Allongé sous un arbre dans le parc, Ness songeait avec une mauvaise humeur écrasante au monceau de travail qui l'attendait s'il ne reposait ne serait-ce qu'un seul pied dans l'enceinte du château. Mais voila, le soleil cognait fort, vengeant sa fainéantise par un mal de crâne insupportable, et s'il continuait ainsi à être amorphe sous un cagnard pareil, il finirait sans doute par hériter aussi d'un joli cancer de la peau.
Grincheux comme à son habitude, il se releva et se décida malgré les circonstances aussi démoralisante en dedans qu'en dehors de l'école, à rentrer, et, qui sait, peut-être même à travailler. Enfin, "travailler", il était plutôt question de mimer un effort vraisemblable en prenant un air concentré.
Rasant les murs pour éviter toutes mauvaises rencontres, entre autre un professeur (et encore, certains préféraient ne pas le voir et se réjouissaient de ses heures de sèchage intensif) ou un Rusard malveillant, le Serpentard se dirigeait vers sa salle commune. Les cachots, au frais, à l'ombre, et sans personne pour venir l'y déloger !
Personne... ? Alors qu'il poussait la porte d'un air soulagé, une immense lassitude le gagna à nouveau : elle n'était pas vide, et la jeune fille qui s'y trouvait semblait ravie d'être là. Plus un parasite est heureux là où il se trouve, plus il est difficile de l'y arracher. Et Ness s'apprêtait à sortir son venin habituelle, sa bombe insecticide verbale. Le premier qu'il croisait prenait lorsqu'il n'était pas d'humeur ! Il lança son regard vert et froid à l'inconnue :
_Bonjour, Ness Fury, 5 ème année. Si un prof te demandes, tu ne m'as pas vu, bien sûr.
Un ton presque indifférent que la formalité employée pour se présenter n'avait pas rendu plus agréable. Mais Ness restait dans les propos presque toujours courtois envers les inconnus. Au début. Car n'oublions pas qu'il était de mauvaise humeur.