Un amour tombal [FE]

Minuit tapante. Clair de Lune. Cimetière de Pré-au-Lard. Sirius Black, montre en main, surveillait sa ponctualité. Rasé, coiffé, parfumé, habillé avec une élégance qu’il ne s’était plus connu depuis trop longtemps, un bouquet de Lys tenu dans sa main droite, le sorcier attendait. Même s’il venait d’arriver, il attendait en réalité ce moment depuis toujours. Mais les dernières minutes qui le séparaient de l’heure de vérité étaient plus insupportables que jamais. La main nerveuse et le cœur bondissant irrégulièrement dans sa poitrine, tous ses sens étaient en éveil, guettant enfin la personne qui le délivrerait de cette pression et du mensonge dans lequel il vivait depuis presque toujours, faux sentiments dictés par son égo surdimensionné et une peur d’être à nouveau jugé. Une vie de mensonges et de faux-semblants. Mais d’un instant à l’autre tout cela serait fini. Et il pourrait enfin vivre ce dont il rêvait avec celle qu’il aimait. Oui, qu’il aimait. Après toutes les claques sentimentales dans la figure qu’il s’était prises, et depuis l’affaire Kerman, son tabou était tombé en même temps que l’évidence de la vérité, inévitable et fataliste. Sirius avait eu beau tenté de refouler et de nier ce qu’il ressentait à l’égard de cette femme, il savait que l’amour l’avait frappé en même temps que le sort qu’elle lui avait jeté et qui l’avait fait chavirer… à mourir… sans retour attendu parmi les vivants.

Dorénavant, tout était différent. Il avait compris la raison de son existence ici-bas et ne désirait plus la mettre qu’au service de cet amour. Qu’elle lui demande de dissoudre l’Ordre et d’un claquement de doigt il s’exécuterait. Chacun de ses soupirs, il les poussait pour elle. Chaque battement de son cœur lui faisait d’avantage perdre raison face à toute l’étendue de l’amour qu’il ressentait pour celle qu’il désirait. Le cœur au Titanic, il crût perdre pied un instant en la voyant s’approcher. Enfin. Sa simple présence le rendait fou. Son visage, éclairé par la lune brillait d'un éclat qui semblait intarissable, inoxydablement pur. Elle illuminait l'espace, rendant la vie d'un souffle et d'un mot au vain décor qui l'entourait. Sirius se sentait vivre en elle, et il se plaisait, plein du fol espoir que l’amour peut procurer, à se dire qu'elle vivait pour lui seul. Son doux sourire le remplissait d'un apaisement et d'un mélange d'impatience infini. Il lui semblait qu’elle possédait toutes les perfections : elle répondait à tous ses enthousiasmes, à tous ses caprices.

-Bonsoir, réussit-il à articuler faiblement dans un souffle, se sentant tout à coup futile face à une dame de cette envergure. La respiration courte et le sang qui lui battait aux tempes, étourdi par tout le charme que dégageait la jolie brune il lui offrit d’une main mal assurée les fleurs qu’il avait choisies avec grand soin un peu plus tôt dans la journée.

Jamais encore Bellatrix n'avait autant senti les minutes s'écouler, une à une, comme si le temps s'arrêtait pour ensuite repartir, mais toujours si lent. L'attente la rendait folle, elle tentait tant bien que mal de s'occuper, mais il n'y avait rien à faire, toutes les dix secondes sa tête se levait presque par réflexe vers l'horloge au dessus de sa cheminée, mais chaque fois seulement pour constater que l'heure n'était pas encore arrivée. Le temps semblait se moquer d'elle, jouer avec son cœur qu'elle sentait s'agiter un peu plus à chaque seconde. L'excitation qu'elle ressentait n'était rien comparé à tout ce qu'elle avait pu connaître, même les battements d'un coeur en plein combat, au moment où l'on s'apprête à tuer ou à mourir n'étaient rien, rien comparé à ce que la belle mangemort ressentait en cet instant. Toute la guerre en laquelle elle avait cru depuis si jeune lui semblait illusoire, ridicule. Ses années de services envers son maître, elle les aurait jeté, renié, elle les aurait effacé des mémoires si seulement il lui avait demandé. Oui elle aurait tout fait pour l'avoir prêt d'elle maintenant. Et pourtant elle allait devoir attendre encore quelques minutes avant de pouvoir enfin se mettre en chemin.. quelques minutes insupportables de plus..

