Qui l'eut cru?[fe]

Finie sa confession, Michael la laissa parler. Il la voyait faire un effort pour demeurer sereine mais ça n'allait pas sans mal. Il sentait sa rage lui griffer l'âme et aurait préféré qu'elle le frappe à s'en fatiguer, mais Victoria n'était pas de celles qui perdent les manières.

Comme ils étaient loin les jours insouciants de leur rencontre. Il lui semblait que des siècles s'étaient écoulés depuis et ils avaient tant changé chemin faisant. Elle lui jeta à la figure toutes ces vérités qui l'avaient meurtrie et dont lui seul avait la faute. Sa haine envers Alix n'était que trop évidente...comment lui en vouloir si elle la faisait coupable de la perte de leur enfant? Il est des choses qu'une femme ne pardonne jamais. Ses raisons pour le fuir n'étaient que trop valables...elle voulait se mettre à l'abri de ce sillage de poisse qu'il trainait avec lui.

Lui reprocher de ne pas avoir essayé de la chercher n'était qu'un grief de plus. Que dire?...Que son abandon l'avait blessé au point de le rendre sourd et aveugle? Qu'il avait, encore une fois, perdu ses repères et était resté à se lécher les blessures comme un animal blessé au fond de sa tanière? Qu'il était trop égoïste pour admettre ses erreurs? Ça, elle le savait sûrement mieux que lui. Que son amour pour elle n'avait pas suffi pour pouvoir créer un misérable patronus qui la chercherait et trouverait au bout du monde?...et que pourtant à la seule e´vocation d'Alix, le cougouar avait resplendi comme jamais...Non. Ça jamais. Ce serait lui enfoncer encore plus le poignard dans le cœur. Il est des choses qu'on doit taire au prix même de la vie.

Les larmes finirent par avoir le dessus. Debout, à deux pas de lui, elle lui apparut si démunie...si frêle...si désespérée comme il l'était lui même, pourtant elle ne baissa pas les yeux en lui criant presque ces derniers mots...l'atteignant au plus profond de son âme.

Je ne veux pas que tu partes, jamais. Tu es mon mari, le père de notre futur enfant et, en dépit de tout ce que tu as pu faire… je t’aime et t’aimerai toujours.

Qu'importait que le monde le juge et le condamne! Si elle l'aimait et voulait de lui à ses côtés il n'avait que faire de l'avis de personne d'autre. Sans pouvoir articuler un mot, luttant contre ses propres larmes, il ne trouva rien de mieux qu'à avancer vers elle et la prendre dans ses bras pour la serrer contre lui comme s'il craignait de la voir disparaître.

Je ne partirai pas, mon amour...plus jamais, crois moi, je t'en supplie...tournons la page. Recommençons à zéro...

C'était sans doute trop demander mais il ne voulait qu'y croire. Tant qu'elle serait prés de lui, il serait à l'abri du cauchemar.

Tu es ma force, Vic...ma seule et unique force. Sans toi, je n'aurais jamais pu survivre à l'horreur...

Et il ne mentait pas, même Alix y avait vu clair. Prenant son visage entre ses mains, il la força à le regarder, sans se soucier le moins du monde d'être en train de pleurer, lui aussi.

Je t'aime, Vic...pardonne moi mes erreurs à répétition...pardonne mon arrogance, mon égoïsme...Restons pour toujours ici, loin de tout...seulement nous et nos enfants. Oublions le reste du monde et bâtissons le nôtre, à nous seuls...

Lentement, doucement, il commença à l'embrasser. Sa vie en dépendait. Jamais il n'en aurait assez de cette bouche qui peu à peu se plia à la sienne, s'entrouvrit comme une fleur pour répondre à cette avance.

Victoria ne protesta pas quand il la dépouilla de sa robe de chambre et la mena vers le lit encore défait. Les larmes s'étaient taries, faisant place à une délicieuse passion qui sembla effacer l'amertume des derniers moments...reproches oubliés, promesses répétées...seuls comptaient ces instants parfaits où ils se retrouvaient comme si jamais la vie ne les avait si cruellement séparés.

Sarah fut la première à les apercevoir quand ils se rendaient à la salle à manger. Abandonnant sa, énième, dispute avec Tsunami elle fonça vers son père à toute la vitesse permise par ses courtes jambes.

Papa!!!

Michael aurait pu en pleurer de bonheur en la réceptionnant dans ses bras. Arrivant derrière sa sœur, sans trop se presser, enfin de comptes y avait pas le feu, Lucas ,lui alla vers sa mère en quête de sa bise. Ce matin, Bikita qui l'avait tiré du lit et il n'y était pas habitué.

