La vie pouvait être belle, parfois ! Ce n’était pas Vic qui s’en plaindrait. Trois mois s’étaient écoulés depuis ce réveillon désastreux qui avait débouché sur une nouvelle année pleine de promesses.
Au petit déjeuner, l’évidence de leur réconciliation frappa tout le monde ; cependant la « prédiction » bidon de Trelawney occupa les esprits. Qu’avait-elle encore été raconter celle-là ? Une histoire de bête qui devrait surgir ? Ivre dès le matin ? Franchement…
Personne ne donna de crédit à ces fariboles, trop satisfait de voir Michael beaucoup plus détendu tenir la main de sa jeune épouse.
Sibylle et Mrs McGonagall furent les premières à quitter les lieux. Dess qui trouvait sa fille trop excitée auprès de Sarah ne tarda pas à déserter également. Justin et Nate emportèrent Viviane après des bisous à l’une et des claques dans le dos à l’autre. Les paroles de Davenport intriguèrent légèrement Vic mais avec ce farfelu, on pouvait s’attendre à tout.
Charlie, elle, voulait des vacances et… Robert ? Les De Brent l’hébergèrent un mois complet pendant lequel ils la virent très rarement sans son chevalier servant.
Les jours s’égrenèrent en douceur dans la paix retrouvée. Parfois, Victoria surprit le regard lointain de son mari quand il fumait dehors. Son cœur se serrait alors car elle se doutait fortement des pensées qui éloignaient ainsi Michael. Néanmoins ses yeux merveilleux brillaient toujours quand il la voyait s’approcher de lui. Jamais ils ne revinrent sur le sujet antérieur. Le passé n’était pas mort mais l’avenir, seul, comptait.
Lentement le ventre de la future mère s’était arrondi. L’air intrigué de Sarah sur cette boursoufflure anormale força les époux à la grande révélation.

Tu auras bientôt un autre frère ou une sœur avec qui jouer, avait annoncé Vic en embrassant l’enfant.

Elle s’était attendue à tout mais pas à la gifle que lui balança cette gamine infernale. Michael ne rata pas l’occasion de remettre les pendules à l’heure avec mini peste. Une sorte de guerre s’installa néanmoins. Si son père semblait être devenu un phare, sa mère d’adoption ne recevait plus aucun crédit. Ils eurent beau lui expliquer à maintes reprises que ce futur arrivant ne changerait rien à l’affection qu’ils lui témoignaient, la fillette n’écouta pas.
Les incidents qui se produisirent ensuite mirent Victoria en alerte. Qu’en poussant Sarah à la balançoire, elle reçut la planche dans la figure était une chose… accidentelle; Prendre un ballon en plein ventre, en était une autre… Quand elle tomba des quelques marches du perron parce qu’un jouet y avait été oublié( ?) là, Vic commença à se poser des questions. Elle s’en ouvrit à son époux qui la prit pour une douce affabulatrice.

Je te jure, cette gamine me hait. Elle ne veut pas te partager…

Le scorpion découvert sur le tapis à la sortie de sa douche mit le feu aux poudres. Par quel miracle Vic ne fut-elle pas piquée…. ? Elle ne put s’empêcher d’empoigner le marmot par le bras et l’entraîner dans sa chambre où très sérieuse, la plantant en face, elle débita tendrement mais fermement :

Sarah, ma chérie, je sais que c’est toi qui essayes de me jouer des tours. Ce n’est pas gentil. Maman pourrait être blessée…

Une mini peste transformée en furie… Imaginez le tableau. Coups de pied, crachat au visage, hurlements… La diablesse ruait dans les brancards. Vic ne lâcha pas les petits poignets de la possédée. Très rarement, peut-être un peu trop, Vic s’était emportée contre l’enfant malgré tout ce qu’elle lui avait fait subir en deux ans. Sa voix claqua :

Sarah ! Tu mérites une correction, et une belle !! Tu n’es pas sourde pourtant ! Combien de fois faudra-t-il te répéter que ton petit frère ou ta petite sœur ne sera pas plus aimé que toi ou Lucas ? Je ne suis pas ta vraie mère, tu le sais, je ne te l’ai jamais caché. Arrête de gigoter comme une anguille. JE TE PARLE !

Secouant la rebelle, Mrs De Brent insista :

Que tu le veuilles ou pas, le bébé va venir. Papa et moi l’avons désiré comme toi tu as été désirée (pieux mensonge) Nous t’aimons Sarah. Rien ni personne ne changera ça, jamais. Je suis certaine qu’où elle soit, ta mère biologique pense souvent à toi. Ne vois-tu pas la chance que tu as ? Tu as deux mères qui t’adorent. Toi et ton frère vous êtes mes premiers enfants. Même si je ne vous ai pas portés dans mon ventre, le résultat est pareil : je vous aime. Cesse d’essayer de faire du mal au bébé. Si tu lui fais mal, j’ai mal aussi. Il ou elle a hâte de te connaître, mets ta main là. Tu le sentiras remuer.

Quasi de force, Victoria obligea Sarah à percevoir les soubresauts du bébé. La tête que tira mini peste valut de l’or.

Tu sens ? Tu me donnes des coups de pied… lui aussi.

Ce jour fut béni. Attentive, intriguée, Sarah finit même par embrasser le ventre de sa mère.
Les attaques cessèrent. Méfiante cependant, Vic se montra très prudente avec nourriture, boissons et déplacements.

Que c’était marrant de voir Michael et Bob ensemble. Devenus copains comme cochon, Vic s’amusait à les voir discourir indéfiniment sous la pergola ou organiser des sorties entre hommes pour revenir souvent éméchés.

*Il y a trois mois, Michael lui aurait « gentiment » démoli le portrait. Avec Charlie dans les parages, il a enfin compris qu’il n’y avait strictement rien entre lui et moi.*

Belle ambiance que tout cela jusqu’à ce midi-là où, excité telle une puce, Lucas n’arrive en pointant la mer :

P'pa, m'man ! y’a un grand bateau ! V’nez voir.

Que faire d’autre ? Main dans la main, Vic et Michael allèrent sur la plage. Là, devant eux, se déployait le plus inimaginable des voiliers moderne.

C’est ça… la « barque » dont parlait Justin ? s’ébahit Vic.

Il leur avait promis de les mener avant peu en bateau mais… A un point pareil, wow ! Un canot à moteur vint à leur rencontre. A bord, un Davenport goguenard apostropha le couple. Baptêmes, mariages, ils ne comprirent pas la moitié du discours mais valises, domesticité, cougouar et famille furent embarqués en moins de deux, Rockwell à la clé bien entendu.
Déjà sur le pont, une foule assez nombreuse les accueillit. Surprise, Victoria salua successivement Dess flanquée d’un Bryan Green ébaubi ; une jeune fille brune totalement inconnue semblait aux anges au bras de deux grands types envers lesquels Mrs De Brent éprouva des sentiments mitigés.

*L’un n’est pas sorcier…. Pur moldu… bizarre. L’autre est sorcier… embrouilles prévisibles*

Charlie rayonna en apercevant Bob. Un couple laissa Vic désorientée : une bondissante Australienne flanquée d’un pur nordique.
Que faisaient tous ces gens ici ? Vic avait imaginé une croisière reposante de quelques jours, pas une réunion mondaine.
Justin présenta les uns aux autres. Des parrains, des marraines, des fiancés, un journaliste… De quoi attraper le tournis.
Les formalités civiles accomplies, on passa au salon-bar. Jamais l’Américaine n’avait connu un tel luxe sur un bateau. Petite bostonienne, rien ne la préparait à la démesure de Davenport, quoique... Ayant visité sa « Folie » elle pouvait s’attendre à… ça !
Des elfes drillés remplirent leur office en proposant boissons et zakouskis à profusion. Stricte aux conseils du médicomage qui la suivait depuis Londres, Vic se contenta d’un jus de fruit frais non alcoolisé.
Les discussions roulaient dans tous les coins. Peu à peu la situation s’éclaircit dans l’esprit de la future mère.

Si j’ai tout compris, dit-elle à Nate en aparté, nous allons assister aux baptêmes des enfants de Dess ? Justin et Charlie sont parrain et marraine de Tsunami tandis que Green et la brunette – Angel, c’est ça ? – seront ceux du gamin. Ne serait-ce pas l’occasion de baptiser Viviane, Lucas et Sarah ? Nous en avions parlé au manoir De Brent. Justin et toi étiez d’accord d’assumer ces rôles auprès de ma fille. Pour Lucas, je voyais Bob parrain, Charlie acceptera peut-être d’être une seconde fois marraine à moins que je demande à Dess ? Je ne connais pas suffisamment cette Opal McLane pour le lui demander…

Mrs Davenport en savait autant qu’elle sur l’Australienne. Le maillon qui connaissait vraiment tout le monde était son époux.
Autant l’interroger directement, lui. Emportant leurs verres, elles s’approchèrent du propriétaire de la « barque » qui conversait avec Michael et le grand brun désigné comme le journaliste Preston Yates.

Excusez-nous d’entrer dans la conversation mais j’ai une idée : si on baptisait tous les enfants d’un coup.

Son mari éclata de rire. Peu religieux, Michael ne s’était jamais soucié de ces détails. Ses jumeaux avaient été enregistrés à la naissance à Ste Mangouste, c’était suffisant selon lui. Pas selon Vic…
La discussion prit de l’ampleur, les uns et les autres s’en mêlant. Dans le fond pourquoi pas ? A ses questions sur l’Australienne, Justin et Michael rigolèrent de plus belle. Si Miss McLane y consentait, Lucas aurait la marraine la plus dynamique du monde à part que, peut-être, Charlie rivalise avec elle en cela. Les deux copains contèrent alors les circonstances dans lesquelles ils avaient connus ces jeunes gens : une autre croisière où ils étaient passagers clandestins. Vic sentit qu’on lui cachait des choses. La présence du journaliste freinait-elle les aveux complets ? Michael n’avait jamais rien raconté là-dessus…Bah ! Elle finirait par tout savoir un jour ou l’autre.
Restait à proposer cette fonction à la jeune fille concernée dès que l’occasion se présenterait.
Le Brokenheart avait appareillé pendant l’apéritif. Justin convia tout son monde à la salle à manger.

La vie avait pris un nouveau tournant. Pour la première fois depuis très longtemps Michael envisageait la possibilité d'une vie calme et heureuse. Vic et ses enfants comblaient parfaitement son existence. Sans soubresauts ni problèmes, ses jours s'écoulaient placidement...un peu trop parfois. Il était trop habitué à l'action et aux émotions fortes comme pour ne pas se sentir un peu...à l'étroit dans ce bout de paradis.

Bien entendu tout n'était pas d'une placidité céleste après tout. Sarah s'en chargeait très bien! Michael avait beau adorer ce petit bout de femme qu'était sa fille il ne pouvait que reconnaître qu'elle était une véritable peste! Elle avait sans doute hérité cette charmante facette de caractère de sa mère biologique.
Dès que Sarah apprit l'arrivée d'un frère ou une sœur, elle déclara ouvertement la guerre à Victoria, lui faisant subir toute sorte de petites...et grandes méchancetés. Du haut de ses deux ans et quelques, l'adorable créature était une harpie qu'il fallait tenir à l'œil. Une paire de bonnes raclées ne suffirent pas pour freiner ses élans.

Je te jure, cette gamine me hait. Elle ne veut pas te partager…

Cet aveu de la part de sa femme avait fait sourire Michael même s'il commençait à soupçonner la même chose. Sa fille s'accrochait à lui, obstinée et possessive, disputant sa place à son propre jumeau, qui contrairement à elle, était l'enfant le plus sage et doux de la planète.
Et bien entendu, très commodément, il avait laissé sa femme le soin de mettre au clair l'affaire. Aimer ses enfants ne le rendait pas plus doué pour tout à fait les comprendre.

Il ne douta jamais que sa merveilleuse petite femme parviendrait à remettre la rebelle sur le bon chemin et bien entendu elle le fit. Michael se désolait parfois de sembler un peu indifférent à l'éducation de ses propres enfants , ses plus belles réussites se résumaient à être le père qui les gâtait outrageusement, qui les faisait rire ou les emmenait en balade ou les corrigeait quand il ne restait aucune autre alternative...l'exemple de son propre père pesait trop sur lui , assez pour craindre lui ressembler un jour et Michael De Brent se connaissait assez comme pour savoir qu'au fond, il avait l'âme d'un tyran!

Mâtée, Sarah ne donna plus de problèmes et la vie familiale continua son cours.

Le prolongé séjour de Charlie, en plus de mettre une touche de folie au Paradis avait servi pour calmer les élans meurtriers que Michael nourrissait envers Bob. Ce dernier, sous le charme de la new yorkaise, avait un peu perdu son air de chevalier servant éconduit auprès de Vic et force de se côtoyer Michael et lui finirent pas se trouver pas mal d'affinités. Au grand soulagement de sa femme, l'ex-auror alla jusqu'à déclarer qu'avec le temps il s'entendrait avec M.Rockwell presque aussi bien qu'avec Justin. Victoria s'en doutait beaucoup mais c'était toujours mieux que voir son mari échafauder des morts sournoises pour le sympathique cracmol.

Charlie repartit en Angleterre. Michael respira soulagé, cette femme remuante et curieuse lui donnait un peu le tournis.

Le temps passant, les De Brent, tout à leur bonheur avaient oublié ou presque la promesse faite par Justin de revenir tantôt pour les emmener faire un tour dans sa barque. Michael savait, bien entendu, à quoi il faisait référence avec ces mots mais se garda bien d'en parler puis simplement oublia l'affaire jusqu'au jour où un Lucas, au comble de l'excitation, ne déboule sur la véranda en criant:

P'pa, m'man ! y’a un grand bateau ! V’nez voir.

Sans se faire prier, Michael et Vic le suivirent. Sarah fermement accrochée au cou de son père. La surprise était de taille. Majestueux et imposant, un des plus magnifiques voiliers de balançait doucement dans la rade.

Ma chérie...le Broken Heart, la coque de noix de Davenport!

C’est ça… la « barque » dont parlait Justin ?

Il ne put que rire devant son expression ébahie, c'était vrai qu'il fallait être habitué aux excès de Justin pour ne pas se surprendre devant tant d'extravagance. En même temps, il respira d'aise en prévoyant quelques jours en mer. Ce bateau lui rapportait des souvenirs inoubliables d'un voyage on ne peut plus étrange, pas qu'il espérait rencontrer des pirates en route mais un peu d'action ne lui ferait pas de mal...il se sentait un peu rouillé.

Et tu n'as encore rien vu...attends d'être à bord!

Ce qui ne tarda pas. Justin débarqua sur la plage avec des airs de conspirateur et leur tint un discours à peu prés incompréhensible. Michael se demanda si la vie avec Nate n'avait en quelque chose changé ses tournures de langage mais gardant intacte la confiance en son copain de toute la vie, il ne rechigna pas devant la perspective de s'embarquer illico.

Avec Justin, on ne trainait pas. En un temps record on plia bagage, on ferma la maison et on embarqua la famille au grand complet, Bikita et Apache inclus. Michael ne fut pas trop surpris quand il remarqua que même Bob était de la partie. Il se demandait néanmoins à quoi pensait son ami pour se livrer à de telles manœuvres...il ne tarda pas trop à le savoir. Le mari de Nate avait parlé de quelques amis réunis pour faire une petite croisière mais lui, n'avait pas envisagé se retrouver avec une foule des plus éclectiques réunie à bord. Il les reconnut tous sans faille...Victoria, elle semblait de plus en plus éberluée devant ce déploiement de grandeur.

Si j'ai bien pigé ...on va avoir droit à des évènements sociaux d'importance, glissa t'il à l'oreille de sa femme alors qu'ils montaient à bord, quelque chose comme un mariage...des fiançailles ou je en sais plus quoi...mais en attendant à savoir viens que je te présente à la ronde!

Vic lui décocha un regard surpris, se demandant sans doute d'où son mari pouvait connaître tout ce beau monde mais déjà il la prenait de la main et l'entrainait à sa suite.

Présenter Dess et Charlie était inutile. On passa donc au compagnon de la première:

Bryan Green, compagnon d'armes de mes temps d'Auror.

Il ne fut pas trop sûr de la réaction du jeune homme en se trouvant face à lui qui avait dernièrement incarné la figure du parfait traitre mais sûrement Justin avait envisagé ce fait et l'auror sourit en leur serrant la main. Suivit un jeune couple dont Michael gardait un souvenir impayable.

Et voici Miss Opal McLane et Erik Nielsen.

L'accueil de l'australienne fut aussi turbulent que prévu, celui du jeune suédois de parfaite politesse.

Premier couple de fiancés, devina Michael avant de passer au trio suivant. Que faisait donc la petite et timide Angel flanquée de deux gaillards et arborant un air ravi....surtout si on tenait compte que l'un d'eux était un moldu on ne peut plus moldu.

Ma chérie, Miss Angel Grisham, à sa gauche, Benjamin Kohl, auror lui aussi et ce monsieur à droite n'est autre que Preston Yates, journaliste de la BBC de Londres.

Il supposa que la jeune Serdaigle continuait sa relation avec l'auror Kohl mais la présence de Yates le décontenança un peu...que diables fichait un moldu comme lui dans cette réunion de sorciers? Justin lui devait plus d'une explication.

Présentations finies. Il laissa Vic avec Nate. Elles avaient sans doute beaucoup de quoi parler. Déjà circulaient des boissons et zakouski , servis par les elfes de Justin et par une Bikita aux anges...allez donc savoir pourquoi cette créature adorait la mer! Il guetta d'un œil discret les réactions du Moldu mais celui ci semblait aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau...de plus en plus bizarre.

S'approchant de Justin, il l'entraîna un peu à l'écart.

Tu sais, vieux frére, je n'ai rien en contre des réunions surprises...enfin, pas depuis un temps mais tu pourrais m'expliquer un peu de quoi il en va cette fois? Que fait Yates ici?

Faut toujours qu'on parle du diable pour que celui ci apparaisse, Preston Yates s'amenait en arborant ce sourire ravi et bon enfant qui l'avait rendu célèbre. Michael le connaissait depuis assez longtemps comme pour se sentir à l'aise avec lui. Sa légendaire curiosité ne l'avait jamais trop gêné mais lors de leurs précédentes rencontres il était sûr que Preston ignorait qu'il fut sorcier...chose qui apparemment avait changé vu tout le déploiement de magie qui s'opérait à l'instant sans qu'il cille.

Je demandais justement à Justin ce que tu faisais ici? Depuis combien de temps tu alternes avec des elfes de maison sans hurler au loup? Je crois qu'on doit longuement parler...

Mais encore là, pas le loisir. Après avoir copieusement échangé les dernières informations avec la dame du bateau, Victoria s'approchait en compagnie de celle ci. Toutes les deux semblaient avoir mis à point quelque plan secret dont elles tenaient à leur faire part. Après quelques petites explications préliminaires et des coups d'œil nerveux vers le moldu, Vic lança comme si c'était la dernière trouvaille de l'humanité:

...j’ai une idée : si on baptisait tous les enfants d’un coup.

Si elle avait proposé de faire monter à bord des danseuse hawaïennes Michael n'aurait pas autant ri. Baptiser les enfants? Ses enfants?...Pourquoi donc? se demandait il.

Ils ne seront pas plus De Brent pour ça!

Triste argument face à ceux exposés par sa femme. Il ne pouvait pas ignorer que sorcière ou pas, Victoria était une fervente catholique et croyait fermement aux vertus du baptême.

Si tu y tiens, ma chérie...je ne peux que dire :oui!

Michael savait à ses dépends qu'il valait mieux obtempérer rapidement sous risque de se fourrer dans des problèmes majeurs mais quand vint le moment de décider qui seraient les parrains et marraines des jumeaux l'histoire menaçait de prendre des envergures internationales. Justin et Nate seraient les parrains de Sarah, il ne restait aucun doute sur cela...restait à choisir ceux de Lucas...D'un air empreint de douce innocence Victoria ne trouva rien de mieux que proposer Robert comme parrain. Que faire? Après tout le gars était un homme de bien et il ne trouvait presque rien à lui reprocher. Quand, ce fut le tour de penser à une marraine, Nate et Vic, voulurent avoir plus de références sur Opal McLane. Là, Justin et Michael ne purent pas retenir de s'esclaffer en bonne et dûe forme.

Tu as pensé à Opal comme marraine pour Lucas?, s'enquit Michael, incrédule, une fois qu'il eut fini de rire, faut avouer que ce ne serait pas une mauvaise idée. Je trouve que ce mioche est trop calme...avec Miss McLane comme marraine il ne risque pas de s'ennuyer. La première fois que j'ai vu cette fille elle jouait aux passagers clandestins sur ce bateau et sa première réaction en se voyant découverte a été de se proposer comme mousse. Un peu hyperactive mais magnifique en maniant une arme...mais ça c'est une histoire qu'on vous racontera plus tard.

Vic voudrait avoir la version complète de l'affaire, de ça il s'en doutait bien mais en ce moment il ne se sentait pas prêt à déballer une histoire aussi invraisemblable comme celle de leur première croisière. Ils auraient largement le temps d'en parler car s'il en croyait aux moyens déployés par Justin, ce voyage ne durerait pas seulement deux ou trois jours.

Pris à la conversation, à peine s'ils avaient senti qu'on appareillait. Le maître de céans conviait tout ce beau monde à se diriger à la salle à manger. Michael en gardait un souvenir très précis et ne put que se surprendre en la voyant, si possible encore plus grande. Un superbe buffet y avait été dressé pour donner aux invités l'opportunité de ne pas se trouver coincés à une seule place et avoir le loisir de circuler librement en dégustant la variété de mets splendides qui y étaient offerts.

Profitant justement de cette liberté de mouvement, Michael ne tarda pas à s'approcher de la demoiselle McLane et l'inviter se joindre un instant à Vic et lui. Le reste fut tout un poème. Vic ne tarda pas à se voir conquise par la remuante créature qui, à leur surprise passa du rire le plus joyeux à une expression de surprise ébahie quand on lui proposa d'être la marraine du petit De Brent...et de là, à des yeux noyés de larmes.

Cela te rend si malheureuse d'être la marraine de mon fils? Je pensais que passés nos premiers moments difficiles lors de notre première rencontre...il y avait eu une certaine sympathie de ta part...tu as même dit que j'étais un type épatant...

Nouveau regard inquisiteur de la part de Mrs. De Brent qui se demandait sans doute quelle classe de relation avait pu entretenir son mari (dont la réputation de tombeur n'était plus à faire!) avec la jeune australienne qui ne devait avoir, à l'heure, plus de 18 ans...à lui de la rassurer.

Pas de souci, ma chérie...entre Opal et moi, il n'y a eu qu'une affaire d'armes...elle me trouvait très bon avec un bazooka et moi je me disais que c'était un plaisir pour les yeux de la voir avec une carabine en main...

Comme quoi, il y a des explications dans la vie qui vous laissent encore plus songeur que l'ignorance totale des faits.

Installé en parfait équilibre et immobilité sur le coin extérieur de la commode le chat assistait, impavide, à l'étrange manège auquel se livrait sa maîtresse depuis un bon moment. Sage avait beau n'être qu'un chat, il avait quand même sa petite idée derrière la tête : cette fille était folle!

Pas la peine de me regarder comme ça, chat...je sais ce que je fais!

*Si tu le dis!* Sage ferma un instant les yeux et bailla aussi discrètement qu'un minet poli peut le faire.

C'est ça, ennuie toi. Tu te rends compte? Même Angel m'a lâchée, juste en ce moment où j'ai besoin de son docte conseil...elle sait marcher avec une élégance innée...moi, regarde moi ça...j'ai l'air d'un kangourou courant le bush...je suis un kangourou...

