Souvenirs, souvenirs.. [Fe Iris]

Londres, Août 1998.

C'étaient les grandes vacances pour les élèves de Poudlard, et tous profitaient du soleil relatif qu'offrait l'Angleterre, ou en tout cas de leur liberté. Certains étaient certainement partis à l'autre bout du monde, d'autres au soleil, et d'autres encore, restaient bien sagement en Angleterre pendant les vacances.. C'était le cas du jeune Andrew qui passait tout ses étés sans exception à Londres, où il travaillait au Chaudron Baveur tous les étés depuis sa première année. Tom, le gérant, avait eut pitié de lui, il fallait bien l'avouer, et même si le jeune Gryffondor avait horreur de ça, il avait bien du s'y résoudre, ceci constituant sa seule chance de survie même. Ainsi cela faisait un bon mois qu'il travaillait et il était ainsi nourri et logé, tout en gagnant un petit quelque chose pour ses affaires scolaires de la rentrée. Il aurait à acheter tous ses livres et ses ingrédients à bas prix, mais peu lui importait, tant qu'il pouvait retourner à Poudlard, c'était tout ce qui comptait à ses yeux.
Voyez-vous, ce n'est pas tellement que Andrew est accro au travail ou qu'il aime tellement apprendre et la magie qu'il ne peut pas se passer de Poudlard.. Non, loin de là à vrai dire. Il s'avère que Poudlard constitue sa maison depuis qu'il y est entré, avec le Chaudron Baveur pour ses vacances, et c'est tout. Il n'avait plus rien à faire dans sa véritable "maison", où vivait encore son père, enfin du moins, c'était ce que Andrew supposait vu qu'il n'y était pas retourné depuis qu'il s'était enfui pour aller à Poudlard en première année. C'était il y a bientôt cinq ans de cela et plus il y repensait, et plus il se disait qu'il aurait déjà du y retourner une fois, ne serait-ce que pour voir l'état de la maison, et voir, si de loin, son père y vivait encore.. Que voulez-vous, Andrew était du genre curieux et ce jour là, grand mal lui en aura pris. Après son service, au lieu d'aller dans sa chambre comme tous les jours, il sortit donc du Chaudron Baveur, côté moldu. Oui, il avait habité pendant onze ans dans un quartier moldu de Londres.. Il s'avança dans les rues, reconnaissant parfaitement le chemin tellement il l'avait parcourut souvent dans sa tête.
Il lui fallait approximativement un quart d'heure à pied pour arriver "chez lui", ou en tout cas, là où il avait passé toute son enfance. Au bout de dix minutes de marche, alors qu'il était en pleine réflexion pour savoir quelle mouche l'avait piqué d'aller revoir cette maison qu'il haïssait plus que tout au monde, il commença à vraiment reconnaitre le coin. Ces trottoirs sur lesquels il avait si souvent erré gamin, ne voulant pas rentrer chez lui après l'école et ne sachant pas non plus où aller. Il s'arrêta net en reconnaissant tous ces endroits si familiers et pourtant si détestés. Il était comme figé, il sentait tous ses souvenir remonter à la surface, tous ceux qu'il avait vainement tenté d'enfouir au plus profond de lui-même pendant ces cinq années.. Il venait de tout gâcher, de tout faire remonter à la surface en revenant ici.. Il déglutit avec difficulté, tout en reprenant un peu ses esprits, et surtout, la conscience de la réalité. Il affichait pourtant un air tout aussi effrayé, comme le gamin qu'il était à l'époque en fait, comme s'il n'avait pas changé depuis toutes ces années et que rien que de revoir cet endroit, faisait aussi remonter la peur qu'il ressentait continuellement enfant..
Il n'aurait jamais du venir ici, c'était une pure folie et cela ne l'aiderait probablement pas.. Mais il l'avait fait, il était venu, et maintenant, il fallait en finir, une bonne fois pour toute. Il recommença à marcher, accélérant même. Pressé d'en finir avec tout ça ? Avec son passé ? Surement oui, surtout qu'il n'avait plus aucune envie de se trouver là et qu'il voulait en partir au plus vite. Il commença donc à accélérer, regardant autour de lui, effrayé par le moindre endroit familier de ce quartier, comme s'il redevenait le Andrew de 10-11ans.. En tout cas, il ne regardait plus devant lui et à la dernière intersection avant d'arriver dans la rue où était son ancienne maison, il percuta quelque chose de plein fouet, ou en tout cas quelqu'un probablement. Réflexe, il tendit le bras et attrapa la personne en question pour qu'elle ne tombe pas, car lui, n'avait pratiquement pas bougé. Il mit quelques secondes à réagir tellement il était encore dans ses pensées. Son air, cependant, n'avait pas changé, il devait avoir l'air plutôt paniqué.