Les conversations se turent comme par enchantement à l'instant où la famille au grand complet passa le seuil de la salle à manger.

Aylinna contempla la scène et un sourire apaisé lui illumina le visage. Enfin, elle entre voyait la paix tant souhaitée pour Michael et Victoria. À ses côtés, son mari hocha la tête, ébauchant lui aussi un sourire.

Nate arqua un sourcil, surprise. Quand Justin l'avait rejointe un peu plus tot ce matin, la mettant au courant de la conversation qui avait lieu entre les époux, rien ne laissait présager cette resplendissante apparition. Son mari les observait aussi, à la recherche de blessures évidentes ou autres hématomes révélateurs...mais, à première vue ils étaient ravis et bien portants. Mrs. Davenport soupira et donna un coup de coude discret à son chéri qui semblait aussi ébahi que s'il avait vu le St Esprit atterrir au milieu de la table.

Charlie arrêta net ce qu'elle était en train de raconter à Dess et coula vers les nouveaux arrivants un regard freudien à ne plus en pouvoir...mais finalement satisfait. Étranges détours de l'esprit humain..de la misère la plus profonde au bonheur le plus éclatant. Pourvu que ça dure!

Quelle soirée ! Par ses aïeux, Mrs McGonagall n’aurait pu rêver réveillon plus… disparate. Les uns rigolaient, d’autres se forçaient incontestablement à donner le change ; leur hôte, entre autre. Pas à dire mais De Brent faisait de louables efforts pour ne pas grimacer.

*Il n’est pas du tout à l’aise. Croirait-il que nous sommes venus le juger ?*

Cela la surprenait un peu car, connaissant Michael depuis ses onze ans, elle savait ce garçon meilleur que ce qu’il affichait. Elle avait toujours douté de son adhésion pleine et entière aux forces du mal. Qu’il ait abandonné la gentille Victoria avait été douloureux pour la vieille dame, surtout en sachant ce qu’il avait commis après : l’adultère. ça, la rigueur de Minerva ne l’encaissait pas.
Elle aurait bien voulu causer à ce curieux jeune homme mais les circonstances de la soirée ne le lui permirent pas. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, elle tenta de dérider ce qui pouvait l’être : son esprit.
Aussi l’ex-professeur de métamorphose s’amusa-t-elle comme elle put. Le babil d’Aylinna n’était pas assommant ; regarder les uns et les autres était tout un spectacle ; surveiller Sibylle… un calvaire.
*J’aurais dû lui confisquer sa baguette ; elle transforme tous mes thés en Xérès…*

Un incident, banal en apparence, mais lourd en sous entendus se manifesta avec le retour de Lord Cavendish assez décomposé :

*Michael a rendu sa baguette ? Se sent-il à ce point menacé ?*

L’hôte disparut un moment puis reparut avec ses enfants. Dess suivait, la mine un tantinet ravagée :

*Encore une qui ne sait pas faire son deuil.*

Voir ensuite Charlie et le cracmol de Robert flirter gentiment la détendit. Minuit vint avec le champagne. La coupe de Mrs Trelawney se répandit… bizarre, non ? Mais elle se remplit aussitôt…
On se souhaita mille bons vœux et, embrassant Michael sur les deux joues, son vieux professeur ne put que murmurer :

Trouve la tranquillité, Michael. C’est tout ce que je peux te souhaiter. Tu sais en qui elle réside. Bonne année, à toi et à eux !

Cela n’eut pas l’air de marquer De Brent qui fit « semblant » de s’occuper de son épouse. Vic n’allait pas trop bien non plus. Pas besoin d’être Sibylle pour s’en convaincre.
C’est quasi avec soulagement que Minerva vit l’heure de la retraite sonner. Si Justin raccompagna Michael, elle se chargea d’une Trelawney passablement éméchée.

*Tous ces efforts pour rien… Au moins n’a-t-elle pas déblatéré n’importe quoi*

Chambre commune… Bah ! Minerva pourrait ainsi veiller sur Sib toute la nuit, au besoin.
Le matin arriva sans qu’aucun événement ne les dérangea. Sa compagne se montrait assez enjouée, comme si rien des tensions antérieures ne l’avaient affectée.

Allons déjeuner. Nous rentrerons à Poudlard juste après, veux-tu ?

Ce qu’elles étaient venues chercher avait trouvé sa réponse. Vic et Michael avaient des comptes à régler. Elle était personnellement convaincue de son « innocence ». Tout était bien.
Voir arriver ce couple rayonnant, cette gamine sauter au cou de son père, mit du baume au cœur usé de Mrs McGonagall.
Ils s’étaient ressoudés, aucun doute là-dessus. Cela la fit sourire par-dessus ses lunettes carrées. Avec de la chance et de l’amour… tout n’est-il pas possible ?