Pour être 100% franc on ne pouvait pas dire que la demoiselle de Kelamera avait la grâce d'une archi duchesse russe mais de là à ressembler à un kangourou...quand même pas! Mais l'exagération et Opal ne faisant qu'un on pouvait comprendre pas mal de choses.

Je vais me marier avec un prince...je dois m'efforcer d'avoir une allure moins...outback...

Une liste longue comme un bras de tous ses défauts vrais ou imaginaires s'en suivit jusqu'à ce que la sonnerie d'un réveil mit fin à la magie insupportable de cette confession. Le chat avait opté pour laisser la dignité de côté et á présent laissait pendre pattes antérieures et tête par dessus le bord du meuble, regardait d'un œil distrait le soudain et énergique va et vient de la demoiselle qui délaissant le plaidoyer de ses misères s'habillait à toute vitesse pour enfin, s'élancer vers la porte et sortir. Il l'entendit dévaler les escaliers en faisant autant de bruit qu'un wallaby en débandade!

En retard! Encore en retard!...Franchie la grande porte, elle entâma un triple galop immodéré pour atteindre le lieu de rendez vous avec Erik dans le moindre temps possible. On dit que l'amour donne des ailes...dans le cas d'Opal à croire que ça donnait des turbines parce qu'en fin de comptes elle arriva en avance à l'endroit convenu, essoufflée comme un coureur de Marathon qui a fait le double de chemin parce qu'il s'est trompé à un carrefour...choses qui peuvent tout de même arriver...enfin...qui sait!?

Mais quoiqu'il en soit, tout alla au quart de tour. Le jeune homme arriva à l'heure pile, frais et reposé pour trouver sa fiancée pratiquement hors d'haleine et avec des cheveux passablement ébouriffés...mais il en avait l'habitude et béni soit Merlin, c'est ainsi qu'il l'aimait. Main dans la main, il suivit le pas énergique de sa chérie tout au long du chemin jusqu'à Pré au Lard tout en l'écoutant discourir allègrement sur quelque thème obscur où il était question de vaches et moutons...ou était ce de salade aux croûtons? Parfois, en proie de l'enthousiasme, la jeune australienne se laissait aller à l'incompréhensible argot qui avait bercé son enfance et que le jeune suédois même y appliquant un maximum d'attention et bonne volonté était incapable de déchiffrer.

Voyager jusqu'à Londres pouvait être expérience périlleuse dans ces conditions mais Opal parvenait généralement á se calmer une fois parcourus les premiers 50 km. et le reste du voyage se faisait au milieu de plans échafaudés en prévision de leur prochain mariage...il manquait encore un bout de temps mais elle adorait en rêver, la tête appuyée sur l'épaule de son prince de conte de fées..

Pour des raisons qui leur étaient très particulières, ils aimaient tous deux le Londres moldu...et c'est justement là que...

On va raconter simplement l'histoire ou sans ça on n'en finit jamais.

L'invitation reçue quelques jours auparavant et signée par Justin Davenport les avait surpris tous les deux. Impossible d'oublier le quand et comment ils avaient rencontré ce monsieur pour la première fois. Des circonstances aléatoires pourrait on dire. Être surpris en tant que passager clandestin à bord d'un voilier ultra moderne, summum du luxe et autres merveilles n'était pas la meilleure façon de...commencer une amitié. Pourtant c'est ce qu'il s'était passé et si à cela on ajoutait un voyage hasardeux au creux du temps et l'histoire voilà de quoi donner pied à une relation de sympathie durable ou à une antipathie tenace pour le restant de la vie...pour le bonheur de tous c'est la première chose qui arriva...

Par Merlin, encore un moment d'égarement! Revenons à nos moutons...

Justin Davenport donc, les invitait à se joindre à une selecte compagnie pour faire...wow! une croisière. Une vraie manie ou le goût du risque, on ne sait pas exactement! Le fait est qu'Opal et Erik ne s'étaient pas fait prier et hop! s'étaient embarqués de nouveau sur le voilier ultra moderne ,summum de luxe et autres mer...On en a marre d'entendre la même chose!...et retrouvé, comme par hasard, d'anciens compagnons d'aventure et quelques autres nouveaux...

Les retrouvailles d'Opal et Angel (tiens, elle aussi était là!) furent, ça ne pouvait être autrement, épiques. Benjamin...cher Benjamin, miraculeusement revenu parmi les vivants était aussi de la partie. Bien entendu, le propio qui entre temps s'était marié avec Nate, une...oh, surprise! néo-zélandaise...ce qui pour l'australienne la faisait voisine de la porte à côté et leur adorable bébé, Viviane, qu'Opal sans manières baptisa rapidement Viv. Une dame blonde presque aussi décoiffée que la demoiselle de Kelamera qui résulta être de New York, auror et psy de surcroit (sans allusions personnelles pour les présents...tous sains d'esprit!) Charlie. Encore une tête bien connue, en d'autres circonstances, Miss Baddream, Dess...ou Mrs. Shima, au bon vouloir! accompagnée pour les effets de ses enfants (fils de M. Shima, porté disparu pour le soulagement général!) et son nouveau compagnon un autre auror à la mine sympa qui regardait la belle blonde avec des yeux de ...Mission Impossible! à la grande surprise de tous...et Oh! à la grande joie (réaction tout à fait inattendue et encore plus inexplicable) de la douce Angel...un moldu. Preston truc machin, journaliste et blablabla... Opal se perdit cette partie de la présentation perdue dans toute sorte d'élucubrations intrinsèques pour essayer de comprendre comment un monsieur qui, normalement n'avait rien à faire là...s'y trouvait...mais enfin...

Il ne se passa rien de temps pour que tous...enfin les autres avaient compris bien avant elle, sachent qu'on allait faire un petit tour de magie et se déplacer aux mers du Sud. Opal souffla soulagée...une croisière dans la mer du Nord, destination Azkaban pour le touriste, ne la tentait guère...

Pratiquement perchée sur la brillante rambarde, Opal assista au mouillage d'encre dans les eaux cristallines d'une rade paradisiaque, suite à quoi un puissant hors bord quitta le navire pour se diriger á terre avec M. Davenport à la tête des opérations. Erik arrivé à ses côtés lui recommanda de quitter son perchoir, craignant qu'à un balancement soudain elle n'aille piquer de la tête dans l'océan.

Pas de souci, mon chéri...ça me fera un bain et faut dire que j'en ai drôlement envie...regarde cette eau..ça invite!

Mais assumant que l'heure n'était pas à la baignade, elle s'abstint, guettant la suite des évènements...qui ne furent ni peu...et encore moins pauvres en surprises. Entre temps, à bord, sur le pont la petite fille de Dess essayait d'écorcher vif son frère et Opal se vit en obligation d'intervenir pour sauver la vie du pauvre enfant. La petite Tsunami avait mérité son nom...un vrai danger public, la mioche!

Le retour du hors-bord ameuta les passagers qui se réunirent sur le pont. Miss McLane tendit le cou pour voir ce qu'il se passait de si important...n'étant pas trop grande elle se trouvait toujours en désavantage!
Du remous...des rires...tiens, encore du monde!

Pas possible...M. Congeniality en personne!, faillit elle s'écrier mais Erik lui fourra discrètement le coude dans les côtes.

L'ainsi, si adorablement surnommé, connu des autres comme Michael De Brent était sans doute un des souvenirs les plus géniaux de leur étrange voyage, temps auparavant. Opal avait eu pour lui des sentiments partagés...d'abord elle l'avait trouvé odieux, même si en le considérant dangereusement séduisant quoique accompagné d'une brune incendiaire qui ne permit plus aucune autre pensée de ce genre, puis...ma foi, après ils étaient devenus des bons camarades d'armes et s'étaient entendus comme larrons en foire... et le voilà qui débarquait...toujours aussi beau, même si un peu moins fringant que jadis...mais toujours accompagné d'une femme...très enceinte, de deux enfants, une elfe de maison qui couinait ravie et un superbe...

Bon sang, Erik...ce chat...c'est un cougouar!!!

On passa par les formalités sociales de rigueur. M. De Brent ne l'avait pas oubliée et se déclara ravi de la revoir. Opal l'était aussi et, se fichant de tout le monde, lui sauta pratiquement au cou...pour après saluer poliment la jeune femme qui, en toute évidence était son épouse et ne vit pas de trop bons yeux tant d'effusion...mais sans cesser de sourire, aux anges, l'australienne e chargea de la rassurer sur ses intentions en présentant Erik comme son futur mari...comme quoi chacune son blond et tout le monde en paix.

Wow! On inaugure une nursery ou quoi? oups...bagarre en vue!

Laissant les autres la parole à la bouche, elle gambada mettre de l'ordre cette fois entre Tsunami et la petite fille rousse des De Brent.

Comme qui dit...c'est pas d'ennui qu'on va mourir...je parie dix dollars à que Tsunami balance l'un des garçons par dessus bord...

Yates rit de bon cœur et ajouta dix dollars de plus à ce pari. Charlie qui passait par là, en mit dix autres mais paria à que ce serait la petite De Brent qui le ferait...Un quart d'heure plus tard, Opal avait consigné pas mal de paris...en évitant que les parents des demoiselles soient au courant de cette activité illicite.

Occupée à faire des calculs assez tordus, elle ne vit pas Michael arriver. Sa culpabilité flagrante la fit presque bondir mais un rien de maitrise de soi, tant rabâchée, lui permit de sourire comme un ange.

Et puis voilà qu'il l'invitait à rejoindre sa femme, Vic...qui après un petit moment résulta être la femme la plus charmante du monde...quoique toujours un peu troublée par les manières un peu cavalières de la demoiselle. Opal espéra qu'ils n'aient pas eu vent des paris et chercha des yeux la présence rassurante de son Erik mais celui ci bavardait avec Preston et un autre des nouveaux arrivants...un tel Bob.

Mais les parents de la rouquine n'avaient pas idée de ses activités clandestines et au contraire, voulaient l'honorer en lui proposant d'être la marraine du petit Lucas...

Quoi!?, couina t'elle, genre elfe de maison, prise absolument de court par semblable proposition,...moi?...Ma...Ma...Par tous les dieux de mon coin de monde...je...

Un énorme nœud lui serrait la gorge. Une émotion indescriptible l'envahit et elle ne trouva rien de mieux à faire...que pleurer.

Cela te rend si malheureuse d'être la marraine de mon fils? Je pensais que passés nos premiers moments difficiles lors de notre première rencontre...il y avait eu une certaine sympathie de ta part...tu as même dit que j'étais un type épatant...

Elle leva vers Michael un regard noyé de larmes et parvint tout de même à esquisser un sourire assez lumineux pour être rassurant.

Mal...heureuse??? Mais...voyons...jamais de la vie...je suis...je ne sais même pas comment je suis...ravie...sidérée...honorée...affolée...

Le couple la considéra, certainement un peu abasourdi par ce discours si clair et compréhensible.

Avec un soupir, elle se gratta le sommet du crâne en supposant qu'ils méritaient au moins une explication...pas question qu'ils retirent leur offre en pensant qu'elle était carrément tarée.

Euh...voyez vous, c'est la première fois de ma vie que quelqu'un me trouve apte pour être la marraine d'un marmot...euh...d'un enfant si adorable comme le vôtre...parce qu'il est mignon à...attendez un moment!

Elle les planta là, à se regarder sans rien comprendre et galopa sauver in extremis son futur filleul de lui faire gagner un beau pari. Prenant le petit dans ses bras et refit le chemin vers les parents, d'un pas plus mesuré qui ressemblaient néanmoins à un petit trot.

Sorry, mais je suis habituée à voir les choses avant qu'elles ne se passent...vous savez avec les moutons qui sont si bêtes, faut les avoir à l'œil...mais revenons en à notre affaire...comme je disais...jamais je n'ai été marraine d'un enfant...seulement de Big Tom, mais lui c'est un taureau Hereford...une vraie merveille...il a gagné cinq ans de suite le 1er prix du territoire et deux le Grand National...comme quoi, je me débrouille pas mal avec mes filleuls...il y aussi une paire de jolies vaches, un cheval...et un bouc...mais celui là, il a mal tourné...vous saviez qu'il y a des chèvres gay?

Exactement le genre de discours édifiant pour instruire et tranquilliser les parents d'un futur filleul sur le lendemain qui pourrait attendre leur enfant s'ils venaient, hypothétiquement, à disparaitre!

Depuis l’héritage tombé du ciel et surtout depuis qu’Opal avait consenti à l’épouser, Erik vivait un rêve éveillé. La bienséance voulait qu’ils n’habitassent pas ouvertement ensemble mais ils se voyaient très souvent pour compenser. Quelle ne fut pas leur surprise de recevoir via hibou un message signé Davenport. Pourquoi leur demandait-il de participer à cette croisière en pleine vacances de Pâques ? Ce gentleman milliardaire avait parfois de ces lubies… Opaline avait sauté de joie. Certes, le Broken heart allait leur rappeler pas mal de souvenirs. N’était-ce point là que leur amour avait commencé ? En riant, les fiancés avaient évoqué cette périlleuse aventure. Enfermés dans la calle du bateau le plus incroyable qu’ils aient vu, ils avaient paniqué joyeusement en compagnie d’Angel et d’autres acolytes de cette folle escapade. Ils crurent même avoir droit à être jetés par-dessus bord par le maître des lieux avant que ne se produise le fameux Ginnungagap que lui seul était parvenu à expliquer dans le mauvais anglais qu’il s’amusait à adopter à ce moment. La bagarre entre Cynthia et Opal à son sujet l’avait beaucoup amusé mais son choix était déjà fait, et il s’y était tenu.
Sapé non comme le prince qu’il était mais comme un moldu ordinaire avec un petit bagage, Erik avait rejoint son Opaline sur le quai de gare à Pré-au-Lard. Il la trouva énervée, essoufflée ; il en rit. Elle ne changerait jamais, c’était d’ailleurs son vœu le plus cher. Une Opaline sérieuse et guindée ne le retiendrait sûrement pas. Le voyage en train jusqu’à Londres les fit sourire. Tendrement enlacés, ils gagnèrent la berge du port où, comme la première fois qu’ils l’avaient vue, la magnificence du voilier de Davenport les sidéra. S’avançant vers le pont, ils furent accueillis par un Justin radieux. Accolades, bisous, on les présenta aux autres conviés à bord. Peu de nouvelles têtes, en fait. Angel Grisham, primesautière, leur sauta au cou. Erik fut un peu surpris de constater la présence d’un moldu d’un âge… plus âgé qu’eux.

*Un copain de Justin ?*

Kohl, il le connaissait bien. Ce Yates était nouveau mais lui parut sympa. La femme que Justin s’était choisie reçut son approbation et son cœur fondit devant la mignonne Viviane que Nate tenait dans ses bras. Par contre si Desdémone Baddream lui rappelait des souvenirs de Poudlard, Bryan Green ne lui disait rien. Charlie Wolf le salua avec une extravagance que Nielsen ne fut pas sans rapprocher de celle d’Opal.
A peine embarqués les derniers passagers, le navire roula gentiment vers la haute mer. Quand nul risque d’être détecté ne fût possible, il se produisit un fabuleux changement de décor. Finie la grisaille britannique, vive les mers du Sud et un soleil de plomb.
Irrésistiblement attirée par cette eau cristalline, Miss McLane flanqua la trouille à son chevalier servant qui lui passa la main autour de la taille :

Pas de souci, mon chéri... ça me fera un bain et faut dire que j'en ai drôlement envie... regarde cette eau… ça invite!

Ça invite le repas des requins ! Je ne te partagerai pas, même avec eux.

Bisous en riant, ils assistèrent au retour du hors-bord dans lequel Davenport avait pris place pour quérir les derniers invités.
Avec un plaisir mitigé, Erik salua Michael De Brent. Si ce gars lui avait paru bien trempé, les dires à son encontre furent si nombreux qu’il se promettait un droit de réserve. Opaline, elle, était sous le charme de cette belle gueule. Pas jaloux pour un sou car il se savait aimé, Erik sourit durant ces retrouvailles. Il ne put cependant s’empêcher de tiquer légèrement en voyant embarquer une délicieuse jeune femme enceinte jusqu’aux yeux :

*Dangereux, ça !*

Ainsi, le coureur de jupon s’était casé ? Preuve en était deux marmots qui joints à ceux de Dess faisaient ressembler le pont à une nursery. Avec émotion, il observa sa chère et tendre tenter d’empêcher Tsunami d’écorcher son frère. Il ne l’en trouva que plus adorable.
Extraordinaire fut l’entrée d’un fauve sur le pont. Les mains d’Erik émirent des picotements irrésistibles. Ce fut plus fort que lui, il fallait qu’il caresse ce « chat ».

Bon sang, Erik...ce chat...c'est un cougouar!!!

Qu’importe, le Suédois s’accroupit et plongea sa dextre dans le poil rude de la bestiole qui lui répondit d’un grand coup de langue râpeuse sur la joue.

Elle est splendide ! ça te dirait d’en adopter une ?

Déjà on emportait la maisonnée De Brent dans leurs quartiers. Les fillettes se rentrèrent dans le lard en moins de deux et Opaline intervint à nouveau. Son manège amusa Erik. Sa diablesse ouvrait des paris ! C’était bien elle, ça ! D’après elle Tsunami allait expédier un des garçons par-dessus bord. Beaucoup se prêtèrent en riant à son jeu ; lui s’abstint, paré à éviter tout drame.
Quand Michael vint quérir Opaline pour lui suggérer une requête inattendue, ce fut bien la première fois qu’il la vit aussi émue, désorientée. On ne lui proposait rien de moins que de devenir marraine de l’adorable Lucas. Confuse, elle baragouina des paroles à faire douter de son bon sens.
Erik l’embrassa :

Tu seras une marraine adorable. Ce garçonnet ne pouvait rêver mieux.

Michael, goguenard, lui fit une remarque sur la perfection étonnante de son anglais à laquelle, il répliqua un peu acide :

Le double jeu n’est pas un attribut seul réservé aux adultes.

Le regard myosotis se planta froidement dans celui de De Brent. S’il avait flanqué un coup de coude à Opal tout à l’heure, l’écrasement des orteils par cette dernière rompit les rangs.
On passa à table.
La table de Davenport : un poème ! En entrée : blinis de caviar ; de quoi satisfaire les plus difficiles. Arrosé de champagne, wow, un délice.
Coincé entre Opal et Angel, Erik bavarda avec l’une et l’autre sans négliger ses vis-à-vis : Michael et Vic.

Alors, Angel ? A quand tes noces ? Nous c’est pour juillet, et toi ?

Oups…. Aurait-il gaffé ? La voilà qui rosissait. Si l’une se colorait, son œil averti ne rata pas le blêmissement de Mrs De Brent.
Il se retint de commentaire. Une contraction ? Déjà ?
Dans l’ensemble, cette réunion était bon enfant. Que de couples rassemblés ! On allait baptiser tous les gosses d’un coup ? Pourquoi pas ? Lui, n’avait eu droit qu’à une reconnaissance par des parents aimants, c’était suffisant. En juillet il épouserait celle qui l’avait agréé même si toute sa nombreuse famille ne l’approuvait pas entièrement. Il avait sa future belle-mère et Matt de son côté. Après ce qu’ils avaient vécu… Il s’en fichait royalement du moment qu’Opal ne regarde que lui.

Pour une course, Angel ne se souvenait pas en avoir fait une pareille. Le message signé Davenport l’avait prise de court au début des vacances de printemps. Elle devait absolument se trouver tel jour, telle heure au quai du port de Londres.

*Le baptême ! Il ne peut s’agir que du baptême des gosses de Dess.*

Longtemps auparavant, Miss Grisham accepta d’assumer le rôle de marraine auprès du fils de Mrs Shima. Sans doute qu’une certaine nostalgie de son mariage sur une plage tropicale avait poussé Desdémone à choisir sa petite demoiselle d’honneur comme marraine de son fils ? Toujours est-il qu’une promesse était une promesse. D’ailleurs Angel adorait le gamin qu’elle eut l’occasion de revoir plusieurs fois depuis cette proposition. Le grand moment était donc arrivé ? Les enfants devaient avoir près de trois ans. On ne pouvait pas dire que Mrs Shima s’était pressée...
L’idée que cela se passât sur le Broken Heart enchanta la Serdaigle. Que de souvenirs sur ce voilier luxueux ! ? N’était-ce point là que Benji et elle avaient commencé à nouer de tendres sentiments ?
Le bagage fut prêt assez vite. Un reducto et aucun objet ne l’encombrerait jusqu’au métro qui la mena au port.
L’attroupement autour du singulier navire ne la surprit nullement. Des années s’étaient écoulées mais ce voilier attirait toujours les curieux. C’est d’ailleurs cela qui l’avait conduite avec des copains, à s’introduire illégalement à bord. Cette fois, pas de clandestinité. Elle était attendue et l’accueil de Justin Davenport flanqué de sa délicieuse épouse la ravit. Benjamin la serra tendrement dans ses bras ; un doux baiser s’échangea :

J’avais peur que tu ne sois retenu ailleurs, souffla-t-elle, émue.

Le travail de l’Auror le tenait souvent hors de la sphère de Miss Grisham qui le déplorait souvent. Point de morosité ici, Dess, flanquée de son chevalier servant, lui embrassa les joues avec des compliments sur sa bonne mine. Polie, Angel salua Bryan Green qu’elle adopta immédiatement. En comparaison à l’ex-époux Shima, s’il ne tenait pas la distance de la carrure, au moins les traits de cet homme ne cachaient aucun double jeu, pas comme l’autre…
Les fiancés s’écartèrent un peu des autres afin de se susurrer des bêtises à l’abri des oreilles indiscrètes tandis que Charlie Wolf embarquait avec fracas, selon son habitude. Il semblait qu’elle ait omis de réduire ses valises et tout un attirail la suivait sur le ponton. Embrassades répétitives, etc. Puis… Arrêt sur image. S’il était bien quelqu’un qu’elle ne se serait pas attendue à découvrir à bord, c’était lui… Preston Yates.
Figée, elle le laissa saluer le proprio du bateau, flatter sa femme, faire guiliguili à la gamine du couple avant de lâcher la main de ben pour lui sauter au cou :

Preston ! Preston Yates ? Je n’en reviens pas ? Que fabriques-tu ici ? Non, laisse-moi deviner, tu connais Justin, hein ?

Ils rirent, tout heureux de se revoir après plusieurs semaines sans contact.

Viens. Il faut que tu connaisses Ben. Depuis le temps que l’on en parle !

Toute joyeuse, elle guida le journaliste vers son fiancé qui lui parut… renfermé ?

Benji, voici Preston. Journaliste à la BBC, je l’ai connu dans, euh, des circonstances particulières mais nous sommes devenus de grands amis.

Pourquoi se regardaient-ils comme s’ils se jaugeaient ? Ils se serrèrent la main, l’humour de Preston chassa rapidement le léger froid perçu. Un événement important éjecta cette impression désagréable avec l’apparition totalement imprévue du plus beau couple de l’année : Opal et Erik !
Bondissant de joie, Angel se précipita étreindre sa meilleure amie et son étrange fiancé. Pas de doute, ceux-là étaient unis comme les doigts d’une main. Une assurance nouvelle paraissait auréoler le Suédois, et l’Australienne n’en rayonnait que de plus de bonheur. Joyeuse, Miss Grisham réunit ses amis dans un coin, présentant Preston aux nouveaux arrivants. Opal lui coula un œil curieux que préféra ne pas relever la Serdaigle.
Déjà le bateau larguait les amarres. Bavardages, rires, sans que l’on ne sut trop comment, tout bascula ; à la grisaille londonienne succéda un ciel d’azur baigné d’un soleil écrasant. Nouveau mouillage ; départ d’un canot à moteur à bord duquel Davenport faisait de grands signes vers la plage proche. L’équipage qu’il ramena sur le Broken Heart fit sourire Angel… à moitié. Membre active de l’Ordre du Phénix elle n’était pas ignorante des bruits qui couraient à l’encontre de Mr De Brent.
Elle vit Ben se raidir, prêt à dégainer sa baguette.

