Repas en tête à tête [ Fe Tonks ]

Le monde moldu ? En effet, et plus particulièrement un des nombreux restaurants qui parsemaient le centre commercial le plus proche du Chaudron Baveur. Pourquoi était-il là ? Peut-être parce qu'il avait toujours aimé ce genre de petit plaisir, de plus, ici, il n'était guère sujet aux ragots concernant son état de loup-garou. Il pouvait manger sans être le point de mire de toute l'assemblée. De plus, il n'avait pas un look de pauvre. En effet, un jean, pull et un long manteau, bien que le long manteau soit sur le porte manteau de l'entrée du restaurant finalement. Enfin toujours est-il qu'on avait fait des efforts.

Et puis la nourriture moldue était la même que du côté sorcier, le seul bon côté était qu'ici, il était disons plus libre de ses propres gestes, sans qu'on risque d'y voir une attaque visant à déstabiliser le ministère. Quand on vous dit que parfois, une petite évasion de l'autre côté de la barrière avait son avantage, ce n'était pas pour rien. De plus, il avait été faire quelques achats dernièrement. Bien sur il n'était pas quelqu'un de riche, mais malgré tout il avait assez pour vivre et s'acheter vêtements et autres à côté désormais. Et aujourd'hui ce fut notamment des achats de livres, moldus bien sur, et oui on enlèvera pas la passion des livres pour ce cher Rémus. Cela avait toujours été, et pourquoi des livres moldus ? Car cela changeait de l'ordinaire et surtout cela détendait, un bon livre au coin du feu.

Mais revenons à maintenant, ou il était attablé à une table pour deux, mais seul, le menu dans les mains, se demandant ce qu'il allait bien prendre. Oh ce n'était pas du très grand restaurant, une simple petite brasserie, mais c'était tout ce qui comptait. C'était bien plus convivial que dans les grands restaurants avec tous ces gens de la haute. Et Rémus n'y serait pas à sa place, il ne s'y sentirait pas du tout à sa place. On avait trouvé ce petit restaurant, brasserie, dans un des centres commerciaux de Londres. On faisait rarement les boutiques, mais le magasin de livres étant juste en face, on en profita. De plus, il y avait peu de passage dans les alentours, on ne risquait pas d'être observé pendant qu'on mangeait finalement.

Il était temps de choisir, encore fallait-il savoir quoi, pour cela qu'il était plongé avec assiduité dans son menu. Trop de réflexion, tuait la réflexion. On ne s'attendait pas à voir arriver quelqu'un, et quel quelqu'un !

Shopping. Raison de vivre pour de nombreuses demoiselles, et Tonks en faisait partie…. Du côté modéré, du moins. Car elle admettait sans problème qu’une bonne matinée à faire le tour des boutiques était sûrement aussi bien qu’un psychologue, en beaucoup, beaucoup moins cher. Enfin .. cette dernière conclusion n’était pas toujours totalement vraie. Il lui arrivait parfois de céder devant de superbe T-shirt colorés de multitudes couleurs toutes plus attrayantes les unes que les autres. Et puis, comment résister par exemple, devant ce superbe bout de tissus noir sur lequel s’affichait en gros un Liberty et quelques étoiles roses. Non, vraiment, ça aurait été bête de laisser passer cette bonne affaire … Et sans y réfléchir, Tonks sortit du magasin, un sac en plastique se balançant dans sa main, un sourire satisfait sur le visage. Une vraie adolescente.

Donc oui, pendant deux heures, elle marcha dans les rues du Londres moldus, elle se perdit même, elle s’attira quelques regards courroucés au vu de ses cheveux plus que voyant, mais jamais ce petit sourire ne quitta ses lèvres. Comme si elle savait que la journée serait très, très bonne. Car oui elle avait commencé par un réveil tardif. 9h. Jour de congés, qu’elle attendait depuis une semaine déjà. Quel bonheur de pouvoir trainer, prendre son temps, ne pas courir pour être à l’heure. Et puis, soudainement, elle s’était donc décidée à aller shoppiner un peu, au début sans même vouloir acheter. Mal lui en pris, n’est-ce pas ? Et voilà que maintenant, elle ne savait plus quoi faire, partagée entre une faim de loup qui faisait gronder son ventre et l’envie presque pressante de rejoindre son chez-elle.
Comme mût par un instinct incompréhensible – celui qui était appelé féminin, sûrement -, elle se dirigea machinalement dans le centre commercial vers une petite brasserie où elle allait parfois, et pénétra dans le lieu bien chauffé. Un soupire d’aise franchit ses lèvres, et elle jeta un coup d’œil autour d’elle, plus par habitude et pour être sûre de ne pas être repérée qu’autre chose. Et quel ne fût son pas son étonnement d’apercevoir Rémus ! Pendant quelques secondes, l’auror resta là, à l’observer, un sourire presque rêveur sur le coin des lèvres. Il s’était super bien habillé, aujourd’hui. Ce jean lui allait à ravir, et le pull était tout comme elle les aimait. Ho bien sur, pour elle, tout allait sur Rémus, et elle aurait pût lui faire porter dans ses rêves n’importe quoi – et croyez-moi, il vaut mieux que vous ne sachiez pas tout-. Enfin, elle se décolla de la porte, et s’avança en affichant un sourire plus que réjouit

« Rémus ! Quelle heureuse coïncidence ! Je peux m’installer ? »

Déposant son sac en plastique à côté de la chaise libre avant qu’il ne puisse répondre, elle s’y installa sans vraiment réfléchir s’il pouvait attendre quelqu’un. Allons …. Si maintenant il lui annonçait qu’il voyait une fille, elle serait capable de se tuer là, maintenant, tout de suite. Ou plutôt, non. Elle irait d’abord faire un petit coucou à la gentille demoiselle, et reviendrait le voir après. Beaucoup plus ….. Intelligent, dirons-nous. Mais laissons de côté les délires psychoparanoïques de Tonks, et revenons-en à la réalité.
« Comment vas-tu ? Et que fais-tu ici ?»
La seconde d’après, elle se penchait pour récupérer sur la table d’à côté le menu, abreuvant les voisins qui regardait ce drôle de mélange d’un grand sourire. Elle se redressa, et y jeta rapidement un coup d’œil, ayant apparemment l’intention de ne pas bouger d’ici.

« Rémus ! Quelle heureuse coïncidence ! Je peux m’installer ? »

A peine le temps de relever la tête, le menu toujours dans les mains, qu'il restait légèrement disons silencieux. Tonks ! Ici ! Non, c'était pire qu'une coïncidence finalement, d'ailleurs au vu de ce qu'elle était entrain de faire, elle allait tout simplement s'installer à sa table. Le seul réflexe qu'il eut sur le moment fut de se lever, comme tout gentleman s'oblige à faire, histoire de présenter ses respects quand une Dame ou une demoiselle s'installe à votre table. Il était encore énormément surpris de voir Tonks ici, surtout que d'habitude, on la croisait plus facilement dans le monde sorcier que dans le monde moldu. Mais son père avait du lui donner le goût de certaines choses moldues, et quand on voyait les sacs, le shopping devait en faire parti.

Ou alors c'était tout simplement parce qu'elle avait eu envie de dépenser son argent. Possible également après tout. Qu'est-ce qu'il voulait en tout cas qu'il réponde face à ce qu'elle venait de lui énoncer ? D'ailleurs elle n'avait même pas attendu qu'il dise quoique ce soit pour le faire, et apparemment elle n'avait pas du tout l'intention de partir. Cela ne l'étonnait guère à vrai dire. Et maintenant ? Il ne pouvait pas lui dire de partir comme cela, surtout sans avoir une bonne excuse. Lui dire qu'il attendait quelqu'un ? Non, cela ne fonctionnerait pas non plus à vrai dire, elle serait capable d'en demander d'avantage sur cette personne, voir même d'aller vérifier si elle existait.

Il se devait de dire quelque chose mais bon, surtout qu'elle avait déjà récupérer un menu d'une table voisine, tout en souriant aux voisins, et qu'elle se mettait purement et simplement à l'aise. Fort heureusement on se trouvait dans un quartier moldu et dans un restaurant moldu. Qu'est-ce que cela aurait pu dégénérer du côté sorcier !

« Comment vas-tu ? Et que fais-tu ici ?»

Dire qu'il s'y attendait, serait mentir, la preuve, il était toujours disons légèrement coincé, sans un mot qui sortait. Bien entendu, il pouvait dire beaucoup de choses, mais n'oublions pas que nous étions en public et la rabrouer ne ferait que jeter l'attention sur eux, ce qu'il détestait d'ailleurs, donc, donc.....il allait devoir avoir Tonks à dîner, tout du moins durant ce déjeuner. Pas que cela le dérangeait, mais cela pourrait laisser croire à de fausses idées.

"Nymphadora...."

Premier mot qui sortait de sa bouche, et c'était simplement pour grogner légèrement son prénom ou soupirer. Va savoir, toujours est-il que c'était le signe encore qu'il abandonnait la partie en quelque sorte. En même temps il était rare qu'il dise non, enfin cela dépendait les sujets, et le côté assez fougueux et impétueux de Tonks avait toujours l'effet, enfin cet effet là sur Rémus. Comme si par rapport à elle, il n'était que quelqu'un de fatigué, ce qui était un tant soi peu le cas.

"Je présume que tu n'as pas l'intention de partir maintenant ?"

Ce n'était même pas la peine qu'elle réponde à la question, il connaissait déjà la réponse.

"Alors.....comment cela fait-il que l'on se rencontre ici aujourd'hui ?"

Autant lancer un sujet de conversation comme un autre après tout, de toute façon le serveur allait bientôt venir. Encore heureux, pas sur que Rémus sache faire la conversation jusque là.

Tonks ne pût s’empêcher de sourire, à la fois face à ce soudain silence, et ce reflexe qu’il eût de se lever alors qu’elle s’asseyait. Un sourire aussi amusé que tendre, parce qu’il avait ce don de la faire rire avec n’importe quoi. Surtout avec ses attitudes toujours si calmes, toujours si distanciées, toujours si …. Si Rémus. Il n’y avait pas vraiment de moyen de le qualifier, en faite. Et à ses paroles suivantes, il resta silencieux encore, ce qui ne fit qu’accentuer légèrement son sourire malicieux. Il ne s’attendait pas à la voir, n’est-ce pas ? Un léger regard autour d’elle, et Tonks se dit que l’idée de manger dans un restaurant moldu était très bonne. Ici, l’Auror avait presque l’impression d’être à l’abri, comme si aucun sorcier du Ministère n’aurait l’idée de venir fouiner dans le coin.

Rémus « Nymphadora … »
Aussitôt, elle passa une main sur son visage, se mordillant légèrement la lèvre. Ne rien dire, il n’attendait que ça. Ne pas céder à l’envie de lui faire remarquer qu’on ne l’appelait pas Nymphadora, mais Tonks. Ne surtout pas lui montrer qu’il avait fait mouche en utilisant son prénom… et surtout, surtout, ne pas changer la couleur de ses cheveux. En pleins milieux d’un restaurant moldu, ce n’était pas du tout une bonne idée. Elle finit par planter son regard dans celui du Loup Garou, et chuchota presque avec habitude.
« Ne m’appelle pas Nymphadora, Rémus. C’est Tonks. Simplement Tonks »
Et puis, elle releva son visage qu’elle avait légèrement avancé pour murmure ces quelques mots, et jeta un coup d’œil presque nerveux à ses pointes. Heureusement, elles étaient restées d’une couleur presque habituelle … un poil plus sombre qu’habituellement, mais ça ne voyait que pour ceux qui la voyait quotidiennement. Ce qui n’incluait pas forcément Rémus …. A son plus grand regret, d’ailleurs. Bien vite, l’Auror chassa cette idée pessimiste. Allons, allons, un jour, il céderait. Foi de Tonks. Et alors elle pourrait le rejoindre chaque jour, chaque soirée…. Et je vous laisse imaginer le reste.
A sa prochaine question, elle se contenta de reprendre un air malicieux. Quelle idée ! Bien sûre qu’elle ne partirait pas. Et il le savait aussi bien qu’elle, même si elle n’allait pas tenter le Diable en lui demandant d’oser dire qu’il n’était pas content qu’elle soit là. Tien, s’assagissait-elle ? N’y croyez pas une seule seconde. Ce n’était qu’une illusion au mieux.

Pourquoi se rencontraient-ils ? Bonne question. Très bonne, pour être exacte. Elle posa le menu qu’elle tenait entre ses mains, et se mit à pianoter légèrement dessus, avant de répondre.
« Et bien, un peu de shopping. Et toi ? Que fais-tu du côté Moldu ? »
Remarquez qu’elle n’avait pas encore fait une seule allusion à eux. Reculer pour mieux sauter, ou dans le cas précis, tenter d’endormir en premier l’esprit de Rémus, pour mieux réussir après … doux rêves, n’est-ce pas ?
« Des nouvelles de Sirius ? »

« Ne m’appelle pas Nymphadora, Rémus. C’est Tonks. Simplement Tonks »

Bien sur, simplement Tonks. D'ailleurs, il l'avait légèrement fait exprès de l'appeler par son prénom. Que l'on trouvait charmant d'ailleurs, mais qu'apparemment ce n'était pas le cas de la personne en face de lui. Donc il pouvait comprendre qu'elle ne souhaitait qu'on ne l'appelle que par son nom de famille. Mais étant donné qu'elle était venue, comment dire, s'incruster ? Le mot était bien entendu juste pour l'occasion, il pouvait bien se permettre de la taquiner de la sorte. D'ailleurs, bien que Rémus ne côtoyait que peu souvent Tonks, souvent lors des réunions de l'Ordre, et quelques missions il y a quelques temps, il savait fort bien avoir l'oeil. Notamment pour remarquer quand sa condition de métamorphomage se laissait aller. Comme en ce moment, même si elle essayait de garder le contrôle, il avait bien remarqué finalement que ses cheveux avait pris une teinte légèrement plus sombre.