- Exc.. Excusez-moi..

Dit-il d'une voix faible tout en regardant par-dessus la jeune femme qu'il avait percuté, voyant à présent la fameuse rue.. Il se recula légèrement, pour revenir dans la rue de laquelle il venait et s'appuya dos à un l'un des murs, son coeur battant la chamade, ayant presque déjà oublié la jeune femme en question. Il déglutit de nouveau avec difficulté, incapable de contenir cette peur qu'il ressentait et incapable de sourire pour une fois.

Iris regarde de nouveau ce qu’elle tenait dans ses mains. Son sac à dos pendant sur une seule épaule, elle le remit d’un geste sur son omoplate tout en soufflant vers le haut dans une mimique qui était tout sauf élégante pour chasser un cheveux qui lui chatouillait le nez.
L’objet en question était une boule de verre d’une taille honorable, de pas loin de 5 cm de diametre, pleine, dans laquelle une spirale de couleur s’élevait. Le truc n’avait aucune utilité, était lourd et d’une esthétique discutable. La jeune fille venait de se fait embaucher dans un pub pour servir les jours ou elle n’allait pas à l’école, histoire de se faire un peu d’argent de poche, et un client lui avait donné ce machin la. Un artiste peut être. Ou quelqu’un qui l’avait lui-même gagné dans une loterie quelconque. En tout état de cause, elle se retrouvait avec cette chose sans trop savoir quoi en faire.

D’un nouveau geste de l’épaule, elle fit descendre son sac et le rattrapa de sa main libre, ouvrait la fermeture de qui le fermait et révélant les secrets inavouables d’un sac de fille : un lecteur MiniDisc, quelques minidisc, une petite trousse de maquillage (qui pouvait sortir sans ?) deux livres dont le célèbre Dracula de Stocker et son nokia 5110, le téléphone portable que tout le monde se devait d’avoir. Du moins si on avait les moyens d’avoir et le téléphone et l’abonnement qui allait avec. Ses parents lui avait offert les deux (téléphone et abonnement, bien que limité l’abonnement) pour qu’elle puisse toujours les joindre en cas de problème. Pour l’instant, le téléphone restait donc tranquillement dans le sac.

Elle déposait donc sa boule de verre au milieu de ses trésors quand son regard accrocha une silhouette arrivant sur elle. Le jeune homme semblait dans son monde, marchant droit devant, et il parut évident à la jeune fille qu’elle ne pourrait éviter le choc. Elle tenta malgré tout une esquive qui … échoua. Le garçon, à peine plus âgé qu’elle (mais plus jeune quand même !) la percuta de plein fouet. Le sac laissa échapper son contenu alors que le jeune homme rattrapait Iris au vol en s’excusant d’un air paniqué.

Iris ramassa dont le contenu de son sac, qui lui avait paru voler au ralenti, en constatant avec plaisir que ni son lecteur ni son téléphone n’étaient détérioré. Les deux étant des cadeaux assez onéreux, il était certain que ses parents ne les auraient surement pas remplacés.
Son sac de nouveau nourri, elle se tourna vers le jeune homme. Il semblait … pas bien.
Sa voix était faible, et il semblait avoir oublié sa victime alors qu’il s’était adossé à l’un des murs de la rue alors qu’il en regardait une autre d’un air désespéré. Iris inclina la tête en le regardant.

- Ca va ? Tu as l’air prêt à t’écrouler.

Oui elle le tutoyait. En anglais l’importance n’était pas énorme mais c’était un gamin non ?