Comment des paroles d’enfants pouvaient-elle faire aussi mal ?
Tsunami et Sarah se bagarraient, comme souvent depuis qu’elles se connaissaient alors que Luca et Little boy s’entendaient à merveille.
Entendre Sarha pérorer qu’elle au moins avait un papa et Tsunami répliquer qu’elle en avait deux avait profondément atteint Dess.
Elle-même était constamment coupée en deux. Entre un mari fantôme et un tendre ami qui ne souhaitait que de devenir plus proche : Bryan qui en serait sûrement très heureux depuis le temps où ils jouaient à cache-cache.
Sa fille avait raison, elle avait deux pères. L’un était absent, elle ne l’avait jamais vu, l’autre n’était pas reconnu comme tel mais lui était présent très souvent et on ne pouvait nier qu’il adorait les jumeaux comme les siens proches. Après cette « fête » qui tournait au semi cauchemar, Dess prit la résolution de clarifier ces faits. La dissolution de son mariage serait officialisée et elle dirait oui à Mr Green.
L’attitude de Michael, leur hôte, n’avait rien de réjouissant. Il vint séparer les belligérantes mais la jeune femme ressentit sa… douleur, assez voisine de la sienne quoique les raisons en soient différentes.
Au départ de cette invitation, elle n’avait pas saisi les intensions de Victoria. La similitude de leur cas la frappa. Elles avaient toutes les deux épousé des Mangemorts qui les avaient abandonnées longtemps.

*Vic a de la chance, il lui est revenu même s’il l’a trompée*

Elle l’enviait… Même si elle pouvait comprendre la souffrance que d’être trahie pouvait engendrer dans un cœur épris. Au moins son époux était là maintenant tandis que le sien brillait par son absence depuis deux ans et quelques… Bryan n’avait pas ménagé ses recherches mais jamais traces de Shima n’étaient remontées à la surface.

*Qu’il pourrisse en enfer !*

Cette résolution amena une sorte de sérénité chez la jeune femme qui s’empara de sa diablesse et de son ange pour suivre un Michael sombre quoiqu’il tentât de donner le change.
Ironique en regardant le dos de son hôte, elle pensa :

*Pas facile d’avouer ses péchés... Tu devras pourtant le faire Michael… par amour pour Vic. Quelle tête aurait eue Hiro s’il était revenu après ses escapades… Sûrement la même… Tu souffres ? Je ne te plains pas le moins du monde.*

Ce n’était pas charitable mais ayant quasi vécu la même situation que Victoria, et vu la manière dont celle-ci avait pris les choses, il ne pouvait en être autrement. Si Victoria et Dess étaient de très bonnes amies, ce n’était pas pour rien. Le malheur ça rapproche…
Minuit vint avec son cortège de vœux arrosé de champagne. Mrs Shima avait plutôt envie de mordre la joue de Michael que de l’embrasser mais elle lui lui souhaita néanmoins une bonne année ainsi qu’une bonne santé. A vic, beaucoup plus chaleureuse, elle souhaita tout le bonheur du monde et un très bel enfant.

*Au moins le tien ne te dévore pas de l’intérieur comme les miens le faisaient en présence de leur père.*

Cette constatation figea Dess un moment comme frappée par la foudre. Si leur enfant ne rendait pas malade Vic… cela signifiait-il que Michael n’était vraiment pas si… mauvais ? Elle lui coula un regard neuf, dénué d’aménité. L’idée était peut-être tordue mais pouvait être très possible… Dans le fond, Victoria, même amoureuse folle, avec ses principes et religion, n’aurait pas toléré de vivre sous le toit d’un assassin notoire. Elle, Dess, savait la noirceur de Hiro dès le départ. En cela elle différait de Vic…
Toutes ces réflexions furent chassées par les vœux des autres convives. Trelawney ne manqua pas de lui souffler des choses qui la firent sourire. McGo fut chaleureuse, Nate aussi et Justin… emprunté.

*Mais qu’est-ce que j’ai qui le dérange ? Chaque fois que je le vois, il est mal à l’aise…*

Les souhaits de Charlie prouvèrent sa parfaite perspicacité sur ses futures intentions envers Bryan. Elle les lui rendit avec un clin d’œil en direction de Robert, le très séduisant Moldu avec lequel elle flirtait un peu. Sa meilleure amie avait bien droit à un peu de bonheur après tout…
Les dernières coupes vidées, les enfants bordés, (Tsunami ayant subi le sortilège du grosdodo), Mrs Shima se retira laissant Charlie poursuivre sa soirée telle qu’elle l’entendait. Elle ne sut pas à quelle heure celle-ci vint la rejoindre dans leur chambre commune.
Le lendemain, au déjeuner, quand elle se présenta dans la salle, les figures des autres semblaient inquiètes. Dess n’eut pas longtemps à attendre pour en connaître la cause : les hôtes devaient être en pleine bagarre.

