Flore avait toujours beaucoup aimé la ville de Londres pendant l'hiver et plus particulièrement au mois de Décembre. La capitale anglaise revêtait en cette période son habit de Noël et des milliers de décorations lumineuses toutes plus somptueuses les unes que les autres illuminaient les rues. Il y en avait pour tout les goûts : des guirlandes clignotantes, des étoiles filantes, des bougies aux flammes multicolores, des sapins brillants de milles feux, des messages en lettres dorés... De plus cette année là un manteau immaculé de neige tapissait le sol tandis que les flocons tombaient gracieusement, valsant au gré du vent. C'est dans ce décor on ne peut moins idyllique que Flore se promenait en ce début décembre de l'année 2000. Nous étions Samedi et elle était arrivée à Londres le matin même avec Matthew, son frère aîné, en transplanant. Les deux étudiants de dernière année avaient été autorisé à aller rendre visite à leur mère pendant deux jours, Amanda ayant fait une rechute. Elle était particulièrement fragile de santé, ce qui était un comble pour une médicomage tout de même, et ses défenses naturelles n'avaient malheureusement pas résisté. Elle était alité depuis plusieurs jours et réclamait sans cesse ses enfants. Son mari avait fini par envoyer un hibou à Poudlard pour demander à ce qu'on rapatrie la fratrie Giovanni-Pears au moins pour le week-end. C'est ainsi que Flore et Matthew avaient pu rentrer chez eux, mais Violet, la petite dernière, n'avaient cependant pas été autorisé à quitter l'école étant donné qu'elle était mineure.

Voici donc les raisons qui avaient transporté Flore de Poudlard à Londres. Sa mère avait été ravie de la revoir et avait même tenter de sortir du lit pour lui préparer un de ses succulents dîner dont elle avait le secret, mais elle dû bien vite se recoucher, assommée par sa maladie. La pauvre était tellement déçue de ne pouvoir nourrir ses enfants qu'elle en avait pleuré, ce qui avait mis Flo et Matt dans un embarras sans nom. Ils avaient alors promis d'aller chercher eux même le repas de midi chez un traiteur en promettant à Amanda qu'il serait aussi bons que les plats qu'elle prépare. La guérisseuse n'y croyait pas mais avait néanmoins laissé sortir ses enfants, son mari restant évidemment auprès d'elle au cas où. Une fois dans les rues de la capitale britannique, Flo et Matt avaient décidés de se séparés pour être plus efficace. Le premier à trouver un traiteur qui ferait l'affaire devait joindre l'autre sur son téléphone mobile puis ils rentreraient à la maison. Comme toujours, l'impétueux Gryffy était partis extrêmement sûr de lui et était certain de trouver un traiteur en moins de deux, contrairement à sa Serdaigle de soeur qui était assurée de sortir pour rien...

Elle marchait depuis plusieurs minutes déjà, les mains dans les poches de sa veste. Elle ne faisait que flâner, certaine de ne jamais trouver dans cette ville d'aussi bons plats que ceux de sa maman chérie. Matt ferait le travail à sa place, après tout c'était toujours elle qui l'aidait pour ses devoirs à Poudlard alors maintenant à lui de se bouger! Flore n'avait aucun scrupule à se servir ainsi de son frère pour traîner dans Londres mais ce n'était que partie remise car lui aussi aimait la mener en bateau. Ils avaient une sacré relation ces deux là, houleuse comme une mer déchaînée par la tempête mais aussi tendre comme un bonbon au chocolat. Même si ils passaient leur temps à se disputer, Flore et Matthew s'adoraient sans se l'avouer. Chacun donnerait volontiers sa vie pour l'autre! Bref, la timide Serdy errait dans les rues sans trop savoir quoi faire. Son frère n'avait toujours pas appelé et elle commençait à avoir cruellement mal au pied, alors elle décida de faire une petite pause dans un pub.

A peine entrée dans l'établissement, une chaleur étouffante tapa contre ses joues glacés. Elle ôta écharpe et bonnet puis se laissa tomber dans un moelleux fauteuil au fond de la salle. Elle commanda un Coca Light et en attendant qu'on vienne lui apporter sa boisson, elle fixa la petite scène en face d'elle. Un jeune homme se produisait, chantant et jouait de la guitare, seul. Au début Flore n'y fit pas vraiment attention, puis en tendant l'oreille elle fut saisie et envoutée par la mélodie. C'était à la fois rythmé et mélancolique, exactement le genre de musique que la demoiselle aimait. Elle ne comprenait pas les paroles car c'était du japonais, et à bien y regarder le chanteur avait un visage typé asiatique. Curieusement, il portait des vêtements excentrique qui contrastaient vraiment avec son air sérieux et sa somptueuse musique. Ses cheveux blonds en épis étaient parcourus de mèches multicolores, noires pour la plupart. Malgré le fait qu'il chante une chanson si triste, cet homme dégageait un je-ne-sais-quoi complètement fou et une sacrée prestance. Flore était comme hypnotisée par ce musicien, elle ne pensait plus à sa mère, à Matt, au traiteur qu'elle était censée trouvée, ni au Coca qu'on venait de lui servir, seule la chanson occupait son esprit. Cette si belle chanson qui avait su toucher le fond de son coeur et lui faire monter les larmes aux yeux. Quand la musique cessa, la timide brune eut un pincement au coeur mais elle applaudit du plus fort qu'elle pouvait. Elle s'arrêta net quand elle constata qu'elle était la seule à rendre hommage au musicien et tous les clients la regardaient d'un air interloqués. Ne voulant pas passer pour la groupie de service, Flore se saisit en un éclair de son écharpe et s'en servit pour cacher son visage qui avait viré au rouge pivoine...