Il fallait avoir l'oeil averti pour le voir, et tout le monde savait que Rémus parfois pouvait être assez observateur, sauf quand cela le concernait finalement. Enfin toujours est-il que lorsqu'elle se pencha pour murmurer cela, il eut un léger geste de recul. Comme s'il avait peur qu'elle tente quelque chose en public, alors que cela ne fut pas le cas. D'ailleurs il reprit rapidement sa position de départ. Par contre, il se demandait ce qu'elle cherchait encore. D'accord, cela ne le dérangeait pas d'avoir de la compagnie pour déjeuner, pas disons qu'il restait soupçonneux avec elle. Il ne savait, il faut le dire, jamais à quoi s'attendre, elle le surprenait à chaque fois et là, son air malicieux, n'annonçait pas forcément quelque chose de bon.
Allons, il ne fallait pas non plus qu'il voit le mal partout, surtout que là, il n'y en avait aucun. Il devenait encore plus paranoïaque que ce cher Maugrey, paix à son âme.

« Et bien, un peu de shopping. Et toi ? Que fais-tu du côté Moldu ? »

Une question banale somme toute, en même temps, on se voyait mal parler de magie alors qu'on était entouré de moldus quand même. Il leva légèrement les sourcils, il faut dire qu'habituellement, on faisait peu de cas de ce qu'il faisait ou de ce qu'il avait fait. Mais il ne fallait pas qu'il oublie à qui il parlait.

« Des nouvelles de Sirius ? »

Sirius, ce bon vieux cabot. Dire qu'on avait vu des vertes et des pas mûres avec lui serait un euphémisme à vrai dire. Enfin il restait son meilleur ami, le dernier des maraudeurs avec lui, donc on tenait à ce qu'il reste tout simplement en vie.

"J'étais venu faire quelques achats à la librairie d'en face, rien de bien passionnant."

Encore une fois il se mettait en retrait par rapport aux autres, ou par rapport à ce que faisait les autres. Finalement il n'y avait que pendant les réunions et les missions de l'Ordre qu'il se mettait plus en avant, et encore pas tout le temps. Cela dépendait qui avait un rôle à jouer.

"Pas depuis la dernière fois ou il a essayé de me fracasser le crâne contre un mur. Je pense qu'il continue de ressasser la même histoire, j'ai essayé de lui changer les idées avec ce que j'ai pu récupéré comme photographies de nos années à Poudlard et l'après, jusqu'à...enfin. Il parlera et sortira quand il se sentira près. J'ai essayé de le brusquer et cela n'a mené à rien."

D'ailleurs par la suite, on avait totalement dévié pour finir chez lui devant une bonne bouteille pour Sirius et une tasse de thé pour lui.

"Et de ton côté ? Avec Noami ?"

Il aimait la littérature, c’était vrai. D’ailleurs, que lisait-il ? Elle l’imaginait sans peine dévorant des romans plus gros qu’imaginables, mais ne parvenait à saisir les titres. Etait-il policier, science fiction …. ? Mais bon, ce n’était pas important, surtout au vu de ce qu’il précisa ensuite. « Rien de bien passionnant ». Elle ne pût s’empêcher de lever les yeux au ciel, tout en soupirant silencieusement. Ne pouvait-il pas arrêter de se mettre dans l’ombre ? Mais c’était comme demander à l’Auror d’arrêter de lui courir après : impossible.
Elle ne releva cependant pas, et eût un léger sourire. S’il ne voulait pas en parler …

Rémus « Pas depuis la dernière fois ou il a essayé de me fracasser le crâne contre un mur. Je pense qu'il continue de ressasser la même histoire, j'ai essayé de lui changer les idées avec ce que j'ai pu récupérer comme photographies de nos années à Poudlard et l'après, jusqu'à...enfin. Il parlera et sortira quand il se sentira près. J'ai essayé de le brusquer et cela n'a mené à rien. »
Naquit aussitôt dans le regard de Tonks une lueur inquiète. Comment ça ? Pendant quelques secondes, elle gigota sur sa chaise, le couvant d’un regard toujours soucieux. Etait-il blessé ? Quelle question bête et inutile ! S’il s’était prit un mur, forcément qu’il avait eût mal. Et voilà qu’elle s’inquiétait … Mais quelle idée était passée par la tête de son cousin ! Même si pour lui, ça n’allait pas forcément bien, ce n’était pas une raison pour se venger sur Rémus. D’autant plus que Tonks n’imaginait pas une seconde que ce puisse être le loup-garou qui avait poussé dans ses retranchements le chien. Et même si cette idée l’avait effleuré, elle l’aurait repoussé en rétorquant que la violence ne résolvait jamais rien, contrairement à ce que pensait le ministère.
Après quelques secondes, elle se reprit, le fixant de nouveau sans chercher une quelconque marque de blessure. S’il était là, c’est qu’il allait tout de même bien. Elle soupira légèrement, avant de lui répondre
« Qu’est-ce qu’il peut être têtu, quand il s’y met, lui aussi … »
Oui, c’était de famille. Bellatrix restait sûre et certaine qu’elle avait choisit le bon côté de la force, Narcissa que son cher fils et son cher mari étaient parfaits, Andromeda qu’elle avait choisit un prénom parfait à sa fille, et Tonks justement …. Tonks n’était têtue dans rien. Surtout pas quand il s’agissait de courir après Rémus. Totalement faux. Bref.
A sa dernière question, elle leva légèrement les épaules.
« Oui. Elle avait pas l’air forcément bien …. »

Mais avant de continuer, cédant à quelque chose qu’elle s’était parfaitement interdit, elle se pencha en avant, son regard de nouveau préoccupé
« Il t’a fait mal ? Vraiment ? »

« Qu’est-ce qu’il peut être têtu, quand il s’y met, lui aussi … »

Il avait bien remarqué cependant quand il avait énoncé le fait qu'il avait subi la colère de Sirius, que Tonks avait disons été légèrement agitée pour l'occasion. Sans oublier son regard, soucieux. Elle se faisait du soucis pour lui. Mais ce n'était pas la peine finalement, il ne valait pas le fait qu'on se fasse du soucis pour lui, et puis cela n'avait pas été grand chose. Enfin si sur le coup, il avait eu mal, qui n'aurait pas mal en se prenant un mur dans le dos et en se cognant la tête contre après avoir reçu un sortilège de désarmement ? Enfin tout ceci était passé, on n'allait pas revenir sur ce qui s'était passé avec Sirius. Il avait simplement gardé un joli petit souvenir, une bosse, rien d'autre. Ce n'était en fin de compte pas si grave que cela.

Il esquissa un bref sourire en l'entendant dire qu'il était têtu. Non ? Elle croyait ? Pour lui c'était génétique. Toute la famille Black était têtue finalement. Que ce soit les cousines, et pas forcément du bon côté, en passant par Sirius qui devait, il faut le dire, être l'un des pires, pour en finir par en arriver à Tonks. Elle l'était aussi, dans le fait qu'elle cherchait continuellement à le faire craquer sur une pseudo relation entre eux. On ne niait pas ses sentiments, ils étaient là, il le savait, c'était après tout lui, qui les ressentait. Mais ce n'était pas pour autant qu'on ferait fit de la différence d'âge entre les deux. Treize ans malgré tout, ce n'était pas rien, sans oublier sa condition. Non cela était, ou serait trop dur à porter pour elle. Elle méritait bien mieux que lui finalement.

Secouant légèrement de la tête pour chasser ses pensées du moment, il n'était pas question de revenir sur ce sujet-là aujourd'hui, il écouta la suite des paroles de Tonks.

« Oui. Elle avait pas l’air forcément bien …. »

Alors comme cela, ils allaient tous les deux mal. Il faudrait vraiment qu'ils commencent à discuter ces deux-là, enfin il pouvait parler dans le genre je me bouche les oreilles, il en tenait une paire aussi.

« Il t’a fait mal ? Vraiment ? »

Il sourit en entendant la fin, qu'elle arrête de se faire du soucis, bien qu'il sache que cela ne fonctionnerait pas vraiment. Il allait bien, la preuve, il se tenait là en pleine forme devant elle. Tout allait bien, et puis désormais le temps avait passé, enfin quelques jours, c'était déjà oublié pour Rémus.

"Tonks, je te remercie de ta sollicitude, mais je vais bien. Ce n'était rien. Il n'a pas voulu le faire exprès."

Le tout dit, sur un ton beaucoup plus doux. Elle pouvait arrêter de s'en faire. En même temps il n'y croyais que très peu à ce qu'il venait de dire, notamment sur la fin. Sirius avait voulu ce qui s'était passé, bien qu'il s'en était voulu de l'avoir fait en fin de compte. Mais c'était Sirius, et on ne pouvait pas le changer.

"J'en connais d'autres qui sont têtus également."

Quelqu'un en particulier peut-être ? Aller savoir finalement.

"Finalement ils sont aussi têtus l'un que l'autre, il faudrait qu'ils se rencontrent ou qu'on les enferme."

Enfin passons, nous n'étions pas forcément là pour parler de Sirius et de Noami, surtout que les histoires de couples, ce n'était pas trop la tasse de thé de notre ami loup-garou, étant lui-même un adepte du refus de couple. Autant oublier ce genre de conversation.

"Tu...as trouvé ce que tu allais prendre ?"

Intérieurement il jura, comme sujet de conversation, il avait beaucoup mieux mais quand il y avait Tonks et qu'ils n'étaient que tous les deux, il n'arrivait jamais à comment dire....trouver ce qu'il fallait dire, c'était toujours des sujets pour le moins banals et assez maladroits à vrai dire.

Pour un peu, et s’ils avaient été plus proches, Tonks aurait mêlé ses doigts aux mèches de Rémus, pour vérifier qu’il n’avait pas de blessures trop graves. Mais elle doutait sérieusement du fait qu’il se laisse faire, lui qui reculait dés qu’elle s’avançait un peu trop près sans même sous-entendu. Oui, le Loup garou se braquerait sûrement si l’extravagante jeune femme osait faire ça, et ça n’apporterait rien de bon. Peut-être même qu’il s’énerverait réellement, et elle tenait vraiment à éviter cette situation. Ne pas le fâcher, l’endormir et tenter de parler d’eux, après. Et de toute façon, il prit soin de la rassurer, d’une voix douce qui la fît sourire très légèrement, à peine une esquisse, alors qu’elle se mordillait la lèvre. D’accord. Elle ne lui parlerait plus de ça. Même si elle ne pensait pas que Sirius ne l’avait pas fait exprès. On ne pouvait pas blesser quelqu’un aussi facilement.

D’autres personnes, têtues ? Son sourire s’agrandit, malicieux, et elle répondit du tac au tac, à mi voix
« Comme qui ? Toi qui ne veux pas entendre parler de nous, ou moi qui m’accroche parce que je sais que ce serait si bien ? »
Aussitôt, elle détourna le regard, se plaisant à observer les autres clients du restaurant. A tous les coups, le Loup Garou allait lui taper sur les doigts pour avoir osé dire ça. Ou il soupirerait. Ou … Ou elle ne savait pas. Il ne céderait sûrement pas en tout cas. Bien dommage, d’ailleurs.

Elle acquiesça légèrement. Ils devraient prendre le temps de parler un peu. Ne pas se précipiter dans ce qu’ils faisaient. Enfin …. Les deux membres de l’Ordre n’étaient pas là pour les juger, alors autant ne plus en parler. D’autant plus qu’ils n’étaient jamais à l’aise sur ces histoires de couples, au vu de leur propre relation. Bref.

Le sujet qui suivit était d’une banalité alarmante. Mais elle ne s’en formalisa pas. Ils avaient l’habitude, après tout. Ce qu’elle allait manger ? Bonne question ! Un rapide regard sur la carte – rien ne lui faisait envie, même si son ventre grondait de satisfaction à l’idée même de manger -, et elle se décida pour des pates au saumon. En espérant qu’elles seraient bonnes, au moins.
« Oui. Pates au saumon. Un coca. Et toi ? »
Pas d’alcool. Rester sobre. Totalement sobre. Comme ça, elle pourrait réagir parfaitement – ou pas – à ce que faisait, disait Rémus. Comment ça, calculatrice ? Soit. Un peu. Très peu. Siiii peu. Et que lorsqu’on parlait du Loup Garou. Et encore. L’Auror préférait agir à l’instinct, réagissant sans même réfléchir, au risque de s’en mordre les doigts une fois la bêtise faite.

