dormir rapidement, mais il espérait également que le somnifère n’empêcherait pas la potion d’agir, sinon il était mal. Peut-être devrait-il reprendre une gorgée de la potion ? Non, non, il devait aller se coucher. Il disposait de quelques minutes cependant avant de dormir, et relu une énième fois le bout de papier qui commençait vraiment à être élimé :
Après avoir bu la potion, vous allez avoir des visions, lors de votre sommeil. Des rêves étranges, où apparaîtront des envies étranges. Des envies selon votre Animae, l’animal auquel vous serez lié. Cette étape peut durer des années comme quelques heures. Le temps qu’elle dure n’a pas d’importance. L’important est qu’après avoir bu, qu’importe le temps que vous attendrez, votre Animae vous sera révélé dans le tout dernier rêve. D’une façon ou d’une autre.
A présent, la tête lui tournait, il ferait mieux d’aller au lit en vitesse, il commençait déjà à tituber. Il se glissa entre les draps, et s’endormit très vite d’un sommeil de plomb.
William se promenait dans une maison, il était petit, la taille d’un tabouret, et encore. La maison semblait un vaste terrain de jeux. D’un bond souple et puissant, il sauta sur le canapé, et de là, il s’avança vers la fenêtre. Elle était ouverte. D’un autre saut gracieux, il atterrit pile poil sur le rambarde. Il était au deuxième étage. Non, c’était trop haut, il ne pouvait pas bondir d’ici… Pourtant, n’obéissant ni à sa conscience, ni aux lois de la gravité, il sauta, rebondit sur l’arbre en face, puis sur le rebord des voisins du premier étage, et d’un gigantesque bond gracieux, atterrit enfin au sol. Ouf, ça c’était quelque chose. Soudain, une fine bruine commença à tomber. Il frissonna, il détestait ça. Alors qu’il se dirigeait vers le porte pour rentrer à nouveau dans la maison, il se réveilla.
En sueur, il avait un grand sourire aux lèvres. L’animal lui paraissait en tout points semblable à un chat. Il fallait encore une confirmation, mais jusqu’à preuve du contraire, il était un chat. La feuille disait que certaines personne arrivaient à découvrir leur animae en quelques heures. Est-ce que ça allait plus vite quand on le connaissait déjà ? Sans doute. Il verrait bien de toute façon, et puis il ne connaissait pas l’apparence exacte de son animae, et tant qu’il ne la connaîtrait pas, il ne pourrait pas passer à la suite. Soudain préoccupé, il regarda l’heure. Il était 4 heures du matin. Il ferait mieux de se rendormir, il aurait peut-être un autre rêve. Il se rendormit bien cite, épuisé par son précédent rêve, pour être presque aussitôt plongé dans un autre :
Il avançait sur de la moquette, à quatre patte, mais il était habitué, et même fait pour ça. Le sol était agréable sous ses pattes. Ses pattes ? Il tenta de regarder ce qui lui tenait lieu de jambes, mais ce fut comme si son corps ne lui appartenait pas, et il continua à avancer, l’air de rien. Tient, il y avait une balle de ping-pong un peu plus loin. Intrigué, il alla vers elle, puis s’arrêta à quelques centimètres. S’avançant prudemment, il posa sa patte dessus. Tiens, c’était une patte animale. Toute recouverte d’un pelage brun soyeux, très joli. Mais la balle glissa sous ses coussinets, et sa patte sortit de son champs de vision. Il avança de nouveau vers la balle, et la poussa légèrement de son museau. Elle s’éloigna, bien évidemment, et il repartit à l’assaut. Plus elle allait loin, puis il lui courait après. C’était un jeu sans fin, qui n’en aurait qu’une qu’après son épuisement ou son ennui. Un bon moment en perspective, donc, mais c’était plutôt amusant. Il émergea tout doucement du sommeil, ses voisins de chambrés venaient de se lever et avaient fait pas mal de bruit. On était mercredi, et il était l’heure de retourner en cours ! En tout cas, il se sentait éreinté par cette nuit de sommeil, encore plus que s’il n’avait tout simplement pas dormi. Mais ces deux rêves l’avaient encore renforcé dans son idée selon laquelle son animae est un chat. Il savait que ça ne lui prendrait que quelque jour pour se voir. Il en était certain.