Du calme mon chéri. Si Justin et Dess qui sont Aurors comme toi et Charlie, le tolèrent c’est… qu’il y a une bonne raison.

Preston paraissait très intrigué, elle lui coula quelques mots :

Il est suspecté d’avoir fricoté avec l’ennemi.

La grossesse plus qu’évidente de la femme de Michael attendrit beaucoup la bleue et bronze. Mais l’arrivée des jumeaux flanqua une belle pagaille. Tsunami s’en était déjà prise plusieurs fois à son frère, cette fois Sarah lui donnait une réplique parfaite. Telle une chatte protégeant son chaton, Angel bondit sauver Little boy des affres des deux pestes. Qu’elles se déchirent lui était égal mais pas touche à son futur filleul.

N’est-il pas le plus merveilleux des gamins, dit-elle en revenant souriante auprès de ses amis.

Opal courut s’occuper de Lucas tandis que le navire levait l’ancre. Des petits groupes bavardaient un peu partout. Apparemment Yates connaissait également De Brent. La Serdaigle observa divers conciliabules avant que la nouvelle ne la frappe : Victoria décidait de baptiser tous les enfants d’un coup.
Qu’Opal soit requise en tant que Marraine de Lucas faillit la faire s’étrangler de rire surtout avec la réaction de celle-ci.
Dans le fond, pourquoi pas ? Ce garçonnet avait besoin de punch ; avec miss McLane, il serait servi.
Little boy fut confié aux soins de Briman, l’elfe des Davenport, et l’on passa à table.
Assise entre Erik et Ben, Angel commença à déguster les blinis de caviar quand une question du Suédois la prit de court :

Alors, Angel ? A quand tes noces ? Nous c’est pour juillet, et toi ?

Mince ! Une bonne question. Ses joues prirent quelques couleurs, elle piqua le nez dans son assiette et souffla :

Je ne sais pas. Nous devons refixer une date.

Elle sentit sur elle plusieurs regards surpris, intrigués, ou inquiets. Ben se pencha, lui embrassant la tempe. Elle n’en demeura pas moins pensive.

Quel ne fut pas la surprise pour Ben de recevoir un hibou de Davenport ! Le jeune auror, assit dans son bureau, était en train de rédiger son énième rapport quand le volatile se posa sur le bureau. Le souvenir de la première rencontre avec l'auror était encore bien présente dans sa mémoire. Après tout, c'était là que ses sentiments pour Angel avait vu vraiment le jour. Un sourire apparut sur son visage à cette évocation. Sourire qui disparut rapidement en réalisant qu'il avait beaucoup trop délaissé sa fiançée depuis son retour. Angel devait très certainement être invitée, aussi envoya-t'il immédiatement une réponse positive à Justin avant de repartir dans des pensées des plus tordus ...

Quelques jours plus tard, une valise à la main, le jeune homme transplana sur le port de Londres, à l'abri des regards. Sortant de la petite ruelle, il s'avança vers le couple Davenport et les salua. Une légère bourrade à Justin, un bonjour des plus poli à son épouse et un sourire ainsi que quelques chatouilles à leur fillette. Un regard rapide sur les autres invités qui arrivaient et Benji vit sa fiançée. Prenant sa douce, dans ses bras, il l'accueillit d'un tendre baiser et d'un « tu m'as manqué ». Heureusement qu'il y avait du monde, car sinon elle n'aurait pas loupé de lui faire remarquer que c'était de sa faute à lui et il n'aurait pas pût la contredire vu que c'était vrai.

J’avais peur que tu ne sois retenu ailleurs.

Rassurant sa compagne, Ils se tournèrent vers les nouveaux arrivants. Bryan, un auror qu'il avait déjà cotoyé, accompagné d'une jeune femme qu'Angel avait l'air de bien connaître. Venait ensuite une femme toute échevellé qui fit une entrée très remarquée. Ben sourit doucement en remarquant que pour « un petit comité », la croisière familial allait plutôt ressembler à une croisière mondaine. Tout à coup, Angel lui lâcha la main pour se jeter dans les bras d'un homme un peu plus âgé. Haussant les sourcils, l'auror regarda la jeune femme s'avançait vers lui avec l'homme.

Benji, voici Preston. Journaliste à la BBC, je l’ai connu dans, euh, des circonstances particulières mais nous sommes devenus de grands amis.

Benjamin regarda avec méfiance le journaliste. Il avait rarement vu sa fiançée si démonstrative avec un autre homme et ses explications évasives de leurs rencontres, laisser entrevoir quelque chose de suspect. Poli, il serra la main de Preston avant de reprendre celle d'Angel pour bien montrer sa propriété. D'autres invités venaient encore d'arriver. Angel et Benji les accueillirent avec plaisir puisqu'il s'agissait d'Opal et Erik. Que les quatres se retrouvent ici, lui rappelait de nombreux souvenirs dans le même lieu. Souriant à Opal, il serra la main d'Erik avant de le féliciter pour sa meilleure élocution.

Le bateau s'éloigna doucement et les discutions étaient menées de bon train un peu partout sur le pont. Justin, avec qui il discutait, s'excusa et partit vers le canot à moteur où il grimpa et s'éloigna vers une plage toute proche. Quant il revint quelques minutes plus tard, l'auror ne put s'empêcher de poser la main sur sa baguette en voyant les personnes à bord. De Brent ...

Du calme mon chéri. Si Justin et Dess qui sont Aurors comme toi et Charlie, le tolèrent c’est… qu’il y a une bonne raison.

Angel avait très certainement raison mais il ne pouvait s'empêcher de se méfier. Il lâcha sa baguette mais se promit de rester sur ses gardes pendant tout le voyage. Il ne voulait pas que quelqu'un soit blesser ou tuer. Surtout que de jeunes enfants étaient présents. D'ailleurs Angel venait de voler à la rescousse d'un petit garçon prit entre deux gamines visiblement très remuantes. Voir sa fiancée avec un enfant dans ses bras fit un drôle d'effet au jeune homme et il sourit en la voyant revenir.

N’est-il pas le plus merveilleux des gamins.

Passant un bras autour de la taille de sa fiancée, il continua à discuter avec Erik puis avec Bryan. Enfin, ils passèrent à table. Benjamin, assit au côté d'Angel remarqua immédiatement l'air gênée de la jeune fille à la question d'Erik. Celui-ci ne voulait pas l'embêter et ne savait très certainement pas les soucis qu'il y avait dans le couple.

Je ne sais pas. Nous devons refixer une date.

Posant sa main sur celle de la jeune fille, Il l'embrassa sur le front avant de murmurer à son oreille.

D'ailleurs, je crois que ce voyage sera bénéfique pour nous. Je dois te parler ... de mon travail ... et surtout de notre avenir.

Il savait qu'il était la cause du recul de leur mariage et cette discution devait absolument avoir lieu s'ils désiraient avancer. Sinon, il risquait de la perdre. Et ça, il ne le supporterait pas ...

Si vous habitez un beau quartier cossu à Londres, il n'est pas trop habituel de voir, un beau soir, un hibou frapper le carreau de votre fenêtre...sauf bien entendu si votre nom est Preston Yates, que vous êtes un type au retour de toute surprise et, qu'en plus, vous sachiez quelque chose que les autres ignorent!

Preston trouva la situation absolument amusante. Depuis un certain temps ses connaissances sur le monde sorcier s'étaient assez élargies pour ne pas sursauter, affolé, à la vue du charmant volatile qui picotait la vitre avec un enviable entrain. Suivant les conseils fournis par sa conseillère privée en affaires sorcières, il ouvrit la fenêtre et laissa entrer la bestiole qui alla se poser gracieusement à côté du whisky qu'il sirotait un instant auparavant et tendit la patte...un message y était attaché.

Prendre un téléphone est quand même plus facile!, grommela-t-il en défaisant, assez malhabilement le nœud alors que le hibou émettait des petits cris agacés, désolé, mon pote...tu es mon premier messager ailé!

Le message émanait de Justin Davenport. Il aurait pu s'en douter. Son ami prenait très au sérieux ses promesses, preuve en était l'invitation manuscrite qu'il lut sur le parchemin. Preston était si enthousiasmé avec ce message qu'il ne prêta aucune attention au volatile qui, assoiffé une fois sa mission accomplie, avait plongé le bec dans sa boisson et se désaltérait gaiement...le résultat ne se fit pas attendre, peu habituée à l'alcool la bestiole entreprit une drôle de danse sur la table pour enfin aller perdre l'équilibre sur le bord et plonger dans le tapis dans un frénétique mais inutile envol de plumes et piaillements d'ivrogne.

Zut...j'ai saoulé le hibou!

Peu restait à faire. Dans cet état calamiteux pas question de le laisser partir...ce serait pénible à voir, zigzaguant dans le ciel londonien pour aller se perdre sait on où. Preston le ramassa sans trop de mal en l'entendant émettre un comique ululement et, ne trouvant rien de mieux, le casa dans une boite à souliers pour le laisser dormir en paix dans la cuisine. Le lendemain, quand il aurait reprit ses esprits, le noble messager pourrait retourner d'où il venait sans le risque de finir sa soirée collé au carreau d'un pub quelconque...

Homme pratique jusqu'au bout des ongles et habitué à voyager sans s'encombrer, Preston Yates était présent au lieu et à l'heure dite pour se trouver face au voilier le plus somptueux qu'il ait jamais vu. Le Broken Heart offrait un spectacle unique au ravissement des badauds là réunis.

Il n'était pas le premier arrivant. Sur le pont se trouvaient déjà d'autres personnes, entre lesquelles...oh, surprise, se trouvait Angel. Il eut du mal à croire à tant de chance mais la présence d'un gars bâti en athlète á ses côtés freina tout élan débridé de sa part. Justin l'accueillit avec joie, une chaleureuse accolade fut échangée après quoi il connut, enfin, la femme qui avait capturé le cœur de son ami, Nate et le fruit des ces amours, la petite Viviane, une gosse adorable. Arborant son meilleur sourire "Brave gars" Preston se tourna vers la jeune fille et son accompagnant. Il ne put pas s'empêcher de sourire plus largement ni son regard de pétiller avec un ravissement évident...La réaction de la jeune sorcière le surprit très agréablement...elle lui sauta au cou. De quoi faire soulever plus d'un sourcil...ou d'en froncer d'autres. Il s'en fichait!

Je ne peux pas y croire! C'est merveilleux que tu sois ici. Justin ne m'a rien dit!

De là à penser que Davenport avait voulu lui réserver une surprise complète. Ce ne serait pas lui qui s'en plaindrait! Même s'il fallut faire connaissance du fiancé, car cette fois... c'était bien lui.

Enchanté d'enfin te connaitre, Benjamin. Angel m'a beaucoup parlé de toi!

Pieux mensonge, mais il fallait bien dire quelque chose. On le présenta ensuite à deux jeunes femmes américaines, Dess et Charlie. La première accompagnée d'un jeune homme qui souriait aux anges, sans quitter des yeux sa blonde beauté. La seconde lui sembla un tantinet farfelue mais charmante. Peu après embarquaient ceux qui seraient les derniers passagers. Un drôle de couple, une turbulente Australienne et un jeune Suédois. Selon ce que Preston comprit dans l'effusion des premiers moments, ils allaient bientôt se marier. On le regardait avec un mélange de suspicion et surprise mais Justin se chargea, diplomatiquement, de mettre les pendules à l'heure. Au bout d'un moment tout le monde se sentit parfaitement à l'aise.

Ce qui se passa par la suite donna à Preston un nouvel aperçu du pouvoir indéniable de la magie...dans toute sa splendeur. Quittée l'embouchure de la Tamise, le Broken Heart gagna rapidement la mer ouverte. Un vrai délice que de naviguer sur un voilier comme celui-là...et puis en un clin d'œil, le décor changea radicalement. Finie la grisaille du Canal et sa houle tendancieuse pour faire place à un ciel dégagé, une mer d'azur calme et un soleil qui chauffait dur.

Preston essaya de prendre son expression la plus neutre mais il ne pouvait pas s'empêcher d'avoir l'air aussi émerveillé qu'un gosse au matin de Noël. Charlie Wolf, une des Américaines, ne tarda pas à le rejoindre alors que son amie essayait de mettre ses enfants en ceinture. Justin semblait avoir mis tout ce petit monde au courant de sa condition de moldu et elle était très curieuse de connaitre son avis face à cette première expérience en grand.

Que dire? Je suis tout simplement soufflé. C'est tout simplement fascinant!

Elle l'entraina vers le groupe réuni un peu plus loin et la conversation alla bon train jusqu'à ce que Justin décide qu'il était temps pour lui d'aller à terre chercher les derniers invités. Preston passa un joyeux moment en répondant aux questions qu'on lui posait, après tout, sans être sorcier, il était, à sa façon très moldue, une célébrité...et pas à dire, ça attire toujours l'attention. Angel n'était pas loin, mais son escorte ne la lâchait pas d'une semelle, certainement pas trop ravi de l'accueil dont elle l'avait gratifié. Une situation ambigüe? Peu importait.

*On a tout le voyage devant nous!*

Une autre surprise. Décidément c'était son jour. Les derniers passager embarquèrent. Preston eut du mal à croire que Michael De Brent aboutissait sur le pont. Cela faisait un bon bout de temps qu'il n'avait vu cet autre ami. à un moment donné, Justin, Michael et lui avaient formé un allègre trio de compères même si alors il ignorait qu'ils étaient autre chose que ce qu'ils semblaient être...des gars riches et insouciants. Bien sûr, sur Michael il s'était vite détrompé. Ils s'étaient rencontrés par la suite, à l'autre bout du monde, dans une situation qui n'avait rien de décontractée. De Brent n'était pas un spectateur oisif de la vie...mais un acteur. Cela lui gagna un nouveau respect aux yeux du journaliste.
Et voilà qu'il le retrouvait là, dans ce paradis enviable, accompagné d'une adorable femme très enceinte,de deux enfants, une elfe et un énorme chat doré.

*Pas à dire, ils ont le sens du spectaculaire, ces sorciers!"

Quelles retrouvailles! Venue l'heure des apéritifs, le trio se retrouva un peu à l'écart des autres pour échanger des souvenirs de leur temps en commun et des nouvelles. À moment donné, Yates remarqua l'étrange marque sur l'avant bras de Michael. Il en savait assez long sur le monde sorcier pour connaître la signification de ce tatouage hideux. Il adressa un regard dépité à son ami, se sentant absurdement gêné.

Tu auras tes raisons, mon vieux...mais à vrai dire je ne me serais pas attendu à ça de toi!

Mais Justin vint de suite à la rescousse .

Ce n’est pas ce que tu crois. Je ne sais pas jusqu’où tes informations remontent mais il est des apparences trompeuses. Je me demande d’ailleurs d’où tu les tiens quoique je puis le deviner aisément.

Et cela en lançant un coup d'œil amusé vers Angel qui papotait avec entrain avec son amie australienne.

Assez loin pour savoir ce que cela signifie. Mais si tu es là, Michael, c'est sûrement parce qu'il y a une bonne raison, qui suis-je pour juger les agissements de quiconque...encore moins ceux d'un ami?

L'incident en resta là. Un voyage de rêve s'annonçait, autant profiter de la circonstances sans trop d'états d'âme. Il ne tarda pas à faire connaissance de Robert Rockwell et, ravi, découvrit qu'il n'était pas le seul démuni de pouvoirs sorciers à bord, voilà de quoi le mettre complètement à l'aise. On oublia vite les thèmes épineux. D''ailleurs ici, il y en avait qui ne se faisaient aucun souci. Voilà que Preston, au comble de l'hilarité, se trouvât en train de parier avec Opal sur qui serait le premier des gosses à prendre un bain forcé. Pas trop orthodoxe la façon d'entrer en matière mais après un moment la remuante Australienne leva pas mal de paris entre les autres présents. Pas le temps de s'ennuyer avec elle. Chose surprenante, c'est elle que Michael et sa femme choisirent comme marraine pour leur fils... à croire que Miss Turbulence avait des qualités que lui, ignorait.

Le repas se déroula en une ambiance des plus conviviales. Angel lui faisait face et il ne perdait pas miette de ce qui se passait entre elle et son fiancé. Tiens, il semblerait qu'ils n'aient pas encore convenu d'une date pour leur mariage?...non, encore mieux...il fallait en fixer de nouveau une...c'est-à-dire qu'il y en avait déjà eu au moins une...oh là, là ! c'était mieux que le meilleur programme d'actualités. Preston se sentit d'un bel appétit et d'une humeur incomparable pour raconter l'épisode avec son premier hibou qui avait fini ivre mort. Cette croisière promettait beaucoup et surtout pas de l'ennui.

13 à table! Voilà qui donna de quoi penser à certains. Personnellement, Preston n'était pas superstitieux mais ce fut intéressant de capter de ci de là des commentaires divers sur les possibles misères qui pourraient, hypothétiquement, leur arriver. Justin, coupable de ce remous, crut bon y mettre fin en portant un toast...aux fiancés, aux enfants présents et à ceux à venir.

Il fila un coup d'œil discret vers sa sorcière préférée et remarqua son expression un tantinet dépitée, tandis que son amie australienne se lançait au cou de son fiancé, en voilà deux qui n'avaient aucun problème... puis son attention se vit détournée par la jeune Mme De Brent qui avait soudain pâli et pinçait les lèvres.

Ça va?

D'un geste elle lui signifia qu'il ne se passait rien. À l'autre bout de la table, Michael riait aux éclats de quelque chose émis par Opal McLane. L'ambiance se détendit de plus en plus, le vin y étant certainement pour quelque chose.

Arrivés aux desserts, ils s'entendaient tous à merveille, on riait de bon cœur sans trop de soucis pour le futur, enfin quelques-uns plus réjouis que d'autres mais en fin de compte ils formaient un bel ensemble. Ce voyage serait sans aucun doute une expérience inoubliable.

Ayant la permission du maitre à bord, Preston s'arma de sa caméra et commença à filmer tout ce qu'il voyait. Il voulait immortaliser ces moments uniques et le ferait tout le voyage durant. Tout y passa, grands et petits, elfes et cougouar. Rires et mines sérieuses et surtout le sourire dont Angel le gratifia en le découvrant...son fiancé, lui, conserva une mine immuable...la vie était belle...pas parfaite...simplement belle!

Etrange réveillon ce passage à l’an 2000, non moins que le jour de l’an neuf. Pour Desdémone Baddream bien des choses s’étaient clarifiées et à aucun moment elle ne regretta les décisions prises à cette occasion. D’abord, elle eut la certitude absolue que De Brent était sain et pas corrompu comme tout le laissait supposer. S’il en avait été autrement, Vic n’aurait pas eu cette mine radieuse. Porter l’enfant d’un Mangemort n’est pas de tout repos pour une femme qui n’a aucun de ce penchant. La jeune femme savait de quoi elle causait, se souvenant amèrement du début de sa grossesse. Si elle n’avait pas fui son époux, sans doute serait-elle morte à l’heure actuelle, et les enfants avec elle.
Ensuite, Dess avait résolument tourné le dos à son passé douloureux.
En rentrant chez Charlie, elle avait contacté Bryan Green. Elle le savait épris d’elle depuis plus d’un an mais avait sciemment maintenu une certaine distance dans leurs relations. Non qu’il lui déplaise, loin de là, mais…
Lorsqu’il s’était présenté au dîner où elle le conviait, ils se souhaitèrent la bonne année de la façon la plus tendre qui soit. De savoureux baisers échangés en apéritif, elle servit l’entrée en lui racontant son réveillon :

Nous avons cru devoir assister à un pugilat en règle entre les De Brent ; ça s’est arrangé... sur l’oreiller. J’en suis satisfaite car, je trouve qu’ils vont très bien ensemble… tout comme nous. Je connais tes sentiments, je veux que tu saches que je les partage.

Ils faillirent bien rater le plat principal après cet aveu chaleureux mais parvinrent à contenir leurs élans.

J’ai parlé à Justin, juste avant de partir. Il doit être le parrain de Tsunami, tu te rappelles ? Il n’attend que mon feu vert pour organiser la cérémonie. Le connaissant, je me doute que ce ne sera pas banal. Que dis-tu de fin mars ? Ce seront les vacances de Pâques ainsi Angel, la marraine de Little Boy, ne ratera pas ses cours.

Elle tergiversa un peu avant de lâcher la nouvelle fracassante :

Tant qu’à faire… nous pourrions peut-être profiter de l’occasion… pour nous unir légalement. J’ai envoyé ma demande de dissolution de mariage au ministère, ce matin.

Ils ne finirent jamais le dessert préparé par l’hôtesse, en goûtant un autre beaucoup plus délicieux.
Les mois qui passèrent furent un tourbillon d’achats et de préparatifs divers. Les futurs époux se devaient d’emménager ailleurs que chez Charlie. La recherche du logement adéquat demanda du temps et des sueurs. Sa précarité financière gênait beaucoup la bientôt Mrs Green. Sa paye d’Auror ne pouvait rivaliser avec les biens de Bryan. Seul héritier maintenant que ses deux frères avaient disparu, Mr Green disposait d’un solide pactole mais Dess regrettait de ne pouvoir participer pleinement aux dépenses occasionnées par le prochain changement de statut.
Mr Green en riait ; elle, elle s’angoissait.
N’empêche qu’elle éclata de rire lorsqu’un courrier émanant de Justin les avertit de la façon dont le parrain envisageait les baptêmes :

Son voilier ! Il veut que cela se passe en pleine mer ! J’ai eu des échos par Angel sur ce bateau, il est… enfin tu verras, mon chéri.

Boucler les valises se fit sans problèmes, préparer les enfants demanda plus de temps et patience. Il était décidé que les deux elfes domestiques seraient de la partie afin de garder les marmots à l’oeil, Tsunami en particulier.
L’heure d’embarquer arriva que la jeune femme ne savait toujours pas comment prénommer son fiston. Elle n’ignorait pas qu’avec un « Little Boy » ridicule en patronyme, le gosse souffrirait à l’école.

Je pense l’appeler Devon… en souvenir de ton jeune frère, avait-elle soupiré à l’oreille de son fiancé.

