Meilleurs voeux? ( rp course aux cadeaux)

Et revoilà Noël ! Miss Grisham était enchantée puisqu’elle irait passer ses vacances chez sa mamy Rose, dans le Suffolk. Mais avant cela elle devait se pomponner pour le repas de fête donné à Poudlard dans un peu plus d’une heure. Elle avait choisi de se préparer chez elle plutôt qu’au collège où toutes les filles se disputeraient les locaux sanitaires.
Dans le fond, ce n’était pas si mal de doubler une année !
Au départ, si elle n’avait pas apprécié cette décision, elle ne la regrettait plus. Poudlard était si amusant et… protecteur. Cette mésaventure ne faisait que remettre les pendules à l’heure puisqu’elle avait eu l’heurs de sauter sa sixième année.
Ravie, donc, d’assister pour une ultime fois au bal de la grande salle, Angel passa de longues minutes sous la douche, se coiffa avec soin, se farda à peine avant d’enfiler une longue robe noire, très moulante, choisie exprès pour affoler son beau cavalier, Benjamin Kohl. Dans quelques mois, elle serait son épouse, alors pourquoi ne pas s’amuser un peu… avant ? S’amuser de ses réactions, évidemment ; pas question d’aller plus loin que de banals attouchements. Très prude, Miss Grisham tenait à sa pureté au moment du oui qui signerait son union. Ben était d’accord, donc tout était bien même si parfois leurs désirs les poussaient à faillir.

Pas mal ! sourit-elle satisfaite au miroir de la salle de bains. Benji, tu vas souffrir, ce soir !

Mutine, elle se pinça un peu les joues pour leur redonner des couleurs lorsque, via le miroir , elle avisa une présence incongrue dans son dos.
Là, perché sur une étagère se tenait une sorte de lutin, d’elfe miniature tout vêtu de vert – chapeau pointu compris - qui la narguait sans vergogne.
Angel se retourna d’un bloc et l’apostropha :

Il y a longtemps que tu es là, petit voyeur ?

Petit, certes, fanfaronna l’autre. Mais voyeur, non, ou si peu. Je m’ennuyais alors j’ai décidé de m’amuser…

Grand bien te fasse. Moi, je vais au bal.

Ton Benjamin ne viendra pas. J’ai mieux pour toi.

Boum ! Ce fut comme si une massue de troll lui tombait sur la tête. Comment ça Benji ne viendrait pas ? Qu’en savait-il celui-là ?

Vous êtes fou ! Laissez-moi tranquille. Je ne vous ai rien fait : du balai.

Miss Grisham, réputée pour son bon caractère et sa douceur, commençait à s’énerver lentement mais sûrement.

Cela te plairait-il de voir ce que tu pourrais être si tu n’étais pas ce que tu es ?

Hein ? Qui était tombé sur la tête, elle ou lui ?

Je te propose un défi. Si tu le réussis, ton vœux le plus cher sera accompli.

Hum…. C’était tentant néanmoins la prudence joua :

Quelle sorte de défi ?

Au lieu de ton cavalier habituel, je t’en offre un inédit…

Voilà qui était surprenant.

Qui ? Dit-elle en fronçant les sourcils

TOI ! Mais toi à l’envers, tout ton contraire, quoi. Si tu parviens à passer la soirée en cette compagnie particulière sans lui arracher les yeux, je te promets d’accorder ton plus fort souhait.

Diablement tentant. Elle à l’envers… A quoi ressemblerait-elle ? La curiosité était l’un de ses petits défauts. Elle se tâta puis :

Tope-la, si tu m’abuses, tu t’en repentiras.

Bonne soirée, rigola le lutin. Regarde derrière toi !

D’un bloc, elle pivota et le vit.

* Merlin ce qu’il est moche ! C’est mon alter ego inverse ?*

Il s’éveilla soudain. Il n’avait jamais existé jusqu’à ce qu’une voix grinçante l’obligeât à se former.

Tu t’appelles Ash Grimlegan. Tu es l’opposé parfait d’une jeune fille spéciale.
Elle se nomme Angel Grisham et tu vas devoir passer toute la soirée avec elle. Sois à la hauteur !

Qu’est-ce que c’est que ce foutoir ? M’en fous de cette donzelle. Laissez-moi roupiller, j’ai rien de mieux à faire.

Le lutin habillé de vert se fâcha :

Si ! Tu dois prendre tes responsabilités, pour le bonheur de ton opposée. Elle est fine, douce, fidèle et intelligente. Avoue que tu n’es qu’un balourd mal dégrossi.