Pour le coup Andrew n'était pas bien du tout non, c'était le cas de le dire. Il avait l'impression de revivre un cauchemar, cauchemar qui plus est dans lequel il s'était lui-même volontairement fourré. Non mais sérieusement, il faudrait qu'il détermine un jour quelle mouche avait bien pu le piquer quand il s'était décidé à aller revoir ces rues qu'il détestait tant finalement. Honnêtement, il n'en avait plus la moindre idée, mais désormais qu'il était là, sa curiosité l'avait reprit et il savait qu'il ne ferait pas demi-tour. En plus de ça, la jeune femme qu'il venait de percuter, et de sauver au passage quand même, semblait le prendre déjà assez comme ça pour un fou à son goût. D'ailleurs, il l'avait momentanément oublié la jeune femme pour le coup, trop absorbée par ses pensées, il avait été un peu égoïste pour le coup mais il n'était pas en état de se montrer sous son meilleur jour à vrai dire.

Mais il finit par reprendre peu à peu ses esprits, et s'aperçut alors que la jeune femme était toujours là. Il haussa légèrement les sourcils, bras croisés contre son torse toujours, dans une position de passivité extrême et surtout, de défense. Disons que cette position le rassurait un peu, comme si ses bras sur sa poitrine pouvait empêcher les autres de trop s'approcher de lui. C'était psychologique bien entendu, car c'était surement le contraire. Mais bon, revenons-en à nos moutons. Il s'était finalement tourné de nouveau vers la jeune femme et fut surpris de la trouver accroupie entrant de fourrer des affaires dans son sac. Il décroisa automatiquement les bras, prêt à l'aider, mais elle alla trop vite pour lui. Enfin s'il n'avait pas mit dix minutes à atterrir aussi. Mais avant qu'elle n'ait eut tout à fait le temps de remplir son sac, Andrew avait aperçut des objets qu'il connaissait assez bien mais qu'il n'avait que très rarement l'occasion de voir étant donné qu'il vivait le plus possible immergé dans le monde de la magie. Il rêvait ou alors la jeune femme avait un lecteur de disque ainsi qu'un téléphone portable. Le dernier était pour le moins rare à l'époque mais ce n'était pas ce détail qui lui avait attiré l'oeil. Elle était moldue ou bien ? Parce que honnêtement, il ne connaissait pas un sorcier sur un million qui se promènerait à Londres dans un quartier moldu, habillé aussi normalement, et avec un lecteur de disque et surtout, le tout nouveau Nokia.

Le jeune homme réprima un sourire avant de se réappuyer un peu mieux contre le mur et de reprendre sa position de tout à l'heure.. Il plaignait un peu la jeune femme d'être moldue, si lui-même l'avait été, il serrait encore coincé avec son père à l'heure qu'il est. Une boule vint lui serrer douloureusement la gorge tandis qu'il essayait tant bien que mal de se calmer et de reprendre contenance. Il détestait montrer aux autres quand ça n'allait pas, mais pour le coup, ça semblait un peu compromis. En effet, suite à la remarque de la jeune femme, c'était clair qu'elle avait compris qu'il n'était pas au mieux. Il soupira doucement en entendant la jeune femme lui demander, prenant un air interrogateur :

- Ca va ? Tu as l’air prêt à t’écrouler.

Andrew se tourna vers la jeune femme et tenta de lui lancer un sourire qu'il voulait rassurant, malheureusement pour lui, il se transforma bien vite en une sorte de grimace plutôt qu'en un sourire comme il l'aurait voulut. Mais bon, il était dans un tel état que cacher ce qu'il ressentait semblait parfaitement vain. Il détestait être comme ça, car s'il y avait bien une chose qu'il adorait faire, c'était caché la vérité aux autres. Enfin, histoire qu'ils ne se mettent pas à le plaindre ou à le materner, il avait toujours trouvé qu'il s'en sortait très bien comme ça et n'avait aucunement besoin de l'aide des autres. Du moins, c'est ce qu'il croyait, quel naïveté :star:

- Oui oui, ça va..