Elle prit une inspiration et déclara sans ambages :

Michael n’est pas mauvais. Comment je le sais… ce serait trop long à expliquer mais vous verrez. Ça m’étonnerait qu’ils se tapent dessus, et…

Quand on parle du loup… Ils arrivèrent si radieux que leur entente sautait aux yeux.

*Ils se sont battus mais sur l’oreiller…*

La plupart semblaient surpris, elle pas. Une fois de plus, Dess envia Vic mais chassa vite ce petit pincement. Bientôt une nouvelle vie s’ouvrirait pour elle avec Bryan. Alors…
Elle sourit franchement quand ils prirent place dans l’assemblée.
Tiens, Justin lui coulait encore un étrange regard.

*Faudra que je demande à Nate ce que j’ai fait de travers*

Dans l’atmosphère beaucoup plus détendue que la veille, Bikita s’affaira autour des hôtes en leur proposant un fabuleux petit déjeuner.

Son verre de Xérès changea de goût tout à coup. Sibylle faillit recracher sa gorgée et soupçonna fortement Minerva de lui jouer ce tour.

*J’ai bien le droit de boire un coup ; vous le faites tous.*

Quoi de plus simple que de changer son eau en vin quand on est une sorcière chevronnée. Mrs Trelawney n’échappait pas à la règle et retransforma ses boissons chaque fois qu’elle en eût l’occasion. Quelle charmante soirée ! Tout le monde s’amusait et discourait.
Trop absorbée à s’occuper du contenu de ses verres, la devineresse ne perçut strictement rien de la tension régnante.
Elle ne vit pas le conciliabule Justin-Charlie mais aperçut Robert Rockwell.

*Ce serait bien pour Victoria d’avoir la paix avec un homme comme ça !* pensa-t-elle, réjouie, dans un premier temps. Puis, elle se gourmanda intérieurement.

*Ah, non ! Pas du tout, en fait. J’avais prédit à Michael qu’une troisième femme viendrait dans sa vie après cette Kendra et cette Mystery. Cette femme serait l’unique ; c’EST Vic ! Je l’ai toujours su. Et rien ne m’a fait démentir jusqu’à ce que ce goujat ne fasse ce qu’il a osé. *

Au moins essayait-il de se racheter. Là, Sib ouvrit ses deux yeux ( le troisième étant bel et bien fermé pour le moment)
L’attitude de leur hôte ne lui échappa pas cette fois. Elle dut reconnaître que ce jeune homme manifestait toutes les peines du monde à maintenir une apparence sereine.
Tant qu’à bavarder, Trelawney s’essaya avec Lord Cavendish mais Aylinna lui coupa la chique de façon assez cavalière. Que craignait-elle ? Qu’elle lui pique son frais époux ? Rien que cette pensée la fit rire seule. Tous la prenaient pour une douce folle alors pourquoi se gêner ?
Lorsqu’elle comprit que Michel avait donné sa baguette à John, la devineresse n’eut pas besoin de son don pour capter la situation même si elle la comprit de travers :

*C’est une sage décision, mon garçon. Quand on a trop bu, jouer avec ces bois peut être dangereux, je sais de quoi je cause.*

Leur hôte lui semblait si bizarre qu’elle crut vraiment à un excès de boisson. Pourtant, même Victoria faisait des efforts pour paraître sereine. C’est alors que Sib se mit à cogiter. Au départ, elle ne s’était posée aucune question sur cette invitation. Puis, une grande frayeur s’empara de la voyante :

*Elle veut ses amis autour d’elle parce qu’elle a peur… peur de son propre mari… quelle horreur !*

Pleine de commisération, Sibylle ne put empêcher une larme de tomber dans son verre. Elle rattrapa la seconde, de justesse car du Xérès salé ce n’était pas le pied.

*Pauvre petite ! Enceinte, en plus…*

Puis une idée la frappa.

