Eryn croqua un morceau de chocolat. La chaleur qui traversa son corps lui redonna de l'énergie et du courage. Respirant profondément, elle leva de nouveau sa baguette afin de recommencer l'exercice.
La jeune femme rousse se trouvait seule non loin de la Cabane Hurlante et s'exerçait à son Patronus, incapable d'en invoquer un convenablement. C'était extrêmement frustrant pour elle, car elle était incapable d'avoir des souvenirs heureux. A peine eu-t-elle pensé au son du rire de Jackson, à la façon qu'il avait de prononcer son prénom, de la regarder qu'une vague de douleur venait brasser sa joie. Son Patronus, lui, avait tout juste le temps de former un filet de fumée blanche. Rien de très satisfaisant...
Eryn leva une nouvelle fois sa baguette.

- Spero Patronum !

Rien.
Eryn soupira et se passa la main dans les cheveux. Fatiguée, elle rangea sa baguette et reparti en direction de la grande rue de Pré au Lard. Une Bièraubeurre serait la bien venue.
Sur la route, la jeune femme se mit à penser à tout et à rien à la fois. Son deuxième jour dans le petit village allait s'achever. A l'origine, elle n'était venue que parce qu'elle était de passage mais sa rencontre avec Chloé l'avait poussée à rester un peu plus. Cette jeune fille était décidément très bavarde... Les renseignements pleuvaient avec elle ! Et puis, vivre en compagnie de sorciers normaux et non à traquer des Mangemorts avait quelque chose de reposant. Et pourtant, Eryn brûlait d'envie d'en poursuivre d'autre, toujours plus vite, toujours plus loin.
Arrivée devant les Trois Balais, la jeune femme poussa la lourde porte et savoura la chaleur des lieux. Elle eu un frisson du à la différence de température et se dirigea vers une table d'où elle commanda sa boisson.
Comme à son habitude, Eryn observa les environs, sur ses gardes. Contrairement aux jours de sortie des élèves de Poudlard, l'endroit était beaucoup plus calme. Elle remarqua alors qu'à la table sur sa gauche se trouvait un homme, grisonnant et seul. Pendant l'espace d'une seconde Eryn pensa qu'ils se ressemblaient. Seuls, assis à une table, buvant une Bièraubeurre, et se perdant dans leurs pensées.
Quand leurs regards se croisèrent, la jeune femme souriat légèrement par réflexe et s'empressa de tourner la tête. En ces temps, un regard trop appuyé pouvait déclancher un duel sanglant.

- Merci, dit-elle à la serveuse d'une voix si faible qu'elle sembla murmurer.

Sentant un regard sur elle, Eryn tourna de nouveau les yeux vers l'homme aussi discrètement que possible.
L'avait-il observé ? Elle n'en était pas certaine. Mais surtout, devait-elle s'en inquiéter ?

Eryn vit du coin de l'oeil l'homme se lever. Quand elle comprit qu'il se dirigeait en sa direction, elle s'agita sur sa chaise, changeant de position, ne sachant vraiment comment réagir.
Pour la seconde fois en deux jours, on lui demanda si l'on pouvait se joindre à elle. Dans un rapide froncement de sourcils, Eryn pensa que la solitude n'était pas quelque chose que l'on pouvait cultiver aux Trois Balais.
La jeune femme hocha la tête, acceptant la demande de l'homme. Elle ne savait pas très bien ce qu'il désirait et cette idée la gênait. Depuis la mort de Jackson, elle n'avait pas agit en femme, sachant parfaitement qu'elle ne serait désormais plus capable de ressentir le moindre sentiment pour quiconque, pas même de la pitié. Et celà faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas retrouvée assise à une table en compagnie d'un homme sans avoir l'intention de lui soutirer la moindre information, le manipuler ou l'empoisonner.
Ne sachant quoi dire, elle bu une gorgée de Bièraubeurre, puis leva les yeux vers l'homme qui s'était installé en face d'elle; il l'observait. Priant pour que ses joues de lait ne rougissent pas bêtement, Eryn se contenta de baisser les yeux, puis se râcla la gorge. Maintenant qu'il était là, que voulait-il ?