Elle n’était pas entièrement convaincue que ce nom convienne au gamin issu d’une aussi illustre lignée : celle des Shima. N’ayant rien de mieux pour l’instant…
En premier, ils montèrent à bord du Broken Heart, jouissant de l’accueil d’un Justin très jovial(quoique toujours légèrement mal à l’aise face à elle) et d’une Nate ravie. Secrètement, Dess leur envia la douce Viviane qui, comparée à sa propre fille, était l’œil de l’ouragan. Le jeune Kohl arriva ensuite. Dess n’était pas sans savoir que son collègue fréquentait son ancienne demoiselle d’honneur. Cette dernière ne tarda d’ailleurs pas à se joindre au groupe dont le nombre augmenta sans cesse jusqu’à ce que Justin ordonnât de larguer les amarres après l’embarquement de la deuxième demoiselle d’honneur de son 1er mariage. Etranges faits ? Coïncidences ? Dess et Bryan n’avaient soufflé mot à quiconque de leur projet au cours de cette croisière…
Vint un changement de décor inattendu. On passa de la grisaille britannique à un soleil de plomb sur une mer d’azur. Tous au vestiaire pour changement express de tenue ! Soulagée de revêtir un paréo fleuri rose et jaune, Dess n’éprouva aucune gêne en revoyant les De Brent. Elle félicita Vic sur sa bonne mine et salua Michael chaudement. Bryan, mis au parfum des idées de sa fiancée vis-à-vis du Mangemort, se garda de dégainer sa baguette. Comme de bien entendu, la marmaille flanqua la pagaille. Angel vola au secours de Little Boy et Opal régla un différend entre les fillettes.
Qu’un moldu assiste à l’événement ne perturba pas Dess plus qu’ainsi. Elle-même était sang-de-bourbe, tout comme Davenport. Si ce dernier jugeait bon d’avoir Yates à bord, il devait avoir ses raisons. L’apéritif fut très bon enfant. Chacun se groupant selon ses affinités. Charlie et Robert Rockwell nourrissaient de tendres projets, apparemment… Y aurait-il deux mariages célébrés avec les baptêmes ? Le fait est qu’au lieu de deux, ceux-ci se résumeraient à cinq ! Vic eut cette idée splendide de fêter tous les enfants du bord ensembles.
On passa ensuite à table. Quel luxe ! Dess fut soufflée. Les conversations, aidées par l’absorption des boissons alcoolisées, roulèrent. Assise entre Bryan et Justin, la jeune femme baignait d’une douce euphorie. En face d’elle Charlie contait fleurette à Bob tandis que son frais homologue semblait réconforter sa compagne.
Justin qui n’en était pas à une bourde près, lui demanda si elle avait enfin décidé du prénom de son fils…

Oui, enfin, non… nous ne sommes pas sûrs.

Puis il lança une allusion au fait qu’ils soient 13 à table ! Elle pâlit et croisa machinalement les doigts. Pour un peu la salière s’expédiait par-dessus son épaule gauche, histoire de conjurer le mauvais sort. Si d’autres en rirent, elle pas.
Pourtant l’atmosphère se dérida avec les prestations filmographiques du moldu de service. Dess le jugea amusant avec sa mine de gosse réjoui de capturer des images jusqu’ici banales, somme toute. Espérait-il le scoop de siècle en souhaitant que les plats volent seuls ?
Ils attaquaient les steaks d’espadon lorsque l’elfe de Justin s’approcha d’elle, lui murmurant quelques mots à l’oreille. Troublée, elle se leva, s’excusa et fila à la suite de la créature vers le pont supérieur. Un spectacle peu ordinaire l’y attendait. Irradiant de lueurs argentées, planté sur ses quatre pattes, l’observait un bouc des ténèbres dans toute sa splendeur inquiétante. Sous le choc, la jeune femme faillit défaillir. Il s’agissait sans conteste du Patronus de son ex-époux, celui de Hiro Shima.

Que… que me veux-tu ? parvint-elle difficilement à articuler.

En réponse, l’apparition lâcha le paquet qu’il tenait entre les dents puis se dilua mieux que du brouillard sous le soleil. Effarée, Dess hésita longuement à prendre le petit colis enrobé d’un papier brun ordinaire. Que contenait-il, un piège destiné à lui gâcher la vie ? Sortant sa baguette, elle appliqua au « cadeau » un spécialis revelio qui ne révéla… rien. Elle tremblait comme une feuille en ramassant le présent du patronus et déchira l’enveloppe. Une sorte de coffret en bois ouvragé apparut. Un très bel objet de facture Nippone, sans erreur possible. Le loquet se releva ainsi que le couvercle. Un tas de documents s’offrit aux yeux noisette d’une Dess de plus en plus intriguée. Les soulevant, elle eut un nouveau choc en apercevant le fond de la cassette. Sur un écrin de velours vert reposait son propre annulaire, celui qu’elle s’était volontairement tranché avant de quitter Hiro. Intact, toujours orné de la bague des Shima-Akizuki, il ne semblait qu’attendre qu’elle le remette en place. Feuilletant la paperasse, une écriture lui sauta à la figure : une lettre de son ex-époux. Succincte mais claire, sa lecture amena un sourire aux lèvres de la jeune femme :

Chère Dess, pardon pour le mal causé malgré moi. Mes démons m’ont rattrapé, nous ne nous reverrons pas. Je te rends ton doigt comme demandé en preuve de l’amour que je t’ai toujours porté. Pour l’éducation de nos enfants et ton confort, je te cède par ces documents la moitié de ma fortune ; il te suffit de contresigner et de te présenter à Gringott’s. Je ne suis en droit de rien exiger de toi mais sache que je désirerais que notre fils porte le nom de Fuji-Yama. Je te souhaite tout le bonheur que je n’ai pas su te donner.
Je t’aime. Hiro.

Emue aux larmes, Dess embrassa la lettre. Baiser de reconnaissance et d’adieu définitif, elle se sentait soulagée d’un poids énorme.
Se délestant de son annulaire factice ( parfaitement imité) elle replaça le vrai qu’elle souda d’un geste de baguette. Même en aimant Bryan, elle resterait Shima. Mais par cette action, Hiro lui signalait en quelque sorte son acceptation de la libérer de son joug.
Légère, elle regagna la salle à manger où, radieuse, elle embrassa Bryan :

Le petit s’appellera Fuji-Yama !

Elle lui donna la lettre, gardant le coffret contre sa poitrine. Il lui fallut raconter un peu ce qui s’était passé. Ceux qui la connaissaient bien se réjouirent avec elle.

Love is in the air!...Depuis la veille, la mélodie ne la quittait pas. Charlie en riait. Elle avait plus d'une bonne raison pour le faire. Une surtout : Robert Rockwell.
Pour une fois dans sa vie, Charlie Wolf pouvait dire, sans crainte de se tromper, qu'elle était vraiment amoureuse. C'était réciproque. C'était parfait.

Son entrée en scène, sur le pont , où se trouvait réuni tout ce beau monde ne manqua pas d'attirer l'attention surtout celle de son cher et tendre qui vola à sa rencontre. Elle avait délaissé ses habits sorciers pour une tenue plus plaisante, fraiche et moldue, plus accorde aussi aux circonstances...Une petite blouse blanche, nouée sur le nombril et des shorts blancs aussi qui découvraient des jambes époustouflantes, desquelles Charlie, sans aucune modestie, était très fière. Sans être le moins du monde intimidée par les regards masculins, elle avança tranquillement vers le parasol sous lequel s'abritaient Nate et Victoria et prit place dans un fauteuil d'osier, avec un sourire ravi.

Qu'il fait beau! Je pourrais vivre sur un bateau ma vie entière, rien ne me rend plus heureuse que naviguer. Vic, ma chérie...tu es trop pâlote. Ça ne va pas?

Elle s'en doutait bien que ça n'allait pas. L'ayant quittée deux mois auparavant alors que sa grossesse avançait de façon satisfaisante, Charlie avait une idée assez claire de ce qui pouvait les attendre d'un jour à l'autre. Valant mieux prévenir qu'autre chose, Charlie avait assemblé un nécessaire d'urgence en cas d'accouchement inattendu, avait révisé un ou deux ouvrages traitant l'affaire, question de rafraichir ses connaissances puis remettant sa chance entre les mains du Tout Puissant, s'était adonnée gaiement aux préparatifs du voyage. Voir Dess décidée, enfin, à mettre terme à sa longue solitude, l'avait réjouie au plus haut point. Le seul point discordant de son bonheur personnel était sa future filleule, chaque jour plus poison...mais enfin, à la première occasion, elle lui administrerait une potion calmante ou lui jetterait un sortilège...elle avait beau adorer l'enfant depuis sa naissance mais la gamine ...

*Mieux, j'y pense pas...sinon, c'est moi qui la balance par dessus bord et je fais perdre le pari à Opal!*

Hier j'ai remarqué que tu n'allais pas bien...des contractions, Vic? Rien à craindre, c'est normal quand le terme est proche, avec un sourire bienveillant, elle tapota la main de la jeune femme, ne t'en fais pas, je suis préparée pour n'importe quelle éventualité.

Les gosses de Dess avaient rejoint les De Brent, ce qui comme toujours était prélude d'hostilités ouvertes entre Tsunami et Sarah, ces deux là, à chipie chipie et demie.

Seigneur! Ces deux gamines vont finir par faire un malheur!... Tsunami, je t'en prie!!!

Elle quitta sa place en vitesse en même temps que le père de Sarah, la sienne. Chacun prit une gamine sous le bras en échangeant un sourire. Celui de Charlie radieux et convivial. Celui de Michael, machinal et sans gaieté.

*Qu'est ce qu'il a encore celui là?...Il joue bien son théâtre mais ça cloche de bout à bout. Pauvre chéri. Faudra le tenir à l'œil.*

Tsunami remise en ceinture pour l'instant et confiée aux bons soin d'un des elfes amenés pour les effets, Charlie retourna auprès de ses amies. L'ambiance sur le pont était au beau fixe, comme le temps. Elle aperçut, un peu à l'écart, Dess et Bryan, en train de faire sûrement des projets pour le futur. Hiro avait enfin eu un geste noble pour sa femme et l'avait libérée de ce mariage tourmenté, voué à l'échec depuis le début. Voir son amie enfin heureuse déchargeait Charlie d'un lourd poids...le temps était venue pour toutes les deux de goûter aux joies d'un bonheur bien mérité.

*Tant qu'on y est...si Bob me le demande...On pourrait se marier, tous ensemble, ce serait magnifique...ici, sur ce bateau...*

Un instant de rêverie éperdue duquel elle fut tirée par le rire argentin de Little Boy, futur Fuji Yama, qui contrairement à sa diablesse de sœur était un enfant angélique s'entendant à merveille avec le petit De Brent qui était lui aussi le gosse le plus adorable du monde. Les gamins jouaient avec leurs respectives marraines qui s'en donnaient à cœur joie, tant qu'on se demandait qui était plus enfant là...si les petits ou les deux demoiselles.
Charlie les aimait bien mais se demandait souvent par quel miracle lumineux ces deux là pouvaient s'entendre si bien...la douce et timide Angel et la turbulente et un peu folichonne Opal. Un autre mystère demeurait le comment une créature aussi effervescente que Miss McLane avait pu dégoter un fiancé si princier et posé comme le jeune Nielsen.

*Ben...le cœur a des raison que la raison ne comprend point...Ça s'applique aussi au petit manège de la petite Angel avec Kohl et Preston...comme quoi d'où on s'attend le moins, un lièvre saute...*

Décortiquer minutieusement les personnalités de son entourage était un passetemps auquel Charlie s'adonnait avec évident plaisir. Justin demeurait l'homme parfait par excellence, une personnalité ouverte, franche, sans détours. Si différent à son copain de toute la vie, Michael lui était renfermé, secret. Arborait des airs d'ange mais Charlie le soupçonnait d'avoir beaucoup de démon. Il était heureux mais à la pair, trainait une misère obscure qui semblait le ronger. Il fallait reconaître que l'homme ne l'avait pas eue facile. Son séjour entre les Mangemorts n'avait certainement pas été une partie de plaisir quoique, si on prêtait ouïe attentive aux mille ragots qui couraient par là, il ne s'était pas trop ennuyé non plus.

Avec un sourire charmant, elle écarta les mèches qui lui tombaient sur les yeux et prit la boisson que lui présentait Bikita.

Justin m'a dit qu'on serait à Papeete demain après midi. C'est une petite ville de rien du tout mais le paysage est saisissant de beauté. On comprend bien pourquoi Gauguin a choisi ce coin du monde.

Victoria était bien silencieuse, laissant Nate et Charlie faire les frais de la conversation. Le Dr. Wolf la regardait à la dérobée. Le regard de la jeune femme était fixé sur son beau mari. Le beau diable avait rejoint ses copains et oubliant tranquillement le reste. Une lueur chagrine croisa le regard vert de la jeune dame De Brent mais se reprenant aussitôt, elle sourit de nouveau.

*Courageuse petite. Tant mieux, c'est du courage qu'il lui faut pour tenir cet homme en laisse. Tiens...je devrais l'aider, un petit cocktail au Prozac tous les matins et dans trois semaines il sera docile et ravi comme un bon toutou...euh, vaut mieux pas, s'il me découvre, suis bonne pâture pour les requins...sait on jamais...*

Un petit groupe d'hommes attira son attention et lui tira un sourire malicieux. Si Robert et Preston semblaient s'entendre à merveille, la tension entre ce dernier et le jeune Kohl était palpable. Difficile concurrence, ce Yates, avec son verbe brillant et une vie trépidente. En quatrième et sans aucun problème, assistant, placide à ce duel poli, Erik Nielsen détournait souvent son attention pour suivre des yeux les bruyantes évolutions de sa fiancée.

*La paix n'est définitivement qu'un fragile instrument des Dieux pour nous faire croire que tout va bien...plus elle est longue, plus elle se brise avec éclat.*

Elle secoua la tête pour se défaire de cette philosophie crépusculaire et se mit en devoir de confier à ses amies les plans qu'elle avait pour la soirée...

Le déjeuner s’était prolongé jusqu’à 15heures. Davenport n’avait pas surchargé les estomacs pour le plus grand bien de tous. Victoria ne s’en plaignit pas car elle ne se sentait pas exactement dans son assiette. D’ailleurs, elle n’attendit pas le dessert pour se lever, s’excuser et filer à sa cabine où elle s’allongea immédiatement. Les reins la brûlaient, parfois un spasme étrange la secouait.

*Trop tôt ! Ça ne peut être ça !*

Dans une plainte à peine audible, elle appela Bikita qui rappliqua immédiatement. Sa maîtresse désirait une tisane, pas de problème. Elle la reçut dans la minute suivante. La boisson chaude réconforta la jeune femme. Elle se détendit et s’endormit telle une souche.
Lorsqu’elle se réveilla, l’heure l’effara. Elle avait quasi fait le tour de l’horloge ! Plus de trace de douleurs, Vic se rafraîchit. Elle se trouva une mine affreuse. Tant pis. Elle passa une tenue ample sans manches, et remonta sur le pont du navire. A l’abri de parasols, les uns et les autres passaient le temps agréablement en bavardages ou jeux. Nate l’aperçut et la héla :

Ma chérie, viens t'asseoir avec moi, ici à l'ombre. Tu dois te ménager un peu. Laisse ton mari s'occuper des enfants. En plus Opal le seconde à merveille.

Un coup d’œil vers lesdites personnes rassura Vic qui se laissa aller au confort des installations. Le doux babil de Nate était apaisant. Elle commentait les autres passagers, s’étonnant de l’habileté démontrée par la jeune Opal, parlant d’une histoire insensée d’un prince venu du passé. Son silence et sa mine peu allante alarmèrent sa presque sœur :

Tu te sens bien Vic? Tu veux quelque chose? Que j'appelle ton mari?

La future mère secoua la tête. Non, elle ne se sentait pas bien ; ce qu’elle voulait personne ne pourrait le lui donner. Ses grands yeux verts s’attardèrent sur Michael ; la plaie toujours ouverte suinta à nouveau en le voyant contempler la montre que l’autre lui avait offerte.
Pourquoi ne pas la lui avoir subtilisée et balancée au feu ? Sans doute parce qu’une fois l’objet perdu, elle redoutait qu’il n’aille en rechercher la donatrice ? Autre chose ? En tout cas il aurait pu remarquer qu’elle était là, elle… Avait-il seulement rejoint leur cabine cette nuit ou dormi à la belle étoile ?
L’arrivée de l’ouragan miniature, œuvre de Dess et Hiro, détourna ses pensées maussades. Les futures marraines veillaient au grain, heureusement.

Voilà, on ne peut pas dire qu'on va s'ennuyer. Demain nous serons à Papeete, aux dires de Justin, et on pourra enfin baptiser tout ce beau monde...tu ne trouves pas que Dess aurait pu trouver un nom moins géographique pour Little Boy?

Vic sourit faiblement :

C’est la volonté du père, si j’ai bien compris. Ils ont tous des noms de villes japonaises dans cette famille… Peut-être est-ce symbolique pour les Shima ? J’ai hâte d’être délivrée. Je me fatigue pour un rien à présent.

Déboula une Charlie Wolf ravissante dans ses shorts blancs. Vic lui envia sa silhouette élancée et n’en ressentit que plus cruellement les déformations de son propre corps. Très prévenante, la petite blonde s’approcha des amies :

Hier j'ai remarqué que tu n'allais pas bien...des contractions, Vic? Rien à craindre, c'est normal quand le terme est proche, ne t'en fais pas, je suis préparée pour n'importe quelle éventualité.

Vic sourit plus largement :

Je sais que tu as aidé Dess à ses accouchements. Je suis encore plus heureuse que tu sois à bord, merci !

Une prestation d’urgence due à une xième querelle entre Sarah et Tsunami fit s’éclipser quelque temps la psychiatre. Un elfe et Michael s’occupèrent des diablesses. Vic attendit en vain un geste de son époux envers elle :

*je serais un fantôme que je recueillerais peut-être plus d’attention…*

Une boule amère lui broya le gosier. Elle ne voulait pas, en plus d’être difforme, se mettre à chialer devant tous ces gens apparemment heureux. Ravalant ses larmes, elle se leva comme elle put :

Excusez-moi, je retourne m’allonger. Ça va, ce n’est rien.

Dédaignant l’aide proposée par ses amies soudain inquiètes, la future mère descendit à sa cabine. Sitôt la porte refermée, elle se jeta sur le grand lit où des sanglots irrépressibles la secouèrent longuement. Bikita, discrète mais attentive se matérialisa la contemplant l’air le plus désolé du monde. D’un claquement de ses doigts fins, elle convoqua Apache. Le félin bondit sur la courtine, Vic s’y accrocha comme à une bouée de sauvetage alors que le cougouar lui donnait de grands coups de langue sur le visage en ronronnant fortement.
Tout à ses caresses de la fourrure du fauve, elle n’entendit pas la porte s’ouvrir. Vidant ses états d’âmes à l’oreille du félin, elle avoua :

Je suis si moche qu’il ne me regarde même plus ! Il pense toujours à l’autre qui doit être si belle, elle ! Ce n’est pas juste. Pas juste d’aimer autant quelqu’un pour si peu de retour… Il me dit qu’il m’aime mais il est parfois si loin de moi… en pensées. Toi, Apache, tu ne demandes rien. Tu aimes ou tu mords. Je voudrais être capable de ces sentiments… Je ne le peux pas.

Nouveaux soubresauts de larmes. Une main se posa sur son épaule la faisant presque crier de saisissement :

Mi… Michael ?

Son visage ravagé de pleurs se releva pour affronter…

Pas besoin de la voir. Le son de sa voix lui parvint, lui apportant un grand soulagement. La veille, Vic ne semblait guère fringante et s'était retirée avant le dessert sans même le regarder ni lui dire quoi que ce soit. Michael ne finissait pas de comprendre ce qui se passait dans la tête de sa femme. Tantôt radieuse de bonheur, elle tombait ensuite dans une morosité douloureuse. Il attribuait tout cela aux changements survenus avec la grossesse et prenait son mal en patience, non sans se sentir coupable. Oui. Sa conscience le taraudait cruellement et connaissant Victoria, il savait sciemment que la future mère de son enfant n'avait cesse de penser...à ses idées, à lui , et en tirer Merlin sait quelles conclusions.

Sarah lui faisait la fête, comme d'habitude. La petite fille s'attachait chaque jour plus à lui. Dominante, possessive, exigeante. Du haut de ses deux ans et quelques, la petite demoiselle De Brent réclamait la propriété exclusive de son père. Michael joua un moment avec elle et dut la gronder quand, d'un ton péremptoire, la fillette envoya paître son doux frère qui s'éloigna, résigné pour rejoindre Little Boy, un autre qui était victime d'une sœur despotique.
Mais au bout d'un moment à jouer les pères exemplaires, Michael en eut un peu assez et somma Sarah de se trouver une autre occupation.

L'oreille tendue, il essaya de pécher quelque chose dans la conversation des filles. Nate menait la voix chantante parfaitement secondée par Charlie. Victoria se laissait à peine entendre mais le ton éteint de sa voix fut loin de le rassurer. En fait, il avait peur. Ils n'auraient peut être pas dû entreprendre ce voyage, Vic avait besoin de calme et repos...mais aussi de voir d'autres têtes et se distraire un peu de l'observation obsessionnelle de ses faits et gestes.

*Flash back*

" La veille, il n'avait guère tardé à la rejoindre mais l'avait trouvée profondément endormie. Bikita qui veillait son sommeil ,avec un dévouement de mère, lui communiqua qu'elle avait mis un léger calmant dans sa tisane pour l'aider à se relâcher et dormir tranquillement. Il congédia l'elfe et s'allongea prés de Vic en se disant qu'un peu de repos ne lui ferait aucun mal non plus. Le sommeil ne vint pas mais Michael ne bougea pas de sa place, se contentant d'observer sa femme. Quels rêves l'entraînaient au delà des angoisses? Peu importait tant que ce minois adoré recouvrait la placidité et le calme. Il l'aimait au delà de tout. Elle était et serait toujours sa lumière, son salut. Amie, amante, complice. La moitié de lui même. Le complément unique. La seule paix qu'il désirait.
Le soir tomba et elle dormait encore. Bikita lui assura qu'elle dormirait ainsi jusqu'au lendemain et qu'il ferait mieux de rejoindre les autres sur le pont. Elle veillerait. Michael obéit mais quelques heures plus tard, il retourna à la cabine. Accommodée au beau milieu du lit, Victoria semblait très à l'aise et il ne se trouva pas le cœur de la pousser pour prendre sa place. à la comme on peut, il s'accommoda sur le petit canapé et essaya de dormir, ce qu'il réussit à faire après un long temps passé à chercher comment se caser convenablement dans cet espace plutôt restreint. Le matin le trouva courbatu. Une douche le remit d'aplomb et aprés une regard à sa belle dormeuse, il alla rejoindre les autres.
C'était assez tôt mais il y avait déjà du monde sur le pont. Opal, carabine en main, s'entraînait , ravie, au balltrap, démontrant une fois de plus, son adresse. Miss Grisham nageait placidement dans la piscine, sous l'œil vigilant et tiens! attendri? d'un Preston Yates assez inespéré, le connaissant assez bien Michael savait qu'il adorait faire la grasse matinée quand il en avait l'occasion.

*Ça promet de la variété, cette croisière!*

Il accepta de se joindre à Opal mais avait besoin d'un café qui lui fut servi à l'instant par une Bikita très empressée. Apache, qu'il n'avait vue depuis la veille, trottina vers lui en quête de caresses. La journée s'annonçait splendide. Justin n'avait pas tardé à faire son apparition et s'attabla face à lui. Ils avaient parlé de tout et de rien, jusqu'à l'arrivée de Nate, qui, pour une raison qui échappait à Michael, ne semblait pas le voir avec des yeux trop indulgents. Puis ce fut le tour de Bob et Charlie, dont la mine réjouie promettait des surprises. Erik Nielsen rejoignait sa fiancée et à deux, ils rivalisèrent d'adresse avec la carabine. Dess et Bryan furent des derniers à faire leur apparition, suivis d'un Benjamin Kohl qui ne semblait pas trop bien éveillé encore. Un petit déjeuner somptueux fut servi sur le pont par des elfes diligents. Puis, on s'organisa pour occuper le temps. Vic dormait toujours, comme constata Michael les nombreuses fois qu'il se rendit à la cabine. Il opta pour la laisser se reposer. Finalement elle apparut sur le pont après le déjeuner..."