Lorsqu'elle eut enfin transplané cependant, elle se rendit compte avec étonnement que l'excitation et l'impatience qui rendaient l'attente insupportable s'étaient envolées à la seule vue du cimetière qui s'étendait sous ses yeux. La joie de le savoir près d'elle laissait place à un sentiment terrible d'appréhension que Bellatrix ne connaissait pas. Elle n'avait jamais eu à douter d'elle même comme ceci, elle ne s'était jamais sentie si faible et démunie et pourtant, elle aimait ce sentiment aujourd'hui, car elle savait qui le provoquait. Elle s'avança entre les tombes, cherchant désespérément des yeux celui qui lui avait donné rendez-vous ici il y a quelques jours. Mais lorsque soudain elle aperçut au loin sa silhouette qui la fixait, elle sentit son cœur rater un battement, c'était comme mourir pour renaître ensuite, c'était infiniment plus fort que tout ce qu'elle avait jamais connu, c'était puissant et terrifiant à la fois. Elle admirait cet homme au loin, sa carrure, ses cheveux bruns et surtout la beauté de ses yeux qu'elle imaginait sans peine.

- Bonsoir

Lui dit-il alors qu'elle était finalement arrivé en face de lui. Elle prit le bouquet qu'il lui tendit et s'aperçut qu'il était au moins aussi troublé qu'elle. Elle aurait voulu dire quelque chose, tout lui avouer, mais les mots ne sortaient pas, la frustration qu'elle ressentait depuis trop longtemps déjà l'empêchait d'avouer ce qui la tourmentait tant, ce qu'elle avait toujours refusé d'admettre. Elle revoyait toutes ces années qu'elle avait passé, à faire semblant de le haïr, à se battre contre lui.. et l'émotion lui coupa le souffle. Par peur de ne pouvoir mettre de mots sur ce qu'elle ressentait, elle jugea préférable de se taire et juste de l'observer, comme elle avait tant espéré pouvoir le faire depuis quelques jours. Oui ce moment qu'elle avait tant attendu était arrivé et il semblait que rien au monde n'aurait pu les interrompre car il lui semblait que toute cette scène se déroulait sur une autre planète que celle où deux camps luttaient pour le pouvoir. Mais oui, la guerre était bien réelle pourtant et Bellatrix le savait bien.. Elle avait eu à en faire les frais il y avait à peine quelques semaines, lorsqu'elle avait rencontré son bien aimé à Pré au Lard, avec cette garce de Mansfield ! Et soudain tout lui revint en mémoire, les sorts qui fusaient dans l'allée sombre, et son propre sort qui avait manqué de si peu la poitrine de Sirius ! Comme elle s'en était voulu, elle n'aurait jamais du prendre le risque de le blesser, ou pire.. mais heureusement tous en étaient sortis indemnes..

- Cette petite idiote de Mansfield a bien faillit tous nous tuer l'autre jour.. Mais je pense qu'elle n'a rien vu, ça m'étonnerait qu'elle aie compris quoi que ce soit de toute manière..