Huit jours plus tard, il en avait appris beaucoup sur le comportement des chats, le pourquoi de certaines de leurs actions et réactions, autant à travers les nombreux livres qu’il avait lus que ces rêves et ses instincts qui, à présent, le hantaient toute la journée. Aujourd’hui, il se sentait dans une disposition particulière. Quelque chose de différent. Oui, c’était pour aujourd’hui. Il le sentait dans tout son être. Ce soir allait être le dernier. Le dernier rêve. Celui, où, enfin, l’apparence de son animae lui serait révélée dans son entièreté, bien qu’il savait déjà grosso modo. Mais après ça, il n’aurait plus de rêve, et pourrait enfin passer à la phase ultime, la plus dangereuse. La métamorphose proprement dite. Il alla se coucher assez tôt; en proie à une excitation grandissante. La seule chose dont il avait peur était que le sommeil fût trop long à venir. Bah, au pire, on peut bien un peu aider la nature de temps en temps, non ? Heureusement, Morphée vint l’emporter assez rapidement. Comme à l’habitude, les rêves ne furent pas long à arriver.
Il se baladait dans une salle de bain, très propre. La baignoire était pleine. Prudemment, il faisait le tour, intrigué et méfiant, prenant garde à ne pas tomber dedans. Puis, lassé, il sauta gracieusement à côté du lavabo, sur le rebord. Un large miroir occupait tout un pan du mur. Il le va les yeux, et, pour la première fois, se vit de la tête aux pieds. Oui, il était bien un chat, c’est le moins qu’on puisse dire. D’ailleurs, il avait plutôt l’air d’un grand chaton à peine sortit de l’enfance. Entièrement brun foncé, il possédait de fines et grandes pattes, de larges coussinets, une tête de chat assez banale, ni trop courte, ni trop longue. Il ressemblait à une version bâtarde de chat Européen. Il avait des yeux verts jaunes par contre, et il ne retrouva pas énormément de choses en commun avec son corps humain en fait. Il possédait une longue traînée blanche sur la cuisse, à l’endroit même où son corps humain gardait une cicatrice d’une bouteille en verre. Ah si ! Quelque chose avec laquelle on était à peu près sûr de pouvoir le reconnaître : il possédait sur son corps humain une marque sur l’épaule, comme une tâche de vin, qui forme une sphère avec des bras, comme la voie lactée, et qui était très exactement reproduite sur épaule de chat avec des poils blancs. Oui, en humain comme en chat, il était vraiment ordinaire du côté de l’apparence. D’ailleurs, William remarqua que c’était la première fois que dans un rêve de chat, il contrôlait ses gestes ! C’était exceptionnel ! Et c’était aussi le dernier…
Après quelques minutes pendant lesquelles il se regarda dans la glace, il sortit du sommeil, l’esprit parfaitement limpide. Il était content, il aimait bien son apparence. Discrète, souple, gracieuse, élégante, bref, il avait tout pour lui. Il était vraiment content d’avoir prit du temps au début pour essayer de deviner quel était son animal. Sans ça, les rêves auraient très sûrement durés beaucoup plus longtemps ! Enfin, il en avait enfin fini avec ça. Bientôt, ce serait l’ultime phase. Au fond de son lit, il brûlait d’impatience. Pour se donner du courage, il se récita à mi-voix dans l’obscurité les dernières lignes du parchemin :
Après la découverte de votre Animae, tout devient plus simple et à la fois plus compliqué. Vous devez vous rappelez parfaitement l’apparence de votre Animae, pour pouvoir vous Métamorphoser. Pour cela vous devez utiliser le Rememoriam, un sort qui vous plongera dans une transe de quelques heures pendant le temps où vous pourrez mémoriser absolument parfaitement l’apparence de votre Animae. Il est possible de se lancer plusieurs fois le Rememoriam.