*Fin Flash back*

Sarah partie à la recherche de son archi ennemie Tsunami, Michael se laissa aller à ces instants de rêverie inconsciente qui l'assaillaient souvent. Sans s'en rendre même compte, il se retrouva avec la montre offerte par Alix dans la main. Une foule de souvenirs tortueux le secoua, lui produisant une angoisse presque intolérable. Il ne l'ouvrit pas, se contentant de la retourner entre les doigts. Sentant le regard de Victoria braqué sur sa nuque mais incapable de se retourner pour la regarder. L'étrange fascination de la montre agissait sur lui, le rivant, envouté, sur un passé dont il aurait voulu perdre le souvenir mais qui revenait, inlassablement. Tenace. Pervers. Douloureux. Sa passion folle pour Alix s'était éteinte, ou du moins c'est ce qu'il voulait croire. Vic était l'amour de sa vie...pourquoi ne pouvait il pas se défaire de ce tourment? Tenant la montre comme lien avec ces moments de débauche et oubli de soi, Michael avait essayé plusieurs fois de s'en défaire. Sans succès.
Une sorte de puissante magie le liait indéfectiblement à cet artéfact. Même après l'avoir jeté à la mer, peu après il le retrouvait sur sa table de chevet. Il fallait trouver le moyen pour le faire disparaitre à jamais.

Une virulente dispute entre Tsunami Shima et sa fille, tira Michael de ses sombres réflexions. Il attrapa sa fille de justesse, Charlie s'occupait de sa diablesse de filleule. Le sourire de la jeune femme chauffait l'âme. Michael avait envisagé de lui parler de son problème, il avait besoin de se confier à quelqu'un. pas à Justin, car il craignait que celui ci n'aille chercher Alix pour lui régler son compte et il ne voulait aucun mal à la mangemorte...jugeant lui en avoir déjà fait assez. Mais le moment des confidences n'était pas venu, confiant sa fille aux bons soins d'une Bikita résignée, il alla rejoindre ses copains dont la bonne humeur le dérida pour un moment...juste pour voir Victoria quitter ses amies et se diriger vers l'intérieur. Laissant Preston au milieu d'une phrase, il s'approcha de la table de ces dames.

Qu'a Victoria? Pourquoi n'est elle pas restée avec vous? Elle ne se sent pas bien?...Je pensais que...

Charlie se chargea de le rassurer en lui disant que c'était normal qu'à ce point de sa grossesse Victoria soit fatiguée. Nate, elle , se contenta de lui décrocher un regard en coin en plissant la bouche, dédaigneuse. Sans demander son reste, il prit le chemin de la cabine.

Victoria, jetée en travers le lit, accrochée à Apache, se livrait, sans l'avoir entendu entrer, à de bien tristes confidences. Confortée de maîtresse façon par le cougouar. Il ne fit pas un pas de plus, écoutant.

Je suis si moche qu’il ne me regarde même plus ! Il pense toujours à l’autre qui doit être si belle, elle ! Ce n’est pas juste. Pas juste d’aimer autant quelqu’un pour si peu de retour… Il me dit qu’il m’aime mais il est parfois si loin de moi… en pensées. Toi, Apache, tu ne demandes rien. Tu aimes ou tu mords. Je voudrais être capable de ces sentiments… Je ne le peux pas.

Nouveau torrent de larmes. Il n'y tint plus. Sans aucun désir de l'effrayer, il posa doucement sa main sur son épaule mais elle sursaute vivement, sur le point de crier.

Mi… Michael ?

Tu attendais quelqu'un d'autre? J'espère bien que non...

Sans trop de façons, il la poussa un peu et prit place sur le lit.

Je crois que tu es devenue folle, Victoria...carrément folle.

Son ton faussement sévère faillit la faire pleurer de nouveau alors, en houspillant Apache, il la prit dans se bras et l'attira contre lui, l'obligeant à accommoder sa tête sur son épaule et l'embrassant avec toute la tendresse dont il se sentait capable.

Si être enceinte te provoque de tels états d'âme, je crois que nous n'aurons plus d'enfants. Depuis quand te fais tu des idées si saugrenues? Que tu es moche? Tu ne te regardes pas bien, ma douce...tu es la plus belle femme à bord de ce bateau...la plus belle du monde, pour moi.

La voyant sur le point de répliquer, il posa un doigt sur sa bouche.

Non. Maintenant tu vas m'écouter...je t'aime, Vic...j'adore te savoir près de moi. Je pourrais passer des heures à te regarder...à m'émerveiller que tu sois là, pour moi, en portant notre enfant. Jamais je ne m'en lasserai et même si tu crois que mes pensées m'éloignent, tu as tort, c'est à toi que je pense...c'est à toi que j'ai toujours pensé, parce que sans toi je ne peux pas survivre au cauchemar...ça me poursuit, Vic. Ça me hante...et tout par la faute de cette maudite montre. Je sais que tu la hais parce que c'est le symbole de ma trahison...je la déteste aussi mais je ne peux pas m'en défaire...pas faute de ne pas avoir essayé. J'ignore quel sortilège l'imprègne mais c'en est un très puissant...quand elle me fut donnée, on supposait que la personne qui me l'a offerte ne comptait pas à une fin si abrupte de notre relation...c'était un gage d'amour devenu un instrument de torture.

Un sanglot l'interrompit. Il serra la jeune femme avec force dans ses bras, se sentant abominablement stupide en faisant cet aveu douloureux. Un gage d'amour, oui. Alix. L'avait il vraiment aimée, l'autre? Oui. Folie ou passion irrationnelle, on pouvait appeler cela de n'importe quelle façon mais l'amour de Vic s'était mis au dessus de tout cela et il voulait oublier...

Il prit la montre dans sa poche et la tendit à sa femme.

Prends là. Détruis là si tu peux. Je n'en veux pas. La seule chose au monde que je désire au monde est être à toi et que tu sois à moi. Je ne veux aucun autre souvenir qui ne soit de toi, de notre bonheur, de nos enfants...Par pitié, crois moi, Vic...parfois tu me regardes et je lis au fond de tes yeux un doute blessant. Folle que tu es si tu crois que je reste là sans t'aimer...tu me connais bien, chérie, tu me connais par cœur...et tu sais bien que si je ne sentais pas ce que je sens ça fait longtemps que j'aurais suivi mon chemin...aime moi simplement et arrête d'essayer d'interpréter mes silences...je ne suis pas une pipelette comme Preston ni l'ai jamais été, ni ai le caractère expansif de Justin...je suis ce que je suis et ne peux pas changer...ne doute plus jamais de mon amour pour toi ou je finirai par me vexer...

Il l'embrassa de nouveau, lente et doucement, la rassurant. Se rassurant lui même, tout en caressant amoureusement la courbe prononcée de son ventre.

Tu es la plus parfaite des femmes...en ce moment, avant...après. Plus un mot, plus un doute...tu disais à Apache qu'elle ne demande rien, qu'elle aime ou mord...faut dire qu'elle a une vision un peu restreinte de la vie...si tu veux je peux devenir comme elle, je ne demande rien d'autre sinon que tu m'aimes...sinon je te mordrai...et maintenant, ma petite dame, on va retourner sur le pont, Bikita va te servir à manger et tu vas te restaurer convenablement...quand ce bébé voudra venir il te faudra des forces...qu'est ce que tu en dis? Je suis sûr qu'on va t'accommoder une place de choix pour que tu sois au repos à la fois qu'avec tout le monde...c'est plus amusant que rester ici à faire des confidences au chat!

Le repas accordé aux passagers s’écoula sans événement notoire. Les gaffes que Justin semblait accumuler mirent une certaine ambiance. 13 à table ! Angel n’apprécia pas l’allusion d’autant que Victoria, qui n’avait vraiment pas l’air bien, décida soudain de s’éclipser. La superstition ne disait-elle pas que le 1er à quitter une telle assemblée, serait le 1er à mourir…
De sa place, Angel pouvait observer presque tous les adultes. Constater le peu d’émotion que ce départ causait à De Brent énerva un tantinet la Serdaigle. Michael se contenta juste de la regarder s’éloigner puis changea de siège pour se rapprocher de Preston avec qui il échangea des blagues ainsi qu’avec Opal. Miss Grisham se souvenait de la façon dont ces deux-là s’entendaient la fois précédente. Elle se rappelait également le courant unique qui passait alors entre Benji et elle. Où était-il ce temps de l’insouciance… ?
Son fiancé lui avait parlé d’une future discussion. Il n’avait pas tort, il était grand temps de mettre plusieurs choses au point entre eux. Mais l’heure n’était pas encore venue de régler des comptes. Le toast de Justin en honneur des fiancés mit à nouveau Angel sur les nerfs. De plus l’attitude hyperpossessive de Ben la gênait aux entournures. Heureusement l’alcool dérida plus d’un esprit ainsi que les pitreries des uns et des autres. Voir Preston se lever quérir une caméra et se mettre à tout filmer autour de lui la fit sourire franchement. Preston…
Non, il ne fallait pas qu’elle y pense. Trop souvent le visage souriant du journaliste lui revenait en mémoire à tout moment de la journée ; beaucoup trop souvent depuis le mois et quelque qu’ils s’étaient rencontrés, il occupait une place privilégiée, et elle ignorait pourquoi il lui tenait tant à cœur à présent. Le fait qu’il les ait tant aidés, sans contrepartie ni obligation, elle et Davis, dans le piège où ils étaient tombés, l’avait encore fait monter d’un cran dans son estime. Néanmoins… Quelque part, Angel jugeait cela très mal vis-à-vis de Benjamin. Aussi avait-elle sciemment espacé ses rendez-vous avec Yates. Cela ne changea rien. Dès qu’elle l’avait vu sur le pont…
Elle refoula les idées bizarres qui l’habitaient pour se consacrer au chariot de desserts. Un sorbet aux fraises lui convint parfaitement. Ensuite, Justin laissa quartier libre à tous. Lui-même se retira avec Nate pour une sieste indispensable ; beaucoup suivirent leur exemple. Sentant d’où venait le vent de la façon dont Ben tentait de l’entraîner vers sa cabine, Angel se déroba :

J’ai trop sommeil. Nous parlerons tout à l’heure ou demain.

Davenport avait bien aménagé l’intérieur du broken heart afin que tous s’y sentent à l’aise. Les couples « officiels » disposaient de cabines-doubles ; les célibataires d’individuelles. Miss Grisham s’isola dans la sienne, heureuse de se détendre à l’abri des regards.
La seule personne avec qui la jeune fille aurait désiré parler de ses tourments était Opal. Son amie du premier jour saurait sûrement lui dire ce qui clochait chez elle. Hélas, Opal était trop amoureuse de son prince pour se rendre compte des soucis de la bleu et bronze.

Chaque chose en son temps.

Le sommeil la prit pendant plus de deux heures.
Rafraîchie d’une douche, vêtue d’un T-shirt blanc et d’un bermuda fleuri jaune et bleu, Miss Grisham remonta sur le pont.
Peu de gens s’y prélassaient. Elle entrevit juste Charlie et Robert en train d’écluser du punch en rigolant, un jeu de cartes en main.
Désoeuvrée, elle s’accouda au bastingage, regardant sans le voir vraiment, le jeu des vagues soulevées par l’étrave.
L’arrivée tempétueuse du quatuor infernal la dérida. Pas à dire mais little boy remportait tous les suffrages. Angel avait trouvé étrange de vouloir le baptiser Fuji-Yama mais si Dess l’acceptait :

Tu seras toujours mon little boy, toi, rit-elle en soulevant le poupon qu’elle fit tournoyer dans les airs à sa plus grande joie.

Quand on se lance dans ce genre de jeu avec des mioches, il faut s’attendre à ce que chacun réclame son tour. Angel s’y prêta sans retenue. Riant des éclats cristallins des gosses, elle en oublia complètement ses états d’âmes. Avec le déclin du soleil, la température était très supportable mais ces efforts la mirent en nage. Les pirouettes cessèrent, les elfes prirent le relai.
Sur le pont d’autres têtes s’étaient présentées. Opal et Erik ne se quittaient pas des yeux. Un pincement d’envie secoua la poitrine d’Angel qui détourna la tête.
Solitaire à l’avant du navire, Benjamin contemplait les flots. En douceur, elle s’approcha de lui, et posa sa main sur la sienne :

Ça va ? J’ai dormi telle une souche. Es-tu parvenu à te reposer ? Ce gueuleton m’a achevée. Ces vacances sont une bénédiction car les révisions des ASPIC ont commencé. De plus, avec l’Ordre, il y a toujours des heures sup. Raconte-moi ce que tu es devenu pendant tout ce temps. J’ai attendu de tes nouvelles tous les jours ( petit reproche) ; tu m’as habituée à de longues périodes de silence donc… je ne m’en faisais pas trop.

Bien sûr, sur le coup, elle ne lui dévoila pas ses escapades personnelles durant cette période. Certains épisodes auraient probablement déplu au jeune homme même si elle était innocente de toute magouille. Elle le vit se raidir sous ce discours. Le ciel serein cachait-il un orage ? Elle n’était coupable de rien de grave. Seules des pensées attractives l’avaient perturbée. Fondées sur du vent, elles s’envoleraient à leur gré dès qu’elle aurait pu parler à Preston après avoir entendu Ben s’il consentait enfin à s’ouvrir à elle.
Gentiment, elle le dirigea vers de moelleux coussins des transats. Elle l’y installa en chuchotant : je vais nous prendre des boissons.
L’abandonnant quelques minutes, elle se glissa jusqu’au bar, servit deux thés glacés et revint s’allonger près de son fiancé :

Alors, si tu as des choses à dire, je t’écoute.

Manque de bol, le propriétaire du bateau déboula annonçant qu’il cherchait un couple pour un double au tennis. Il réquisitionna d’office Angel et Ben malgré leurs protestations.
Vraiment génial ce navire. A l’avant, d’un coup de baguette, on pouvait obtenir un terrain aux normes, une piscine de 15 mètres sur 5 ou un mini-golf.

*Je parie que si j’en avais envie, je pourrais skier sur de la vraie neige*

Le match ne fut pas très acharné. Les Davenport l’emportèrent haut la main sur les jeunes qui avaient la tête ailleurs. Ils gagnèrent cependant un set ce qui leur valut des applaudissements des quelques spectateurs attirés par la joute amicale. Preston ne rata pas de filmer ces échanges ce qui obligea Miss Grisham à exercer son meilleur revers et faire trembler légèrement Justin.
Ouf, la partie achevée, on se congratula de toute part. Le sport ayant donné chaud aux participants, une douche s’imposait d’autant que l’heure du dîner prévu par Justin se pointait. Beaucoup firent comme eux, réintégrant leur cabine afin d’être présentable pour la soirée. Un pantalon très large surmonté d’une blouse drapée sans manche, l’ensemble turquoise seyait parfaitement à Angel qui sourit à son miroir avant de rejoindre les autres passagers.
Cette fois, pas de menu imposé mais un splendide buffet où chacun pourrait piocher au gré de ses envies. Le tennis l’ayant mise en appétit, Miss Grisham se servit de salades de poulet, riz, tomates.
Ils en faisaient un vacarme ces invités. Ben serait-il tombé dans sa douche ? Elle ne l’aperçut pas. Son assiette garnie dans une main, une flûte de champagne dans l’autre, elle remonta sur le pont. L’air était si doux. La lune pleine reflétée sur la mer étale s’offrait à la méditation. Bien au calme, Angel savoura le plat qu’elle n’acheva pas. Des échos de rires et de musique lui parvenaient. Cela ne l’intéressait pas de se mêler à la liesse générale.
Elle rêvassait encore quand Erik déboula sur le pont, la cherchant manifestement.

Mais je n’ai pas envie de jouer, moi ! morigéna-t-elle.

Inutile d’insister, Erik lui prit la main sans lui laisser placer un mot. Ambiance ! Plus de tables, les chaises étaient alignées contre les cloisons dégageant une piste de danse au centre de laquelle Preston et Opal s’exhibaient en mimant un flamenco endiablé. C’était irrésistible. Comment ne pas rire ? Avisant la caméra oubliée par le journaliste, Angel s’en empara pour immortaliser ces instants de délires. Elle filma toutes les têtes hilares assemblées et ne manqua pas de remarquer l’absence de Mr Kohl. L’angoisse s’insinua :

*Aurait-il un problème ?*

Coupant le caméscope, Angel chercha à s’extraire des festivités afin de s’enquérir de la santé de son fiancé. Ce ne fut pas l’idée de Nate qui lui saisit la main pour l’entraîner dans une folle sarabande. Son autre main fut attrapée par Un Yates très en forme qui lui dit des choses qu’elle ne pigea pas du fait du tintamarre assourdissant.

JE NE COMPRENDS PAS ! cria-t-elle en riant.

La farandole dura longtemps. Au rythme de salsa ou de samba, ils visitèrent bien des coins du bateau. Epuisés, les passagers retrouvèrent la salle à manger avec plaisir. Des rafraîchissements de toutes sortes les attendaient. Une fois de plus, Angel voulut s’éclipser ; Opal lui barra la route.

Je ne suis pas une lâcheuse ; je veux savoir où est Benjamin. Je ne l’ai pas vu de la soirée et…

Un baragouin évoquant un sommeil de plomb la rassura à demi. Si Ben dormait malgré le vacarme c’était ou qu’il avait vraiment besoin de récupérer ou que les cabines étaient insonorisées.
Après les rythmes débridés succédèrent de la musique plus cool. Bryan donna le ton en enlaçant sa Dess sur la piste improvisée. Couple après couple, tous évoluèrent dans l’atmosphère devenue rose bonbon. Les trois seuls à ne pas y participer étaient Michael, Preston et elle. Elle vit De Brent se lever et se diriger vers elle. Il l’embrassa sur la joue puis s’éloigna sans doute vers sa cabine où sa femme dormait encore. Yates semblait captivé par l’observation de son caméscope en review. Autant en profiter.
Tout doucement, elle se leva en souhaitant devenir invisible. Un pas vers le couloir, deux, trois, elle se crut sauvée de l’inévitable.
Un frein des plus tendres l’arrêta. Ce sourire, ces yeux…

Je… non… je vais aller dormir, je…

Tant d’insistance ramenèrent Angel sur la piste où un slow langoureux la souda à Preston. Ils n’échangèrent que peu de paroles. Le chaos ravageur qui l’habitait lui coupait la parole. Elle s’informa juste :

Tu t’amuses bien ? Tu vois, avec Justin on peut vraiment s’attendre à tout.

La musique se tut ; la plupart des couples s’embrassaient. Un vent de panique souffla, Miss Grisham débita très vite :

Bonne nuit ! Merci pour cette danse. Je… à demain Preston. Je compte piquer une tête dans la piscine avant le déjeuner ; Bye !

Bisou rapide sur la joue, et repli hâtif en cabine.
Elle dormit du sommeil d’un ange grâce à une potion réclamée auprès d’une Bikita compréhensive. Levée tôt, elle enfila son bikini bleu foncé, attrapa une serviette de bain et grimpa l’escalier jusqu’au pont supérieur.
L’eau était tiède, un vrai délice. Elle y coula de nombreuses brasses avant de voir arriver Opal et Erik. Ceux-ci dédaignèrent la piscine, préférant s’adonner aux joies du tir aux pigeons d’argile.

*Ils vont réveiller tout le monde avec ce vacarme*

Les détonations avaient-elles réveillé Preston ? N’empêche qu’il plongea juste à côté d’elle pour son plus grand plaisir et… gêne.
Ils se sourirent, firent des brasses ensemble puis il fallut céder la place à d’autres.

As-tu envie de croquer un croissant ? J’en ai vu un tas en bas.

Le regard de Mr Yates aurait pu signifier « ce sera toi le croissant » mais Angel ne voulut rien voir, misant sur son imagination débordante.
Bikita et Briman s’entendaient comme des larrons en foire. Ces elfes leur servirent tout ce qu’ils désiraient avaler. La demoiselle, serviette éponge sur les épaules, ne demanda qu’un croissant et un café au lait sucré.
Installés côte à côte dans la salle à manger, on aurait pu se demander qui dévorait l’autre, regard parlant, of course.
Mal à l’aise, Angel glissa :

Je voudrais te dire des choses que…

Nez piqué dans son bol, elle faillit tout renverser.

Excuse-moi, je suis parfois maladroite. Benji compte beaucoup pour moi. Je me suis laissée aller à des idées complètement idiotes, et…

Pourquoi fallait-il qu’à chaque instant critique quelqu’un ne déboule ? Un Briman contrit exprima la demande. On la réclamait sur le pont ?

Je dois te parler, c’est important pour moi *pour nous* dès que possible, je…

Conviée sur le haut du navire, la marraine dut assister à une répétition générale de la cérémonie prévue.

L'attitude désinvolte de sa fiancée ne surprit pas plus que ça le jeune homme. Un rapide regard vers le journaliste lui fit penser que des choses s'étaient produites entre eux. Se retenait de dire ses quatres vérités au reporter, Benjamin attendit tranquillement la fin du repas. Voyant Angel se lever, il fit de même et commença à l'attirer vers sa cabine pour pouvoir discuter tranquillement.

J’ai trop sommeil. Nous parlerons tout à l’heure ou demain.

Pensant un long soupir, le jeune auror laissa la jeune fille partir. Les mains dans les poches, il se dirigea vers sa propre cabine où il s'isola plusieurs heures. Quand il en sortit, sa décision éait prise. Debout à l'avant du bateau, les yeux perdus sur les flots, Benji reflechissait à la façon de l'annoncer à Angel sans la blesser plus qu'il ne l'avait déjà fait.

Ça va ? J’ai dormi telle une souche. Es-tu parvenu à te reposer ? Ce gueuleton m’a achevée. Ces vacances sont une bénédiction car les révisions des ASPIC ont commencé. De plus, avec l’Ordre, il y a toujours des heures sup. Raconte-moi ce que tu es devenu pendant tout ce temps. J’ai attendu de tes nouvelles tous les jours ( petit reproche) ; tu m’as habituée à de longues périodes de silence donc… je ne m’en faisais pas trop.

Souriant doucement, Benjamin laissa la jeune fille parler. Qu'elle parle de l'ordre l'étonna un peu mais avec toutes ses absences, c'était logique qu'il ne connaisse pas toute la vie de sa fiancée. D'ailleurs c'était l'une des raison de ses pensées. S'installant sur les cousins de la terrasse, Benjamin regarda Angel s'éloigner vers le bar.

*Tu n'est qu'un pauvre idiot Kohl !*

Soupirant doucement, il prit le verre que lui tendait la jeune femme.

Alors, si tu as des choses à dire, je t’écoute.

Ouvrant la bouche, Benjamin s'apprétait à dire la phrase fatale quand Justin vint les chercher pour une partie de tennis. En silence, le jeune homme participa au match, essayant de donner son maximum malgré les idées noires qui tournaient dans sa tête. Quand le match se termina, il quitta le pont en direction de sa cabine. Une douche lui remit les idées en place mais, malheureux il resta dans sa chambre au lieu de participer aux festivités. Se couchant de bonne heure, il se promit de tout dire à Angel dès le lendemain matin.

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Quand il se leva, le soleil était déjà bien haut. S'habillant d'un jogging, il ferma rapidement sa valise, la laissant sur le lit, prêt pour le départ. Grimpant sur le pont, il repera rapidement sa fiancée en compagnie de Preston. Serrant les poings, il se dirigea vers eux quand un elfe interpella la jeune femme et la conduisit sur le pont. D'un pas énergique, le jeune homme suivit la Serdaigle et l'attrapa par le bras.

Il faut que je te parle immédiatement.

Angel lui expliqua qu'elle était attendue pour la répétition des cérémonies. L'auror soupira en se passant une main dans les cheveux.

Très bien, vas-y mais quand ce sera fini, je ne serais plus sur le bateau.

Le regard interrogateur de la jeune fille le fit grimacer. Elle allait le détester mais tant pis, c'était mieux pour eux.

Je ... désolée, Angel. Je t'aime toujours mais ... Entre nous, c'est plus possible, je t'ai trop longtemps laisser seule. Je m'en vais et te rends ta liberté. J'espère que tu trouveras un homme moins idiot que moi et qui resteras à tes côtés.