*Michael n’est pas un mauvais garçon, sinon, elle l’aurait envoyé au diable car elle a du caractère et du bon sens. Et je connais De Brent depuis si longtemps que je n’aurais pas raté de percevoir une aura de malveillance si celle-ci existait… Donc… je me trompe !*

Des pleurs au rire, personne ne s’étonna des mines changeantes de Sibylle. Elle était aux anges de s’être trompée. Vic n’avait pas peur de son époux ; elle voulait courageusement prouver à ses invités qu’il n’était pas l’ogre redouté. Si elle était tendue c’est parce que Michael, lui, interprétait mal ses intentions dans l’organisation de ce réveillon.

*Je dois lui parler, à ce garçon !*

Elle se leva dans cette bonne intention pour se prendre les pieds dans le bas de sa longue robe, ce qui la fit retomber sur son siège avec un fort cliquetis de la quincaillerie qu’elle portait invariablement. D’ailleurs, malgré sa vue légèrement troublée à cette heure avancée, elle eut beau le chercher, elle ne le distingua pas parmi l’assemblée.
Pile avant minuit, il reparut avec une mine de chien battu. Mais le champagne coula, alors Sib nargua McGo en se servant deux coupes d’affilée. Il fallut bien parvenir à se lever et ne pas tanguer en embrassant les uns et les autres.

Ma chère Victoria que te souhaiter d’autre que ce que tu ne saches déjà : du bonheur, beaucoup de bonheur.

A Michael, elle se contenta de vœux traditionnels se mordant la langue pour ne pas lui dire : ne fais plus souffrir Vic, ni cette année, ni les autres à venir.

Pour Dess, elle eut une attention spéciale :

Très chère enfant, je vois le bonheur pour toi, cette année. Pas de doute, elle sera brillante.

McGo, Charlie, Justin, Nate et Bob reçurent aussi diverses prédictions plus basée sur l’évidence que sur son don.
Elle se sentait très lasse après ce déballage et soupira d’aise quand Minerva la remorqua jusqu’à leur chambre.
S’écroulant comme une masse une fois rafraîchie, aidée par son amie qui lui fit un sermon sur l’alcool (pour changer), elle s’endormit comme un loir.
Au réveil, un peu vaseuse, elle reçut un conseil :

Allons déjeuner. Nous rentrerons à Poudlard juste après, veux-tu ?

Oui, bien sûr ! Elle n’avait guère envie de s’habiller de suite. En robe de chambre en pilou, elle s’assit à la table en y saluant distraitement divers convives.

*Pourquoi tirent-ils ces têtes ? Justin a l’air de redouter une catastrophe…*

L’arrivée de Dess ne modifia pas la tension, et Sib ne fut pas sans comprendre ce qui se passait : les époux devaient s’entredéchirer.

*Certainement pas ! Ils sont faits l’un pour l’autre. *

Ce que dit l’Auror la fit sourire :

Michael n’est pas mauvais. Comment je le sais… ce serait trop long à expliquer mais vous verrez. Ça m’étonnerait qu’ils se tapent dessus, et…

La suite devait le leur prouver à tous avec l’entrée en scène de cette charmante famille recomposée. Si elle l’avait pu sans paraître grotesque, Trelawney aurait dansé et joie en proclamant de « je l’ai toujours su » à qui mieux mieux.
La bagarre interrompue avec l’arrivée de son père entre Tsunami et Sarah n’émut personne. Un généreux petit déjeuner leur fut servi par une Bikita empressée et manifestement ravie.

*Voir ses maîtres heureux doit la réjouir…*

Elle allait croquer allègrement un toast à la marmelade d’orange quand sa vision se brouilla. Tout tournoya. Sans avoir conscience elle se dressa, yeux exorbités, voix rauque :

Temps du malheur, temps du bonheur alterneront. Un temps étrange sévira ; la bête surgira. Prenez garde ! Prenez garde.

Plouf, elle piqua du nez dans son assiette d’œufs brouillés, retenue à temps par une McGo affolée. Des bribes de paroles lui parvinrent, elle reprit connaissance :

Pourquoi tirez-vous ces têtes ? Ne me dites pas que j’ai… Minerva, qu’est-ce que j’ai dit ?

On lui répéta ses paroles, elle baissa la tête :

Je suis une vieille folle… ça ne veut rien dire du tout. Oublions-ça, voulez-vous ?

Elle se mentait à elle-même mais n’en avait cure désirant avant tout rétablir la sérénité qu’elle venait involontairement de troubler.
Le petit déjeuner se termina dans un silence pesant où beaucoup devaient se poser des questions sur cette prédiction bizarre.
Habillée, Sib et McGo firent leurs adieux à leurs hôtes. Embrassant Victoria, Sib lui glissa :

Elle sera superbe, son avenir est lumineux. Merci pour cette soirée. Tout ira bien.

Accrochée à McGonagall, elle s’évapora.