Pas ma faute ! On m’a fait ainsi.

Bravo ! Tu sais au moins ça. Habille-toi, tu as un rendez-vous important. Elle sera très belle, ce soir…

Et moi très moche comme d’hab ! Pas question d’enfiler un costard de pingouin, j’mets mon jeans troué et ma veste en cuir. Si ça plaît pas à la Miss, tant pis.

Non mais pour qui prenait-on Ash pour lui faire jouer un rôle aussi débile ? Il se promit d’être naturel, au moins la fille verrait-elle ses travers.
Un claquement sec des doigts noueux plus tard, Grimlagen se matérialisait dans une salle de bains.
Face à lui, une délicieuse jeune fille, très en beauté moulée dans du satin noir le fixait avec des yeux horrifiés.

* Joli morceau. Je le croquerais bien, ouais !*
B’jour ! dit-il gauchement. Moi, c’est Ash ! On doit passer la soirée ensemble à c’qui paraît !

Il tenta de sourire sachant très bien que cela ressemblerait plus à une grimace qu’autre chose.

Misère ! Ce n’était pas possible. Pourquoi avait-elle accepté ce pari idiot ? Ce mec était monstrueux, vieux et bouffi. De plus… le nez d’Angel se plissa désagréablement, il ne sentait pas la rose. Ses frusques ne devaient pas avoir été lavées depuis… longtemps. Des relents de tabac froid et d’alcool envahissaient la salle d’eau.

Je… Je suis Angel Grisham. Et… Et…

Les idées à l’envers, Angel en perdait ses mots.

Je ne peux pas ! déclara-t-elle soudain. Il est inconcevable que je sorte avec… avec un tel individu. Ma réputation serait ruinée à jamais or j’y tiens beaucoup. Ou vous vous arrangez un peu, voire beaucoup, ou je vous plante là.

Ecœurée, elle lui désigna la baignoire.

Je file vous chercher un costume de soirée. Lavez-vous et parfumez-vous, de grâce.
Il y a du dentifrice et des brosses à dent près du lavabo. Je vous laisse 20 minutes !

Vingt minutes pour transformer un épouvantail à moineau en prince charmant ?
Qui sait ? La magie aidant… Après tout le lutin n’avait pas donné de consignes ni de restrictions, alors…
En coup de vent Miss Grisham vida les lieux. Elle fila dans la chambre de ses parents et ouvrit leur garde-robe. Oui ! Son père était assez costaud, quelques retouches suffiraient pour adapter le smoking. Les sortilèges appris chez McGonagall lui furent utiles pour allonger les manches et bas de pantalon ainsi que pour élargir le plastron.
Voilà de quoi habiller correctement son loubard de contraire.
Portant le costume sur un cintre, elle revint vers la salle de bains d’où lui parvinrent d’étranges échos qui la firent rougir jusqu’à la racine des cheveux. Elle frappa à la porte avec humeur.

Non mais pour qui se prenait-elle, cette péronnelle ? La reine de sa… bat ?
Lui donner des ordres, s’offusquer de son odeur..

Je ne peux pas ! Il est inconcevable que je sorte avec… avec un tel individu. Ma réputation serait ruinée à jamais or j’y tiens beaucoup. Ou vous vous arrangez un peu, voire beaucoup, ou je vous plante là. Je file vous chercher un costume de soirée. Lavez-vous et parfumez-vous, de grâce.
Il y a du dentifrice et des brosses à dent près du lavabo. Je vous laisse 20 minutes !

Et avant qu’il ait pu en placer une, elle avait filé, l’abandonnant face à l’attirail de récurage.
Son premier bain ? Sans doute le dernier aussi. Ash fit couler l’eau après beaucoup d’hésitation, se déshabilla et se savonna. Un flacon de ceci dans la baignoire, un autre de ça… Que de belles bulles ! Le niveau atteignit un seuil critique mais Ash s’en fichait ; il s’amusait à faire voler la mousse à travers toute la pièce en chantant des chansons grivoises à pleins poumons jusqu’à ce qu’il entendît que l’on frappait à la porte.

Entre ! rigola-t-il.

Son hilarité se multiplia avec la mine effarée de Miss Grisham devant le spectacle offert.

Ben quoi ? J’avais pas le droit ? Fillette, faut te décoincer et vite fait ! J’parie que t’a jamais vu un mec à poil. Viens me rejoindre, y a d’la place pour deux !

