Il était debout au milieu de cette salle vide, où la seule lumière filtrait au travers de ces fenêtres grises de crasses. Une forte odeur de bois humide incommodait Guillaume, qui plaqua sur sa bouche un mouchoir blanc, brodé de ses initiales en lettres d'or.
Il n'avait aucune idée sur ce qui avait bien pu être vendu dans cet établissement, mais ce dont il était certain, c'est qu'il allait devoir transformer cet endroit en un écrin digne d'abriter sa noble personne.
Il se tourna vers la porte et dans un haussement de sourcil et un léger mouvement de tête, fit comprendre à deux hommes d'entrer. Le dos courbé, ils traînaient une lourde malle qu'ils laissèrent aux pieds du magicien. Celui-ci sortit sa baguette de sa veste XVIIème blanche et or, elle aussi, dessina quelques ronds dans l'air et écarta le mouchoir de sa bouche, juste assez pour prononcer quelques formules.
En quelques minutes, poussière et saletés glissèrent du plafond aux murs, des murs au sol et s'envolèrent dans la rue pour de nouvelles aventures. Le coffre s'ouvrit et s'en échappèrent tentures et draperies, tables et métier à tisser, une pluie d'outils en tous genres qui passèrent de maquette à taille réelle et trouvèrent chacun leur place dans ce nouveau sanctuaire.
De sa main gantée, il claqua des doigts et les deux hommes amenèrent d'autres coffres. Et le manège continua.
Tout était fin prêt. Ou presque. Nombre de ses créations étaient désormais exposées, mais encore fallait-il attirer la clientèle locale. Il sorti dans la rue, examina la devanture avec un air de réflexion qui tenait de la léthargie et traça avec classe et élégance, en lettre gothiques :
Chez D'Averc, Tailleur d'exception