Sirius sentit son cœur rater un battement lorsqu’il la vit s’approcher. Toute la présence dont elle faisait preuve et cette assurance née qui émanait d’elle n’était pas pour le mettre d’avantage à l’aise. Il aurait voulu parler mais les mots se bousculaient puis se butaient contre le rempart de ses lèvres hermétiques et silencieuses. C’était incroyable mais Sirius Black, connu dans ses jeunes années pour son clin d’œil et son sourire facile auprès des filles se transformait aujourd’hui en un adolescent coincé qui craignait la barrière des corps et le gouffre infini qui semblait séparer ses sentiments d’une plausible réalité.

Il sentit sa main trembler, désireuse de frôler ce visage tant convoité mais totalement paralysée par une peur irrationnelle du rejet. Si proche de lui mais tellement inaccessible… quelle frustration que de ne pouvoir se libérer enfin de ce qu’il attendait depuis si longtemps et de se mutiler soi-même en se faisant patienter… quitte à souffrir, il aurait préféré que ce soit Bella elle-même qui s’en charge. Ainsi pourrait-il la sentir, la porter jusque dans la peau et jusqu’au plus profond de sa chair sans plus jamais en être séparé. La garantie d’un amour éternel jusqu’à sa mort ! Sirius le sentait, il pourrait creuser ici même et dès l’instant présent sa propre tombe et s’y enterrer vivant si Bellatrix le souhaitait. Satisfaire ses désirs était dorénavant l’une de ses priorités et son cœur ne pourrait s’empêcher de céder à chacun des caprices que la brune aurait.

Le Sorcier se sentit vibrer quand son amante cassa l’agréable silence morbide du lieu par le doux son de sa voix. Il éclata alors d’un rire glacial, fortement amusé par la réflexion de sa compagne. Tant de froideur et de mépris enflammait son amour. D’une voix grave et rassurante, il reprit le contrôle :

-La chance du néophyte. Pourtant, ce n’était pas par hasard que je m’étais arrangé pour l’avoir avec moi ce soir là : la plus abrutie et la moins expérimentée du groupe d’Aurors qui compose cet Ordre de débiles chargés d’un espoir vain. Avec un nouveau rire, il reprit : Ces gens-là ne savent vraiment plus quoi trouver comme raison pour continuer de vivre.

Retrouvant son aise, il se saisit du bras de Bellatrix pour l’attirer vers lui.

-Veux-tu te promener pendant que nous en discutions ? Je connais une balade des plus charmantes, annonça-t-il en désignant de la main la tombe des parents Potter.

Bellatrix le voyait bien, elle le sentait même, son compagnon était tout aussi troublé qu'elle. Une gêne pleine d'innocence émanait de lui et touchait le cœur de la brune plus que n'importe quel mot n'aurait pu le faire. Si elle pouvait l'intimider à ce point, ça signifiait que tout était réel, tout ce dont elle avait rêvé, toutes ces années, ce n'était pas un mensonge, ce n'était pas une illusion que son propre amour avait engendré.. Non la gêne du beau brun était trop parfaite pour être feinte, elle ne le laissait pas indifférent. Si les battements de son propre cœur n'avaient pas été si bruyants, elle était sure qu'elle aurait pu entendre le sien faire des bonds dans sa poitrine. Comme il était différent de ce que sa réputation disait de lui.. Lui qui était apparemment si confiant, si joueur avec les femmes.. mais peut-être n'était-ce qu'avec les autres ? Peut-être que cette fois c'était différent aussi pour lui.. Et si lui aussi il n'avait jamais connu cela auparavant ?

Il lui prenait l'envie de croire qu'en cet instant leurs deux êtres, leurs deux âmes, leurs deux coeurs ne formaient plus qu'un. Que chacune de leurs pensées les ramenaient l'un à l'autre et qu'ils étaient en accord parfait l'un avec l'autre. Après toutes ces années de refoulement, de chagrin et de haine simulée.. Tous deux étaient enfin libérés du fardeau qui leur avait tant pesé : le voile était levé, ils s'étaient enfin avoué ce qu'ils avaient refusé d'admettre. Eux qui s'étaient aimé et haïs pendant tout ce temps, eux qui s'étaient éloigné autant qu'il était possible, ils se retrouvaient enfin, l'un face à l'autre, entourés des tombes de leurs ennemis d'antan.