Quand elle entendit « Entre », Angel poussa le panneau de demeura figée sur place. La salle de bains était dévastée, pire que si un ouragan s’y était produit. De l’eau avait giclé partout, des tas de mousse voltigeaient dans les airs ou s’agglutinaient aux murs.

* Mon flacon de Chanel… Les sels de maman…*

Et l’australopithèque qui se marrait de voir sa tête.

Ben quoi ? J’avais pas le droit ? Fillette, faut te décoincer et vite fait ! J’parie que t’a jamais vu un mec à poil. Viens me rejoindre, y a d’la place pour deux !

AAArrrgggg ! Angel balança le costume sur la chaise et claqua la porte derrière elle en s’appuyant au panneau pour reprendre son souffle :

* Ce type est une catastrophe ambulante ! Ce sera la pire soirée de ma vie…*

Des larmes lui montaient aux yeux, elle les retint pour ne pas gâcher son maquillage.
Ce bal s’annonçait si bien, voilà qu’il promettait d’être le désastre du siècle.
Elle descendit au salon, où elle s’enfila un doigt de bourbon, histoire de se regonfler le moral.
Dix minutes plus tard, elle entendit la salle de bains s’ouvrir et se fermer. Un hippopotame secoua le palier sous la démarche « légère » de son futur cavalier.
Lorsqu’elle le vit arriver à son niveau, elle se mordit les lèvres pour ne pas éclater de rire. Il avait vraiment l’air « fin » ainsi endimanché… mais un quelque chose de… séduisant ? … atténua son hilarité.

* Il y a du travail à faire mais il a bien meilleure allure que tout à l’heure.*
Nous allons à Poudlard, chez des sorciers. Je suis une bonne sorcière, je suppose que vous êtes cracmol ?

Autant s’assurer qu’il ne causerait aucun ravage avec des sorts lancés à tort et à travers.

Il avait beaucoup rigolé de la mine offusquée de la donzelle. Lui n’était qu’un paillard, elle… tout l’archétype de la vierge effarouchée. Bah, pour lui faire plaisir, il se sécha et compléta sa toilette. Brossage des quenottes, lotions, lustrage des cheveux, il put enfiler le costard :

* Elle a l’œil pour les mensurations, pas comme moi...*

De sa dégaine lourdaude, il dévala l’étage jusqu’à elle qui s’enfilait de l’alcool.

On boit sans moi, fillette ? Pas bien ça !

Il attrapa la carafe de cristal et la téta goulûment. Pas contente la Miss…

Nous allons à Poudlard, chez des sorciers. Je suis une bonne sorcière, je suppose que vous êtes cracmol ?

Devait-il considérer cela comme une insulte ? Non puisqu’il s’agissait d’une vérité.

Te bile pas, je réussis aucun truc. J’suis pire qu’un moldu taré.

Là-dessus, le bourbon lui réchauffa à nouveau le gosier.

Arrêtez ! Je n’ai pas besoin d’un ivrogne.

Elle lui disputa la carafe mais parvint à empêcher qu’il ne la vidât.
Il fallait transplaner jusqu’aux grilles du parc à présent. L’heure s’avançait et ils seraient en retard s’ils traînaient.

Je vais vous prendre le bras. Nous tournoierons, ne résistez pas, c’est désagréable quand on n’a pas l’habitude puis… ça passe.

S’approcher de cet ours mal léché qui fleurait le Chanel ne fut pas la tasse de thé d’Angel qui s’efforça de garder bonne figure à ce contact qui l’horripilait.
Elle faillit rater ses trois D lorsque la main du malotru osa lui pincer la fesse.

* Ne pas le frapper, ne pas lui arracher les yeux… Dieu que j’en ai envie… *

L’arrivée à destination se fit heureusement sans souci. Les grilles furent poussées, le parc traversé, la porte du château s’ouvrit devant ce couple hétéroclite.
La grande salle était déjà bondée lorsqu’ils y pénétrèrent. Angel avait souhaité une entrée discrète, ce fut raté. Opal, son amie de toujours, s’approcha immédiatement :

Salut ma belle, Qu’as-tu fait de Benji ? C’est qui ?

Explications bidons sur un lointain cousin débarqué inopinément, patati et patata…
La sauce marcha… au propre comme au figuré.
Ce Ash était un porc dépourvu de manières. Il tapa le derrière d’Opal avant de se ruer sur le buffet.

* Goinfre, outrecuidant personnage ! * le traita mentalement Angel qui tenta de le freiner dans sa débauche gastronomique.