Croisant les bras sur la table, s’y penchant légèrement, elle détaille une seconde Rémus du regard. Oui, décidément, ces habits lui allaient parfaitement. Un nouveau sourire naquit sur ses lèvres, légèrement mystérieux, avant qu’elle ne reprenne la conversation sur un sujet plus banal encore.
« Et que fais-tu après ? Des réunions de prévues ? »

« Comme qui ? Toi qui ne veux pas entendre parler de nous, ou moi qui m’accroche parce que je sais que ce serait si bien ? »

D'ailleurs, à peine venait-elle de dire ces quelques mots que déjà elle détournait la tête, comme si elle ne souhaitait pas voir sa réaction. Qu'est-ce qu'il pouvait bien dire face à cela ? Après tout dans un sens elle n'avait pas tord, mais fallait-il vraiment remettre le sujet sur le tapis ? Ils savaient tous les deux ce qu'il en était, enfin surtout ce que chacun pensait actuellement de cette situation entre eux. Alors oui, dans un sens ils étaient tous les deux têtus, bornés de rester dans la même voie. Mais au final cela revenait à la même chose. Il pourrait soupirer, ou même parler plus froidement face aux paroles qu'elle venait de dire, juste pour la blesser et la faire partir, mais il ne le fera pas. Pourquoi ? Tout simplement parce que bien qu'il essaye de la faire partir, de la chasser de sa vie, il cherchait à chaque instant avec elle, à trouver sa présence finalement. Sans qu'on sache réellement pourquoi. Il restait quelqu'un des plus contradictoires pour l'occasion. Avoir des sentiments mais les nier de peur de se laisser aller et que cela ne fasse souffrir la personne aimée.

Un jour il faudrait qu'il pense à arrêter de réfléchir à toute cette situation, un jour, le but étant encore de savoir quand cela sera le moment. Et à première vue, cela ne serait toujours pas aujourd'hui. Certes on était du côté moldu, donc les esclandres ce n'était pas la meilleure chose à faire, d'autant plus qu'il n'en faisait jamais, mais bon....enfin il fallait trouver quelque chose à dire malgré tout.

"Tonks, je ne souhaite pas me fâcher avec toi, profitons simplement de ce repas....comme deux amis."

C'était toujours mieux que rien finalement. Alors qu'est-ce qu'il allait prendre ? A vrai dire, il avait un léger penchant pour la viande bovine pour l'occasion, et même si on restait en Angleterre - bonjour la vache folle - cela devait être malgré tout assez comestible, sinon cela ne serait pas au menu n'est-ce pas ?

« Oui. Pâtes au saumon. Un coca. Et toi ? »

Il redressa légèrement la tête pour fixer Tonks, un sujet des plus banals finalement que de parler de ce qu'ils allaient manger. Il n'était toujours pas doué pour lancer des sujets de conversation en fin de compte, néanmoins cela ne laissait pas vraiment le vide dans la conversation, bien que cela ne le dérangerait pas. Mais il savait également que ce serait comme être dans un étau, un sentiment de malaise si rien n'était dis, comme deux adolescents à une première soirée. Stop ! Qu'il arrête de penser à tout ceci.

"Je vais le laisser tenter par leur pavé de Rumsteack avec la garniture. Mon côté...enfin..tu vois. Et de l'eau."

Observant Tonks, il remarqua qu'elle souriait, non sans oublier bien entendu de s'être légèrement avancée. Pourquoi faire ? Bonne question finalement, mais à première vue, elle ne tenterait rien. De toute façon, il était encore capable de se reculer si elle s'approchait trop de lui. Comme s'il avait peur de la toucher au risque d'en devenir dépendant, ou même simplement de lui faire du mal. Elle souriait, le sourire lui allait si bien, et il faudrait qu'il arrête ce genre de pensées, lui qui essayait de se mettre en tête de dire à chaque fois "non" pour eux.

« Et que fais-tu après ? Des réunions de prévues ? »

Oui, cela ne volait pas vraiment haut niveau conversation, mais au moins ils se parlaient n'est-ce pas ? Pas d'embrouilles, pas d'engueulades, simplement un échange cordial entre deux personnes.

"Rien de prévu, certainement rentré et lire je pense. Prévoir les prochaines réunions certainement aussi."

Le tout dit avec un léger sourire pour l'occasion, en attendant, le serveur arriva juste au niveau de leur table, il était temps de commander finalement. Surtout que le service n'allait pas se faire tout seul, et il devait aussi gagner son argent comme serveur.

"Bonjour, Monsieur, Madame. Vous et votre femme avez-vous choisi ?"

Non mais...ce..n'était...pas..sa femme ! D'ailleurs, il essayait d'ouvrir la bouche pour répondre, pourquoi on les prenait pour un couple actuellement ? Et surtout ici ? Il bafouilla légèrement finalement, rougissant même quelque peu, même si cela ne se voyait que très peu en fin de compte, avant de tenter une réponse.

"Non...mais...euh..ce n'est pas....oui."

Parfaitement compréhensible n'est-ce pas ? D'ailleurs même le serveur n'avait soit rien entendu, soit rien compris. Il attendait visiblement que l'un ou l'autre lui réponde.

Comme deux amis. Il en avait des belles, le Loup Garou. Ne voyait-il pas qu’elle ne pouvait le considérer comme un simple ami ? Devait-elle se l’écrire sur le front ? Elle était quasiment sûre que même ne faisant ça, il ne le verrait pas. Ou ferait semblant. C’était un rigolo, le Rémus. D’un côté, il ne la fuyait pas assez pour qu’elle ne puisse croire qu’il ne voulait réellement pas d’elle, et d’un autre il le lui montrait dans ses paroles … que croire ? L’Auror avait tranché : elle suivait son instinct, celui qui lui disait qu’un jour, oui un jour, il dirait oui. Instinct féminin, voyez-vous ! Bref, elle acquiesça. Elle abandonnait la chose, au moins pour le moment. Impossible de dire, par contre, pour combien de temps.

Ha, oui … Forcément. Un léger sourire répondit à son ‘tu vois’. Bien sur qu’elle comprenait. Les instincts ne se réprimaient pas forcément totalement, elle en savait quelque chose. Et pour une fois, il ne se recula pas quand elle s’avança. Progrès ? Certainement ! Auparavant, il se serait redressé, encore et encore, pour être sûr qu’elle ne puisse pas le toucher – Tonsk en avait du moins déduit ça -, et là … là il restait en place. Son sourire s’agrandit légèrement. Lire. Oui, elle l’imaginait parfaitement au coin du feu, un bon bouquin ouvert et une éternelle tasse de thé posée à ses côtés. Mais elle s’obligea à chasser cette image, préférant découvrir la réalité un jour prochain, puisqu’elle y croyait dur comme fer.

Et l’impensable se produisit.

Serveur « Bonjour, Monsieur, Madame. Vous et votre femme avez-vous choisi ? »
Les yeux de Tonks s’ouvrirent tout grand, et se posèrent tour à tour sur Rémus et le serveur. Pendant une infime seconde, elle resta là, à se demander d’où venait l’erreur, puis elle manqua d’éclater de rire. Rire qu’elle réprima soigneusement. Ho, et le pauvre Loup Garou qui se perdait dans ce qu’il disait. Un sourire malicieux, amusé, angélique et charmeur – oui oui, tout à la fois, vous ne rêvez pas – s’incrivit sur son visage, et elle décida de se délecter de l’instant.
« Oui, bien sur … Pour moi, ce sera ces pates au saumon, et un coca, et pour lui un pavé de Rumsteack avec la garniture, et de l’eau … »
Prenant un air presque inquiet, elle tourna son regard vers lui.
« C’est bien ça, mon Cœur …. ? »
Et reprenant un air parfaitement angélique, elle tourna son regard vers le serveur, et acquiesça légèrement. C’était ça. Elle le savait bien, en réalité, et s’amusait bien de la situation. Une fois qu’il fût partit, elle se retourna, et planta avec une joie peu contenue son regard dans celui du Loup Garou, le scrutant, l’observant avec attention.
« Alors Darling, ça fait quoi de savoir que nous sommes mariés ? »
Et aussitôt, son sourire s’agrandit sur ses lèvres, et elle chuchota légèrement
« T’aurais pût me prévenir, tout de même »
Air faussement offusqué, pour le coup, mais la lueur qui brillait dans le fin fond de ses yeux ne permettait pas de se tromper. Elle s’amusait. Et Merlin savait qu’une situation comme celle-là lui plaisait …. A voir maintenant la réaction du Loup. Pour une fois qu’il se retrouvait face à la réalité !

Déconnecté de la réalité, il faut dire en entendant de la part du serveur, qu'il était marié ! Enfin c'était surtout qu'on les prenait pour des gens mariés, ils avaient vraiment la tête d'un couple ? Pourtant il y avait bien trop de différences pour qu'on y croit seulement un instant. Mais chez les moldus, tout le monde allait avec tout le monde, de plus étant à deux, en tête à tête à une table, difficile de ne pas s'imaginer qu'ils étaient ensembles. D'autant plus que pour le serveur, cela n'avait pas du tout l'air d'un repas de travail, bien au contraire. Alors il avait opté pour la dernière solution : mari et femme. Est-ce qu'il se serait trompé ? Le mari avait l'air assez pudique sur l'instant.

D'ailleurs Rémus ne savait que dire face à cela, d'autant plus qu'il avait suffi de lever les yeux pour remarquer le sourire de Tonks. D'accord, on adorait la voir sourire, mais de ce genre là, cela ne présageait rien de bon. Il le savait, elle était assez impulsive, et avec ce que venait de dire notre ami le serveur, nul doute qu'elle allait s'en servir contre lui. Ce sourire angélique, charmeur et ce qui allait avec, aurait été parfait dans une toute autre situation, mais actuellement, il pensait plus que c'était là pour préparer un sale coup. Ou plutôt pour l'amadouer ou faire croire que ce que le serveur avait dis, était vrai. Ils étaient dans de sales draps, dans le sens, ou il n'était pas prêt de sortir de ce guêpier finalement.

D'autant plus que par la suite, elle l'appela par un de ces surnoms ridicules dans un couple. Ridicule ? Vraiment ? Bien il est de fait, qu'il faisait tout pour la repousser, mais il est également vrai que d'entendre Tonks l'appeler "Mon Coeur", cela avait une drôle de sensation. Mais il se devait d'oublier ce genre de sensation, et simplement se concentrer sur sa raison. Il était vieux et pauvre, elle était jeune et pleine de vie. Voilà à quoi s'en tenir. Par Merlin, dommage que les sentiments ne se commandaient pas, cela aurait été bien plus simple pour notre ami ici présent.

« Alors Darling, ça fait quoi de savoir que nous sommes mariés ? »

Et maintenant que le serveur venait de partir avec la commande, il était bon pour passer à la casserole finalement. D'autant plus qu'elle prenait plaisir à se retrouver dans une telle situation, tout le contraire de lui finalement. Que devait-il faire réellement ? Ne pas répondre ? Non car Tonks parlerait malgré tout ou alors elle agirait, et ce n'était pas forcément un bien tout le monde se l'accorde à le dire. Enfin surtout lui, les effusions en public ce n'était pas vraiment dans le goût de la maison.

"Tonks....enfin...non...simple supposition..."

Rougissant le Rémus bien entendu ! Tout d'abord le serveur qui énonçait à voix haute dans la brasserie que lui et Tonks étaient mari et femme, ce qui d'ailleurs n'était pas le cas. Et ensuite Tonks qui s'y mettait également, il y avait de quoi perdre son flegme légendaire et son calme également. Bien qu'il ne s'énervait pas actuellement, non il était légèrement entrain de chercher les mots à dire.

« T’aurais pût me prévenir, tout de même »

S'il voulait, il pourrait gémir par la suite, mais il se retint, d'autant plus que Tonks se plaisait à jouer ce petit jeu là, mais pour lui, c'était une toute autre histoire bien entendu. Il passa rapidement une main devant son visage. Ne pas s'énerver, et surtout tout d'abord reprendre contenance. Ce qu'il arriva avec un peu de mal, avant de chuchoter à son tour.

"Tonks, simple coïncidence, le serveur a juste cru quelque chose d'après ce qu'il a vu. Rien d'autre, simple erreur de sa part. C'est....enfin....c'est impossible qu'on nous croit marier. On est trop différent."

Mais en même temps, il ne l'avait pas rectifié....faut dire qu'on ne lui en avait pas laissé le temps ou alors il n'avait pas réussi à le dire. Et puis c'était quoi cette conversation qu'ils avaient actuellement ? Il parlait, lui, de mariage, et d'eux sans le vouloir réellement.

Ho, comme elle ne regrettait pas cette journée de shopping. Ho, comme elle ne regrettait pas d’être entrée dans cette brasserie. Ho, comme elle adorait la situation. Ho, comme elle ne se lassait pas de le regarder, alors qu’il perdait son flegme légendaire. Ho, ho …. Et tout ce bonheur se reflétait sur son sourire. Peut-être que le Loup Garou réagirait, peut-être qu’il se rendrait compte que les autres ne jugeaient pas le fait qu’il soit plus vieux. Mais ce n’était qu’un rêve, il ne l’admettrait pas si facilement.
« Simple supposition ». Elle roula des yeux. Il ne pouvait donc pas s’empêcher de trouver une excuse. Du Rémus tout craché. Mais du Rémus qui perdait son calme, qui se perdait tout simplement, et juste pour ça … juste pour ça, ça valait le détour. Parti, celui qui toujours répondait en étant sur de lui. Il n’en restait plus qu’une pale ombre, ou plutôt une ombre particulièrement rouge. Et autant vous dire qu’elle s’en délectait. Mais bref. Le Loup Garou cherchait, encore une fois, une porte de sortie pour ne pas affronter la réalité en face. Ses yeux brillèrent de malice.

