Meeting by night! [Fe Ben Reddle]

Il était presque 23 heures quand Lucy entra en trombe dans certainement le plus minable des pubs de la ville, le Chaudron Baveur. Elle avait passé la soirée à espionner un mage, aux allures de riche homme d’affaires, avant de le dépouiller de ses objets de valeurs. Un mage dont l’intelligence ne faisait pas vraiment partie de ses qualités. Et la plupart du temps, Lucy travaillait pour son compte, elle adorait faire le mal au point que c’était devenu son loisir préféré.

Mise à part les quelques missions qu’il lui arrivait de faire pour le maître, elle aimait pouvoir voler de ses propres ailes et rependre la terreur gratuitement. Néanmoins, aussi étonnant que cela puisse paraître, elle lui laissa la vie sauve, mal en point mais tout de même en vie. De toute façon, elle l'avait attaqué en restant masquée, ainsi il ne risquait pas de la reconnaître. Elle en était fière, son action de ce soir l'anéantira, car elle lui avait dérobé des documents secrets. Et cela l'enverrait tout droit au chômage. Lucy était comme ça, sadique et calculatrice.

La nuit était tombée laissant place à un froid glacial. L’hiver était là, annonçant des jours de plus en plus sombres et froids. Etrangement, Lucy préférait de loin la chaleur, ce qui n’était malheureusement pas l'atout du pays. Ne s’étant pas préparé à rester aussi longtemps, bien évidemment, elle n’avait pas prit de gant et ses mains étaient gelées. Pour arranger le tout, voilà qu’il s’était mis à pleuvoir et Lucy, malgré sa capuche, ne put éviter de se prendre une bonne douche. En entrant au Chemin de Traverse, elle se dit qu’après tout un verre d’alcool la réchaufferait et c’est ainsi qu’elle se retrouva dans le pub, grouillant de monde.

Elle laissa tomber sa capuche et s’ébouriffa les cheveux, qui étaient légèrement humide. En dehors du froid, elle détestait l’eau, autant que les chats pouvaient la craindre. Elle retira ensuite son manteau dégoulinant et le laissant pendre à l’entrée, en prenant soin de garder sa baguette précieusement contre elle, sous son pull. Les objets volés quelques minutes plus tôt étaient en sécurité bien cachés à la Cabane Hurlante. Elle avait prit soin, comme à son habitude, de ne pas être suivie.

En se dirigeant vers le comptoir, fatiguée et surtout énervée de sa journée, elle heurta violemment un client. Sans s’excuser ni même accorder la moindre importance à l’individu, elle continua sur sa lancée et se posa au comptoir. Celui-ci était bondé et elle fit un signe impatient au serveur. En vérité, la patience n’était pas du tout son fort.

Il était 21H45. Ma garde allait finir dans un quart d'heure. Plus qu'un quart d'heure, et je passerai le relais à un autre étudiant en Médicomagie qui se taperait toute la nuit des microbes magiques, des sorciers ensorcelés, mordus, infectés, torturés... Moi, j'avais eu ma dose, pendant les douze heures qui venaient de se passer, avec seulement un petit quart d'heure de pause à midi pour manger. Demain, je serai en "repos de garde", ce qui signifie que je n'aurai pas à venir en cours de Médicomaie théorique ou pratique.

Seulement, c'était aussi ma dernière garde. J'avais calculé, et il ne me manquait plus que cette garde pour obtenir assez d'argent pour tenir un an. Je suis devenu un soldat du Seigneur des Ténèbres désormais, aussi, je ne souhaitait plus rester à Ste Mangouste. Il y avait d'autres raisons, mais je ne préfère pas en parler.

A 21H50, un Patronus arriva. Il s'agissait du Patronus d'un Médicomage de Campagne qui avait été alerté par des habitants sorciers, comme quoi un sorcier avait été attaqué et avait besoin d'aide. On devait nous l'amener à Sainte Mangouste une fois que le sorcier serait stabilisé. Je ne pus m'empêcher de soupirer, et de grogner.

" Oh nooooon.... A 5 minutes près, j'étais tranquille..."

Mon patron pour la journée, un Guérisseur assez sympa me regarda, regarda l'horloge de l'hôpital, sortit sa baguette et l'agita en direction des aiguilles. Celles-ci se mirent à tourner pour arriver à l'heure fatidique et tant attendue de 22H. Je souris, alors que le guérisseur me faisait un clin d'oeil, et le remercia avant de m'échapper rapidement de la salle, retrouver les vestiaires et envoyer un Patronus à mon remplaçant qui lui gueulerait "En retaaaaaaard !!!". A la guerre comme à la guerre.