Il ne se privait de rien, celui-là ! Chocolat, crème d’anchois, saucisses… tout ce qu’Angel n’aimait pas, il en absorbait des quantités astronomiques.
Il fallut bien répondre à l’une ou l’autre question mais Angel la joua finaude en enrobant le tout d’un flou artistique.
Puis, vient l’heure de la danse. Angel, éduquée par sa grand-mère était divine sur un parquet… tant qu’il s’agissait de danses de salon. Cha-cha-cha, Rumba, Tango, n’avaient aucun secret pour elle ainsi que les valses. Or, l’orchestre en entama une.
Les couples gagnaient la piste, il aurait parut anormal qu’elle n’y aille pas. La mort dans l’âme, se doutant du désastre imminent, Angel interrompit Ash dans son pillage des plateaux pour l’inviter à l’accompagner.

Pas commode, la demoiselle. Elle voulait pas qu’il boive… ça promettait. Ah, elle voulait qu’ils aillent ripailler au bal ? Ok ! Il avait la dalle.
Ouais ! Elle s’accrochait à son bras. Réflexe, compatible avec son humeur en compagnie d’une belle plante, i ne put s’empêcher de lui pincer la fesse. Qu’elle apprécie ou pas, c’était pas son problème puisqu’il se voulait naturel.

* M***e, le transplanage, c’est pas marrant*

Déstabilisé par cette sensation d’être passé par un tube de caoutchouc, Ash se tint tranquille jusqu’au château qu’il jugea grand-guignolesque avec toutes ses tours tarabiscotées et ses illuminations démesurées.
L’accueil fut assez divertissant. Une jeune femme tint à les saluer, pouet pouet au popotin, elle n’apprécia pas, basta. Miam ! Quel Buffet ! Alors rien que pour ça, Ash fut heureux de s’y ruer. Pourquoi le regardait-on ainsi ? Eh, c’est pas tous les jours qu’il avait droit à bouffer correct, lui !
Il s’empiffrait joyeusement quand une tape sur l’épaule interrompit ses agapes.
La miss voulait danser ?
La bouche pleine, il répondit :

Pas question de t’écrabouiller les pieds là-dessus. C’est ringard à mourir !

Après avoir avalé, il s’attendrit de ces beaux yeux embués de larmes qui le dévisageaient comme s’il n’était qu’une larve.

Vais arranger ça !

Il s’essuya la bouche d’un revers de manchette et sauta sur l’estrade de l’orchestre.

Ohé, les gens ! On s’ennuie comme des rats morts, non ? Alors…

Il s’empara du clavier et commença à jouer un rythme effréné.
Un ange passa… Un troupeau d’anges passa, puis…

C’est pas vrai ! Voilà qu’il refusait de danser avec elle. Mortifiée, Angel subit :

Pas question de t’écrabouiller les pieds là-dessus. C’est ringard à mourir !
Vais arranger ça !

Elle le vit s’essuyer les lèvres avec sa manche comme un malotru de sa sorte puis bondir s’emparer du clavier sur lequel il joua… divinement.
Angel ne savait jouer d’aucun instrument. Elle suivait le rythme mais pianotait à peine. Là… c’était du grand art, elle le reconnaissait.
Si la réaction de départ fut un bide total, les mesures suivantes déclenchèrent l’exubérance. La folie s’empara de la grande salle qui vibra sur des airs inédits.
Ça se secouait de partout, s’amusait, rigolait. Interdite, Angel restait figée comme un piquet. Une bourrade dans le dos la fit se retourner :

Super ton vieux cousin ! Il déménage, c’est chouette !

Oui… il est bourru mais s’y connaît en musique…

Finalement, cette soirée se termina en apothéose. Chacun la félicita d’avoir donné à la grande salle une touche originale jamais égalée.
Ash maintint la pression jusqu’à une heure très tardive. Même Angel se prêta à quelques élucubrations corporelles sous les notes endiablées de son double. Puis…
DONG, dong, dong… (12 fois)
La salle s’évapora, Angel se retrouva dans la salle de bains, chez elle. Dans son dos, un lutin tout habillé de vert la narguait.

Alors ? ça t’a plu, ou non ?

J’ai survécu sans l’étriper même s’il le méritait.

Tu as gagné ton vœux. Expose-le-moi, je l’accomplirai.

Il y avait tant à souhaiter… Angel ferma les yeux, sourit et dit :

Je voudrais…

( vous ne le saurez qu’en lisant de nouvelles aventures d’Angel, bande de tits curieux)

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