Il avait dit ça d'un ton tellement faible et hésitant qu'il avait probablement plus convaincu la jeune femme du contraire qu'autre chose. Il aurait put repartir à ce moment là et aller dans la fameuse rue, elle lui tendait les bras. D'ailleurs, il jeta un rapide coup d'oeil à la rue où était la maison de son père mais ramena aussitôt sa tête dans la rue adjacente, trop effrayé par la vision même de la rue. Il devait avoir l'air d'un gamin complètement apeuré, à vrai dire, du gamin apeuré qu'il avait été pendant des années. Il détestait ce qu'il ressentait à ce moment là, se sentant plus vulnérable que jamais. D'ailleurs, il voulait à tout prix repousser l'échéance d'être seul de nouveau, et de devoir aller dans cette fameuse rue.. Ce fut sans doute pour ça qu'il tenta maladroitement d'engager la conversation. A vrai dire, c'était loin d'être naturel chez lui, et surement que la façon dont il semblait se cramponner au mur, l'air d'un animal sauvage qu'on aurait effrayé, n'aidait probablement pas.

- Uh.. Encore désolé pour tout à l'heure..

Il jeta un coup d'oeil fuyant à la rue où était la maison de son père puis recommença à regarder la jeune femme.

Je m'appelle Andrew et toi.. ?

Toute sa physionomie trahissait à présent la peur et l'angoisse qu'il ressentait, les battements de son coeur étaient plus rapides que jamais et il sentait son coeur cogner si fort contre sa cage thoracique qu'il en avait presque mal. Pourtant il essayait de dominer ses sentiments, comme il le faisait depuis déjà plus de cinq ans avec succès, mais cette fois-ci, c'était trop fort ce qu'il ressentait. Et après tout cette jeune moldue, il avait combien de chance de la revoir jamais hein ?

Si Iris n’avait pas été si concentrée sur le fait de ramasser ce que son sac avait laissé échapper, elle aurait sans doute remarqué le coté « ailleurs » de son compagnon d’infortune. Elle remarqua juste du coin de l’œil qu’il n’avait pas daigné bouger de sa position, les bras croisés sur la poitrine, en la regardant se débrouiller avec le désastre dont après tout il était responsable. Ce n’était tout de même pas elle qui avait avancé sans faire attention. Enfin … un peu mais pas entièrement. Bon d’accord : elle avait peut être aussi sa part de responsabilité, mais ce n’était pas une raison pour la laisser se débrouiller avec ses affaires !

IL s’était appuyé contre le mur, un dans une attitude de contemplation passive. La jeune fille finit de ranger ses affaires et referma le sac en se jurant de ne jamais plus s’amuser à l’ouvrir quand elle marchait. Même si elle savait que ce vœu pieux ne tiendrait pas dix minutes, ce n’était pas une raison pour passer à coté. Finalement elle se releva et regarda le garçon. Sa réponse à la question qu’elle lui avait posée pourtant anodine, n’était pas vraiment du genre à rassurer. Son sourire n’était qu’une pale imitation, et la façon dont il se transforma en une sorte de grimace montrait que le jeune homme en était conscient.
Il semblait dans un état de détresse qui remuait chez la jeune fille des souvenirs pourtant lointains et presque oubliés. Plutôt des sensations que des souvenirs. Il avait l’air d’un gamin effaré, et cette impression se précisa quand il regarda dans la direction d’une rue. C’était pourtant une rue tout ce qu’il y a de plus normale, bordée de maisons, avec ses trottoirs, ses voitures en stationnement et ses piétons. Un instant Iris cru que c’était les piétons qui le mettait dans cet état, mais il détourna si vite la tête qu’il n’était pas possible que le jeune homme ait repéré quoi que ce soit en dehors de silhouettes mouvantes.

A la façon dont il s’adossait au mur, le garçon donnait l’impression de vouloir s’y fondre, comme pour échapper à la détresse qu’il ressentait. Il finit cependant par s’excuser de l’incident, mais avec un tel air de le faire pour ne pas faire autre chose qu’Iris leva de nouveau un sourcil inquisiteur. Elle regarda à son tour la rue et s’adossa au même mur, ayant tout de même pris soin avant de retirer son sac de son dos, elle n’avait pas sauvé ses appareil électronique de la dure loi de la pesanteur pour en faire des crêpes à cause de la non moins dure loi dite «du sandwich ».
Les deux jeunes gens regardait donc rien du tout, ou plutôt le mur d’en face. Du moins dans le cas d’Iris, qui soupçonnait son voisin de mur de concentrer son attention vers tout ce qui n’était pas cette rue d’apparence innocente.