Une fois cela fait, vous devez tenter la transformation. Sans baguette, juste en vous concentrant. Et en voulant vous « enfoncer » dans l’image de votre Animae. La première transformation est immensément douloureuse. Voire parfois létale. Une fois transformé, si vous arrivez à revenir dans votre apparence humaine, en vous « fondant » dans votre image, c’est le pourquoi du fait que vous devez vous connaître parfaitement, des changements se produiront en vous. Votre caractère se rapprochera de celui de votre Animae. Votre physique s’affinera, et votre potentiel magique augmentera. Vous devrez vous entraîner souvent pour pouvoir vous métamorphoser rapidement, mais vous ne courrez plus de risques, à moins de succomber au charme de l’animalité, et de ne plus vouloir redevenir humain.
Il soupira d’aise et de peur. Bon, il était temps d’organiser un peu tout ça. On était jeudi matin, il attendrait samedi après-midi pour passer à la pratique, il valait mieux réserver une vaste plage horaire, on ne savait jamais. Bref, il avait deux jours pour récupérer un peu, c’était largement suffisant. Il était impatient de passer à la suite, il espérait seulement qu’il aurait le courage d’attendre le moment qu’il s’était fixé.
Les heures passaient, doucement. William aidait les cours à passer en essayant de se souvenir le mieux possible de l’apparence de son animae. Oui, bien sûr, il était au courant qu’il aurait le Rememoriam pour l’aider, mais bon, il n’arrivait pas à se concentrer de toute façon, alors autant passer le temps utilement. Il mangeait beaucoup, faisait des réserves, se couchait très tôt pour être en forme. Bref, quand arriva le samedi tant attendu, il était en forme, bien que très stressé. Seules trois heures le séparaient de l’heure qu’il s’était fixé. Car il s’agissait également de la maîtrise de soi-même, de pouvoir se fixer des buts et de les atteindre. Il n’avait qu’à attendre bien tranquillement, et le tour était joué ! Il s’assit sur un siège environnant, et ses pensées le submergèrent presque aussitôt. C’était le moment le plus critique de l’apprentissage. La transformation. Il y avait des risques de séquelles définitives. Il y avait là de quoi effrayé n’importe qui. Mais il n’était pas arrivé là pour renoncer maintenant. Il y avait mit de l’argent, des possessions, du temps et surtout ses rêves et ses espoirs. Alors, maintenant, il s’agissait de continuer. Soudain, une idée lui vint. Le papier disait que la phase la plus difficile était de revenir à son corps, car en général lon ne le connaissait pas suffisamment. Si jamais il réussissait à dénicher un sort, incantation ou même une potion qui lui permettait de créer pendant quelques heures une copie tridimensionnelle de son corps, un genre d’hologramme, il serait sûr de pouvoir revenir de son corps. Il n’aurait pas à s’en rappeler et à se fier à son unique mémoire, puisqu’il l’aurait alors sous ses yeux. Il fallait filer à la bibliothèque. Une fois arrivé sur les lieux, il s’avança vers Mme Pince. Ce serait plus rapide de demander :
- Mme Pince ? Je peux vous demander un renseignement ?
- Bien sûr, faites.
- Pourriez-vous m’indiquer un livre qui permettrait de créer une copie immatérielle et tridimensionnelle d’un corps existant ?
- Je pense que je pourrais vous trouver cela. Attendez un instant je vous prie.
Elle avança d’un pas ferme et décidé vers le fond de la bibliothèque. Prenant son mal en patience, s’efforçant de cacher son impatience, il attendit son retour. Dix minutes plus tard, elle était à nouveau devant lui, un livre épais à la main.
- Je pense que vous trouverez votre bonheur ici. C’est pour… ?
- Oh, un devoir.
- Je vois. Au revoir, Mr Keynes.
- Oui, c’est ça, au revoir.