Il passa sa main sur son visage, semblant chercher à retrouver une contenance perdue, avant de chuchoter de nouvelles choses qui lui firent monter les yeux au ciel. On ne pouvait pas le croire ?
Se penchant en avant, les deux bras croisés, elle laissa ses deux prunelles se perdre dans celles, si jolies, du Loup Garou, avant de chuchoter à son tour.
« Et pourtant, il a fait l’erreur. Et ça n’a pas eût spécialement l’air de le choquer quand je t’ai appelé mon Cœur. Et puis ... »
Continuant à le scruter, un léger sourire revint se graver sur son visage.
« … et puis, tu ne l’as pas spécialement démentit. »
Fière de ce qu’elle venait de dire, l’Auror leva les yeux au plafond. Que trouverait-il à redire à ça ?
« En plus … ça n’a pas eût spécialement l’air de te déplaire que je t’appelle Darling ou autre. Allez Rémus, ose dire le contraire en toute bonne foi. »
Ho, bien sur, s’il osait dire le contraire, elle ne s’en formaliserait pas. Il se défendait comme il pouvait, et Tonks ne croirait aucun des mots qu’il pourrait prononcer suite à cette petite provocation.
« J’suis même prête à parier que d’autres personnes pensent la même chose ici. Qu’on est en couple, si ce n’est pas marié. »
Pour l’instant, elle chuchotait encore. Ne pas le mettre plus mal à l’aise qu’il ne l’était déjà ….

« Et pourtant, il a fait l’erreur. Et ça n’a pas eût spécialement l’air de le choquer quand je t’ai appelé mon Cœur. Et puis ... »

Pourquoi elle remettait toujours le sujet sur le tapis ? Hum ? Elle s'en amusait ? Elle se délectait de le voir si peu sur de lui pour une fois ? A première vue on dirait bien que oui. D'ailleurs actuellement, il ne savait que dire face à ce qu'elle lui disait, d'ailleurs, c'était peut-être parce qu'elle n'avait pas tord, bien au contraire. Le serveur n'avait rien dis du tout les concernant, il s'était contenté de les considérer comme un couple marié. Etait-ce si possible que cela finalement ? Il n'en savait rien. De plus on n'était pas dans leur monde, si on pouvait dire, c'était le monde moldu, ce n'était pas pareil. Dans quel sens ? Dans le sens ou tout simplement les préjugés ou même le fait qu'on ne les connaissait pas ici, tout était différent en somme. Pour cela qu'au final, les voir ensemble, ou même les croire marier, n'était pas chose difficile. Mais dans leur monde ? Comment est-ce que cela se passerait ? Différemment, cela était certain.

« … et puis, tu ne l’as pas spécialement démentit. »

Il déglutit par la même occasion, façon de parler bien évidemment. Mais oui, il n'avait rien dis ou fait qui allait en contre sens des paroles du serveur. Rémus savait que Tonks avait raison, celle-ci savait qu'elle avait raison, mais Rémus continuait de s'entêter. C'était plus fort que lui vraisemblablement. Et là, avec la vérité qu'elle lui sortit, il perdit de la superbe dirons nous. Il n'était plus vraiment sur de lui, loin de là. Il fut un temps ou il aurait pu apprécier ce genre de repas, mais finalement, cela tournait plus à une sorte de confession intime qu'autre chose. D'autant plus qu'il était quand même mis légèrement à nu pour l'occasion.
Pas facile la vie de Rémus Lupin ces derniers temps. Elle ne lâcherait pas le morceau.

« En plus … ça n’a pas eût spécialement l’air de te déplaire que je t’appelle Darling ou autre. Allez Rémus, ose dire le contraire en toute bonne foi. »

Entre son regard et son sourire, il était disons en mauvaise posture, il fallait un plan de retraite, un repli stratégique qui devait se mettre en place rapidement. Mais actuellement rien ne lui venait en tête, loin de là. Tout ce qu'il trouvait d'intelligent à faire, c'est d'essayer de dire quelques mots, tout du moins d'ouvrir légèrement la bouche pour parler avant de la refermer. Il serait encore capable de dire une bêtise plus grosse que lui en fin de compte. Gêné, bougeant légèrement sur sa chaise, c'était comme s'il était mis sous une lampe et qu'on essayait de lui soutirer des informations capitales pour l'avenir du monde....
Bon ce n'était que ses sentiments...mais cela équivalait à la même chose.

« J’suis même prête à parier que d’autres personnes pensent la même chose ici. Qu’on est en couple, si ce n’est pas marié. »

Dans quelle embuscade il était encore tombé finalement ? Allait-il seulement s'en sortir ? Espérons le. Fort heureusement pour le moment elle ne faisait que chuchoter, mais est-ce que cela durerait ? Il n'en savait rien du tout à vrai dire. Il l'espérait seulement.

"...eh bien...c'est à dire que....je n'ai pas vraiment eu l'occasion de le démentir."

Trop estomaqué par ce que le serveur venait de lui dire d'ailleurs, c'était une excuse comme une autre tout simplement. Bougeant légèrement sur sa chaise, reprenant une allure légèrement plus droite dirons nous, raide même. Il reprit.

"Tonks, le fait que cela me plaise ou non, n'a rien à voir avec cette histoire, ou enfin cela n'a rien à voir avec la situation. Ce n'est pas....bon pour toi de t'accrocher. Je me tue à te le dire. Tu mérites beaucoup mieux."

Fort heureusement, entre temps, le serveur revenait avec les plats, toujours est-il qu'il ne fit aucun commentaire, des amoureux, couples mariés avaient bien le droit de se dire quelques mots à voix basse nous ? De plus ce n'était pas ses affaires. Pour l'instant il se contenta de les servir.

"Bon appétit, Monsieur, Madame."

Une petite pause ne ferait pas de mal après tout, enfin toujours est-il que cela lui avait permis de ne pas répondre aux dernières paroles de Tonks, et de pouvoir profiter de son plat. En tout cas, c'est ce qu'il allait faire, essayer d'oublier la conversation actuelle en se jetant sur la nourriture. Ainsi pendant que chacun mangerait, on ne se préoccuperait pas de la discussion qui venait d'avoir lieu. Oui enfin c'était la logique de Rémus, elle était bizarre parfois. Avant même de pouvoir entamer leur repas cependant, un couple d'un certain âge, certainement déjà à la retraite, et installé à côté les interpella. Enfin c'était plutôt la femme qui interpella Tonks.

"Excusez moi de vous déranger. Mais j'ai remarqué que comme mon mari, le votre restait assez prudent et pudique en public. Si je peux vous donner un conseil jeune fille, ce qui se passe en-dessous de la table, reste en-dessous de la table."

"Elisabeth ! Excusez la, elle s'occupe de ce qui ne la regarde pas."

Néanmoins, cela avait mis le feu aux poudres tout simplement, ou plus précisément, les joues en feu pour notre ami Rémus ici présent. Espérons que Tonks ne suive pas le conseil, et ne commence pas à....à quoi ? Lui faire du pied ?.....

Rémus « Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de le démentir. »
Aussitôt, ses yeux s’écarquillèrent, et elle resta un infime instant silencieuse, avant que ses paupières ne se ferment et qu’elle parte d’un léger éclat de rire. Il n’avait pas eu l’occasion. Et puis quoi encore ! Un simple ‘nous ne sommes pas ensemble’ aurait suffit, et pourtant, il n’avait rien fait. L’Auror attira sur eux quelques regards, auxquels elle n’accorda aucune attention, avant de se pencher de nouveau sur la table, et de chuchoter d’une voix aussi malicieuse que possible.
« Mais bien sûr. On va te croire. »

Rémus "Tonks, le fait que cela me plaise ou non, n'a rien à voir avec cette histoire, ou enfin cela n'a rien à voir avec la situation. Ce n'est pas....bon pour toi de t'accrocher. Je me tue à te le dire. Tu mérites beaucoup mieux."
Calmant complètement son rire, Tonks le scruta pendant quelques secondes, se demandant s’il se foutait d’elle, ou pas. Comme si ce que lui pensait été totalement écarté de la situation. Comme si les sentiments qu’il ressentait – ou non, mais elle aurait parié pour la première solution – n’étaient pas importants, et méritaient d’être relégués au rang d’oubliés. Oui, il devait se foutre d’elle, ou ne pas se rendre compte de ce qu’il était entrain de dire. Et puis, en quoi ce n’était pas bon pour elle de s’accrocher ? Il ne savait pas que l’idée qu’il puisse un jour accepter leur relation la mettait de bonne humeur de matin. Il ne savait pas que le voir suffisait à lui faire passer une bonne nuit. Alors, pourquoi disait-il que ce n’était pas bon pour elle ? Et en quoi méritait-elle mieux ?
« Tu es le mieux pour moi. Et arrête de dire que ça n’a rien à voir avec la situation. Bien au contraire. Il s’agit de nous, pas des autres ! Alors en quoi tes sentiments ne font pas partis de l’histoire ? »Chuchota-t-elle, sans élever la voix ni s’énerver, ses yeux le scrutant intensément.
Arrêtant la conversation, le serveur revint. Aussitôt, le sourire de Tonks réapparut à ses lèvres, et elle se redressa l’air de rien. Après tout, ils avaient bien le droit de converser à mi voix sans mettre au courant la moitié de la salle de leurs histoires. mais dans tout les cas, Rémus ne perdait rien pour attendre.
A peine Tonks eût-elle pris sa fourchette, qu’une femme d’un certain âge se pencha vers elle. Ou plutôt, l’interpela. Intriguée, l’auror tourna la tête pour l’écouter. Et l’idée lui plût. Pas qu’un peu, même. Aussitôt que l’homme eût répondit, elle prit la parole, d’une voix joyeuse, angélique, légère.
« Ce n’est pas un problème. Et … merci pour le tuyau, m’dame ! »

Retournant vers le Loup garou un regard pétillant, malicieux, et qui n’annonçait strictement rien de bon, c’était vrai, Tonks décroisa les jambes. Et aussitôt, son pieds aujourd’hui chaussé d’une superbe Convers’ noire se glissa un peu plus loin sur la table, cherchant celui de Rémus. Encore heureux, les tables qu’offraient la brasserie n’étaient pas très grandes, et elle n’eût pas à tortiller du bout du pied longtemps dans le vide …. Un sourire ravît s’inscrivit sur ses lèvres alors qu’elle frôlait enfin ce qui était la chaussure de Mumus, et elle s’arrêta un court instant. Timide ? Non pas ! Bien au contraire. Mais autant attendre d’avoir sa réaction. Peut-être se lancerait-il ….
Et pendant ce temps, elle tourna légèrement la tête, observant la dame qui la scrutait en coin, un sourire tout aussi amusé que celui de l’auror posé sur ses lèvres. Tonks eût un clin d’œil, avant de retourner son regard sur le Loup Garou. Venir dans cette petite brasserie avait été réellement une bonne idée.

« Mais bien sûr. On va te croire. »

Pour l'occasion, autant dire qu'il était effectivement de mauvaise foi. D'accord, il aurait très bien pu démentir, dès le départ, mais il faut le dire, ce qu'avait dis le serveur l'avait scié à un point qu'il en avait oublié ses propres paroles en fin de compte. Et désormais Tonks se faisait à nouveau des idées, ou alors elle jouait tout simplement avec ses nerfs. Il ne savait pas exactement, mais il savait que dans ce genre de conversation, il n'était jamais des plus à l'aise. Bien au contraire. C'était comme si actuellement, on l'obligeait à ce qu'il en dise d'avantage, sans qu'il en ait forcément envie. Oh bien sur, il était pudique, mais cela n'excusait pas tout, et il savait également que Tonks allait jouer là-dessus. Décidément, cette brasserie causerait sa perte, ou alors tout simplement les circonstances et tout ce qui se passait autour d'eux deux finalement.

Fort heureusement, pour le moment, on ne faisait que chuchoter, d'ailleurs, il le valait mieux. Premièrement car Rémus ne souhaitait franchement étaler tout cela devant tout ce monde, même s'il savait finalement, que dans le monde moldu cela n'aurait aucune importance réelle et sérieuse, mais deuxièmement car si cela éclatait d'un seul coup, il risquait également de fuir. Et il avait quand même commandé à manger ne l'oublions pas. Enfin bref...

« Tu es le mieux pour moi. Et arrête de dire que ça n’a rien à voir avec la situation. Bien au contraire. Il s’agit de nous, pas des autres ! Alors en quoi tes sentiments ne font pas partis de l’histoire ? »

Elle ne le lâcherait pas avec ceci. Il le voyait dans son regard, elle était déterminée, comme tous les Blacks finalement. Elle tenait vraiment de sa mère et de son cousin finalement, peut-être pas sur le même plan mais au final, oui, elle tenait bien d'eux. Car sur ce sujet là, elle était tenace. Pourtant il faisait tout pour la décourager, comme le fait de faire croire que ses sentiments ne valaient rien et qu'il ne fallait pas les prendre en compte. Mais encore une fois, elle trouvait les arguments pour rétorquer. Que voulez-vous réellement qu'il fasse face à cela ? Fuir ? Encore ? Il n'arrêtait pas de fuir depuis déjà plusieurs mois, voir années. Il était beau le chef de l'ordre qui n'arrêtait pas de dire de faire face à l'adversité, de ne plus se laisser aller à se cacher ou même à ne rien faire. Et là ? Qu'est-ce qu'il faisait concernant ses sentiments ? Justement ce pour quoi il luttait dans la vie active. Enfin l'arrivée du serveur lui permit d'avoir un instant de répit malgré tout.