- Ce n’est rien … il n’y a pas de casse.

La londonienne tourna le regard vers Andrew, puisqu’il se nommait ainsi. Ses parents auraient sans doute été horrifiés de la voir ainsi faire connaissance, mais le jeune homme lui semblait totalement perdu, presque paniqué. Pourtant, il ne semblait pas être perdu. Au contraire.

- Iris. Je m’appelle Iris. Et ça n’a vraiment pas l’air d’aller.

Elle tourna la tête vers la rue et revint au mur en face d’elle. Il ne faisait aucun doute que le garçon savait exactement de quoi il avait peur.

- de mauvais souvenirs ?

Iris était curieuse et s’occupait de ce qui ne la regardait pas, elle le savait. Elle savait aussi qu’elle aurait du passer son chemin et laisser Andrew se débrouiller. Mais s’il y avait une chose que son militaire de père rabâchait, et que sa mère soutenait, c’était que quand on avait les moyens, il fallait aider ceux qui le demandaient. Ou pas d’ailleurs. Les mains de l’anglaise avaient fini par jouer avec le sac et en ouvrir la fermeture, se posant au hasard sur la boule de verre mentionnée plus haut. Son regard accrocha les couleurs inscrites dans le support translucide, y trouvant soudain quelque chose d’hypnotique. Elle restait la alors qu’elle ne savait même pas quoi dire. Et le jeune homme qui n’avait pas bougé semblait dans le même cas. Ils avaient l’air malin…..

- Ce n’est rien … il n’y a pas de casse.

Hein quoi ? Qui lui parlait ? Ah oui, c'est vrai.. Il n'était pas tout seul, il avait presque oublier tellement il s'était de nouveau laisser entrainer dans ses pensées avec presque aucune chance d'en sortir. A moins bien sur qu'une inconnue, moldue de surcroit, ne l'en tire en parlant des dommages matériels qu'il aurait put causer en lui rentrant dedans. Il tourna alors vivement la tête vers Iris et se contenta d'un léger mouvement de tête, ne sachant même pas lui-même ce qu'il voulait dire, et s'il essayait de dire un truc du style « Tant mieux » ou alors plutôt du style « Je m'en fiche royalement ». Il n'essayait pas d'être malpoli, au contraire même, mais il avait un peu de mal à ne pas s'en moquer complètement quand même, il avait autre chose dans son esprit à ce moment là et la remarque assez terre-à-terre de la jeune femme qui l'avait ramené à la dure réalité l'avait un peu étonné sur le coup. En tout cas, il ne prit pas la peine de répondre quoique ce soit, préférant ne pas risquer de dire quoique ce soit d'inapproprié ou d'encore gênant. Sans compter que s'il pouvait éviter de raconter sa vie comme il en avait soudainement envie, ce ne serait pas plus mal quand même.

- Iris. Je m’appelle Iris. Et ça n’a vraiment pas l’air d’aller.

Ah oui il lui avait demandé comment elle s'appelait. Il fallait quand même dire qu'il avait tellement besoin de parler avec quelqu'un, même s'il avait peur d'en dévoiler trop, il voulait absolument repousser l'échéance qu'il s'était lui-même fixé comme un idiot. Qu'est-ce-qui lui avait prit de vouloir revenir ici ? Il avait pensé quoi franchement ? Que ça allait l'aider.. ? Il se serait bien mis des baffes quand même mais bon, il se retint tout juste de soupirer pour éviter de ne mettre encore plus la puce à l'oreille de la dénommée iris. Il ne prit pas la peine de répondre un truc du genre « Enchanté » ou encore « Ravi de te rencontrer », non pas qu'il n'était pas ravi de l'avoir percuté, au contraire, elle lui donnait du temps de répit avant de devoir se forcer à pénétrer dans la rue. Mais bon, pour les mêmes raisons que précédemment, il préférait éviter de parler de trop, et surtout, il n'était pas tellement en état de sortir des banalités à pleurer juste pour se montrer un peu plus agréable.