-La chance du néophyte. Pourtant, ce n’était pas par hasard que je m’étais arrangé pour l’avoir avec moi ce soir là : la plus abrutie et la moins expérimentée du groupe d’Aurors qui compose cet Ordre de débiles chargés d’un espoir vain. Ces gens-là ne savent vraiment plus quoi trouver comme raison pour continuer de vivre.

Au son de sa voix, toutes les peurs qui avaient saisi Bellatrix s'envolèrent, tout ce qui avait pu provoquer en elle un autre sentiment que son amour éternel s'était évanoui dans la nature. Le ton de sa voix avait suffit à l'apaiser, elle aurait voulu que ce sentiment de sécurité, de bonheur enfin ne s'arrête jamais.. Et pourtant pour rendre l'instant réellement parfait il aurait fallu quelque chose de plus.. Un rien peut-être, un détail.. La brune n'avait plus besoin que d'une seule chose pour savoir enfin qu'il était sienne.. le toucher, seulement effleurer sa peau du bout des doigts, sentir son souffle le long de sa nuque.. Le sentir en vie, vraiment, savoir qu'elle l'avait fait renaître tout comme il lui avait redonné la vie. Mais c'était impossible.. elle le voulait de tout son cœur, elle en avait besoin mais la peur la retenait. Après toutes ces années de frustration et de rêves, elle avait peur de découvrir qu'il n'était qu'un rêve, que rien n'était vrai. Rester devant lui à l'admirer pour le restant de ses jours étaient peut-être suffisants après tout.. elle ne l'aurait perdu pour rien au monde.

Elle restait donc plantée devant son bien aimé, incapable de bouger ni même d'articuler le moindre mot. Son cœur lui disait de s'approcher de lui, de l'étreindre comme elle en avait tant rêvé, mais son corps refusait d'obéir. Elle ne pouvait plus que l'observer, l'admirer et mourir de ne pouvoir le toucher comme elle l'aurait aimé.. Cependant, le beau brun semblait au contraire retrouver ses moyens, un sourire charmeur se dessina sur son visage et instinctivement Bellatrix se sentit moins tendue. Il attrapa son bras pour l'attirer vers lui.. si près qu'elle pouvait sentir son souffle sur son visage, elle n'avait jamais vu la perfection d'aussi près. Son cœur fit un nouveau bond au fond de sa poitrine, comme s'il avait reconnu les battements de celui qui était fait pour lui..

-Veux-tu te promener pendant que nous en discutions ? Je connais une balade des plus charmantes..

Sirius avait la tête tournée vers sa gauche, et un peu plus loin, Bellatrix le savait, se trouvait la tombe de ses ennemis de toujours. Les Potter étaient morts depuis longtemps déjà mais la brune les haïssait toujours autant d'avoir été une barrière de plus entre elle et cet homme si parfait.. Heureusement aujourd'hui plus rien ne les empêcherait d'être heureux.. ensemble. Sirius la connaissait décidément très bien, et savoir qu'il la comprenait provoqua en elle un sentiment de chaleur étrange. La sensation de ne plus être seule, d'avoir enfin trouvé ce qu'elle avait toujours cherché. Toujours au bras de son bel amant, Bellatrix s'avançait parmi les tombes pour finalement arriver devant la fameuse sépulture. A n'importe quel autre moment, la vue de ce nom aurait suffit à la mettre dans une colère folle, mais en cet instant elle était protégée par l'aura de son bien aimé, rien n'aurait pu l'atteindre alors qu'elle était enfin dans les bras de celui qu'elle désirait depuis toujours.