Caressant doucement, la joue de la jeune fille, il déposa un dernier doux baiser sur les lèvres de la jeune fille avant de s'éloigner. De nombreux regards pesaient sur lui, il faut dire qu'il n'avait pas parler doucement et que toutes les personnes présentes avaient entendus son discours. Descendant à sa cabine, il ramassa sa valise, et jeta un dernier regard sur la pièce, vérifiant qu'il avait tout laisser en ordre.

Très belle journée. Vraiment Dess ne pouvait rêver mieux. Être contactée par le partronus d’Hiro l’avait enchantée pour plusieurs raisons. Enfin, elle disposait d’assez d’argent pour rembourser Charlie de tous les frais accumulés en près de 3 ans. Bien sûr la psy refuserait ce pactole mais la jeune femme y tenait beaucoup.

*Je lui offrirai un somptueux cadeau de noces, en dédommagement ; à défaut.*

Finaude, elle n’avait pu ignorer la complicité totale qui unissait sa meilleure amie au fringant Rockwell.
Deuxième point pour se réjouir : elle connaissait le prénom souhaité pour son fils.

*Fuji-Yama n’est pas ce que j’aurais voulu… espérons qu’il s’en accommodera. Les gosses sont parfois si critiques…*

Troisième point, et non des moindres : l’entente absolue qui la soudait à présent à Bryan.
Elle le soupçonnait de l’aimer plus qu’elle ne le méritait. Courtois, empressé, tendre, jamais elle n’avait osé imaginer qu’un tel compagnon puisse exister. Pourtant, il était là, la comblant de mille attentions jamais reçues par aucun de ses amants antérieurs.
Hiro fut exceptionnel mais il avait une propension certaine à étaler ses richesses et son savoir. Avec Bryan, aucun souci. Elle était comblée et ne souhaitait qu’une chose : lui rendre la pareille.
La fin du repas entraîna la majorité des troupes à regagner leur quartier. Main dans la main, Desdémone et Bryan trouvèrent une cabine accueillante où de savoureux ébats les secouèrent avant un repos mérité. Pourtant, la future Mrs Green ne dormit pas de suite. Plus aucun doute ne la hantait. Ils allaient baptiser les enfants et officialiser leur union, que demander de mieux aux puissances divines ?
Elle regarda tendrement le jeune homme rivé à elle, sa tête brune reposant contre son sein nu. Ses doigts jouèrent dans les cheveux courts, un sourire radieux aux lèvres :

Je t’aime, murmura-t-elle. Tu es mon havre de paix. Nous avons pris la bonne décision. Dors mon amour.



*Je ne peux pas décider seule de ça. Je veux un enfant de lui… mieux vaut attendre la légitimité*

En soupirant, elle avala un cachet. Déjà, Bryan revenait. Merlin qu’il avait fière allure même avec juste une serviette de bain en vêtement ou sans vêtement du tout. Il s’habilla décemment et ils purent rejoindre le pont supérieur.
Un rafraîchissement en main, ils ignorèrent royalement les autres passagers.

Nous avons beaucoup de chance, sais-tu ? Grâce aux marraines et aux elfes, nous n’avons même pas à nous soucier des enfants.
Demain, nous ferons une répétition des cérémonies. Je pense prendre Justin comme témoin, et toi tu veux qui ?

Elle le laissa répondre en l’embrassant puis succomba à la tentation de lui poser la question qui lui tenait à cœur :

Je veux un enfant de toi. Je sais que tu aimes mes monstres mais… vite, s’il te plaît !

Pas qu’elle se sentît vieille mais le plus tôt serait le mieux selon elle. La réplique physique de Bryan lui prouva un désir tellement partagé, qu’elle faillit en pleurer de joie.
La vie du bord les ramena à la réalité banale. Justin conviait tout le monde au buffet du soir. Un œil sur la marraine de son fils chagrina Dess :

*Angel irait mal ? Etrange…*

Pourquoi sa demoiselle d’honneur tirait-elle cette tête ? Elle avait pourtant tout pour être heureuse, à moins que… ? Le plus inquiétant était le fait que Vic se soit éclipsée à midi sans reparaître. Pourquoi ? Michael, lui, rigolait. Alors ça ne devait pas être grave. Tournoyèrent beaucoup de questions que le buffet lui fit oublier par sa somptuosité.
Elle ne toucha quasi rien. Repue des sens et du moral, Dess suivit la tendance générale. Farandole ? C’était idiot mais pourquoi pas ? Il y avait bien des années qu’elle n’en avait pas faite. La dernière fois remontait à Salem où avec d’autres jeunes sorcières elle avait fait un chambard pas possible ce qui leur avait valu une colle pas possible non plus. Heureusement, ici, pas de risque que des voisins furieux débarquent, ni de prof austère. La jeune femme prit plaisir à se trémousser sur des rythmes endiablés tout en faisant le tour du bateau. Du pont supérieur aux calles, ils visitèrent le tout en riant comme des fous.
De retour à la salle à manger, les passagers goûtèrent aux rafraîchissements ainsi qu’aux joies de la danse plus lascive.
Directement les premières notes diffusées, son chevalier servant l’entraîna sur la piste dégagée. Murmures, mots doux, caresses, quel bonheur de se laisser aller contre le torse puissant de son futur époux. Plusieurs slows s’effectuèrent ainsi en changeant de partenaires. Le hasard voulut qu’elle se retrouvât dans les bras de Justin. Attitude bien différente qu’avec Bryan, cela va de soi. Mais, encore une fois, Dess s’interrogea sur le comportement de Davenport vis-à-vis d’elle. De nouveau, cet homme pourtant très relax, semblait guindé avec elle.

On n’est pas obligé de danser, lui souffla-t-elle. Veux-tu que nous parlions ? Normalement tout est au point pour la cérémonie. Il faudrait peut-être faire le bilan car il n’était pas prévu de faire 5 baptêmes.

Davenport lui parut soulagé de desserrer son étreinte et l’escorta vers des clubs en cuir très confortables. Briman, son elfe domestique, leur présenta aussitôt des boissons.

Donc, entama Dess, nous arriverons demain après midi à Papeete, c’est ça ? Là, on embarque le célébrant et les cérémonies auront lieu en début de soirée. Euh…( Elle but une gorgée de son batida de coco) serait-ce possible que le célébrant nous unissent Bryan et moi ?

Etait-ce une impression ou Justin tiquait ? Confuse, elle balbutia rapidement :

Nous en avons eu l’idée juste avant le départ mais si ça pose un problème, on le fera plus tard pas de souci.

Dess avait sans doute mal interprété la réaction de Justin qui se mit à rire et à ameuter tous les passagers encore en lice.
Grandiloquent, il réclama leur attention pour une annonce fracassante. Des applaudissements saluèrent la nouvelle des prochaines noces et tous tirent à féliciter les futurs époux. Champagne à flot, ce fut un peu pompette mais très heureuse que Miss Baddream regagna sa cabine.
Le lendemain matin, les fiancés émergèrent assez tard. Ils se vêtirent très légèrement pour rejoindre les autres sur le pont. Des détonations les alarmèrent mais il ne s’agissait que d’un jeu de Balltrap entre Opal et Erik. Ils se débrouillaient bien et s’entendaient magnifiquement ceux-là. Dans la piscine évoluait Angel. Voir cette jeune fille si ravissante aujourd’hui lui rappela des souvenirs d’une autre croisière en sa compagnie.

*Ce serait marrant qu’elle accepte d’être à nouveau ma demoiselle d’honneur…*

Le joli plongeon de Preston Yates auprès de Miss Grisham lui fit relever un sourcil d’autant que les traits d’Angel offraient un ballet d’expressions assez étrange. Du coin de l’œil, elle observa ces nageurs qui ne tardèrent pas à quitter le pont, leur cédant ainsi la place. Dess adorait nager, surtout en compagnie de Bryan. S’ils avaient été seuls sûr que leurs jeux auraient été moins sages.

Je veux absolument une piscine dans notre nouvelle maison, lui murmura-t-elle à l’oreille. Maintenant que j’ai les moyens, on ne se privera de rien, mon amour.

La trempette ne dura qu’une dizaine de minutes. Déjà Justin battait des mains pour requérir l’attention.

Une répétition générale avant ce soir ? Bonne idée ! dit-elle en sortant de l’eau.

Un éclat de voix attira l’attention des passagers. Entendait-elle bien ?

Je ... désolée, Angel. Je t'aime toujours mais ... Entre nous, c'est plus possible, je t'ai trop longtemps laissée seule. Je m'en vais et te rends ta liberté. J'espère que tu trouveras un homme moins idiot que moi et qui restera à tes côtés.

*Idiot… pas sûr. Courageux plutôt…*

Il va sans dire que Miss Grisham parut clouée sur place. Décomposée, elle agissait comme une automate, refoulant sûrement des larmes.

*Elle ne lui court pas après ? Pas normal non plus, ça…*

Mais les états d’âmes des jeunes gens passèrent au second ordre.
Toute la petite troupe se tint devant Davenport qui donna un ordre de passage aux baptisés. Tsunami enrageait d’être distraite de son jeu favori : embêter les garçons. Il fallut l’excentricité du maître du bord pour la calmer. Comment résister aux folles grimaces de son parrain ? Tout le monde rit, la fillette comprise. Dess devrait rester près des couples Justin-Charlie encadrant Tsunami ; Angel et Bryan entourant Little boy. L’officiant ferait le rituel puis on passerait à l’autre couple de jumeaux.
Selon ce qu’elle constata, Dess ne rata pas la mine plus fraîche de Mrs De Brent. Le fait que Michael ne lui lâche pas la main fut noté aussi. Nate et Justin ceinturèrent une Sarah récalcitrante tandis qu’Opal et Robert câlinaient le petit garçon qui, un doigt en bouche, semblait se demander quel était ce jeu. Ce fut ensuite à Vic de porter Viviane vers l’autel simulé, Michael lui enserrant la taille.
Justin demanda alors à Dess et Bryan de s’avancer. Où diable avait-il été dénicher une marche nuptiale ? Très émue malgré que ce ne soit qu’un simulacre, Dess chercha le regard de ses anciennes demoiselles d’honneur. Elles comprirent au quart de tour et vinrent se placer devant les futurs époux. Davenport se déclara satisfait et jeta une boutade qui, si elle fit rire certains, sembla en gêner d’autres. Il ne proposait rien de moins que de marier dans la foulée tous ceux qui le voudraient.
La future Mrs Green fut très satisfaite de cette répétition.

*Tout devrait se dérouler au mieux, ce soir*

Bon… On ne pouvait pas dire qu’il n’avait pas mis du sien pour amuser la galerie pendant ce premier repas. Certes, il en avait sans doute trop fait selon sa bonne habitude. Malgré tout Davenport était assez satisfait de ce début de voyage. Il regarda Vic se lever, tellement décomposée qu’il faillit la suivre si Nate ne l’avait pas retenu avec une pression de la main et un battement de cils disant : « tout va bien »
Il avait accumulé assez de gaffes pour en rajouter. Aussi obtempéra-t-il sagement à l’ordre muet de son épouse. Tous les estomacs repus, blagues et discours taris, une sieste s’imposa pour la majorité des passagers. Davenport goûta la sienne avec délice. Nate avait sa manière à elle de l’attirer dans ses filets et lui de se laisser s’y prendre à chaque fois avec plus d’entrain. Un petit frère pour Viviane serait-il conçu sur ce bateau ? Dans ses rêves, c’est ce que Justin souhaitait : une grande famille qui ferait vivre sa « folie »
Se devant à ses hôtes, il ne tarda pas à réveiller sa femme pour qu’ensemble, ils poursuivent leur rôle à bord. L’après-midi touchait à sa fin, il entrevit une Angel très pensive sur appuyée au bastingage tandis que Dess et Bryan enlacés, se promenaient sur le pont.
L’arrivée du quatuor infernal mit de l’animation. La marraine de Little boy les fit tournoyer chacun à tour de rôle mais se fatigua avant eux.
Jugeant qu’un peu d’action ne nuirait pas, Davenport réquisitionna Angel et Benjamin pour disputer une partie de tennis. Il se doutait que quelque chose couvait entre ceux-là. Un esclandre serait assez mal venu, autant les distraire. Sans trop d’efforts, son duo avec Nate trancha le résultat. Il dut cependant constater qu’Angel jouait mieux quand elle recevait les encouragements de Preston Yates.

*J’aime pas trop ce qui se prépare. Je lui en toucherai un mot dès que possible.*

Doucement l’heure du buffet prévu s’annonça, refoulant les passagers en cabine se rafraîchir avant la soirée. Vêtu de sa chemise Hawaïenne favorite, Davenport donna le ton de la soirée avec un flamenco hilarant effectué en compagnie de Preston et Opal.
Chaque fois qu’il passa dans le champ de la caméra tenue par Miss Grisham, Justin ne put se retenir de faire le zouave. Michael s’éclipsa plusieurs fois, sans doute pour veiller sur Vic toujours absente. Kohl n’avait pas reparu non plus…

*ça et laisser un joli poisson près d’un requin…*

En fait non et Justin connaissait suffisamment Yates pour savoir comment ce gars fonctionnait. Pas De Brent pour deux sous, le journaliste se tiendrait à carreaux sauf si…
Coupant ses réflexions, le pitre de service ( lui en l’occurrence) décida de faire visiter son bateau à sa façon. Menant la sarabande, il entraîna tout le monde à sa suite, mimant un guide assez déluré :

Sur votre gauche, ma petite Chérie ; elle reste pudiquement cachée sous ses protections mais est très efficace en cas de piratage.

Il désignait la mitrailleuse lourde ; personne ne pouvait entendre, il s’en moquait.
Tout y passa avec le salon, la salle de jeux, celle de projection ainsi que les fameuses cales où les jeunes clandestins furent découverts des années avant.
Se remuer autant donnait soif, Justin ramena tout son monde à la salle à manger devenue piste de danse. Le rythme changea pour une série de slows très glamour. Jamais il ne se lasserait de danser avec celle qui lui avait ravi le cœur mais il se devait aussi de partager quelques instants avec les invitées. Charlie était hilarante, comme d’habitude. ; Opal ne l’en était pas moins. Le hasard des changements le flanqua dans les bras de Dess. Ça, il aurait préféré l’éviter. C’était la première fois qu’il pouvait frôler ce corps divin au visage si cruellement mémorable. Il maintint volontairement une distance très diplomatique avec l’ex Mrs Shima qui sembla percevoir ses réticences :

On n’est pas obligé de danser, lui souffla-t-elle. Veux-tu que nous parlions ? Normalement tout est au point pour la cérémonie. Il faudrait peut-être faire le bilan car il n’était pas prévu de faire 5 baptêmes.

Elle n’avait pas tort et lui fut soulagé de pouvoir l’entraîner s’asseoir un peu en retrait. Elle effectua un beau résumé de la situation future puis déclara penser s’unir officiellement à Bryan par cette occasion.
Il ne s’y attendait pas et quelque chose lui pinça le torse. C’était complètement idiot, il lui semblait qu’il allait perdre Léonora pour la seconde fois. Vite dispersée, cette idée se balaya avec de franches félicitations et un accueil tonitruant auprès de l’assemblée :

Champagne ! réclama-t-il.

On fêta longuement les futurs époux et c’est un peu éméché que chacun regagna ses quartiers. Si elle l’avait voulu, Nate serait encore passée à la casserole mais elle dénigra ses propositions le jugeant trop ivre, cette fois.
Frais et dispos au matin, Davenport voulut rattraper le temps perdu mais son épouse avait d’autres projets… Une répétition générale avant la grande soirée ? C’était une excellente idée.
Sur le pont, chacun passait le temps à sa façon. Angel et… Preston faisaient des brasses ?

*Jamais vu ce gars debout avant 10 heures…*

Tandis qu’Opal et Erik s’amusaient au tir d’argile. Il passa près de Bryan et Dess auprès desquels il s’enquit de la possibilité d’un simulacre préparatoire.
Tous furent d’accord mais la marraine de Little Boy s’était évaporée avec le journaliste. Force fut de la faire mander à bord
Et la réaction qui s’en suivit cloua sur place les spectateurs involontaires de cette rupture sidérante.

*Il lui rend sa liberté ? Il est fou ?*

Justin se demanda comment Angel ne craqua pas. Elle se comporta comme une poupée, acceptant de tenir sa place, juste parce que c’était ce que l’on attendait d’elle.

*Mrd, une crise ! Pas besoin de ça à bord !*

Fâché sur Kohl, il se promit de lui tirer les oreilles à l’occasion. La répétition fut impeccable et après la présentation des futurs époux, il gaffa une nouvelle fois :

J’invite tous ceux et celles qui le désirent à s’unir avec Dess et Bryan, dans la foulée.

Miss Grisham vira au vert tendre. Sans piper mot, elle galopa à l’intérieur.

Ce n’est pas de ma faute, s’empressa-t-il auprès de Nate qui le fusillait du regard.
Le seul point vraiment positif de cette matinée fut sans conteste le retour de Vic escortée de Michael.

*Au moins, il n’a pas oublié qu’elle existe*

Il se rappelait les « crises » de Nate face à ses formes démesurées et en riait encore. Quels trésors d’imagination n’avait-il dû déployer pour prouver à sa femme qu’elle était l’unique et la plus belle du monde ?
Yates semblait pris entre deux feux. Descendre ou rester ? Davenport préféra se détourner, s’enquérant auprès des couples si d’autres mariages suivraient.
Manifestement oui, il y en aurait un autre à convoler. Nouvelles ovations et joies partagées.
Le repas du midi serait léger en comparaison avec ce que Justin avait concocté pour les cérémonies.
Vers 15 heures, des terres étendues apparurent à l’horizon. Tahiti dans toute sa splendeur attendait le mouillage dans ses eaux divinement bleutées.
Les manœuvres effectuées par le Breton favori de Davenport amenèrent le broken heart pile à l’embarcadère voulu.
Prévenu par radio, l’officiant patientait sous une ombrelle tenue par un autochtone. Beaucoup de curieux assistèrent à l’appontement.
A grandes tapes dans le dos, Justin reçut son vieil ami Manu Leroy. Prêtre catholique, sorcier cracmol, ce gaillard d’un mètre 90 aurait pu être champion de rugby. Il serait l’ordonnateur parfait des cérémonies envisagées. Le tirant à l’écart, L’auror le mit rapidement au courant de certains changements dans la procédure. Aucun souci de la part de ce quadragénaire. L’escale fut écourtée ; le Broken Heart déploya ses voiles histoire d’amuser la galerie.

Olé! Olé! Il y a des choses qui ne sont pas faites pour tout le monde mais quand l'entrain s'y met, on peut même faire des efforts glorieux. C'était bien le cas d'Opal et le flamenco. La demoiselle de Kelamera avait certes maints talents mais ni le chant ou la danse n'en faisaient partie. Qui l'aurait cru? Peut être les Margaritas y étaient pour quelque chose, le fait est qu'aux premiers accords des guitares, Miss McLane entra en scène en déployant une grâce andalouse que peu lui connaissaient. Encourageant spectacle. Erik, lui ne voulut rien entendre de faire le clown par contre Preston Yates ne se fit pas prier et deux minutes après ils étaient deux à se démener comme des enragés, secondés avec brio par le maître de céans qui ne trouvait rien de mal à dérider la compagnie. Chose réussie de maitresse façon. Pas un œil ne demeura sec, les rires scandaient la nuit.

Opal s'en donnait à cœur joie. Ne connaissant la timidité ni d'Ève ni d'Adam, l'australienne se trouvait dans son élément. Elle adorait entendre les gens rire, oublier leurs problèmes et jouir pleinement de la vie. Faire le pitre de temps en temps était un merveilleux remède contre le stress.
La soirée débutée sous ces mémorables augures, promettait. Un seul tracas mina quelque peu la belle humeur d'Opal et ce fut remarquer l'air plus que soucieux de son amie Angel. Erik avait dû la ramener presque de force pour qu'elle se joigne à eux et le cœur n'y était pas. Depuis le premier moment, elle avait remarqué qu'il se passait quelque chose avec le journaliste moldu. Un type plein de charme et d'humour...mais et Ben? Tiens, il était passé où, celui là? Opal avait beau apprécier le jeune Auror, elle lui pardonnait mal les terribles moments de souffrance endurés par Angel lors de sa disparition et encore par ses absences à répétition.

*Faut que je parle avec Angel. Elle semble traîner une peine secrète...pauvre chérie et moi qui ne me suis pas donné la peine d'aller la voir ou...*

Pas le temps de penser, on l'entrainait déjà dans une sarabande endiablée. On aurait dit des gosses pris de folie. Davenport en tête, on parcourut le bateau, régalés par les commentaires humoristiques du propio. Erik participait avec enthousiasme, Opal était heureuse...la vie était belle...
La rumba débridée fut remplacée par des slows, au grand soulagement des couples présents un peu éreintés par la précédente et trépidante expérience. Michael ne tarda pas à s'éclipser. Angel jouait les cameramen mais ce ne fut pas pour longtemps. Serrée dans les bras de son bien aimé, Opal ne perdit pas détail de la scène et malgré les lumières tamisées, elle aurait pu jurer qu'Angel rougissait de plus belle alors que Preston l'enlaçait pour l'entrainer dans ce slow langoureux.

Wow...il s'en passe des choses, ici!, souffla t'elle à l'épaule d'Erik.

Deux secondes plus tard, il lui avait ôté toute envie de s'occuper de la vie de son prochain. Ses baisers avaient toujours cet effet merveilleux.

Bien sûr la soirée connut son apogée quand soudain Justin se leva en réclamant du champagne en annonçant qu'on aurait aussi un mariage au programme. Miss Baddream épousait Bryan Green. Ah, la belle fête! Angel avait filé, abandonnant Yates qui ne trouva rien de mieux que reprendre son rôle de reporter en service. Un petit coup d'œil discret coulé en direction de Charlie et Robert, apprit pas mal de choses à Opal, qui souriant, sécrète, but un peu de champagne...encore un peu. Les petites bulles commençaient à faire de l'effet. Sage comme toujours, Erik l'entraina vers leur cabine avant qu'elle ne décide monter sur une table et chanter quelque balade biscornue parlant de lapins morts...

Le lendemain, remise des excès de la fête, Opal proposa de descendre quelques pigeons d'argile, selon elle, la meilleure façon de reprendre la forme. Tiens...tiens! C'était encore Angel qui attira son attention...la Serdaigle faisait quelques brassées dans la piscine en bonne compagnie...et il ne s'agissait pas de Ben.

*Ouhla...!*

Elle rata sa cible en voyant Angel s'éloigner vers la salle à manger en compagnie de Preston et en rata une seconde en découvrant Benjamin se rendre dans la même direction.

Aouch...ça va péter!

Entretemps on les conviait à une répétition de la cérémonie...mais personne, à moins d'être sourd comme un pot, ne rata les petit discours qui s'en suivit, dit de voix forte et distincte. Renonciation! Benjamin Kohl rendait sa liberté à sa douce fiancée. On retint la respiration en voyant apparaître une Angel un tantinet spectrale mais maitresse de soi...enfin, assez maitresse de soi.
Et puis on passa à la répétition. Pour Opal aller quérir le chérubin qui serait son filleul n'entraina aucune difficulté. Le bambin était adorablement docile et elle se prit à songer à ce que seraient ses propres enfants avec Erik, le cherchant du regard, elle le gratifia d'un sourire resplendissant, gorgé de promesses. Tout se passa comme prévu. Bien sûr, il fallut presque attacher Tsunami et Sarah qui n'entendaient pas de bonne oreille tout ce calme imposé. Michael avait fait son apparition en escortant Victoria, un sourire ravi aux lèvres. De ce côté là, l'orage semblait être passé de large.