- Hum... Puis-je savoir pourquoi désirez-vous vous joindre à moi ? demanda-t-elle avec politesse et douceur, ne voulant pas avoir l'air de le soupçonner de quoi que ce soit. J'ai cru l'espace d'un instant que la solitude était quelque chose qui vous plaisait. (Puis elle s'empressa d'ajouter) Ne croyez pas que votre présence me gêne.

Elle ne dit plus rien, se sentant parfaitement ridicule.

- Eryn Peters, dit-elle finallement avec un sourire.

Il lui fallait vraiment plus de contact humain !
Puis elle pensa soudainement, pourquoi faire ? Elle souria légèrement de nouveau, la baguette non loin de la main. Cet homme ne lui avait rien fait, du moins pas encore. On est jamais trop prudent...

Eryn ne savait pas vraiment comment se conduire. Il y avait une époque où un seul coup d'oeil lui aurait permi de savoir, maintenant qu'elle était en deuil, elle ne savait plus. Jackson hantait son coeur, le fermant à tous sentiments.
Elle ne parvint pas à retenir son sourire quand il la "qualifia de bonne compagnie". Charmeur. Eryn se mit automatiquement sur ses gardes.
Elle sera la main de l'homme. John Pears. Même son nom dégageait une élégance simple et pourtant frappante.
Eryn haussa un sourcil. Il était parfaitement à l'aise, surement le genre d'homme habitué à la cimpagnie féminine. Cependant, elle perdit légèrement son sourire quand il lui posa la fameuse question.
Avec un air détendu, elle ferma son poing gauche et posa à peine sa joue dessus avec douceur. Elle ne voulait pas avoir l'air avachie non plus.

- J'ai... disons, commença-t-elle. Quelques affaires à régler par ici.

Avec amusement, elle remarqua que les yeux de Pears se posèrent sur sa bague de mariage. Allait-il fuir ? Ou au contraire continuer son numéro ?
Un sourire aux lèvres, Eryn pensa qu'elle attendrait le dernier moment pour lui dire qu'elle était veuve depuis plus d'un an. Pour l'instant, sa réaction l'intéressait trop.

- Et vous ? demanda-t-elle avec de la malice dans les yeux.

Eryn senti son sang se figer dans ses veines quand elle posa les yeux sur la Marque des Ténèbres sur le bras gauche de l'homme.
Les évènements qui suivirent furent... violent. Eryn vit rouge. Elle était assise à la table d'un Mangemort. Un Mangemort ! Sans même prendre le temps de lancer un sort elle se jeta sur l'homme par dessus la table.

- Espèce de... !

Les rares clients présents sursautèrent et furent surpris par ce qui se déroulait sous leurs yeux.
Eryn avait fait six ans de boxe Thaïlandaise et savait parfaitement que face à des Mangemorts, se battre comme une Moldue représentait toujours un avantage, enchaînant les coups violents. Elle saisit la robe de l'homme et tous deux se retrouvèrent derrière le bar dans un position désordonnée qui ne permettait plus grand chose.
Eryn cessa de frapper, ils avaient sortis leurs baguettes.
Eh oui, l'effet de surprise ne dure qu'un temps.

- Je dois avouer, dit-elle essouflée. Que vous avez le don d'attirer les femmes à vous, Pears.

Elle lui adressa un sourire rayonnant.