Le bras autours de celui de Bellatrix, Sirius avait pu sentir l'émoi qui avait parcouru la femme qu'il chérissait désormais plus que tout. Malgré toutes les années de haine qui n'avaient été seulement pour dissimuler leur amour réciproque, le sorcier connaissait sur le bout des doigts sa cousine. Ce qu'elle craignait, ce qu'elle désirait, ce qui la rassurait. Et quelque chose lui disait qu'il gagnait surtout des deux derniers sentiment évoqués. Un sourire victorieux sur les lèvres, il murmura, avec une pointe de nostalgie qui sonnait étrangement fausse dans la voix :

-Aahh, James. Même mort, tu continues de nous faire rire.

Il lança un regard éloquent à l'épitaphe qu'il avait lui-même choisi de faire figurer sur la pierre tombale pour finalement se retourner, tout sourire face à sa Mangemorte. Il fixa quelques instants ce visage qu'il adulait avant de le frôler délicatement de la main et de replacer l'une de ses divines mèches brunes derrière son oreille. Puis, se rapprochant doucement d'elle, il fit glisser sa main du bras de Bellatrix à sa hanche avant de poser l'autre dans son dos et de l'attirer vers elle.

-Je me sens inspiré, ce soir.

Saisi d'un irrépressible élan de lyrisme ; il avait, d'un geste de la baguette, réveillé les audacieux oiseaux du cimetière pour les ensorceler et les faire gazouiller un air d'Astor Piazzola. C'est donc sur un Libertango que Sirius s'était emparé du corps de la femme qu'il désirait et l'avait fait valser sur le bras qu'il avait placé précédemment dans son dos, avant de l'attirer de nouveau vers lui. Menant la danse au gré de ses fantaisies du soir et de ses envies, c'était un véritable jeu de jambes que nous offrait les deux tourtereaux, a minuit passé dans un cimetière quasi-désert. Quand son sortilège prit fin, Sirius s'écarta de sa cousine pour reprendre un peu de distance et rejoindre de nouveau la sépulture de ses défunts « amis ». « Amis » qui l'avaient empêché de vivre pleinement son amour... Le sorcier n'aurait jamais cru pouvoir remercier Voldemort un jour, mais ce soir, tout était permis.

Le visage de sa douce éclairé par un clair de Lune dont la pâleur des rayons ne faisaient que rendre évidente d'éclat sa beauté, Sirius poussa un soupir enamouré avant de poser un genou au sol, sur la terre gelée de novembre. De nulle part, il fit surgir une petite boîte carrée et l'entrouvrit d'un coup sec, ne laissant entrapercevoir de ce qu'elle contenait qu'un rapide éclat argenté.

-Bellatrix Black...

Il ne put s'empêcher de laisser sa phrase en suspend, dévorant des yeux l'expression qui avait gagné le visage de sa belle.

Bellatrix pouvait sentir son cœur s'emballer rien que de sentir la présence de son cousin près d'elle. Rien autour d'eux ne comptait, elle ne l'aurait pas vu si Hiroshima se déroulait sous leurs yeux, tous deux étant trop absorbés l'un par l'autre. Au fur et à mesure que la soirée avançait, Bella pouvait sentir son bel amant gagner en assurance, ses yeux se faisant de plus en plus doux et son sourire de plus en plus charmeur. Et ce nouvel aspect de son cher cousin la séduisait encore plus que l'image qu'elle avait gardé de lui. Et lorsque le brun avait attrapé son bras pour l'amener sur la tombe des Potter, Bella avait pu sentir un terrible frisson la parcourir et la faire trembler de tous ses membres. Une fois tous deux sur la sépulture, Sirius jeta un regard vers l'épitaphe qu'il avait lui même fait inscrire et se tourna à nouveau vers sa belle maîtresse :

- Aahh, James. Même mort, tu continues de nous faire rire.