Flore était une jeune femme extrêmement timide. Elle n'y pouvait rien, c'était maladif! Elle n'osait jamais faire le premier pas vers les autres, et encore moins se faire remarquer en public. Or la situation où elle se trouvait actuellement la mettait dans un embarras terrible. Elle cherchait une échappatoire, une accroche, toujours dissimulée derrière son écharpe aux motifs écossais rouges. Mais il n'y avais rien, pas de solution, pas d'issue de secours. Vous me direz : en voila une qui se ronge les sangs pour un rien! Après tout les clients du pub auront vite fait d'oublier cette groupie et de retourner à leurs occupations... Je vous répondrais : c'est Flore Giovanni-Pears, on se la refait pas. La timide Serdaigle parcourait furtivement l'établissement des yeux, cherchant un refuge. Elle ne trouva rien de mieux à faire que d'aller au bar pour payer sa commande, qu'elle n'avait même pas terminée d'ailleurs. Elle se leva donc, remit son écharpe autour de son cou en tentant de cacher le plus possible son visage cramoisis, ainsi que son bonnet de laine. La jeune fille se dirigea d'un pas aérien vers le bar, pas pour faire sa belle mais juste parce que c'était sa façon de marcher, celle que sa mère, son modèle sur terre, lui avait appris. Tout en se déplaçant, elle fouillait nerveusement les poches de son manteau à la recherche de son porte monnaie. C'était un joli modèle jaune vif orné de dessins de Mokona, une créature issue d'un manga que Flore adorait.

La demoiselle trouva son précieux coffre fort en modèle réduit et s'apprêtait à en sortir assez de livres pour payer son Coca, quand elle remarqua que le chanteur avait pris place sur le siège à côté d'elle. Flore se figea net, paralysée par la honte. L'homme semblait cependant ne pas l'avoir remarquée et commanda un chocolat chaud avec une petite excentricité, des oursons de guimauve. C'est à ce moment là que la bleu et noir se dit que le destin avait été particulièrement clément aujourd'hui avec elle : non seulement elle pouvait se promener dans sa Londres chérie aux frais de son frère, mais en plus elle était tombée sur un talentueux chanteur dont le style de musique était le préféré de Flore mais en plus il aimait les même boissons et confiseries qu'elle. Ayant été baignée toute sa jeunesse par les teen-moovies où des ados tellement semblables se rencontraient dans ce genre de situation avant de vivre une passion romanesque et effrénées, Flore passa instantanément que tout ceci était un coup du destin. Mais la réalité lui revint en pleine figure la seconde d'après : elle était justement dans la vraie vie et n'était qu'une jeune fille banale qui allait réglé ses achats avant de rentrer chez elle pour soutenir sa mère malade. Elle ferma donc les yeux en soupirant et chercha dans son porte monnaie des pièces pour payer sa boisson.

"Merci. J'espère que ça t'a plu."

La voix la fit sursauter. Flore releva la tête si vite qu'elle faillit se rompre le cou et se retrouva nez à nez avec le musicien. Attention, attention, cerveau de Flore en surchauffe!! Elle n'en revenait tout simplement pas. Elle restait là, fixant le chanteur d'un air complètement stupide, la bouche grande ouverte et les yeux ronds. Comme dans les dessins animés, ses joues se coloraient progressivement en rouge soutenu, du bas vers le haut. Elle avait pour ainsi dire bugué. Sa timidité avait repris le dessus et elle n'arrivait pas à croire ce qui lui arrivait. Mais Flore était malgré tout une fille intelligente, et elle prit rapidement conscience qu'elle avait l'air un poisson mort ainsi et secoua sa tête comme un batteur fou dans solo endiablé de rock. Elle se racla la gorge et fit semblant d'admirer le "magnifique" portrait de James Dean sur le mur opposé, histoire de tourner la tête et cacher son visage rouge comme le magma en fusion. Mais il fallait tout de même répondre. Flore tenta de prendre un air cool et détaché mais c'était mission impossible dans l'état de gêne monstre dans laquelle elle se trouvait.

-Hum... Oui... C'était... Vraiment génial!... Bravo! bégaya-t-elle.

Si elle avait pu, elle se serait volontiers tapé la tête contre le mur tant elle se trouvait stupide. Mais elle ne voulait pas avoir l'air plus cruche qu'elle ne l'était déjà, c'est pourquoi elle se retint d'aller d'exploser le crâne sur le tableau de James Dean, tout en espérant ne pas être prise pour une bêcheuse. Mais le mal était sûrement déjà fait...