Un grand sourire aux lèvres, il s’empressa de s’assoir sur la première table venue pour voir si ce qu’il recherchait figurait dans ce livre. Sommaire… Page 347... Non, essayons le chapitre 3, page 239... Non plus… Peut-être que ce chapitre, page 566 ?… Ah ! Il venait de tomber sur ce pour quoi il était là. Exactement ce qu’il voulait. Mince, il n’avait rien pour écrire. Bon, il essaierait de retenir. La formule… Le geste… Visualisation… Et boum ! Normalement il devrait apparaître. Il s’entraînait à mi-voix quelques fois sans réellement lancer le sort, puis, satisfait, referma le livre. Il le reposa sur le bureau de la bibliothécaire en la remerciant chaleureusement, puis se dirigea vers la salle abandonnée. Il n’avait pas encore levé les sortilèges qui la protégeait, elle ferait donc l’affaire pour les transformations. Il se dirigea vers l’un des murs de la salle et lança un sortilège qu’il avait appris il y a longtemps. Il avait toujours su qu’il lui servirait un jour. La description des effets disait « ce sortilège fera de toute surface plane aussi brillante et reflétant qu’un miroir. ». Oui, ça pouvait aller pour ce qu’il voulait. Ce qu’il voyait suffirait. Il était l’heure maintenant. Fermant les yeux, il se concentra très fort, prononça la formule avec le geste approprié, et lentement, une forme au départ avec des contours abstraits se dessina, se précisant de plus en plus. Puis, il eut son double en face de lui. Chaque détail était présent, avec une finesse et une justesse incomparable, et grandeur nature. C’était vraiment parfait. Un grand sourire aux lèvres, il le dissipa d’un Finite Incantatem. Il n’en aurait pas encore besoin tout de suite. Il se concentra de nouveau, puis, la baguette collée contre la tempe, il lança le sortilège Rememoriam. Le sol bascula sous lui, il tomba assis par terre. Mais ça n’avait aucune importance, il était déjà loin. Le chat apparu sous lui, flottant dans les airs, totalement immobile, comme inanimé. Cela ressemblait vaguement aux jeux vidéos, ceux où on peut regarder son personnage en trois dimensions, le bouger comme on veut d’un simple clic de souris pour le voir sous toutes ses coutures. IL prit bien le temps, partie par partie, regarder, observer, retenir, apprendre de fond en comble sa future apparence d’animagus. La courbe de l’épaule, le cou légèrement tendu, le pelage, court et régulier, les oreilles dressées, la queue, longue et fine, les moustaches et le museau, les crocs pointus et coupants, la langue rose, tout y passa. Du bout de la queue au points des moustache, il apprit par cœur la physionomie de l’animal. Dans un sursaut de volonté, il quitta ce monde et revint au réel. Il se rendit compte qu’il était étalé de tout son long à même le sol. Il s’empressa de se relever et de se dépoussiérer. Un petit sourire de satisfaction flottait sur ses lèvres quand il jeta à nouveau le sortilège faisant se matérialiser sa copie conforme, qui d’ailleurs apparu un peu plus vite que la première fois. Il commençait à prendre le coup de main pour ce sort, dommage qu’il fut pratiquement sûr qu’il ne lui servirait plus. Une fois cette précaution prise, il déplaça quelques tables, ménageant ainsi un espace vaste au milieu de la salle, juste à côté de son fantôme inanimé. Sa gorge se serra, cette fois de peur. Car là, ça allait faire très mal. Le texte disait que ça pouvait même être létale. Un frisson lui parcourut l’échine, il se sentit barbouillé. Mais il fallait le faire. Il devait le faire. Il ferma les yeux, se concentrant du plus qu’il pouvait. Aussitôt appelée, l’image de son animae se matérialisa dans le noir de son imagination, précise, concise, on pourrait presque le toucher. C’était parfait. A présent, il fallait « s’enfoncer » dedans, disait le texte. Facile à dire… Comment était-il censé s’y prendre ? Bon, fallait essayer. Il imagina alors l’animae comme une gigantesque statue, de sa taille. Il