Le ton faussement nostalgique que Sirius avait voulu donner à sa phrase ravissait Bellatrix, et elle gratifia son amant de son habituel sourire sadique. Décidément il la connaissait très bien, il savait exactement ce qui pourrait lui faire plaisir, et ce soir, sur la tombe de ceux qui les avaient empêchés de s'aimer, le couple maudit pouvait enfin savourer sa liberté. Quelle ironie qu'aujourd'hui les deux amants puissent enfin venir s'aimer sur la tombe de ceux qui avaient détruit leur vie, la vie pouvait parfois être aussi cruelle que magnifique.

- Je me sens inspiré, ce soir.

Bellatrix n'en doutait pas un instant, elle pouvait sentir les doigts délicats de son amant passer lentement de son bras à sa hanche. Les caresses du bel homme la firent frissoner une fois encore, et elle sentit son cœur s'emballer lorsqu'il plaça son autre main dans son dos pour la rapprocher encore un peu plus de lui. Le contact qu'elle avait tant attendu, dont elle avait tant rêvé était finalement arrivé. Elle plaça elle même une main sur son torse avant de la faire glisser délicatement sur sa hanche et de caresser sa joue de son autre main. Elle passa ensuite sa main dans ses cheveux et finalement posa doucement sa tête contre son torse, liant leurs deux bustes l'un à l'autre.

Elle pouvait sentir leurs deux cœurs battre à l'unisson tandis que Sirius ensorcelait les quelques oiseaux du cimetière pour les faire gazouiller. Elle se redressa à contrecœur, éloignant ainsi pour quelques instants son corps de celui de son amant. Sirius imposait le rythme de la danse, éloignant puis rapprochant sa maîtresse de lui même. A chaque fois pourtant que Sirius la faisait s'éloigner, Bellatrix ne pouvait empêcher son cœur de ressentir un léger pincement, ainsi alors que leurs deux corps, leurs deux cœurs se retrouvaient à nouveau rapprochés, Bella sentait un frisson la parcourir. Vers la fin de la danse cependant, elle enlaça son bel amant de ses bras et embrassa délicatement son cou avant de poser sa tête sur son épaule. Elle pouvait sentir leurs deux corps collés l'un à l'autre, et elle aurait tout donné pour ne plus jamais avoir à se séparer de lui..

Cependant, toutes les bonnes choses ont une fin, et alors que la danse s'achevait, Sirius lui lança un dernier regard tendre avant de s'éloigner légèrement d'elle. Elle pouvait le voir, à peine à quelques mètres d'elle, mais son corps le réclamait déjà collé au sien, et pourtant elle restait plantée là à le dévorer des yeux. Il se tourna à nouveau vers elle et s'agenouilla juste devant et fit apparaître un petit coffret carré en bois.

- Bellatrix Black...

Sirius s'était interrompu dans sa phrase mais il n'avait pas besoin de dire un seul mot de plus. Sa demande était à la fois soudaine et attendue depuis longtemps déjà. Ils s'étaient aimé toutes ces années, ils s'étaient attirés puis repoussés, aimés, détestés.. Tout ça pour finalement s'unir.. pour ne plus jamais se quitter ? Son cerveau s'était éteint dès le début de cette soirée, mais si elle avait été en état de réfléchir, elle aurait sans doute décliné la proposition de son amant, mais la beauté de l'instant, la magie qui les unissait ne laissaient pas le choix à son cœur. Après toutes ces souffrances, après cette solitude qui lui avait tant pesé, elle avait enfin retrouvé cet homme qu'elle aimait depuis sa plus tendre enfance, elle avait passé toutes ces années à rêver de lui, à désirer chaque parcelle de son corps, à imaginer son cœur lui appartenant.. et maintenant qu'il le lui offrait, Bella sentait l'émotion la submerger. Elle pouvait sentir une larme perler lentement sur sa joue, alors qu'elle trouvait enfin la force de réagir. Elle se jeta dans les bras de son amant, les faisant tomber à la renverse l'un sur l'autre. Elle prit son magnifique visage dans ses mains et put lire l'espace d'un instant l'amour pur dans les yeux du beau brun. Elle passa à nouveau sa main dans ses cheveux et colla ses lèvres à celles de son amant et sentit alors son cœur faire un bond dans sa poitrine. Enfin lorsque leurs deux corps se séparèrent, Bella se mit soudain à rigoler, d'un rire sincère, à la pensée de l'avenir qui les attendait.