"Tonks...écoutes mes sentiments ne sont pas si importants que cela en fin de compte, qu'ils soient là, qu'ils existent ou non, tu mérites mieux que moi, quelqu'un de plus jeune. Il n'y a pas de nous, il n'y en aura jamais....enfin tu dois comprendre que je ne veux pas te voir gâcher ta vie."

Fort heureusement d'ailleurs, il avait également chuchoté. Il doutait néanmoins que ses arguments feraient mouche en fin de compte. De toute façon la connaissant, elle dirait encore que tout ceci n'était pas un problème. Et on retournerait à la case départ. Enfin au moment ou il crut à une accalmie, il se raidit sensiblement. Il avait senti un pied sur le sien. Observant Tonks et son sourire amusé, il n'eut plus aucun doute, elle....elle....elle lui faisait du pied. Que faire ? Comment réagir ? D'ailleurs, il était plus sur ses gardes qu'autre chose. Il ne savait pas exactement de quoi était capable Tonks.

"Tu....devrais manger tu sais."

Pathétique...
Mais cela permettait d'essayer d'oublier qu'elle lui faisait du pied. Par Merlin, qu'elle ne continue pas. Il n'était qu'un homme après tout n'est-ce pas ? Et bien qu'il soit plus sage et plus posé que la plupart des mâles qu'elle avait du connaître, il en restait toujours un avec ses sentiments et disons ses pulsions.
Revenons au couple de personnes âgées, la femme d'ailleurs, bien que légèrement grondée par son mari, n'allait pas en rester là en fin de compte. De plus c'était si beau de voir un couple comme eux dans un restaurant. Maintenant on se souciait des apparences, alors que là non.

"Pas de problème jeune fille, vous faites un charmant couple. Trop de gens accordent de l'importance à l'apparence de nos jours, mais vous nous. Vous êtes vraiment très bien assortis."

"Elisabeth, tu ne vois pas que tu les dérange ?"

"Mais non, et puis rappelles toi à leur âge, on était pareil et regardes nous 40 ans après. Cela me rappelle notre jeunesse."

Rémus après avoir entendu cela, serait prêt à se cacher sous la table. Encore une insinuation comme quoi, finalement, ils, lui et Tonks, pouvaient être heureux. La prochaine fois, il mangera un sandwich, c'était moins risqué.

Il n’y en aurait jamais. Cette phrase, si minuscule fût-elle, se répercuta pendant plusieurs secondes dans l’esprit de Tonks. Y croyait-il réellement ? N’imaginait-il pas, même dans ses rêves les plus fous, une vie à deux ? L’idée qu’il puisse vraiment croire ça la déstabilisa plus qu’elle ne le montra. Et si ce après quoi elle courrait, ce sur quoi elle rêvait chaque nuit, n’était que vain ? Et s’il ne disait jamais oui ? S’il n’acceptait pas leur relation ? Préférant ne pas répondre à ces questions plus que gênantes, l’Auror se mordilla un court instant la lèvre et se concentra de nouveau sur celui qui lui faisait face, pour lui répondre enfin.
« Gâcher ma vie ? Je ne le fais pas si je t’attends, si j’suis avec toi. Et puis, tes sentiments sont importants » insista-t-elle de nouveau. On aurait presque pût croire à une thérapie de couple, sauf que dans leur cas, ils n’étaient pas mariés, même pas ensemble, contrairement à ce que croyait le serveur.

Ensuite eût lieu l’épisode du pied sous la table. Comme si elle abandonnait, Tonks plongea sa fourchette dans les pates fumantes, un air blasé s’inscrivant sur son visage. Mais c’était mal la connaître que de croire sincèrement qu’elle pouvait céder si facilement. Car dans la seconde qui suivit, son pied revint frôler celui de Rémus sous la table, alors qu’elle s’empêchait d’éclater de rire, et de le regarder, par la même occasion. Et avant qu’elle n’ait le temps de faire l’un des deux, la dame de la table d’à côté se remit à parler.

Et Merlin savait qu’elle avait raison, cette vieille dame. Les gens ne jugeaient plus que par le physique, par l’apparence, sans prendre le temps de connaître les personnes réellement. Et preuve en était Lupin. Peu le connaissaient tel qu’il était, tous se contentaient de ce qu’ils voyaient. Et ils y perdaient … Bref.
« Merci, merci beaucoup …. J’espère bien que tout se passera dans le même esprit que vous ! »
Sur cette sage parole, Tonks se pencha en avant, fixant Rémus dans le blanc des yeux.
« Tu vois ! Même eux pensent qu’on est ensemble. Ils nous imaginent déjà vieillir à deux. Et ils se revoient dans leur jeunesse … »
Se redressant – son pied frôlant de nouveau celui de Rémus -, elle eût un sourire pour la vieille dame sympathique. Cette dernière, à l’âge de Tonks, avait dût avoir le même genre de caractère. Le temps ne semblait pas l’avoir aigri, même si son mari quant-à lui restait apparemment aussi réservé qu’aux premiers jours. Si c’était possible … si leur futur à eux était pareil …
Revenant à Rémus, elle le scruta de nouveau.
« Tu vois ! Tout est possible ! Cesse de penser aux autres, et un peu plus à toi… »

« Gâcher ma vie ? Je ne le fais pas si je t’attends, si j’suis avec toi. Et puis, tes sentiments sont importants »

On commençait sérieusement à tourner en rond dans cette conversation, de toute façon il n'avait plus vraiment d'arguments pour essayer de convaincre Tonks. Oh bien sur il pouvait toujours ressortir les bonnes vieilles excuses, mais actuellement il en était fatigué. Il ne souhaitait que profiter de ce repas, pas repartir en croisade pour la convaincre d'abandonner cette idée. De toute façon à première vue c'était peine perdue. D'autant plus que même aux alentours, on les croyait ensembles, alors qu'en fait....qu'est-ce qu'ils étaient vraiment ? Des amis ? Plus ? On ne saurait le définir à vrai dire. Il essayait de tout faire en tout cas pour qu'au final cela ne ressemble qu'à de l'amitié, et rien d'autre. Mais pourtant, chacun savait ce qu'il en était au fond de lui. Et lui également, mais il n'osait le dire, de peur de quoi ? De souffrir ? De la faire souffrir ?
Il se posait définitivement beaucoup trop de questions sur le moment.

Il crut cependant qu'elle allait abandonner, notamment quand il ne sentit plus son pied sur le sien, mais en fait, tout ceci n'était qu'une ruse, car essayant de le distraire alors qu'elle commençait à manger, elle recommença ce petit manège en fin de compte. Il déglutit rapidement, serrant doucement sa fourchette, signe qu'il essayait malgré tout de se contrôler. De contrôler quoi, là était encore toute la question n'est-ce pas ? Peut-être de répondre simplement à ce petit geste innocent. En attendant, il allait tenter de dire quelques paroles, sans qu'au final cela soit véritablement tangible.

"Tonks....comment est-ce que tu pourrais aimer quelqu'un comme moi ? Je ne suis pas fait pour être aimé."

Néanmoins dans ce qu'il disait finalement, il perdait quelque peu du terrain, avouons le. Il était déstabilisé actuellement, cela n'était pas trop difficile. Du monde, une Tonks légèrement entreprenante et toujours aussi butée, un concours de circonstances, et le voilà qu'il ne savait plus vraiment quoi dire au final. Sans oublier bien entendu ce que lui en pensait, ou plutôt ressentait actuellement. Bien sur, étaler ce genre de choses en direct, sur le devant de la scène, c'était contre nature, mais par la force, on y était bien obligé, façon de parler pour la force bien sur.

« Tu vois ! Même eux pensent qu’on est ensemble. Ils nous imaginent déjà vieillir à deux. Et ils se revoient dans leur jeunesse … »

Il déglutit à nouveau, fermant même quelques instants les yeux. Le pied de Tonks avait recommencé son manège, cela donnait des sueurs froides. Pas de la peur bien entendu, simplement vous savez ce petit frémissement qui peut être possible entre deux personnes qui disons, sont assez attirées l'un par l'autre. Bien qu'actuellement l'un le cachait beaucoup mieux que l'autre. Pour cela qu'il fermait les yeux, pour éviter d'y penser, ou même de le ressentir. Or son corps n'obéissait finalement qu'à ce qu'il touchait, son esprit n'y pouvait rien. Merlin.....qu'il allait devoir être très prudent dans les prochains mots.....ou même gestes.

"Tonks....je...hum..."

D'accord, cela voulait tout dire finalement, enfin d'autant plus que la femme âgée, donc Elisabeth comme on l'avait nommée précédemment, allait remettre son grain de sel dans la conversation.

"Vous voyez, je vous avais dis que cela marcherait. Cela marche toujours en fait. Il réagit de la même façon que Paul."

"Elisabeth, tu vas les embarrasser à force."

"Mais non, je suis sur que non, et puis il faut bien que jeunesse se fasse n'est-ce pas ? Alors depuis combien de temps êtes vous mariés ?"

Curieuse la manie néanmoins et entretemps Tonks avait également repris la parole, il n'allait réellement jamais s'en sortir. Ce n'était pas croyable, il était pris entre deux feux. D'un côté Tonks, de l'autre le couple, sans oublier le serveur. Alors soit il jouait la comédie, soit finalement, il criait un bon coup pour calmer tout le monde et lui également, au risque de fuir par la suite, et surtout de mettre dans l'embarras un peu tout le monde.

« Tu vois ! Tout est possible ! Cesse de penser aux autres, et un peu plus à toi… »

Léger regard vers Tonks avant de reprendre.

"....Je ne préfère pas...penser à moi."

De peur de trop se laisser aller finalement, enfin en même temps actuellement, il était plus sous pression, signe évident que ce que faisait Tonks ne le laissait pas si indifférent que cela. Il souffla légèrement, de façon imperceptible bien évidemment, il ne fallait pas non plus avoir l'air d'un boeuf. Essayant de reprendre disons un air des plus convenables, pas comme si il avait subitement chaud de part les actions de Tonks, il retourna son attention vers le couple âgé.

"Et vous ? Depuis combien de temps ?"

Oh quel moyen détourné pour éviter de répondre à la question en tout cas. Rémus savait y faire visiblement, mais bon, encore une fois, il savait que Tonks remarquerait qu'il n'avait pas contredit le couple. Encore une fois il était dans de beaux draps. C'est décidé la prochaine fois, ce sera chez lui, enfermé à double tour et sans personne à côté ou en face qu'il mangera.

Pour un peu, et elle s’énerverait. Quelqu’un comme lui ! Mais qu’avait-il, à la fin ! On pouvait se pousser dans l’ombre, on pouvait se dévaloriser, mais là c’était presque maladif. Et puis, bon sang, ne pouvait-il pas ouvrir ses yeux, ou se décider à être au moins un peu égoïste ? Enfin bref. Elle commençait à grignoter un peu de terrain, comme si son petit jeu remplissait parfaitement son rôle, alors elle se décida à ne pas relever, à ne pas répondre. Juste un long coup d’œil. Tant qu’il ne se poserait pas les bonnes questions, elle ne lui répondrait plus. Et pour le coup, ‘Comment’ n’était pas la bonne.

Rémus « Tonks … je … hum »
Ho, quelle réponse ! Un sourire amusé se glissa sur ses lèvres, alors qu’elle le fixait d’un air malicieux. Mais encore ? Qu’avait-il souhaité dire ? Se penchant légèrement sur la table, ses yeux pétillant de malice, elle chuchota alors
« Oui, mon Cœur ? »
Et à nouveau, elle le frôlait. Comment ça, elle abusait ? Parce que lui, à s’entêter dans un non incompréhensible, n’abusait pas ? Mais bon, d’accord. L’utilisation du ‘mon cœur’ n’était pas anodine, ni l’effleurement qui s’en était suivit. Et puis quoi ? Autant aller jusqu’au bout. Ils n’avaient rien à perdre …. Si ce n’est l’amitié puisqu’il ne voulait plus. Et un court instant, cette idée la fît frémir. Et si à le pousser comme elle faisait la jeune y perdait tout ? Tonks ferma les yeux brutalement, et chassa aussi vivement cette supposition. Impensable. Du moins l’espérait-elle.