s’imagina passer dans la statue. Une jambe après l’autre, il les passait à travers la peau du ventre du chat. Au même moment, une terrible, immense douleur envahie ses jambes, le laissant haletant. Des larmes vinrent à ses yeux, il essaya de les contenir, mais la pression était trop forte, la douleur trop grandes, et les larmes salées coulèrent de ses yeux, étroitement fermés. Tant qu’il ne serait pas en entier dans la chat, la douleur ne cesserait pas. Mais… et s’il n’y arrivait pas ? Si le douleur était trop grande pour lui ? Non, il ne fallait pas penser comme ça ! Il fallait le faire, il fallait terminer ce qu’il avait commencé. Il introduit le bassin dans la statue. Ce geste lui arracha un cri de douleur. La statue opposait une résistance, comme si elle refusait de le laisser pénétrer. Se faisant violence, il introduisit son torse dans la statue, vertèbre par vertèbre, côte par côte. Un râle s’éleva de sa gorge, la douleur l’empêchait de voir, lui obscurcissait la vue. Un mal de crâne le fit souffrir aussi. Au tour des bras maintenant, les doigts, les poignets, doucement, les avant-bras, le bras en lui-même, et ensuite l’épaule… Ca devenait intolérable, il ne pouvait plus le supporter !! Cela devait cesser et tout de suite ! Il était à mi-cou dedans. C’était de plus en plus dur d’entrer dedans à présent, ça devenait du béton. Le front en avant, il perça la surface de sa tête, prit une dernière inspiration puis plongea entièrement dans la statuette. C’est bon ! Il était en entier dedans, la souffrance qui lui rongeait les os devait bientôt cesser. Et, en effet, peu de temps après, la douleur s’estompa, lentement, laissant la peau, la chair, les os endoloris. Tout son corps lui faisait mal. Puis, d’épuisement, William s’endormit à même le sol.
Il se réveilla quelques heures plus tard, frais et dispo. Toute la douleur passé n’était é présent plus qu’un mauvais souvenir, et il était prêt à reprendre là où il avait laissé la transformation. Il se rendit vers le mur qu’il avait métamorphosé en pseudo-miroir pour se regarder. Tiens, il ne ressemblait pas à d’habitude. Il… il était un chat !! Il avait réussi, c’était inespéré !! Il baissa les yeux, contemplant ses deux grosses pattes de petit chat, en souleva une, se la passa derrière son oreille. Puis, l’approchant de son museau, passa un bref coup de langue dessus. Il s’éloigna du mur d’un pas souple, se dirigea vers une table dont les pieds étaient en bois. Il mordit le bois, essayant d’éprouver ses dents. Wouaw, solides, coupantes, tranchantes acérés, tous ces adjectifs leur correspondaient. Il était un vrai chat. Un vrai de vrai. Et il était temps de redevenir humain. Il regarda autour de lui. Ouf, sa copie conforme était toujours là. Et elle allait lui être très utile. Bon, il connaissait la marche à suivre, et cette fois ça devait être indolore. Il allait vite expédier ça et aller se coucher dans un bon lit pour récupérer. L’image devant les yeux, il se « fondit » à nouveau, cette fois dans son corps d’humain. Patte après patte, bassin, queue puis la tête, il passa entièrement dans son corps humain. Après un effort intensif, il était finalement revenu au point de départ ! Il avait envie de sauter partout, il était tellement heureux ! Il avait réussi ce à quoi beaucoup de sorciers mouraient ! Il pouvait être fier de lui, c’est sûr. Mais bon sang, qu’Est-ce qu’il était crevé. Il fêterait ça en bonne et due forme une autre fois. Pour l’instant, son lit lui tendait les bras. Avec les gestes d’un automate, il sortit de la pièce, ôta toutes les barrières protégeant sa salle (il n’en aurait plus besoin à présent) et regagna sa salle commune. Au moment où tous ses camarades la quittaient pour profiter de leur dimanche matin après une bonne nuit de sommeil, lui comptait se reposer de ses épuisantes heures qu’il venait de passer. Mais cela n’avait aucune importance. Car il était un animagus à présent.