En tout cas, avant qu'elle n'ait put reprendre la parole, Andrew sembla soudain se rendre compte de quelque chose. Elle venait de s'adosser au mur à côté de lui là ou bien il rêvait ? Déjà, elle était un peu trop proche de lui, il n'aimait pas franchement ça.. Et en plus, elle n'avait pas l'air de vouloir reprendre sa marche de tout à l'heure. Pourtant, il n'avait pas été très encourageant. Elle faisait peut-être partie de ces personnes qui pensaient pouvoir aider tout le monde, et dans le cas de Andrew, ce n'était pas très dur de deviner qu'il avait besoin d'aide. Mais même si au fond de lui, il aurait aimé qu'on l'aide ce jour là, il était trop fier encore pour demander l'aide de qui que ce soit et il avait bien peur de comprendre ce qui la retenait là. D'ailleurs, ses craintes ne tardèrent pas à être confirmées. Déjà, elle alla regarder la rue dans laquelle la maison d'Andrew était, et qui semblait l'effrayer tant, avant de revenir s'adosser au même mur que le jeune homme. Il lui lança un coup d'oeil interrogateur quand elle lui demanda :

- de mauvais souvenirs ?

Au moins elle était audacieuse comme moldue elle. Il sourit même légèrement, un très très mince sourire amusé devant le cran de la jeune femme. Au moins elle n'avait pas froid aux yeux et elle tenait visiblement beaucoup à aider le jeune homme. Il leva les yeux au ciel l'espace de quelques secondes, se demandant s'il allait lui en parler ou pas.. Il hésitait à vrai dire, mais bon, il n'était pas encore assez sous le choc ou assez effrayé pour dévoiler sa vie comme ça, même s'il y avait très peu de chances qu'il recroise un jour cette jeune femme. Mais bon, on n'était jamais trop prudent, et même, question de principe, il n'aimait pas se dévoiler et se confier. Il était définitivement trop fier pour ça. En tout cas, quand il abaissa son regard pour répondre à la jeune femme de se mêler de ses affaires, enfin gentiment quand même, parce qu'il n'avait pas envie qu'elle le laisse tout seul, sinon il aurait été obligé d'aller voir la maison de son père, il la vit le regard comme hypnotisé par quelque chose dans son sac.

Andrew, quant à lui, haussa légèrement les sourcils. Elle lui demandait de raconter sa vie et après elle commençait à jouer avec quelque chose dans son sac Si elle pensait que ça allait le pousser à la confidence, ce fut exactement le contraire qui se passa, Andrew aimait trop être le centre d'attention du plus de gens possible que quand il ne l'était pas, ça avait plus tendance à le mettre de mauvaise humeur qu'autre chose. Oui, c'était un peu paradoxal, disons qu'il avait besoin d'être le centre d'attention, du moment qu'on ne lui posait pas trop de questions personnelles, notamment sur son passé. D'un autre côté, si elle ne tenait pas réellement à savoir ce qu'il avait, ce n'était peut-être pas plus mal, il ne dirait rien et point barre. Il haussa donc les épaules avant de répondre à la jeune femme :

- En quelque sorte..

Pourquoi avoir répondu ça alors que quelques secondes auparavant, il avait résolut de ne rien lui dire ? Peut-être une expression de son inconscient ou tout simplement, le fait qu'il avait peur de se retrouver seul de nouveau le forçait à en dire un minimum histoire de ne pas l'envoyer bouler trop vite.. Et puis, elle semblait assez drôle dans son genre. Il en put d'ailleurs s'empêcher d'essayer de regarder dans son sac ce qui semblait hypnotiser son regard mais il ne réussit pas à voir ce que c'était alors il abandonna. Il n'allait pas lui demander, c'était peut-être personnel ou alors c'était un truc de filles, qui sait . Et pourtant la curiosité était l'un des plus grand défaut du jeune homme, mais bon, s'il avait vraiment voulut en savoir plus, il aurait put lui demander plutôt ce qu'elle faisait encore là. Mais bon, ce n'était pas son genre de demander de but en blanc, surtout qu'il ne voulait pas lui donner envie de s'enfuir, il n'avait aucune envie d'aller dans cette fameuse rue, et tant qu'elle était là, elle repoussait l'échéance. Normal donc qu'il ne veuille plus qu'elle s'en aille à présent.