Sirius avait prononcé le nom de son aimé avec un soin méticuleux, soucieux que toute l’affection qu’il lui portait puisse transparaitre dans chacune des lettres qu’il articulait. Il avait murmuré ce nom comme une caresse et il lui semblait que le prononcer simplement suffisait à figer le temps, à le fixer intemporellement, quelque part dans la réalité, du bout de ses lèvres et pour toujours.

Le Black avait entamé sa demande, un sourire victorieux et suffisant sur les lèvres mais fut interrompu par la réaction… relativement adéquate de Bellatrix. Même si ce n’était pas d’abord l’effet escompté, cela lui allait tout aussi bien en fin de compte. Il fut tout d’abord troublé puis ému par la larme de sa cousine, touché de savoir l’effet qu’il lui faisait puis de se rendre compte qu’elle était décidément prête à tout partager et à ne rien lui cacher, pas même son désarroi. L’émotion qui habitait la brune la rendait d’autant plus belle et Sirius ne songea même pas continuer sa demande alors qu’elle lui sautait dessus. Il y avait bien plus intéressant à faire pour le moment

Il l’attrapa avec lui sans mal tandis qu’ils chutaient, certain d’une union qui s’annonçait forte même s’ils heurtaient le sol, un brin casse-gueule. ( Ou l’auteure qui voulait absolument caser son champs lexical en entier) En même temps que son étreinte, Sirius lui rendit avec passion son baiser. Il crut un instant planer tandis que le goût des lèvres de son amante lui restait et qu’il profitait de son délicat rire lugubre. Il réussit à se ramener les pieds sur terre un instant et quitter son rêve éveillé pour mieux en profiter. Un sourire malicieux passa sur son visage et en se relevant il saisit la main de son amante pour l’aider à se remettre sur pieds.

- Suis-moi. Je crois savoir quelque chose qui te plairait peut-être autant si ce n’est d’avantage.

La main de Bellatrix dans la sienne, il lui adressa un charmant sourire entre entente et mystère avant de l’entrainer sur le sol gelé dans une direction bien précise. Il lui avait glissé une main devant les yeux, pour ne pas qu’elle devine et ainsi garder l’effet de surprise Il la retira doucement, laissant apparaître aux yeux de Bellatrix une nouvelle pierre tombale, un rictus satisfait sur les lèvres. Cette dernière indiquait « Famille Weasley ».

-Leur mort aura au moins servi à quelque chose, dit-il avec un air mauvais en collant le corps de sa cousine au sien. Dire qu'il avait failli y passer en protégeant l'un de ces abrutis de jumeaux ! Calmement, Sirius étouffa sa colère qui naissait suite à sa précédente pensée et se contenta de se délecter de leurs noms gravés sur la pierre. On peut peut-être maintenant reprendre là où on en était… murmura-t-il d’un ton éloquent avant d’approcher à nouveau ses lèvres des siennes pour l’embrasser.

Les émotions se bousculaient dans le cœur de la belle brune, elle avait accepté sans même penser aux conséquences, sans penser à rien à vrai dire. Elle ne savait plus rien en dehors de son bel amant, il était tout, son tout et le simple fait de posséder son cœur la comblait. Elle s'était jeté dans ses bras comme pour exprimer au mieux le bouleversement qu'elle ressentait en cet instant, elle ne sentait rien d'autre que le corps de son amant sous le sien, que leurs lèvres qui s'unissaient comme si elles s'étaient cherchées toutes ces années. Leur harmonie était si parfaite que Bella ne pouvait s'empêcher de penser qu'elles avaient été façonnées pour être collées l'une à l'autre. D'ailleurs, le feu d'artifice qu'elle ressentait au fond d'elle même suffisait à lui faire comprendre que c'était peut-être vrai.

