Tout chavira en même pas un clin d’œil.

-Ne t'inquiète pas, il n'existe pas encore de poison entre moi et ma proie qui m'annihilera. Mais à ce que je vois, il est trop tard pour la prévention, l'heure est à la guérison! Parle! Où prends-tu tes ordres?

Il n’avait pas compris ?
Déboussolée, Alix se retrouva toujours sagement assise sur son siège mais le décor avait changé.
Des cris, hurlements lui vrillèrent les tympans. Qu’est-ce que c’était ?
Au bord de l’épouvante, Miss Blackstorm se concentra. Plongeant en elle, elle récupéra force et morgue.

*Un point pour toi, Larsen ; gare au chien de ma chienne !*

Ces cris étaient ceux de ses victimes indirectes, des échos jamais ouï. Elle les encaissa sans piper mot, profondément concentrée sur l’attitude à adopter.

-Bienvenue, au royaume des ombres. Tu ne sortiras d'ici que si tel est mon souhait. En attendant tu es condamnée à craindre pour ceux qui te sont chers. Alors, je t'en prie. Pour qui es-tu?

Calme, froide, Alix brava :

Je ne prends d’ordres de personne, je suis… pour moi, uniquement ! Je pourrais t’inventer n’importe quoi mais je ne t’ai dit que la stricte vérité. Craindre pour ceux qui me sont chers ? Il n’en est qu’un, tu devines lequel. Notre histoire n’aurait jamais dû commencer, nous ne l’avons pas cherché : nous nous aimons. Je ne lèverai pas le petit doigt contre De Brent *même si j’avais des preuves de son double jeu soupçonné*. Je suis telle que toujours, une fidèle du Lord. Jamais je n’ai pris Michael en faute. Il a torturé, supprimé, ceux qu’on lui désignait. Mais… ( sa voix se brisa) c’est terminé. Je ne le vois plus et ne sais pas où il est. Tue-moi si ça t’amuse, je n’ai pas trahi et ne trahirai pas. Tu commettrais une grosse erreur dont notre Maître te sera redevable, à sa façon…

Alix avait tout dit, tout avoué. Elle n’était qu’une femme prise au piège de l’amour fou. Volontairement aveugle sur les agissements de son amant, elle le défendrait bec et dents.
Plongeant fermement ses mirettes bleutées dans celles de Larsen, elle conclut :

J’aime Michael mais l’éliminerai si besoin était.

Lars plissa les yeux. Il ferma les yeux, compta jusqu'à deux, puis les rouvris. Il lui fallut deux secondes pour parachever son plan, trois pour estimer le temps qu'il pouvait maintenir l'illusion. Certes elle ne s'alimentait pas dans ses réserves mais les esprits veillaient et il ne fallait pas qu'il lâche sa proie. Celle-ci n'avait pas dit son dernier mot. Les détraqueurs se rapprochaient inexorablement. Ce monde était le leur on ne peut plus légitimement. Aucun ne s'approcha de Larsen aussi sûrement que s'il avait eu le sida et que son sang mélangé à du cianure se répandait au sol. En effet, il n'y avait plus grand espoir ou désespoir en lui, sa vie était un long manuscrit qui attendait sagement sa publication. Il avait vu trop d'hiver pour penser à se reconstruire. Alix était plus jeune, elle venait de trouver un amant, sans doute les créatures la préférerait-elle. Mais elle ne céderait pas, se dit Lars, il en fallait davantage pour se débarasser d'elle.
-Le Maître n'appréciera pas les traîtres. Et la Marque des Ténèbres flottant au dessus de ta maison quel déshonneur... Mais comme moi tu n'en as cure, n'est-ce pas?
Sache que je te crois- ou que tu as le bénéfice du doute. Tu ne le vendra pas, mais répond-moi, as tu d'une manière ou d'une autre pris contact avec lui?
Le Mangemort à la Cape visa Blackstorm à une vitesse inouïe, la vue ne pouvait lutter. Il activa deux sorts, le premier n'était qu'un sort mineur sans puissance offensive, facile à repousser. Dans son ombre, invisible et de cette manière le seul moyen qu'elle avait de s'en débarasser était de repousser le second sans la moindre magie pour éviter que la concentration de maléfices inconnus n'en créé un plus puissant, il envoya le sortilège de Désarmement. Bien entendu il ne les formula pas, mais leur puissance était mineure pas Larsen ne se protégea pas d'un contre.
-Navré, mais je n'ai pas l'intention de te tuer. À vrai dire je te conserve mon amitié. Mais ma dette s'efface car j'aurais du à l'instant t'éliminer. Sache que le Lord saura tout.

Elle ne savait pas trop ce qui se passait mais elle fut aussi calme que déterminée. Pavillons ouverts, elle se concentra.

Le Maître n'appréciera pas les traîtres. Et la Marque des Ténèbres flottant au dessus de ta maison quel déshonneur... Mais comme moi tu n'en as cure, n'est-ce pas?

C’était trop comique. Il la connaissait assez pour comprendre à demi-mots, non ? Elle ne répliqua point, attendant la suite.

Sache que je te crois- ou que tu as le bénéfice du doute. Tu ne le vendras pas, mais réponds-moi, as tu d'une manière ou d'une autre pris contact avec lui?