Et la mamie reprit la parole, arrachant un nouveau sourire à l’Auror. Décidément ! Les deux … couples, faute de meilleurs mots, se ressemblaient sur plusieurs points ! Un homme introverti, discret, face à une femme presque trop extravertie et bavarde. Sûrement pour ça que cette Elisabeth savait quoi faire dans une telle situation ! Peut-être même que, comme Rémus, son mari avait niait pendant plusieurs mois ses sentiments. Et pour un peu, Tonks lui aurait demandé comment elle s’était débrouillée pour réussir à le lui faire avouer. Mais Rémus lui coupa la chique sous le nez, en lui adressant la parole à mi voix.
Et là, Tonks ne pût retenir un léger soupire, tout en levant les yeux au ciel. Incroyable. Voilà que maintenant, il ne se mettait plus dans l’ombre, il s’y tassait. Mais quand se déciderait-il à s’occuper plus de soi que des autres !
Se repenchant sur la table, le fixant d’un regard flamboyant, elle chuchota légèrement.
« Essaye, juste une fois, d’écouter ton cœur, et juste ton cœur, pas ton cerveau, ni même ta raison ou je ne sais quoi, et essaye juste maintenant de réagir comme celui-ci veut. »

Maintenant, Rémus détournait la conversation, revenant au couple et ne niant encore une fois rien. A quel jeu jouait-il …. A mi voix, observant maintenant leurs voisins, elle chuchota à mi-voix au Loup Garou
« Alors comme ça, nous sommes mariés ? Il faudrait peut-être passer auparavant par la case ‘ensemble’, non ? »
Un léger regard sur Rémus, un sourire amusé aux lèvres, le frôlant une nouvelle fois. Mais bien vite, elle revint à leurs nouveaux amis, et prit un air angélique.
« Excusez Rémus, il ne vous a même pas répondu. »
Se délectant à l’avance de ce qu’elle allait dire, Tonks plongea une fourchette dans ses pates qui fumaient nettement moins maintenant, avant de dire d’un air totalement heureux
« En faite, nous envisageons le mariage pour bientôt. »
Dans la même seconde, Tonk effleura le pieds de Rémus, de façon à – du moins elle l’espérait- ce qu’il ne puisse dire le contraire. Parce qu’après tout, ce n’était pas un vrai mensonge. Nous était seulement Je. Petit détail ? Vraiment ?

« Oui, mon Cœur ? »

Gémir ? Ce n'était pas dans ses habitudes, pour cela qu'il ne le fit pas d'ailleurs, mais rougir, il en était capable. Et entendre ce surnom, même si cela était chuchoté, cela avait de quoi rendre Rémus pour le moins gêné. Surtout qu'il ne savait pas si Tonks jouait à un jeu ou si elle le pensait réellement. Il allait encore se torturer l'esprit pour essayer de comprendre ce qui se passait. Analyser, comprendre, développer, élaborer une théorie, finalement quand cela s'agissait des sentiments, il n'existait rien de rationnel. Il y goûtait quasiment à chaque fois qu'il se retrouvait seul avec Tonks. L'amour, y avait-il seulement le droit ? Avait-il seulement le droit de penser un tant soi peu à lui en fin de compte ? Là était toute la question qu'il se posait finalement. Mais en même temps en se taisant, cela n'était-il pas mieux pour les autres ? Il n'était déjà qu'un paria de la société, il ne voulait pas en ajouter d'avantage à Tonks.

De plus entre ce qu'elle faisait sous la table et ses sourires, diaboliquement exquis avouons le, il ne savait plus vraiment ou donner de la tête pour l'occasion. Elle lui faisait perdre, avec tout ceci et le petit jeu finalement. Il n'était pas à l'aise, cela se sentait. Il se contrôlait au mieux. L'homme et ses pulsions finalement....

"Pourquoi moi ?"

La question était posée, en chuchotant bien entendu, mais il l'avait dis finalement. Après tout, pourquoi l'avoir choisi lui ? Un loup-garou d'autant plus, sans oublier les treize années de différences entre eux, cela n'avait pas de sens. Mais y avait-il eu un jour un sens à ce qu'on appelle les sentiments. Et en ce moment on essayait de se débattre à la fois avec le couple, mais également avec soi-même. Deux choses difficile à faire en même temps finalement.

Le regard flamboyant de Tonks avant ses paroles ne le rassura guère, même il se croyait passer au rayon X, comme si on essayait de savoir ce qu'il pensait ou ce qu'il ressentait. Il avait l'impression de se sentir mis à nu par Tonks. Dans le sens littéral parlons bien, dans le sens...normal, disons qu'on n'était pas encore arrivé à ce stade quand même. Merlin...dans quel guet apens, était-il encore tombé ? Et dire qu'au départ, il s'agissait d'un banal repas, et désormais cela se transformait en quoi ? Rendez-vous de couples presque. Au moins ici, en tout cas, il n'était pas jugé pour ce qu'il était. Un bon début.

« Essaye, juste une fois, d’écouter ton cœur, et juste ton cœur, pas ton cerveau, ni même ta raison ou je ne sais quoi, et essaye juste maintenant de réagir comme celui-ci veut. »

Non il ne devait pas céder à cette tentation. Il y avait toujours une lutte armée entre sa raison et son coeur, la plupart du temps, la raison l'emportait, peut-être due aux nombreuses années passées seul qui lui avait permis de mettre de côté tout ce qui concerne une vie privée. Mais désormais, depuis ces trois dernières années, la raison faiblissait, bien que remportant encore de grandes victoires, cela devenait difficile de jour en jour. Le coeur avait sa propre volonté, volonté qu'on avait du mal à laisser exprimer de peur.....par peur tout simplement. Sans oublier la suite des paroles de Tonks.

« Alors comme ça, nous sommes mariés ? Il faudrait peut-être passer auparavant par la case ‘ensemble’, non ? »

Peut-être aurait-il du se taire et ne pas répondre à ce couple tout simplement, cela aurait mieux valu en fin de compte. Et le jeu de jambes continuant malgré tout, il était sur les nerfs, enfin sur les nerfs, un grand mot, disons simplement qu'elle lui mettait actuellement la pression. Et il y avait deux issues possibles, soit il partait totalement en colère du restaurant sans même dire un mot en fin de compte, soit...soit on ne savait pas vraiment la seconde solution. Il chuchota également, essayant de faire abstraction de l'effet de Tonks sur lui, autant par ses sourires que par son jeu sous la table.

"Ce n'est pas....Ecoutes je...laisses tomber..."

Les arguments commençaient lentement à s'effriter, il faut dire que la situation ne laissait guère d'alternative à Rémus malgré tout, en ce moment, il avait beau cherché une porte de sortie, ce n'était pas pour autant qu'il la trouvait. Peut-être car elle n'existait pas. En attendant la discussion continuait avec le couple, dont le mari d'ailleurs essayait de tout faire pour calmer sa femme. Mais apparemment cela ne marchait pas. Et celle-ci avait l'air ravi d'avoir une conversation avec notre chère Tonks sur le moment.

"Toutes mes félicitations, nous cela va bientôt faire 42 ans de mariage. J'espère que le votre ne vous en fera pas voir autant que le mien."

"Elisabeth !"

"Allons Paul, c'est un secret pour personne que j'ai eu du mal à t'attraper. Vous savez, il faisait tout pour me décourager, mais une fois il n'a pas pu reculer. Et il a du dire les mots qu'il fallait. Et finalement tu ne t'en plains pas hum ?"

"Non c'est vrai."

"Alors tu vois. Ma chère, si je peux vous dire quelque chose, emmener votre futur mari dans un lieu bondé comme celui-ci et forcé le à admettre ce qu'il ressent pour vous. Cela fonctionne à tous les coups. Ou alors il s'énerve et le dit quand même. Dans tous les cas vous êtes gagnante.
Vous envisagez des enfants ?"

Et alors que Tonks venait de dire qu'ils allaient se marier, il déglutit légèrement, à cause de cela ou du nouvel effleurement ? Va savoir, sans oublier que la suite de la conversation ne l'aida pas vraiment à se sentir mieux. Que devait-il faire et surtout qu'allait-il faire ? Jouer la comédie ou tout arrêtait à cet instant précis ? Encore une grande question sur le moment. Simplement, il était encore en pleine réflexion, comme s'il ne savait que cela, alors que c'était le coeur qui devait parler tout simplement. Un léger regard vers Tonks, son regard, le sien pas celui de Tonks, avait changé....

......

Non pas de la colère, Rémus se mettait rarement en colère, simplement elle l'avait un peu trop cherché pour l'occasion, échauffé même dirons nous, comme si au travers de son regard on pouvait y lire ce qu'il ressentait. Oui son coeur parlait, peut-être pas longtemps mais il le faisait. Prenons cela comme un miracle finalement, cela n'arrivera pas tous les jours, sans oublier que le corps suivait le mouvement ou plutôt le petit moment d'égarement de Rémus. Son propre pied, oui, le sien, frôla également légèrement, presque timidement en fin de compte celui de Tonks avant de se rétracter. Comme si en fait, ce moment ou le coeur avait parlé, n'était qu'une passade, ou plutôt que la peur de le laisser de nouveau s'exprimer était encore bien vivante.

"Rien n'est encore prévu pour le moment."

C'était dis pour le couple, d'une voix qu'on voulait assurer pour l'occasion, bien qu'on en était pas vraiment sur. Ce qu'il voulait actuellement profiter de son repas pour une fois, en évitant de retomber dans ce genre de conversation à l'avenir. Dommage qu'il n'existe pas d'antidépresseurs dans le monde sorcier, il en aurait bien besoin.

Rémus « Pourquoi moi ? »
Ha. Enfin une bonne question. Ou du moins, une question qui méritait réflexion. D’être posée. Bref. Pourquoi lui ? Il y avait peut être des arguments contres. Mais elle ne les voyait pas. Car le fait qu’il n’ait jamais renoncé, face au danger, face à sa … maladie, face à tant de chose, balayait tout le reste. Alors certes, par exemple, sa mère ne supporterait sûrement pas l’idée qu’ils soient ensemble. Et quoi ? Cette dernière devrait s’y faire, parce que Tonks ne renoncerait pas. Jamais. Quitte à devenir, comme on disait chez les moldus, une ‘bonne sœur ‘. Ce qu’elle ne souhaitait tout de même pas …. Faut pas abuser et pousser mamie dans les orties !
« Parce que t’es toi. Courageux, calme, stable, gentil, délicat même. Et puis, toute façon, la seule raison qui compte, c’est celle là : parce que t’es toi. »
Et puis, pour tout avouer, il n’y en avait pas d’autres. L’amour ne s’expliquait pas, mais se vivait. Il vous tombait dessus, et vous ne pouviez rien faire d’autres que le suivre sans poser de questions … sauf si, bien sûr, vous vous appeliez Rémus Lupin, exception qui confirmait la règle. Car lui semblait résister de pied ferme à ce qu’il ressentait. Mais bon …. Tout barrage n’était pas infaillible, et celui-ci finirait bien par craquer. Foi de Tonks.

Rémus « … je laisse tomber »
Regard étonné, pour cette fois. Il laissait tomber ? Il abandonnait ? Aussi facilement ? Avant qu’elle ne puisse rétorquer, le couple reprit la parole. Ils étaient pleins de vie, et cette Elisabeth semblait heureuse de pouvoir partager quelques souvenirs, même avec une inconnue. D’ailleurs, à sa première phrase, Tonks éclata de rire. Un rire franc, qui venait du fond du cœur. Ainsi, Rémus n’était pas le premier à faire ‘courir’ sa dulcinée ? L’histoire des deux sorciers n’était qu’un écho de celle des deux moldus ? L’idée plût à l’Auror, au vu du final. Oui, bien sur, elle rêvait d’un futur où ils raconteraient à un jeune couple leur histoire avec ses hauts, ses bas, ses joies et ses peines, ses amusements aussi. Si seulement c’était possible.

Et la dernière phrase fît sourire Tonks. Son regard glissa en coin vers Rémus. Comprendrait-il le sous-entendu ? Il pouvait le faire. Il pouvait le dire. Puisque cacher ses sentiments ne rimait à rien, et que de toute façon comme disait Elisabeth, il existait toujours un moyen pour faire avouer, autant qu’il le dise de lui-même. Alors qu’attendait-il ? Enfin bref, l’Auror se retourna vers le couple, en affichant un grand sourire.
« Toutes mes félicitations ! Un mariage aussi long, quelle chance … »
Et elle se tût. Elle ne s’y attendait pas. Et presque même, elle crût qu’elle avait rêvé. Après tout, il n’avait jamais osé avoir un geste ne serait-ce que tendre envers elle. Au mieux, un regard plus délicat … ou elle n’avait pas vu. Une autre possibilité. Bref. Et en réaction, son cœur accéléra doucement, battant maintenant la chamade. Il osait. Ne serait-ce qu’une infime seconde, mais il osait ! Son regard se fixant sur lui en coin à nouveau, elle eût un léger sourire, ou se mêlait pour une fois malice et tendresse. Merlin, il avait osé !

Alors qu’il prenait la parole, Tonks se retourna vers le couple, réprimant son cœur qui lui murmurait d’aller l’embrasser. Pas sûre qu’il ne supporte ça. Et vu que le forcer ne menait jamais à rien … Autant continuer à l’amadouer, voir même à jouer sur des sentiments purement masculins. Ce qu’elle fît d’ailleurs, le frôlant délicatement l’air de rien, tout en annonçant avec un joyeux sourire toujours affiché sur les lèvres
« Pour l’instant, il veut dire … »

« Parce que t’es toi. Courageux, calme, stable, gentil, délicat même. Et puis, toute façon, la seule raison qui compte, c’est celle là : parce que t’es toi. »

Parce qu'il était lui ? Cela ne répondait pas exactement à la question qu'il venait de poser. En fait si cela y répondait parfaitement en fin de compte, mais au final il n'osait y croire. Pourquoi ? Tonks avait parlé avec son coeur et c'était justement là que le bas blesse. Il avait peur de son côté de son coeur, de ce qu'il dirait s'il osait simplement l'ouvrir. Oh bien sur avec d'autres personnes, son coeur s'exprimait, avec ses amis, avec Harry qu'il considérait finalement comme une sorte de neveu. Mais là c'était plus profond que le reste, c'était vraiment des sentiments qu'on ne rencontrait et qu'on ne vivait que peu de fois dans une vie. Et sur ce coup-là, Rémus avait peur. Oui cet argument revenait souvent dans l'exposition des faits, mais il faut dire que c'était tout à fait vrai.