Et puis...la marche nuptiale. Puisque mariage il y avait, fallait savoir à quoi s'en tenir aussi. Un regard de la part de la fiancée suffit. Opal et Angel avaient déjà joué ce rôle, temps auparavant et ne rechignèrent pas à le répéter. Elles seraient encore une fois les demoiselles d'honneur de Miss Baddream. Et puis...

J’invite tous ceux et celles qui le désirent à s’unir avec Dess et Bryan, dans la foulée.

Il y en a qui gaffent avec style. M. Davenport était de ceux là. Angel, abandonnant son calme apparent, laissa tout tomber et fila comme biche aux abois...après une extrêmement brève hésitation, Preston Yates s'élança à sa suite.

Pas de doute...c'est mieux qu'un feuilleton à la TV!

Remarque sans écho mais sûrement partagée à l'unanimité.

Charlie Wolff se chargea de faire distraction quand en s'avançant vers Justin, annonça, radieuse qu'elle et Robert partageraient avec Dess et Bryan la cérémonie. Opal n'était pas sentimentale mais tant d'amour flottant dans l'air lui tira une larme émue. Si elle n'avait pas eu l'assurance que sa famille l'écorcherait vivante, Miss McLane se serait joint, très volontiers, à cette célébration en groupe. Un regard d'Erik lui signifia qu'il était du même avis. Elle ne put pas s'empêcher de l'embrasser tout en murmurant:

Il ne manque presque rien...ce sera très bientôt notre tour...même si je sens depuis longtemps que je suis mariée avec toi, Erik. Je t'aime.

On fêta la nouvelle annonce puis on déjeuna. Opal le fit de bel appétit. Pas à dire, les émotions, ça creuse.

Paysage haut en couleurs. La mer d'aigue-marine, plages dorées, palmiers ondoyant à la brise. Flore splendide. Le paradis sur terre. Opal ne se perdit rien des manœuvres d'accostage, regrettant ne pas avoir le temps de se rendre à terre pour explorer un peu les alentours. L'officiant montait déjà à bord. Elle s'était fait, allez savoir pourquoi, l'idée d'un petit homme d'aspect anodin...or celui là n'avait rien d'anodin. Il était immense et baraqué comme une armoire à glaces mais l'air franc et sympathique. Manu Leroy, même son nom avait des consonances joyeuses...on n'allait pas s'ennuyer!
Ils reprirent le large à peine on eut fait monter encore des provisions, ce qui ne tarda pas beaucoup. Tout semblé réglé comme un mécanisme d'horlogerie suisse. Justin ordonna de déployer les voiles. Simplement somptueux...c'est ainsi que le Broken Heart offrant un spectacle d'inoubliable majesté, quitta le port de Papeete.

Appuyée à la rambarde, Opal soupira avant de se tourner vers son suédois préféré.

Nous voilà partis de nouveau...tu sais...je ne sais pas pourquoi mais quelque chose me dit que ce voyage ne sera pas une simple et placide partie de plaisir.

Au regard surpris d'Erik, elle ne put que répliquer, d'un air innocent:

Je suis sûre que quelque chose va se passer...je sens que ça couve!

Personne ne lui connaissait des talents de devineresse mais ceux qui entendirent ce commentaire, lâché comme si rien, ne furent pas près de l'oublier par la suite...

Flirt innocent à la St. Sylvestre, grand amour à Pâques. Charlie avait un peu de mal à s'y faire, à ce changement radical dans sa vie. Depuis très longtemps, elle avait abandonné l'idée de tomber follement amoureuse et prête à partager sa vie avec un homme. Indépendante et résolue, Charlie se sentait plus à l'aise en courant le monde en quête de nouveaux mystères de l'esprit qu'en ayant à s'occuper d'un mari et une famille. Pas l'âme de la parfaite ménagère et pourtant, c'est en parfaite joie de cœur qu'elle avait adopté, pour ainsi dire, Dess et puis ses enfants...ils étaient sa famille et elle les chérissait comme tel...

Mais maintenant tout avait changé. Dess allait se marier avec Bryan et Robert était venu ouvrir pour elle les portes vers de nouveaux horizons. Charlie se trouvait en train de rêver, toute éveillée, à un futur merveilleux où il y avait même de la place pour...qui sait? ses propres enfants!

Déjà lors de la première soirée à bord,avec tous les invités. Charlie avait pu remarquer quelques petites choses qui lu donnèrent de quoi penser.
Le couple De Brent avait de quoi éveiller certains soucis, Victoria était dans une phase ultra sensible et Michael ,qui semblait parfois voguer sur un nuage incertain, ne lui prêtait, à son goût, pas toute l'attention nécessaire mais encore là, le jeune homme finit par réagir convenablement et au deuxième jour on vit revenir une Victoria rayonnante.

Pas de quoi se faire de la bile quant à Dess et Bryan. Le dernier message de Hiro, lui avait rendu sa liberté. Elle était vraiment heureuse avec le jeune auror. Opal et son prince suédois ne posaient aucun problème, ils filaient le parfait amour, sans aucun contretemps en vue. Justin et Nate, ceux là, ils formaient le couple le mieux assorti du monde et s'entendaient magnifiquement bien...restait un trio déconcertant. Là, Charlie plissait le front. Avec ces trois là tout marchait comme on voudrait sauf sur des roulettes. En théorie, Angel était fiancée à Benjamin Kohl. Un gentil garçon, bon auror avec qui le Dr. Wolff avait eu l'occasion de partager une ou deux missions. Elle avait entendu qu'ils pensaient se marier mais la date avait été repoussée.

*Et Yates? Je me demande qu'est ce qu'il a pris à Justin pour l'inviter!? En plus, il y a quelque chose d'étrange entre lui et la petite Angel, ou je croque ma baguette!*

Il ne fallait pas être sorcier pour deviner que le journaliste moldu sentait une vive sympathie pour la jeune femme et que celle ci la lui rendait bien. Pour comble de maux, Ben jouait les absents. Angel était songeuse et se prêta de mauvaise grâce à la joie générale lors de la première soirée. Un slow dansé avec Yates et elle déguerpit comme un lièvre. Charlie aurait juré qu'elle était à point de pleurer.

Je me fais de la bile pour cette petite!, confia t'elle à Robert, alors qu'ils évoluaient sur la piste, quelque chose cloche gravement là.

Charlie...ils sont assez grands pour résoudre leurs problèmes tout seuls.

Je n'y peux rien...c'est plus fort que moi.

Vraiment?

Charlie oublia vite fait ses analyses psychologiques. D'abord les mots que Robert glissa à son oreille puis l'annonce faite par Justin. Dess et Bryan allaient se marier à bord, juste après le baptême des enfants. La fête reprit de plus belle et ce ne fut que beaucoup plus tard qu'ils regagnèrent leur cabine...et ce fut juste en refermant la porte que M. Rockwell jugea bon poser la question qui allait changer sa vie.

Charlie, je sais que c'est tard et qu'on a un peu trop bu...mais...veux tu m'épouser?

Demi tour tout de go pour le dévisager, la bouche ouverte, le cœur battant à mille, évaporée la sensation d'être un peu pompette pour être remplacée par celle d'être...grisée de bonheur.

Oui. Oui, je veux...

Pas besoin de dire plus. Le lendemain ils annonceraient cela à tout le monde et si possible, se marieraient en même temps que Dess. Cinq baptêmes, deux mariages...et quoi encore?

Tout se déroulait comme un songe pour la future Mrs. Rockwell, mais cela ne l'empêcha pas de prêter oreille attentive, pas façon de faire autrement d'ailleurs, aux déclarations faites par Benjamin Kohl avant de quitter la scène en laissant une Angel toute secouée, un Preston interdit et un public...décidément commotionné en attente de la suite...fin du premier acte. Deuxième acte. Fuite d'Angel après l'invitation faite par Justin à d'autres possibles candidats aux joies du mariage suivie de près par un Preston irréfléchi. Moment de suspens général. On entendit le rire amusé de Michael suivi d'un "aouch" quand Vic lui ficha le coude dans les côtes. Opal soupira. Nate plissa le front. Justin sembla soudain intéressé par les évolutions d'une mouette.

Robert et moi agréons ton invitation, Justin!

Comme par un tour de magie, l'ambiance générale retourna à la liesse. Soulagés d'avoir à se préoccuper par ce petit drame passionnel, tout le mode trinqua allègrement à la santé des futurs mariés. La répétition des baptêmes avait été parfaite, celle du mariage de Dess aussi, manquait savoir qui jouerait le rôle de dames d'honneur pour Charlie et qui seraient leurs témoins.

Charlie était une femme pratique avant tout...il faudrait s'arranger avec le petit monde là réuni. Elle n'avait aucun inconvénient a partager les dames d'honneur de Dess et quant aux témoins le choix retomba sur Victoria et le prince Aegir. Affaire réglée. Temps de déjeuner. Angel et Preston brillaient par leur absence. On opta pour les laisser en paix, régler leur problème...si problème il y avait.

L'escale à Papeete fut rapide, on embarqua officiant et provisions avant de reprendre la mer, toutes voiles déployées pour la joie de tout le monde. Le spectacle de ce superbe voilier quittant le port à la merci de la brise gonflant l'impeccable voilure donna beaucoup de quoi parler...

Je suis sûre que quelque chose va se passer...je sens que ça couve!

Charlie sourit. La jeune australienne avait sa singulière façon de dire les choses mais en fait, elle ne venait que de traduire en mots ce qu'elle même pensait. Peu amie des prémonitions à deux sous, elle ne put néanmoins éviter un frisson. Que deux personnes aient la même idée , en même temps, sur une même situation...ça donnait de quoi penser...surtout quand en promenant un regard autour d'elle, la psy découvrit un point commun dans l'expression des présents...ils partageaient tous plus ou moins la même crainte, pour diverses raisons, qu'elle ne connaîtrait que plus tard.

Tout va aller bien!

Elle avait dit cela à voix haute, souriant, ravie.

Maintenant, je suis de l'avis que nous, les dames, allions nous préparer pour ce qui va suivre...je ne tiens pas à me marier avec ces allures de touriste en folie...il faut que je fouille mes malles!

Sans aucun doute elle y trouverait son bonheur, vu le volume des bagages embarqués, Charlie Wolff avait déménagé sa garde robe au grand complet!
Un dernier baiser à son fiancé et la new yorkaise entraîna toutes les femmes à bord, à sa suite, commissionna Bikita et ses deux elfes pour les aider, avec l'appui inconditionnel de la dame la maitresse de céans, on transforma le coin cinéma en salon de beauté, laissant à Justin le loisir de s'occuper de autres détails concernant les cérémonies multiples.

Une belle ambiance de poulailler en folie ne tarda pas à régner. On se coiffait et décoiffait, accessoires et robes volaient en tous les sens, les conseils les plus divers fusaient, accompagnés souvent de sortilèges assortis. On essayait des toilettes pour les abandonner de suite après. La rigolade partit pour de bon quand Charlie s'enveloppa dans un sari et décréta qu'elle se mariait pied nus, puis changea d'avis et revêtit une robe qui faisait penser à Joan Collins à Dynasty. Coup d'œil au miroir installé, nouveau changement d'avis. Robe courte ou longue? À la sorcière ou à la moldue? Avec ou sans voile? Fallait il porter une tiare? Où diables était passé l'autre escarpin?

Par Merlin...je ne peux pas porter Tsunami vêtue de mariée...

Déconfiture totale. Il fallut opter pour une tenue pour le baptême qui serait échangée, en vitesse, pour la robe adéquate pour épouser Robert.

Ça va ressembler à un défilé de modes...bon, les filles, dépêchons nous, sinon les enfants vont grandir et les fiancés nous lâcher!!!

Bikita, charmante et soucieuse du bien être général offrit du champagne à ces dames...ça allègerait sans doute la décision!

Mon Dieu, quelqu'un peut aller voir que devient Angel? Si elle ne vient pas en cet instant, impossible qu'elle soit prête à temps!

Nate s'offrit à aller chercher la demoiselle...

La matinée avait si bien débuté. Rien n’avait préparé Angel à l’orage affreux qui allait la secouer. Nager en compagnie de Preston s’était avéré très plaisant, trop selon son goût. Il fallait mettre un terme, et vite, à cette proximité troublante.
Les intentions de la Serdaigle étaient clairement fixées dans son esprit. Elle devait incessamment rompre tout contact avec Yates et oublier ses idées folles en renouant avec Benjamin. Toute la nuit, elle avait ressassé les futures paroles à débiter à l’un comme à l’autre.

*Qu’est-ce qu’un gars comme lui en a à cirer d’une petite sorcière ? Benji m’aime, lui. Il me largue souvent mais ce n’est pas une raison pour avoir fait une telle fixation sur Preston. Pourtant il me fait de l’effet celui-là. Il est si… Et puis zut ! Je suis une idiote. Craquer pour quelques mots doux, des attentions charmantes… je suis folle. Je réglerai ça demain.*

Il lui avait fallu un somnifère afin de trouver la paix.
Ecourtant le bain, elle avait convié Yates à la salle à manger. Il avait l’art de la couver d’un tel regard qu’elle faillit en perdre ses moyens mais sa décision était prise. Prête à déballer le morceau et lui avouer l’attraction qu’il exerçait sur elle, Briman l’interrompit. Puis… Tout bascula.
Benjamin déboula exigeant un entretien immédiat. Elle lui expliqua qu’elle était attendue sur le pont.

Très bien, vas-y mais quand ce sera fini, je ne serais plus sur le bateau.

Clouée sur place, elle ne sut que dire d’autre qu’un :

C’est… C’est une blague, hein ?

Je ... désolée, Angel. Je t'aime toujours mais ... Entre nous, c'est plus possible, je t'ai trop longtemps laissée seule. Je m'en vais et te rends ta liberté. J'espère que tu trouveras un homme moins idiot que moi et qui restera à tes côtés.

Là-dessus il l’avait embrassée alors qu’elle demeurait pétrifiée. Le sens de ces mots, de ce geste, lui échappait complètement. Bing, bang, tout se fracassait sous son crâne. Choquée, elle ne réagit que par automatisme en remontant sur le pont où tous avaient dû entendre mais elle ne remarqua rien. Faire ceci, ça, se placer là, prendre le gamin, elle obéit à tout dans un état second. Ensuite retentit la marche nuptiale. Un déclic se produisit, Angel perdit contenance.

*Ce n’est pas possible ! Pas possible…*

J’invite tous ceux et celles qui le désirent à s’unir avec Dess et Bryan, dans la foulée.

La déchirure de son cœur fut aussi physique que morale. Trop, c’en était trop. Elle devait partir, l’empêcher de la quitter, le retenir.
Sans un mot, elle galopa vers les cabines, avec l’espoir fou que, peut-être…
Haletante, elle poussa la porte :

Ben, je…

Plantée dans l’encadrement, la cruelle évidence lui sauta aux yeux. Les lieux étaient aussi nets que déserts à croire qu’ils étaient inoccupés depuis le départ. Un grand froid envahit la jeune fille dont la digue des larmes retenues se rompit. Elle se jeta sur le lit, étreignant l’oreiller comme s’il était son Benjamin perdu.

Pourquoi ? Pourquoi ? sanglota-t-elle éperdument. J’ai rien fait de mal. J’ai juste eu des pensées idiotes. Pourquoi ?

Ça ne servait à rien d’inonder la taie, mais elle n’arrivait pas à se reprendre. Entre deux pleurs, elle perçut un léger bruit qui la fit se retourner assez surprise surtout quand dans brouillard de ses larmes elle aperçut un Preston embarrassé au pied du lit.

Ne me regarde pas ainsi, se lamenta-t-elle en enfouissant son visage contre ses genoux repliés, je suis affreuse et tellement conne ! Tout ça c’est de ma faute, uniquement de ma faute. Va rejoindre les autres, s’il te plaît. Je ne vais pas me flanquer par-dessus bord… j’ai déjà donné.

Elle continua à pleurer mais ne perçut pas de son annonçant un repli. Redressant la tête, elle vit qu’il n’avait pas bougé d’un pouce. Sur les lèvres du journaliste se dessinait un petit sourire et ses yeux si bleus reflétaient une telle tendresse qu’elle se rebiffa. Son délire la rendait confuse, incapable de raisonner :

C’est ça, moque-toi ! Tout le monde devrait rire de moi, toi le premier ! Toi qui m’as fait tourner la tête, idiote que je suis, alors que tu n’as rien fait pour ça ! Ça te surprend, non ? Laisse-moi seule, je t’en prie. J’ai envie de pleurer les deux hommes de ma vie dans mon coin. J’ai l’air fine, hein ? Ben m’aime et ne veut plus de moi et toi tu m’aimes bien, sans plus. Je suis si bête !

Cette fois, elle pleurait de rage et l’oreiller prit un coup de poing avant qu’un nouvel océan ne le noie. Puis, tout doucement Preston bougea. Il s’assit sur le bord du lit et soupira. Une main caressa sa chevelure…

Du simple fait que la vie soit belle on ne peut prétendre que pour autant elle soit facile. Preston commençait à avoir un petit aperçu de cette vérité si évidente. Si au premier coup d'œil on pouvait dire que tout tournait en rond dans ce privilégié coin de monde...au second on s'apercevait qu'il n'en était rien, du moins pas pour tout le monde. Lui inclus.

Revoir Angel lui avait produit un plaisir intense. Trop intense, à la réflexion. La voir si jolie, découvrir dans ses yeux une joie pareille à la sienne, la recevoir dans ses bras pour sa chaleureuse bienvenue...tout cela l'avait plu ou moins bouleversé. Agréablement. Bien sûr, la présence du fiancé posté à ses côtés avait freiné sec tout élan de correspondre dûment à ces épanchements. Inutile de dire qu'il employa les suivantes minutes à essayer de , discrètement, découvrir chez l'heureux élu quelque défaut atroce. À son grand dam, le jeune homme semblait parfaitement normal, bien fait de personne et assez amoureux de sa belle comme pour que Preston se morigène sévèrement cette légèreté d'esprit. Pas question de se créer des fantasmes innécessaires. Angel n'était qu'une charmante amie...la complice parfaite, une créature on ne peut plus charmante, intelligente, pleine d'humour, délicieuse avec sa timidité si douce...

*Bon sang, arrête d'y penser. Triple imbécile, tu n'es qu'un vieux sympa pour elle. Tu l'amuses, point barre!*

Il s'y essaya par tous les moyens. Manque de pot, on l'avait placée face à lui à table et il ne sut même pas ce qu'il avalait, occupé à ne pas rater un mot ou un geste de sa voisine d'en face. Il fallut faire un effort pour se tirer de cette rêverie éveillée qui risquait d'attirer l'attention de tout le monde et se lança, faute de mieux, à raconter n'importe quoi...faut dire qu'il avait un style marrant pour parler de tout et de rien et au bout d'un moment il avait un public hilare. Un toast plus tard, Angel avait perdu le sourire. Preston aiguisa, malgré lui son attention. Le fiancé réagissait avec une lenteur désespérante...l'andouille. Oups, quelque chose ne marchait pas trop bien là! Preston s'en trouva misérablement réjoui.

*Devrais avoir honte...tomber si bas comme pour te réjouir du malheur des autres!*

Il essaya de distraire son attention, s'occupa de sa voisine, la femme de Michael en l'occurrence mais celle ci ne lui en laissa pas trop le loisir de jouer les bons samaritains et s'éclipsa avant les dessert. Un instant désœuvré, il tournait le regard vers sa petite sorcière mais déjà Michael venait s'asseoir près de lui en ils passèrent un bon moment à raconter des drôleries, secondés par Miss McLane qui s'y prenait à cœur joie. Puis De Brent lui faussa compagnie pour aller s'occuper de sa femme, mais pour alors Angel est son fiancé avaient quitté la table. Une pointe de féroce dépit faillit l'étrangler. Il le passa avec un peu de l'excellent cognac servi par Justin avant de faire comme tout le monde et aller dormir une sieste, ce qui ne lui ferait sans doute aucun mal après les émotions de la journée.
Seul dans a luxueuse cabine, M. Yates, essaya, vainement de trouver le sommeil. Pas mal d'idées lui tournaient dans a tête...beaucoup d'idées et un seul visage, grâce à Dieu pas celui de Camilla...pour sa totale misère, celui de la douce Angel.

*Tu dérailles pour de bon, Yates...t'es trop vieux. Ouais, mais elle me tient à cœur...Elle a un fiancé! Et quoi? Elle est pas mariée et pas ravie du tout...il la lâche toujours...Oublie cette lubie...*

Facile à dire. La première chose qu'il fit en regagnant le pont quelques deux heures plus tard, sans avoir fermé un œil, fut chercher Angel du regard. Il la trouva...avec Ben. Très pris dans leur conversation, ils ne le remarquèrent même pas. Peu après Justin vint les appeler pour un petit match de tennis. S'armant de son inséparable caméra, il ne lui resta autre chose à faire qu'à filmer les échanges, sans se priver de commentaires. Tennis fini, le fiancé disparut prendre une douche, selon ses dires...au bout d'une demie heure, Preston commença à se demander s'il n'était pas parti par l'égout mais se garda bien de faire part à quiconque de ces soupçons...Mesquin, mais on s'en fichait! Un magnifique buffet avait été dressé et Preston découvrit que l'air marin lui ouvrait l'appétit. Mais où était passée Angel?...Petite soirée au calme en contemplant la lune? Ce n'était pas Justin qui aurait pensé à ça...au lieu de ces fadaises romantiques, on s'adonna à la danse...De quoi oublier ses profondes réflexions sentimentales, Preston découvrit les joies du flamenco en compagnie d'Opal McLane. À les voir, on les aurait sans doute chassés d'Andalousie à coups de bâton mais là, c'était trop drôle de faire le pitre avec cette australienne si enthousiaste. Enfin Angel fit son apparition...sarabande endiablée et puis enfin...un slow, avec elle. Trop bref avant qu'Angel ne s'enfuie , effarouchée:

Bonne nuit ! Merci pour cette danse. Je… à demain Preston. Je compte piquer une tête dans la piscine avant le déjeuner ; Bye !

Angel...attends...je...

Mais voilà qu'elle était déjà partie. Penaud, il retourna s'asseoir.Il n'eut pas trop le temps de bouder, le fête reprenait de plus belle avec une annonce de mariage. On festoya jusqu'à Dieu sait quelle heure, on but plus que de compte et on alla se coucher dans un état incertain, voisin de l'euphorie. Pas de souci pour les dormeurs, aux dires de Justin, toutes les cabines étaient insonorisées. Soit ce que ce soit, Preston piqua du nez sur son lit et dormit comme une souche jusqu'au lendemain tôt, quand il se réveilla avec la certitude qu'il devait parler d'urgence avec Angel. Il enfila son maillot de bain et fila vers le pont. Naïade matinale. Sans le douter un instant, il plongea. Ça servit à le réveiller pour de bon, jamais il ne se levait tôt de pouvoir l'éviter...Preston était du genre marmotte! Cela eut l'air de surprendre un peu Michael et Justin qui semblaient habitués à se lever avec le soleil.
Pour une raison qui lui échappait, Angel semblait gênée de se trouver là avec lui, elle parla de croissants et il déduisit qu'elle avait envie de prendre son petit déjeuner. Quoi de plus normal que l'accompagner. Elle était nerveuse en plus.

Je voudrais te dire des choses que…

Qu'est ce qu'il se passe, Angel? Tu as l'air si...

Énervée!? Voilà qu'elle manquait de renverser son café.