Elle s'était emparé des lèvres du beau brun la première mais il lui rendait son baiser avec infiniment plus de passion, avec sa main posée sur son torse elle pouvait sentir, même au travers de sa chemise, les battements du cœur de son cousin. Elle caressait doucement les cheveux en bataille de son amant et l'embrassa de nouveau. Plus rien n'existait en dehors d'eux, le sol n'était plus qu'un mirage, elle ne le sentait plus, tout ce dont elle était consciente c'était de leurs deux corps collés l'un à l'autre et de la chaleur que leur étreinte lui procurait. Elle aurait voulu que tout ceci ne s'arrête jamais et pourtant ils durent bien se séparer l'un de l'autre.. en se relevant, un sourire charmeur aux lèvres, Sirius lui prit doucement la main et l'aida à se redresser.

- Suis-moi. Je crois savoir quelque chose qui te plairait peut-être autant si ce n’est d’avantage.

Jusqu'ici les surprises de son amant n'avaient pas été pour lui déplaire, au contraire même. Elle n'avait aucun doute là dessus, son amant la connaissait comme personne, et s'il pensait pouvoir lui faire plaisir, alors c'était vrai. Et pourtant elle avait du mal à croire qu'à cet instant il puisse lui manquer quoi que ce soit pour la combler parfaitement. Elle était seule, avec son amour de toujours, et tous deux pouvaient enfin célébrer leur amour sur la tombe même de leurs plus anciens ennemis. Et pourtant Sirius semblait vouloir l'emmener ailleurs, il se mit derrière elle et Bellatrix frissonna en sentant les mains de son amant remonter de ses hanches pour finalement se placer malicieusement devant ses yeux. Elle n'aimait pas se fier à quelqu'un d'autre qu'elle même mais puisqu'aujourd'hui c'était Sirius, elle en était heureuse. Elle sentait parfois son corps la frôler légèrement alors qu'ils avançaient doucement, mais comme pour être parfaitement sur qu'il était toujours là près d'elle, elle posa ses propres mains par dessus les siennes et sentit sa bouche s'étirer involontairement en un sourire. Finalement Sirius arrêta d'avancer et enleva délicatement sa main du visage de sa cousine. Alors Bellatrix comprit qu'elle ne s'était pas trompé sur lui, il avait du trouvé le dernier endroit de ce cimetière qui pourrait parfaitement servir de refuge à leur amour : le tombeau de la famille Weasley.

- Leur mort aura au moins servi à quelque chose, On peut peut-être maintenant reprendre là où on en était…

Le ton de sa voix était à la fois doux et assuré, son sourire charmeur lui allait décidément beaucoup trop bien pour que Bella puisse y résister. Tout en parlant, Sirius avait posé ses mains sur les hanches de Bellatrix pour l'attirer une fois de plus vers lui. Et à nouveau il déposa amoureusement ses lèvres sur celles de sa maîtresse qui n'en demandait pas plus. Alors que leurs deux visages s'unissaient à nouveau à la perfection, Bella passa ses bras sur les épaules de son amant et caressa sauvagement ses cheveux. Elle lui rendit son baiser avec encore un peu plus d'ardeur et laissa bientôt ses mains se balader une nouvelle fois jusqu'aux hanches de son cousin. Finalement elle enlaça ses mains derrière le bassin de son amant et éloigna lentement ses lèvres des siennes comme si l'effort que le geste lui demandait était surhumain. Cependant elle passa aussitôt ses lèvres sur le cou du brun, comme si après toutes ces années, elles étaient impatientes de mieux découvrir le corps qu'elles avaient tant désiré.

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