"Tonks.....j'ai treize ans de plus que toi, je suis vieux, et je suis un loup-garou, ce n'est pas raisonnable."

Il n'eut le temps d'y penser d'avantage en fin de compte, Tonks émit un rire franc, un rire qui lui allait si bien, rah saleté de pleine lune, il tournait trop vers le romantisme niais et bon marché en fin de compte. Il faudrait qu'il arrête la potion tue loup. Bien ou en était-il ? Oui quand elle se mit à rire, son coeur fut un léger bon dans sa poitrine. Il adorait l'entendre rire. Bien sur, il ne se faisait remarquer quand il l'observait d'un oeil tendre, il faut dire qu'il était devenu un maître dans l'art d'observer les autres sans se faire remarquer, sans oublier également de ne rien dire qui pourrait tendre à croire quelque chose. Enfin encore une fois pour l'occasion il l'avait observé, discrètement, son regard reflétant une tendresse qu'on connaissait peu chez lui.

D'ailleurs, le regard qui redevint rapidement celui que tout le monde connaissait quand elle revint vers lui. Encore une fois il s'était dérobé, mais ce n'était pas vraiment une nouvelle n'est-ce pas ? Il avait parfaitement compris ce qu'avait voulu dire le couple et ce que Tonks y voyait, d'ailleurs intérieurement, cela le faisait soupirer. La vie n'était pas franchement pas facile, quand enfin il avait commencé à accepter sa solitude, l'Ordre était revenu en force avec Sirius et par la suite Tonks était arrivée. De quoi briser les dernières années passées seul chez lui, simplement par une présence en fait.

« Toutes mes félicitations ! Un mariage aussi long, quelle chance … »

Il savait ce qui lui avait coûté finalement le geste qu'il venait d'avoir, il le savait, rien qu'en observant Tonks et le changement qui s'opéra sur son regard. Il n'aurait pas du en fin de compte, il lui donnait de l'espoir à nouveau. Mais cette fois-ci, il n'avait pu taire ce qui était en lui et on ne parlait bien entendu pas de sa raison.

« Pour l’instant, il veut dire … »

Lui qui penserait qu'elle s'arrêterait là, qu'elle avait compris le message qu'il avait passé au travers de sa réaction, eh bien non. Elle recommença à la frôler, bien entendu, sans réellement le voir, ou alors il était de mauvaise foi, ce qui était fort probable également, son pied se mit à jouer également à ce petit jeu. Bien sur rien de vraiment sincère et d'audacieux. Il faut dire que Rémus était et resterait quelqu'un de discret même dans ses gestes, tout en subtilité. Un léger frôlement, peut-être les pieds qui se touchaient l'air de rien, pendant quelques secondes, et lui qui appréciait néanmoins son contact même s'il se faisait violence en fin de compte pour ne pas.....se laisser aller à une pulsion basique. Oui le barrage avait cédé, il faut dire qu'il aurait été difficile de résister plus longtemps, notamment du point de vue des circonstances. Mais cela ne dura pas, il n'était pas joueur habituellement, encore moins sur les sentiments.

"Merci ma Chérie, mais je suis sur que vous arriverez à battre notre record tous les deux."

"Elisabeth, nous devrions les laisser manger."

"Oui bien sur. Enfin encore désolée de vous avoir dérangé malgré tout. Et je suis sur que vous aurez de magnifiques enfants. Une date précise pour le mariage ? Je vous conseille l'été, ou le printemps, de bonnes saisons pour fêter l'amour."

Son mari essayait sans succès de la faire arrêter, mais apparemment non, elle aimait tout simplement discuter. Et entre temps, Rémus ne savait toujours pas ou se mettre, fort heureusement il avait bien entamé son repas malgré tout. Entre quelques interventions ici et là, il avait réussi à avaler quelques morceaux tout simplement. Enfin juste avant de se faire à nouveau interrompre.

"Vous m'avez l'air aussi à l'aise que mon mari au début jeune homme."

"Je...ne suis simplement pas très à l'aise en public, voilà tout."

"Vous ne devriez pas vous savez. Le temps est convenable, vous êtes avec la femme que vous aimez, que demandez de plus !"

"Hum...oui...vous avez certainement raison."

Serait-ce un aveu implicite ? Après tout il n'avait pas nié ce qu'Elisabeth avait dis loin de là, mais en même temps, cela remettrait en cause tout ce qui avait été dis avant. Et au risque de passer pour des menteurs finalement. Enfin toujours est-il que le calvaire, façon de parler, serait bientôt terminé. En effet le couple avait terminé et ils se levaient pour partir. Ils saluèrent nos deux amis assis alors qu'ils partaient payer l'addition. Peut-être qu'ainsi il pourrait souffler quelques instants, il l'espérait tout du moins. Et pour cela, il fallait mettre en route un sujet des plus banals. Encore fallait-il le trouver, et avec les émotions de la journée, difficile malgré tout.

"C'est bon ?"

Un mot pourrait résumé ce qu'il venait de dire : Pathétique.
On pourrait même rajouter : mauviette, boulet. Mais bon après cela ferait trop. Et puis fallait le comprendre, il venait de vivre des moments difficiles pour quelqu'un comme lui, il avait presque avoué en quelque sorte qu'il aimait Tonks et il avait osé faire quelques gestes, sans que ce soit vraiment des gestes très directs. Mais parfois il devrait quand même se mettre des baffes en rapport avec ce qu'il disait. Mange Rémus, mange ! Cela te fera oublier ta misérable répartie du moment !

C’était vrai. La différence d’âge était plutôt énorme. Et alors ? Si elle s’en fichait ? Car après tout, qu’y’avait-il de grave là dedans ? Tonks ne voyait pas. Et n’était sûrement pas objective dans ses pensées. Après ? Il était loup garou ? Elle le savait. Et de même, elle s’en fichait. Ces deux arguments ne tenaient donc pas. Autre chose ? Non. Rémus ne voyait que ça. La différence d’âge. Le fait qu’il soit lycanthrope. Rien qui ne tienne réellement la route, rien qui ne soit potablement acceptable comme excuses. Et comme disait l’adage, la raison n’avait rien à voir là dedans. Et l’Auror doutait vraiment qu’il puisse ne pas le savoir, lui si cultivé. Alors à quel jeu jouait-il, à chaque fois ?
« Oublie ça, veux-tu ? Tu es toi, avec ton âge, avec ta position, et je t’aime comme ça, que tu le veuilles ou non d’ailleurs. Alors oublie ça. D’autres fausses excuses ? »
Léger sourire malicieux à la fin de sa phrase, et des yeux pétillants qui le fixaient, pleins de vie. Combien de temps encore résisterait-il ? A jamais ? Des mois ? Des jours ? Elle n’osait espérer moins. Car après tout … nous parlions bien de Rémus, et non pas ceux qui lui faisait de l’œil quand elle arrivait le matin au Ministère. Et c’était bien pour ça qu’elle l’aimait. Pour toutes ces petites attentions quand elle s’y attendait le moins, pour la protection qu’il lui apportait, pour ces minuscules instants de douceur que seul lui pouvait faire. Oui. Simplement pour de petites choses comme ça qui, bout-à-bout, formaient ce qu’on appelait communément le bonheur. Mais revenons-en à nos moutons, ou plus précisément dans notre cas à nos amoureux.

Elle n’y croyait toujours pas. Il avait osé. Il osait encore. Et Merlin, il faisait soudainement chaud ! Pour un peu, et la jeune regretterait le pull qu’elle avait enfilé ce matin même à la vue d’un Londres d’un gris démoralisant. Mais une fois encore, elle n’allait pas se plaindre. Depuis combien de temps rêvait-elle d’un jour comme celui-ci ? Deux ans peut-être. Sûrement plus. En faite, depuis le jour où elle avait commencé à se dire que Rémus était vraiment un type bien. Ca remontait donc à … ses années à Poudlard. Trop longtemps. Et depuis, elle ne voulait pas imaginer qu’il puisse simplement dire un jour définitivement non, car même si en apparence elle s’en remettrait, son cœur ne suivrait pas.

Aux dires d’Elisabeth, Tonks eût un léger sourire. Elle aussi espérait exploser leur record. Elle espérait, en réalité, qu’il n’y aurait jamais de fin réel, mais plutôt un lendemain perpétuel. Et un rougissement qui ne se voyait que très peu de fois sur ses joues s’y inscrivit, quand la dame lui annonça qu’elle était sûre qu’ils auraient de beaux enfants. Un joli compliment, parmi tant d’autres, même si Tonks n’en était pas encore à rêver de ça – une chose à la fois -.
« Ce fût un plaisir …. Merci beaucoup pour les conseils ! »
Un léger clin d’œil. Elisabeth devait avoir comprit. Entre l’idée de faire du pied, les compliments, et maintenant le conseil du printemps et de l’été, la vieille dame avait fait tout ce qu’il fallait pour renforcer Tonks dans son idée. Elle n’abandonnerait pas, comme l’autre l’avait fait. Après tout, cette fameuse mamie n’était-elle pas la preuve vivante qu’on pouvait obtenir l’homme de ses rêves, même quand ce dernier ne semble tout d’abord pas d’accords ? Mais bref. Sagement – ou presque -, Tonks rangea ses pieds sous sa chaise, se forçant à ne pas écouter ce qui se disait entre Rémus et cette fameuse Elisabeth. Plus facile à dire qu’à faire. Et elle les regarda s’éloigner, un léger sourire aux lèvres. Longue vie à eux.

Le silence se fît, quelques secondes, alors qu’elle tournicotait du bout de la fourchette quelques pates. Toujours pas mangé, avec tout ça. Et presque plus faim. Les émotions la lui coupaient toujours. Etrange, n’est-ce pas ? Mais Rémus lui demandait si c’était bon. Un sujet banal, parmi tant d’autres, comme ils en avaient l’habitude. Un de plus. Pathétique ? Peut-être. Ou pas. Bref. Tonks avala une cuillère, et eût alors un sourire malicieux, gourmand.
« Très. Tu veux goûter ? »
Comment ça, aguicheuse ?
« Et toi … ? »

La jeune reprit encore ensuite la parole.
« Ho faite … »
Tonks se pencha légèrement en avant sur la table.
« Tu n’as pas nié quand Elisabeth a dit que tu étais avec la femme que tu aimais ….. »

« Oublie ça, veux-tu ? Tu es toi, avec ton âge, avec ta position, et je t’aime comme ça, que tu le veuilles ou non d’ailleurs. Alors oublie ça. D’autres fausses excuses ? »

Un perpétuel combat finalement. Toujours la même chose, il sortait les arguments qui selon lui faisaient douter de cette relation qui pourrait avoir lieux, tandis qu'elle les balayait d'un simple geste de la main. On se renvoyait mutuellement la balle, jusqu'à ce qu'un fasse une faute finalement. Et à priori cela ne serait pas Tonks, elle ne lâcherait pas. Depuis le temps ou on l'a côtoyé dans l'Ordre, on commençait à savoir que quand elle avait une idée derrière la tête elle ne s'arrêterait pas à un simple non. Et le sourire malicieux qui alla avec, sans oublier bien évidemment le regard plein de vie, confirmaient ses soupçons. Il pouvait toujours nier autant que possible en fin de compte, ses gestes, même partiels à des moments, les quelques minutes d'attention trop particulières qu'il pouvait lui procurer, la renforçait dans son idée.

Oui il pourrait tout bêtement arrêter cela, et faire comme si au final elle n'était rien de plus qu'un membre de l'ordre, ou une amie, mais au final, même si sa raison lui disait de le faire, rien n'était pas. Peut-être parce que son coeur ne le voulait pas, qu'il ne voulait pas laisser filer ses quelques instants disons de pêchés à la morale. Certainement. Tout cela n'avait plus aucun sens désormais pour lui, il ne savait plus vraiment ou donner de la tête au final. Sans oublier qu'avec la conversation qu'ils venaient d'avoir, avec le couple ou même simplement entre eux, cela n'avait rien arrangé à la lutte intérieure qu'il menait. Peut-être qu'un jour, il arriverait finalement à faire le tri et à se décider à faire quelque chose ou pas. Mais pour le moment, tout ce qu'il pouvait donner, c'était ce genre de petits moments. Involontaires, mais qui malgré tout, montrait quelques fois qu'il n'était pas disons.....insensible à Tonks, loin de là.

L'amour était quelque chose de compliqué, notamment pour lui. Tant d'années à passer à oublier justement ce genre de sentiments, à ne plus s'en préoccuper, pour qu'au final tout cela lui revienne dans la figure par la simple présence d'une nymphe dans sa vie. D'ailleurs elle n'était pas la seule à vouloir qu'il se bouge. Sirius s'y mettait également, l'entêtement des Blacks devenait légendaire en fin de compte. Et déjà une personne, cela était difficile à gérer mais si on ajoutait son meilleur ami, il courrait à sa perte tout simplement.

Alors qu'elle remerciait Elisabeth, Rémus était retourné sur son plat, il faut dire que sa dernière intervention n'avait pas été des plus brillantes d'élocution. Bien au contraire, entre les non dits avec Elisabeth puis sa phrase des plus pathétiques avec Tonks, il valait mieux qu'il se taise et qu'il finisse tranquillement son plat. Fort heureusement qu'il ne prendrait qu'un plat de résistance et pas autre chose, sinon ce repas durerait une éternité et on ne savait pas de quoi était fait l'éternité justement, cela pouvait faire peur. Surtout en sachant qu'actuellement il était des plus tiraillés. Sentiments, raison, sentiments, raison, gestes, regrets ou remords. C'était toujours la même histoire avec lui.