Excuse-moi, je suis parfois maladroite. Benji compte beaucoup pour moi. Je me suis laissée aller à des idées complètement idiotes, et…

Seules les bonnes manières inculquées à des générations de Yates bien nés l'empêchèrent de jurer comme un charretier quand l'elfe de Justin vint interrompre tout court cette session d'aveux pour quérir la présence de la jeune femme à une répétition des cérémonies.

Je dois te parler, c’est important pour moi dès que possible, je…

Moi...aussi...An...

Mais, oh détail néfaste! Benjamin se tenait à deux pas et son regard n'était pas des plus amènes. S'adressant à Angel comme s'il faisait partie du décor, le fiancé réclamait sa présence pour parler avec elle. Il avait parlé d'une voix forte, comme si le fait de se mettre en évidence ne le gênait pas le moins du monde.

Je ... désolé, Angel. Je t'aime toujours mais ... Entre nous, c'est plus possible, je t'ai trop longtemps laissée seule. Je m'en vais et te rends ta liberté. J'espère que tu trouveras un homme moins idiot que moi et qui restera à tes côtés.

*Quoi!? Il la plante!? Imbécile, cette fille est un trésor...bien sur qu'elle va trouver un moins idiot que toi...je...déconne pas, Preston!*

La vérité larguée , Kohl fit demi tour et s'en alla. Laissant Angel clouée sur place, incapable de faire un geste ou de dire un mot. Attirés par cette voix quasi tonnante, les autres faisaient acte de présence...tous trop surpris pour réagir. Il admira la maitrise de la jeune femme. Luttant contre ses larmes et la profonde amertume qui semblait l'avoir envahie, elle se plia néanmoins aux exigences de la répétition. Tout se passait assez bien, ses gestes étaient mécaniques, sans joie mais elle tint bon...jusqu'à ce que la marche Nuptiale ne résonne et que Justin, plein 'humour ne convie d'autres possibles candidats au joug marital...Là, elle fit demi tour et s'enfuit...

Preston jura entre dents, hésita une seconde puis sans regarder les autres, courut à sa suite. Au diable ce qu'ils pourraient penser!

Il ne tarda pas trop à la trouver. Pensant trouver son fiancé dans sa cabine, Angel s'y était rendue...pour constater uniquement que l'oiseau avait volé. Jetée sur le lit, serrant l'oreiller contre elle, la jeune sorcière coupable de ses insomnies, pleurait toutes les larmes de son corps.

Pourquoi? Pourquoi? Je n'ai rien fait de mal. J'ai eu juste quelques pensées idiotes. Pourquoi?

*Pensées idiotes? Tu ne serais pas la seule, mon ange...*

En le découvrant, planté comme un navet au pied du lit, elle renifla, sans cesser de pleurer.

Ne me regarde pas ainsi. je suis affreuse et tellement conne ! Tout ça c’est de ma faute, uniquement de ma faute. Va rejoindre les autres, s’il te plaît. Je ne vais pas me flanquer par-dessus bord… j’ai déjà donné...

À part sa parole d'être la marraine du gosse...quoi d'autre? Bien sûr qu'elle n'allait pas sauter par dessus bord, il y veillerait personnellement. Une immense bouffée de tendresse lui emplit le cœur. À quoi bon se faire la morale à longueur de journée depuis tout ce temps? Il n'y pouvait rien...elle avait pris place dans sa vie et il ne voulait, ni pouvait plus s'en passer.

C’est ça, moque-toi ! Tout le monde devrait rire de moi, toi le premier ! Toi qui m’as fait tourner la tête, idiote que je suis, alors que tu n’as rien fait pour ça ! Ça te surprend, non ? Laisse-moi seule, je t’en prie. J’ai envie de pleurer les deux hommes de ma vie dans mon coin. J’ai l’air fine, hein ? Ben m’aime et ne veut plus de moi et toi tu m’aimes bien, sans plus. Je suis si bête !

Ces paroles le prirent de court, mais deux secondes plus tard, Preston Yates réalisait que c'était juste cela qu'il avait rêvé d'entendre depuis un certain temps. Elle pensait à lui?...Vu son désespoir, on pouvait espérer qu'au moins la moitié du temps qu'il employait à penser à elle. Se décidant enfin à agir, il alla s'asseoir sur le bord du lit, soupirant malgré lui (de soulagement!) et allongeant le bras caressa sa chevelure soyeuse.

Angel, ma douce. Je pense qu'il est impératif que nous parlions.

Un hoquet éperdu lui répondit. À quoi s'attendait elle? À qu'il lui donne raison? Il fallait à tout prix la détromper.

Écoute, petite sorcière...Angel...tu n'es pas la seule à avoir eu des pensées idiotes...même si je ne crois pas qu'elles le soient mais enfin...moi aussi, vois tu...

Parler à son dos tressautant de pleurs n'était sûrement pas la meilleure chose à faire, alors, délicatement il la prit du bras et la força à se relever pour lui faire face. Dieu, qu'ils avaient l'air fins. Seuls dans une cabine de luxe à bord d'un bateau de rêve, assis sur un lit à ouvrir leurs cœurs...en maillot de bain. Il avait rêvé mieux pour une déclaration et certainement elle aussi.

Je ne me moquerais jamais de toi. Pas plus que rire de ce que tu me dis ne croiserait mon esprit...pour borné que je puisse sembler. Tu dis que je t'ai fait tourner la tête? As tu jamais pensé à l'effet que tu m'as fait depuis le premier instant?...Bon, là, tu m'avais pris de court et je ne vais jamais m'en plaindre... Ben t'aime mais il a reconnu à temps qu'il n'était pas le bon...Je devrais faire élever une statue à son effigie. Mais quand tu dis que je t'aime bien...sans plus, tu commets une lamentable erreur...je t'aime, Angel Grisham...pas de t'aime bien comme à ma voisine sympa...je t'aime tout court.

Elle le fixait avec une certaine incrédulité mais au moins ses larmes s'étaient taries.

Je sais...je suis un peu vieux pour toi...enfin, pas un demi siècle...tu es très jeune et...Seigneur, je ne sais plus où j'en suis...enfin, qu'est ce que ça peut faire...j'en suis arrivé jusque là...Angel, je suis amoureux de toi, c'est tout, c'est simplement ça. Mais je crois qu'en ce moment tu es un peu trop chamboulée...une rude journée nous attend, ce serait mieux si tu dormais un peu. Je n'irai pas bien loin...

Il lui flatta doucement la joue, sans oser l'embrasser, sûr qu'elle n'avait pas tout à fait compris son discours débile et la poussa sur les oreillers.

Dors, mon ange.

À ne pas le douter, tous les deux étaient éreintés. Elle par le émotions un peu brutales de la journée, lui par la même raison plus les nuits d'insomnie à répétition...Elle sur le lit, lui dans un fauteuil...Angel et Preston dormaient comme seuls les justes peuvent le faire. Inutile de dire qu'ils n'entendirent même pas la porte s'ouvrir et livrer passage à Nate Davenport, qui les couva d'un regard ému, avant de se diriger vers lui et le réveiller en le secouant gentiment avant de faire de même avec Angel. Les préparatifs pour les baptêmes et les noces arrivaient à leur fin. On avait besoin de la marraine et dame d'honneur.

On se retrouve dans un moment là haut!

En retournant à sa cabine, Preston aurait été capable de chanter...Oui. La vie était belle. Parfaitement belle!

Le prince des Orcades avait vraiment tout pour être heureux. Bientôt il épouserait la plus merveilleuse des Australiennes ; point le plus important. Ensuite cette croisière était franchement délirante. En comparaison avec la première qu’ils avaient faite, celle-ci promettait bien des plaisirs. D’abord la table des Davenport était exceptionnelle. Intérieurement, Erik se promit d’étudier les manières de ce dandy au grand cœur, et de les imiter au besoin. Pas qu’il se sentît rustre mais… sûrement pas aussi raffiné qu’il le souhaitait. Pas qu’Opal lui demande d’être autre chose que lui-même mais pour elle il voulait dégrossir les angles afin d’être digne d’elle. Tel était son but désormais : ne pas décevoir Miss McLane en aucun domaine. S’imposer dans cette famille un peu rustique quoique très sympathique n’avait pas été facile. Si les échos perçus étaient justes, Justin avait dû, lui aussi, subir une sorte de test avant d’être approuvé par les Sommerby. Raison supplémentaire d’établir des comparaisons sauf que Nielsen avait toujours vécu pauvrement, lui.
Si sa fraîche fortune n’affecta pas sa fiancée, Erik devait s’avouer en être particulièrement heureux. Pas qu’il n’aimât pas travailler, il le faisait depuis si longtemps. Mais pour les yeux de la femme de sa vie, il désirait briller et lui offrir le meilleur.
Tout semblait donc parfait sauf les gaffes de Justin qui lui firent réviser légèrement son jugement sur la perfection de son hôte. Après tout… lui-même ne venait-il pas de faire une bourde avec Angel ? Il ignorait totalement ce qui se passait avec la pourtant meilleure amie de sa fiancée. Trop pris par leurs propres sentiments et périples, les jeunes gens avaient eu peu de temps pour s’intéresser à ceux des autres.
Après une sieste délicieuse, le reste de la soirée fut très amusant, du moins pour eux. Quelque chose gêna Erik : Angel s’isolait. Ça c’était trop fort. Sans demander conseil à quiconque, il était monté sur le pont. La voir si perdue dans ses pensées le chagrina. Aussi insista-t-il copieusement :

Ça se passe en bas, je te signale. Oublie tes ennuis. On est ici pour s’amuser.

Misère, elle n’avait pas l’air dans le bain… Pourtant, vu les exhibitions débridées d’Opal, Justin et Preston sur la piste improvisée il aurait fallu être un glaçon pour résister. Assez satisfait, Nielsen se réjouit avec tous dans la farandole qui leur fit visiter tout le bateau. Il ne put s’empêcher d’être ému en revoyant la calle dans laquelle les clandestins furent découverts. Là avait débuté sa passion pour une Poufsouffle d’exception. Jamais il n’oublierait cet endroit. La pression de la main de son Opaline lui prouva qu’elle pensait la même chose que lui.
Après cette équipée, l’atmosphère rythmique changea. Doucereuse, la musique flattait d’autres sens. Opal semblait tracassée pour son amie, il parvint à lui la ramener dans leur intimité à eux. Les lèvres de sa déesse l’enivraient mieux que le Champagne dont Davenport désira les régaler après une annonce fracassante : outre 5 baptêmes, il y aurait un mariage.
*Génial ! Dommage que nous devions attendre l’agréation du clan McLane*

Oups ! Sa chérie avait abusé des bulles ! Vite, Erik écourta la soirée, guidant la demoiselle éméchée jusqu’au gigantesque lit qui les reçut vaillamment pour des jeux dont le roi n’abusa pas vu l’état de sa reine.
Au matin la belle avait recouvré tout son entrain. Rien de tel que du tir pour se réveiller. Ça, pour réveiller du monde…
Nielsen aimait tirer au fusil. Dans les landes derrière la petite maison où il avait grandi, souvent il était allé chasser pour ajouter un lapin ou une volaille au maigre repas familial. Ici, les pigeons étaient d’argile mais son œil restait d’aigle. Il ne rata pratiquement aucun coup mais dut constater que sa compagne était très attirée par la piscine où barbotait un couple inattendu…
La suite fut assez chaotique pour le Suédois. Il ne rata pas, comme les autres, la rupture cinglante entre Benjamin et Angel. Il appréciait l’ancien pouf depuis leur rencontre sur ce bateau mais ce qu’il commettait comme bourde le scia :

Je ... désolée, Angel. Je t'aime toujours mais ... Entre nous, c'est plus possible, je t'ai trop longtemps laissée seule. Je m'en vais et te rends ta liberté. J'espère que tu trouveras un homme moins idiot que moi et qui restera à tes côtés.

*Ce gars est taré. Il est aveugle ou quoi ?*¨

La mine d’Angel lui fit mal. Sensible, il imaginait très bien ce que la Serdaigle pouvait ressentir. Largué, il l’avait peu été mais il connaissait cette sensation que l’abandon d’un être aimé donnait. Il n’en resserra que d’avantage la flamme de sa vie. En retrait, il assista à la répétition générale des futures célébrations. Voir son Opaline tellement souriante avec un poupon dans les bras lui fit miroiter un futur très plaisant.
Mais quand la marche nuptiale retentit, la fuite d’Angel le fit grimacer. Il se serait bien lancé à ses trousses si Yates ne l’avait devancé. Après tout… Pourquoi pas ? Nielsen occulta de problème, ne songeant qu’à satisfaire son élue.
Comble du comble une seconde noce serait célébrée. Wolf et le cracmol agréaient la proposition de Davenport au sujet d’unions multiples.
Un regard à Opaline lui prouva qu’elle pensait la même chose que lui. Sans cette famille sangsue, sûr qu’il aurait emballé, et elle aussi.
Il fallut déjeuner. Aucun signe de la part des absents.

*Conciliation sur l’oreiller ? Bagarre à main nue ?*

Erik ne tenait pas à s’en mêler. La courte escale dans l’île polynésienne permit à un passager hors normes de prendre place. Ce gars haut en stature impressionna le Suédois qui se garda de commentaires. On embarqua aussi des caisses qui intriguèrent le jeune homme. Il pensa à des vivres fraîches en ravitaillement.
Quand Charlie réclama toutes les femmes du bord à l’épauler dans sa tournure à présenter à ses noces, Erik dut lâcher la main d’Opal.
Il la retrouva un peu plus tard, assez rêveuse :

Je suis sûre que quelque chose va se passer...je sens que ça couve!

Que racontait-elle ? Jamais une prédiction n’était sortie de cette adorable bouche. Ce que lui sentait couver était assez jouissif.
Ça papota à droite et à gauche puis vint l’heure de se préparer pour la grande fête. Erik s’était acheté un smoking en prévision d’un gala car connaissant Justin et son esprit de grandeurs, il se doutait bien qu’il l’étrennerait sur le bateau.
Opal s’était aussi nantie de plusieurs toilettes. Ayant déjà pu l’admirer sur son 31, le Suédois était émoustillé par ce qu’elle lui réservait. Lorsqu’il la vit apparaître, l’éblouissement fut total. Si son cœur avait encore pu s’accélérer, il aurait frisé l’infarctus.
Sa déesse… Incroyable le nombre de facettes de cette jeune fille ! Tantôt fonceuse, tantôt d’une tendresse inouïe, il s’estimait le plus heureux des hommes.
L’avant du navire avait été aménagé en autel devant lequel un parterre fleuri ( mais si, du vrai gazon et de vraies fleurs) accueillait les sièges destinés aux spectateurs. Tous seraient acteurs aussi à un moment. Le fait que Charlie l’ait choisi pour témoin l’avait honoré ; il la connaissait pourtant peu mais l’appréciait beaucoup.
Peu à peu les places se garnirent. On allait assister à un quasi défilé de mode car ces dames changeraient certainement de tenue selon leur rôle respectif dans les multiples célébrations. Les hommes se fichaient de ce genre de détails… enfin…
Des murmures s’élevèrent soudain avec l’apparition inespérée du dernier couple. Main dans la main, Preston et Angel s’avancèrent vers les autres.

*En voilà un qui a saisi le vif d’or*

Il remarqua l’air un peu désorienté de la Serdaigle ainsi que l’embarras heureux de Yates. Aucun commentaire ne fut clairement émis, n’empêche que plusieurs semblaient surpris. Opal lui jeta son coude dans les côtes :

Mais je n’ai rien dit se défendit-il prêt à rire.

A son oreille, il glissa :

On ouvre les paris ? Tu adores ça. Noces communes en juillet : 1000 gallions.

Il se prit un autre coup, il n’était pas à un près.

Pas de doute. Son rôle de parfaite dame de céans s'avérait parfois être une tâche ardue. Nate ne s'en plaignait pas, après tout ce n'était pas par manque de moyens, son mari y pourvoyait splendidement...c'était plutôt une question d'attitude et encore, de la part des invités.

Cela ne faisait que deux jours que le voyage s'était initié et on ne manquait pas de sursauts d'âme. Voir que Michael et Victoria s'étaient enfin mis d'accord, manquait savoir jusqu'à quand, lui ôta une préoccupation du cœur mais voilà que d'autres problèmes pointaient leur nez. La rupture, inespérée, des fiançailles de la douce Angel et Benjamin Kohl, mit la note discordante dans l'allégresse générale. Encore plus surprenante fut la réaction de Yates qui courut après la fiancée délaissée comme s'il était...

*Amoureux d'elle? Ma foi, pourquoi pas?...Diables, faudra que je parle avec Justin...il savait quelque chose que moi je savais pas. Sinon pourquoi il a cet air si...satisfait? Pas à croire...il a l'âme de marieuse, celui là!*

Charlie se chargea de mettre la note manquante, tout le monde oublia ce petit interlude surprenant et on passa à s'occuper de détails de grande importance...tenues de mariée, tenues de marraines, tenues de tenues...La gent féminine au grand complet ou presque, squatta le coin cinéma et peu après on se serait crû au cœur d'une ruche bourdonnante. Nate s'en donna à cœur joie. Cela faisait longtemps qu'elle n'était pas avec toutes ses amies ensemble , se mettre en beauté était un exercice auquel toutes les filles se prêtaient sans rechigner.

Quand enfin toutes semblaient avoir trouvé leur bonheur, Charlie fit remarquer qu'Angel était toujours manquante à l'appel.

Personne dans la cabine de Miss Grisham. Pas plus que dans celle de Yates. Ne restait que celle du fiancé...de l'ex fiancé.

*Super...tu arrives et interromps une belle discussion...ou pire encore!!! Diables, Sommerby, tu as le don de te fourrer dans des situations pas possibles...je me demande ce que fiche Preston dans tout ça...il joue les arbitres ou quoi?*

Toc!Toc!. Rien. Elle toqua de nouveau avec un peu plus de vigueur. Toujours rien.

*Ils se sont entre-tués!!!*

D'une main presque tremblante, Nate fit jouer le loquet. La scène la laissa un instant sans paroles....et lui éclaircit pas mal de choses. Pas trace de l'auror.
Par contre Angel s'y trouvait bien, endormie sur le lit, portant toujours son bikini, couverte avec le dessus de lit...à deux pas, accommodé à la comme on peut dans un fauteuil, Preston Yates dormait, lui aussi, un sourire heureux errant sur ses lèvres.

*Seigneur...quel gentil couple...Pardonne moi Preston d'avoir mal pensé de toi...quel gentleman. Il veille son sommeil...que c'est chou!*

Chou ou pas, il fallut bien mettre ce petit monde en mouvement. Elle secoua le moldu et se vit gratifiée d'un regard surpris.

Sorry d'interrompre la sieste, mais on a besoin d'Angel...et de toi aussi, les cérémonies commencent dans un moment et je suppose que tu ne vas pas apparaitre en maillot de bain. Allez, dépêche toi!

Elle sourit attendrie en voyant le regard dont il couva la belle dormeuse.

T'en fais pas...elle ne tarde pas!

Voilà qu'elle se sentait aussi prise dans le même courant de Justin...le mariage était définitivement une institution fort à conseiller. Sa propre expérience valait mille mots. Angel fut mise sur pied en moins de deux et entrainée dans le tourbillon des préparatifs sans toutefois départir d'un air tout à fait ébahi.

*Ça n'a rien à voir avec Ben ou je mange le bouquet de Charlie...Je me demande bien ce que Preston a pu lui dire...Hum! T'en doutes quand même...*

Nate jeta un dernier coup d'œil à son image reflétée dans le miroir et soupira. Elle se savait reine dans le cœur de son mari mais ne pouvait ignorer, elle le sentait depuis longtemps, que sans le vouloir la vision de Dess le tourmentait. La jeune femme était l'image même de la fiancée cruellement arrachée...Léanor. Mais, moulée dans cette merveilleuse robe d'un mauve éthéré, qui mettait en valeur son teint, la couleur de ses yeux et l'éclat de sa chevelure rousse, Nate se sentait imbattable. Son Justin n'aurait que d'yeux pour elle...et bien sûr pour leur Viviane qui, vêtue pour les circonstances d'une sublime robe de baptême rehaussée de dentelles précieuses, avait plus que jamais l'air d'une petite princesse de contes de fée.

Justin s'était, comme d'habitude, surpassé. Le décor d'idylle crée pour les cérémonies ne pouvait être plus parfait. Pas un détail n'avait été ignoré. Tous étaient là . Michael et Victoria, superbes avec leurs jumeaux on ne peut plus dissemblables, faisant une concurrence serrée avec Desdémone et les siens. Opal et son prince étaient sans doute les plus radieux de tous. Manu Leroy, solennel et magnifique, très imbu dans son rôle d'officiant en une circonstance si singulière Charlie resplendissait pendue au bras d'un Robert, éclatant de bonheur. Bryan,escortait Dess et les enfants, d'un air éperdu d'amour...et puis pour clore la scène parfaite, voilà que venaient de faire leur apparition Angel et Preston. Main dans la main.

*Un de perdu. Un de trouvé, pas mauvais le score de la petite dame!*

Surtout si on tenait en compte que le journaliste de la BBC, tout moldu qu'il fut, ne manquait pas de ce charme indispensable pour lui attirer la sympathie des masses.

*Angel chérie...quelle chance folle. Elle ne risque pas de s'ennuyer avec lui!*

Les cérémonies s'en suivirent. Parrains et marraines jouèrent leur rôle à la perfection. Les enfants, sûrement pris dans le sérieux de la situation, optèrent pour se tenir, oh,miracle! sages comme des images. Tsunami et Sarah inclus, sans causer les remous dont Nate les savait très capables. Les dames filèrent ensuite pour changer de tenue et un instant plus tard, Dess et Charlie, resplendissantes dans leurs atours de mariée, faisaient leur re-entrée sur les notes de la marche nuptiale. Nate ne put éviter une larme au coin de l'œil, pas plus que les autres présentes. Le bonheur régnait au beau fixe. La vie semblait parfaite...elle l'était en fait, en cet instant.

Serments échangés, Manu Leroy les déclarait déjà mari et femme. La brise avait cédé place à un petit vent impertinent qui fit s'envoler quelques éléments de la superbe décoration. On en rit mais un moment plus tard l'apparition de Yann Kerouek, au semblant légèrement décomposé, mit sur préavis tous les présents. Le breton était un capitaine au long cours, très capable et sûr de lui, pas du genre à s'alarmer pour un oui ou un non...or là, il semblait passablement préoccupé.

Excusez moi de gâcher cette belle réunion mais il semblerait que nous aurons tempête.

Instinctivement Nate regarda le ciel. Des nuages sombres s'amoncelaient rapidement, mettant une fin abrupte au somptueux coucher de soleil...les mots d'Opal McLane, lui revinrent clairement: "Je suis sûre que quelque chose va se passer...je sens que ça couve!".

Tempête! Ce simple mot suffit pour changer l'ambiance. Des éclairs zébraient déjà le ciel, dix minutes auparavant merveilleusement limpide. Un énorme coup de tonnerre les fit tous sursauter. La mer si calme jusque là se moutonnait...

Je crois que nous serons plus à l'aise à l'intérieur!

Le Broken Heart était loin de ressembler à une coque de noix. À peine si on sentait un roulis minime qui ne serait pas suffisant pour leur ruiner la fête. Champagne, canapés, musique. Toast portés de partout. Le bonheur était de la partie. Personne ne semblait faire attention à l'horizon d'un noir d'encre, aux vagues de plus en plus hautes, à la pluie torrentielle qui se déversait entre éclairs et foudre...

Nate, elle, ne pouvait pas s'empêcher d'y songer.

*Et pourtant...on n'est plus treize à table!*

Le compte était bon...mais sait on jamais, peut être le destin avait il embarqué un passager insoupçonné?