Voyant Fausteen émerveillée, Sasha ne put s’empêcher de trouver la situation assez amusante. Il n’avait pas beaucoup voyagé dans sa vie – sa mère l’avait simplement emmené quelques fois en France, son pays d’origine – mais il était pourtant relativement simple pour les sorciers de voyager çà et là. Le Ministère avait mit en place des Portoloins contrôlés et des services de co-transplanage étaient aussi instaurés lors de ces trêves estivales, de manière à ce que les sorciers majeurs, vieux ou plus jeunes, puissent visiter tous les recoins du Monde. Maintenant, Sasha avait prit l’avion, mais si on le lui demanderait à Poudlard, il dirait avoir transplané jusque là-bas, tout en restant vague sur le fait qu’il faut être sacrément puissant pour parcourir une si longue distance.

« Si tu veux, on se fera un truc l’année prochaine, ou même cet hiver ! »

Ce qu’il disait là, il le pensait. Bizarrement, à chaque fois qu’il lui parlait, lui venait à un moment ou à un autre ce problème : savoir s’il assumerait chaque jour ce lien aussi fort qui le lie à Fausteen. Jusqu’ici il n’avait pas vraiment eu de problèmes. Certains Serpentards, ceux que Sasha ne pouvait pas piffrer, lui faisaient des petites remarques, allant parfois jusqu’à l’insulter sur ce sujet. Mais il fallait dire que Fausteen était une exception. Il parlait avec beaucoup de personnes, mais il faisait toujours croire que c’était par hasard. Pour Fausteen, c’était clair, c’était son amie, et gare à ceux qui se moqueraient de lui à ce sujet. Il avait maintenant la chance d’être en septième année à la prochaine rentrée, et ainsi d’intimider un peu plus ses camarades de Maison.

La voyant faire la moue en lui disant qu’elle voudrait une glace au chocolat, Sasha entra dans le jeu, mettant ses mains sur ses hanches. Ce genre de comportement, aussi, il ne se le permettait qu’avec elle. Non pas par peur du ridicule – quoiqu’un peu – mais parce qu’il fallait qu’il préserve une certaine image, constamment.

« Ceci dit, même après tout le temps qu’on a passé ensemble, tu fais toujours preuve de mauvais goût ! »

Evidemment, rien de méchant là-dedans. Il souriait toutes dents dehors, avant de relâcher ses bras et de faire un tour à 360° pour trouver le marchand ambulant de glaces, Humphrey. Ce vieil homme, arrivé il y a quelques mois en Angleterre, était un cracmol, trimballant sa roulotte de glaces devant lui. Habillé comme un clown moldu, portant sur lui plus de couleurs que l’on n’en peut imaginer, faisait des glaces excellentes, tant à la manière des moldus qu’à la manière sorcière – avec quelques surprises, cela va sans dire.
L’ayant finalement vu au bout de l’allée, Sasha se retourna vers Fausteen, et passa son bras autour de son cou. C’était une habitude qu’il avait prise avec le temps, tant et si bien que souvent, on leur demandait s’ils étaient en couple. A cette question, souvent un peu gêné, Sasha répondait sans rien laisser paraître par la négative, ce qui était vrai. Mais ça les amusait assez de voir les gens se triturer le cerveau à leur sujet. Nombre de rumeurs avaient été lancées, aucune fondée, si ce n’est par l’apparence d’être en osmose que donnaient les deux grands amis.

« Pour moi, ce sera Menthe… »

Et sur cette phrase, ils se mirent à avancer en direction du marchand de glaces, dont la clochette émettait une sorte de bruit de vache sur fond de xylophone.