- Tu attends quelqu'un.. ?

Voilà le moyen détourné pour lui demander ce qu'elle faisait encore là. Et il avait fait bien exprès de ne pas le demander sur un ton agressif ni même juste suspect. Non, il avait juste essayé de faire transparaitre de la curiosité histoire de ne pas lui faire croire qu'il souhaitait qu'elle parte.

La situation devenait franchement burlesque. Tout en regardant son truc en verre, Iris gardait un silence qui allait de paire avec celui de son compagnon de mur. C’est dire si la conversation allait bon train et si le silence de la rue en était contrarié. A vue de nez, elle estimait le temps entre une question et une réponse à deux ou trois heures. Plus probablement quelques dizaines de secondes, mais la différence n’était pas flagrante.

Ce fut lui qui finit par rompre le silence que tout deux s’étaient imposés, adossés à leur mur, pour répondre à sa question. Du moins faire preuve de politesse, « en quelque sorte » n’étant pas vraiment une réponse concise et précise.
Au bout d’une éternité, Iris reposa la boule dans le sac et ferma ledit sac, sans songer une seule seconde à l’éventuelle curiosité d’Andrew. L’eut elle remarquée qu’elle n’aurait d’ailleurs sans doute pas révélé tout ses secrets de fille. Non mais qu’aurait il eu besoin de savoir qu’elle utilisait un gloss corail numéro 7 ? Bon ok en l’occurrence le secret était une boule de verre assez moche, mais tout de même.

Et le « jeu » continuait. Ce fut de nouvel Andrew qui rompit le silence qui s’était encore une fois installé. Attendre quelqu’un ? Dans cette rue inconnue ? Surement pas.

- En fait non. Vu que tu n’as pas bougé de ce mur depuis tout à l’heure et qu’il a l’air confortable, j’ai voulu essayer.

La jeune fille remis ses mains dans le dos, tentant de trouver une position plus pratique et surtout moins incommodante.

- et tu sais quoi, c’est tout à fait désagréable comme position au bout du compte.

Elle se remit donc dans une position plus agréable, c'est-à-dire debout comme tout le monde et lui lança un regard assez amusé.

- et toi, tu attends quelqu’un ou tu as juste peur que le mur ne s’écroule ?

Etonnante discussion ou personne n’avait rien à dire entre deux personnes ne se connaissant pas mais ou aucun des deux ne la lâchait vraiment. Pour Iris, il y avait quelque chose d’étrange dans l’attitude du garçon qui oscillait entre « ne rien dire » et « ne pas faire fuir ». Finalement, un grand sourire proche de l’éclat de rire finit par naitre et elle regarda franchement Andrew.

- Tu sais qu’on a l’air de deux idiots la, comme ça, en pleine rue, a ne pas bouger, à ne rien dire et … a y rester ?

C'était le genre de situation qui faisait réagir son sens de l'humour . Il n'était pas toujours partagé par tout le monde, mais au bout du compte, quelle importance? Andrew était un connu, restait un inconnue et le resterait probablement sans que ça change leur vie, ni à lui ni à elle. Alors elle pouvait bien exposer son sens de l'humour parfois bizzaroide!

- En fait non. Vu que tu n’as pas bougé de ce mur depuis tout à l’heure et qu’il a l’air confortable, j’ai voulu essayer.

- et tu sais quoi, c’est tout à fait désagréable comme position au bout du compte.