Ah ! A question directe, réponse directe :

Je l’ai contacté, juste avant le début du repas. Je l’ai prévenu, via patronus, que tu étais sur ses traces et qu’il ne devait pas venir. Désormais, cette demeure lui est interdite. Nous n’avons pas bougé où je me trompe ?

La suite la dérouta. Alix ne pigeait pas du tout ce qu’entreprenait Larsen mais les lieux bouillaient de magie.

*Protego totalus !*

Navré, mais je n'ai pas l'intention de te tuer. À vrai dire je te conserve mon amitié. Mais ma dette s'efface car j'aurais dû à l'instant t'éliminer. Sache que le Lord saura tout.

Grave, Alix soupira :

Merci de me conserver ton amitié, c’est partagé et tu le sais. Me tuer ? Pourquoi ? Je n’ai rien fait contre notre Maître. On oublie notre dette, d’accord. Tu veux mettre le lord au courant ? Au courant de quoi ? Il sait tout, et depuis longtemps mon ami. Serais-je en vie s’il doutait de ma fidélité ? Non, bien sûr que non. Il m’a fait connaître sa suspicion, Je suis là, preuve vivante de non trahison. Change de cible. Je pense qu’il te met à l’épreuve… Ne te fourvoie pas.

Un silence lourd de réflexion s’appesantit. Miss Blackstorm le rompit :

Libère-moi que je puisse t’administrer l’antipoison. J’ai pris mes précautions, ne m’en veux pas. Tu as agis, j’ai fait de même. Jamais je n’ai menti. Gave-moi de Véritasérum si tu le juges utile mais ce serait du temps perdu, tu ne peux l’ignorer.

Fidèle à elle-même Alix le dévisagea de son petit sourire dénué de sentiments.

Larsen n'eut aucune réaction autre que de glisser sa main droite dans sa poche. Parfait, il avait gagné le temps qu'il lui fallait. Soit, il ne fallait pas faire tarder ce sortilège, il n'y avait plus intérêt. -Non, en effet. Mais sache que si quelqu'un venait à l'instant il ne pourrait nous voir. De même que si tu peux rester assise, il t'es impossible de déplacer la chaise.
Il fit quelques pas, lent et mesuré comme un chef d'orchestre commandant un requiem. Puis, il répondit. "Le Maître sait tout? Même que tu tentes de me doubler? Ou que tu cherches même peut être à m'empoisonner?". La voix était calme et il n'y perçait nul agacement.
Alix abattait l'un de ses ultimes atouts, peut-être même sa dernière carte. Mais Lars avait mieux, il lança un sort et il apparu sur le sol, ou du moins à hauteur du sol puisqu'il n'y avait que des ténèbres -et pourtant ils se voyaient l'un et l'autre comme en plein jour- un assortiement de mets. Une sorte de synthèse du repas qu'il désigna.
-Sortilège de Pseudo-Gavage une de mes inventions de jeunesse, quand j'étais à Poudlard. Tout ce que l'on avale disparaît, pratique mais voilà bien deux décennies qu'il ne m'avait pas servi.
Il fit un autre geste et la nuit fondit dans une Aurore éclair.
-Je prendrai très bientôt la charge de De Brent. Il me semble que le Maître t'as demise sur ce coup là.

Larsen fit un mouvement indéfinissable et quelque chose qui l'était tout autant chuta. Une sorte de pression, qui, en diminuant donnait une légère nausée. Il y eut un courant d'électricité statique qui parcourut l'atmosphère, couru dans la piece et puis les ténèbres, le froid et l'apréhension s'en furent comme s'il n'avaient jamais existés. Étrangement, aucune nourriture n'était répandue au sol, ça n'avait été qu'un bluff Le Mangemort à la Cape ne s'était pas privé d'un repas qu'il avait d'ailleurs trouvé excellent, quand bien même il eut été son dernier. Il lui avait été plus facile de créer des illusions convainquantes hors de la dimension normale. En augmentant ou en diminuant le taux de magie dans l'air, il pouvait alors créer des mondes parallèles. À celui qu'ils venait de quitter il avait insufflé une dose de magie noire terrifiante qui aurait terrassé la plupart des gens. Cependant, il y avait là deux des plus grands mages noirs de ce siècle et ni l'un ni l'autre n'avait été abattu.
-Alix, comme tu l'as dit je me dois de prendre congé à présent. Spéro Patronum!
Le dhole bondit. Il avait le corp svelte encore que puissant, sa queue battait l'air aussi furieusement qu'un dompteur bat son fouet. Il ouvrit la gueule et, dans un cri guttural qui blessa la nuit , la touchant au plus profond tel le remord et l'amertume de larmes jetées devant une mort inéluctable, il leva la surveillance de la demeure. Larsen s'inclina brièvement et, en bulgare, dit:
-Rends-moi un service, si tu croises Ellinger... Dis lui que je suis sur ses traces. Ainsi je saurait ce qu'il a en tête. En contrepartie, ajouta t-il revenant à l'anglais, ma recherche de De Brent évitera les inquisitions poussées sauf si elles s'avèrent... inéluctables.
Il ouvrit une fenêtre et s'en fut comme il était venu. Ce afin d'éviter de croiser quiconque. Mais lorsqu'il retrouva sa demeure, le premier serviteur qu'il croisa fut decapité plus vite que la vue, dans un mouvement impitoyable de la baguette au bois de hêtre qui siffla de joie.