Appuyée sur les coudes, essouflée, Eryn ne parvint à détâcher son regard de Pears. C'était une chose qu'elle avait toujours aimé, se battre. Bien que celà n'ait duré que quelques minutes - à peine trois - il avait déjà le visage amoché. Avec une satisfaction sadique elle vit du sang couler du nez de l'homme. Rare étaient les occasions de voir un Mangemort saigner car souvent, on n'était plus en vie pour apprécier.
Son coeur battait si fort qu'il sembla sur le point de sortir de sa poitrine; d'ailleurs, elle ne doutait pas que Pears soit capable de l'entendre, lui qui était si proche d'elle derrière ce bar. Tous ses sens étaient en alerte et ses joues légèrement rosées. Bien que le regard de Pears soit destabilisant elle ne détourna pas les yeux.
Mais le pouvait-elle ?
Incertaine, Eryn vit quelqu'un approcher mais elle ne savait plus ce qui se passait en dehors de l'homme qui se trouvait si près d'elle. Il détourna sa baguette mais pas le regard. Eryn fit la moue faute de pouvoir cesser de l'observer. Décidément, un Mangemort restait toujours un Mangemort et quand il avait l'occasion de faire souffrir il le faisait.
Il n'était pourtant pas comme les autres. Il y avait cette flamme aux fond des yeux qu'elle n'avait vu chez aucun autre. La jeune femme en avait rencontré des cruels et simplement bêtes et méchants mais lui...

- Veuve, précisa-t-elle dans un souffle.

Elle rejeta ses cheveux en arrière et continua de sourire.
Eryn observa cet homme en penchant légèrement la tête sur le côté, cette même curiosité à son propos dessinée dans ses yeux. L'espace d'un instant elle pensa à Jackson, à ce qu'il dirait en la voyant là, à demi allongée sous un homme, un Mangemort qui plus est. Dans un élant de honte elle chassa cette idée de son esprit.
Pour la première fois depuis longtemps, elle parvint à chasser l'image de Jackson.

- Comptez-vous rester là à déchirer ma robe ou pouvons-nous sortir de derrière ce bar ? demanda-t-elle parfaitement à l'aise.

Elle eu peur qu'il ne choisisse la première option, mais conserva son sourire brillant, le joues toujours plus roses.
Maintenant, son rythme cardiaque aurait dû être de nouveau normal.
Aurait dû.

Eryn perdi son sourire.
Il semblait touché. Un Mangemort n'est jamais atteint par des sentiments aussi bassement humain que l'amour ou la peine.
Mais qui était-il...?
La jeune femme le vit remettre de l'ordre dans la pièce avec facilité. Elle haussa un sourcil, apparement il n'avait plus du tout envie de se battre.
Elle si.
Retenant une grimace avec peine, elle le vit soigner ses blessures. Pour la première fois depuis qu'il s'était adressé à elle, Eryn remarqua le badge à son manteau.
Chef de service de Ste Mangouste. Un sourire se dessina sur sa bouche. Décidément, les Mangemorts occupaient des posts stratégiques. Un vrai danger pour le monde.
Eryn éclata de rire avant de regarder Pears avec des yeux pétillants. Un Mangemort qui essayait de la séduire, c'était le comble !
Elle hocha la tête et avança vers lui comme pour partir. Cependant, elle s'arrêta au moment où leurs épaules se frôlèrent et dit, les yeux au sol :

- J'en suis ravie Pears, car malheureusement, je serai la dernière.

Elle leva les yeux vers lui, un léger sourire aux lèvres. Sa voix était douce et calme. Eryn avait presque mal au coeur de devoir le tuer, lui qui avait cette flamme dans les yeux, ce elle-ne-savait-quoi qui l'attirait toujours chez un homme.
Or Pears n'était pas un homme, il était un Mangemort.
Eryn sorti de derrière le bar, le dos droit et traversa la pièce désormais terriblement silencieuse. Arrivée à la porte, elle l'ouvrit et avant de sortir, jeta un dernier regard plein de malice par dessus son épaule à Pears.
Elle n'en avait pas fini avec lui.
La jeune femme senti le froid de la nuit lui saisir les os. Avec frisson, elle répara sa robe déchirée et se mit en marche dans la grande rue de Pré au Lard. Son coeur se remit à battre plus vite, sa baguette fermement serrée dans sa main droite, elle attendait.