Après cette journée fatiguante, j'aurai dû, comme à mes habitudes, partir chez moi pour me reposer et partir dans un sommeil bien merité, à l'abris dans ma chambre insonorisée. Mais non, je préferais aller au Chaudron Baveur. Je célebrais la fin de mes études de Médicomagie. Je savais dès alors que je ne les rejoindrai plus. D'une part parce que d'autres projets me prenaient par la main et m'emmenait au bord du ravin, et d'autre part parce que la médicomagie me rappelait trop de souvenirs. Je ne pourrais pas y revenir sans repenser à lui.

Au Chaudron Baveur, je commençai à trinquer à "Mon ANCIEN boulot ! " puis, au fur et à mesure, "A MON NOUVEAU BOULOOOOT"... Whisky sur Whisky, il vint une heure où je dû aller aux toilettes me vider l'estomac. Ainsi fut fait, bien qu'ensuite, devant le miroir des toilettes, je pus me lancer quelques sortilèges et charmes appris ces dernières années qui enlevèrent la face livide pour la remplacer par une bien plus en forme, et bien plus séduisante.

Je rejoignais ma place quand une beauté me bouscula pour retrouver son propre siège. Après m'être recoiffé en deux secondes, je la suivis, commandai une bouteille d'hydromel, et m'assis en face d'elle.

"On ne vous a pas appris à dire "pardon" quand on bouscule quelqu'un ? "

Ma voix n'était aucunement rébarbative, ou moralisatrice. En fait, j'étais plutôt amusé, et je souriais, j'espère sensuellement, à la jeune femme. Elle me semblait bien belle en tout cas, bien qu'un peu sauvage...

Le serveur était débordé et cela agaçait davantage Lucy qui avait la gorge terriblement sèche. Il lui fallait son petit whisky habituel pour se réchauffer et se détendre. La journée avait été rude. Elle détestait travailler dans un froid pareil. Et pour couronner le tout, elle avait oublié ses gants. Tout en réchauffant ses mains nerveusement, elle continuait de faire signe au serveur qui lui lançait des regards désolés.

Puis, sans crier gare, elle aperçue quelqu’un s’asseoir en face d’elle. Tournant la tête vers l’inconnu, elle vit alors un homme, sourire aux lèvres. Avant même de dire quoi que ce soit, le serveur choisit le bon moment pour venir prendre sa commande. L’inconnu commanda une bouteille d’hydromel et Lucy sa boisson habituelle du soir.

"On ne vous a pas appris à dire "pardon" quand on bouscule quelqu'un ? "

Sa phrase la laissa un instant bouche bée. De quoi parlait-il ? Puis, la mémoire lui revint soudain. En effet, elle avait bien bousculé quelqu’un en entrant. Mais, ce détail lui avait échappé. De toute façon, elle s’en moquait royalement ! Cependant, il ne semblait pas lui en vouloir outre mesure, sa voix était plutôt amusée et son regard insistant.

- Et non, cher monsieur, on ne m’a jamais apprit à dire « pardon » !

Sa voix était restée calme, mais Lucy avait les nerfs à vif. De toute sa vie, ceux qui l’avaient plus ou moins élevés ne lui avait jamais montré les bonnes manières, ni les fameuses phrases magiques du genre « s’il vous plait », « merci » ou encore « pardon ». Et aujourd’hui, elle ne les utilisait que pour servir son propre intérêt, jamais gratuitement.

Soudain, le serveur apporta sur un plateau leurs boissons. Sans attendre davantage, Lucy trempa ses lèvres dans le délicieux alcool sans prêter la moindre attention à son voisin. Mais, sentant qu’elle était fixée, elle releva les yeux et regarda à son tour l’inconnu. Malgré ses nombreuses venues au Chaudron Baveur, elle ne l’avait jamais vu. Penchant la tête légèrement de côté comme pour l’examiner, elle déclara d’une voix étonnement douce :

- Si vous attendez des excuses pour tout à l’heure, vous pouvez attendre longtemps !

Elle se demandait si c’était bien la raison de son insistance, car après tout, sa remarque n’avait pas été un véritable reproche, mais davantage une remarque amusée. Tout en continuant de boire son verre, elle se sentait se plus en plus détendue. Il fallait qu’elle oublie son travail, ses soucis du moment et tout ce qui lui trottait dans la tête.

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