« Très. Tu veux goûter ? »

« Et toi … ? »

En plus en ce moment elle le taquinait, il déglutit à nouveau, mais c'était bien parce qu'il ne pouvait émettre de cri de gémissement pour dire qu'elle le tuait en ce moment avec ses insinuations. Sinon il l'aurait fait à vrai dire, mais il y avait du public. De plus il finissait son plat. Fort heureusement qu'on avait bien consommé auparavant malgré tout.

"Meilleur que mon dernier repas."

C'était d'un banal, mais remarque qu'il accompagna bien évidemment d'un léger sourire pour l'occasion. Il ne voulait pas à nouveau refaire parler de lui concernant sa situation, et puis le dernier repas pris avait été correct également, juste que parfois on prenait plaisir à goûter à la cuisine moldue qui était somme toute aussi bonne que la cuisine sorcière. Après tout, il n'y avait que la façon de faire qui changeait n'est-ce pas ?
Malgré tout il ne s'attendit pas vraiment à la suite.

« Ho faite … »

« Tu n’as pas nié quand Elisabeth a dit que tu étais avec la femme que tu aimais ….. »

Par Merlin....
Il aurait du se taire quand Elisabeth avait parlé ou plutôt dire quelque chose d'autre finalement. Mais non encore une fois il n'avait rien dis, se contentant simplement de se taire. Et maintenant cela lui revenait comme un boomerang. Et Tonks venait à nouveau de se pencher pour capter son regard ? Pour que la discussion reste simplement entre eux ? Comme si elle était intime ? Qu'il arrête de penser pour une fois avec son cerveau, et qu'il utilise plutôt son coeur au lieu de toujours faire la même chose. Néanmoins, il ne trouva vraiment rien à répondre sur le moment, enfin rien d'exceptionnel cependant. Il laissa un léger temps disons de réflexion, tout en terminant son assiette avant de déposer les couverts.
Est-ce qu'il allait la fixer ou pas ? Oui, il releva quelques instants les yeux, pour s'ancrer dans ceux de Tonks. Mais qu'allait-il dire ?

"Je ne voulais pas briser les illusions de cette dame."

Belle excuse n'est-ce pas ? Pas sur malgré tout que Tonks le croit après cela, autant reprendre de suite la parole malgré tout. Histoire de faire passer ce sujet au second plan, voir même plus loin.

"Bientôt fini ? Je vais devoir y aller, donc à moins que tu ne souhaites déjeuner toute seule. Enfin tu peux, je ne t'oblige à rien, tu fais ce que tu veux, tu es assez grande pour décider par toi-même."

Et il repartait dans son pathétisme aigu. Oui cela se dit, de toute façon avec Rémus c'était obligé de se dire, on ne pouvait pas faire pire que lui, notamment dans ces conditions. Bafouillage et autres joyeusetés de ce genre étaient monnaie courante.

Quelle chance Tonks avait eût en décidant de venir apaiser sa faim dans ce petit pub ! A aucun instant, elle n’avait imaginé y croiser Rémus ; et encore moins un couple qui serait un écho de leur relation. Jamais elle n’avait osé croire qu’il l’effleurerait sous la table, alors que d’autres pouvaient l’apercevoir. Et pourtant. Pourtant, c’était Rémus qui était attablé face à elle, c’était un couple qui avait le même passé qui était assis quelques minutes auparavant à leur côté, c’était le Loup Garou lui-même qui avait frôlé son pieds quelques secondes auparavant, faisant battre la chamade au pauvre cœur de Tonks. Oui, décidément, entrer de ce bar avait été sa meilleure action de la journée – sûrement dix fois meilleure que celle d’acheter un Tshirt -.

Le bruit qu’émit Rémus à sa petite et innocente boutade – allons bon, tout le monde est d’accord pour dire que ça n’avait été que ça !- la fît sourire tout aussi innocemment. A croire que le petit jeu de la jeune faisait son effet. Incroyable, n’est-ce pas ? Serait-il possible que le barrage ne soit réellement entrain de céder, même si celui qui le tenait luttait désespérément ? Son sourire s’agrandit, à cette idée. Tout cela promettait, malgré tout.

Tonks attendit patiemment qu’il daigne répondre, alors qu’intérieurement elle bouillait. Son silence ne pouvait signifier qu’une chose : il se retrouvait encore une fois pris au piège, et réfléchissait à ce qu’il allait utiliser comme excuse. Sûrement une aussi fausse que les autres qu’il lui servait habituellement. Et dire que d’un côté, ça amusait la jeune... Le voir chercher, chercher désespérément pour trouver une issue de secours, et le voir toujours triompher dans cette action – même si dans tout ce qu’il disait, elle ne croyait rien – la faisait sourire. Peut-être parce qu’elle se demandait perpétuellement combien de temps il résisterait encore. Ou peut-être était-ce un sourire plus amer qu’elle ne se l’avouait, parce qu’elle avait peur qu’il ne dise non définitivement. Qui sait.
Pour finir, il répondit, semblant avoir reprit un peu de contenance. Rémus, le retour. Et pour l’occasion, pas que sa contenance, mais ses réactions habituelles. Se mettre dans l’ombre. Elle répondit à son sourire. D’un côté … la cuisine moldue était bonne. Ce petit soupçon d’huile de coude, puisqu’ils devaient tout préparer eux même, ajoutait un charme fou aux repas qu’ils préparaient. C’était cette saveur qu’ils n’avaient jamais du côté Sorcier, quand le cuisinier était doué et ne se trompait pas dans ses recettes.

A sa dernière chiantise, Rémus ne trouva d’abord rien à répondre. Elle l’observa donc, alors qu’il terminait calmement son assiette, qu’il plaçait correctement ses couverts, et qu’enfin, Merlin enfin, il ne relève les yeux pour les ancrer dans les siens. Et pendant quelques secondes, Tonks s’y perdit, un éclat rêveur s’installant au fond de son regard. Bon sang, que ne ferait-elle pas pour pouvoir y rester plus souvent et plus longtemps ? Mais bien vite, elle dût s’en détacher, puisqu’elle partit de nouveau d’un rire franc, qui montait encore une fois du fin fond du cœur. Quelques regards se tournèrent vers elle, mais la jeune n’y fit attention. Quel farceur, ce Mumus. Mais il avait gagné. Elle acceptait son excuse …. Même si elle n’y croyait pas une seule seconde. La jeune se contenta donc pour finir d’un sourire amusé, qui trahissait le fait qu’elle n’était pas dupe et qu’il ne l’aurait pas aussi facilement que ça.

Joli cafouillage. Mais soit. Vu que l’idée de terminer seule son repas ne l’enchantait guère, elle acquiesça, et en quelques bouchées n’eût plus faim. A trop attendre, à trop rire, elle avait une nouvelle fois perdue son appétit. Avalant en quelques gorgées son Coca – ce qu’elle regretta dans la seconde suivante, quand les bulles remontèrent par le nez tout en lui arrachant une légère grimace-, elle déposa ses couverts.
« Oui, mon Cœur »
Ce dernier surnom, le même qu’elle avait utilisé face au serveur, la faisait toujours aussi sourire.
« Tu fais quoi, maintenant ? »

« Oui, mon Cœur »

Entre les éclats de rire, les regards qu'elle lançait, sans oublier les paroles, cela donnait évidemment une envie de partir d'ici au plus vite pour notre ami. Il faisait tout actuellement pour garder son attitude habituelle. Et dire que cela était facile serait se tromper lourdement. Car on ne pouvait rester de marbre à longueur de temps, surtout au travers de ce genre de pas, en compagnie de Tonks. Cela aurait-il été différent avec une autre femme ? Certainement. Pourquoi ? Peut-être parce qu'il n'y avait qu'avec Tonks que vraiment, il se sentait....disons normal, et qu'également son coeur ne battait ainsi que pour elle. Il préféra malgré tout ne pas relever, il ne valait mieux pas, sinon la discussion allait encore s'éterniser, et cela avait déjà suffisamment duré.

Pour cela que sur le moment il resta silencieux, ne faisant qu'un léger geste pour appeler le serveur. Restons calme pour le moment, mais il était calme avouons le. Il avait juste quelques bouffées de chaleur par moment, enfin avant surtout, avec le petit jeu qu'elle avait fait sous la table. Et bien entendu les petits surnoms affectueux de la sorte n'aidaient pas également à calmer son pauvre coeur. Il n'était plus tout jeune malgré tout, et se faire draguer ou même appeler par ce genre de surnom, il ne l'avait jamais connu. Il n'était ni James, ni Sirius, il n'avait pas cette facilité avec les femmes. De plus il était surtout celui qui était connu pour enfoncer profondément en lui les sentiments pour ne jamais les faire sortir.

Oh bien il rétorquerait si on lui demandait pourquoi il ne s'exprimait jamais, qu'il disait toujours ce qu'il pensait, cela était vrai, sauf quand cela concernait ce qu'il ressentait. Là il restait vague, car pour lui, ce qu'il ressentait, cela ne valait rien, ou plutôt, qui voudrait de l'affection particulière d'un monstre comme lui ? Enfin il fut tiré de ses pensées par l'arrivée du serveur justement.

"Cela a été comme vous voulez ?"

"Parfait je vous remercie, pourrions nous avoir l'addition ?"

Il avait bien fait de se documenter sur les moldus, et puis il faut dire qu'il venait souvent dans les parages malgré tout, et dîner dans ce genre de restaurant devenait une sorte d'habitude finalement. De plus c'était bien moins cher que chez les sorciers, ce qui finalement ne le faisait pas passer pour si pauvre que cela. Enfin alors que le serveur partait chercher justement l'addition, Tonks venait de reprendre la parole.

« Tu fais quoi, maintenant ? »

Qu'est-ce qu'il allait faire ? Rentrer certainement, ou peut-être faire un tour dans les environs, après tout ici, il n'était pas un paria de la société, personne ne le regardait comme si il allait sortir ses griffes à tout moment. Il pouvait donc aisément se faufiler dans la foule et se comporter comme un des leurs en fait.

"Je ne sais pas, peut-être faire un tour par ici et rentrer ensuite. J'ai quelques papiers à préparer pour les prochaines réunions."

En attendant le serveur venait de revenir déposant bien entendu l'addition sur la table. Rémus observa celle-ci, sans pour autant faire un quelconque geste montrant que finalement il n'avait pas les moyens de se payer le restaurant. Il sortit ce qu'il avait sur lui, pour payer sa part, il aurait bien payé celle de Tonks, mais il n'avait pas assez sur lui. Et il n'était pas quelqu'un de très riche. D'ailleurs son petit regard gêné et désolé à la fois, montrait bien que ce n'était pas contre elle qu'il faisait cela, et que c'était simplement le fait qu'il ne pouvait payer pour les deux.

Enfin il avait toujours payé sa part, espérant que Tonks ne lui en veuille pas de lui laisser la sienne. Une fois que cela fut fait, il se releva, reprenant son manteau placé sur sa chaise après tout et attendant que Tonks fit de même. Il restait malgré les circonstances un homme galant n'oublions pas. Une fois qu'elle fut prête, et que tout soit réglé, direction la sortie. Et son rythme cardiaque revint peu à peu à la normale en fin de compte. Les moments passés ici avaient été des plus rudes pour son coeur, mais tout doucement il revenait à un état plus...stationnaire, plus lui en fin de compte. Jusqu'au moment ou ils allèrent passer l'entrée de cette petite brasserie. Bien sur, il ne pouvait avoir autant de "chance" de la journée.

"Excusez moi, mais c'est la tradition."

Léger froncement de sourcil, tradition ? De quoi il parlait ? Bien sur on était en décembre, cela allait bientôt être Noël, on était au courant, mais de quelle tradition il voulait parler. Ce n'est que quand le serveur leva les yeux au ciel le pointant de son doigt qu'il comprit. Fermant lentement les yeux, espérant que cela ne soit pas ça, il les leva également avant de les ouvrir à nouveau.....
Et....
Du gui....
Au-dessus de l'entrée. Ce n'était réellement pas son jour de chance désormais. Regard légèrement paniqué qui disparut bien vite finalement en observant les alentours. Tout le monde avait l'air d'attendre qu'ils respectent la tradition tout simplement. Non...non...non, cela ne devait pas se passer ainsi, cela ne devait pas se produire tout simplement, il ne fallait pas.

"Vous devez vous embrasser."

Et ces moldus qui étaient tout sourire, est-ce qu'ils savaient le calvaire qu'il traversait actuellement ? Tout ce qu'il essayait de faire pour lutter contre ses instincts, ses envies et son coeur. La lutte perpétuelle qui était en lui ? Cela allait certainement y porter un coup fatal, nul doute possible. Que devait-il faire ? Il ne pouvait fuir à ce moment là, surtout vu que tout le monde les regardait, et était prêt à réclamer ce baiser. Il était maudit, Sirius avait du lui jeter un sort, ou tout simplement Severus. D'ailleurs il n'osait même pas regarder Tonks, il faut dire qu'il rougissait quasiment comme un collégien actuellement, devant un public, se laisser aller à ce genre de démonstration affective. On allait le rendre chèvre avant la fin de la journée. S'il survivait jusque là.

Repas en tête à tête [ Fe Tonks ]

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