Andrew était pour le moins perplexe en entendant ça. A vrai dire, il avait sourit, amusé, quand elle lui avait dit qu'elle avait juste voulut essayer le mur comme lui semblait le faire. Mais bon, son sourire n'avait été que très rapide et éphémère, il ne fallait pas oublier qu'il n'était pas du tout d'humeur à rire ce jour là. Et encore, il n'avait rien vu pour le moment et le plus dur restait incontestablement à venir. Néanmoins, Andrew n'en avait pas conscience et tout ce qu'il ressentait comme malaise et comme douleur, l'empêchait de sourire plus de deux ou trois secondes. Pourtant, en temps "normal", enfin si de tels moments existaient chez lui, disons plutôt les moments où il n'était pas de cet état là, il aurait put en rire même, comme quoi, il n'était pas juste renfrogné ou incapable de rire de quoique ce soit.. C'était juste.. Juste qu'il n'était pas d'humour, voilà tout. Il lui semblait avoir croisé un détraqueur plutôt que la jeune Iris, à l'exception près que la perte de tout bon sentiment et de tout espoir n'avait pas coïncidé avec l'arrivée d'Iris, mais durait déjà depuis plus d'une dizaine de minutes. C'était cet endroit qui lui faisait cet effet là, invévitablement. D'ailleurs il commençait vraiment à regretter d'y être revenu mais bon, ce qui est fait est fait et ce n'était plus le moment de reculer, ou alors, seulement pour mieux sauter.

- et toi, tu attends quelqu’un ou tu as juste peur que le mur ne s’écroule ?

Et voilà qu'elle le ramenait à la réalité. Un mince sourire comme le précédent vint de nouveau se figer sur son visage, juste l'espace de quelques petites secondes, avant qu'il ne retrouve sa tête d'enterrement :arrow: En tout cas, il ne répondit rien, ne sachant tout simplement pas quoi répondre. A vrai dire, il savait que la jeune femme connaissait la réponse déjà et qu'il n'avait pas besoin de lui faire un dessin. Elle-même avait été regardé la ruelle que Andrew semblait tant craindre et de toute façon, il pensait qu'elle était assez perspicace pour reconnaître la lueur de peur dans les yeux du jeune homme. De toute façon, il ne connaissait personne qui aurait put la rater honnêtement tellement il avait l'impression de ne plus rien contrôler à ses sentiments et tellement il avait l'impression de se mettre à nu. En tout cas cela semblait énormément amuser Iris, au moins, il y en avait un des deux qui s'amusait et son grand sourire amusé lui arracha un sourire timide. Elle le fixa franchement, Andrew ne sachant pas très bien s'il voulait ou devait détourner les yeux ou pas.

- Tu sais qu’on a l’air de deux idiots la, comme ça, en pleine rue, a ne pas bouger, à ne rien dire et … a y rester ?

Il se détacha alors subitement du mur, se frottant vigoureusement l'arrière du crâne comme s'il venait de se rendre compte qu'il devait avoir l'air d'un imbécile et qu'il la faisait elle aussi passer pour une idiote. D'un autre côté, il ne lui avait pas demandé de rester, même s'il l'avait souhaité tellement fort qu'elle l'avait probablement entendu.. Mais bon, heureusement, personne n'était passé devant eux depuis tout à l'heure donc ça allait encore. Andrew jeta un coup d'oeil à sa montre avant de se retourner vers la jeune moldue, un sourire timide et un air gêné sur son visage, sans se promenant toujours doucement dans ses cheveux dans un geste d'embarras flagrant :

- Tu as.. Tu as probablement raison.. Désolé.

Il ne savait pas tellement pourquoi il était désolé à vrai dire, comme il l'avait dit, il ne l'avait forcé à rien, mais il l'avait un peu poussé mine de rien, il n'allait pas commencer à le nier. Et il savait désormais que même si ce petit moment de répit avec le cauchemar avait été agréable, il ne pouvait pas être éternel et désormais qu'il était là, il allait faire ce pourquoi il était venu. En tout cas, il soutint son regard encore quelques secondes, allant même jusqu'à enlever sa main de ses cheveux, et eut même un léger sourire en coin quand il lui dit :

- Je devrais y aller je pense.. Merci.

Alors tout à l'heure il s'excusait sans aucune raison évidente et voilà que maintenant il la remerciait. Cette fois-ci au moins, il se comprenait au moins lui-même, mais pas sur que Iris elle le comprenne. Bah de toute façon, c'était sans grande importance étant donné qu'ils ne se reverraient probablement jamais, n'est-ce-pas ?

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